Après cette « épreuve » qui avait failli coûter la vie à son sanglier, un animal qu’elle affectionnait particulièrement, la Natsumi se retrouva en face à face avec le Rokudaime Mizukage qui s’excusa de l’incident auquel il ne s’attendait pas. Une erreur qui aurait pu entrainer une grave conséquence si le nécromancien n’avait pas fait appel à son médecin edo tensei pour rattraper la bêtise qu’avait commis un de ses élèves. Ce dernier n'avait pas hésité à blesser grièvement avec son sabre l'animal qui ne lui avait pourtant rien fait. La samouraï n’aurait pas hésité à corriger le gamin à sa manière, qu’il était genin du village qu’elle-même avait décidé de servir ou pas, si son précieux compagnon animalier avait succombé à sa blessure.

Pour beaucoup, Gouik n'était peut-être qu'un sanglier bon à rôtir mais pour la Natsumi la vie de son suidé avait bien plus de valeur que celle de la plupart des humains qu'elle avait croisés jusqu'ici. Elle était prête à mettre en danger sa propre vie pour celle de son animal. Preuve de son attachement profond à cette bête qui était son complice de longue date. La jeune femme avait vécu des nombreuses aventures et mésaventures avec le sanglier qu'elle utilisait souvent comme une monture et qui lui avait déjà extirpé bien des mauvaises postures. Longtemps, il avait été aussi son seul compagnon.

Maîtresse de ses émotions, malgré la colère qui l’animait intérieurement, la Natsumi réussissait à garder son sang-froid bien que sa rage fût palpable et se reflétait dans son regard sanguin

Michiki attendit que le courroux silencieux de la jeune femme se dissipât – chose qui arriva rapidement – avant de lui annoncer qu’il lui avait arrangé un entrainement dans le but d’améliorer son aptitude en sensorialité. Nouvelle que la jeune femme accueillit sans le moindre enthousiasme. Elle continua d'arborer cet air impassible qui lui était habituel bien qu'un sentiment de déception l'étreignît à l'intérieur.

Il y avait de cela quelques jours, la samouraï avait fait comprendre au Shinda qu'elle désirait améliorer sa maitrise de la sensorialité dans l'espoir qu'il s'en chargerait en personne, lui qui maitrisait bien mieux qu'elle cette aptitude, mais le voilà qui la confiait à un autre qu'il qualifiait d'un ami. N'étant pas une femme capricieuse, malgré le désenchantement, la jeune femme remercia convenablement le Shinda une fois que celui-ci avait terminé de lui donner les informations à savoir sur celui qui allait l'enseigner ainsi que l'heure et le lieu de l'enseignement. Puis, la samouraï s'assura que le Mizukage n'avait plus rien à lui communiquer avant de prendre congé avec l'accord de ce dernier. Mais, au pas de la porte, la jeune femme fit demi-tour pour aller voler un baiser à son amant - chose qu'elle se permettait uniquement lorsqu'ils étaient seuls - puis sans le moindre mot elle reprit aussitôt son chemin.

***

La samouraï passa le temps qui lui restait avant que le moment de se rendre au lieu du rendez-vous avec son jeune enseignant n'arrivât avec Gouik. La malheureuse bête avait du mal à se remettre du choc de la brutalité dont elle avait été victime. Mairu aurait préféré rester auprès de son suidé mais le devoir l'interpelait. Délaissant à regret son sanglier qui ne tenta même pas de la suivre alors qu'habituellement l'animal cherchait toujours à l'accompagner, la Natsumi abandonna son quartier - que le Shinda lui avait accordé dans son propre palais - pour se diriger vers le terrain d'entrainement. Endroit qu'elle atteignit des pas tranquilles. Elle était arrivée à l'heure mais elle ne vit personne sur le lieu que Michiki lui avait pourtant indiqué. La samouraï se concentra alors pour sentir les auras environnantes et elle ne perçut aucune présence dans le coin.

Supposant que le gamin était en retard, la jeune femme croisa les bras sous son opulente poitrine puis patienta. Debout au milieu de l'espace bien à découvert, elle ferma les yeux tout en laissant tous ses sens éveillés afin de ressentir les auras qui se rapprocheraient de sa position. Ce fut ainsi qu'elle sentit celle du Petit Génie venir vers elle. Elle avait déjà rencontré ce jeune garçon et son être avait enregistré sa signature auratique qu'elle pouvait l'identifier sans mal.

