Le soleil brillait haut dans le ciel, un temps magnifique !
En somme, une journée comme les autres pour les Hashimoto/Gogyou du Mont Kaze. Pourtant, la tribu n'était pas au complet ce jour-là. Effectivement, suite à l'entretien avec le Chambellan qui avait résulté sur une officialisation de leur clan, ils s'étaient engagés à parcourir le pays pour s'assurer que le peuple était en sécurité, éventuellement remarquer des intrus, le tout sans aucune violence. Quant à Ether, la jeune femme passait beaucoup de temps au sein de Suna. Elle observait les gens, ce qu'elle faisait de mieux, vérifiant qu'ils étaient heureux et que le régent en place faisait son boulot correctement. Et quoi de mieux que se mêler à la vie des villageois pour en savoir davantage ! À ce propos, cet Ô'gras-mie, semblait s'acquitter de la tâche sans problème. La blonde n'avait effectivement pas remarqué de réel problème vis-à-vis de sa gouvernance. Certes, elle ne comprenait pas très bien cet étrange système hiérarchique, mais le village semblait vivre sans soucis. Cependant, elle savait que le procès du précédent Kage, Yamada Kioshi se tenait, et des rumeurs lui étaient parvenues comme quoi Kibo et Ema seraient dans le coin. Étaient-ils en sécurité ? Ne risquaient-ils pas d'être jugés également ? La demoiselle aurait bien voulu voir la kunoïchi. Si tout ce qu'elle avait entendu était vrai, alors son amie avait dû énormément souffrir, et un peu de joie de vivre ne lui ferait pas de mal ! Faudrait songer à l'inviter dans sa tribu aussi !

Actuellement, Ether était revenue au campement pour respirer le parfum de la liberté, et surtout pour revoir les siens. La Gogyou n'avait jamais réellement apprécié les bâtiments. Et puis, c'est bien connu que les nomades jamais ne durent derrière les murs. Cette expression était on ne peut plus vrai avec la jeune femme. Sa mère était partie il y a quelques jours avec un groupe de civils à la capitale, pour y faire du troc et récupérer des produits qu'ils ne pouvaient trouver au sein du désert. Quant à son père, il faisait parti des rares à être resté au campement. Quelques Normaux vaquaient à leurs tâches manuels, broderies, tissages, bijoux traditionnels, etc... L'Ancien était avec les moines du temple, probablement en train de discuter philosophie et légendes anciennes. Faroh et Ava étaient également de passage avec leur groupe, prêts à repartir le lendemain pour une nouvelle ronde. L'élémentaire de vent était assise sur son rocher habituel, celui sur lequel elle se posait toujours lorsque sa mère partait pour Odaichi. Si la plupart du temps elle observait l'horizon, elle utilisait le reste à lire et écrire, continuant son apprentissage. La nomade prenait son rôle de Première très à cœur ! Mais elle devait également parfaire ses capacités. Aujourd'hui était un bon jour pour ça ! D'un pas léger, elle sauta de son perchoir et se dirigea vers « l'entrée » du campement – c'était surtout de gros rochers en fait - là où se trouvait les guets, toujours à leur poste. Ils étaient très doués lorsqu'il s'agissait de sensorialité, c'est pourquoi ils endossaient ce rôle très important. Personne n'échappait à leur vigilance et ils savaient forcément qui se promenaient ou s'approchaient des environs. Ils tournaient régulièrement pour rester alerte, de jour comme de nuit. Sautillant joyeusement jusqu'à eux, elle bondit sur un autre rocher, de sorte à voir de nouveau l'horizon.

« Aloooors, y'a du monde 'jourd'huiiiii ? », chantonna-t-elle avec joie.
« Ouaip ! Des marchands qui s'baladent dans l'coin par là-bas, un couple de voyageurs qui vont au temple... Et un groupe louche aussi. Ren est focalisé dessus depuis tout à l'heure. », fit le nomade en jetant un regard amusé à son collègue.
« J'te dis qu'je les sens pas ces types-là ! », fit Ren en question, un peu nerveux.
« Mh... J'sens un autre, nan ? », ajouta Ether après s'être concentrée et avoir écouté ce que le vent avait à lui dire.
« Hé, c'bien, tu t'améliores ! »
« Merciiii ! J'fais d'mon mieux ! J'veux êt' encore plus douée qu'vous un jour ! »
« Ahah, j'suis sûre que t'y arriveras ! »
« … Mais elle a raison, Iro. Y'a un gamin qui tape sur des cailloux d'puis tout à l'heure. »
« J'sais bien, mais à part faire ça, il fait rien. Ça fait plus d'une demi-heure qu'il est d'ssus. », dit-il en haussant les épaules.
« Il tape des cailloux ? C'marrant ! C'bête, mais marrant. », se mit à rire Ether.
« J'le trouve quand même vach'ment agressif, mais bon... »

Le trio continua « d'écouter » ce que les environs avaient à leur dire.
De toute façon, rare étaient les gens qui parvenaient jusqu'à eux, et lorsque c'était le cas, ils étaient généralement perdus. Rien de bien méchant ! Mais on est jamais trop prudent. Ils suivirent de près les mouvements de chacun, et ne perdirent pas une miette des mouvements du sunajin de passage, ainsi que de ce groupe louche. Ils ressentirent donc les événements qui se produisirent, mais n'agirent point. De un parce que tout se passa très vite, et de deux, ils n'étaient pas des guerriers. Ils savaient se défendre, certes, mais la violence ne faisait pas partie de leur conduite. Tribu pacifique je vous rappelle. De plus, le garçon semblait très bien s'en sortir, beaucoup trop même. Et ils devaient conserver leur poste. Ether, quant à elle, patienta bien sagement. Puis finalement, des lettres de sable se formèrent dans le ciel, formant très distinctement les mots : A L'AIDE.

