Tu soupires calmement, assis à la grande table de l’une des maisons de l’un de tes cousins ou oncles ou… Tu ne fais même pas attention. Tu n’es que trop âgé et trop intelligent pour pouvoir feindre l’ignorance de ce qui va être discuté à cette réunion, et cela ne te fait guère plaisir. Il y a beaucoup trop d’idiots dans ton clan. Des idiots qui nécessiteraient une petite correction bien rapide si la possibilité se faisait savoir. Tu es le deuxième à être arrivé, après l’hôte de la maison – Inichi, probablement l’un des plus âgés du clan. Combien de personnes a-t-il convié à cette petite rencontre oh combien adorable en début d’après-midi ? Tu comptes rapidement les sièges – un maximum de vingt. C’est déjà beaucoup trop, car même tes talents d’orateurs merveilleux te feront passé derrière une foule de débiles mentaux qui choisissent presque systématiquement de se soutenir dans leurs idées les plus stupides, mettant soigneusement de côtés les quelques bonnes qui pourraient tomber.

« Cesse tes soupires jeune homme. Si tu es invité, c’est seulement parce que certains ont insistés. Moi… Je t’aurais bien laissé à l’écart. »

Te retenant de toutes tes forces de rouler les yeux au ciel, tu lèves les deux bras et hausses tes épaule en signe d’abandon. Tu ne répondras pas à une pique tellement simple et évidente. Tu es au-dessus de tout cela. Certes, beau nombre de ta famille cherche soigneusement à te garder à l’écart dans lequel tu t’es toi-même mis, pourtant il est hors de question que tu les laisses faire. Ton clan souffre d’une mauvaise image qui ne fait que devenir plus mauvaise à chaque année qui passe – une spirale infernale qu’il est possible d’arrêter si seulement une partie d’entre vous acceptait un quelconque recul sur ses opinions arrêtées. C’est le problème avec les artistes de votre espèce : chacun a sa propre définition de ce qu’est l’art, et dès que deux opinions divergent de trop chacun se sent offensé comme une vierge que l’on s’apprête à violer. Caressant calmement le dos de ta main droite avec la gauche, tu te dis que retirer ses gants qui te limitent sera certainement une chose à faire. Recourir à ton pouvoir risque d’être une nécessité.

« Daï ! C’est un plaisir de te voir ! »

Tu adresses un énorme sourire à ta cousine Ayano qui accourt vers toi et, sous l’œil désapprobateur des deux autres qui l’accompagnent, te fait grassement la bise pendant que tu lui remets les cheveux en place. A seulement un an ton ainée, c’est l’une des rares personnes que tu apprécies vraiment dans le clan – elle a toujours plus ou moins partagé tes idées, été amie avec ta femme même. Si seulement tout le monde pouvait être compréhensif comme elle. Tu lances un regard noir à ses deux amis d’enfance qui en sont le contraire incarné. Ils font partie de ces idiots qui acceptent calmement de suivre le sens du clan sans jamais penser à une différence quelconque. De ces idiots qui te mettent des bâtons dans les roues. De ces idiots qui… Tu ne les apprécies pas. Tu le sais. Ils froissent ton orgueil. Repoussant légèrement la petite brune aux cheveux long, tu lui adresses un petit sourire et d’un geste savant de la tête, tu lui proposes d’aller discuter dehors le temps que tout le monde arrive. Tu n’as aucune envie de rester dans cette atmosphère étouffante et connaissant la vitesse de certains…

Te levant brusquement, tu enlèves tes gants exposant tes deux bouches saillantes à la vue de tous – non pas que cela choque qui que ce soit, tout le monde a ce genre d’anomalie sur lui ici de toute façon – et attrapant un peu de ton argile, tu créés rapidement une sentinelle que tu poses sur la table.

« Nous allons prendre l’air. Nous reviendrons quand les autres seront arrivés. »

Elle hausse délicatement les épaules envers les autres et te suis rapidement tandis que ton oiseau enregistre à contrecœur le venin que les autres crachent sur toi. Tu n’en as que faire – aujourd’hui est ton soir au sein du clan et tu le mettras à ton profit maximal, qu’importe les idées saugrenues de quelques vieux qui refusent de voir que le monde n’est plus pareil qu’il y a seize ans. Secouant légèrement la tête, tu te dis qu’il n’y a aucun intérêt à ce que cela te monte à l’esprit. Tu es sûr de toi. Tu penses savoir sur qui tu peux compter dans ta propre famille, et ceux qui essayeront de te bloquer. C’est de la politique après tout. Certes, régie par des règles bien différentes de celles qui ont l’habitude d’être, mais tu ne peux te plaindre. C’est ici que tu as commencé. C’est un retour aux sources.

« Comment vas-tu princesse ? »

Ton sourire est doux, chaleureux, presque paternel – pourtant, elle reste l’ainée. Sans la moindre hésitation, tu sors une cigarette que tu allumes à l’aide de ton feu intérieur, lui en tendant une également. Vous n’êtes plus des enfants.

