Salut l'artiste !

Eichiro se tenait debout dans le désert de Kaze, le vent fouettait son visage avec force et malgré une large capuche pour protéger ses yeux il était obligé de les fermer légèrement pour ne pas être complètement aveuglé. Voilà plusieurs semaines qu'il était au pays du Vent et il ne s'était toujours pas habitué à l'environnement, même si il était habillé comme un civil du pays, l'expression populaire "L'habit ne fait pas le moine" prenait tout son sens.

C'était la première fois pour le garçon, il n'était jamais allé aussi loin pour une mission de la Racine, âgé de seulement quatorze ans, l'unité secrète de Konoha l'avait envoyé dans le territoire de Suna pour sécuriser un convoi de marchandises qui circulait à travers tout le Yuukan, il avait pour mission de vérifier à l'avance la fiabilité du chemin qu'allait emprunter le transporteur et aujourd'hui, il devait traverser l'aride pays du Vent.

Eichiro ne connaissait pas la nature de la marchandise transportée, il se doutait bien que si la Racine était envoyée pour cette mission, c'est que le reste du village ne devait pas être au courant de ce convoi et que le contenu de ce dernier devait rester secret, de toute façon, il avait appris à ne pas poser de questions. Le Yamanaka avait passé les vingt derniers jours à sillonner le désert, à observer, à surveiller que personne ne prépare d'embuscade ou d'attaque et tout semblait en ordre. Le vingt-troisième jour et à la tombée, le chûnin s'approcha de la frontière avec Kawa no kuni et il alluma une fusée verte qui illumina brièvement le ciel obscur, signe que tout était OK.

Comme prévu, le ninja se retira et il observa de loin la caravane entrer dans le désert et il surveilla que tout se passe bien le temps que le convoi traverse Kaze. C'était amusant de voir comment le désert prenait un autre visage la nuit, terminée la chaleur étouffante de la journée et c'était maintenant un vent glacé qui soufflait sur les dunes infinies du pays.

Posté au sommet d'une falaise, le ninja de la Racine observa l'objet de sa mission quitter Kaze après qu'une autre fusée verte ait donné le signal de départ dans les terres du pays des Oiseaux. Sa mission était donc terminée. Toujours sur sa falaise, Eichiro prit le temps de s'asseoir et d'observer l'horizon, la lumière de la lune était suffisamment puissante pour donner une couleur argentée au sable, c'était d'une beauté inqualifiable.

Pourtant, le ninja remarqua bien vite une lueur au loin, très faible et immobile. N'était plus en mission, il n'en fallut pas moins pour piquer la curiosité de l'adolescent qui décida de se diriger vers cette mystérieuse lumière.

Après une heure de marche ralentie par la prudence du chûnin, il touchait enfin au but. Une expression de surprise se dessina sur le visage du jeune Konohajin, il découvrit une petite cabane en bois construite entre deux butes rocheuses, de la lumière filtrait à travers les planches de la bâtisse et en voyant le jeu d'ombre à l'intérieur, quelqu'un vivait entre ces murs délabrés.

Pendant presque une vingtaine de minutes, Eichiro resta immobilisé, allongé dans le sable à observer les lumières changeantes autour de l'abri de fortune. Des éclats de voix à l'intérieur laissaient penser que plusieurs personnes étaient présentes, elles semblaient s'amuser, elles riaient de bon cœur.

Presque une heure après, la porte s'ouvrit et trois personnes sortirent en remerciant une quatrième qui resta à l'intérieur. La porte grande ouverte, Eichiro put voir cinq chaises et une petite estrade comme on pouvait trouver sur les marchés lors des spectacles ambulants. C'est alors que le Yamanaka comprit, il s'agissait d'une mini salle de spectacle, vraiment.. Vraiment minuscule. Quand la porte se referma, le ninja s'approcha encore plus et il observa aussi discrètement que possible à travers les failles dans le bois, à l'intérieur ne restait qu'un vieil homme qui rangeait des petits pantins de bois dans une boite. Quand il eut terminé de ranger, il se coucha dans un petit lit miteux dans un coin de la pièce et il éteignit le feu qui illuminait sa petit demeure.

A son tour, le chûnin se retira pour passer la nuit dans un abri qu'il invoqua depuis un fuin.

