─ Halte.

Pied droit sur un bas rocher, l’homme épiait de son seul œil visible les deux shinobis qui allaient dans sa direction. Si sa présence – plus que son mot – avait incité à leur arrêt, ce n’est qu’une fois le bon angle de vue qu’il eut la confirmation : c’étaient bien des Kirijins. Dans l’alliage de leurs bandeaux, ces mêmes quatre ondulations qui dans toute leur symétrie lui rappelaient un passé plus que douloureux.

La cité de la brume, elle-même qui avait conquis il y a des années maintenant la terre du nord. Eux-mêmes qui avaient massacré nombre de Suzurane – son père compris – et entamé la période de trouble et de déshonneur de ce clan autrefois si grand. Mais pouvait-on réellement parler de manquement au code d’honneur pour des tribus de barbares qui s’étaient battus jusqu’à leurs derniers souffles face à des shinobis sanguinaires et en avantage numérique ? Quoiqu’il en était, le passé était derrière tous. Mais même en ayant terrassé l’ancien Mizukage Ryûzoji Yoru, l’Héritier de Yuki no Kuni ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver une certaine rancœur en regardant ces jeunes shinobis.

Mais ceux-là n’avaient pas participé à la conquête. Il y avait même fort à parier qu’ils n’avaient pas été membres du premier Kiri. Non, ils faisaient partie d’une nouvelle base militaire, d’une nouvelle version d’un village au passé monstrueux, qui aujourd’hui soutenaient le terrible Empire auquel ils faisaient désormais allégeance. Devait-il leur en vouloir ?

─ Il semble que cette guerre ne nous concerne que de loin…

Suzurane Hakyô semblait hésiter sur le choix de ses mots, mais il son attitude semblait être celle d’un homme qui savait purement ce qu’il faisait. Et en pourparlers avec Kumo depuis des mois pour mener une offensive contre le Shûkai et leurs forces établies au Pays de la Neige, il était impensable pour lui qu’il ne combatte pas du côté des Nuages.

─ … mais je ne vous laisserai pas passer.

D’autant plus qu’ils étaient sur un point clairement stratégique : le croisement de trois grandes routes passant non loin du fleuve Ookawa. Cela impliquait qu’en laissant passer ces Kirijins passer, le Borgne saurait les lignes arrière de Kumo fortement en danger. Et il était hors de question pour Suzurane Hakyô de manquer au pacte qu'il avait bâti dans les grandes lignes avec la puissance de la Foudre. Pour lui. Pour les siens. Pour son pays.

Spoiler:

C'était la guerre, et du jour au lendemain les kirijins furent envoyés se battre là où les batailles faisaient rage. Oyama parmi eux, son lynx avec lui. Au début, il n'y avait pas cru, mais finalement la situation des kirijins les rattrapait : ils devaient se battre pour le Shukaï. Et les champs de bataille avaient remplacé les paysages familiers de l'Archipel de Mizu no Kuni quand ils étaient arrivés. Les terres du Nord et ses paysages devinrent le théâtre d'affrontements.

Dans cette agitation perpétuelle et ces dangers omniprésents, le Dôbutsu était vif, son lynx aux aguets. Les deux survécurent à des affrontements en se faisant tout de même discrets, et ils purent se frayer un chemin jusqu'à plus loin derrière les lignes ennemies. Ils n'étaient pas seuls, bien que leurs forces se dispersèrent pour couvrir un plus large champ d'action. Lui se retrouvait avec un Kaguya : Kaguya Hatanabe. Ne se connaissant pas plus que ça, ici les deux kirijins devaient agir l'un pour l'autre et se serrer les coudes.

Autour, il y avait des escarmouches, kumojins affrontant kirijins et shukaïjins. Ce qui n'empêchait pas Oyama et Hatanabe de poursuivre leur avancée. Du moins jusqu'à l'apparition d'un homme à la carrure imposante, le visage dur. Ce dernier les stoppa net d'un simple « halte », poursuivant de façon sûre de lui qu'il n'allait pas les laisser passer, quand bien même cette guerre ne les concernait que de loin. Et sur ce point il avait raison. Oyama ne se sentait pas concerné directement par cette guerre. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle il se faisait discret, préférant avancer furtivement que se battre en fonçant sur les adversaires. Jamais il n'avait considéré devoir quelque chose à l'Empire. La seule chose qui l'importait était l'Archipel qui l'avait vu naître.

D'un point de vue géographique, ils semblaient être à un point stratégique : croisement de trois routes importantes. Oyama l'avait remarqué, et il pensait que c'était la raison qui avait poussé le grand homme à venir les bloquer dans leur progression. Et en y regardant d'un peu plus près, aucun signe n'indiquait à quelle faction appartenait l'inconnu. Aucun bandeau ninja. C'est ce qui poussa le jeune Dôbutsu, son lynx à ses côtés, à prendre la parole. Aussi inutile cela puisse paraître, il s'en fichait, il avait la même curiosité qu'un félin après tout.