Alors que son futur enseignant n'était plus très loin, la jeune femme ouvrit les yeux, juste à temps pour voir des cailloux se diriger vers elle. Rapidement, la jeune femme dégaina le sabre tanto qu'elle portait discrètement à l'horizontale dans son fourreau au bas de son dos puis avec la lame elle balaya les projectiles.

- Je sais que tu es là Petit Génie, lâcha la samouraï d'une voix sereine tout en rengainant son mini-sabre.

La Natsumi ne voyait personne mais elle percevait la présence du jeune Hiko.

L'invisibilité était une aptitude que ceux qui avaient une haute maîtrise de la sensorialité pouvaient développer. Mairu enviait cette capacité qu'elle ne possèderait malheureusement jamais car celle-ci était basée sur le chakra, source de pouvoir dont elle avait été privée. Contrairement aux shinobini, en tant que samouraï sa sensorialité se reposait sur sa maitrise de l'aura. Chose qui lui faisait d'ailleurs demander comment le jeune Sairyo allait procéder pour l'enseigner cet art qu'ils utilisaient différemment …

Comme dans tous les domaines, dans l’univers des combattants il y a le troupeau, c'est-à-dire ceux qui ne sortent pas du lot, il y a les échecs, ceux qui n’arrivent à rien malgré des efforts ardus et enfin, il y a les génies, ceux qui se démarquent par leur talent souvent inné ou bien acquis après des acharnements physique et mental. Le jeune garçon qui se tenait actuellement en face de la Natsumi était de la dernière catégorie. Mairu le connaissait à peine mais la jeune femme était certaine que le gamin aux cheveux blancs devait être connu pour ses aptitudes qui devaient faire de lui un être craint et écouté par les grands de ce monde bien qu’il ne fût qu’un enfant.

Même le Rokudaime Mizukage, être pourtant si méfiant semblait faire confiance au Petit génie allant jusqu’à lui accorder son amitié. Chose dont Mairu savait que le Shinda n’offrirait pas à quiconque la convoitant. Connaissant assez bien celui qui était son amant en plus de l’être qu’elle servait, tout comme elle savait qu’il était bien difficile d’obtenir le cœur du Fossoyeur, la samouraï était certaine qu’il devait être tout aussi laborieux d’obtenir la confiance de Michiki. C’était surement une chose dont il fallait acquérir au prix des grands efforts qui pourraient pousser beaucoup à abandonner. Le fait que le jeune Hiko avait réussi cet exploit suffisait à Mairu de reconnaître la valeur du petit garçon ; sans compter le fait qu’il lui avait déjà démontré de quoi il était capable lors de cette poursuite orchestrée par la Mizukage l'autre jour.

La Natsumi connaissait à peine le jeune Sairyo mais elle l’appréciait déjà et non pas parce qu’il était venu à son secours mais parce qu'il paraissait plutôt humble et poli que les jeunes kirijin qu’elle avait croisés jusque-là et qui s’étaient montrés d'une arrogance méprisable. Mais, étant très bien placée pour savoir que l’apparence était souvent traitresse, la jeune femme ne désirait pas pourtant avancer une conclusion hâtive en qualifiant le Petit génie d’un gentil garçon. La samouraï savait pertinemment que les plus redoutables des créatures pouvaient arborer l’apparence des anges.

- Tu me sembles très doué en sensorialité alors si on se concentrait sur une technique liée à cette aptitude ? … Une technique d’anticipation par exemple ? … Tu dois certainement le savoir mais je suis incapable de manipuler le chakra mais je peux localiser des êtres grâce à l’aura.

Si son enseignant du jour avait été Michiki, Mairu se serait permis de le taquiner on lui réclamant une technique dont elle savait qu’il n’était pas en mesure de lui enseigner, comme une technique liée au sabre par exemple, mais face au jeune Sairyo, la Natsymi préférait se conduire en adulte responsable.

En attendant la réponse du Petit génie, la Natsumi fixa ce dernier d’un regard serein alors que le jeune garçon descendait une quantité considérable des bonbons.