« Merci ! Ecoute, on avance tranquillement dans la vie… Et toi, comment vas-tu depuis le temps ? Tu sembles très occupé dernièrement parce que cela fait un bon moment que je ne t’ai pas vu ! J’espère que tu ne m’en veux pas. »

Tu lui adresses un petit sourire plein de sous-entendu. Il est clair… Non. Il a toujours été clair pour toi que si quelqu’un avait vraiment insisté pour que tu sois convié, c’était elle. Vous êtes vraiment proches. Quatre autres arrivent dans la salle et rejoignent les discussions préliminaires de façon calme et sereine pendant que vous tirez tous les deux sur vos cigarettes avant de relâcher la fumée en synchronisation parfaite. Bientôt, deux autres vous rejoindrons car ils partagent vos idées et votre enfance.

« Je… Travaille beaucoup pour la politique du village en tant que Prêteur. De plus, je ne te cache pas que je mène de nombreux projets plus ou moins différents avec Enko Shigeru, l’un des médecins en tête de l’hôpital, ainsi que cette fameuse Hak et son gène. »

Tu soupires, conscient qu’elle va probablement ressentir le fait que tu as prononcé son prénom et qu’elle te fera la remarque demain dès la première heure. Qu’importe, tu n’as pas la tête à cela aujourd’hui.

« Shin et Ryo ne vont pas tarder à nous rejoindre, ils sont arrivés. Ne t’inquiète pas, je suis loin de t’en vouloir de m’avoir fait venir ici. Ce sera nous quatre, n’est-ce pas ? »

Sans la moindre hésitation, elle hoche la tête pour te répondre oui, tandis que tu éclates d’un rire franc et presque enfantin. Ah, que cela te rappel le bon vieux temps, vous quatre de la même génération à lutter contre une armée d’idiots. Aujourd’hui sera certainement votre grand jour – celui où les charmes de la première, le beau discours du deuxième, la virulence du troisième et la bonne image du quatrième doivent faire des miracles. Tu en es probablement plus conscient que les autres : si vous échouez à faire entendre ce qu’il est nécessaire d’entendre au clan, vous pouvez rayer toute opportunité d’avancer dans les années à venir. Même pire – voir le clan se retourner contre le village comme il semble en rêver depuis si longtemps. Entendant quelqu’un répondre à ton rire par un rire plus grave, tu fais rapidement demi-tour sur toi-même pour tomber face à face avec tes deux autres cousins – toujours ensemble – et les saluer le plus chaleureusement possible avant de leur tendre, également, une cigarette chacun que tu t’empresses d’allumer. Il ne faut pas longtemps avant que vous ne soyez là, tous les quatre, assis sur la petite devanture de la maison, à fumer calmement et attendre la tempête. Si seulement il vous était possible de…

Brusquement, tu te lèves et créés une nouvelle sentinelle sous le regard marqué d’incompréhension de tes trois acolytes puis, sans hésiter, tu sors une petite feuille de ton calepin, y rédige quelques mots et la place dans le bec du petit oiseau avant de l’envoyer voler. Tu n’as plus d’yeux et plus d’oreilles désormais, gardant dans tes sens les deux petits – si quoi que ce soit est dit à côté de toi, tu l’ignores. Pourtant, l’idée qui t’es venue si rapidement te semble être la meilleure et tu ne comptes pas revenir dessus. Fendant le ciel du village, comme un effréné l’oisillon se dirige vers la maison de celle qui peut régler un gros de tes problèmes. Par chance, Hak se trouve être chez elle et récupère rapidement le petit oiseau – elle ne le connait que trop bien après tout. Lisant rapidement le message, tu la vois soupirer et t’insulter à son habitude avant de partir en flèche, l’oiseau sous le bras. C’est donc tout bon et tu déconnectes tes sens de celui-là, revenant en présence et consciente auprès de ta famille.

« J’ai demandé un petit peu d’aide à une amie. Ce n’est pas grand-chose mais… Je suis certain que l’on saura en faire bon usage. Il ne manque plus que cinq personnes avant le début. »

Cette sensation d’être partout et nulle part à la fois n’est plus aussi dérangeante que ce qu’elle était auparavant, donc tu n’y exprimes aucune plainte. Tout juste, tu admets le handicap d’être limité dans ta perception sensorielle sur place, mais qu’importe – c’est gérable. Brièvement, tu expliques ton idée aux autres membres de ton petit comité – admirant ton propre géni et leur assurant de la confiance qu’ils peuvent porter en la jeune femme… Pour le moins singulière. De toute façon, tant qu’il y a du conflit ou matière à hausser le ton, tu sais que tu peux compter sur le fait d’amuser la Senritsu pour être de la partie. Soupirant calmement, tu te réinstalles et tire un coup de plus sur ta cigarette, sous le regard amusé de tes trois amis qui commencent déjà à parler d’autres sujets. Ils ont bien raison, après tout – le plus gros de votre aventure ce soir arrivera plus tard, aussi se détendre n’est peut-être pas la pire des idées.