« Vous dites que cette guerre vous concerne seulement de loin tout comme nous, mais pourquoi ? Rien n'indique que vous êtes du côté de Kumo. »

Oyama voulait une bonne raison de devoir se battre contre l'inconnu. Et s'il suffisait simplement que ce soit pour sa propre survie et celle de Kumineko, il espérait avoir un semblant de réponse pour que ce ne soit pas juste ça. Cela n'empêchait en rien le fait qu'il se tenait sur ses gardes, Hatanabe à ses côtés. Car il ne se berçait pas d'illusions, les issues n'étaient pas nombreuses si les deux kirijins ne trahissaient pas leurs engagements envers Kiri.

hrp:

Kaminari no Kuni, théâtre d'une guerre opposant les troupes Kumojins au Shûkai. Notre jeune Kaguya avait été débarqué sur le champ de bataille en compagnie d'un autre shinobi de Kiri, Dôbutsu Oyama. Leur mission : apporter leur soutien à l'armée impériale. Combatte en faveur de l'Empire n'enchantait pas Hatanabe mais ils ne pouvaient faire autrement. Néanmoins les deux Kirijins avaient été mandatés pour effectuer cette tâche, par conséquent ils se devaient de l'accomplir. Les affrontements faisaient rage dans les plaines du pays de la foudre. Le binôme de Kiri s'enfonçait dans les terres afin de rejoindre un emplacement stratégique. Le Kaguya arborait une cape grise surmontée d'une capuche, masquant partiellement son visage. Il avançait d'un pas décidé aux côtés de son acolyte Dôbutsu.

L'intersection du fleuve Ookawa, emplacement de leur convoitise. Lorsqu'ils arrivèrent sur place, un étranger s'interposa devant eux. L'homme possédait un physique imposant, l'archétype même du guerrier qu'il ne faut pas emmerder. Visiblement il était déterminé à empêcher nos deux shinobis de poursuivre leur périple, cependant aucun signe distinctif ne laissait penser que l'individu avait une quelconque affiliation avec le village des nuages.

- Je ne veux pas paraître trop indiscret, mais...

Son impressionnante masse corporelle couplée à ses vêtements de baroudeurs n'étaient pas des plus rassurants. De plus l'homme portait un cache-œil. Il ne fallut pas longtemps à Hatanabe pour qu'il se dise qu'une blessure de guerre l'avait rendu borgne et que, de ce fait, il ne valait mieux pas entreprendre des hostilités avec cet individu, certainement très expérimenté au combat.

- ... qui êtes-vous ? Et qu'est-ce que vous attendez de nous ?

Le Kaguya espérait que son compère Kirijin en était parvenu à la même conclusion : ne pas engager les hostilités. Avec un peu de chance ils réussiraient à raisonner ce vieil homme par la force des mots. Avec un peu de chance...

Des jeunes, qui se révélaient l’être davantage encore. S’ils ne dépassaient pas la vingtaine d’années que ce soit pour l’un comme pour l’autre, ils semblaient également loin d’être coutumiers des guerres. En témoigne leur hésitation flagrante sur leurs mots. Inutile même de parler d’un éventuel combat pour l’instant. Leur doute était palpable, mais ne semblait pas spécialement lié à la peur. Ne voulaient-ils pas simplement être sûrs de se battre pour une bonne cause ? En ça, le doute était effectivement permis, puisque rien dans le vêtement du Suzurane témoignait d’une quelconque appartenance à la cité des Nuages.

─ Je suis aujourd’hui du côté de votre ennemi, Kirijins.

Il n’y avait rien de plus à dire afin de répondre à la question de celui aux cheveux blancs. Combattre des jeunes était fréquent dans ce genre de bataille totale. Et ce fut d’ailleurs la vision panoramique de ce genre de combats tout autour de la zone qui rappela ces aspects des batailles à Hakyô. Un peu partout – à bonne distance certes – combattaient nombre d’autres shinobis, guerriers, mercenaires. Petit à petit, l’homme du Nord avait laissé le souvenir des mots de ces deux Kirijins être remplacés par le faible bruit de fond des lames qui s’entrechoquaient.

L’homme venant du froid semblait toujours aussi serein et autoritaire. Mais derrière cette expression faciale qui lui était accoutumée depuis fort longtemps avait naquit une sorte d’hésitation sur la façon de traiter ce duo. La différence entre ces deux Kiri, le fait que le conflit de ce jour n’opposait pas directement Suzurane et l’ancien village de la Brume comme ça l’avait été il y avait des années : ces jeunes n’étaient-ils pas, au fond, que des marionnettes ?

─ J’attends uniquement de vous que vous reculiez. Je vous le demande… pour vous-mêmes.

Des derniers mots qu’il ne put s’empêcher de prononcer, et qui témoignaient finalement de manière assez explicite l’envie de ne pas s’en prendre à ces jeunes. Mais surtout, la volonté inébranlable de tenir le pacte passé avec les Kumojins, et le fait qu’il empêcherait quelconque force de l’Empire de passer ce point tactique dont il était en quelque-sorte le garant.

