Déjà un moment qu’il avait quitté le village pour partir en escapade tranquille, dans le but de faire son point définitif. Hésiter était devenu quelque chose de très récurrent chez lui maintenant, lui qui déviait à présent inexorablement de son éternelle ligne de conduite qui avait toujours fait de lui celui qu’il était, un kumojin fier. Après avoir émis un vœu, il avait pu voir l’envers du décor de son village, et à présent, il n’était plus sûr que sur un seul point, Kumo n’était plus un havre de paix où il pourrait évoluer indéfiniment comme il l’avait toujours fait.

Les regards qu’on lui avait portés après cet incident ne mentaient point. Tant bien même personne ne le disait, eux le criaient avec une ampleur non négligeable, à tel point où il fut obligé de réintégré la maison familiale pour essayer de retrouver un semblant de contenance. Une contenance qui eut vite fait de disparaitre, finissant par céder la place à un dépit sans borne qu’essayait de combler à sa façon la jeune Koémi, la seule qui pour l’instant lui avait donné encore un espoir en son village…Un ninja ne vivant pas que d’espoirs, il s’était finalement résolu à aller faire un tour dehors avant de revenir définitivement, la tête encore dure de l’entrevue avec l’ombre de la foudre, et de la filature imposée à sa personne par Seki Zennosuke.

Il devait être ici depuis bientôt cinq jours déjà, et se laissait aller à une chose qu’il avait toujours affectionné, se laisser border par les astres et la douceur de la nature. Des instants magiques qu’il passait dans ce qu’on pourrait appeler son mode à lui, ces étendues de verdures sauvages et vierges de tout homme, enfin presque tout homme si l’on ne le comptait pas. Il se laissait pleinement aller et tendait à baisser insolemment sa garde par cela, le rendant excessivement vulnérable à tout ce qui voudrait s’en prendre à lui.

En cette nuit étoilée, non seulement son esprit vagabondait loin dans les cieux, mais ses pensées n’étaient pas de plus belles qui soient. Il se surprenait lui-même à remettre certaines choses en cause, allant jusqu’à la médisance par moments, une action qui ne serait jamais née dans le cœur du garçon il y a encore peu. Les dernières semaines avaient laissées des traces à ce qu’il semblerait, et bien qu’il soit conscient de son changement, il n’arrivait pas à y faire face, ce qui le rendait encore plus dépressif.

S’être fixé un but était bien beau, mais suivre ce dernier n’était pas facile, surtout que pour cette entreprise, il était tout seul apparemment. Seul pour affronter ce qui l’attendait devant. Une pensée qui lui étira de nouveau un soupir alors qu’il fermait les yeux pour s’endormir, pensant que dormir à cet instant le réveillerait de ce qui prenait la tournure d’un cauchemar, un cauchemar dont il aimerait être réveillé, par n’importe quel moyen. Malheureusement, cette astuce ne marcherait pas, et il le savait bien. Il finit par se redresser avant de contempler les flammes qui rôtissaient le lièvre dans lequel il allait bientôt plongé rageusement ses dents, en espérant que manger l’aiderait à y voir plus clair par un quelconque miracle.

Elle s'avançait. Hiriko lui avait donné toutes les informations nécessaires pour trouver l'homme qu'elle cherchait, et ceux, jusqu'à même sa signature de chakra. Comment avait-il fait ? Elle l'ignorait. Cet homme était un Yamanaka... Un pouvoir qui, malgré son appartenance à l'Anbu, restait empli de mystère. Maintenant, tout ce qu'elle avait à faire, c'était de le traquer grâce à son Byakugan et sa maîtrise de la sensorialité.

Continuant son chemin vers Kumo, elle s'arrêta soudainement. Concentrant le pouvoir de ses pupilles, elle découvrit quelque chose d'intéressant : des traces du chakra de l'homme en question ! Alors il était sorti du pays de la Foudre ? Intéressant. Que faisait-il à Shimo ? Essayait-il de fuir ? En tous les cas, elle s'en fichait. Ce qui était important, c'est qu'il était désormais à porter de main.

S'avançant jusqu'à une sorte de plaine, elle vit un feu au loin. Toujours grâce à sa pupille, elle pouvait y voir le jeune garçon devant un feu de camp. De là, un bon lièvre cuisait au feu de bois. Il savait survivre, c'était un atout important pour un Shinobi. Même quelque chose de principal. Mais survivre ne suffisait pas, ce qu'il fallait, c'était vivre.

