Le soleil rayonnait dans le ciel jusqu’à lui éblouir sa vue, le forçant à fermer les yeux quelques instants. Lorsqu’il rouvrit ses paupières, il vit devant lui une étrange petite auberge avec une énorme pancarte accrochée au-dessus de la porte. Le service semblait avoir déjà commencé, des bruits et de l’animation se faisaient entendre depuis l’intérieur comme si de nombreux clients chantaient et riaient de bon cœur. Une délicate odeur de cochon grillé s'échappait également depuis les fenêtres et la cheminée de cette auberge, c'était un parfum puissant et délicat qui ne manqua pas de venir chatouiller les narines du rouquin.

En delà de cette petite construction en bois, il ne voyait que des arbres et des fleurs qui couvraient le sol d’un vert clair comme une prairie qui s'étendait à plusieurs kilomètres de distance. C'était un lieu où il n'était jamais venu auparavant. Il n’avait aucune idée de sa localisation, ni même des raisons qui l’avaient mené jusqu’ici, il fallait croire que sa mémoire était bien courte. Peut-être qu’il s’était perdu dans la forêt et son manque de chance en orientation l’avait conduit jusque-là, pendant qu’il sommeillait debout ? Ou peut-être que quelqu’un l’avait jeté ici alors qu'il était inconscient, endormi dans la rue ? Cependant, la réponse lui importait peu pour le moment. Il était ici à présent et il mourrait de faim, il devait d'abord se remplir l'estomac avant de songer au reste, ce qui tombait bien puisqu'un restaurant se trouvait sous ses yeux. Son ventre ne tarda pas à pousser un grognement bizarre qui lui signalait l’heure de déjeuner. Sans réfléchir d’avantage, le jeune garçon se dirigea vers l’auberge, attiré par la gourmandise de l’odeur de cochon grillé.

Il empoigna d’un mouvement de la main la poignée de la grande porte qui lui sembla s'ouvrir d'elle-même, mais trop curieux de découvrir l'intérieur, il ne prêta aucune attention à ce détail. Et sans grande surprise, l’intérieur était animé par la diverse clientèle qui savouraient, pour une grande partie d'entre eux, un repas autour d’une bière et discutaient de vives voix sans se soucier de rien. Chacun semblait se sentir à l'aise et prendre du plaisir. Le volume sonore était bruyant, mais c'était ce qui donnait cette atmosphère familiale et conviviale à cette petite auberge inconnue. Tout semblait relativement joyeux également grâce à cette petite musique qui se jouait au fond de la salle, bien qu'il était difficile de déterminer l'emplacement exacte de la source. Il était difficile de déterminer les limites et les murs à cause du manque de lumière, tout comme il était difficile de compter le nombre de clients présents dans cette auberge avec leurs voix s'entremêlaient les unes aux autres. Malgré le jour à l’extérieur, l’intérieur demeurait relativement sombre, ce qui pouvait paraître bien étrange étant donné le nombre de fenêtres, mais ce n’était point dérangeant pour les habitués de ces lieux. La salle était simplement plus grande que la normale et les lumières rivées sur les tables étaient plus faibles.

Le rouquin se faufila discrètement entre les tables tout en jetant des coup d'œil par-ci par-là pour dévisager ces lieux et se trouver une place de libre sur le côté. Au même moment où il alla poser son fessier sur sa chaise, celle-ci se recula d’elle-même un pas en arrière, comme si quelqu’un venait de tirer sur la chaise pour inviter le jeune garçon à s’y asseoir confortablement. Ce dernier, sans se poser de questions, prit place tout en remerciant le vide derrière lui pour avoir bougé sa chaise, mais il ne s’en était point rendu compte à cause de la sombre luminosité, croyant qu'il s'agissait soit d'un autre client, soit d'un serviteur caché dans l'ombre. Cependant, la suite devint bien plus étrange encore qu'une porte qui s'ouvrait d'elle-même ou encore une chaise qui bougeait d'elle-même..