Ainsi le duo kirijin que formaient Oyama et Hatanabe était sur la même longueur d'onde. Chacun posa ses questions. Hatanabe demandant carrément à l'homme borgne qui il était et ce qu'il attendait d'eux. Pourquoi s'interposait-il ? Quelle raison lui dictait de les bloquer dans leur avancée ? Ces questions ci étaient de l'ordre du pourquoi. Oyama n'était pas un adepte des champs de bataille dans le but de vaincre tout un pays et son village caché, mais cet homme l'intriguait parce qu'il semblait sortir de nulle part. C'était comme ci Kumo avait pactisé avec des shinobis sans affiliation pour trouver des forces supplémentaires dans cette guerre. Si c'était le cas, et ça le semblait, le Shukaï lui avait simplement la main mise sur Kiri pour renforcer ses effectifs. Chaque force possédait ses cartes à jouer.
À ces questionnements, l'homme leur donna une réponse simple. Il était du côté de leur ennemi. C'était clair, il n'y avait donc rien de plus à comprendre si l'on suivait cette logique. Oyama s'était en toute naïveté attendu à une autre réponse. Il fut déçu, et son lynx à ses côtés commençait à perdre patience de ne pas savoir quoi faire. Un miaulement se fit entendre dans le brouhaha lointain des combats, juste avant que leur adversaire ne poursuive. Il leur demandait de reculer, pour eux-même. Préférait-il qu'ils aient la vie sauve ? Cette première mise en garde, des plus avenante, dérouta quelque peu le jeune Dôbutsu qui avait été jeté ici parce qu'il était sous les ordres du village de Kiri.
Après tout, quelles raisons avait-il de se battre ? Et surtout pour un Empire qu'il ne connaissait que peu.

Mais au fond, il servait Kiri qui servait le Shukaï. Il était originaire de l'archipel et il pensa une chose : il ne voulait pas que l'Empire en question ne s'en prenne aux terres qu'il avait appris à aimer. Ce pourrait être le cas si Kiri désobéissait au géant. Pour cette simple raison, qui n'était qu'un si, Oyama se mettait d'accord en son fort intérieur. Il était prêt à se battre, même à son échelle, pour éviter ça.

Son coéquipier, Hatanabe, devrait le suivre. À eux deux ils arriveraient à sans doute à tenir tête à cet ennemi et peut-être même à le battre. Ce qu'il leur fallait, c'était passer.

« Si nous reculons... vous vous en prendrez à d'autres Kirijins ? »

Oyama marquait un temps de pause. Il fixa l'homme, avec la même froideur qu'un félin au regard perçant.

« Mais nous, nous ferons pareil ailleurs, nous chercherons à passer. En tout cas nous agirons d'une manière qui déplaira à quiconque se trouve du côté de Kumo. Donc, nous sommes dans une impasse. »

Ses paroles jetées ainsi, le rouquin cherchait à faire comprendre au Kaguya à ses côté qu'ils allaient devoir choisir. Fuir ou passer par la force. Ou alors, fuir et passer en douce.
Tout cela commençait à s'échauffer légèrement, ce pourquoi Oyama éveillait en toute discrétion ses sens de félin et son côté animal pour se tenir prêt à une quelconque offensive de la part de leur ennemi.

HRP technique:

Manifestement, le vieux guerrier n'était pas décidé à laisser passer nos deux Kirijins. Quelle plaie, d'autant plus qu'il avait pris soin d'esquiver leurs questions. Ça n'allait pas arranger le Kaguya qui s'était déjà mis dans la tête de régler cette altercation pacifiquement, simplement par le dialogue. Même si habituellement il n'était pas d'un naturel sérieux et propice aux interactions sociales, la situation présente l'obligeait à faire preuve d'un minimum de courage et d'implication.

- Vous êtes un mercenaire, n'est-ce pas ? Kumo vous a versé une somme d'argent, et en échange vous combattez de leur côté. Surtout arrêtez-moi si je me trompe...

Il questionna une dernière fois l'étranger après avoir bu les quelques paroles de son coéquipier. Sait-on jamais, peut-être serait-il un petit peu plus loquace cette fois-ci. Heureusement, Hatanabe et Oyama semblaient être sur la même longueur d'onde. Face à un être si massif, si imposant, il valait mieux éviter d'échauffer davantage les esprits, surtout dans un tel contexte martial. Le jeune homme aux cheveux cendrés poursuivit son discours tout en veillant à éviter de prononcer des mots à connotation hostile ou négative. Juste au cas où.

- Écoutez, nous n'avons aucunement l'intention de nous mesurer à vous. Si nous sommes ici, c'est parce que notre village nous a sommé d'accomplir une mission. Et quand je dis village je sous-entends là « Shûkai », bien que nous ne faisons pas partie de cet empire fort grossier.

L'art de la rhétorique était jusque-là bien étranger au jeune Hatanabe. Il s'efforçait tout de même de paraître sûr de lui vu de l'extérieur, mais malgré tout on pouvait percevoir un brin d'hésitation dans son timbre de voix - se faisant froid et monotone comme à l'accoutumée.

- Maintenant imaginons un instant que nous ne soyons pas favorable à cette guerre, que nous décidions de rebrousser chemin. Que se passera-t-il ensuite ? Il y a de fortes chances pour que le Shûkai nous punisse sévèrement. Dans le pire des cas ils pourraient même s'en prendre à la population civile de notre village, à des innocents...

L'argument des pertes civiles sonnait comme le point d'orgue de son soliloque. La dernière anecdote capable de faire pencher la situation en faveur des deux genins, les quelques mots susceptibles de raisonner le guerrier se tenant face à eux. A cet instant précis il ôta la capuche recouvrant précédemment son crâne, en guise de body language d'ouverture, faisant office d'une main tendue à son interlocuteur.

- Nous pourrions éventuellement trouver une solution, un terrain d'entente...

