PNJ:

Snow et Batz, restaient de premier abord plutôt silencieux, car ils n'oubliaient pas que la garde avait l'autorité sur le village et cette punition, si horrible pouvait-elle paraître, serait sans doute justifiée à leurs yeux. La seule raison d'avoir laissé ces cadavres pourrir à une corde en haut de ces murailles, ne pouvait être qu'une volonté d'avertissement. Mais d'avertissement pour quoi ? De même, en quoi cela pouvait les concerner ? Pourquoi les vieil homme Koshiro les avait envoyé ici ? Les complaintes des femmes ne les touchaient guère, du moins ils ne se formalisaient pas pour si peu, l'un et l'autre avait déjà vu bien pire et le résultat de l'horreur à laquelle l'on s'accoutumait, était aussi le recul émotionnel que l'on pouvait avoir par rapport à celle-ci. Ce ne fut pas pour autant que Snow et Batz ne se sentirent pas concerné par l'événement, personne de sensé et possédant un cœur ne pourrait avoir envie de passer son chemin devant tout cela. Snow comptait se rendre vers les gardes, afin de comprendre ce qu'il en était et ce qui justifiait une telle mise en scène. Cependant Akane, sous le regard amusé de Batz, qui savait que cela déplairait à Snow, jugeait qu'il était préférable de simplement n'en faire qu'à sa tête et d'aller couper les cordes des pendus, l'une après l'autre, afin que les corps retombent au sol et reviennent aux femmes qui les pleuraient. Certains avaient atteint un tel de pourrissement qu'ils éclataient partiellement à la chute, laissant émaner encore plus fortement l'odeur de la putréfaction qui les décomposait.

Cela n'empêchait en rien les femmes de courir pour les récupérer, sauf certaines parmi elles, qui craignaient le coup de bâton des gardes présents. Snow ne soupirait pas, mais il était mécontent, non pas qu'il n'aurait pas aimé le faire lui-même, mais que cet acte pouvait leur causer des ennuis et qu'Akane n'avait vraisemblablement pas réfléchit avant d'agir. Les gardes n'aimaient manifestement pas ce qu'elle venait d'accomplir et lui firent savoir en commencer à beugler comme des gorets. Qu'elle fut Shinobi, et de Kumo, les empêchait d'aller plus loin qu'en usant de jurons, heureusement pour l'équipe. En effet, Kaminari restait militairement sous la coupe de Kumo, et l'équipe Arukadia avait l'ascendant d'une certaine façon sur une simple garde de village formée sans les ordres du village principal. Les gardes se mettaient pourtant en formation de défense, comme s'ils eurent été frappés eux-mêmes. Batz commençait déjà à grogner en posant la main sur le manche de son épée, alors que Snow, paisiblement, avançait vers eux sans vraiment craindre qu'ils ne répliquent par les armes. Plus il avançait, plus l'un des gardes, sans doute l'officier qui avait leur charge, se détachait du reste du groupe pour le rejoindre. L'un et l'autre parvinrent rapidement à portée de voix basse. Demeurait Batz en retrait, qui laissait passer l'un de ces sourires malsains dont il avait le secret. Il était dirigé vers les autres gardes, plus loin, qui semblaient vouloir en découdre malgré leur retenue, mais la masse noire du guerrier qui savait montrer que l'excitation du combat le galvanisait, et que sa puissance n'avait rien de surfaite, les maintenait pour le moment en respect. L'officier qui venait vers Snow était plus calme, plus distingué, et la conversation qui s'engageait entre les deux hommes étaient plus aimable que ce que l'on aurait pu croire au premier abord.

-Vous êtes l'équipe Shinobi en charge de la mission du marchand d'art c'est ça ?
-En effet.
-On m'avait prévenu. Ce qui se passe ici n'est pas vraiment votre affaire ? Je peux savoir ce qu'il prend à votre amie ? Ces hommes ne devaient pas être détaché avant deux jours.
-Elle est douée de sentiments de compassion, les femmes vous savez. Il faut dire, que nous n'avions pas vu ces méthodes depuis les anciennes guerres. Pourrais-je savoir ce qui mérite un tel châtiment ?
-C'étaient les meneurs d'une petite révolte il y a une semaine. Les pauvres ont tenté de pénétrer en masse les postes de garnisons pour prendre les armes. Nous les avons repoussés et capturés ceux que vous voyez. Le chef de la garde a ordonné qu'on les pendent et qu'on les y laisse quelque temps pour avertir de ce qui attendait ceux qui auraient encore la mauvaise idée de se rebeller.
-Vous ne me facilitez pas la tâche.
-Pardon ?

Snow tournait le regard vers les corps au sol, durant quelques instants, il ignorait complètement l'officier, puis relevait le visage vers Akane pour lui intimer l'ordre du regard de redescendre et de ne pas faire plus de vague. Il se retournait ensuite vers l'officier avec qui il parlait et se montrait un peu "supérieur", non par le ton, ou l'attitude, mais simplement par la véracité de ce qu'il disait.

-Je suis là pour arrêter un groupe, dont vous augmentez les rangs par ce genre d'actes barbares. L'avertissement que vous escomptez va seulement donner plus de haine à exploiter pour nos ennemis.
-Nous obéissons aux ordres. Plaignez-vous à notre officier si vous voulez. Vous aussi je crois, vous obéissez à des ordres. Ne prenez pas de haut comme si vous étiez un saint. SHI NO BI.
-Nous ne sommes pas Shinobi. Intervenait Batz sèchement d'une voix roque.
-Si vous le dites. Ça m'est égal à moi. Je vous conseille seulement de rester sur vos prérogatives et de ne plus vous mêler des affaires qui ne vous regarde pas, tenez dont votre petite fille en lesse, sinon je serais obligé de lui apprendre moi-même où est sa place.

Snow plongeait son regard dans celui de l'officier, il venait de le menacer, alors le samouraï blanc répondait à son défis en le lui signifiant d'une œillade qu'il y répondait. Et Batz comme Akane, savait comme Snow pouvait lui aussi écraser autrui simplement en regardant. Menacer un membre de sa famille n'était pas la meilleure idée qui soit et Batz derrière n'en perdait pas le sourire. On sentit et vit les soldats plus en arrière maintenir plus fermement leurs armes, comme si la rixe allait finalement venir. Puis Snow, qui était de nature à privilégier la réflexion à la passion se reprit pour parler avec certes moins de violence, mais sans omettre de faire entendre au ton qu'il employait qu'il ne plaisantait nullement.

-En tant que Jonin de Kumo, ma place est au-dessus de la votre et de celle de votre officier, qu'il vous en déplaise, MI LI CIEN. Laissez dont enterrer ces hommes par leurs femmes. Leurs larmes auront bien assez servit d'avertissement.

Le garde bouillonnait, mais il savait que la hiérarchie était du côté de Snow, alors il fit un geste de main et les gardes s'en allèrent vers la porte avec lui. Snow savait que cet épisode malencontreux jouerait en sa défaveur. Et si relâchement il y eut après cela, il n'allait pas laisser passer quelque chose qui lui avait fortement déplu . Batz s'en allait vers les femmes à ce moment, pour les aider à transporter les hommes, il leur demandait notamment si elles n'avaient pas une charrette à leur disposition et il y 'en avait justement une à proximité sur laquelle il pouvait disposer les cadavres à fin qu'elles les emmènent se faire enterrer. Snow, retournait son regard vers Akane et celui-ci se montrait sévère, plus qu'elle en eut sans doute l'habitude et le ton qu'il employait, sans crier, était pourtant étonnant de fermeté, surtout venant de sa part, car il était un homme habitué de nature à s'imposer bien plus par la douceur et la subtilité .

-La prochaine fois que tu fais passer tes sentiments avant ton bon sens en mission, je te le ferais payer cher. Est-ce bien comprit ? J'aurais fait ce qu'il fallait sans avoir à les provoquer, maintenant nous avons des ennemis de plus dans la cité. Apprend à te tenir. Des horreurs de ce genre tu en verras d'autres sur le front, et des biens pires, j'ai un besoin d'un soldat, si tu veux jouer aux saintes, rejoints-donc un des ordres religieux, mais ne joue pas au Shinobi.