Une jeune femme aux belles courbes sortie de nuls parts vint se rapprocher de la table avec un menu à la main qu’elle déposa devant le nez du jeune garçon. Ce dernier jeta un coup d’œil au menu à la recherche de photos qui illustreraient les différents plats. Ne sachant pas lire les calligrammes, c’était sa façon de choisir ce qu’il voulait manger grâce aux images qui étaient son principal indice pour deviner la nature d'un plat. Cependant, il ne vit aucune illustration, ni aucune écriture, le menu était vide. Étrange. Seules ces lettres "m.e.n.u.e" étaient écrites en une jolie calligraphie en haut du support. Quelque peu perturbé, il regarda autour de lui où il put voir tous les clients en train de manger de délicieux mets, malgré la sombre luminosité, il put en déduire qu'il s'agissait bel et bien d'une auberge qui servait de la nourriture. Néanmoins, il ne voyait aucun couvert, ni aucun assaisonnement sur sa table et le menu qui venait de lui être distribuer était vide. Pensant qu'il s'agissait d'un oublie de la part de la serveuse, il se tourna en direction de la jeune femme afin de lui demander le menu.

" Euh… tu as quoi à manger dans ce restaurant ? Demanda-t-il en toute franchise avec un brin perplexe.

- Tout ce qu’il y a sur le menu, monsieur ! Vous pouvez manger ce que vous voulez ici ! Il vous suffit d’inscrire vos envies et vos pensées pour être servi. Nous avons tout ce dont vous désirez que ce soit du canard laqué, de l’échine de porc grillé, des cuisses de poulet, des pièces de bœuf, vous pouvez manger à votre convenance et en quantité désirée. Ici, c’est la maison qui offre ! Fit-elle avec une douce voix et un sourire accompagné un clin d’œil en fin de phrase.

- Tout ? Vraiment tout ? Tout tout tout ? À ma convenance, ça veut dire autant que je veux ? Et sans payer ?! Enfin, de toute façon, je n’ai pas d’argent. À payer ou sans payer, je serai parti discrètos après le repas. Mais si je n'ai pas besoin de payer, alors c'est encore mieux ! Je n'aurai pas besoin d'être poursuivi pendant un quart d'heure, héhé.Mais, euh.. Comment je fais ? Je dois inscrire mes pensées ? Mes pensées… de ce que je veux manger ? Mh, je veux manger de la viande, une bonne grosse tranche de viande cuite à point et délicatement parfumée, un jambon à l’os et le plus gros possible, un poulet entier grillé avec la peau craquante.. Mh, un canard m’a l’air bien aussi ! Canard laqué ! J’aimerai également du poisson ! Un saumon entier, un thon.. Et.. Du poulpe ! Puis..

- Très bien monsieur, vous voilà servi ! " Fit-elle en coupant le rouquin avant même qu'il n'ait terminé.

Sur ces dernières paroles accompagnées de son charmant sourire, elle écarta le bras pour faire apparaître devant le visage ébahis du rouquin des milliers de petits plats sur la table qui à l’instant d'avant se trouvait encore vide sans un seul couvert, mais qui à présent débordait de merveilles. C’était surprenant et incroyable, en l'espace d'un instant, elle venait de faire apparaître tant de choses sans même prendre la commande et sans même être passée en cuisine. Comment avait-elle pu réaliser une pareille prouesse ? Toute la nourriture à laquelle Yohru venait de penser se matérialisa sous ses yeux par un claquement de doigts. Il allait pouvoir manger tout ça ? Tous ces petits plats lui étaient destinés ? Tout ce qui se trouvait sous ses yeux ?

" Bon appétit. " Affirma la jeune femme.

Après un hochement de la tête, cette dernière disparue dans l'ombre comme elle était apparue, laissant le jeune garçon aux yeux brillants de mille étoiles seul devant sa table. Malgré l’étrangeté de cette auberge et de tout ce qui l'accompagnait, Yohru se contrefichait dés l’instant qu’il pouvait se régaler et il semblait déjà avoir tout oublié devant le spectacle qui s'offrait à ses yeux. Cela semblait être un doux rêve pour lui, il avait toujours espéré pouvoir manger à sa faim sans avoir à payer et ce jour tant attendu semblait enfin se présenter à lui. Les effluves de tous ces plats mélangés faisaient entrer en ébullition ses narines qui n'avaient jamais senti de pareil parfum aussi appétissant. Sa bave se mit à couler naturellement au coin de sa bouche, il entrait complètement en extase devant la simple vue de ces mets qui débordaient même de la table si bien garnie comme jamais, notamment en quantité. Sans attendre d’avantage avec une serviette déjà attachée autour du cou, il s'empara d'une fourchette dans sa main droite et de l’autre, il alla se servir les doigts dans le plat qu'il dirigea sans aucune hésitation vers sa bouche..

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