[…]

Le lendemain, intrigué par la petite scène de la veille, Eichiro resta posté dans la zone à attendre la nuit. Comme il s'y attendait, une fois le soleil couché, la cabane s'éclaira à nouveau et des nouvelles personnes entrèrent à l'intérieur. Après une dizaine de minutes alors que des rires résonnaient à nouveau et que l'écho s'évanouissait dans l'immensité du désert, Eichiro s'approcha à nouveau pour observer, le visage presque collé contre le mur en bois, le Yamanaka observait le spectacle, fasciné...

C'était donc ça... Les marionnettistes de Kaze, le légendaire Kugutsu dont il avait déjà entendu parler plusieurs fois. Sur la petite estrade gesticulaient plusieurs petits pantins de bois, animés par le vieil homme qui remuait frénétiquement des doigts.

Eichiro admira le spectacle, se retenant de rire en même temps que le public pour ne pas se faire remarquer. L'espace d'un instant, il n'était plus un ninja, seulement un adolescent observant un spectacle comique.

Quand le show toucha à sa fin et que tous les spectateurs quittèrent la cabane en laissant seul le marionnettiste, Eichiro prit la décision d'entrer en contact avec le vieil homme, fasciné par sa maîtrise du Kugutsu. Toujours habillé de sa tenue de civile de Kaze, il s'approcha de la porte laissée grande ouverte par les visiteurs et il attendit d'être vu par l'artiste pour prendre la parole,

» Je... Excusez moi monsieur... - dit timidement le garçon en retirant sa capuche. - Est-ce que je peux entrer ?

Ses pupilles azurées fixaient le vieil homme, espérant une réponse positive.

Salut l'artiste ! Latest?cb=20150731155850

Aijin Satō
Marionnettiste de Kaze no Kuni

"Le monde est fou"

Ce spectacle était très suivie à Kaze no Kuni, le marionnettiste passait de village en village pour mettre en scène ses marionnettes et son histoire. Et quelle histoire ! Aijin Satō avait repris les évènements "récents" pour son show. Le personnage principal était Yamu, un Kage fou, qui avait déclenché une guerre contre son voisin. Mise à part sa maîtrise des marionnettes, le vieil homme savait emprunter différentes voix pour ses pantins, ce qui donnait un réel plus à son spectacle.

Ce soir, il se produisait dans une petite cabane qu'il avait loué pour l'occasion. Il y avait du monde, comme d'habitude, les gens riaient, s'amusaient, l'ambiance était au rendez-vous.

— Votre Seigneurie, cet homme a déclenché une guerre et il a tué des milliers d'innocents, que faisons-nous ? Il doit payer.

— Vous avez raison, qu'on le sauve et qu'on le pardonne !

S'exclama la marionnette qui représentait une femme aux cheveux noirs et une cigarette en bouche. Le foule rigolait suite à ces échanges de paroles surréalistes, mais vrais. Bien sûr, plusieurs éléments de la vraie histoire avait été négligé pour rendre les scènes drôles et ça plaisait aux gens, c'était l'essentiel.

Après une bonne heure de représentation, le spectacle toucha à sa fin et le public quitta la maisonnette, laissant l'artiste seul. Le vieil homme allait ranger ses affaires et dormir sur place. Le lendemain, il quittera cette ville pour la suivante. Cependant, une voix l'interrompit dans ses nettoyages. Un jeune homme aux yeux azures se présenta, demandant l'autorisation de rentrer. Sûrement un fan.

— Bien sûr, entrez seulement.
Il attendit que l'inconnu pénètre dans la cabane avant de reprendre.

— Que puis-je faire pour vous jeune homme ?

Eichiro s'avança d'un pas à l'intérieur de la cabane du marionnettiste quand ce dernier l'invita, avec un léger sourire il s'inclina respectueusement et écouta la question du vieil homme. Forcément, le jeune Yamanaka avait une idée derrière la tête, l'art du Kugutsu le fascinait déjà et pour l'instant il n'avait vu gesticuler que des ridicules petites poupées, il n'osait pas imaginer ce qu'une marionnette de combat pouvait faire. L'important maintenant était de ne pas brusquer l'artiste, obtenir quelques informations sur lui pour ensuite établir un plan, malgré son jeune âge et son air innocent, le chûnin de la Racine était un redoutable manipulateur.