« Dire que ça fait quelques bonnes années que l’on ne s’est pas croisé dans cette configuration… Ca rappel des souvenirs de notre enfance, n’est-ce pas ? Lequel d’entre nous aurait cru à l’époque que nous deviendrions quatre vieux cons ? »

Vous partagez un sourire mutuel devant la remarque de Shin – tous conscient qu’il dit la vérité à un point presque cruel. A l’époque de la guerre, atteindre la trentaine semblait tout bonnement irréalisable, et pourtant vous voilà tous ici, à fumer entre amis, et à vous préparer mentalement chacun de son côté pour les moins diplomatiques des discussions. Vous avez tous fait du chemin. Un chemin que personne ne peut vous nier. Un chemin dont vous êtes tous conscient. Excellent dans des domaines différents, vous êtes à vous quatre une petite armée capable des pires ravages comme des meilleurs miracles – vous ne reculerez pas devant un groupe de vieux. Ah !

« T’es sûr de toi Daï ? Salut les autres. »

Sans l’ombre d’une hésitation, tu hoches la tête fermement devant la Kunoichi qui vient d’arriver. Vous échangez tous un regard et en l’espace de quelques instants, le vide du lien télépathique de Hak partage vos esprits en vous permettant de communiquer librement sans devoir parler. C’est le plus gros avantage que vous puissiez avoir lors de ces discussions et tu ne te soucies guère que cela ne soit pas vraiment une preuve de jeu honnête de votre part. Lorsque les enjeux sont trop importants, il n’y a aucun sacrifice qui ne mérite pas d’être fait – surtout celui de l’honneur personnel. Remerciant chaleureusement la bleue, tu la laisses s’éloigner en dehors de la demeure mais restant distance suffisante pour que le lien ne soit pas brisé.

*Il ne manque plus que Mitsuhiro on dirait – c’est la dernière qui devrait venir vu les personnes présentes. Hmmm. Ce ne sera pas très simple je pense, mais il y a beaucoup d’indécis ce soir. On dirait que beaucoup va être joué en l’espace d’une réunion.*

*Beaucoup de cons ouais ! Il faut qu’on y arrive Daï. Tu le sais tout aussi bien que nous trois, on n’a pas d’autre choix.*

Tu soupires calmement alors que vous êtes tous les quatre sur la courte route qui vous sépare de la pièce où se tiendront toutes les discussions de la soirée. L’atmosphère sera particulièrement lourde et tu en es plus que conscient. Il n’y aura la place ni pour les sentiments, ni pour l’amour familial – si tout est donné que quelque chose de la sorte existe dans votre clan. Il n’y aura que l’art. Le plus dur et le plus pur. L’art de convaincre. L’art de bien se faire voir. L’art de… Tu n’as pas envie d’y penser, sentant la petite boule au niveau de ton ventre remonter calmement jusqu’à ta gorge. Tout va bien se passer. Il faut que tout se passe bien. Sans sursauter, tu es surpris de ressentir une main d’homme sur ton épaule droite – Ryo a tout de suite remarqué, bien sûr.

*On est désolé de t’avoir impliqué dans cette histoire… Surtout que tu as choisi de prendre tes distances il y a déjà quelques années et voilà que nous… On a vraiment besoin de toi pour réussir à contenir ce conflit. C’en est un de trop et tu le sais tout aussi bien que nous. On a pu le retarder pendant tout ce temps mais les tensions sont à leur comble et il faut que les choses soient mises au clair, sans quoi… Nous te revaudrons ça. Promis.*

Tu te tournes rapidement et adresse un petit sourire qui veut tout dire à tes amis. Ton retour, tu savais qu’il devrait arriver à un moment ou un autre, et que l’on te ressorte comme la carte qui mérite d’être jouée au moment le plus opportun n’est, pour toi, qu’une preuve de l’inestimable de ta valeur. Tu n’en veux pas à tes amis. Tu ne veux pas qu’ils te soient redevable. Tu fais ça pour… Oui. Tu fais ça pour l’honneur de ton propre nom. Pour l’honneur de l’un des grands clans de Kaminari. Pour… Pour racheter les péchés commis par nombre des tiens. Il n’y a aucune excuse pour les atrocités commises par des pontes comme Yoh. Qu’importe ce qui puisse être pensé et quel est l’avis des gens, et votre nature d’artiste belliqueux bien sûr. Le meurtre pur et dur sans aucun objectif précis derrière autre que l’anarchie ou la potentielle destruction d’un système sans avoir quoi que ce soit à proposer derrière. C’est presque un affront à vos possibilités. C’est… Un crime. Rien de plus. Secouant calmement ta tête, tu essayes de te vider les pensées tandis que tu traverses les derniers mètres qui vous séparent de la pièce fatidique où tout va se jouer. Rétrospectivement parlant, c’est tout de même stupide qu’un clan composé de personnes capables de tout faire exploser en un claquement de doigt accepte depuis toujours à se réunir dans la maison d’une personne sans qu’il n’y ait d’incident majeur. Tu espères qu’aujourd’hui ne sera pas le jour où cette histoire va changer.