Tenter de sortir d'une situation aussi problématique simplement par le dialogue, c'était une grande première pour le Kaguya. De toute façon, au pire, si vraiment ça ne fonctionne pas pour cette fois, il aura l'occasion de faire mieux à l'avenir. Enfin, à condition que d'ici là, il ne se sera pas fait massacrer par un quelconque individu errant, borgne ou non...

Deux Kirijins donc, qui ne semblaient pas désireux de passer aux armes. Difficile de savoir lequel était le supérieur de l’autre. Le rouquin semblait timide, peut-être même peureux, mais il était compliqué pour Hakyô d’imaginer la cité de Kiri posséder dans ses rangs ce genre d’individus. Inutile d’espérer qu’ils en aient envoyé au front. Quant au jeune homme aux cheveux blancs, peut-être était-il plus assuré au premier abord, mais son apparente manie d’élargir ses prises de parole témoignaient aussi d’une faible expérience de la voie diplomatique et même celle du ninja.

C’était alors le même point qui revenait sans cesse : la Kiri que les Suzurane avaient férocement combattu il y a des années n’était plus la même qu’aujourd’hui. Si les chiens sanguinaires de la Brume d’antan n’avaient jamais eu le visage des deux « adversaires » d’Hakyô aujourd’hui, cela pourrait être le cas pour la seconde Kiri. Dès lors, il y avait deux possibilités : soit ces deux ninjas étaient bel et bien fébriles comme ils le montraient – et Kiri avait tout à envier à sa précédente version – soit les apparences étaient trompeuses, et la nouvelle version du village caché de la Brume avait peut-être encore mieux à proposer que des années auparavant.

Et difficile pour le fils de la Montagne de savoir quelle hypothèse il voulait voir confirmée. Son esprit espérait que ces deux-là furent bien hésitants, mais son instinct de guerrier espérait un riche rebondissement.

─ Laisse-moi alors t'arrêter, petit, dit-il en s’adressant au plus jeune et éloquent, seul l’honneur me porte sur les champs de bataille et dans le reste de ma vie.

Jamais l’argent ne pourrait le détourner de ses motivations. Il voyait en Kumo un intérêt commun : l’annihilation de l’Empire. Le Suzurane se redressa légèrement, sans lâcher de son œil la direction vers le duo Kirijin.

─ Vous, vous semblez hésitants. Y a-t-il quelconque honneur à combattre si jeune pour servir un « empire grossier ». Réfléchissez bien, avertit-il.

Il s’autorisa à faire un pas, symbole sans surprise d’une volonté promise à être inébranlable.

─ Car ma position est claire : j’ai et serai toujours un ennemi de l’Empire.

Est-ce que les Kirijins allaient se décider à se placer réellement en tant que Shûkaijins durant cette bataille ? Ou trouveraient-ils une autre solution ?

La situation n'avançait pas vraiment. Aucun des deux camps composant cet affrontement n'avait entamé d'hostilités envers l'autre. Tout se jouait pour le moment sur les mots, et les deux kirijins hésitaient. Hatanabe poursuivit après Oyama, cherchant à explorer la voie diplomatique, toujours en questionnant l'adversaire et en cherchant à trouver un terrain d'entente qui convienne à tous. Sauf que... L'homme n'était pas un mercenaire, c'était un homme qui se battait au nom de l'honneur et qui aujourd'hui avait choisi le camp de Kumo, pour une raison ou l'autre. Autant dire qu'avec cette information, notre jeune Dôbutsu comprit qu'ils avaient à faire à un combattant qui ne renoncerait pas. Il les jaugeait du regard, et il avait déjà dû dresser un tableau de ce qu'il avait en face de lui.
Soit deux genins cherchant une bonne raison de véritablement risquer leurs vies au nom du Shukaï. Deux genins manquant certainement d'expérience et de combats derrière eux. Le borgne leur parlait qui plus est de l'honneur qu'il y avait à combattre si jeune pour servir un « empire grossier ». Il leur demandait de réfléchir. Le pas qu'il effectua le rapprocha de manière insignifiante, surtout en guise d'avertissement. Lorsqu'il annonça enfin rester sur sa position : être un ennemi du Shukaï.

Oyama regarda l'homme puis Hatanabe juste après. Il s'adressa à lui, se fichant du regard et de l'oreille de leur adversaire.

« Hatanabe, il n'y a pas de terrain d'entente possible. Nous n'allons pas abandonner ni désobéir. D'autres kirijins se battent eux aussi. »

Ils entendaient et voyaient à bonne distance autour d'eux les affrontements entre shukaïjins-kirijins et kumojins. Puis il s'adressa au borgne.

« Nous ne reculerons pas non plus devant vous. Pas pour le Shukaï, mais pour nous et pour nos semblables. Notre but n'est pas de vous tuer pour passer, c'est juste de gagner cette position. »

Sa voix était sans émotion, pourtant sincère.
Dès lors, il envoya une légère petite tape à Kumineko, son lynx à côté de lui, pour lui signifier de se tenir prêt à se battre. Hatanabe aussi, devait avoir compris que c'était devenu inévitable...