Le rejoignant dans un Shunshin, elle se mit en face de lui, juste derrière le feu. Et lorsqu'il ouvrit les yeux, il ne sembla pas la remarqué. Mais lorsqu'il lèverait un peu la tête, il verrait ses yeux blancs respirant la puissance d'un clan réputé : le Byakugan. Perçant les secrets jusqu'aux profondeurs de l'âme. Cette pupille légendaire offrant de nombreuses capacités d'exception.

« Je peux me joindre à toi ? Bien sûr que je peux me joindre à toi. »

Elle disait cela avec une légèreté sans pareille. C'était ce qu'on appelait couramment une question rhétorique. Elle n'attendait ni son accord, ni un hochement de tête. Au fond, elle espérait qu'il soit positif. Mais bon, même s'il était négatif, elle s'en fichait, car là voilà déjà assise, en face de lui. Sans trop perdre de temps, elle le regarda d'un air empathique, mais bien loin de la pitié. Non, elle comprenait. Ce petit allait peut-être quitter sa patrie d'origine, comme elle l'avait fait.

« Alors ? Tu t'appelles comment ? Moi s'est Azumi. Et rien qu'avoir t'a tête, je sais ce qu'il se trame dedans... »

Elle le regarda avec un sourire. Amicale, belle, et féminine, Azumi avait tout pour plaire à un garçon légèrement plus jeune qu'elle.

« Avant que tu ne poses la question, je ne suis ni de Kumo, ni d'aucuns village. Je suis une alliée de Seitô. J'imagine que tu sais qui s'est ? »

Elle le fixait, les flammes dansantes dans ses pupilles lunaires.

« En tous les cas, si tu doutes, sache que la question à se poser est : Pourquoi doutes-tu ? Le reste n'est pas vraiment important. »

Il émettait un nouveau soupir, tandis que l’odeur du lièvre commençait à réellement parfumer les environs. Bientôt, très bientôt il plongerait avidement ses crocs dans cette chair bien cuite. Relevant la tête, il siffla très fort pour rappeler le canaillou qui l’accompagnait. Un nouveau soupir pour accompagner cet effort désintéressé, puis il coinçait un instant. Des pupilles blanches l’observaient par-delà les flammes. Une fille en face de lui à cet instant ? Il crut commencer à halluciner et se laissa aller à un léger rire sarcastique.

Et voilà maintenant que je m’imagine une belle fille aux yeux blancs en face de moi… Mangeons et dormons c’est le mieux à faire pour l'instant.

Il avançait sa main pour retourner une dernière fois sa future pitance, et voilà que ce qui semblait n’être qu’une illusion lui proposait de se joindre à lui. Ses yeux s’écarquillaient. Nullement une hallucination, cette beauté était bien là. L’étonnement finit par laisser la place à la suspicion et il fit un léger bond en arrière pour ramasser son katana. La demoiselle ne sembla nullement être surprise par ce geste et enchaina avec une question, question à laquelle elle répondait instantanément vis-à-vis d’elle-même. Une voyageuse attirée en ces lieux par l’odeur du lièvre en train de cuire ? Non, la théorie fut rapidement démentie par ce qu’elle dit être, une amie de l’homme en rouge qui disait lui donner la vérité.

Shiwoon passa sur la défensive à cette nouvelle. Non pas par hostilité envers cette dernière mais par simple précaution. La dernière fois, un animal plus mort que vif avait bondi sur lui, rien ne disait que cette personne ne soit venue toute seule. Il n’était pas vraiment d’humeur à se battre avec une fille ce soir aussi. Il laissa redescendre la pression et retourna s’asseoir. Non pas qu’il avait confiance, mais un combat à cet instant et cela aurait été un adieu à ce lièvre si fièrement chassé. Il finit par ouvrir la bouche fuyant le regard troublant de la demoiselle.

Shi…Shii.. Shiwoon…Mais tout le monde m’appelle… Black☆Star

Les propos qu’elle tenait étaient plus que perturbateurs à cet instant. C’était comme si elle savait à peu près ce qu’il se passait dans sa tête. Le Dentô n’aimait pas cette situation, il avait l’impression d’être un bouquin lu et déjà relu… Il fallait montrer que tout va bien et se préparer au cas où, elle tenterait une éventuelle offensive. Un léger bruit dans les fourrés environnants se fit alors entendre, et voilà que le louveteau que l’autre folle lui avait offert apparaissait. Bien prêt à se remplir comme il fallait l’estomac. Le combat devenait pour ainsi dire une mauvaise option, Oz pourrait se prendre un truc pendant l’affrontement. Bien intriguée sur la raison de la venue de la demoiselle, et surtout par les propos qu’elle tenait depuis peu, il se risqua à poser une question alors qu’il prenait l’animal sur ses jambes.