Sous le regard presque accusateur de certains et les salutations douteusement chaleureuses d’autres, vous pénétrez dans la salle de réunion et vous prenez vos places à la table, séparés de façon à être mêlés à la masse – petit jeu d’apparence qui n’est que fictif, tout le monde ne sachant que trop bien où sont vos allégeances. Posant ta main sur ta sentinelle, tu lui réserves le même sort qu’il y a eu avec celle que Hak t’a ramenée : tu la dévores calmement pour recycler l’argile. Son objectif n’est pas d’explosé, et il est préférable que rien qui puisse exploser se trouve sur place en ce moment précis. Tu n’es qu’un parmi quatre. Comme les quatre points cardinaux, vous agissez de concret. Puissiez-vous seulement montrer le droit chemin à ce clan de cons.

« Et on peut savoir ce qu’il fait là lui ? Je pensais avoir été claire. Je ne veux pas le voir. »

Mitsuhiro – rien qu’entendre la voix de cette mégère te tord en deux. De toutes les garces, de toutes les connes, de toutes les pétasses – pour citer Hak – c’est bien la pire. Elle ne t’a jamais porté dans son cœur, bien que cela n’ait jamais été un problème pour toi, et la voir ici aujourd’hui était plus que prévisible. Tu soupires calmement, t’attendant à lui répondre d’une façon diplomatique, quand Shin s’énerve et la cingle.

« Sa présence est moins aussi légitime que la tienne. Tu as fait quoi à part écarter les jambes ? Parce que je crois ne pas m’en souvenir. »

Tu t’empêches de te frapper le visage avec ta main – voilà qui signe un début des hostilités plus que prématuré. Te croquant la langue pour t’empêcher de rire à cette remarque plus que justifiée, tu regardes les visages de tous les autres convives s’éteindre et devenir livide, en attente d’une quelconque réponse de la femme. Pourtant, celle-ci ne fait que s’assoir à sa place, calmement, et te dévisager pendant qu’Inichi, hôte de la soirée, se racle la gorge. Cette soirée des plus intéressantes si elle est censée se dérouler de la sorte, et tu seras le dernier à t’en plaindre. Plus il y a de violence, plus les choses risques de dégénérer et remettre à plus tard le cœur des discussions. Pourquoi pas un moment que tu puisses choisir pour qu’il t’arrange ? Voyant qu’il s’apprête à commencer de parler, tout le monde tourne son visage vers Inichi – tu suis le mouvement, ayant de plus en plus hâte de voir le dénouement de l’histoire. Tu t’attends au pire de toute façon.

« Hum hum. Si nous nous réunissons ce soir, tous ensemble… Je ne vais pas aller dans le détail, car trop de détails saccagent les plus beaux discours. Les Kadoria ont, une fois de plus, récupérés le pouvoir dans le village. Au détriment de l’un des nôtres. »

Quelqu’un frappe du poing contre la table, installant un silence gêné qui n’arrive guère à durer.

« C’est… La énième fois qu’ils nous font le coup. Il faut que l’on fasse quelque chose avant que l’on nous oublie totalement du pouvoir. »

Tu glousses d’une façon légèrement trop prononcée et tout le monde se tourne vers toi en l’espace d’un instant. Est-ce vraiment ça la logique de ton clan ? Soupirant calmement, tu te lèves pour pouvoir prendre plus de ta voix, entendant les encouragements sincères de tes trois cousins au sein de ta tête. Si seulement tu savais qu’il te faudrait combattre des enfants blessés dans leur égo… Ce n’est pas ton point fort.

« Pardon ? Que l’on nous écarte « une énième fois » du pouvoir du village ? Dois-je rappeler que le Régent précédent était l’un des nôtres ? Que sous le Kage précédent déjà l’un des nôtres était le deuxième du village ? Vous semblez avoir la main bien lourde sur les différents du passé qui ont été résolu depuis. Si c’est pour vivre dans la même rancune qu’il y a plus de dix ans, autant arrêter ces petites réunions car nous n’avancerons jamais. »

Un petit « traître » et « espion des Kadoria » à peine chuchotés tombent dans ton oreille, mais tu choisis de les ignorer. Le manque de lucidité dont font preuve certaines personnes dans ce clan est tout sauf justifié, et tu ne comptes pas t’abaisser à leur niveau. Si jamais une attaque ouverte est conduite contre toi vis-à-vis de ceci, tu y répondras comme nécessaire. Cependant… Tous te fixent avec diverses émotions se laissant clairement lire sur leurs visages – le principal intérêt de leur veine artistique, ils se sentent pour beaucoup obligés d’être les plus expressifs possible. Un mal pour un bien.