Malheureusement pour nos deux genins, l'étranger campait sur ses positions et n'était pas décidé à les laisser passer. Comme précédemment il fût très peu loquace, se contentant d'interpeller Hatanabe en précisant que - soit disant, et je cite - « seul l'honneur le porte sur les champs de bataille ». Faire face à un tel individu borné comme pas deux était terriblement horripilant. À quoi bon se donner un mal de chien pour établir un dialogue diplomatique entre grandes personnes civilisées - croyait-il - pour que votre interlocuteur vous ponde pareilles inepties ? Cette situation commençait à exaspérer le Kaguya, qui mordillait ses lèvres supérieures de frustration. Oyama lui suggéra alors implicitement de combattre cet homme. Désobéir ? Ce n'était pas envisageable. Se battre contre lui ? N'y avait-il pas d'autre solution ? Cet homme n'était même pas un Kumojin. Enfin, le Dôbutsu était le plus expérimenté du groupe, il devait savoir ce qu'il faisait.

- En quoi votre honneur vous pousse à nous combattre ? Nous ne sommes même pas Shûkaijins, dit-il après les quelques mots de son compagnon.

Son air blasé prit peu à peu le dessus sur son inexpression naturelle. Il savait pertinemment que la voie du dialogue ne mènerait nul part mais il ne pouvait s'empêcher de persister. Le vieux ne prendra certainement pas la peine de lui répondre. Se rendant compte que cet échange allait tourner au vinaigre, il ferma les yeux quelques secondes et lâcha un léger soupir, comme pour se vider la tête. Tout ça c'était la faute du Shûkai. Il s'était engagé dans les forces ninjas du village pour servir Kiri, pas cet empire stupide et ses guerres futiles. Et il se retrouvait aujourd'hui à Kaminari, à mener une guerre au profit de l'Empire. Soit, il allait écouter son partenaire à ses risques et périls. Mais était hors de question pour lui d'être le premier à engager les hostilités.

*Il faudrait peut-être que je me forme un bouclier histoire d'être apte à me défendre, au cas où il m'attaque directement. Quoique, si je fais ça, il pourra constater que je possède le Shikotsumyaku avant même le début du combat... Ça pourrait m'être préjudiciable.*

Il se ravisa donc à former un bouclier et se contenta de poser sa main droite sur sa hanche, regardant l'étranger droit dans les yeux, guettant le moindre mouvement hostile de sa part.

@Suzurane Hakyô a 24H pour poster ou il sera exclu de l'Acte.

Ce n’était pas qu’il n’avait pas fait attention à la bête, mais Suzurane Hakyô avait développé l’habitude à ne pas apporter d’importance capitale aux animaux qui combattaient aux côtés des shinobis. Ils ne faisaient partie, pour lui, que de l’arsenal des combattants, au même titre que leurs shurikens ou katanas. Mais il ne fallait certainement pas voir ceci comme un manque de respect, et encore moins comme un renoncement à frapper voire tuer ces animaux. Dans son esprit, ce combat serait un deux contre un, en sa défaveur.

Mais y allait-il avoir bataille ? C’était une question qui continuait de se poser, même davantage qu’auparavant. Si l’animalier semblait décidé, son compère éloquent s’était une nouvelle fois investi d’une « mission » de conversation qui ne le menait nulle part. Car il semblait bon pour l’homme du Nord de rappeler un point important à ses prétendus adversaires.

─ Ton compagnon et son animal semblent décidés, mais toi… Laissez-moi vous montrer quelque-chose.

Il pointa simplement du doigt ce qu’il y avait derrière lui. Insignifiant au premier abord, il montrait en réalité le chemin qui conduisait à terme à la cité de Kumo. Un avertissement ? Plus une piqûre de rappel quant à la position dans laquelle se trouvait les Kirijins.

─ En dialoguant, vous n’avancez pas. Quant à moi, je remplis ma tâche en empêchant les troupes ennemis de Kumo d’avancer vers leur cité. Que ce soit clair : discuter me convient parfaitement.

Il croisa alors les bras, comme pour montrer à la fois une autorité certaine et prouver qu’il n’avait rien à perdre à attendre que les deux Kirijins se décident. Après tout, leur mission était d’avancer, tandis que la sienne était simplement d’empêcher que les flancs arrière des troupes Kumojines ne soient assaillies. L’hésitation était donc dans un camp, mais avantageait clairement l’autre…

Bien entendu, Suzurane Hakyô avait l’expérience suffisante pour ne pas se laisser distraire malgré sa position attentiste. Non, il gardait ses sens en éveil, et se tenait prêt à ce que le combat démarre à n’importe quel moment. Et s’il ne lui attribuait pas grande valeur, il savait que l’engagement pouvait venir de ce fameux félin…

Spoiler:

Oyama, avec son lynx à ses côtés, avait clairement laissé transparaître ses intentions pour la suite. Il trouvait que la situation n'avançait pas, les deux camps adverses discutaient, ça ne rimait à rien, et pendant qu'ils faisaient ça les combats continuaient. L'arrêt des combats dans la zone au nom d'une entente entre les deux camps n'allait certainement pas résulter d'une entente entre le duo et le borgne. Qu'ils parlent ne servait donc à rien pour le camp qui avait lancé l'offensive. En revanche pour l'autre c'était un bonus non négligeable.

C'est d'ailleurs ce que leur expliquait l'homme se tenant face à eux en montrant le passage derrière lui puis en l'exprimant aussi simplement que par la voix. C'est cela qui arrêta le jeune dôbutsu sur son choix pour la suite des événements. Il allait passer à l'offensive et son coéquipier devait déjà être sur ses gardes lui aussi. Qu'ils soient deux genins en manque d'expérience ne devait pas les empêcher d'affronter cet homme pour au moins tenter quelque chose. Aussi, le moment était donc venu.