Que me vaut l’honneur de la visite ? Et pour information… Je ne doute point. Tout est clair dans ma tête mademoiselle Azumi !

Il la regarda un instant, plongeant son regard dans le sien, sans toutefois essayer de mémoriser chaque détail de cet œil plus qu’étrange qu’il avait en face de lui. Qu’étais-ce donc que ce sentiment d’être mis à nu qu’il ressentait… Il voulut faire son chieur comme à son accoutumé et lança très simplement ce qu’il fallait préciser.

Vous n’espérez pas manger à mes soins j’espère… Parce que si c’est le cas, sachez déjà que ce lièvre fut chassé par deux personnes et sera mangé par deux personnes.

Assise à côté de lui, elle apprenait son nom. Dentô Shinwoon donc ? C'était un nom original. Elle qui avait vécu avec une des familles les plus nobles du clan Hyûga, elle n'avait jamais entendu de nom sortant de l'ordinaire. Peut-être qu'elle en aurait su si elle prenait connaissance de l'identité des ennemis qu'elle tuait. Mais elle ne prenait pas cette peine. C'était une perte de temps inutile et sans réel intérêt...

Après tout, Azumi avait vécu comme une parfaite Ninja. Règle, devoir, mission, honneur, et cela suffisait. Alors pourquoi avait-elle rejoint Seitô ? Pourquoi avoir tout quitté ? Sa brillante carrière, son avenir au sein du village, sa famille ? Parce que dans la carapace blindée du Sabakyô, il régnait une bienveillance extraordinaire. Il était réaliste, il savait que tout avait un sacrifice. Mais il faisait toujours de son mieux, et ceux, en toute circonstance. Il essayait d'être juste, et faisait tout le nécessaire pour parvenir à ce qu'il souhaitait. Oui, au fond, il y avait une pointe d'admiration pour lui...

Black☆Star hein ? C'était un surnom tout aussi original. Elle regardait le garçon, puis vit un louveteau revenir vers ce qui semblait être son maître. Elle sourit, avant de tendre sa main vers lui d'un air bienveillant et d'une grâce céleste.

« Tu laisserais une demoiselle mourir de faim, Black☆Star ? »

Elle sourit, tandis que le petit loup s'avançait vers elle, humant son odeur. Passant sa main sur sa tête, elle lui caressa celle-ci doucement, avant d'y ajouter son autre main. Etrangement, le petit animal prenait rapidement confiance, et vint se poser sur sa nouvelle amie, très câline à première vue.

« Et comment s'appelle ce magnifique petit loup ? Car je suis sûr qu'il partagerait sa part avec moi. »

Elle le regardait, avant de poser son regard sur le jeune homme.

« Je suis ici car Seitô t'a repéré. Il pense que tu as un objectif, et surtout, il pense que tu veux atteindre cet objectif. Cette volonté d'indépendance, de liberté, et de volonté, c'est ça, qui l'a repéré chez toi lorsque tu as agi contre ton propre Raikage. »

Elle en savait beaucoup plus que lui à son sujet.

« Avant de se faire capturer, il a usé sa dernière dose de chakra afin de nous envoyer un rapport sur toi. Il voulait que l'on te propose de participer à quelque chose de bien plus grand, tout en ayant ton propre objectif. Et quelque chose me dit que celui-ci doit être très intéressant... »

Les caresses pour le petit louveteau continuaient, tandis qu'elle ajouta...

« Vu que tu ne sais rien sur nous, et que j'en sais que très peu sur toi, je te propose qu'on facent connaissance autour du feu, qu'est-ce que tu en dis ? Et vu que je suis une femme, honneur à moi ! »

Ce petit côté impulsif d'Azumi avait du charme. Cela montré que c'était une Kunoichi forte, indépendante, et fière de l'être.

« Quel est ton objectif, Shinwoon ? »

L’étoile guettait le moindre geste de la fille. De nature simpliste, il ne se prenait que très rarement la tête à cause de préjugés. Aussi le comportement de la jeune fille vis-à-vis de son compagnon de route lui dessina un sourire. Faut dire qu’à part Miaë, qui l’avait sorti d’on ne sait où, et Koémi qui l’avait dorloté comme jamais à leur première rencontre, la petite bête n’aimait pas vraiment les visages inconnus. Et pourtant il se laissait aller avec elle, comme si il lui faisait confiance. Que dire de plus à cela ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser au premier abord, Shiwoon est un amoureux de la nature. Il préfère parfois plus la solitude en forêt que la compagnie des autres mais bon là on s’éloigne un peu de l’action… Toujours est-il que pour lui, les gens sont de deux sortes : les bons qui s’avaient se faire aimer tout naturellement par les animaux, et les mauvais, qui ne savaient rien faire d’autre que s’attirer les foudres de ces derniers. Qu’elle se fasse si vite accepter pas le petit loup était une bonne chose dans un sens, ça lui permettait de relâcher un peu la pression et sortir des remarques un peu bêtes…

Pourquoi pas ? Ce n’est pas comme si vous aviez demandé à partager notre repas après tout…Haha!