Pas certain qu'Akane aura comprit... Snow ne lui en voulait pas d'avoir coupé les cordes dans l'absolu, il lui en voulait de l'avoir fait sans s'être assurée qu'au préalable les soldats ne le prendraient pas mal. Snow avait tout autant qu'elle la passion du peuple, le soucis des petites gens, mais il restait un soldat, et savait que le monde était bien plus subtile, qu'il ne suffisait pas d'agir en héros sans peur et sans reproche, sans condition, pour les sauver. Toute fois cet épisode lui servait de leçon et lui livrait une information. Il interpellait Batz en suivant.

-Nous allons nous intéresser à cet officier qui a donné cet ordre.
-Pourquoi cela ?
-La garde... Selon Koshiro... Si je devais faciliter le recrutement des troupes de mon organisation, dans les conditions présentes, c'est exactement ce que je ferais. Je leur donnerais encore plus de quoi haïr les maîtres et les riches.
-Tu crois vraiment ?
-Rien n'est sûr. Mais mon intuition me le dit.

Snow se dirigeait ensuite vers la porte, en plantant Akane où elle était tandis qu'elle était rejointe par Batz. Se plaçant à côté d'elle, il lui posait la main sur l'épaule et lui fit un petit sourire compatissant.

-Il a eut peur pour toi, c'est pour ça qu'il t'a réprimandée. Ne lui en veut pas. Tu sais, il n'a pas tort, nous voulions tous les trois les décrocher, mais on ne pouvait agir à tort et à travers. Nous n'avons vu des choses bien plus grave et en avons fait d'autres aussi... Snow veut que tout cela cesse plus que toi et moi encore. Un monde parfait. Mais il a raison, on ne peut pas juste tuer tout le monde et en faire qu'à notre tête. Allez allons-y. Nous allons rencontrer ce chef de la garde à présent je pense.

PNJ:

Fort heureusement, Snow connaissait déjà l'emplacement du QG de la garnison de la cité, une chose en moins qu'il aurait a recherché. Il n'était pas du genre rancunier et si Akane comprenait les raisons qui l'avaient poussé à la réprimande, alors il n'y avait rien de plus à ajouter, et il n'y avait aucune raison d'y passer des jours entiers. Celui qui ne haït jamais, ne se permettait pas, avec qui que ce soit, de rester sur une note trop négative. L'affection qu'il portait à Akane avait été maintes fois prouvées, certes avec subtilité, mais Snow n'était-il pas du genre à mesurer tout ce qu'il faisait pour en tirer chaque fois le meilleur parti ? Ses affaires affectives n'étaient pas en reste de ce côté-là, et même s'il se savait jugé avec sévérité à cause de cela, qu'un homme puisse avoir le contrôle de ses émotions à ce point était en soi un véritable exploit, quoi qu'il lui restait encore de nombreuses faiblesses qu'il dissimulait plus au moins facilement selon les cas et les moments.

Il avait parfois, cette façon de contenir en lui si fortement l'émotion, d'un socle si rude, que derrière le sourire paisible qu'il affichait, pour qui le connaissait réellement se lisait encore toute la douleur que pouvait contenir un homme. C'était alors sans doute dans ces moments, que Batz et lui étaient le plus semblable. Batz qui justement accompagnait Akane, veillant sur elle sans cesse, même pour une simple marche comme celle qui les attendait, à travers les rues pauvresses où les manants et les courbés dévisageaient les individus comme si tous suspectaient quelque chose. Snow n'y prêtait pas vraiment attention, ni Batz d'ailleurs. Le QG de la garde disposait d'un grand bâtiment, à la frontière du quartier pauvre et du quartier riche, certainement financé par un genre de conseil de cité, car étant donné l'état et l'agencement, il y avait clairement une belle somme derrière. Le bâtiment était rudement bien gardé, que ce fut de l'extérieur ou de l'intérieur, où les trois protagonistes furent accueillis, avec certes l'égard dû à leurs rangs, mais sans omettre une certaine irrévérence, comme si l'on souhaitait leur signifier qu'ils étaient légèrement de trop dans l'endroit.

Tout le monde dans ce bâtiment semblait avoir entendu parlé des trois "shinobis" venu de Kumo à la demande d'un résident, et tous les regards qui leurs furent portés ne mesuraient pas la dignité dû à la puissance Kumojin loin de là. Malgré tout, on leur indiquait le bureau du chef de la garde que Snow souhaitait interroger personnellement. Il se situait au dernier étage, le second, dans une vaste pièce désordonnée, croulant sous des piles de dossiers. À l'intérieur y siégeait un homme d'une trentaine d'années, comme Snow et Batz. Il était un très beau brun aux yeux bleus, presque aussi bleus que ceux de Snow et aux cheveux presque aussi noir que ceux de Batz. Il avait l'air à l'aise, légèrement imbus de lui-même, mais sans omettre la quantification de sa propre hauteur. En effet, il se mesurait manifestement à juste titre, haut parce qu'il l'était par l'apparence et la condition physique, charismatique, mais n'en oubliait pas la hauteur de sa propre position.

Le chef de cette garde, qui se présentait au nom de Jimbei Genzö se montrait plus avenant que ses sbires, accueillant les trois comparses avec la révérence qui leur fut dû. Les invitant à s'asseoir devant son bureau où étaient disposées quatre chaises. Batz préférait rester debout et le signifiait poliment. Il impressionnait le jeune homme par sa carrure, qui se demandait ce qu'une telle bête pouvait faire avec les deux autres de qui il paraissait si différent, du moins c'est ce que Snow pensait remarquer à son regard. Les deux hommes, Snow et Genzö, se jaugeaient mutuellement tout en faisant usage des formules de politesses habituelles et distinguées. Snow prenait place sur l'un des fauteuils contrairement à Batz qui restait derrière lui. Il était clair pour le guerrier noir que son ami, comme il l'avait souvent fait, allait analyser l'homme qu'il avait en face de lui par une simple conversation aux mots habilement choisis.

-J'ai déjà entendu parlé de votre intervention aux anciennes murailles. Mon échanson n'a pas du tout apprécié. Était-ce réellement nécessaire ? Dit Genzö sans vraiment mettre de conviction dans le ton.
-Rien n'était nécessaire, mais vous devez savoir que ces démonstrations ne sont pas dans le goût de Kumo non ? Je n'irais pas faire un rapport là-dessus, mais il m'a semblé un peu excessif d'aller jusque-là.
-Pas dans le goût ? J'ai ouï dire qu'après la bataille des trois, Kumo avait noyé tous ses prisonniers pour les laisser flotter près de la plage où avait eut lieu la bataille.
-C'était il y a 13 ans maintenant. Je crains que cet exemple ne trouve pas un grand écho pour qui que ce soit aujourd'hui.
-Vous connaissez vos classiques.
-Non, j'y étais tout simplement.
-Les guerriers qui vivent si longtemps sont rares par les temps qui courent.
-J'ai beaucoup de chance.
-Ce n'est pas la chance qui vous conduit vous et vos deux amis dans ce bureau je le crains.
-En effet. J'éprouve avec mes amis quelques difficultés avec ce qu'on appelle ici le CEF. Je requerre votre aide, j'ai bien demandé à vos hommes de faire des recherches, mais ils me semblent très... occupés ces temps-ci.

Il y'eut un léger temps de silence, certes il y avait pour cause la petite provocation de Snow, qu'il déguisait sous le ton de la plaisanterie sympathisante, mais Genzö n'était pas dupe et surtout, ce moment de silence en disait assez long pour que Snow se fit une déduction à lui-même.
-J'éprouve moi-même beaucoup de difficultés avec eux. Les pendus que vous avez trouvés prônaient que ce comité allait renversé le conseil bourgeois de la ville pour améliorer la condition des pauvres. Leur chef, est insaisissable.
-Parler n'est pas un crime je croyais.
-Sauf si les paroles peuvent conduire à une émeute vous en conviendrez.
-J'en conviens. Mais que voulez-vous dire par insaisissable ?
-Nous ne connaissons ni son nom, ni son visage. Il se fait appeler la pince noire, c'est tout ce que l'on sait.
-Une information que mon client a oublié de me transmettre.
-Ce n'est connu que de certains milieux.
-Les hommes qui ont libérés les trois voleurs de la galerie d'art portaient des uniformes de votre garde. Pensez-vous que vos subordonnés soient totalement loyales ?
-Qui peut être sûr de la loyauté d'un homme réellement selon vous ?

Un sourire de Snow répondait à la question de Genzö. Cette réponse, était vraisemblablement lourde de sens pour le samouraï blanc.