Pour le Dôbutsu du Lynx, la première chose consistait en une tentative de marquage qui pourrait lui être bénéfique pour tout le combat.

« Bon, vous avez raison... les lynx doivent au moins tenter quelque chose ! »

Disant cela, l'offensive était lancée...
Le lynx quitta sa position aux côté de son maître d'une manière fulgurante, d'un saut souple et rapide. Il s'élançait par le flanc dans une charge féline pleine de souplesse et venait donner un simple coup de griffe sur la cuisse du borgne. Mais ce même mouvement comportait autre chose, le lynx profita de sa proximité avec sa cible pour lâcher un jet d'urine l'éclaboussant en bonne partie. Et quand l'objectif sembla rempli, l'offensive terminée, le lynx s'éloignait aussi rapidement qu'à son arrivée par quelques sauts caractéristiques de son espèce qui aimait se déplacer par des bonds précis de plusieurs mètres de longueur. Kumineko retrouva ainsi une position plus confortable à environ quinze mètres à gauche d'Oyama. Pendant ce temps, Oyama avait pu déjà mettre en éveil ses propres instincts félins et animal pour prévenir les prochains mouvements offensifs de leur adversaire.

RESUME:

Comme Hatanabe l'avait prévu, l'étranger n'avait pas été le moins du monde réceptif envers la phase de dialogue entamée par le Kaguya. Une seule chose semblait lui tenir à cœur : empêcher les Kirijins de s'aventurer plus loin. Pour l'instant il n'avait pas encore eu besoin de recourir à la force. Néanmoins cela va sans dire que si les deux genins décidaient de poursuivre leur chemin, le vieil homme n'aurait pas d'autre choix que de les attaquer. Hatanabe redoutait ce scénario, il ne voulait pas se battre contre lui. Il n'était déjà pas enchanté de mener une guerre au profit du Shûkai, mais alors combattre une personne qui n'est même pas affiliée au camp ennemi, ça n'avait aucun sens pour lui. D'autant plus que cet homme, d'apparence imposante, était sûrement puissant et très dangereux. Mettre sa vie en danger dans une telle circonstance ? Il n'en voyait pas l'intérêt.

C'était tout le contraire pour son coéquipier. Alors que le Dôbutsu sortit une petite phrase de sa bouche, ses mots n'eurent pas le temps d'arriver jusqu'au cerveau d'Hatanabe que son lynx avait déjà commencé à s'élancer droit vers le mystérieux guerrier. Le Kaguya observait la scène et avait du mal à réaliser ce qui était en train de se passer, d'une part parce qu'il redoutait plus que tout cette situation, et d'autre part l'attaque du lynx était pour le moins... originale. Celui-ci venait littéralement d'uriner directement sur l'étranger avant de repartir, ni plus ni moins. Hatanabe restait sous le choc, ébahi par le numéro du petit animal. Et accessoirement, redoutant par dessus tout de se mêler au combat. Il était encore jeune et n'avait que très rarement combattu en situation réelle, encore moins dans un contexte martial. Inexpressif et rongé par la peur, il ne pouvait trouver le courage de s'en prendre à cet homme. Il restait simplement là, debout, à observer le lynx gambader en direction de son maître, sans même dire un mot.

Hésitaient-ils encore ? Il semblait que pour l’animalier, les choses devenaient un peu plus claires. Ainsi, lorsqu’il annonça que les « lynx devaient au moins tenter quelque-chose », Suzurane Hakyô avait compris que le combat allait être lancé. Aurait-il pu néanmoins prévoir que ce serait son animal qui attaquerait et non le shinobi lui-même ? Le regard vif, il suivit la charge de l’animal mais sembla ne pas être prêt à l’esquiver.

En réalité, il s’agissait là d’une volonté certaine de sa part. Sur ses appuis, l’homme du Nord suivit comme il put la trajectoire de l’animal – véloce comme sa race pouvait l’indiquer – et se prépara à réceptionner l’attaque. Sans être réellement surpris de la rapidité de l’offensive qui lui était faite, il opposa son avant-bras gauche à l’animal.

En résulta un coup de patte de l’animal, qui arracha quelques tissus de l’habit du guerrier, en plus de faire apparaître quelques traces de sang. Mais en ayant presque « donné » son avant-bras gauche comme unique défense, il retint suffisamment le félin pour lui asséner aussitôt un puissant coup de poing avec la main qui lui restait libre à ce moment précis.

Le félin rebroussa chemin, sans doute blessé par l’attaque. Quant au fils de la Montagne, il affichait une blessure superficielle – encore plus pour lui – à l’avant-bras gauche. Il espérait ainsi démontrer sa volonté à ses adversaires. Malheureusement pour lui, il se rendit compte que ses jambes avaient été marquées par de l'humidité, dont l'odeur laissait présager de l'urine. Aussi dégoûtant cela pouvait-il paraître aux yeux d'un grand nombre, le guerrier en était totalement indifférent, preuve de l'importance qu'il apportait au combat.

─ Et bien ? Il semblerait que l’hésitation soit encore présente chez ton compagnon, dit-il en regardant le Kirijin aux cheveux blancs et à la langue autrefois bien pendue.