« C't'un Kawaguchi, pour sûr ! », dit-elle en souriant gaiement, « Mais c'pas Van. Van - comme Caravane – j'l'aime bien, il est marrant ! Lui j'sais pas. P'têtre que oui. J'vais aller voir ! », conclut-elle avec un petit rire amusé.

Ren et Iro voulurent bien l'en empêcher, jugeant cela trop dangereux, mais tous deux savaient pertinemment que la Gogyou était intenable. Ils se contenteraient donc de la surveiller de loin, non sans prévenir son père qui piqua une nouvelle crise de colère à cette nouvelle. Avant de descendre, l'élémentaire prit quelques bandages et plantes, l'étranger semblait blessé, donc ça pourrait lui servir, puis entreprit rapidement la descente. Elle se déplaçait avec agilité et sans un bruit, toujours ce sourire sur les lèvres. Le groupe louche avait disparu des radars, ils étaient donc probablement retournés à Gaïa, et c'était le Kawaguchi qui les avait envoyés. Bien sûr, elle serait prudente, comme à son habitude, mais cela n'entacherait en aucun cas son éternelle bonne humeur ! Le lac était en vue et elle aperçut finalement le garçon. L'on pouvait remarquer du sang sur son corps et... une lame fichée dans on dos. Faisant fi des convenances – les oubliant à mesure qu'elle les apprenait – elle se déplaça avec légèreté, munie de sa discrétion naturelle et atterrit tranquillement à quelques mètres de lui.

« T'veux p'têt' que j't'enlève c'que t'as dans l'dos, nan ? À part si c'est pour faire joli... C'vrai qu'c'est marrant, mais ça doit faire mal quand même. Enfin, t'fais c'que tu veux hein, c'ta déco ! J'ai d'quoi t'aider en tout cas ! », dit-elle en souriant amicalement, elle ne démontrait absolument aucun signe d'agressivité, et ajouta toujours avec un sincère intérêt, « J'peux m'approcher ? »

Minutes ou secondes ? Son regard roula sur l'eau pour revenir sur sa jambe ensanglantée. Bête qu'il était, ou perturbé par la femme qui avait mimé son agression pour mieux l'avoir, il en avait oublié de venir serrer un bandage pour arrêter l'écoulement sanguin.
Amano voulu bouger mais la douleur dans sa poitrine le fit stopper toute tentative et retenir une quinte de toux qui l'aurait probablement transporté dans des tourments de douleur qu'il voulait éviter plus que tout. Souffrir était une chose, mais de sentir le froid de la lame dans son corps et de ne rien pouvoir faire pour s'en sortir vivant en était une autre.

Le soleil le réchauffa, il aurait presque eu froid mais s'en plaignit pas. Pour une fois qu'il avait voulu reprendre l'entraînement, le voilà dans un bien piètre état.

Le blond ne sentit rien de l'arrivée de la Gogyou, son esprit était bien trop éloigné du présent pour qu'il ai entendu son approche ou sentit quoi que se soit. Ce fut alors sa voix qui le tira de ses songes, presque à le faire sursauter.
Un long frisson saisit son corps et le fit grimacer. La lame fichée dans son corps avait bougé en même temps que lui et il retint de justesse un cri plaintif en serrant les dents. Son soupir, long et lent à la suite de l'arrivée de la jeune femme lui fit mal malgré lui.

Elle n'avait rien fait pour se cacher de lui pourtant, lui semblait-il. Elle venait même à lui demander si il avait besoin de son aide et s'il acceptait qu'elle s'approche. Un sourire se glissa une brève seconde sur le visage du blond qui ne chercha pas à se lever ni à se retourner pour voir le visage de celle qui venait répondre à son message.
Sa tension se relâcha et le sable tomba au dessus d'eux en une fine pluie portée par la brise.

- Ce n'est pas que j'accepte que vous m'aidiez, c'est plutôt que je vous le demande.

Son œil se ferma lentement avant qu'il ne lève sa main de son bras valide pour serrer l'autre.

- J'essaierais de ne pas trop bouger, promis.

Sa voix, bien que tremblante par la douleur qu'il retenait, était calme et presque chaleureuse. Il avait besoin d'elle, il ne fallait donc pas la faire fuir.
Tout en gardant le dos droit et la main fermement serrée contre son bras pour s'empêcher de le bouger, Amano reprit :

- Vous êtes arrivée plutôt rapidement, vous étiez dans les parages je présume...

Il parlait pour éviter de penser à la douleur, et surtout pour oublier les morts qu'il venait de faire. Son œil se rouvrit, observant le lac dans toute sa splendeur devant lui.

- Moi c'est Amano et comme vous vous en doutez certainement par le sable, je suis un Kawaguchi...

Sa main serra davantage son bras alors qu'il la laissa faire tout ce qu'elle jugeait nécessaire pour soigner cette blessure, que ça soit douloureux ou non.

Le fils du désert se jura qu'un jour il ne se laisserait plus avoir, qu'un jour il n'hésiterait pas à porter le premier coup pour le bien de ceux qu'il désirait protéger. Il était capable de porter un coup à la personne qui tenait le plus pour lui alors, pourquoi hésiter quand il s'agissait des femmes ? Étaient-elles à ce point plus important que son propre maître ?
Lentement, le Kawaguchi relâcha la pression de sa main sur son bras.