-C'est effectivement une bonne question.

PNJ:

Snow plissait le regard sur Genzö lorsque Akane intervenait. La question était à la fois légitime et finement placée, et lui qui laissait place à son silence, observait avec une grand attention les réactions du chef de cette garde. Il avait l'air de ne pas paniquer, de se trouver plutôt à l'aise même. Il était vrai que parmi toutes les missions exécutées, aucune de celles classées en B n'avaient été aussi rudement difficile à réussir. Quand Genzö lâchait un sourire énigmatique à Akane, le premier à y répondre fut Batz, qui non dans la parole mais dans le regard, lui fit remarquer qu'il valait mieux se tenir tranquille. Il n'eut pourtant pas l'air non plus de porter une grande importance à cela. La situation était telle que finalement, même si le trio avait l'avantage hiérarchique, le chef de cette garde n'avait pas tant à se soucier de leur jugement pour le moment et il ne se cachait pas de le savoir. Il fallait ajouter qu'Akane permettait à Genzö d'esquiver encore pendant un certain temps les questions de Snow concernant la loyauté de ses hommes, mais le samouraï blanc ne l'oubliait pas pour autant et y reviendrait au moment venu.

-Les hommes malins savent se dissimuler. La pince noire recrute dans les bas-fonds, nous le savons par les tractes que nous y avons trouvés. De plus, une telle rumeur ne peut sortir sans un semblant de vérité et s'il n'existait pas, les pauvres ne feraient pas tant d'histoire à son sujet.
-Pour financer une armée, ou quelque soit le nom que l'on puisse donner à un groupe, on ne donne pas les fond dérobés à des associations.
-Le CEF est peut-être réellement à la solde des pauvres. Se fournir des armes qui plus est n'a rien d'extraordinaire, avec les guerres Shinobis, il n'y a qu'à se pencher sur les cadavres laissés sur les champs de bataille pour en avoir.
-Et vous, bon garant de la structure sociale, vous ne pouvez permettre à des pauvres des revendications.
-La cariatide existait avant ma naissance et existera après ma mort. Ce ne sont que des idéalistes, mais mon travail est de maintenir l'ordre, quel qu'il soit. Pas vous ?

Batz redescendait le regard sur Snow, il savait, connaissant son ami, que cette question le toucherait directement au cœur. Snow restait cependant, d'apparence en tout cas, tout à fait imperméable, même, il semblait prendre tout à fait bien la remarque déguisée derrière la question.
-Les prérogatives de Kumo sont quelque peu différentes.
-Différentes ? Les villages Shinobis sont en guerre depuis leur création, depuis plus de 15 ans, une longue guerre parsemée de trêves. La grande guerre n'a jamais prit fin et vous le savez. Quand l'ennemi ne vient pas de l'extérieur, comme Makka ou les Furyou, elle vient de vous-même. Les Kage tombent comme des mouches, les soldats meurent par centaines. Vous faites de la politique de bas-étage, mais nous les civils et les seigneurs, empêchons les pauvres gens sans pouvoirs chakratique de s'élever contre vous en maintenant l'ordre sociale que vous suggérez défectueux et nous n'en retirons aucune gloire contrairement à vos légendes.

Genzö ne s'était pas montré agressif, mais il mit néanmoins plus de conviction dans ce qu'il dit cette fois-ci. Snow, malgré lui, ne pouvait que trouver un certain écho de ses propres pensées, dans ce qu'il venait d'entendre. Il n'oubliait pas aussi qui il était ni pour qui il travaillait. Ni enfin, pour quelle raison il était ici. C'était donc sur un ton tout à fait paisible qu'il répondait, mais en arborant un regard beaucoup plus ferme.
-Le sujet hélas messire, est la loyauté de vos hommes. Vous êtes convaincu de l'existence du CEF et de cette pince noire, le soucis, c'est que vos miliciens se recrutent dans la même couche sociale que ce CEF, comment puis-je être sûr alors que vous n'avez pas de dissidence dans vos rangs ?
-Vous ne pouvez pas plus que moi. Il me semble que les Kumojins n'ont pas été en reste au niveau rébellion dernièrement je crois d'ailleurs.
-Ces rebelles là ne cherchaient pas le bien être de la populace cependant.
-Cela va de soit, pourquoi des Shinobis, vous, qui avez des pouvoirs de demi-dieux, s'intéresseraient à ce qui est en bas de vous, et ce depuis l'instant même de votre naissance.

Le visage de Batz grognait, il se ridait, comme celui d'un chien qui remontait les lèvres pour présenter ses crocs. Réaction prévisible, quand on savait de quelle fange venait le guerrier noire, né dans la boue, putride, sanglante, sous le corps d'une mère pendue à un arbre avec plusieurs autres paysans. Snow, qui était plus modéré, figurait cette fois un visage froid, froid comme la glace, qui fixait les traits et les contours de celui-ci dans une beauté qui se faisait cette fois menaçante. Le timbre de voix y demeurait souple et doux, pourtant, la subtilité qu'il y engageait ne laissait pas de doute sur l'importance du sujet qu'il venait à évoquer.

-Je ne suis pas Shinobis. Je suis samouraï. Je suis né civil, trouvé dans le foin d'une écurie par un palefrenier qui m'a vendu aux mines pendant des années avant de trépasser avec ma mère de la famine. Je ne suis devenu soldat, que par l'entrainement et la volonté, parce que les Shinobis se sont incrustés dans ma vie sans me demander mon consentement. Ainsi messire, je pense très bien connaître la condition de populace.

Il y eut un long silence, Genzö, cela se voyait, se trouvait surprit et ne savait que répondre. La surprise paraissait lui être agréable pourtant, comme s'il trouvait plus de sympathie à Snow en apprenant de quelle engeance il vint.
-Il est vrai que les samouraï sont alliés de Kumo de longue date.
-J'ai besoin d'informations Messire. Comment puis-je trouver ce CEF ?
-Les hommes que vous avez trouvé pendus, clamaient haut et fort qu'une révolte qui changerait les choses arriverait bientôt. Nous avons tentés de les faire parler, mais aucun n'a délié sa langue. Peut-être vous suffira-t-il de patienter et ce seront eux qui viendront à vous.
-Vous craignez une attaque ? Seraient-ils assez fou pour vouloir prendre le contrôle d'une ville ?
-Les shinobis sont occupés à la guerre, il n'y a que nous pour maintenir l'ordre, et il se trouve que nous n'avons pas de pouvoir comme celui de cracher du feu.
-Ce serait d'autant plus problématique si vous étiez infiltrés de l'intérieure.
-Vous comprenez dont mes difficultés.

PNJ:

Le chef de cette garde, Genzö, était habile, plus que la plupart des gens moyens. Il apparaissait à Snow comme quelqu'un de suffisamment intelligent non seulement pour mettre toute cette mascarade en route, mais aussi justement trop intelligent pour en être l'instigateur du moins pour se laisser prendre trop au jeu qu'ils étaient en train de mettre en route tous les deux, lui et Snow. S'il était quasiment certain que Genzö lui cachait quelque chose, il doutait un peu qu'il soit le chef de tout ceci. Il avait l'air, derrière ses airs assurés, d'être en même temps un homme de principe. Le profil ne concordait pas exactement, un homme de principe ne volerait pas, mais le soucis de la pauvreté transpirait en lui alors même qu'il reniait. C'était lui après tout qui ne cessait d'invoquer la condition sociale à tout bout de champs comme une mauvaise chose, alors qu'il était aussi celui qui se réclamait de la combattre le plus strictement possible. Selon lui il devait faire avec les risques de révoltes, mais aussi de mutinerie, à l'entendre il vivait dans une poudrière prête à exploser.

Snow avait besoin d'un moment, pour reprendre le plus efficacement possible la conversation, heureusement Akane, en digne apprentis, savait garder le rythme pour rebondir et ne pas permettre à Genzö d'en faire autant. Il aurait pu apparaître effronté de considérer immédiatement un membre de la garde, donc directement affilié à Kumo, comme corrompu, mais les affres de la guerre permettaient aux gens douteux de s'élever, et à d'autres de profiter de leur liberté. En effet, Kumo ne pouvait pas être partout, et c'était ce qui permettait à ce genre individus de placer leurs pions. Cela pouvait sembler paranoïaque, mais il était véritablement évident qu'une personne sans éducation ou sans appui ne pourrait mettre tout cela en place. Cette pince noire, si tant est qu'elle existait, et Akane en demandait à juste titre des preuves, ne pouvait être -que- de basse extraction.

