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accord de Pô via skype
La fenêtre s'ouvre lentement dans la nuit. Sans un bruit. La brise souffle lentement sur les rideaux blanc de la chambre qui s'envolent et laissent passer une ombre qui s'approche du troisième lit. Le patient qui y est allongé est une célébrité. Un ancien chef de clan, présentement dans le coma. L'ombre tourne la tête dans différentes directions, comme pour s'assurer que personne ne se cachent derrière les murs avant de parler au patient comateux.
"Salut Pô."
Le visiteur s'approche du vase à côté du lit et retire les vieilles fleurs. Il les remplace par des fraîches avant de s'assoir sur une chaise en aluminium toute proche. Bankichi commence par un silence. Il ne dit rien. Il observe la brise jouer sur les nouvelles fleurs et les cheveux de son vieil ami. Le torse de ce dernier monte et descend lentement, preuve qu'il est encore vivant.
"Désolé, ça fait longtemps que je ne t'ai vu rendu visite. La dernière mission fut longue, mais je devrais rester à Konoha un petit moment."
Commencer une conversation par une excuse, on a déjà vu mieux, n'est-ce pas ? Mais Bankichi a l'impression que c'est... important. Qu'il a de quoi se faire pardonner. Pour lui, Pô est encore vivant. Et c'est un ami qu'il n'a plus visité depuis trop longtemps pour ne pas s'excuser. La faute au travail, évidemment. Une infiltration dans un groupe de terroriste qui a prit des années. Il fallait remonter toute la filière. Seul un spécialiste de son style pouvait s'en occuper. Il était revenu au village récemment. Bien des choses ont changés. Il soupire avant de reprendre son monologue.
"C'est marrant, c'est pas comme si on était si proche que ça tous les deux de ton... "vivant". J'vais dire, on a partagé des verres. On s'est bien poilé aux fêtes de ton clan. Ca, les Gekei savent faire la fête et aiment danser, oui. J'étais un peu sceptique sur vous au début, à votre intégration dans le village. Et tu m'as prouvé que j'avais tord. Tu n'es pas là pour le voir, alors je te le dis et j'espère que tu l'entends, où que tu es, mais ton clan vit et prospère, Pô. C'est devenu une force motrice. La jeune pousse est devenue belle et grande. Sois fier."
Bankichi s'arrête. Le silence s'étend et devient presque pesant dans la salle d'hôpital. L'ambiance est étrange. Des draps et des rideaux qui dansent langoureusement sous le vent et la lumière de la lune avec pour seuls spectateurs un shinobi et trois comateux. La scène a presque quelque chose de mystique. Bankichi reprend, sur un ton un peu plus triste.
"Je me sens comme la dernière fois qu'suis venu, Pô. J'ai le bordel de blues. J'essaie pourtant. Je donne tout mon possible pour rire et faire le pitre devant tout le monde. Je raconte des blagues, j'envoie des gamins aux bains publiques côtés kunoichis. Je fais des vannes. Mais à chaque fois que je vois un aspirant ou un genin, je pense aux chiffres. Aux statistiques. Aux morts de ces dernières années. Aux blessés. Ou aux légumes, comme toi. A cette masse d'innocents sacrifiées sur l'autel du devoir. Il faut continuer, car combien de Makka ou de Météora avons nous vaincus ? Combien de lunatiques auraient détruit ce village et les autres ? Combien de tyrans naissent de par le monde et répendent morts et désolation sur leur passage ? Et à chaque fois que je vois ces jeunes feuilles, ces genins qui sortent de l'Académie tout heureux, mon coeur se brise un petit peu. Et ça me fend encore plus que je doive continuer la comédie. C'est pour le bien de tous, tu comprends ? Faut que certains fassent sourire tous les autres et se montrent solides comme du roc. Faut montrer l'exemple aux nouvelles générations, tout ça."
Bankichi ne pleure pas. Aux coins de ses yeux, c'est uniquement de la condensation due à une différence thermique.
"J'espère que tu te rappeleras pas que je vienne me planquer et tchouler ici quand tu te réveilleras. C'est ça ce que j'ai toujours préféré avec toi Pô. Un homme prudent, qui savait garder ses réserves. J'ai essayé au début de parler de tout ça à mes autres amis, mais parler à une tombe me fout la pétoche."
Le visiteur se lève. Son regard blanc à aperçut des shinobis de garde qui font une ronde. Il n'a plus le temps de rester et de se morfondre.
"Le monde avance et continue."
Il escalade la fenêtre silencieusement avant de se tourner une dernière fois vers la forme inanimée de Pô.
"Il est temps que je rattrape moi aussi le temps perdu. Je vais te laisser, mon ami. Je reviendrai."
Il disparait dans la nuit.