- Merci... au fait... d'être venue...

Un lent clignement d'oeil, son sourire se figea sur son visage. Il le devait. Porter un masque le jour un autre la nuit, porter un masque pour le quotidien et un autre plus tard. Apprendre à être différent pour ne pas se faire reconnaître et les protéger tous. Il devait apprendre. Et il savait qu'il lui faudrait du temps avant d'atteindre ce qu'il escomptait pour se penser un minimum apte. Amano était exigent avec lui, encore plus avec ceux qu'il appréciait.

Il avait l’air sacrément épuisé le pauvre bougre !
Ne montrant aucun signe d’animosité, contrairement lors de son altercation avec le groupe louche, il lui demandait clairement de l’aide. Il promit de rester calme et de ne point trop bouger. La jeune femme acquiesça et se plaça dans son dos, hors de son regard. Elle commença à sortir des plantes de son sac bandoulière et étala les bandages sur ses cuisses, prêts à l’usage. La jeune femme prit les quelques feuilles entre ses mains et les mit ensuite dans sa bouche, avant de mâcher consciencieusement. Alors qu’elle réduisait en une pâte visqueuse, l’étranger lui fit remarquer qu’elle était arrivée rapidement, ce qui signifiait qu’elle était dans les parages lors de son appel au secours. Il se présenta comme étant Kawaguchi Amano, probablement un sunajin. Ether, concentrée, fit de son mieux pour parler clairement malgré la pâte dans sa bouche.

« Enchanté Amano, moi c’est Ether ! Et ouais, jvis dans l’coin. J’suis v’nue dès qu’j’ai vu l’mot ! », dit-elle avant d’ajouter joyeusement, « J’ai cru comprendre qu’t’étais Kawaguchi ouais, comme Van-Caravane ! »

La blonde étala une partie de sa pâte autour de la blessure de la lame – la sensation sur la peau était généralement fraîche, presque mentholée - puis récupéra d’autres plantes qu’elle se mit à mâcher également. Elle imbiba les bandages de la mixture et conserva le reste dans sa bouche. Bon, il allait être temps d’ôter l’arme… Amano la remercia d’être venue.

« T’inquiètes, c’normal ! Faut toujours aider son prochain ! », dit-elle en souriant, « Bon, j’vais enl’ver la lame, bouge surtout pas hein ? Tiens, mords ça, ça peut pt’être faire mal. », depuis son dos, elle lui tendit un tissu finement brodé, probablement un foulard.

Vérifiant brièvement que personne ne pouvait la voir, elle se concentra enfin sur la blessure. Bon… Elle dématérialisa sa main et son avant-bras gauche, puis les passa à travers du corps du garçon. Ce qu’il devait ressentir ? Aucune idée ! Une légère brise dans son corps peut-être ? Avec une grande délicatesse, elle repoussa l’épée vers l’extérieur, prenant bien soin de rien déplacer par mégarde. De l’autre main, l’élémentaire retenait l’objet de la blessure. Eeeeet… Voilà ! A la seconde où la lame fut à l’extérieur, elle cracha la pâte restante sur la blessure pour éviter toute hémorragie et étala de sorte à créer un cataplasme, et jeta le katana sur le côté. D’un souffle venteux, elle fit sécher le tout et récupéra les bandelettes.

« J’ai presque fini, n’bouge pas. »

Les bandes en main, Ether passa ses bras autour de la poitrine du Kawaguchi, revint dans son dos, et répéta le geste plusieurs fois, jusqu’à ce que le bandage fut en place. Elle fixa le tout et vérifia que tout était parfait avant de ranger ce qu’elle n’avait pas utilisé. La nomade récupéra ensuite l’arme, la brisa en deux et la jeta dans son sac, avant de se déplacer de sorte à se trouver finalement face au garçon, accroupie et un grand sourire sur les lèvres.

« Voilàààà ! T’auras p’têtre b’soin de t’reposer avant d’repartir j’pense… Comme tu sens ! Tu devais aller quelque part ? Qu’est-c’qui t’amène au Mont Kaze ? Tiens, mange un truc ! », conclut-elle en lui tendant ce qui semblait être du scorpion séché.

Elle était franche, fraîche et douce. C'était comme une douce brise transportant avec elle la tendresse du soleil. Et lorsqu'elle parlait Amano sentait parfaitement que rien ne la dérangeait et que rien n'entravait ses pensées. Elle était libre, comme l'eau ou l'air. Libre de faire ce que bon lui semblait dans sa vie et en profiter pleinement.
Dans son malheur, en y repensant bien, il avait eu de la chance de tomber sur une personne comme elle. Après tout, il venait de tuer, elle aurait très bien pu passer son chemin et le laisser pour compte, jugeant qu'un tueur n'avait pas lieu d'être sauvé.

Lorsqu'il s'était présenté elle le fit à son tour et précisa même qu'elle vivait dans le coin. Etait-elle avec les moines ? Ether. Un prénom céleste qu'il apprécia. Les astres étaient insondables et elle semblait l'être elle aussi.
Puis elle parla de son clan et mentionna Van. Tiens, voici un prénom qu'il connaissait et qui le fit sourire. Un jeune homme bourré de talents qui n'en voulait pas et qu'il s'était promis d'éloigner de toute forme d'obligation qu'il pourrait rencontrer.