En effet, si l’animalier semblait enfin décidé quant à ce qu’il devait faire aujourd’hui, ce n’était pas le cas de son compère. Que devait d’ailleurs penser ce dernier, en ce moment précis ? Une chose était sûre, depuis le début de ce court combat, Hakyô ne le quittait pas des yeux, et il n’allait pas commencer à le faire sous prétexte qu’il ne semblait pas vouloir combattre…

L'offensive et le marquage pipi de Kumineko avaient fonctionné. L'adversaire, aussi fort soit-il, était griffé au bras et avait perdu un bout de vêtement par la même occasion, ce qui laissait apparaître quelques petites tâches de sang linéaires. Quant à l'urine projetée par le lynx, celle-ci avait trouvé son chemin jusque qu'au bas du corps de la cible, au niveau des jambes. Tout se serait passait pour le mieux, si seulement l'homme qui leur barrait la route n'avait pas riposté en vitesse d'un coup de poing lambda sur l'un des flancs de l'animal qui terminait sa manœuvre pour rebrousser chemin vers son maître. Lui arrachant un léger cri de douleur nasillard. Oyama s'en inquiéta un court instant, mais vit très vite que Kumineko se remettrait de la douleur. Et puis, la crainte était vite remplacée par la petite fierté d'avoir marqué à l'urine leur adversaire. Chose qui n'énerva pas plus que ça ce dernier.

Côté kirijin, il y avait sinon Hatanabe qui ne réagissait pas en restant bloqué depuis que le Dôbutsu avait pris la décision de combattre. Cela posait des questions : était-il un coéquipier sur qui on pouvait compter ? Ou alors un lâche prêt à vous abandonner devant le danger ? Les prochaines secondes, ou minutes auraient peut-être renseigné le rouquin qui se le demandait... mais il aurait été trop long d'attendre. Aussi, leur ennemi fut le premier à reprendre la parole, pour justement signifier que l'hésitation était palpable chez le Kaguya. Il était vrai... que si Oyama était de nature calme et observatrice, là il perdait un peu patience vis-à-vis de son coéquipier auquel il s'adressa :

« Hatanabe ? Bouge toi ! »

Il enchaîna en s'adressant au borgne maculé d'urine sur les jambes.

« … et cette hésitation semble vous arranger. »

Si Hatanabe ne le rejoignait pas dans ce combat qui n'en était pas encore vraiment un, Oyama se trouverait dans une drôle de situation. Il se sentirait aussi trahi, abandonné dans une situation pourtant sérieuse et critique. Il s'agissait là d'une mission importante, il s'agissait d'une guerre. Certes pas la leur, mais ils étaient bien là.

« Ressaisie toi collègue. Je ne suis pas seul, on est un duo tu te souviens ? Si tu veux vraiment t'en aller d'ici, dis le moi. »

Là, il s'adressait bien sûr au Kaguya, en essayant de le remotiver et de lui faire comprendre que son non engagement pourrait desservir la situation, lui-même et plus largement les forces kirijins.
Leur adversaire en face, Oyama se sentait prêt à voir venir une offensive. Ses sens félins étaient encore en éveil, lui donnant par ailleurs un air un peu plus sauvage que d'habitude.

RESUME:

L'offensive du lynx n'avait pas été vaine. Il était parvenu à arracher quelques petits bouts de l'habit du vieil homme, en plus de lui avoir provoqué un léger saignement sur son bras gauche. Malgré ça l'homme avait tout de même riposté en lâchant un coup de poing assez violent sur le pauvre petit animal, qui repartit en gambadant après avoir poussé un cri dérisoire. L'étranger n'avait pas manqué de constater que le Kaguya restait en dehors du combat, il se permit même de le faire remarquer. Ce qui ne manqua pas, évidemment, de faire réagir son compagnon Kirijin. Il avait tout intérêt à ce que Hatanabe le rejoigne dans la bataille et c'était légitime. « Ressaisis-toi collègue, on est un duo ». L'inclure dans une entité à part entière fut fort intelligent de sa part, on peut dire que le Dôbutsu savait trouver les mots justes pour motiver ses compagnons. D'un côté il n'avait pas tort, les chances pour lui de remporter un combat en seul à seul étaient sûrement très faibles, mais à deux contre un ce serait une autre paire de manches.

Il est vrai que le jeune garçon ne pouvait pas abandonner son coéquipier sur un champ de bataille. Acquérir une réputation de lâche, voire de déserteur après la guerre ne figurait certainement pas dans ses plans. Nul doute qu'en laissant Oyama pour compte, celui-ci ne se gênerait pas de ternir l'image du Kaguya une fois de retour au village. Enfin, s'il parvenait à y revenir en vie. Ainsi il convainquit Hatanabe de prendre part au combat, quand bien même il dégageait toujours autant de fébrilité.

Ne sachant pas trop quoi faire dans un pareil contexte, le jeune inexpérimenté se contenta d'appliquer un enchaînement basique qu'il avait travaillé maintes et maintes fois à l'entraînement. Enchaînement qui consistait tout d'abord à foncer droit vers l'adversaire afin de lui asséner un coup de poing en pleine poire, avec la particularité que de petits et fins crochets osseux s'étaient déployés au niveau de ses phalanges. Ceux-ci étaient à peine perceptibles, il fallait vraiment avoir l’œil pour les voir venir à l'avance. Et enfin, après ça, le Kaguya effectua un coup de pied rotatif à ras du sol afin de déstabiliser son adversaire, au mieux pour le faire tomber. Il avait tellement répété cet enchaînement qu'il se déroula de façon presque automatique, et une fois effectué, Hatanabe semblait de nouveau perdu, ne sachant plus quoi faire. C'était l'occasion parfaite pour son coéquipier de venir l'aider, et pour son adversaire de contre-attaquer.