« C’est facile à dire pour toi, tu as toujours été de leur côté et donc bien placé. Je trouve ça même outrant que tu prennes la parole à cette réunion. Ton choix, tu l’as fait il y a bien longtemps et revenir la queue entre les jambes n’y changera rien. »

« C’est nous qui lui avons demandé de venir, Mitsuhiro-sama. »

Le ton, légèrement enjoué et délicat de Ryo détend rapidement l’atmosphère, tendue de façon paroxystique avec le silence que la garce a décidé de laisser planer avant d’intervenir. Si tu t’attends au pire de sa part vis-à-vis du petit dernier de votre groupe, elle ne fait que se tourner vers lui et lui adressé un sourire presque maternel. Son charma naturel semble réellement à toute épreuve, bien que tu doutes pouvoir compter uniquement sur celui-ci pour arriver à tes fins. Parce que oui – quelles sont-elles, tes fins ? Tout le monde commence déjà à chuchoter autour de toi, se demandant qui d’elle ou toi a raison, tandis que tu t’apprêtes à répondre. Si seulement tu savais sur quels sentiers sinueux tu t’aventures, la vie serait plus simple pour toi. Tu adresses un grand sourire chargé d’une politesse presque hypocrite à la femme qui s’est mise en tête de devenir ton principal adversaire.

« Mitsuhiro-sama… Il est vrai que je suis proche des Kadoria. Il est vrai que j’ai épousé l’une des leurs, et ce uniquement pour la voir mourir dans mes bras lors de la conquête de Mizu no Kuni. Néanmoins, laissez-moi vous poser une simple question : sommes-nous là pour parler du futur du clan, ou bien établir mon jugement vis-à-vis de ce dernier ? Qu’importe mes amours ou ma vie privée, j’ai toujours été et je demeurerai un Bakushô – et si l’on peut m’accuser bien gratuitement de ne pas porter le clan dans mon cœur… Pensez-vous sincèrement que j’aurais accepté le déplacement jusqu’ici, conscient du regard que vous me portez tous, si je ne me souciais guère de ma famille ? »

Une nouvelle vague de chuchotements commence à peine à s’élever en réaction à ta réponse quand Inichi lève la main et interrompt d’un geste ferme le moindre bruit qui puisse se faire entendre. Il n’y aura rien de facile à cette discussion.

« J’ai accepté d’inviter Daï devant l’insistance de ces jeunes gens, Mitsuhiro. Si sa présence ne te convient pas… Libre à toi de partir car personne n’est obligé à sa présence ici. Quant à toi, Daï… Penses-tu vraiment qu’il soit sage de nous attaquer de la sorte alors que c’est la première grande réunion de clan à laquelle tu es convié ? Tu dis tenir à ta famille, alors n’oublie pas où elle se situe. »

Au moins, cette réponse semble facilement impartiale à quelqu’un de banal, même si tu sens le léger favoritisme, le léger regard qui t’es adressé lorsqu’il invite ton adversaire à partir si cela ne lui convient pas. Es-tu donc vraiment si mal vu que ça à cause d’un simple mariage et d’une logique de conservation politique qui a, depuis toujours, prouvé qu’elle réussissait à être rentable ? Refusant de soupirer devant cette nouvelle offensive à ton égard, tu croises fermement le regard de l’hôte, ton regard flambant de ta détermination.

« Inichi-san, pouvez-vous seulement nier ce que je suis en train de dire ? Depuis qu’à la création du village nous avons été mis de côté par les Kadoria… C’est la même rancune que nous ne cessons d’alimenter, d’un côté comme de l’autre. Pensez-vous que, parmi ces derniers, j’étais là à acquiescer calmement dès lors que les nôtres se faisaient critiquer ? Que je restais silencieux quand ils énonçaient de façon tronquée les torts que nous leurs avions causés sans jamais mentionné l’autre côté de la balance ? Si tel est le cas… Vous vous trompez tous. Même marié à Kadoria Yona, j’ai persisté à défendre notre clan. Considérez seulement qu’arriver et attaquer n’est pas la meilleure chose à faire si vous voulez le soutien du village ! »

Tous se taisent et se regardent les uns les autres, comme pour chercher à comprendre ce que tu voulais exactement entendre par ta phrase. C’est exaspérant à quel point ce clan a choisi de rester dans l’ombre et n’est pas même capable de se rendre compte des principaux fondements de quelque chose que tu pratiques tous les jours.

*Bien dit Daï ! Nous savions que nous pouvions compter sur toi pour leur ouvrir les yeux.*

Les quelques mots de ta princesse te réjouissent intérieurement et te remplissent d’une envie d’en découdre plus importante encore. Tu ne savais que trop bien, dans tout ton orgueil, que tu accepterais de participer à cette réunion et à tenir la tête de votre front. Tu n’en as même jamais douté pour dire la vérité, et c’est presque affligeant de voir à quel point les autres sont étonnés – hormis les trois de ton côté. Quelque chose te dit qu’ils savaient pertinemment comment les choses se dérouleraient et que ton esprit d’orateur prendrait le dessus sur tout le reste pour mener le clan dans leur direction. Si seulement tu étais conscient de ce qu’ils comptaient faire – il te serait plus simple d’orienter la discussion dans ce sens.