Il finissait par un rire pour essayer de détendre l’atmosphère, alors qu’il se rapprochait du feu et se mettait à faire tourner le lièvre sur la broche. C’était la dernière ligne droite. Bientôt le passage dégustation. Enfin, avant de parler de dégustation, il fallait régler deux trois trucs comme arranger l’ambiance ici. Après tout ce n’est pas tous les jours qu’il aurait la chance d’avoir de la compagnie durant son périple.

Ce petit élément s’appelle Oz !! Vous n'avez pas pris mes précédentes paroles au sérieux quand même ? C’était une plaisanterie...

Un nouveau sourire pour faire comprendre qu’il n’y avait rien de personnel, que c’était juste sorti comme cela, mais la mine de la demoiselle semblait plus sérieuse tout à coup, se mettant de nouveau à parler. À vrai dire, le début laissa planer un vague nuage de doute car le Dentô ne faisait pas très bien le rapprochement. Mais plus elle parlait et plus il commençait petit à petit à entrevoir où elle voulait en venir. Néanmoins, il ne connaissait pour l’instant que trop peu les différentes variables et inconnues de la chose, aussi fallait-il rester prudent et ne pas trop en dévoiler avant de savoir précisément qui était ce Seitô Sabakyô et ce qu’il voulait réellement.

En somme, je recherche des gens on va dire ! À moi !

Il préférait faire une réponse courte et concise pour introduire. Vu qu’elle avait choisi de faire un chacun son tour, autant mieux en profiter pleinement de cet échange.

Vous avez dit être venu de la part de ce Sabakyô et qu’il aimerait que je participe à quelque chose de bien plus grand… En quoi ma participation à son truc m’aiderait dans ma recherche ? Je ne veux pas dire mais, dit comme tu l’as fait à l’instant, j’ai l’impression que vous avez omis certains détails… Et je trouve pas ça très juste de ne pas faire franc jeu et de poser des questions!...

Pour le coup il était encore parti en vrille sur une longue tirade… Incorrigible Shiwoon, mais bon que pouvait-il y faire tout de même ? Il était comme ça, la langue bien pendue et surtout toujours direct dans les situations importantes…

Je ne pense pas qu’une aussi jolie fille que vous, aurait fait je ne sais quel chemin pour venir me voir pour me poser des questions sur ma vie juste pour un message de cet homme qui ne me connait pas… Et puis, les règles de bienséance disent de se présenter avant les questions… Alors, vu que vous venez de la part de ce mec au corbeau, vous pourriez le présenter proprement, que je sache au moins, s’il mérite que je réponde à vos questions!..

Il finissait par se lever pour découper les feuilles des palmiers non loin avant de revenir à sa place. Il commençait à les tailler après avoir retiré le lièvre du feu. Il n'avait pas réellement d'assiettes pour servir la demoiselle, et espérait que ces feuilles lui suffirait.

Oz... Azumi souriait, tandis qu'elle caressait le petit loup. Elle aimait bien ce nom, et cela ne lui aurait pas dérangé d'avoir un animal de compagnie. Malheureusement, avec son travail d'Anbu et de Ninja de Konoha, elle n'en avait jamais eu l'occasion. Les rares Ninja ayant eu des animaux en tant que compagnon étaient surtout les membres du clan Inuzuka. Quoi de plus normal pour un clan basant leurs techniques sur du Ninjutsu Canin ?

Elle se retourna vers le jeune Shiwoon qui souriait. Il avait une joie de vivre qui ne la laissait pas insensible. Ce genre de joie et d'énergie qui se faisait de plus en plus rare en ses temps de troubles. Elle aimait, et en même temps, craignait les gens comme ça. La première raison parce que cela lui faisait toujours chaud au cœur, la seconde parce qu'il prenait souvent des risques inconsidérés et faisait beaucoup de choses inutiles. Et c'est parce qu'un ninja est exposé au danger qu'elle craignait qu'il ne leur arrive quelque chose, ou que leurs actes aient des conséquences désastreuses.