Genzö ouvrait un tiroir de son bureau et en sortit l'un de ces tracts quand Akane lui intimait l'ordre. Snow la laissait le récupérer pour regard de côté, tandis que Batz, toujours debout, en fin autant par-dessus l'épaule de la jeune fille. Pendant que chacun lisait et cherchait à trouver un détail intéressant, Genzö commentait.

-Il n'y en a plus en circulation j'y ai veiller. Comme vous pouvez le voir, c'est un discours somme toute radical qui appelle aux armes, et qui est signé CEF. Quoi que le nom de Pince noire n'y apparaît pas, étant des militaires vous savez que pour faire cela il faut une organisation, et pour qu'il y est une organisation il faut leader. Nous n'avons pas d'autres revendication que l'ordre public, nous la garde mademoiselle, et comme vous pouvez le voir, nous coopérons du mieux que nous pouvons avec Kumo.

Genzö ignorait littéralement les remarques d'Akane concernant les facultés Shinobi qui ne découlait que d'un entraînement. Il la regardait même, il fallait dire, de très haut sur le moment, comme si le fait de renier cette différence pour n'en faire que le résultat d'un travail l'avait profondément blessé. Batz derrière, fixait alors Genzö, violemment, mais silencieusement, un regard qui étonnamment n'impressionnait nullement le chef de la garde. Il se savait en effet en sécurité et que Batz n'avait pas le droit de le toucher pour un "regard" qui lui aurait déplu. Snow était alors plongé dans sa réflexion, cela aurait pu en rester là, mais Genzö cherchait alors à s'imposer au près de Batz, qui étant debout et derrière était de fait un subordonné, c'était d'ailleurs peut-être pour cela qu'il prit plus d'aise avec lui. Cependant il ignorait sans doute que le chien fou, avait beau être fou, il n'était pas stupide.

-Un problème Shinobi ? Cette façon de me regarder.
-Je ne suis pas Shinobi, pas plus que vous en êtes un vous-même.
-Vous maniez une épée et moi aussi. Mais moi en plus j'ai une armée.
-Combien de bataille avez-vous mené ?

Un silence, car il était certain que cet homme n'avait qu'une milice sous ses ordres. Il fixait Batz du regard, Snow pensait à intervenir, mais il trouvait cela intéressant et susceptible de pousser Genzö dans un retranchement, alors il laissait faire. C'est ainsi que Genzö reprenait.

-Et vous ?
-Je suis né sur les restes d'un champ de bataille.
-Quelle belle poésie.
-Ce n'est pas de la poésie, c'est juste vrai.

Genzö comprenait alors ce que voulait dire les restes d'un champs de bataille. Ce n'était pas du lyrisme, c'était littéralement vrai. Batz commençait cette fois à écraser de sa présence le jeune-homme, mais pas encore assez pour qu'il ne perdre de sa suffisance ou de son verbe. Quoi qu'arborant un regard dur, Batz avait le timbre aussi roque que calme, et transpirait de maîtrise de lui, une maîtrise de la violence et du sang que l'on devenait sur chacune de ses cicatrices au visage ou de son bras manquant.

-Je vois beaucoup d'hommes comme toi. Asocial et inadapté à la civilisation. Tu ne sais réellement vivre qu'en guerre. Tu as envie de me tuer hein ? Parce que j'ai mal regarder la petite fille. Cela ne me gêne, fais à ton aise.
-Provoquer mon ami n'est pas se rendre un service, pour qui que ce soit Messire Genzö.
-Tenez dont vos hommes, avant de me reprocher comment je gère les miens.
-Si mon ami n'avait que faire mon avis, vous seriez mort maintenant. Je suppose que mon influence est donc notable. Il me reste une dernière question, et nous vous laisserons à vos affaires. J'ai rencontré un vieil homme, Koshiro dans la quartier pauvre. Cela vous dit-il quelque chose ?

Un millième de secondes trahissait la surprise de Genzö à l'évocation de ce nom. Il se reprit très vite, mais cela n'échappait pas à Snow qui ne relevait pas, pour le laisser parler et entendre ce qu'il aurait à dire sachant qu'il le connaissait obligatoirement vu sa réaction.
-C'est un ancien de Tetsu, qui a été entraîné dans une milice à cheval, pour combattre les brigands il y'a environ quinze ans. Apparemment lorsque son capitaine a épousé une fille de petite noblesse, il y a eut un massacre durant la noce, le père de la jeune femme exécuté froidement dans sa chambre et l'un des frères empoisonné au repas. Cette famille finançait sa milice, et a donc cessé, fait prisonnier son capitaine et les patrouilleurs de Kariska ont cessé d'exister. On dit qu'il est dans la rue depuis à essayer d'aider tous les gens qu'il peut, mais toujours sans argent... C'est un illuminé. Pourrais-je savoir comment vous avez entendu parlé de cet homme ?
-Il a fait un coucou à Batz. Répondit ironiquement Snow en se levant. Nous allons vous abandonner, je vous remercie pour le temps que vous nous avez accorder.

Puis Snow se dirigeait vers la porte sans même attendre la fin des formules de politesses de Genzö.

PNJ:

Snow avait obtenu à peu près ce qu'il voulait lorsqu'il était déjà sortit du bureau pour directement quitter le casernement. Il était suivit de Bate et de Akane bien sûr, celle-ci qui n'aura pas pu retenir la finesse de son éloquence. Elle était parfois, souvent en fait l'incarnation de ce dicton bouddha, qui dit que la langue tue sans sang, aussi bien qu'un sabre aiguisé. Il n'avait cependant rien à lui reprocher, elle avait été de son point de vue parfaite, mais elle avait déjà reçu assez de louange, alors il ne lui fit pas part de la fierté qu'il en ressortit. Il était aussi fier de Batz, qui avait fait preuve de discernement et de retenue, plus qu'il en avait l'habitude en tout cas. Connaissant la bête, il était claire qu'il y a cinq ans la tête de Genzö serait simplement tombée au sol au premier mauvais regard. L'entretien avait été assez long, il était d'ailleurs assez rare que Snow mette autant de temps à saisir une personne, à l'analyser, ce qui était une preuve de la finesse de cet homme aux yeux de Snow. Il était habile, mais pas suffisamment pour le samouraï blanc. Il paraissait pourtant inquiet, quoi que la sérénité ne le quittait toujours pas, il avait par le regard une légère absence qu'un œil avertit le connaissant bien pouvait déceler.

Quand ils se trouvèrent à la sortie, c'était Akane qui prenait les devants, elle avait à peu près saisit les mêmes choses que Snow. Pouvait-on penser qu'il avait une bonne influence sur elle ou qu'elle possédait des talents prédisposées ? La seule ne revenait ni à l'un ni à l'autre. Snow avait l'air épuisé, bien qu'il le cachait fortement bien. C'était Batz qui pouvait le faire entendre Akane, par le regard qu'il projetait sur son ami. Bien étrange sachant la bonne nuit qu'ils avaient pourtant passés, mais c'était bien le cas. Snow entendait Akane, mais il ne lui répondait, il regardait le vide, comme s'il eut été inatteignable par quoi que ce soit, c'était donc Batz qui répondait.

-Si c'est une presse clandestine, et s'en est forcément, ça peut nous prendre des semaines avant de la trouver. Surtout si ce mec a la garde dans la main. Cette histoire dépasse une mission de rang B. Y'a des choses pas logiques. Un client nous demande de trouver qui le fait chanter. Et on se retrouve face à un début de révolte fomenté par un chef de milice corrompu. Nous devrions demander des renforts je crois.
-Mette... Intervenait Snow à la limite du murmure.
-De quoi ?
-Akane a dit "Il est temps qu'il met cartes sur table". Qu'il mette cartes sur table l'on dit.

Batz arquait un sourcil vers Snow, il en restait dubitatif. Qu'est-ce qu'on s'en fou essayait-il de lui transmettre du regard alors que Snow relevait le sien vers lui justement.
-Le garde qui s'occupait des pendus a dit que les hommes avaient commencés une révolte en tentant de prendre des armes, pourquoi Genzö n'a-t-il pas parlé de ça ?
-De quoi tu parles ?
-"C'étaient les meneurs d'une petite révolte il y a une semaine. Les pauvres ont tenté de pénétrer en masse les postes de garnisons pour prendre les armes. Nous les avons repoussés et capturés ceux que vous voyez. Le chef de la garde a ordonné qu'on les pendent et qu'on les y laisse quelque temps pour avertir de ce qui attendait ceux qui auraient encore la mauvaise idée de se rebeller." C'est que le chef de la garde a dit, mot pour mot. Pourquoi Genzö n'en a-t-il rien dit ?
-Je ne sais pas.
-Parce qu'il ignorait que nous le savions. Nous ne demanderons pas de renforts, Kumo n'en fournirait pas pour des présomptions de toute façon.
-Alors tu veux aller voire Koshiro comme le suggère Akane ?
-Oui, nous allons y aller.

Snow parait en avant, intimant sourdement de cette façon aux deux autres l'ordre de le suivre. Batz jetait un regard préventif à Akane, afin qu'elle entende que quelque chose n'était pas tout à fait bon. Il regardait en l'air, cherchant sans doute le faucon blanc Gi, qui était absent... Il n'aimait pas ça. Batz était un athée, sinon au moins en Dieu il n'avait que peu de foi ou d'opinion favorable, mais il fallait admettre que la présence du faucon n'avait jamais trompé, et que son absence n'avait jamais rien apporté de bon. Snow devait se rendre vers Koshiro, ce qu'il devait moyennement apprécier, Akane le connaissait maintenant bien suffisamment pour faire la différence entre les moments ou il était véritablement innocent et serein, et les moments où il s'efforçait de continuer de le paraître. C'était justement l'un de ces moments. Il fallait donc retourner dans les bas quartiers où Koshiro n'avait pas changé de place. Il n'eut l'air pas vraiment surpris de revoir le trio venir à lui. Snow prenait alors les devants en se rendant juste devant lui, qui relevait le regard vers celui qui paraissait illuminé l'ombre autour de lui. Les deux homme se regardèrent intensément, avant qu'enfin dialogue débute.

-C'est toi qui mène cette rébellion.
-Oui. Répondit aussi bassement que froidement le vieux Koshiro. Comment tu l'as su ?
-La réaction de Genzö quand j'ai évoqué ton nom. Et c'est toi qui nous a conduit vers la muraille, un incident dont il a oublié d'expliciter la réelle teneur. Tu voulais que nous le sachions.
-Oui.
-Pourquoi ?
-Si les pauvres qui n'ont pas les moyens de se payer des Shinobis, s'élèvent pour améliorer leur condition. Vers qui Kumo se tournera-t-il ?
-Tu veux mettre le village dos au mur. Comme si vous en aviez le pouvoir. Vous allez tous vous faire massacrer.
-Regarde où nous vivons. La vie est parfois une prison bien plus qu'une bénédiction. Tout ceux qui vont s'élever ne craignent pas de mourir, parce qu'ils meurent déjà un peu chaque jours.
-Comment tu savais que ce serait à nous de nous charger de la mission ?
-Je ne le savais pas. Une de ces ironies de la vie. Je crois que tu en as souvent soupé toi-même. Snow.
-Genzö n'aura pas toute la garde sous sa coupe.
-Pourquoi tu ne me tues pas ?
-Parce cela n'empêcherait pas l'émeute.
-Exactement. C'est déjà trop tard. Vous allez devoir choisir. L'ironie c'est qu'on m'aura envoyé un homme qui autrefois se battaient pour l'émancipation des pauvres de Tetsu. Et aujourd'hui, il va devoir punir les gueux.
-J'arrêterais Genzö.
-Et après ? Le seul moyen d'arrêter le cours des choses est de donner une leçon qui passera aux petites gens le goût des revendications. Je savais qu'à un moment ou un autre l'un de ces bourgeois allait appelé Kumo à la rescousse. L'attaque à commencé à s'organiser dès que vous êtes arrivé, et vous ne savez même pas à qui vous pourrez faire confiance ici.
-Pourquoi...
-Un homme est venu nous donner de l'espoir autrefois, dans ma petite ville de Kariska. Quand il est partis les samouraïs ont repris leur droit. Les gens d'ici n'ont que ça, l'espoir. Disons que je suis allé à la bonne école.
-C'est pour quand ?
-Pour bientôt.
-Combien ?
-Beaucoup... Et vos techniques dites de zones détruiraient le village. Vous êtes cernés. Quand la chanson débutera, au moins pour une journée, on cessera de pendre des jeunes hommes parce qu'ils trouvent durs d'être écrasés sous l’impôt.

Soudainement, un peu plus loin de là, une jeune fille, une adolescente de celles qui se tenaient sous les pendus de la muraille chantonnait. La musique n'était pas commune, mais pleine de douleur et de révolte. Alors qu'elle était basse, sonnant comme larme tandis que la pluie tombait lentement dans la boue des bas-quartiers, on y sentait pourtant tout un cris, tout un appel, presque une prière. Les cloches sonnaient plus loin, tandis qu'une fumée épaisse sortait des bâtiments du quartier bourgeois de la ville. Un feu démarrait, et que la pluie balbutiante ne l’éteignait laissait entendre qu'il n'avait rien de naturel. Tout autour du trio, des gens s'activaient, et beaucoup étaient simplement en arme. Ils ignoraient le trio jusque-là, semblant se diriger vers le casernement d'où venait l'équipe. Snow comprenait alors, comme Batz, que cela commençait, il y'avait une émeute tout à fait organisée qui débutait, une bataille on aurait pu dire, une bataille urbaine. Batz dégainait violemment son épée, sachant qu'il n'y avait plus d'autres choses à faire que de venir en aide aux gardes aux loyaux envers Kumo désormais. Snow, qui s'était un peu retourné pour apprécier les graduations montante de l'émeute, fut interpellé de nouveau par Koshiro, qui était resté assis dans la boue et la pluie.

-Tu vas les passer au fil de ta lame. Pour quoi ? On se le demande.
-C'est par ta faute qu'ils mourront. Tu marches sur mon rêve, et je briserais tout ceux qui se mettront sur ma route, fussent-ils mes amis ou ma famille. J'irais au bout de mon but, et rien, ne changera cela.
-Quel but ?
-La perfection.
-Tu es encore plus fou qu'avant.

Snow regardait pourtant avec tant d'intensité Koshiro qu'on ne pouvait que croire, au moins, en sa propre conviction. L'idée de perfection était si profonde et large qu'on pouvait y mettre tout ce qu'on voudrait dirait-on, mais pour Snow, c'était de plus en plus précis, et de voir le désordre s'installer aussi inutilement, que ces hommes mourraient tous c'était certain, et tout cela pour rien, l'énervait au plus haut point. Il tentait, avec aisance, de paraître le plus calme possible, pourtant intérieurement il bouillonnait qu'on l'obligeait à massacrer des gens pour ne récolter rien qui ne serait bon pour eux. Ce n'était pas leur combat qu'il dénigrait, c'était la stupide façon dont ils le menaient. Akane avait déjà vu ce regard, déterminé, fixant un point vague à l'horizon comme le but ultime à atteindre. C'était dans ces rares moments, que Snow apparaissait comme la colère sourde, presque divine. Batz hurlait alors.

-Ils forment des barricades dans les rues ! Si on tarde ça va être un carnage !

Et autour d'eux, chants et hurlements se mêlaient aux fracas cinglants de l'acier, exaltant les passions belliqueuses, aux tambours des cloches qui sonnait le glas de pompe sanglante. Un charnier début, tandis que les pauvres barricadaient les rues pour couvrir leur attaque du quartier riche et de la caserne. Genzö et nombre de garde parmi eux, qui commençaient déjà à trucider des loyalistes pour parachever la traîtrise. Un élément dans lequel Batz se sentait chez lui, jamais il ne parut plus magnifique, sous cette pluie battante, l'épée chargée et lui prêt à s'élancer, alors que Snow se préparait lui aussi à commettre l'horreur, une horreur de plus qui le tourmenterait comme un échec cuisant de son idéal et de la guérison du monde qu'il désirait.

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Quel beau discours, plein de naïveté et de candeur, clamant l'espoir et la résolution civilisatrice dans la cohue de haine qui formait la populace sauvageonne. Snow et Batz relevait la tête, avec Koshirô, tandis qu'elle s'exprimait sur le toit. Les deux samouraïs avaient la mine basse et le vieux Koshiro souriait. Le discours paraissait déjà trop naïf pour ceux qui avaient encore toute leur tête, mais Akane ignorait vraisemblablement que la foule avait sa propre psychologie et que tabler sur l'individualité dans un moment pareil ne conduirait qu'à l’échec. La foule, elle avait craché sur Robespierre et brûlé Jeanne d'Arc, la foule ne réfléchit pas. La foule se laisse entraînée d'elle-même dans la folie qui est engagée au moment où elle se rassemble. La foule se sent puissante et grande dans la multitude, et l'individualisme, la raison, y est aliéné dans l'emportement sans que les mots ne puissent rien y faire. La sagesse des foules étaient une fable, en tout cas, dans ces moments de tension, s'en était une et l'on pouvait difficilement imaginer comment contredire cette idée. Si ce n'était qu'être ignorée, la Akane sur le toit en prenait en plus des jets de pierres de ci de là, au milieu de cris si nombreux et vociférants qu'il fut inutile de les retranscrire. Heureusement cependant, on attaquait pas le trio, comme si les acteurs de cette révolte avait un chemin à suivre et que les combattre y serait une perte de temps.

Elle contredisait, en arguant l'illusion de leur condition et de leur combat, quand des siècles leur avait prouvé le contraire et qu'ils étaient déjà lancés dans la folie meurtrière. Ces gens ne se battaient même pas pour un nouvel ordre, ils se battaient pour laisser sortir toute la rage qu'ils portaient eux. Une fois lâchée, comment l'endormir, c'était déjà trop tard. "Du pouvoir de transcender le réel, nous avons, nous, transcender l'horreur pendant des siècles" pensait alors tristement Snow, qui pour une de ces rares s'incorporait parmi les Shinobis et dans le conflit social que portait le monde en soin sein. Il se trouvait aussi responsable que les hommes qui avaient organisés ces castes en effet. Alors qu'en réalité, aux vus de son parcours, il était sans doute bien plus saint que ceux qui se conduisaient comme des faux rois et prenaient de haut les paysans de part leur pouvoir sur la matière elle-même. Koshiro ne pouvait alors que commenter le discours.

-Que c'est beau et noble. Elle pense comme les Shinobis bien élevés, qu'elle sait mieux que nous ce que veut être le monde. Parce qu'elle a des pouvoirs sur le réel.
-Elle est noble, et garde espoir contrairement à toi. Répondait gravement Snow.
-Ils ne l'écouteront pas. C'est déjà trop tard.
-Je vais te tuer. Tu le sais ?
-Oui.

Snow tournait le regard vers Koshiro en dégainant le sabre paisiblement, mais le vieil homme ne semblait pas paniqué. Il observait l'acte, sans cacher dans son regard la fatalité. Il paraissait même apprécier le moment, comme s'il vit dans le coup qui viendrait la libération à travers la mort. Snow qui levait le sabre pour l'exécuter ne trouvait pas de plaisir à cela. Il fallait le faire, c'était la seule raison qui l'y poussait réellement. Il lui avait annoncé de toute façon que ce moment viendrait. L'arrêter était possible, mais dans l'état des choses, dans le chaos qui survenait, il était inutile de s'embarrasser d'un homme qui avait déjà tout perdu, au point de conduire la pauvreté à perdre le peu qu'il lui restait avec lui. Le samouraï frappait à la gorge, laissant s'en échapper une gerbe de sang pompé par un cœur qui cesserait très vite de battre. Le vieil homme tombait au sol, et après quelques soupires haletant, mourrait comme il avait vécu.

Batz observant cela en retrait, savait qu'en réalité Snow était touché intérieurement, mais que sa nature l'empêcherait de le dire, ou de le montrer d'une quelconque façon que ce soit. Il n'allait pas lui faire part de considération intérieure, ce n'était pas le moment. Snow passait à côté de lui, sans dire un mot, il paraissait se diriger vers la rue qu'empruntaient la plupart des révoltés en arme, sabre en main et le pas décidé. Le guerrier noir comprenait par là que Snow se rendait d'une certaine façon à la bataille. Une véritable bataille, car ce n'était pas parce qu'il s'agissait aux yeux du commun d'une bande de gueux qu'ils n'avaient rien de dangereux, bien au contraire. Après quelques pas en avant, Snow annonçait ce qu'il avait décidé depuis déjà un bon moment.

-Nous allons au poste de garde, il faudra passer les barricades et aider les loyalistes à repousser les assauts de la population. Akane passera par les toits,et toi tu restes avec moi. Si Akane veut envoyer un clone chercher du renfort qu'elle le fasse, cela ne changera rien.
-Tu vas tenter de les raisonner aussi ?
-Ils aiment plus la mort que nous aimons la vie désormais. Ce serait inutile. Il va falloir se battre.

Batz regardait vers Akane, en commençant à faire quelques pas derrière Snow. Il savait que ce qui venait n'était pas un combat, un duel, une rixe, mais une bataille. Cela ne l'effrayait pas, mais Akane était novice dans ce domaine. Il espérait qu'elle préserve son sans-froid et comprendrait que cette fois il ne s'agissait pas de prendre à la légère la situation parce qu'en face il ne s'agissait pas de Shinobis. Il avait aussi un peu peur pour elle, puisque Snow les séparait, alors il lui fit un sourire rassurant, car c'était tout ce qu'il se pensait pouvoir donner à cet instant. Les deux samouraïs débouchèrent dans une rue étroites, coupée désormais par une barricade faites de tonneaux et de charrettes disposées-là. Sur celle-ci, une trentaine d'hommes se tenaient, lances, lames et arcs en main. Les hommes remarquaient vite les deux samouraïs qui s'approchaient au pas lent. Beaucoup plus, on entendait le fracas des combats dans le quartier bourgeois et les fumées qui s'élevaient toujours au milieu des hauts bâtiments. L'un des hommes sur la barricade se mit alors à crier.

-QUI VA LÀ ?!

Les deux samouraïs s'arrêtaient à portée de voix. Le premier cri en fait les faisait s'arrêter. Sur la barricade, les hommes présents étaient très méfiants, Batz et Snow n'avaient aucun signe Kumojin sur eux, ce qui les firent douter, mais déjà une vingtaine bandaient leurs arcs dans leur direction et décocheraient sans culpabilité. Ni Batz ni Snow ne répondirent, ils se contentaient de se tenir face à eux dans la rue, l'arme à la main. Snow remarquait par ailleurs que les hommes avaient aux pieds des cocktails Molotov prêts à l'emploi. Tout cela prouvait que cette attaque étaient parfaitement organisée, parfaitement financée aussi, et que sans doute le chef de la garde y était pour quelque chose.

-NOUS ALLONS TIRER ! VOUS ÊTES PRÉVENU !

encore une fois cependant, ni Batz ni Snow ne répondaient... Snow calmement, mettait son heaume, Batz ne l'avait pas emmené alors il n'en mettait pas, mais il n'en avait pas besoin. Ils avaient l'air comme jamais dans leur éléments et parfaitement coordonnés, comme s'ils communiquaient sans avoir besoin de parler. Le silence ayant été leur réponse, ils prenaient une salve de flèche enflammées, mais Batz plaçait son énorme épée entres elles, lui et son ami pour qu'elles rebondissent sur le métal. Les hommes étaient surprit, mais ne se débinaient pas. Ce n'était alors que le début tandis que Snow se reprit à avancer paisiblement vers la barricade. Les hommes voyant ce samouraï en armure blanche suivit de Batz dans son armure noire avancer sans vraiment avoir peur, doutèrent encore. Ils se sentaient oppressés et n’attendaient pas pour décocher une nouvelle salve.

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Akane, fit ce que Snow attendait d'elle, ainsi elle prouvait qu'elle n'était pas toujours une adolescente en révolte, mais bien un soldat aux ordres, qui était capable, comme il le lui avait réclamé plus tôt, de faire abstraction de ses sentiments pour s'en tenir au devoir que son maître lui ordonnait. Il continuait d'avancer, accompagné de Batz, tandis que les hommes se trouvaient écrasés sous sa technique, et qu'elle les opposait face à un dilemme. Toujours une autre chance, elle agissait toujours comme si le trio n'était pas sur un champ de bataille. Aurait-on eut l'idée de faire quartier à tous les adversaires face à soi durant un affrontement ? Snow tandis qu'il avançait, se figurait que les temps avaient décidément vraiment changés. Depuis la grande guerre qu'on lui comptait quand il était lui-même adolescent à aujourd'hui, les mœurs et coutumes guerrières avaient véritablement évoluées, car autrefois on aurait jamais eut l'idée de laisser cette chance de survie à ses ennemis. Batz s'arrêtait sur le moment, laissant Snow aller droit devant sans s'arrêter, et qui paraissait ne même pas voir qu'il y eut toujours un obstacle sur son chemin, matérialisé par cette barricade aux servants écrasés sous le poids du vent.

Ceux-ci hésitaient, c'était là que l'on pouvait remarquer le poids de leur véhémence, de leur conviction, qui même au détriment de leur vie, pesaient encore dans la balance de leur décision. Batz à cet instant était contemplatif, de l'acte d'Akane. La clémence dont elle fit preuve lui paraissait l'acte d'un immense courage, car il aurait été plus simple de tous les abattre, ce que lui et Snow s'apprêtaient bien sûr à faire. Il rebaissait le visage sur Snow ensuite, toujours en marche, il se demandait alors, comment un homme qui paraissait si saint, si innocent, si "brillant" pouvait pourtant être tout à fait froid, et l'expression d'une violence calme, mais ô combien horrifique, autant si ce n'était parfois même plus que la sienne lorsqu'il laissait sa primitivité prendre le pas sur sa raison. Ce paradoxe ne passait pas, cela lui était inconcevable, puis il se dit que c'était peut-être la notion de bien et de mal qu'avait les hommes qui était tronquée. Il se dit, alors qu'il se remit à marcher d'un pas lourd et décidé, que c'était peut-être Snow qui avait raison, le "conflit" était une part indissociable d'un idéal de perfection.

Les hommes décidèrent de rester sage, et hurlaient qu'ils se rendaient quand les samouraï vinrent assez proche d'eux. Choisissant la sédition, Snow savait qu'ils vivraient car Akane était une personne qui tenait sa parole, du moins qui s'y efforçait. Cela ne l'empêchait pas de trancher d'un coup de sabre la barricade pour ouvrir un large passage, assez grand pour laisser passer un homme en fait. Cela épargnait tant à lui qu'à Batz de devoir grimper... Mais il ne touchait aucun homme en passant, tel que leur avait promis Akane. Maintenant soumis, ils firent le silence à leur passage, à la fois abasourdis et impressionnés par la stature des hommes qui les traversaient sans avoir l'air de se soucier de leur existence. Haut dans le ciel, une bonne nouvelle sonnait pour Snow, Gi y apparaissant en vol et passant un instant dans la rue. Cela fit murmurer ces rescapés de la dernière chance qui comparait le samouraï blanc à un ange protégé par un esprit lumineux dont Batz était la bête qui lui servait d'ombre. Les âmes simples de gens étaient toujours disposées à croire les fariboles, mais ni Snow ni Batz n'accordèrent d'intérêt à ces murmures.

C'était bien la preuve que Snow ne comptait pas trucider plus que nécessaire pour restaurer l'ordre dans la cité. Puisqu'ils se soumettaient ils n'étaient plus une menace et cela suffisait à les protéger de la violence dont étaient capable les samouraïs. Batz, hochait alors la tête vers Akane avec fierté, lui signifiant aussi par ce geste toute l'approbation et l'admiration qu'il lui portait pour l'avoir fait. Cependant il n'était pas dupe, plus loin dans la rue, il y'avait une masse de gens en arme, où l'on entendait des détonations assez violentes pour faire trembler le sol. Le fracas des combats était le son de coutume dans ses moments-là, mais cela ne faisait pas courir les samouraïs pour autant.

Il y avait une centaine de mètres à parcourir à peu près avant d'atteindre le plus gros des combats qui se déroulaient. Le poste de garde était tenu par des loyalistes assiégés, par d'autres gardes séditieux, la population et le fameux Genzö, qui comme un étendard au milieu de sa troupe galvanisait les hommes pour qu'ils se donnent d'autant plus fort dans la mêlée. Leur présence n'était pas remarquée quand il arrivait ainsi dans le dos de la masse. Il était difficile de dire combien d'hommes s'affrontaient, mais ils étaient nombreux et présentaient leurs dos aux samouraïs. On pouvait alors voir la garnison partiellement détruites, surement par des instruments d'explosions artisanales. En bas de celle-ci, vers son entrée, un violent cors à corps était engagé, et les gardes loyaux ne tenaient certainement que par l'étroitesse des portes qui annulait l'avantage du nombre des assaillants, les empêchant ainsi de pénétrer dans le bâtiment.
Snow s'arrêtait avec son ami à son côté à une dizaine de mètre de la masse. Il ne le regardait pas, mais il s'adressait pourtant à lui, avec la douceur qui lui était aussi commune que contrastée avec l'ambiance environnante.

-Nous devons atteindre la garnison et tuer Genzö. Ce ne sont que des moutons aveugles, sans berger ils se disperseront. Akane te supportera des hauteurs à distance. Tu vas devoir les charger... Concluait Snow.
-Si on avait peur d'écraser les fourmis à chaque pas que l'on fait on oserait plus avancer. Répondit Batz le sourire aux lèvres.
-Tu retrouves un domaine qui est le tiens. Je suis heureux de te voir capable comme autrefois.
-Tu sais qui je suis, mon esprit n'est lié qu'à mon épée, pas d'émotion..pas de question... pas de réponse. Sans tourment dans la bataille, c'est là que je me sens le mieux.

Snow se jetterait lui aussi dans la mêlée de ce qu'il prévoyait initialement, mais ce n'était pas à ça qu'il pensait tandis qu'il tournait le visage sur son ami. Instrument brute de la guerre, Batz était cela, un animal, un chien fou, mais surtout, une lame à lui seul qu'il valait mieux trouver entre les mains de la lumière que l'obscurité. Le samouraï fit alors un immense bon et frappait de son épée dans la masse en y retombant. Le son de cette épée tonnait si fort, telle une cloche d'église, en frappant, chaires, os, et sol, que cela fit taire tout le monde sur le coup. Là, il se redressait et il fit un simple tour sur lui-même, et la taille de l'épée suffit à trancher tout ce qui se trouvait autour de lui, horrifiant les hommes présents qui peinaient à croire qu'une telle arme puisse être maniée par un simple être humain. Une peur soudaine assombrissait leur visage, à ces paysans qui n'étaient pas coutumiers de l'horreur des combats, car sous leur yeux, il y'eut tant de membres et de morceaux de corps voltigeant qu'on ne savait plus à qui appartenait quoi... Genzö tournait le visage, et comprit alors que Batz n'était pas seul et remarquait Snow un peu plus loin de là. Il ne se débinait pas pour autant et réorganisait ses forces pour en tirer le meilleur parti et les encourager à résister.

-ILS NE SONT QUE DEUX ! Leur criait-il plein d'ardeur.

Une partie restait à l'entrée de la garnison pour forcer le passage et une autre partie chargeait finalement le samouraï blanc. Une quarantaine d'homme foncèrent vers lui, qui en profitait pour faire un salut du sabre à la troupe qui jetait en hurlant au combat. L'autre partie enfin, tentait d'écraser Batz en lui jetant de nouveaux cocktails Molotovs.

Il ne fallait pas oublier dans tout cela une bande d'archer suffisamment nombreux pour veiller à tirer une salve sur n'importe quel autre intervenant qui surviendrait. Snow n'oubliait pas aussi qu'il pouvait survenir d'autres renforts, ne sachant absolument pas de combien d'hommes disposaient réellement Genzö, et certainement qu'une fois toutes les barricades sécurisées, les hommes qui les occupaient rejoindraient ce combat principal. Mais pour le moment, les deux guerriers étaient surtout occupés à devoir faire avec ceux présents. Snow tout à fait calme face à ce qu'il arrivait sur lui, était en fait plus inquiet pour son ami qu'il savait parfois assez impétueux pour prendre des risques inconsidérés, tant le plaisir de la mêlée pouvait le rendre dépassé par sa propre passion. Il se rappelait alors cette phrase de Batz, cité à une enfant il y a de cela longtemps, "Là où tu fuis, il n'y a pas de paradis". Un ange et un démon leur était tombés dessus.

PNJ:

Quelques lignes peuvent décrire un siècle, plusieurs pages peuvent décrire quelques secondes. On ne dépassait guère les minutes depuis la rencontre entre le trio à la masse de paysans aux prises avec les gardes loyalistes. D'une vue extérieure, cela pouvait paraître plaisant aux samouraïs, de pouvoir pourfendre dans la mêlé un grand nombre de paysans en arme. Il était bien moins certain que cela fut vrai. Batz ne pensait pas au plaisir durant le combat, c'était d'ailleurs parce qu'il ne pensait pas tout court qu'il aimait tellement le combat, sauf que cette fois, il fut extirpé de sa sanglante croisade par les actes protecteurs d'Akane. Elle l'avait couvert, protégé des flammes, protégé des flèches, jusqu'à ce que le samouraï noir se demanda pour qui elle se battait réellement. Il redressait le regard vers elle, peu de temps car le combat ne le permettait pas, et là, voyant de loin la jeune fille se montré à la mesure de lui et de Snow, il en appréciait encore une fois tout l'attrait.

Snow pendant ce temps fit face seul à la horde qui lui fonçait dessus. Il était bien moins hargneux que Batz en apparence, il ne ressemblait pas au chien fou que l'on lâchait pour étripailler tout ce qui bougeait. Il était calme, et frappait à distance ou au corps à corps selon le besoin les hommes qui tentaient de l'abattre, le regard figé dans la concentration, ferme et calculateur sans ne cesser d'avancer parmi eux. Cela n'avait rien d'excitant ni de grisant de décrire ce combat qui malgré le sous nombre était à sens unique. La vérité entre les civils et les soldats de métiers, les Shinobis et les samouraïs, ils étaient au-dessus de la masse quoi qu'on en disait. Il était aisé pour eux, de prôner la civilisation, quand la force demeurait de toute façon l'argument le plus valable quelque fut la situation. Un civil n'aurait jamais le dernier mot, parce qu'il n'aurait jamais le dessus sur un guerrier dans le Yuukan. C'était la vérité cruelle que Snow reconnaissait avec Batz.

Ils servaient à les protéger, mais en frappant, savaient aussi qu'ils n'étaient pas tellement en tort. Au nom de l'ordre, la soumission de la masse était une nécessité, même si les structures sociales ne leur rendaient pas la valeur de toute leur utilité. Il n'y avait pas de suspens, il était certain que le trio finirait par venir à bout de cette révolte, mais cela serait une victoire au gout de cendre dan sa bouche.

Akane y mettait le premier point final en frappant Genzö qui s'écroulait sur le sol. Snow arrivait alors à la hauteur de Batz et ne fut que moyennement surpris par cela. L'homme n'était pas encore mort, mais n'y tarderait pas. Parmi les révoltés c'était la stupeur et l'hésitation au point que le combat cessait petit à petit. Les murmures se succédaient dans la masse "Genzö est tombé" se répétait-il. Les armes étant moins virulente, Snow et Batz cessèrent aussi de frapper à tout va tandis que les regards abasourdis se figeait vers l'homme abattu au sol. Snow levait les yeux vers Akane et lui fit un sourire suivit d'un hochement de tête, lui témoignant ainsi sa satisfaction. Il n'en attendait pas moins d'elle. Batz se dirigeait vers cet homme au sol, et aucun des révoltés ne jugeait bon de lui bloquer le passage, lui ouvrant la voie à chaque pas qu'il fit. Le guerrier noir se retrouvait au-dessus du corps de Genzö, qui avait le souffle haletant et saccadé.

Snow profitait alors du calme pour se diriger vers le poste de garnison. Il y eut comme un souffle de douceur sur l'endroit, la rage s'estompait à la même mesure que le temps passait et la foule, pas encore dispersée ne savait plus vraiment quoi faire. Mais aucun, que ce fut dans le trio ou parmi les loyalistes ne relançait les hostilités, alors le temps fut comme suspendu. Batz regardait de haut Genzö qui se trouvait toujours au sol à gésir dans son sang. Le regard des deux hommes se fondaient l'un en l'autre, et la nature brute de Batz transcendait la désolation de le trouver si misérable alors que celui de Genzö était l'expression de l’acquittement, preuve sans nul doute qu'il ne s'était pas attendu à une autre conclusion. Scène surréaliste où la paix suivait presque d'un seul coup le chaos. Batz n'achevait pas le dissident, il rengainait l'épée et le regardait s'éteindre, il était là, comme pour l'accompagner dans son dernier souffle.

Snow parvenait jusqu'à la porte du poste de garnison, où il trouvait des gardes manifestement loyalistes. Paisiblement Snow s'adressait à eux qui étaient aussi surpris de voir l'apaisement se prononcer dans la cohue jusque-là en effervescence.

-Dispersez-les et commencez l'organisation du nettoyage.
-On arrête personne ?
-Pourquoi faire ?
-Ce sont des révoltés quand même... Si vous n'étiez pas intervenu ils auraient forcés le passage et...
-Vous ne pouvez pas arrêter une centaine de personne. Laissez-les rentrer chez eux.

Il y en avait bien qui avait encore la colère sourde en eux, du fait des nombreux morts comptés parmi leur proches. Mais personne d'assez fou pour reprendre les hostilités dans une situation pareille. Plus de meneur, une défaite assurée, et chacun savait que le combat était véritablement finit. Snow pensait que l'acharnement à la punition ne servirait à rien, et i avait sans doute raison. Batz était alors immobile devant le cadavre encore chaud de Genzö. Il le fixait sans s'en détaché, difficile de savoir alors ce qu'il pouvait bien penser. Mais pour Snow, le samouraï noir était simplement en train de garder en mémoire ce moment, pour une raison obscure.

PNJ:

Finit, le combat était finit... Ce que disait Akane n'était pas entièrement faux, et Snow en convenait tant à elle qu'aux gardes qui devaient alors se soumettre à cette décision. Le jugement ne serait pas trop sévère sans doute, mais il ne revenait pas aux Kumojins de mener cette enquête ni ce procès. Leur part était faite dans l'affaire, une mission accomplit qui avait laissé bien des surprises. Une fois de plus, Akane avait rendu fier son sensei, qui aurait souhaité le lui dire s'il n'avait pas en même temps pensé qu'elle avait eut suffisamment de compliments ces derniers temps. Snow restait avec les gardes loyalistes pour régler encore quelques détails pendant qu'Akane se rendait vers Batz. Il fallait nettoyer le foutoir, les cadavres pullulaient sur le sol et c'était davantage ce spectacle qui le faisait fixer le cadavre de Genzö que Genzö lui-même. Il se rappelait les champs de bataille passé et craignait qu'en lui-même, cette sensation étrange soit le besoin autant que le plaisir de retrouver ces charniers. Ici était sa maison définitivement, partout où la mort siégeait pour passion.

Il savait qu'il n'était pas plus qu'une ombre enfermé dans un enfer impalpable, quelque part, coursant le soleil bien présent métaphoriquement transposé en Snow dans son esprit. Paradoxe étrange, quand on savait que le rêve de Snow était de tenir la puissance du soleil dans la paume de sa main, comme étant la source de toute vie. Le guerrier noir était puissant au regard, mais en plongeant ce regard dans son visage, la puissance que l'on y trouverait n'irait pas plus loin qu'un doute empoisonné. Il sentit alors une main sur l'épaule. La pauvre devait avoir la main haute pour l'atteindre cette épaule, mais il ne retournait qu'à peine son visage, du côté de son œil fermé à jamais. Derrière cet œil fermé, était imprimé l'image de Laya nue et ravagée, au milieu d'un charnier encore plus dégueulasse que celui qu'il voyait à l'instant.

Il enfermait ses trauma en lui, comme autant de force qui pesait sur son cœur. Mais elle, n'éveillait en lui que de la compassion et de la douceur.

-La mission est terminée. Nous allons pouvoir rentrer. La prochaine fois, j'espère que nous aurons de vrais soldats à combattre. Ceux-là... Ils étaient morts avant d'avoir prit les armes.

Snow les rejoignait à ce moment, paisiblement et le casque au creux du bras. Il venait de se mettre d'accord et les arrestations allaient bon train autant que la populace se dispersait.

-Préparez vos affaires. Nous rentrons faire notre rapport. Félicitation. Dit-il avant de faire demi-tour.

Batz se retournait enfin, pas vraiment transcendé par cette congratulation de son supérieur. Qu'importait, la mission était bien finit.