Au moins la jeune femme savait d’ores et déjà quoi offrir à son jeune entraineur pour le remercier plus tard de l’entrainement qui n’avait pourtant pas encore débuté …

L’anticipation, la samouraï exploitait déjà cette technique qui lui était plus qu’utile pour contrer les attaques surprises et lire les mouvements des ennemis dont certains se révélaient d’une rapidité déconcertante mais la Natsumi admettait elle-même que sa maîtrise de cette aptitude laissait à désirer. Surement que, malgré les années de pratique, elle ne s’était pas assez concentrée sur le perfectionnement de cette technique car jusqu’à présent elle se contentait de l’améliorer à travers ses entrainements dans le but non pas de parfaire sa maîtrise de l’anticipation mais d’aiguiser son maniement des armes blanches ou de ses attaques au corps-à-corps pur. Chose qui la poussait à anticiper les mouvements de l'adversaire afin de savoir le prochain endroit où frapper, là où il y avait une ouverture.

Mairu a toujours été une personne qui tendait à se focaliser beaucoup sur l’offensive, négligeant ainsi l’importance de la maîtrise les autres aptitudes qui contribuaient pourtant plus que fortement à la victoire lors d’un affrontement.

Au fil des années, la jeune femme comprit cependant que la polyvalence valait mieux que la haute maîtrise dans un seul domaine alors elle a commencé à aiguiser sa défense mais négligeait toujours la maîtrise des techniques utilitaires. Ces techniques qui ne permettaient ni de se défendre, ni d’attaquer mais qui contribuaient à la réussite de l'attaque ou de la défense.

Depuis que la samouraï a acquis la maîtrise du fuinjustu, elle a commencé à se pencher sur les techniques dites utilitaires car cette spécialité contribuait surtout à préparer le terrain à son avantage. L’importance de l’anticipation, elle l’avait réellement assimilée cependant seulement lorsque son senpai Yadōkai lui avait lancé une attaque d’une puissance telle qu’elle y aurait laissé la vie ou bien s’en sortir gravement blessée si Michiki n’était pas intervenu pour la protéger. Si elle avait pu anticiper cette attaque foudroyante alors elle aurait pu préparer une combinaison de défense pour amoindrir au moins son impact mais au lieu de cela elle s’était laissée surprendre comme une véritable novice. Depuis ce jour, qui aurait pu être son dernier si elle avait été seule face à un véritable ennemi, la Natsumi désirait se pencher sérieusement sur l’amélioration de son anticipation. Et aujourd'hui, elle avait le partenaire idéal pour lui apprendre à perfectionner sa maîtrise de cette technique.

- Hiko-san, mon anticipation est basée sur ma maîtrise du taïjustu. J’utilise essentiellement mon regard pour lire chez l’adversaire afin d’anticiper sa prochaine action … J’aimerais que tu m’aides à perfectionner ma technique d’anticipation si possible ? Donc rester sur la base que j’ai acquise mais que je n'arrive pas encore à maîtriser à la perfection. Pour l’instant je ne suis capable d’anticiper qu’une attaque de force moyenne. Dès qu’il s’agit d’une offensive d’une force destructrice, je suis complètement à l’ouest, avoua sans gêne la jeune femme qui admettait entièrement sa lacune.

La technique d’anticipation de la samouraï était basée sur ses réflexes et son regard aiguisés au fil des années de combats au corps-à-corps. Cette aptitude lui permettait de lire visuellement les différents signaux émis par le corps de l’adversaire afin de prédire la prochaine action de ce dernier mais sa lacune évidente dans la maîtrise de cette technique ne lui permettait pas d’anticiper une attaque de haut niveau ou d’une grande complexité.

Partant du principe que son jeune enseignant avait compris ce qu’elle attendait de lui, la samouraï esquiva tous les cailloux que Hiko lui bombarda par une simple succession de déplacement tout en gardant les yeux ouverts pour évaluer la trajectoire des projectiles. Exercice qui se révéla fort aisé pour la samouraï qui avait assez d’expérience en combat au corps-à-corps qui la poussait à esquiver des coups directs de l’ennemi mais la Natsumi savait que la difficulté ne tarderait pas à tomber …