Il sentit du frais sur sa peau et se détendit intérieurement tout en bougeant le moins possible. Il appréciait, sans pouvoir le nier, se laisser soigner. Cela faisait bien longtemps qu'on avait pris soin de lui, depuis qu'il avait décidé de vagabonder seul et depuis que son maître était introuvable.

Le foulard fut saisit mais il le garda à la main qu'il serra fortement tout en venant inspirer profondément pour se préparer à la douleur qu'il pourrait ressentir.
Quelque chose d'étrange, comme si l'air passait entre l'acier et sa chair, le fit fermer son œil et sourire. C'était un peu étrange, presque douloureux mais moins que si on tentait de lui briser un bras.

Lorsqu'il sentit qu'il n'avait plus rien en lui sa main se desserra lentement tout en gardant le tissu fin entre ses doigts et le blond souffla.


- On dirait que vous êtes habituée à soigner ce genre de blessure. A croire qu'aujourd'hui vous êtes ma bonne étoile.

Il plaisantait, comme lui arrivait rarement sauf en présence de jeunes femmes auprès de qui il se sentait à l'aise.

Mais, comme elle le lui avait demandé il n'avait pas bougé, attendant sagement, l'oeil perdu dans l'eau du lac. Ses mains qui passèrent sur lui pour bander son corps et protéger sa plaie le fit frémir sans qu'il ne s'en rende vraiment compte.
Puis elle revint face à lui et son sourire, Amano le lui rendit bien volontiers.

- Je voulais juste m'entraîner ici, c'est un endroit paisible et agréable et quand j'ai besoin de courir, rien ne vaut le dénivelé des montagnes pour mettre à l'épreuve mon endurance. J'ai juste été imprudent et suis tombé dans un piège grotesque tendu par un groupe de bandit probablement.

Puis son œil se posa sur ce qu'elle semblait lui tendre à manger. Peut importe quoi, il ne pouvait pas dire ne pas avoir faim, alors doucement il lui prit tout en lui tendant en retour le tissu qu'elle lui avait confié.

- Merci pour cette attention encore. A croire que vous avez tout prévu.

Croquant volontiers dans la viande tombée à pic, il reprit après avoir fini sa bouchée.

- Ether, vous avez parlé de Van, ça fait longtemps que vous vous êtes rencontrés ? Non pas que je m'inquiète pour lui... mais...

Mais c'était le cas. Son œil tomba sur le sol devant lui avant de se relever vivement vers la fille des montagnes.

Il ne semblait pas avoir réellement souffert de sa manipulation, ce qui l’intrigua quelque peu. La jeune femme ne pouvait pas s’auto passer à travers, ça n’avait pas de sens, et ça ne fonctionnait pas. Elle n’avait pas la moindre idée de la sensation que pouvait avoir un autre lorsqu’elle lui passait à travers ou s’introduisait en lui. Apparemment, cela n’avait rien de douloureux. Ou alors, le garçon avait une tolérance assez impressionnante à la douleur. Ether eut un sourire lorsqu’il dit qu’elle semblait habituée à soigner ce genre de blessure, qu’elle était sa bonne étoile pour aujourd’hui.

« C’pas ma spécialité d’soigner, mais ça m’semblait être la meilleure chose à faire. On a quelques soigneurs, j’ai r’gardé comment qu’ils faisaient et j’l’applique avec c’que j’sais faire. J’pensais pas qu’ça servirait. », dit-elle amicalement, « J’espère qu’t’en as pas b’soin trop souvent d’bonne étoile quand même ! », ria-t-elle franchement.

Le dénommé Amano assura qu’il n’était venu ici que pour s’entraîner, qu’il avait besoin de courir pour parfaire son endurance, et que rien ne valait les montagnes pour ça. La Gogyou acquiesça, il avait raison sur ce point. Pas étonnant que chaque membre de sa tribu était en bonne santé et sportif ! Le garçon avait selon lui était trop imprudent, ce qui l’avait conduit tout droit dans un piège tendu par ces bandits.

« C’marrant, on a rarement vu des bandits passer par là. T’as vraiment pas d’chance ! Mais t’es costaud, ça s’voit. Beaucoup aurait au moins un p’tit peu gémi. Et pas toi ! », dit-elle en souriant.

Alors qu’il grignotait ce qu’elle lui offrait et qu’elle rangeait le foulard, le sunajin se mit à lui poser des questions à propos de Van-la-caravane, si ça faisait longtemps qu’elle l’avait croisé car il s’inquiétait pour lui. Ou en tout cas, il en avait l’air. Tout en lui tendant davantage de nourriture, la blonde lui répondit tranquillement.

« Oh, j’sais plus trop, y’a p’têtre quelques s’maines j’pense ? Max un mois sûr’ment ! On s’est fait une mission, c’tait sympa ! Intéressant l’garçon, il savait pas monter d’chameau, donc j’ai essayé d’lui apprendre en mêm’temps. J’pas tout compris c’qu’il disait, mais il était sympa ! La dernière fois qu’j’l’ai vu, il avait l’air d’aller bien. Y’a que’que chose qui va pas ? »

Ecoutant la douce jeune femme, Amano se laissa transporter par ses mots avant de réellement en capter le sens. Sans perdre le sourire qu'elle lui avait permis de retrouver aujourd'hui, il se trouva vraiment chanceux qu'elle fut dans les parages. Ether conclu rapidement qu'elle n'était pas plus habitué que ça à soigner mais qu'elle en avait apprit beaucoup auprès des siens.
Mangeant avec plaisir la viande, qu'il ne trouva pas mauvaise au passage, il se prit à vouloir en apprendre bien plus sur elle qu'il n'en aurait probablement jamais besoin.

- Je ne sais pas si j'ai besoin souvent d'une bonne étoile, mais pour le moment, j'ai remarqué que croiser des charmantes demoiselles me portait toujours plus ou moins chance, quoi que, Tali est une exception bien étrange.

Kawaguchi Tali, de prononcer son nom lui était étrange, surtout qu'il n'avait pas eu la moindre trace d'hostilité envers elle dans son intonation. Étonnant, lui qui n'approuvait pas du tout ses manières et qui savait maintenant sa femme sous son joug.

- Les bandits traînent un peu partout, j'imagine qu'ils ont justes été attirés par l'eau pour se reposer et que je suis arrivé quand il ne fallait pas. Peu importe maintenant à dire vrai, je les ai rendu au désert. Pour le reste, même si c'est une blessure qui aurait pu m'être fatale si vous n'aviez pas été là, j'ai déjà reçu bien pire.

Le blond leva lentement une main qu'il passa sur le bandage à son œil droit puis effleura sa gorge du bout des doigts avant de secouer sa tête. Van, un fils du sable comme lui qu'il avait vue outrepasser ses limites et ses préjugés sur lui-même, lui qui avait un caractère bien à lui, trop prompt, trop positif pour lui.

- J'aurais bien aimé le voir apprendre à monter sur un chameau !

S'enquit gaiement d'exprimer Amano avant de bouger doucement son épaule juste soignée. Il sentit un léger tiraillement et arrêta sitôt son mouvement.

- Non, au contraire, tout va bien. Disons qu'il fait partit de ma famille, même si c'est d'une branche très éloignée probablement et que...

Il ferma une seconde son œil, sourit davantage en soupirant un peu pourtant.

- Bien qu'il m'énerve légèrement par son attitude, il reste quelqu'un qui m'est cher, je cherchais juste à avoir de ses nouvelles, le plus simplement du monde.

He oui, son clan était une chose primordiale pour lui, comme beaucoup d'autre, pas autant que sa femme, encore moins que son maître, mais c'était tout de même ça qui le poussait à avancer, à se surpasser.

- Dites moi, pourrais-je rencontrer votre peuple à qui je dois ma chance de vous avoir rencontré ?

Depuis quand demandait-il ce genre de chose ? Il se surpris lui-même à être si détendu, et si cette femme était là pour le piéger elle aussi, montrant un côté doux et amical pour ensuite mieux le tuer ? Mais qui tuerait un pauvre ninja comme lui sans importance ? Vrai quoi, il n'était que Chuunin, il n'était pas le plus puissant de son clan, bien loin de là, et même s'il savait que quelques hommes et femmes le haïssait pour leur avoir prit leur petite chanteuse de nuit, il ne s'imaginait pas être une cible de choix.
Chassant rapidement ses mauvaises idées de la tête, l'enfant du désert se leva lentement, prenant garde à ses mouvements tout en observant sa jambe. Ca n'allait pas trop mal, il s'en sortira sans soucis.

Ether pencha la tête sur le côté au prénom de Tali, ne connaissant pas cette personne.
Grignotant elle aussi, elle observait et écoutait bien sagement les réponses du garçon. Il était vrai que les bandits traînaient à travers tout Kaze, pour autant, le clan n'avait jamais eu affaire à eux. Peut-être parce qu'ils étaient en mesure de les détecter et de les éviter ? Ou alors, parce que leur campement était impossible à trouver dès lors que l'on n'en connaissait pas le chemin. Il n'empêche que la jeune femme avait du mal à comprendre le principe de « bandit ». Qu'ils se reposent, d'accord, mais pourquoi attaquer quelqu'un souhaitant se reposer également ? Ne pouvaient-ils pas se reposer tous au même endroit sans faire d'histoires ? C'était un point qui l'attristait énormément sur l'espèce humaine en général ; vivre ensemble leur était difficile. Bien sûr, ce n'était pas une généralité, loin de là ! Mais c'était le cœur même de leurs guerres inutiles et incessantes. Mon voisin ne me plaît pas, bam, guerre. Ah, tel dirigeant aimerait bien s'installer sur le terrain de telle nation, mais c'est un étranger, bam, guerre. Ça n'avait pas le moindre sens en même temps d'être tout à fait stupide et puéril. De plus, la terre n'appartient à personne, le principe même des frontières étaient un frein à l'entraide et au bon vivre ensemble. Mais la nomade était bien consciente que son point de vue n'était partagé que par son propre clan et peut-être quelques personnes à travers le monde. Le reste du temps, ils étaient traités d'utopistes, d'idéalistes voire même d'êtres stupides. En quoi était-il stupide d'imaginer un univers ou chacun apprécierait son prochain comme il se doit ? En quoi la notion de partage était-elle utopiste ? Ça n'avait rien de difficile pourtant, vu qu'ils le faisaient eux-mêmes

Légèrement perdue dans ses pensées, elle reprit le cours de la conversation lorsqu'il ajouta qu'il avait connu bien pire comme blessure que celle qu'on venait de lui infliger, malgré le fait qu'elle aurait pu lui être fatale sans l'intervention de la Gogyou. Portant une main à son œil, Ether remarqua qu'effectivement, un bandage autour de l'un d'eux était présent, puis il effleura sa gorge, réveillant la curiosité de cette dernière. Elle s'approcha en sautillant et passa sa main sur le pansement du garçon ;

« Il s'est passé quoi ? », demanda-t-elle avec intérêt avant d'ajouter joyeusement, « D'la même famille que Van ? Aha, c'marrant ! L'monde est vraiment p'tit ! Boh, il m'a l'air un peu résigné sur pas mal d'choses, mais j'suis sûre qu'il ouvrira les yeux avec l'temps ! »

Après avoir terminé son morceau, elle rangea ce qui traînait, puis jeta un dernier coup d’œil au travail accompli sur le torse. Bon, ça m'a l'air bon tout ça ! Alors que la nomade inspectait le sunajin en toute tranquillité, celui-ci fit une demande pour le moins étonnante ; s'il lui était possible de rencontrer son peuple. D'abord, elle eut l'air étonnée, avant de finalement sourire avec une grande gaieté. Décidément, les sunajins sont pleins de surprises ! Depuis quand tant de monde s’intéresse aux siens ? C'est cool ! Voyant qu'Amano souhaitait se lever, Ether lui prêta main forte.

« Bien sûr ! Nous sommes toujours prêts à accueillir les voyageurs d'passage ! Viens, j'vais t'aider à monter, parce qu'va falloir gravir un peu l'flanc d'montagne tout rocailleux, et y'a pas vraiment d'chemin tracé. Mais ça va, ça s'fait à pied ! »

La jeune élémentaire aida donc son camarade du jour à zigzaguer entre les rochers et autres grosses pierres, marchant presque de manière tout à fait aléatoire. Après plusieurs longues minutes de promenade, ils finirent par arriver entres deux énormes pierres, faisant presque office de porte, derrière lesquelles apparurent deux hommes, Iro et Ren, guets senseurs de leur état. Ils observèrent quelques instants le duo avant de prendre la parole.

« C'est l'gars qui tapait sur des cailloux, non ? »
« Ah ouais, ils l'ont pas loupés oh ! T'as bien traité la blessure, c'bien. »
« J'te présente Ren et Iro ! Un peu les portiers du camp'ment on va dire ! », dit-elle en plaisantant.
« Hééé, non mais je n'te permets pas ! », Iro fit mine d'être offensé avec un sourire amusé.
« Il vient s'reposer un peu c'est ça ? »
« Oui en quelque sorte. Qu'il r'prenne des forces ! Puis, il voulait rencontrer l'clan aussi ! »
« Ok, allez-y. Par contre, désolé, mais toutes les armes restent en dehors du camp'ment. T'inquiète pas, on n'jette rien. C'est juste qu'on en garde pas à l'intérieur, c'est contraire à nos principes pacifiques. »
« J'espère que t'y vois pas d'problème ? »

Effectivement, aucune arme n'était tolérée au sein de leur bivouac.
Ce n'était pas nécessaire et ils avaient leur maîtrise pour se défendre et défendre les leurs si nécessaire, ce qui, fort heureusement, ne s'était pas produit depuis longtemps. Ether attendit patiemment la réponse du garçon, espérant qu'il accepte cette condition.

Tout en l'observant du coin de l'oeil, perdu dans les pensées qu'il venait malgré lui d'émettre quand à sa douloureuse expérience qui avait fait de lui l'homme qu'il était aujourd'hui, Amano ne pu s'empêcher d'avoir une brève pensée envers son maître. Qu'il aimerait le revoir, là maintenant, juste pour lui montrer les progrès qu'il avait fait. Bien qu'il sache que pour l'heure c'était une pensée totalement irréalisable, le blond sentit l'approche de sa camarade et la laissa faire en même temps qu'il écouta la question. Ce qu'il s'était passé ? Pour son œil ? Son visage fut bas et il ne rajouta rien. Après tout, c'était du passé, quoi dire de plus hormis un combat contre le pays du feu qui avait mal finit ?

La suite cependant le laissant souriant malgré la peine visible au fond de son œil pâle. Oui, Van et lui devait être des cousins éloignés, voir très éloignés, et il comptait bien le protéger autant qu'il le pourrait, d'une manière ou d'une autre.
Il avait frissonné à son approche à ses doigts sur son bandage, mais il n'avait pas bougé pour autant, comme captivé par son regard si paisible. Elle avait l'air si pur, qu'il se demandait encore comment elle faisait pour ne pas s'attirer tous les ennuis du monde.

Terminant le morceau de viande, Amano l'observa ranger tout son petit attirail et lorsqu'il se leva sentit un peu de chaleur l'aider, qu'il ne refusa pas le moindre du monde. La laissant le guider entre la roche du Mont Kaze, le blond songea à sa question plus tôt posée sur son œil et malgré lui, l'envie de lui répondre pointait le bout de son nez. Mais alors qu'il réfléchissait à la meilleur manière de lui dire tout ça, sa jambe le tirait un peu plus à chaque mouvement et bien qu'il prenne garde à ne pas tendre trop son dos, il sentit quelques picotements le rappeler à l'ordre de temps à autres
Ce fut court, et le fils du sable ne pipa mot, dans le seul but de garder une respiration calme et de se concentrer sur son corps qui lui était encore lourd de fatigue.

Devant les deux rochers, il leva son œil loin devant lui en revenant bien vite sur les deux hommes qui s'approchèrent d'eux. Amano laissa le soin à Ether d'expliquer et alors qu'il inclina poliment son visage aux dénommés Ren et Iro. Mais avant qu'il ne puisse entrer à la suite de la jolie blonde, on lui demanda de laisser ses armes. Un sourire étira son visage et enfin il délia ses lèvres.

- Enchanté, Ren, Iro, moi c'est Amano.

Et sur ces mots, le Kawaguchi présenta sa sacoche à sa ceinture, puis attrapa les kunais qu'il avait à ses chevilles tout en leur remettant avec calme.

- Ne vous en faites pas pour ça, ce n'est que du matériel, au pire ça se remplace et je comprends parfaitement. Merci pour tout.

Finit-il par dire tout en s'inclinant un peu plus bas que précédemment avant de faire un pas en avant et de reporter son attention sur sa belle guide.

- Ether, pour ce qui est de mon œil, je l'ai abandonné en échange de ma vie suite à un combat contre un de mes ennemis ce jour là. Ca date un peu, mais ça m'a permis de réfléchir aussi. Je ne le regrette pas et j'apprends à travailler avec ce léger handicap.

Levant son bras droit doucement au dessus de lui, il inspira par la même occasion avant de continuer.

- Pourrais-je avoir une petite visite guidée ?

Comptant profiter d'un instant paisible et pacifique, puisque les hommes à l'entrée lui avait dit que leur clan l'était, son œil se posa tout autour de lui, curieux d'apprendre de ce peuple, curieux de voir s'il pouvait apprendre d'eux un peu de calme.

Le trio attendit patiemment la réponse et réaction de Amano.
Après s'être présenté à son tour, le sunajin se délesta finalement de ses quelques kunaïs et autres ustensiles de combat, et il les remit en main propre aux deux senseurs qui apprécièrent son geste compréhensif.

« Merci. Tu pourras les récupérer en partant, t'inquiète pas. », ajouta Iro en s'inclinant également.
« Merci Iro, Ren, à plus tard ! », fit une Ether pleine d'entrain.

Le Kawaguchi choisit cet instant pour répondre à une des questions posées plus tôt par la jeune fille autour de l'oasis ; la perte de son œil. Il avait perdu celui-ci en échange de sa propre vie à l'issue d'un combat contre un ennemi. Le garçon disait ne pas regretter la perte de ce membre, qu'il apprenait à vivre avec. L'élémentaire écouta bien sagement avant de lui répondre.

« L'essentiel est qu'tu sois en vie pour mettre pratique c'que tu as appris de cette perte. Il faut apprendre à faire d'not' handicap, une force. », il demanda ensuite s'il pouvait avoir une visite guidée, ce à quoi elle répondit tout naturellement, « Bien sûr ! Allez viens, j'vais t'montrer l'campement ! Si t'as des questions durant la visite, n'hésite pas ! »

Elle le prit vivement par la main, puis se rappelant soudainement sa blessure et s'excusant d'un sincère et maladroit « Désolée ! », elle se contenta donc de le guider doucement, en ne le tenant que par son pouce. Ether lui montra absolument tout. Elle lui fit découvrir les innombrables allées de tentes, créant presque des rues, et lui montra l'intérieur de certaines, dont la sienne qu'elle partageait avec son père et sa mère. Les logis étaient humbles et rudimentaires, mais ils n'avaient pas besoin de davantage pour vivre sereinement. Des tapis et des nattes à même le sol, ainsi que des coussins cousus mains aux motifs propres à leur tribu. Une petite particularité originale, il était possible d'ouvrir les « toits » des tentes pour dormir face au ciel. Dans celle d'Ether et de ses parents, des rouleaux et des monticules de parchemins griffonnés de notes jonchaient son espace de « sommeil », ainsi que plusieurs paquets usés de cartes de jeu. Sur le chemin, ils rencontraient en permanence des habitants, tous affairés à une tâche. Certains fabriquaient des ustensiles en terre cuite, d'autres raccommodaient des vêtements ou des tentes, quelques-uns en créaient des nouveaux et les plus nombreux étaient occupés à confectionner des bijoux traditionnels avec des matériaux simples, comme de la terre, de la pierre et parfois avec un peu de chance du bois, qu'ils peignaient ensuite de divers motifs très précis.
Le campement rayonnait d'une joie naturellement ambiante. Chaque personne était au moins accompagnée d'une autre, et dès lors que l'une avait terminé sa tâche, elle allait forcément aider une autre dans son travail. Son père, Hélios, faisait parti de ceux rafistolant les « yourtes », et la Gogyou l'esquiva bien soigneusement, prenant garde à ce qu'il ne voit pas le Kawaguchi. Il réagissait très trèèèès mal lorsqu'il voyait sa fille en compagnie de garçons tout particulièrement. Allez savoir pourquoi ! Des enfants de tout âge, allant de 5 ans jusqu'à l'adolescent couraient un peu partout à travers le baraquement, s'amusant à se courir après, mais un petit groupe de 4 jouaient avec beaucoup de sérieux à un jeu de cartes autour d'un caillou placé spécialement pour ça. Lorsqu'ils remarquèrent Ether et son camarade, ils les saluèrent joyeusement avant d'observer Amano avec beaucoup de curiosité.

- Oh, salut Ether !
- Ouais s'lut ! T'as vu, on joue au Uno !
- C'est moi qu'est en train de gagner en plus !
- Hein, mais c'même pas vrai hé ! T'as pas dit Uno !
- Ah ? Bah UNO alors !
- Hééééé, mais Elpis tu tricheuh !
- T'avais qu'à dire Contre-Uno, blblblb !

« Hé bé, ça bosse dur pour m'battre ah ! Mais cherchez pas, vous n'y'arriv'rais jamais ! », fit la Gogyou d'un air malicieux avant d'ajouter, « D'ailleurs Mayu, si tu poses ça, puis ça en contrant celle-ci avec celle-là, avant d'terminer avec elle, bah t'as gagné. »

- Ah ouais ? … AH OUAIS ! J'AI GAGNE LES NULLOS HE ! DANS VOT' FAAAAAACE !!!
- HEIIIIIIIIIIN ?!! Mais alleeeeeeez ! … J'gagne jamais moi !
- … C'qui lui ? C'ton aut' p'tit copain ?
- Bonjour m'sieur !

« V'savez très bien que j'sais toujours pas c'que ça veut dire. Puis... », elle regarda Amano de la tête aux pieds et dit naïvement, « Il est pas si p'tit j'trouve. »

Effectivement, Ether n'avait pas la moindre idée de ce que cela signifiait. Aux yeux des enfants, chaque étranger qu'elle avait emmené au campement avait été un « p'tit copain » ou une « p'tite copine ». Puis bon, ne pas savoir ce que ça voulait dire ne lui avait pas porté préjudice, donc elle s'en foutait royalement ! Après avoir donné un tuyan à Elpis sur son jeu, la nomade emmena le sunajin à la tente et l'espace allouée à la préparation des repas, le présentant également aux actuels cuisiniers et cuisinières, qui le saluèrent avec un grand sourire et des « bienvenues » à tout va. Puis pour terminer la visite, elle le conduisit jusqu'à la place dite principale, un espace pouvant accueillir l'intégralité du clan ainsi que des invités, recouvert de tapis et de nattes, avec au centre une zone réservée au foyer d'un feu, permettant également de pouvoir danser autour de celui-ci.

« Voilààà ! C'est chez nous ! Si tu veux t'reposer un peu, on a des tentes, tout ça. Tu peux même rester c'soir pour l'repas, c'est p'têtre pas une bonne idée d'repartir tout d'suite avec ta blessure... Viens, j'vais t'emmener voir ceux qui son plus doués qu'moi ! »

Elle avait l'air si étrangère aux conflits et pourtant elle semblait être d'une pureté à toute épreuve et d'une certaine sagesse. Après qu'il lui ai demandé la visite et lorsqu'elle tira sa main, sans vouloir mal faire, il eu malgré lui un petit rictus douloureux et pourtant, un large sourire ornait son visage en cet instant. C'était comme découvrir un autre monde, un univers complètement différent et qui pourtant se trouvait juste à côté de lui.
Amano secoua sa tête à son excuse.

- Ca va aller, ce n'est rien.

Sincère, le blond suivit sa guide au travers des innombrables allées de tentes, si semblables et si différentes les unes des autres, observa lorsqu'on lui permit l'intérieur de certaines d'entre elles et ne quitta pour rien au monde Ether.
Il remarqua l'importance du confort et de la modestie de ces habitacles et la douceur qui émanait de l'endroit, comme s'il invitait à faire confiance à tous, sans retenu.

Le Kawaguchi fit ralentir la jeune femme pour observer quelques artisans confectionnant quelques vêtements. Il aimait le travail manuel et trouvait toujours fascinant de voir avec quelle dextérité certain réalisait outils, habits ou bijoux.
Mais bien vite il continua, précédé de sa guide qui sembla esquiver un petit groupe un peu plus au loin alors que lui saluait dès qu'on le remarquait avec bienveillance.

Des jeunes, heureux et insouciants. Il se rappela son enfance aux côtés de ses parents le temps d'une seconde et chassa rapidement l'idée. Amano ne pouvait pas dire avoir eu une enfance paisible, mais il ne l'échangerait pour rien au monde. Il aimait sa vie comme elle était, quelles que furent les rencontres et les pertes qu'il du affronter.
S'approchant de ce petit groupe qui salua rapidement Ether, le fils du sable les regarda de son œil, attentif au jeu. La voyant se rapprocher du plateau de jeu en assurant qu'ils n'arriveraient jamais à la battre, il ne pu s'empêcher de laisser un léger rire passer la barrière de ses lèvres tout en saluant les jeunes gens.
Quand l'un d'eux demanda à Ether qui il était et si c'était son petit copain, le blond s'arrêta une seconde et à la tête de sa guide se mit à rire joyeusement. Se laissant une nouvelle fois emmené à sa suite pour rejoindre l'espace repas semblait-il. Laissant les formules de politesse être ses principales armes en cette visite, le manieur de sable attendit la nouvelle petite pause près du feu qu'il observa un instant.

- Merci pour cette bouffée d'oxygène Ether. Vous ne pouvez pas vous imaginez à quel point il est agréable de se trouver dans un campement calme et dénué d'instinct guerrier.

Son œil se braqua rapidement sur son interlocutrice avant qu'il ne reprenne après sa brève pause.

- Ne vous en faîtes pas pour ma blessure, ça finira par cicatriser en temps voulu, je suis certain que vous avez fait un pansement parfait.

Sans chercher à bouger son épaule, étant conscient de sa faiblesse, Amano revint sur la discussion avec les enfants.

- Plus tôt, avec les jeunes, vous avez dit qu'ils n'arriveront jamais à vous battre au jeu de carte, pourtant j'ai trouvé qu'ils se débrouillaient pas trop mal, même sans en connaître les règles de fond en comble.

Il ne voulait pas revenir sur le « ptit copain » tout simplement parce que c'était amusant et que ça ne faisait de mal à personne. De plus, si vraiment Amano se sentait gêné, ne tenait qu'à lui de retourner trouver les enfants et de leur expliquer.