» Je suis vraiment désolé... - dit l'adolescent en baissant le regard vers le sol, la voix troublée par l'inquiétude. - Je vous ai observé à travers une faille dans le bois et je n'ai rien pour vous payer... J'étais... J'étais tellement fasciné par le spectacle que j'ai préféré rester à l'extérieur pour ne pas en perdre une miette... J'habite à Mamushi et je me promenais dans le coin quand j'ai entendu les rires portés par le vent et après j'ai vu de la lumière...

Eichiro releva ses yeux bleus pour croiser le regard du marionnettiste en espérant y lire une réaction positive. En plus d'être un fin manipulateur, le petit blond était un excellent menteur.

» Vous.. Vous êtes un ninja ? - demanda le garçon, toujours inquiet.

En fonction de la réponse et de la réaction du vieil homme, Eichiro allait pouvoir déterminer comment aborder sa cible, le Yamanaka devait d'abord s'assurer que son interlocuteur n'était pas un vétéran ou un soldat de Kaze qui pourrait se montrer résistant et combatif si Eichiro venait à utiliser des moyens peu conventionnels pour le convaincre de coopérer.
Ne pas se précipiter et assurer ses arrières, des règles essentielles enseignées par la Racine de Konoha à ses jeunes recrues destinées à l'espionnage et l'infiltration.

Aijin Satō
Marionnettiste de Kaze no Kuni

Comment pouvait-il en vouloir à jeune homme en admiration pour son art ? Le vieil homme n'allait pas devenir riche avec une entrée en plus, alors il n'y avait pas de quoi s'énerver ou réclamer de l'argent. Il trouvait le geste courageux, peu de personnes auraient osé se dénoncer comme venait de le faire le blond. Sato sourit à son invité surprise, il voulait le mettre en confiance.

— Il n'y a pas de mal jeune homme. Je suis ravi que le spectacle t'ait plu. Par contre, puis-je te demander de m'aider à démonter ma petite scène ?
La maisonnette qui abritait les marionnettes était réalisée avec différentes planches de bois qui s'imbriquaient l'une dans l'autre. L'aide du jeune homme allait lui faire gagner passablement de temps et ça allait lui faire un peu de compagnie, lui qui était constamment seul.

Soudain vint une question étrange. Lui un ninja, pourquoi posait-il cette question ? Sans doute au vue de sa maîtrise du Kugutsu. Il fallait avouer que cet art était bien plus connu dans le milieu Shinobi que dans celui du spectacle.

— Non, je ne suis pas un ninja et je ne l'ai jamais été. Je propage mon art sous une forme différente, celle du divertissement.
Il était impensable pour le vieil homme d'utiliser sa maîtrise des marionnettes pour faire du mal. Les différentes capacités utilisant du Chakra pouvaient servir à autre chose que le combat selon lui. L'Homme pouvait créer des choses sensationnelles grâces aux différents dons que la nature lui offrait, mais non, il devait combattre pour prouver sa puissance et sa supériorité.

L'Aijin entama les rangements, espérant que le jeune homme l'aide. Ils pourront ainsi continuer de discuter, son art semblait lui intéresser, peut-être avait-il d'autres questions à ce sujet.

Un sourire vint illuminer le visage d'Eichiro quand il entendit la réaction du vieil homme à sa confession. Le plus étrange, c'est que le jeune garçon n'avait même pas à simuler, il était ravi que les choses se passent ainsi et il n'avait aucun envie de mentir ou de faire du mal au marionnettiste, surtout qu'il n'était pas un shinobi mais simplement un artiste qui procurait du plaisir aux gens sans faire le moindre mal, quand ce dernier demanda à ninja de la Feuille de l'aider à ranger la salle, le blond hocha la tête sans une hésitation.

Toujours le sourire aux lèvres, il s'approcha des chaises en bois et il les empila pour les pousser dans un coin de la cabane. Le garçon s'approcha ensuite de la scène où étaient allongés les pantins du spectacle. Le Yamanaka s'immobilisa et observa les mannequins de bois, ils étaient vieux et usés et pourtant lors du spectacle ils gesticulaient avec une agilité et un fluidité plus qu'incroyable.