Spoiler:

@Suzurane Hakyô est exclu du groupe.

Dôbutsu Oyama et Kaguya Hatanabe sont déclarés vainqueurs. Le Shukai remporte un point.

Vous pouvez conclure votre groupe comme vous l'entendez, sauf action contre le PJ.

Oyama avait pu compter sur l'aide du Kaguya qui l'avait rejoint dans ce début d'affrontement contre le borgne. Un simple enchaînement, leur ennemi ne se laissa pas dépasser par si peu. Le duo de lynx s'apprêtait même à lancer une nouvelle offensive... s'ils n'avaient pas été interrompus.
Des renforts kirijins et shukaïjins arrivèrent, une dizaine, tous marqués par les affrontements desquels ils sortaient tout juste. Les combats dans la zone tournaient en la faveur du camp shukaïjin et kirjin.

« Vous n'êtes plus seuls ! » cria-t-on à l'attention des deux jeunes combattants.

Cette voix appartenait à un shinobi d'expérience qui s'interposait d'emblée entre eux et le guerrier borgne.

…

Moyennant un bref échange de coups, leur adversaire avait finalement pris la fuite quand un nouvel escadron de kirjins était arrivé, augmentant alors le nombre d'hommes à terrasser s'il voulait défendre sa position pour Kumo. Mais, il fallait se rendre à l'évidence, parfois la fuite était la meilleure des solutions. Oyama ne se serait pas privé face à un pareil nombre de kumojins. Situation qu'il ne connaissait heureusement pas, car c'était plutôt le contraire en ce moment.
Les bruits d'affrontements cessèrent petit à petit dans les alentours. Signe que leur camp dominait ici.
Un capitaine rassembla quelques uns des shinobis pour former une nouvelle escouade.

« Eh, toi, jeune homme avec le lynx, tu pars avec eux pour combattre sur une autre position, là où ils ont besoin de renfort ! »

Voilà comment les choses s'enchaînaient.
Oyama partit l'instant d'après, après avoir bu quelques gorgées d'eau pour s'hydrater. À peine venait-il de sortir d'un combat qu'il allait y retourner. À ses côtés se trouvaient des kirijins et des shukaïjins pour la plupart plus âgés que lui. Ou du même âge. Mais il semblait qu'Hatanabe n'était pas là, ou avait été envoyé ailleurs. Dans cette guerre, les forces allaient et venaient. Chaque soldat pouvait être utilisé et envoyé quelque part pour se battre, comme un pion dans un jeu de stratégie.

* Pourvu qu'on s'en sorte. * pensa-t-il

Dans son malheur il était accompagné de son fidèle lynx. Le champ de bataille sur lequel ils arrivèrent après une bonne demie heure de course était plus chaotique que le précédent. Oyama s'en aperçut dès les premiers instants : flammes, corps par terre, explosions, projectiles lancés à tout va, ou déjà par terre, …
Cet endroit respirait l'enfer.
Le genin Dôbutsu était sommé de prendre part à ces affrontements. Il y alla à contre cœur, ses griffes sorties lui servant d'armes. Il lacéra quelques adversaires sans doute plus faibles que lui. Un ou deux. Le reste du temps il accompagnait les siens, préférant ne pas rester seul dans ce chaos. De ce chaos dans lequel il était difficile de tout suivre arriva un projectile, de nul part. Un senbon, petite aiguille, vint se loger dans l'oeil droit d'Oyama. Par chance, il ne le transperça pas, mais s'était planté juste assez profond pour lui crever le globe oculaire. Un cri de douleur non contrôlé s'échappa du jeune rouquin QUI comprit ce qu'il venait de se passer lorsqu'il vit son assaillant se faire transpercer par un kirijin un peu plus loin. Du sang coulait de son œil mort dans lequel le projectile était toujours logé. Ce qui arriva ne fut pas contrôlé. Son champ de vision se flouta et tout devint sombre.

Dans sa malchance, Oyama fut évacué un peu plus loin dans un avant poste où un médecin le prit en charge. Il fut traité comme le blessé qu'il était. On l'anesthésia brièvement au niveau de la paupière, malgré qu'il soit évanoui. Puis on lui retira le senbon responsable de la crevaison de son œil. On fit ce qui fallait pour arrêter le saignement avec quelques points de suture. Une compresse fut placée une fois que tout fut réparé et légèrement cautérisé à l'aide d'un peu de chakra médical. La kunoïchi médecin qui s'occupait de lui amena un cache œil quelconque qu'elle accrocha sur son visage. Dorénavant il était devenu borgne d'un œil, comme son adversaire d'un peu plus tôt. Il ne s'en aperçut que lorsqu'il se réveilla plus tard. On lui apporta une petit miroir pour qu'il se regarde. Son inquiétude était absente, tout juste remplacée par cette sensation nouvelle de noir dans son œil droit. Lorsqu'il se vit dans la glace, il se rendit à l'évidence : il venait de perdre son oeil droit. Le cache œil en témoignait. Et ça vous changeait une tête d'en porter un.

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