« Tu cherches donc des gens ? J'espère sincèrement que tu les retrouveras. »

Une suite de questions brûlait les lèvres de la Hyûga. Elle se posait de multiples questions à propos des gens qu'il cherchait. Qui étaient-ils, pourquoi les cherchaient-ils, que représentaient-ils pour lui ? Mais elle devait d'abords écouter la question du Dentô, qui était en faites... Deux questions.

« Au vu de ta réponse, ce n'est pas un peu culotté de me dire ça ? D'ailleurs, tu viens de me poser deux questions ! Donc j'en ai le droit à deux moi aussi. »

Elle prenait un air ironiquement amical. Elle s'en fichait, car au fond, Hiriko pourrait fouiller son esprit et lui dire ce qu'elle voulait savoir. Mais elle n'aimait guère procéder de cette façon, et préférait la méthode d'échange équivalent. Plus juste, plus réglo... En bref, c'était plus elle quoi.

« En quoi cela t'aiderait ? Un réseau d'information, des moyens financiers, une famille pour t'épauler, des frères et sœurs d'armes pour te venir en aide, un refuge... Et la liste et longue ! Et nous savons que chaque Ninja possède un objectif personnel. C'est dans une optique d'entraide mutuelle, entre Ninja et l'organisation que nous nous basons. Et même notre Tsugurike, Seitô, n'échappe pas à la règle. C'est un de nos principes, alors pourquoi échapperait-il à cela ? Parce que c'est notre leader ? Qu'elle logique débile. »

Elle caressait le petit loup, avant de récupérer les assiettes « feuille » lui appartenant à elle et à son nouvel ami canin. Elle commenta...

« Arigato. Itadakimasu, Shiwoon, Oz ! »

Avant de rebondir sur la deuxième question.

« Qui il est hein ? Wow, tu me poses une colle. Non pas que je ne connais pas Seitô, mais disons qu'il est difficilement... Définissable. C'est un être d'une puissance et d'un charisme fascinant, même pour moi. Mais je vais faire de mon mieux... »

Elle mordit gracieusement la viande, avant de continuer.

« De son passé, je ne connais pas grand-chose. En vérité, je crains que personne ne sache réellement d'où vient Sabakyô Seitô, hormis que c'est un natif d'Ame no Kuni, et qu'il était enfermé dans un pallier haute-sécurité dans la Prison des Sabakyô. Sa famille, ses amis, son maître... Tout ça reste particulièrement obscur. Personne n'est venu lui demander, aussi. Tout ce que je sais, c'est que cela n'a pas dû être une partie de plaisir pour lui... »

Elle fit une pause, tandis que son regard se perdait dans le vide. C'est vrai, elle ne savait pas grand-chose de l'histoire du Sabakyô. Ce qu'il était, le pourquoi du port constant de son masque. Peu de Sabakyô portait le masque, et surtout les plus jeunes afin d'acquérir une maîtrise suffisante dans le but de pouvoir l'enlever sans danger. Alors pourquoi l'avait-il encore ? Elle ne le savait pas.

« A son arrivé au village, c'était un Ninja relativement... Farouche, mais aussi zélé. Konoha l'avait sauvé après tout. Il aurait tout fait pour le bien-être de son village, c'est peut-être ça qui l'a perdu en fin de compte. »

Elle soupirait. Seitô aurait donné plus que sa vie pour le village de la Feuille. Il aurait tout abandonné pour lui et ses habitants. Tout, sans exception. Jusqu'à devenir ce qu'il haïssait tant être : une machine à tuer.

« Mais avec le temps, il est devenu beaucoup plus réfléchi, puissant, responsable et surtout... Déterminé. Il dégage un charisme différent de ce que l'on trouve chez les autres personnes. Son petit côté terre-à-terre peut-être, ou cette volonté inébranlable, voir ce petit grain de folie, ou son sens du sacrifice. En soit, c'est parce qu'il est conscient qu'il faut des sacrifices afin d'atteindre un objectif qui donne envie de le suivre. Il n'idéalise pas la vie qu'il souhaite vivre, il vit tout simplement et agis dans l'intérêt de son idéal. A ses côtés, on a l'impression que rien n'est impossible... Après tout, c'est pour ça qu'il est devenu Intendant de Konoha, non ? »

Elle souriait. Elle le voyait dans sa toge d'Intendant, protégeant le village au péril de sa vie et du monde. Il avait tout fait pour lui, et il était désormais un criminel.

« Il a beaucoup sacrifié pour un village qui lui a tourné le dos. C'est à ce moment-là qu'il a compris que ce système était mauvais, corrompu, et qu'il bafouait les Shinobi sous ses ordres. Que les sacrifices qu'il avait faits, les vies prises, le temps donné... Tout ceci n'avait aucune importance aux yeux des instances supérieures. C'est contre ce système-là qu'il se bat. Ce qu'il souhaite, c'est la reconnaissance de tous. »

Elle posa son regard sur Shiwoon.

« Il faut vraiment que tu le voies pour te faire une idée ! A moi maintenant ! Mhh... Quelles sont les personnes que tu cherches ? Et surtout, pourquoi les cherches-tu ? »

Il servit son invitée en premier lieu, avant de s’occuper de la part du petit garnement. Quand il y repensait, depuis qu’il avait quitté le village, il n’avait fait que rencontrer des personnes étonnantes à la nuit tombée. Comme si, allumer un feu de camp et se faire à manger était un appel plus que chaleureux à le rejoindre… Pour le coup, il souriait d’avantage encore, alors que la ninja aux yeux blancs reprenait la parole.

Elle a quoi ma réponse ? J’ai fait franc jeu pourtant… Haha, pourquoi pas, on gagnera en temps !... Merci, bon appétit à vous aussi.

Mine de rien tout ça lui rappelait ce soir où il avait mangé du poisson comme ça aussi avec une autre personne aux yeux particuliers, cette Seki aux yeux rouges incroyablement belle et surtout trop troublante par ses gestes… Il secoua la tête pour revenir sur terre et écouter attentivement ce que son interlocutrice disait. La première chose qui le frappa fut la tonalité dans la voix de la demoiselle. Il n’était pas expert du son, mais bon il savait reconnaitre lorsque ces éléments étaient présents.

Tu commences à me donner envie de me déplacer pour entendre ce qu’il a à me dire…Haha !

Respect, fierté, foi et confiance. Toutes ces choses se dégageaient de sa voix alors qu’elle ne faisait que commencer pour l’instant. De quoi bien attirer l’attention de Shiwoon qui à présent déposait son plait de fortune sur ses jambes croisées pour mieux suivre. Apparemment l’homme en question était quelqu’un sur qui on pouvait compter et qui vouait un profond amour à son village jusqu’à ce que ce dernier lui tourne le dos. Dans un sens, ils se ressemblaient un peu trouvait Shiwoon, alors que ses oreilles frémissait à l’évocation du mot puissance. Si c’était un manœuvre pour capter l’attention du Dentô et soulever chez ce dernier de l’intérêt, et bien c’était chose réussite. À présent, il avait les yeux qui scintillaient alors que la kunoichi finissait par à son tour lui poser deux questions.

Eh bien, ceux que je recherche sont des membres de ma famille. Quant à la raison pour laquelle je les cherche…

Son visage quittait de la mine réjouie à la moue sérieuse, pour ne pas dire un peu mélancolique. Il n’avait pas eu à beaucoup en parler jusqu’à maintenant, du coup c’était toujours un sujet assez délicat et sensible pour lui… Il hésita un moment ne sachant s’il fallait faire mentir ou pas, ne sachant réellement si elle ne lui mentait pas juste pour l’embobiner. Une réflexion qui le surprit intérieurement. Depuis quand avait-il commencé à se méfier ainsi de son prochain ? Secouant légèrement et rapidement la tête il essaya d’arborer un sourire forcé avant de commencer.

Au village, mis à part les membres de mon clan, je n’ai plus de famille. Ma mère, mon père et mon frère, tous morts depuis bien longtemps déjà. Ma mère lors de mon naissance, mon frère lors d’une randonnée avec notre père semblerait-il, et mon père, quand je sortais diplômer de l’académie. On m’a toujours répété cela et j’ai fini par m’y habituer. Mais il y a quelques mois de cela, lors d’un retour du mausolée, j’ai croisé un homme. On avait à peu près le même âge et il me ressemblait beaucoup… Comme tu peux le deviner déjà en entendant cela, il s’est présenté comme étant mon frère. On a un peu échangé, et il m’a dit que ma mère était toujours vivante…

Il fit une halte. Ses mains se resserraient les unes contre les autres alors que petit à petit ses yeux commençaient à devenir un peu plus luisants. Sa vue semblait légèrement se flouter. Il se leva et alla vers son sac pour y prendre sa gourde dont il déversa légèrement le contenu dans sa main avant que cette dernière ne passe sur son visage. Il se lavait les mains et se les essuyait ainsi que son visage à l’aide d’une serviette. Il finissait par revenir s’asseoir et proposait sa part au petit loup qui ne rechignerait surement pas à s’empiffrer un peu plus. Tout ça lui avait coupé l’appétit. Il soupira un peu avant de reprendre un peu plus calme.