Eichiro arracha son regard des pantins inanimés pour lever son regard vers le vieil homme,

» Je m'appelle Eichiro - dit-il calmement. - Monsieur ? Est-ce que... Vous voudriez bien me montrer à nouveau ? Je ne pouvais pas bien voir de là où j'étais et... J'aimerai vraiment voir ça de plus près, juste les faire bouger un petit peu ? - demanda timidement le garçon.

Plus le Yamanaka y pensait, plus il était fasciné et attiré par cet art inconnu et si intéressant. Il y trouvait une multitude d'utilités et de possibilités à exploiter, si seulement il pouvait apprendre ne serait-ce que quelques informations sur le Kugutsu ou peut-être que.... Non. Il pouvait très bien demander simplement de l'aide au Kazejin, lui dire la vérité et au combien il aimerait apprendre à faire comme lui mais comment réagirait le vieil homme si le Yamanaka lui avouait venir du pays du Feu....

» C'est juste que... Elles avaient l'air tellement... Vivantes.. - reprit le jeune ninja en fixant à nouveau les poupées.

Aijin Satō
Marionnettiste de Kaze no Kuni

Satō démantelait et rangeait les parties de sa petite scène dans un carton, alors que le jeune blond empilait et plaçait les chaises dans un coin de la cabane. Le vieil homme n'avait pas encore rangé ses marionnettes et lorsqu'il se retourna pour les prendre, il vit son invité figé devant elles. Un sourire vint animer le visage de l'artiste, qui adorait voir son public fasciné par ses jouets. L'Aijin resta là, immobile, à contempler son fan éblouit devant les pantins inanimés, jusqu'à ce que le jeune homme brise cet instant de silence en se présentant et en formuler une demande.

Eichiro voulait voir les marionnettes bouger de plus près et notre vieil homme pouvait comprendre sa curiosité. En regardant le spectacle de plus ou moins loin, on pouvait croire que les pantins vivaient réellement. Effectivement, il était presque imperceptible à l'œil, mais les jouets étaient animés à l'aide de fils de Chakra. Un art qui se transmettait de génération en génération chez les Aijin, mais toujours dans le but de venir en aide à la population et non pour combattre. Le père de Satō travaillait dans la construction, il soulevait et déplaçait les différentes matières nécessaire pour l'édification de bâtiments, de ponts et de toutes sortes de construction.

Sans répondre, l'artiste pointa ses doigts contre l'une des marionnette et des fils de Chakra en ressortirent pour venir prendre le contrôle des membres du pantin. Magiquement, le jouet prenait vit, il sauta sur Eichiro pour grimper jusqu'à son épaule et s'assoir, balançant ses jambes comme un enfant. Les mouvements étaient fluides, précis, rapide et la dépense en Chakra était vraiment minime avec l'expérience que possédait Satō. Même ce dernier avait des étoiles dans les yeux en voyant ses jouets bouger, il trouvait et trouvera toujours cet art magique et incroyable.

— Ne te méprends pas, mes marionnettes sont belles et biens vivantes. Bien plus que tu ne puisses l'imaginer...
Déclara le vieil homme.

Eichiro observa le patin prendre vie sous le contrôle du marionnettiste. Les yeux écarquillés, il regarda le mannequin de bois lui sauter sur l'épaule et il se crispa sous la surprise, en tant que ninja il aurait du réagir et ne pas se laisser atteindre mais il était paralysé par l'admiration.

» Oui... Je vois ça... - répondit Eichiro la voix hésitante alors qu'il ne lâchait pas le pantin des yeux.

Il avait tellement de questions à poser mais il se faisait tard et il ne voulait pas se montrer trop insistant ou trop curieux pour ne pas braquer son interlocuteur. Mais le Yamanaka devait partir, il devait rentrer à Konoha maintenant que sa mission à Kaze était terminée...

Non il ne pouvait pas laisser filer une telle opportunité, même si il n'y connaissait encore rien, il savait que le Kugutsu pourrait lui être utile et qu'il saurait l'utiliser, il avait la dextérité et les facultés pour. Il ne lui restait qu'à apprendre les bases de cet art si bien gardé par les habitants du désert.

» C'est vraiment très impressionnant ! - reprit le garçon l'air amusé.

Le regard azur du chûnin se posa sur les doigts du Kazejin qui étaient pointés vers la marionnette, c'est grâce à des fils de chakra que les adeptes du Kugutsu pouvaient contrôler leurs pantins et activer divers mécanismes de combat. Les filaments du vieil homme étaient invisibles, probablement trop fins pour êtres vus par des yeux normaux, preuve de sa grande maîtrise. Les yeux perçants de l'enfant remontèrent le long du bras du marionnettiste jusqu'à se planter dans le regard fatigué de l'artiste.

En un éclair, le Yamanaka pu sonder l'esprit de sa cible. Un vieil homme non initié aux arts ninjas, c'était une proie facile pour le membre de la Racine de Konoha. En quelques instants Eichiro put apprendre quelques informations comme le nom et le prénom du vieil homme ainsi que sa psychologie, c'était un homme bon qui ne cachait aucune hostilité ni colère.

Le blond esquissa un sourire gêné, c'était un homme pacifique, un homme simple qui se tenait devant lui et non sans un pincement au cœur, le jeune garçon utilisa ses dons héréditaires sur l'esprit du marionnettiste. Grâce au contact visuel direct, Eichiro plongea le vieil homme dans un sommeil artificiel le temps d'une minute, il ne remarquera rien et il n'en souffrira pas.

Une minute... Soixante secondes... Un temps suffisant pour que le Yamanaka puisse toucher le front du Kazejin et entrer pleinement dans son esprit. Une fois entré, Eichiro décida de lire et de modifier le strict nécessaire dans la mémoire de Sato, il avait suffisamment de remords à faire ça à une personne aussi innocente et bienveillante. Pendant cette poignée de seconde, il implanta un besoin dans l'esprit de sa cible, celui de transmettre et d'apprendre le Kugutsu au jeune Konohajin, une envie d'assurer la relève pour son petit spectacle et il verrait le Yamanaka comme le parfait candidat.

La tâche n'était pas très compliquée pour Eichiro, sa cible étant âgée, non entraînée à résister à ce genre d'attaque.

Quand Sato reprit conscience, Eichiro avait repris sa position et affichait toujours son sourire gêné, avec un regard plein d'espoir il se lança,

» S'il vous plaît monsieur ! Apprenez moi ! - demanda le garçon sur un ton solennel en s'inclinant bien bas par preuve de respect. - Je vous en prie... - continua l'adolescent.

Aijin Satō
Marionnettiste de Kaze no Kuni

Le jeune homme semblait vraiment apprécier cet art. Satō pouvait le lire sur son visage et il ne pouvait qu'en être fier. Il était né pour ça, pour émerveiller des inconnus avec son Kugutsu. Sa petite démonstration terminée, il ôta le pantin du blondinet pour le ranger dans ses affaires. Il voyait bien que son seul et unique spectateur cherchait à comprendre cet art, mais il n'était pas si simple à comprendre. De plus, on ne transmettait pas facilement cette pratique, seul les Kazejins savaient manier avec dextérité les fils de Chakra. Peu de monde hors du désert était capable de le faire, par manque d'instruction et par manque d'intérêt tout bêtement.

Soudainement, le vieil homme se sentit comme fatigué, il sentait son esprit le quitter peu à peu, alors que rien ne semblait se passer. Sa tête devait lui jouer des tours et l'espace d'un instant, il crut tomber dans les pommes, mais en rouvrant les yeux, rien n'avait bougé. Eichiro était toujours face à la lui, le sourire aux lèvres et ses marionnettes étaient toujours rangées dans la malle. Il secoua la tête et s'assit un instant.

Une petite pause ne lui ferait pas de mal après cette longue journée bien chargée. Cependant, contre toute attente, l'invité surprise lui demanda de lui apprendre la maîtrise des marionnettes. Surpris, Satō resta interdit quelques instants. En temps normal, il refuserait de léguer son art à un inconnu, mais il sentait au plus profond de lui, qu'il devait partager son savoir avant de trouver la mort. Son âge avancé jouait un rôle important dans l'équation et il ne voulait pas mourir sans avoir laissé une marque. Sera-t-il toujours vivant demain ? Impossible de le dire. Et si aujourd'hui était son dernier jour ? Il devait saisir l'opportunité d'avoir une personne aussi intéressé par son pouvoir et lui apprendre au moins les bases.

Plusieurs secondes, voir minutes passèrent avant que le vieil homme ne brise le silence.

— C'est d'accord, je vais t'apprendre les bases du Kugutsu.
Il fit signe au jeune homme de s'approcher pour lui expliquer avec beaucoup de calme et patience les bases de cet art. Ils avaient tout à disposition pour réaliser moult exercices, même si cela devait prendre toute la nuit, il continuera jusqu'à que le flambeau soit transmis.

En voyant le vieil homme vaciller après avoir repris ses esprits, Eichiro hésita à l’aider à s’asseoir mais Sato le fit de lui-même, inquiet pour la santé du marionnettiste, le Yamanaka craignait avoir endommagé l’esprit de sa cible, peut-être qu’à cause de son âge, elle ne pourrait pas supporter le déséquilibre psychique que peut provoquer une modification de la mémoire. Le blondinet le savait, la mémoire devait toujours être manipulée avec précaution, des trop grosses modifications pouvaient littéralement causer la destruction de l’esprit de la victime, Eichiro avait fait attention et il espérait ne pas avoir fait d’erreur.

Les secondes semblaient êtres des heures pour le chûnin qui continuait d’afficher un sourire, attendant la réponse de l’artiste à sa dernière demande. Finalement le kazejin brisa le silence qui s’était installé dans la cabane en acceptant la demande du garçon. Eichiro se retint de pousser un soupir de soulagement, tout se déroulait pour le mieux. D’un signe, le vieil homme demanda au blondinet de se positionner à côté de lui, le cours allait commencer.

« Merci beaucoup ! » répondit le jeune ninja d’un air enjoué.

Sans se faire prier, Eichiro s’exécuta et il prit place sur une chaise face à son maître du soir. Le cœur du garçon battait la chamade, un mélange d’excitation et de satisfaction, il était heureux d’être parvenu à manipuler sa cible et surtout d’avoir obtenu ce qu’il voulait sans violences.

« Je vous écoute. » dit d’un air sérieux le Yamanaka qui avait récupéré son calme.

Concentré, le chûnin se prépara à apprendre, enregistrer et appliquer les consignes du marionnettiste. Le Kugutsu était un art de précision et de finesse, le shinobi savait qu’il avait les capacités pour devenir un marionnettiste mais d’abord il devait faire preuve d’efficacité pour la nuit, il n’avait pas le temps de rester des semaines pour apprendre tranquillement, chaque seconde était précieuse.

Aijin Satō
Marionnettiste de Kaze no Kuni

Eichiro s'approcha immédiatement et prit place vers de vieil homme. Le jeune était tout ouïe, il avait soif de savoir et cela ne put que faire sourire Satō. Le marionnettiste descella un vieux parchemin qu'il gardait précieusement sur lui. À l'intérieur il y avait toutes astuces et conseils que sa famille se transmettait de génération en génération pour maîtrise le Kugutsu à la perfection. Le blondinet pouvait s'avérer chanceux d'avoir droit à un tel contenu.

La parole était au plus vieux, le jeune allait se contenter d'écouter, d'enregistrer les informations et pratiquer. Car oui, l'Aijin allait faire réaliser des exercices à son apprenti du soir. Il n'y avait rien de mieux que de s'exercer pour comprendre les mécanismes et appliquer la théorie. Par conséquent, Satō débuta la lecture du rouleau tout en montrant par des exemples physiques les étapes pour maîtriser cet art. À la fin de chaque partie, jugé importante pour lui, Eichiro devait tenter de réaliser ce que son Senseï provisoire faisait. Inutile de passer à la suite si le jeune homme n'était pas capable de maîtriser les bases.

— C'est bien, continue comme ça.
Le marionnettiste examinait attentivement les gestes du blond. Pour un débutant, il se débrouillait bien, mais il allait devoir travailler durement pour avoir un contrôle parfait de ce pouvoir.

Les minutes, heures passèrent à une vitesse affolante, aussi bien pour Satō que pour l'élève. Tous les deux prenaient plaisir à enseigner/apprendre, ils étaient presque en train de s'amuser, c'était de sûr le cas de Satō, qui voyait ça comme un loisir et non comme une corvée.

Ce fut au milieu de la nuit que notre marionnettiste conclut la séance. Il venait d'enseigner toute les bases à Eichiro, maintenant à lui de les améliorer et apporter sa propre touche à cet art qui ne demandait que d'évoluer.

— J'espère que cette intensive leçon aura permis d'assouvir tes désirs.
Conclut-il avant de laisser une dernière parole au blondinet et d'aller se coucher quelques heures avant de reprendre route pour rejoindre sa prochaine destination, là où aura lieu la suite de sa tournée.

Emerveillé, Eichiro observa le vieil homme faire apparaître un parchemin depuis un sceau. Le document était usé par le temps mais Sato le traitait avec beaucoup de précaution et de respect. Quand le rouleau fut ouvert et présenté au Yamanaka, le chûnin s’empressa d’utiliser ses dons claniques pour graver le contenu du parchemin.

Il comprit très vite qu’il s’agissait d’une sorte de guide, un registre des conseils et des notes de nombreux marionnettistes qui avaient détenu le parchemin avant l’artiste de Kaze, probablement une relique de famille qu’Eichiro dévorait des yeux, des yeux pétillants de curiosité. Mais le jeune ninja de la Racine ne se laissa pas distraire trop longtemps et il se concentra à nouveau sur les paroles de son professeur.

Une série d’exercices commença, créer et maintenir un fil de chakra, la façon de bouger les doigts puis les mains, les points d’attache sur les pantins. La théorie laissa vite la place à la pratique et Eichiro réalisa à quel point le Kugutsu était un art de précision et de dextérité. Après presque heure Eichiro créa ses premiers fils… Ils étaient instables, manquaient de puissance et le pantin remuait à peine alors que le blondinet gesticulait frénétiquement des doigts.

Après trois heures de tentatives infructueuses et sous les nombreux conseils de Sato, le petit pantin d’Eichiro se dressa pour la première fois et un large sourire illumina le visage du garçon. Le Yamanaka commençait à comprendre l’importance de la posture des doigts pour manipuler la marionnette, ils ne devaient pas être tendus ou crispés mais légèrement pliés et décontractés. Un à un, Eichiro fit faire ses premiers pas au mannequin de bois, encouragé par l’habitant du désert.

C’était un sentiment très étrange, contrôler un pantin demandait tellement de concentration qu’on pouvait se sentir comme connecté avec la marionnette. Le Yamanaka ne pouvait pas s’imaginer le niveau que devait avoir les marionnettistes sur le champ de bataille pour pouvoir être focalisé sur le combat et sur l’environnement tout en combattant un adversaire voir plusieurs, sans parler de ceux qui contrôlent trois ou quatre marionnettes en même temps…

Eichiro n’avait pas vu le temps passer et quand Sato lui annonça que la séance était terminée pour la nuit il se retint de pousser un soupir, le vieil homme avait beaucoup fait pour lui cette nuit-là, même si c’était sous la contrainte d’une manipulation mentale, le Yamanaka savait que Sato était un homme profondément bon.

« Oui, c’était vraiment très intéressant, je vous remercie, je suis très content… » - répondit le chûnin en hochant la tête.

Le garçon aussi commençait à fatiguer mais il faisait tout pour ne pas le montrer. Le konohajin aida l’artiste à ranger le matériel et quand il décida d’aller se coucher, Eichiro le remercia une dernière fois avant de partir à son tour.

« Encore merci Sato-sama, je reviendrais voir votre spectacle dès que possible… Bonne nuit et bon courage pour la suite. » - dit le garçon avant de passer la porte.

Le ninja de la Racine ferma la porte derrière lui et il remonta une large capuche sur le sommet de son crâne. Il devait maintenant rentrer à Hi, dans son esprit il avait toujours accès au guide de Sato, il pourrait alors s’entrainer seul. Le jeune homme s’éloigna de la cabane pour se percher sur un rocher, il prit alors quelques minutes pour réfléchir…

Pour les ninjas de la Racine, il était important de ne pas laisser de trace derrière eux mais le garçon ne pouvait pas se résoudre à éliminer le vieil homme. Il n’était pas une menace ni un shinobi de Kaze, simplement un civil utilisant le Kugutsu pour donner un peu de joie aux habitants du désert. C’est pourquoi Eichiro décida de rentrer en laissant le vieil homme en vie, peut-être que plus tard il aurait l’occasion de croiser à nouveau son chemin.

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