« Mais bien sûr voyons ! Et quelle preuve pouvons-nous avoir de ce que tu avances ? »

Le sourire plein de confiance que tu affiches au moment même où elle prononce sa question – tellement prévisible – la fait se taire instantanément.

« Combien de conflit y a-t-il eu depuis mon mariage ? Combien d’escarmouches ou de jeux impropres, que ce soit d’une partie ou de l’autre ? Laissez-moi vous répondre : de moins en moins jusqu’à plus du tout. Aomine n’a pas été le meilleur Régent de Kumo, je suis le premier à le dire. Néanmoins, il y a des choses que même moi je ne peux lui retirer, et notamment la fin du lissage des relations entre Kadoria et Bakushô. Pensez-vous vraiment qu’il est nécessaire que nous consacrions notre énergie à lutter au sein du village alors que nous sommes en guerre ? Ne voyez-vous pas à quel point il est malsain de penser à… Je ne sais pas, j’imagine que vous cherchiez à nous convaincre de destituer Kadoria Manzo afin que l’un des nôtres retourne au pouvoir ? et que voulez-vous ensuite, hein ? Cela ne ferait que nous mettre dans la même position que celle des Kadoria lorsqu’ils ont essayé de destituer le Sandaime. Le village ne nous soutiendra pas. Pas après les rages d’Aomine. Pas après les promesses du Raikage. »

Un silence mortuaire pèse désormais sur la salle, et tu es loin de ne pas être fier d’avoir réussi à l’installer. Tout le monde laisse tes paroles s’ancrer dans son esprit et te regarde comme si tu venais d’ouvrir les portes d’une cave où ils sont trop longtemps restés enfermés. Même Inichi et Mitsuhiro, assis côte à côte, ne peuvent que te regarder dans le silence en réfléchissant à une répartie. Pourquoi même essayer lorsque tu sais qu’il n’y en aura pas ?

« Que voulez-vous ? Être considérés comme les dissidents de ce village et finir comme l’ancien Ministre Monjara Shinji ? Au moindre mouvement dans le sens que vous avancez par pure rage d’avoir vu Aomine quitter son poste comme il l’a fait, vous êtes prêt à initier une purge dans ce village qui cherchera à nous exterminer, jusqu’au dernier ? Je ne suis que l’un des vôtres et ma voix n’a nullement plus de valeur que celle d’un autre, mais honnêtement… Je ne prendrais pas ce risque. »

Une vague de brouhaha beaucoup plus appuyée que les précédentes s’élève alors que tu mentionnes le triste destin de ton ancien supérieur, et tu t’estimes heureux d’être arrivé à cette conclusion de l’histoire. Peu à peu, les gens comment à se hurler dessus, chacun essayant d’être celui dont la voix porte le plus, uniquement dans le but de se faire entendre plus que le voisin. Toi, satisfait, tu t’assieds à nouveau, croisant brièvement ton regard avec Shin, Ryo et Ayano qui demeurent aussi silencieux que toi. Seuls Matsuhiro continue de te fixer, le regard plein d’aigreur, alors qu’Inichi essaye de calmer la petite foule avant un incident. C’est sa demeure qui est en jeu, après tout.

« Cesse d’aller dans de tels extrêmes veux-tu ! Nous n’avons jamais abordé ce genre d’idée stupide dont tu nous penses pourtant capable ! »

S’il est rare de voir ce vieux Inichi hausser le ton, tu ne réagis pas plus que ça à sa remarque, ni au silence tout aussi brutal qui la suit. Jusqu’à peu, le clan semblait bien persuadé que c’était là l’idée de la réunion – ton regard défiant vis-à-vis des deux opposants principaux n’a guère défailli, et tu es prêt à en arriver jusqu’aux mains s’il le faut. Quelque chose ne tourne pas rond au sein de ce clan et tu l’as toujours su, cette réunion est l’occasion pour se dire toute la vérité et seulement la vérité… Tu soupires calmement. Alors que l’homme s’apprêtait à répondre une fois de plus, cette femme que tu détestes tant leva sa main et lui ordonna, par ce simple geste, de se taire.

« Que veux-tu que l’on fasse alors, toi qui semble tellement bien porté dans la politique ? »

Tu t’arrêtes un instant, surpris par la question de la vieille. Si tu t’attendais à ce qu’elle cède si facilement à tes arguments… Non. Il y a certainement un piège. Tu es trop versé sur la politique pour croire en autre chose qu’une vulgaire tentative de déstabilisation. Si tu prouves à ce moment précis que tu n’as aucune idée de ce qu’il faut faire, ce sera l’échec absolu – ta fin dans cette conversation. Alors que les autres membres du clan commencent déjà à chuchoter, tu te lèves sous le regard lourd d’excuses de Shin. Pourquoi lui plus que les autres ? Tu ne veux pas le savoir. C’est maintenant ou jamais que tu peux porter le coup de grâce et aider tes amis. C’est maintenant ou jamais que tu peux réellement faire quelque chose pour cette famille que tu as tout de même choisi d’éviter pendant une longue période. Peut-être que malgré tout ce que tu avances, tu es bien un fils prodigue – même si tu n’es pas celui qui a choisi de revenir. Tu soupires et te racles la gorge afin de faire taire les bruits de fonds alors que tu commences ta énième tirade.