J’ai cru à un mensonge… Mais il savait des choses que seuls de rares membres du clan Dentô savaient, alors qu’il n’est pas de Kumo… J’en ai conclu qu’il ne me mentait peut-être pas. J’ai essayé de me renseigner au village, mais l’administration est restée muette. Aussi je n’ai d’autre choix que de le retrouver, si je veux pouvoir tirer cette affaire au clair… On va dire.

Il releva la tête arborant toujours ce sourire un peu forcé pour finalement reprendre la position d’inquisiteur.

C’est à moi maintenant non ? Si J’ai bien compris ce que vous avez dit, votre organisation repose sur le principe de l’entraide pour avancer, chacun ses idéaux mais on a tous un point commun « libérer le monde actuel » si je ne me trompe. Alors, j’aimerai savoir… Comment voulez-vous que je fasse confiance à quelqu’un qui ne travaille que dans son intérêt à lui et qui ne participe que pour avoir de l’aide des autres ? Parce que, de ce que vous avez dit, c’est ce que je retiens ! La seconde question, qui me semble être d’un autre cadre, et dont je doute que vous saurez me répondre est simplement la suivante: Pourquoi moi ?

Azumi l'observait s'expliquer sur son but et le pourquoi de sa recherche. Elle affichait un air compatissant, mais ses poings se refermèrent soudainement. Comment un village avait-il osé aller aussi loin dans un mensonge blessant pour manipuler un Shinobi ? C'était aussi ça, qu'elle voulait changer. Elle n'avait pas eu ce genre de problème. Son désespoir à elle était complètement différent...

Une enfance entourée de sa "famille" la poussant toujours vers l'excellence et la perfection, prenant des mesures drastiques en cas d'échec... Oui, c'était une Hyûga. Et ce qui lui pesait le plus était certainement son nom de famille. Elle se devait d'être parfaite et droite en toute circonstance. Elle se devait de réussir, peut importe si cela était synonyme de mort prématurée. Oui, c'était à la fois son désespoir, et une partie d'elle.

Elle pouvait voir clairement la peine de Shiwoon. Ses yeux et son art sensoriel lui permettaient de percevoir très clairement qu'il était fragile, malgré son air enjoué. Et elle ne dirait rien. Sa force était son sourire, si jamais il découvrait qu'elle sait sa peine, son sourire serait perdu. Elle lui fit un sourire compatissant, loin de la pitié... Une simple compréhension. Elle n'avait jamais réellement ressenti une aura familiale, et cela lui manquait, comme lui... Le Shôraizen n'avait pas fait office de remplacement, mais la présence de cette famille adoptive inhibait sa peine.

Restant silencieuse, elle écoutait les deux autres questions du Dentô. Elle sourit, avant de continuer.

« Seitô n'est pas comme nous. Son objectif personnel est de reconstruire un réel système où chacun serait libre de faire ses choix. Il travaille dans notre intérêt à tous... Alors si un intérêt et bon pour de nombreuses personnes, est-ce réellement égoïste ? »

Elle fit une pause. Oui, Seitô était un paradoxe énigmatique pour tout le monde. D'un côté, un sauver, d'un autre côté, l'agent de la destruction. Une main pour l'espoir, l'autre pour le désespoir. Un idéal pour un monde de choix avec des sacrifices inévitable. Oui, le Sabakyô était, à lui tout seul, le plus grand paradoxe de ce monde. Mais le monde n'était-il pas paradoxal ?

« Pourquoi toi ? »

Ses yeux se posèrent sur lui, le sondant de fond en comble. Elle regardait le plus profond de son âme, et la réponse lui semblait évidente.

« Tu es un être ayant encore cette liberté d'esprit. Tu t'es opposé à la décision du Yondaime, et tu suis ton propre chemin. Pourquoi toi ? Car les ténèbres pour les gens avançant seul ne sont jamais très loin. Ce qu'il te manque, c'est la direction à prendre pour atteindre ton objectif, et ce que tu feras une fois accomplis. »

Elle s'arrêta, le laissant réfléchir quelques instants, avant de se lever, et de caresser une dernière fois l'animal...

« Tu as le choix, Dentô Shiwoon. Rester à Kumo, plus muselé qu'un animal, mais dans le confort d'un village. Partir seul pour atteindre ton objectif en prenant le risque de te perdre dans l'obscurité de la solitude. Où rejoindre notre famille n'ayant pour règle que 6 principes, et ne te reconnaissant pas comme un simple Shinobi du célèbre clan Dentô, mais comme Shiwoon. Tu y trouveras une direction à prendre, de l'aide, une famille. Et tout cela, pour atteindre ton objectif, et même après. C'est ça, le Shôraizen. »

Elle inspira, avant de continuer.

« Je n'aurai plus qu'une seule question. Que choisis-tu, Shiwoon ? »

Elle pouvait sans doute le voir maintenant à la suite de cette question. Son air avait changé. Rien de négatif ou de colérique. C’était comme s’il attendait plus que ça. Dire qu’après tout ce petit temps de discussion avec elle qu’il ne voulait pas envisager de la suivre aurait été se mentir à lui-même. C’est pourquoi plus que jamais, il avait tournée toute son attention vers elle, oubliant le monde extérieur, ne se focalisant que sur les paroles qu’elle allait lui dire en guise de réponse.

Un sourire naquit dès sa première phrase. C’était assez amusant, car, voilà la première fois qu’on reconnaissait qu’il agissait bien en tenant tête au Raikage. Sourire tout de suite effacé par le sérieux des propos qu’elle tenait. Les ténèbres le guetteraient ? Il n’avait pas vraiment eu le temps d’y réfléchir à cette éventualité, c’était peut-être vrai… Non surement vrai, et il le savait car il changeait petit à petit depuis peu. Un bien ou mal ? Là était la question, néanmoins, ce n’était pas ce qui importait en cet instant.

Son regard reprenait des couleurs en l’écoutant. Difficile de ne pas être intéressé lorsque quelqu’un vous disait quelque chose comme cela, surtout si cela se concluait par une main tendue. Oui c’était là la bonne appellation pour ce que faisait Azumi. Elle lui tendait la main, au nom du Shôraizen de ce Sabakyô Seitô. Les quelques réticences que portait encore Shiwoon commençaient à s’évanouir comme un brouillard disparaissant, même si quelques zones d’ombres demandaient encore des éclaircissements.

Sincèrement, là maintenant, je ne saurai quoi te dire de concret. De tes propos je n’ai qu’une envie, vous confier la protection de mes arrières…

Sa tête était levée vers le ciel. Il regardait la lueur des étoiles en disant cela. Il se sentait léger, comme si des poids lui avaient été retirés, son cœur s’accélérait et un tourbillon de questions naissait en lui, mais après chaque battement de cil, la lueur des astres les rendait muettes. Son sourire revint. Plus grand que jamais, un air radieux qu’il n’avait plus eu depuis longtemps. Faire comme d’habitude était ce qu’il allait faire.

Mais pour l'instant je ne suis point sur... Pas que je mette ta parole en doute, ce n'est pas ça! Juste que j'aimerais entendre cela de la bouche du principal concerné... Oui j'aimerai lui parler avant tout!

Se relevant il tendit son doigt vers le ciel comme s'il avait eu une arbalette à la place de la main et fit mine de tirer. avant de regarder de nouveau la femme aux yeux blancs plus que jamais souriant.

Me montreras-tu le chemin?

Spoiler:

Azumi observait le Dentô de façon bienveillante. Mine de rien, elle avait eu un bon feeling avec ce beau jeune homme, et elle aimait tout simplement sa façon d'agir. Elle qui était quelqu'un de très méthodique, il semblait être quelqu'un de plutôt chaotique. Cette chose qui lui faisait émettre beaucoup d'attirance, mais aussi beaucoup de crainte. Après tout, comment prévoir quelque chose de chaotique ? Simple ! On ne le prévoit pas. Agir face à l'imprévu, c'était quelque chose de très déconcertant pour la Hyûga. Déconcertant, mais plaisant...

Elle attendait, avec une certaine impatience, la réponse du Dentô. Elle avait très envie de savoir ce qu'il allait dire, ce qu'il allait faire. Allait-il reprendre la route seul, ou venir avec elle ? C'était la deuxième solution qu'Azumi enviait. Pourquoi ? Elle l'ignorait. Simplement, avoir un frère d'armes en plus au sein du Shôraizen, qui est un charmant jeune Homme plein de volonté... Oui, cela avait son charme.

Avait-elle eu un amour ? Oui. Une fois... Et cet amour n'était plus. Elle avait alors 18 ans, il en avait 21. Ils avaient consumé ensemble leur amour lors d'une mission dans une petite auberge de Kawa no Kuni, sans crier gare, prit par la flamme chaotique du garçon. C'était de là que venait l'attirance pour le Chaos d'Azumi... Car ce chaos lui avait fait vivre, probablement, la plus belle histoire de toute sa vie.

Et alors qui se relevait, il disait qu'il voulait d'abords parler à Seitô. Elle comprenait... Souriante, elle lui répondit.

« Suis-moi Shiwoon... Et bienvenu dans la famille. »

Direction ? Yu no Kuni, Base du Shôraizen !

Merchi: