Après plusieurs jours de préparatifs pour finaliser ou passer la main sur mes projets en cours au sein du Kyomu, je m'étais rendue vers mon pays natal. J'avais foulé le sable du désert maintes fois depuis mon départ de Suna mais aujourd'hui je retrouvais la sensation de le fouler en toute liberté.
J'étais partie pour ne plus me soumettre aux contraintes du village, laissant libre court à mes envies au même titre que ma soif. Pourtant, voilà que je m'y enchaînais à nouveau, plus fortement encore qu'auparavant... Mais le pouvoir en plus... Quel panorama m'attendait depuis le sommet de la pyramide ? Un paysage bien trop désolé à mon goût, cela, j'en étais certaine. Mes ambitions sonnaient sans limite pour le façonner tout en assurant au monde entier la puissance des Ketsueki : un clan suscitant mépris et dédain, rétablissant aujourd'hui la place qui lui était dû.
Le Daimyo de Kaze m'avait reçu, non sans réticence, alors que j'étais moi même entourée de mes kuchiyoses, s'assurant de l'absence de pièges en tout genre. Son discours me fut une nouvelle fois formulé avant un échange concis plein de faussement belles paroles. Après tout, il était celui ayant évincé Ogami... Mais cracher mon venin ne m'était guère profitable. L'unité entre le Daimyo et le Kage, le Pays et son Village militaire, était indispensable pour garantir l'élévation de notre nation.
Sa décision, amère, avait déjà été prise en amont et son peu de conviction en son fort intérieur me faisait me taire de lui rappeler la raison de ma présence en ces lieux : c'était lui qui l'avait voulu. Je n'avais en somme rien demandé... Bien que ma venue indiquait sans faux semblant l'intérêt que je portais à sa recommandation...
J'allais prendre la tête de Suna et le redresser. Parce qu'il était inconcevable que je ne sois qu'au sommet d'un tas de ruines rouillées, rongées par l'acide des anciens dirigeants ou de ceux ne faisant que les nettoyer à l'eau, frottant légèrement en surface sans songer à les restaurer outre mesure.
L'entrevue passée, je m'étais rendue au village alors que la plupart avait eu vent de ma venue, passant la Voie Illusionnée en gardant la tête haute, mon regard se posa sur les ruelles et infrastructures qui n'avaient pratiquement pas changé en presque trois ans.
Puis finalement, après quelques heures, un rassemblement fut sollicité sur la grande place en face du Palais, les yeux convergeant vers le balcon que j'avais moi même si souvent observé depuis la foule en contrebas. Ce même promontoire où avait été abattue Zanshi, Godaime Kazekage et ma sensei, quant bien même tout cela avait été orchestrée par l'intéressée. J'étais loin de compter beaucoup de partisans entre ces murs, si bien que j'assurais ma propre sécurité à travers mes Kuchiyoses et mes propres réflexes prêt à s'éveiller, juste au cas où.
J'attrapai par moi même la cape de Kazekage que je revêtis, songeant à tous ceux qui l'avait porté auparavant et notamment Ogami et Kioshi... En revanche, je me passais de la coiffe, me révélant finalement à l'assemblée dans cette atmosphère lourde qui n'était pas due qu'a la seule chaleur étouffante du désert.
Mon regard écarlate balaya la place sur tous ces individus que je dirigeais désormais. Mes années avant l'organisation me les aurait fait considérer comme des parasites. Des hommes et des femmes sans le moindre intérêt pour lesquels je n'aurais pas ne serait-ce que poser les yeux. Aujourd'hui, je voyais en tout à chacun l'importance qu'il représentait. Cet effectif sans qui il ne me serait possible de rien.
« Sunajins ! Vous regrettez probablement de me voir à cette place mais ces réticences ne perdureront pas. Malgré mon départ, je n'ai cessé d’œuvrer dans l'intérêt du village et vous en constaterez prochainement les résultats. Notre Daimyo lui même a vu en moi celle la plus a même de vous offrir tout ce que Suna, et plus largement Kaze, méritent. Quand bien même nous possédons nos différences, nous avons en revanche un idéal commun ! Celui de voir Suna reluire de sa gloire d'antan ! Celui de prétendre être une puissance shinobi digne de ce nom, capable d'annihiler nos ennemis et de protéger les nôtres ! Et moi, Ketsueki Yami, vous assure que le village caché du sable disposera bientôt de tout cela ! Je nous y conduirais. Je vous y guiderais. Mais pour cela j'ai besoin d'une unité solide ! Chacun d'entre vous est une pierre à l'édifice pouvant conduire à la grandeur ainsi que la puissance du village. Suna souffre depuis trop longtemps de ses guerres intestines le freinant dans son ascension, aussi je veillerais personnellement à ce qu'elles disparaissent. »
Mon ton s'était volontairement durci sur cette dernière note. Les traîtres parmi les rangs seraient débusqués et exterminés. Nous devions nous concentrer sur l'extérieur et notre expansion, non sur nos problèmes internes ne faisant que nous ralentir.
« Avec la menace Bijuu, le danger rôde bien plus près que vous ne pouvez l'imaginer. Nous pouvons nous en préserver à condition de mettre nos rancœurs de côtés. Ma légitimité en tant que dirigeante du Sable vous sera prouvée tout comme la portée de mes paroles ! »
Mon passé me forçait à ce plaidoyer pour apaiser un tant soit peu les craintes et galvaniser les espoirs.
« Enfants du Désert... Que souffle le vent de l'éternité ! »
Dernière édition par Ketsueki Yami le Mer 21 Juin 2017 - 11:07, édité 1 fois
Notre mission avait été portée à bien, même si cela avait été fait à contrecœur. Le Daimyo était "content", j'espérais qu'il soit convaincu de son choix. Il était hors de question d'essuyer une nouvelle déception à notre peuple. Je restais méfiant, je connaissais Yami, je ne savais pas si elle avait changé, mais sa ligne de conduite privilégiait toujours sa propre personne et son clan. À présent, elle allait devoir gérer tout un peuple sans exclure personne. Pour ma part, je ne savais pas quel rôle j'allais avoir dans toute cette histoire. Mon comportement face à elle me vaudra peut-être l'Ergastule, qui sait. Néanmoins, si ce n'était pas le cas, j'allais gardé un œil sur elle jusqu'à qu'elle regagne ma confiance, car oui, elle avait ma confiance auparavant.
Les jours passèrent et des bruits circulaient comme quoi l'entrevue entre la Ketsueki et le Daimyo s'était bien passée. Son discours d'intronisation allait avoir lieu aujourd'hui sur l'estrade qui fut autrefois la mienne, celle de mon maître et celle de mon élève. Je m'étais mêlé à la foule, je figurais au milieu de cette masse de gens, attendant l'arrivée de la Comtesse Sanguinaire. Soudainement, elle apparût au-dessus de nous, un silence et une atmosphère lourde s'abattit sur toute la place. Difficile de prédire les paroles que Yami allait utiliser ou le ton sur lequel elle allait entreprendre son discours. J'avais beau l'avoir connu, je n'arrivais pas à comprendre quelle stratégie elle allait employer pour mettre de le peuple de son côté.
Le Kyudaime Kazekage s'exprima enfin. J'écoutais son discours sans broncher jusqu'à la fin. Je savais, malheureusement, que ses paroles ne valaient rien sans les faits. D'ailleurs, elle devait le savoir également. Cependant, cette assemblée était obligatoire pour se présenter à son peuple et le tranquilliser. L'ancienne déserteuse connaissait sa position vis-à-vis des Sunajins et elle déclara haut et fort avoir le même objectif que nous, faire de Kaze un pays stable et puissant. Le peuple voulait de la sécurité et de la stabilité, peu importe le Kazekage. Cependant, les Shinobis de Suna, eux, voulaient une Ombre forte, respecté et en qui ils pouvaient avoir confiance. Yami allait avoir besoin de ces soldats pour parvenir à ses fins et pour rendre heureux son peuple.
Mon attention fut attirée lorsqu'elle parla de Bijuus, depuis ma rencontre avec Kyubi et les autres faits ayant un lien avec ces démons, je voulais absolument en savoir plus sur eux. Peu de monde le savait, mais dans un peu moins d'une année, le Renard sera libéré et si nous n'étions pas prêt, nous allions tous mourir. Nous devions apprendre à les connaître et pourquoi pas les utiliser pour contrer le plus puissant d'entre eux. La paix passait par l'extermination ou le dressage de ces bêtes, désormais, je vouais mon temps à ces Bijuus.
Le discours fini, un brouhaha de discussion prit vie sur la place. Je quittais ma position pour me rendre chez moi, où Satomu m'attendait. La Ketsueki ne m'avait pas convaincu, mais j'allais lui accorder une chance, pas une de plus. Si elle nous menait en bateau pour ses objectifs personnels, je mettrais moi-même fin à ses jours. Cependant, j'espérais qu'elle soit la bonne personne, Kaze avait trop souffert ces dernières années à cause d'Ombres incapables...
Avec son maître, il n'avait pas réussit à la retrouver. Mais au fond de lui, il espérait que ses camarades aient eu plus de chance. Mikuo savait que plusieurs équipes, et parmi les meilleurs ou ceux qui connaissaient déjà la Dame, avaient été envoyé pour maximiser leurs chances de la ramener. Le peuple avait besoin d'elle. Elle dont le jeune Kawaguchi n'avait entendu parler que parce qu'il venait de rentrer et s'y était intéressé. Qu'avait-il à apprendre d'elle ? Beaucoup probablement, même si la Dame en question était une Ketsueki. Le sang était pour le toubib une denrée précieuse, tout comme il devait l'être pour elle, mais d'une manière fort différente.
Perdu dans ses livres, le mouvement autour de lui le fit baisser ses lunettes. Pourquoi ils courraient tous ainsi, et surtout, où allaient-ils tous ? Attrapant une de ses collègues au passage, cette dernière lui expliqua que leur Kyudaime était arrivée. Relâchant l'infirmière, Mikuo inspira lentement avant de poser son calepin et son style sur le côté du livre qu'il étudiait. Ca y'est, ses camarades avaient réussit. Ketsueki Yami était arrivée à Suna et avait accepté son rôle, celui de les relever tous.
Mais, lui, que devait-il faire ? Aller comme tout le monde et la rencontrer, enfin, la voir du haut de l'estrade, comme il en avait vue d'autres ? Serait-elle différente ? Serait-elle assez forte ? Passant sur une sur son épaule, là où était Makigai, son ami et tout petit escargot, le bleu teinté de bleu se mit en marche.
- Makigai... tu crois qu'elle peut le faire ? - Les femmes sont souvent plus forte que les hommes Mik'... tu devrais le savoir, regarde toi, et ta sœur ? Regarde comme elle a affronter la mort de l'élu de son âme. - Tu n'as pas tord mon ami...
Tout en se faufilant entre les ruelles, il vint se percher sur un toit, sur l'un des côtés, pour la voir. Quand la Dame fit son apparition, elle n'avait pas la coiffe, on voyait parfaitement son visage et sa chevelure. Elle n'avait sur son dos que la longue cape des Kazekage. Un sourire étira les lèvres du jeune homme lorsqu'il le remarqua. Décidément, elle ne faisait rien comme tout le monde cette Yami. Non seulement il avait fallut la chercher, car elle était en dehors du village, mais en plus, elle ne se présentait pas comme le guide parfait.
Laissant ses jambes pendre dans le vide devant lui, le Kawaguchi écouta avec attention les mots qu'elle prononça. Tout ce qu'elle disait aurait pu être sortit de n'importe lequel d'entre eux s'il avait été dans la même situation qu'elle et pourtant, au fond de lui, ses paroles trouvèrent écho. Ce n'était pas la façon de faire, ni même de se tenir, c'était la sincérité qu'il croyait ressentir émaner d'elle.
- Puissiez-vous dire vrai, Dame Yami...
Murmura-t-il plus pour lui même. La mention des Bijuu lui fit se rappeler son frère et le maître de ce dernier et ancien chef de clan. La situation n'avait pas été jolie à voir, et il avait eu pas mal de boulot lorsque ses camarades d'armes étaient rentrés. Il avait aussi du faire face à des morts entre ses mains alors qu'il faisait tout son possible pour les aider. Puis elle parla d'éternité et il se rendit compte que oui, une Ketuseki pouvait y prétendre, qu'elle pourrait tous les enterrer les uns après les autres si elle prenait garde à elle.
Jetant un dernier regard vers la Kazekage, Mikuo se leva et applaudit le fort possible pour passer au dessus du brouhaha de question. Il tapa ses mains, plus fort, appela l'eau pour faire raisonner ce son et bientôt, quelques uns suivirent son mouvement, le bruit couvrant petit à petit les messes basses.
Le village du désert ne s’était pas encore remis de son départ. Elle avait arraché le cœur de Suna en partant, son Kazekage et avait donc ébranlé toute la stabilité du village et même du pays. Jamais le désert n’avait été le même depuis. Les dirigeants s’enchaînèrent aussi rapidement que les saisons. Les morts furent tout autant nombreux ces dernières années. La stabilité du pays était compromise et sa fierté détruite avec la victoire de Konoha et l’apparition des Biju. Dans ces temps sombres, il était difficile d’y voir une lueur d’espoir et pourtant… pourtant plusieurs y mettaient un visage familier, le sien.
Ketsueki Yami était attendue dans son village natal. Les avis étaient mitigés, mais que très peu s’opposaient violemment à ce retournement de situation. Pourquoi ? Tout simplement, car il n’avait rien de mieux à proposer. Elle était en partie responsable de la dégénérescence du village, peut-être sera-t-elle également celle qui lui redonnera sa force. Dans ce but-ci, plusieurs équipes furent envoyées afin de la retrouver… Les jours s’écoulèrent et finalement, Suna avait ramené la Comtesse dans son territoire. N’était-ce pas ce qu’ils appelaient se jeter dans la gueule du loup ?
Kawaguchi Yuna observa le rassemblement de loin. Assise sur un toit, les yeux fixés sur le balcon où allait apparaître la dame tant attendue. La jeune shinobi avait entendu de nombreuses rumeurs à son sujet, toutes plus effrayantes les unes que les autres. Plusieurs racontaient qu’elle buvait le sang des jeunes enfants s’aventurant trop près de sa demeure. D’autres disaient qu’elle était une femme irrésistible au corps qui ne subissait pas les effets du temps, néanmoins, un seul de ses baisers pouvait tuer un homme. Si cette dernière rumeur était vraie, alors la nouvelle Kazekage était encore moins humaine qu’elle.
À cette pensée Yuna posa son regard sur ses mains. Même elle subissait les effets néfastes du temps. Mais allaient-elles réellement pouvoir mourir de vieillesse à l’image des humains ? Aurait-elle une vie plus longue… ou plus courte ? Sa vie était moins fragile que celle des humains, mais à quel prix ? Elle n’en savait rien.
Le silence vint couper les nombreux murmures de la foule. C’était l’heure de rencontrer leur nouvelle dirigeante, sa nouvelle dirigeante. Les yeux bleus de la Kawaguchi se déplacèrent vers cette dernière. De là où elle était, la femme semblait étrangement plus humaine que les histoires qui l’entouraient. Néanmoins, on pouvait ressentir sa prestance, son corps frissonnait. Suna entrait dans une nouvelle ère, une ère sanguinaire.