« Nous devrions prêter notre soutien à Kadoria Manzo. Qu’importe les raisons qui ont conduit à la guerre et ce que nous en pensons. Les terres de Kaminari ont toujours été les nôtres et elles le resteront, parce que nous allons prêter allégeance à la nouvelle Ombre de la Foudre. Je pense que nous sommes d’accord – il vaut mieux un Kadoria que l’Empire des Pays Neutres. Chaque petite faction de notre clan trouvera son intérêt dans la démarche. Ceux qui veulent la prospérité du village ou du pays pourront y contribuer pleinement avec la bénédiction du clan. Les plus méfiants… Auront tout le loisir de juger de la politique du Kadoria dans la pratique, et se forger une place pour intervenir si besoin est. »

Ce n’est pas la solution idéale et tu le conçois, mais tu te dis qu’avec cette approche, tous les potentiels opposants choisiront au moins de feindre soutenir le village. Cela empêchera une purge externe au clan – car tu ne nies pas toi-même qu’une maladie cruelle ronge la mentalité des Bakushô et que cette dernière doit être véhiculée par quelques personnes. Faisant craquer l’une de tes phalanges, tu ouvres ta paume droite et affiche sans appréhension la bouche qui y demeure à tous les membres du clan, cette dernière tirant sa langue de façon allègre.

« Vous le savez tous aussi bien que moi. Nous sommes un clan de perdus. Un clan d’artiste ayant chacun sa petite faction, ses petites affinités, et choisissant de les suivre délibérément. Yoh est en train de pourrir dans les prisons Kumojin depuis plus d’un an déjà. Il est… Grand temps que vous élisiez un nouveau chef. »

Une fois de plus, c’est le silence et seulement le silence qui te répond, sous le regard presque moqueur d’Inichi tandis que Mitsuhiro te semble pensive. Serais-tu arrivé à tes fins ? Aurais-tu fait les preuves qu’elle te demandait de faire ? Une seule question se pose néanmoins : l’identité de ce futur chef. Parce que…

« Je propose Bakushô Daï comme nouveau chef du clan ! »

Tu te tournes, aussi brusquement que les dix-huit autres, vers Ayano alors qu’elle se rassoit après avoir hurlé cette phrase. Non. Ce n’est pas la tournure que tu aurais voulu ou souhaité. Tu n’es pas… La réalisation de la vérité te frappe soudainement, fixant rapidement Shin, Ryo et Ayano. Les trois avaient prévus cette tournure depuis le début. C’est… La raison pour laquelle ils t’ont demandé de revenir sur le devant de la scène ce soir. Te sacrifier pour le bien du clan. Très rapidement, les insultes fusent et tous s’attaquent les uns les autres tandis que tu restes là, immobile. Te sens-tu trahis ? Cela serait contraire à ton orgueil. Après tout, c’est la preuve de la foi en tes capacités qu’ont tes camarades, tu ne peux pas refuser un tel présent. Alors que l’excitation ne cesse de monter, encore et encore, Mitsuhiro lève la main et fait taire tout le monde. Une fois de plus.

« Tes idées ne sont pas stupides – elles décrivent fidèlement que c’est la parole qui est ton art. »

De ses os vieillis par le temps, elle se soulève de son siège avec toute l’élégance que l’on pourrait exiger d’une femme de son niveau – bien que cela ne change rien tes aprioris vis-à-vis d’elle.

« Quelque chose de tellement différent… Dire que tu es né dans notre clan. Tu ne choisis ni l’éphémère de l’explosion que nous félicitons majoritairement, ni la beauté de la belle création qui reste à demeurer éternellement. Non. »

Elle tourne autour de la table, s’approchant de toi, agitant délicatement ses mains pour illustrer ses propos, te prouvant une fois de plus que de tous, elle est la seule à être réellement capable de te tenir tête en argumentation. Seulement quand elle le désire – l’âge l’ayant rendue gâteuse.

« Tu es entre les deux. Quelle est ta perception artistique ? Laisse-moi deviner. L’éphémère de belles paroles et le charme éternel des idées qu’elles portent ? Tu es décidément bien un politicien. »

Elle secoue calmement la tête.

« Je ne vais nier que tu dis juste. Je ne vais pas nier que tu as probablement raison. Nous avons fait des choix dans le passé qui n’ont pas été les bons – choisir Yoh comme chef de clan étant l’exemple le plus marquant. Si seulement… Non. Tu ne deviendras pas le nouveau chef du Clan. »

Alors qu’Ayano et Ryo sont déjà en train de se lever pour objecter, elle leur impose son respect en les fusillant du regard et les forçant à s’assoir.

« Pas encore. Je ne vois personne d’autre dans cette pièce qui soit capable de redorer notre nom mieux que toi avec les doux baumes qui sortent de tes bouches, mais tu as été absent trop longtemps. »

Fermant les yeux une brève seconde pour t’empêcher de rire devant l’air offusqué des deux accompagnateurs d’Ayano qui te détestent, ainsi que celui d’Inichi qui semble presque au bord de la mort, tu hoches calmement la tête. Ce n’a jamais été ton idée.

« Fais tes preuves. Prouve ton allégeance à la famille. Tu viendras me voir dès la fin de cette réunion et nous dresserons, tous les deux, la liste de ce que tu auras à faire. Partout où notre nom est porté, elle sera affichée. Chacun des membres du clan sera ton juge, Daï. Tu n’as pas le droit à l’échec. Tu n’as pas le droit à la trahison. Tu n’as… que la réussite comme option disponible. Prouve-nous, à NOUS TOUS ICI PRESENTS ET ABSENTS, que tu mérites d’être celui qui dicte la voix que nous devons suivre. »

Dès ces paroles de la vieille mégère prononcées, la dispersion de la totalité de la réunion fut ordonnée, pendant que tu restes dans la pièce, attendant les derniers départs. Si seulement tu avais pu t’attendre à un tel dénouement… Soupirant calmement, tu te concentres sur le lien télépathique encore en place pour discuter avec tes amis le temps que les deux anciens se mettent d’accord sur certains points à distance de toi.

*Vous auriez pu me prévenir de ce que vous comptiez faire. C’était prévu dès le début n’est-ce pas ?*

*Daï… Ce n’est pas ce que tu crois. Nous n’avions jamais prévu de te proposer comme nouveau chef de clan à la base. C’est seulement que tu as avancé l’idée alors…*

Tu soupires lourdement dans ton esprit.

*Ayano… Je vous connais assez pour savoir que vous aviez une idée concrète derrière la tête. Je refuse de croire que cela ne soit dû qu’à un simple hasard, surtout que mon discours était tout de même extrêmement prévisible. Maintenant, je me retrouve à être l’agneau que le clan va certainement vouloir sacrifier pour se racheter. Ce serait du style d’Inichi et Matsuhiro. Ils ne m’ont encore rien dit sur la suite mais… Juste, pourquoi ?*

*Vous ne voulez pas arrêter de vous disputez dans mon lien télépathique merde ! Ça commence à me prendre la tête vos histoires de Bakushô, je n’ai jamais vu de débiles aussi profonds que ce clan, sérieusement ! Oh non, l’art ici, et l’art là-bas, et… Putain quoi. Si je ne te connaissais pas Daï, je me serai facilement dit que tu es allée faire de la merde ailleurs.*

Devant le silence qui répond au langage oh combien cru de ta comparse, tu comprends qu’elle a exclu les autres du lien – le même destin t’attends certainement sous peu, mais au moins cela te permet de ne pas écouter leurs explications vaseuses. Tu as été exposé comme potentiel futur chef du clan. Tu vas être mis à l’épreuve. De quoi s’agira-t-il... Tu l’appréhendes amplement, mais tu es bien trop orgueilleux et imbu de toi-même pour refuser de te soumettre à l’épreuve. Plus même – tu refuses de ne pas la réussir. Si c’est ainsi que le clan veut évoluer, tu sauras faire avec, car après tout… Tu es doué lorsqu’il s’agit de prendre des décisions. Mitsuhiro elle-même l’a reconnu, donc il n’y a plus de retour possible.

Soudain, le silence plus intense encore te frappe, te confirmant la solitude dans ton esprit. Cette furie n’aura même pas attendue que tu lui répondes, et c’est peut-être tant mieux. Toi le premier, tu sais à quel point ton clan sait être singulier, néanmoins tu es né parmi ces gens. Peu importe ce que tu te dis. Peu importe ce que tu te penses. Tu es l’un des leurs et tu les comprends. Toutes ces discussions sur la fibre artistique de ta personne… Qu’ils ne se pensent pas que tu ne les as jamais eues. Tu es un Bakushô même si tu le caches avec tes gants. Le côté belliqueux de ce clan, la rage et l’envie de toujours se surpasser – malgré toutes les tentatives que tu as mises en place pour les contenir, tu ne sais que trop bien qu’ils reprennent le dessus à un rythme effroyable. Tes projets, tu ne les oublies pas non plus, non. Est-ce cruel de se servir de son propre clan pour y arriver ? Peut-être bien, mais ce ne sera jamais pire que l’alliance que tu as établie avec ce petit Dentô. Non. Tu n’es pas un saint. Mais parmi tous les rats qui peuples ce clan et ce village, tu es loin d’être des pires. Et maintenant, tu deviendras l’un des exemples du village, une fois plus de pouvoir encore au creux de ta main. N’est-ce point dangereux de t’en donner autant ? Tu souris intérieurement. Ce n’est dangereux que pour les ennemis de Kumo.

HRP: