Mizu no Kuni ! Enfin ! Punaise il n’y a pas à dire, ça fait quand même du bien de rentrer au pays. Après quelques petits jours de navire nécessaire pour rejoindre Hone no Shima depuis Haï no Kuni, je foulai à nouveau le sable chaud de mon foyer. Un transat et une noix de coco munie d’une paille, et ça aurait été le paradis mais je savais bien que j’avais peu de temps libre avant le lancement des hostilités. Des projets faramineux où ma présence sera indispensable.
Enfin bref je ne suis pas du tout là pour me la couler douce, mais dans un but tout autre. Mais ça ne servirait à rien de tout révéler tout de suite. Je fus accueilli par une flopée de très jeunes Kaguya, les plus âgés devaient avoir à peine dix ans. J’avais l’impression d’être une mère en cet instant et c’est peut-être ainsi qu’ils me voyaient, je ne sais pas et il vaut certainement mieux ne pas savoir. Les accompagnant au cœur de l’île j’en profitai pour saluer les membres du clan, prendre quelques nouvelles et discuter de sujets plus sensibles avec la doyenne. Il me fallait une embarcation pour une mission de reconnaissance, en vue d’un projet plus complexe et lourd de répercussion. Il est temps d’agir, Michiki prend définitivement trop ses aises et le Shukaï s’accapare chaque jour un peu plus cette soi-disant province de l’Empire. Il faut que cela cesse.

Une petite heure plus tard, je reprenais la mer, direction les villages de pécheurs longeant la côte nord de l’archipel, depuis le temple de l’eau jusqu’à l’ouest. Toute cette partie du pays d’où partait et arrivait la majorité du commerce avec le contient, et en particulier avec Kumo et Yu no Kuni. Hum ? Couper les voies maritimes ? Allons vous me croyez vraiment aussi stupide que ça ? Bon j’ai peut-être la tête de l’emploi mais ne vous y fier pas. Je suis certainement jeune, naïve, mais certainement pas débile au point de croire que foutre mon propre peuple dans la famine et la déchéance lui apportera quoi que ce soit de positif.
Au bout d’une bonne demi-heure, nous voilà au premier port. Pas de haute technologie, pas d’engins sophistiqués, un trou pommé comme on dit dans le jargon, où le commerce est en grande partie basé sur la pèche. Des cabanes de bois en bord de mer, puis des bâtisses en dur quand on s’enfonce dans les terres. Et évidemment, l’odeur qui va avec. Mmh faisons-nous violence et descendons à quai. Voyons voir, déjà pas de drapeau Shukaijin, ça c’est un excellent point mais ça ne veut pas dire qu’il n’y en a pas, ni que certains habitants ne leur aient pas prêté allégeance pour telle ou telle raison.

Faisant le tour des commerces, je m’aperçus rapidement que malgré que l’on soit dans un village si petit qu’il n’apparaissait même pas sur la carte, ma présence n’était pas inconnue de tous. Ce qu’il y a de bien avec ces lieux presque à l’abandon – le plus gros du commerce mondiale gravitait plus au nord – c’est qu’il y a toujours les jours le marché. Et donc toujours des gens avec qui discuter, avec qui échanger des idées et des suggestions. La majorité qui en ressortait était que l’Empire n’était pas aimé, mais que pourtant on lui devait une grande reconnaissance pour le soutien autant militaire que financier apporté. La notion de Kiri n’était quasiment jamais abordée par contre, mais je ne cherchai pas à en connaitre la raison.
Au lieu de ça, je me contentai de serrer des mains, saluer des marchands tout en faisant mon possible pour ne pas froncer du nez et montrer que les poissons reposant sur les blocs de glace ne sentaient pas très bon.
Bien, tout à l’air d’aller plutôt bien ici. Continuons notre route, et tout le littoral va y passer !

Un pécheur derrière son comptoir m’interpella en chemin, réclamant des nouvelles du monde derrière l’horizon, et très certainement aussi que je lui achète quelques-uns de ses saumons étalés sur leur lit glacé, les entrailles à l’air libre. Répugnant mais faisons bonne figure, après tout même les plus petites voix ont leur place dans une communauté.
M’approchant donc je restai tout de même le plus loin possible de la source odorante et jouai la carte de la sociabilité, celle qui me fait le plus souvent défaut quand il s’agit de nouer des relations avec des gens dont je me fiche éperdument.
Effectivement, au bout d’à peine quelques phrases il me proposait de lui prendre un de ses poissons, m’assurant que c’était bon pour la mémoire et que ça donnait de l’énergie. Il me prend pour une bleue l’ancêtre ou quoi ? J’ai une tête à ne pas savoir comment m’alimenter ? Très poliment je lui fis comprendre que j’avais autre chose à faire, et pas suffisamment de temps à consacrer à plus de bavardage.

« Prenez un saumon au moins. »

Je faillis céder à lui faire bouffer tout son étalage, mais quelqu’un me rentra dedans, un gosse blond à la dégaine à la fois chaotique et soignée. C’est-à-dire des vêtements propres et plutôt sérieux, mais couvert de plis et débraillés. J’ignorais si ça avait été fait exprès ou non, mais par ce choc il avait permis au marchant d’échapper à une douleur conséquente. Par contre, il ne s’est pas excusé.

« Hey morveux ! T’as pas appris la politesse ? » Dit-je en l’attrapant par le col, après l’avoir rattrapé via un petit boost de vitesse. « Qu’est-ce qu’on dit quand on bouscule quelqu’un ? Hein ? »

Les mains dans les poches, j’attendis la réponse en tapotant légèrement du pied, consciente du ménage réalisé en public. La honte, ça se révèle toujours efficace pour faire retenir les leçons. Un détail cependant me marqua sur le coup. Une absence plus précisément. Ma poche droite contenait jusqu’à il y a peu une petite somme d’argent sous forme de pièces et billets, hors il n’y avait plus rien. Et je n’avais encore rien dépensé.
En grande impulsive que je suis, j’attrapai l’adolescent par le haut de sa chemise, le soulevai de terre à l’aide d’une légère dose de chakra et l’emportai à l’écart, dans une ruelle en angle. Plaqué contre le mur, j’ignorai totalement ses éventuelles plaintes, me contentant de resserrer ma prise s’il bougeait trop.

« Rends-moi mon argent. Ce n’est vraiment pas le bon moment pour me faire chier alors sois un gentil garçon bien élevé et rends-moi ça. Sinon c’est tout simple, je le récupère moi-même mais je ne garantis pas que ce soit agréable. »

Tandis que je le maintenais sur place d’une main, je tendais l’autre en agitant les doigts comme pour réclamer mon dû. Dans mon regard par contre, il pouvait y voir la quantité de patience s’amenuiser irrémédiablement, tout comme le poing remplaçant progressivement la main tendue.
Je n’allais pas le frapper non plus, c’est juste un gosse qui a besoin d’être recadrer. Il faut juste lui apprendre la politesse et le savoir-vivre. Des choses que normalement ses parents auraient dû lui inculquer.

Spoiler:

Cependant je ne m’attendais pas à ce qu’il fasse encore de la résistance. En général quand les gens ne touchent plus le sol de leur plein gré, ils paniquent, mais lui préférait continuer sur le chemin de la provocation et de l’insolence. Il se plaignait que je l’étouffais avec ma poitrine, connerie je le touche à peine ! Je serais plutôt mon étreinte et le giflai. Oui tout à fait, je le giflai.

« J’ignore qui sont tes parents et à vrai dire je m’en cogne complètement. Je vois tu n’as jamais appris à respecter tes ainées. Ni à tenir ta langue quand tu as fait une connerie, alors soit ! »

Une seconde gifle suivit la première, mais sur l’autre joue, histoire d’égaliser les couleurs. Puis je le reposai au sol et me craquai les épaules. Ne pas le frapper, ne pas le frapper, ne pas le frapper.
J’en profitai pour l’ausculter visuellement, un apprenti ninja semble-t-il, et du chakra en lui en petite quantité. Un genin très certainement. Il doit faire partit de cette nouvelle génération de Kirijin, sous les couleurs et l’aura de Michiki. Félicitation mec, tes gosses deviennent des brigands sitôt sortit des jupons de leur mère ! Ça ne présage rien de bon, au train où vont les choses.

« N’essaye même pas de t’enfuir, tu ne ferais qu’aggraver ton cas. » Lui dis-je en croisant les bras. « Répond-moi, qui est le ninja en charge de toi, où est-il et que fais-tu ici ? »

A travers lui je pourrais sans doute recueillir quelques infos sur le village, même des brides me permettant de connaitre les éventuels effectifs, les personnalités, ou même les projets en cour. Michiki n’est pas le genre de type à rester inactif et à s’endormir sur ses lauriers, et c’est une excellente chose, peu importe le camp dans lequel on se place. Ne rien faire revient à s’ennuyer, et s’ennuyer c’est s’affaiblir. Dans notre monde, où la mort peut frapper à chaque instant, cela reviendrait à se condamner, et dans son cas, condamner aussi le tout jeune et neuf nouveau village caché de Kiri.

« Ah également ! Présentes-moi tes excuses. Dans le temps tu aurais eu la main coupée pour ce que tu as fait, estimes-toi donc heureux de ne pas en perdre une. »

Les yeux dans les yeux, j’attendis la réponse réclamée, espérant secrètement aussi d’en obtenir plus.

HRP:

Spoiler:

Il affirma être en permission, tout en remettant sa chemise en place. Et la suite n’eut aucun sens, en tout cas moi je n’y compris rien. Il se plaignait de … de je ne sais pas quoi en fait. Ouais bon ça ne devait pas être très important. De toute manière la parole d’un voleur ne vaut pas grand-chose à la base, donc ce ne sera pas grave si certaines parties manquent.
Il essaya ensuite de me reprocher mon comportement vis-à-vis du marchant tout à l’heure, ce à quoi je répondis par un regard las et un léger haussement d’épaule. Certes j’aurais plutôt dû rester calme et au pire des cas m’éloigner poliment, mais ça j’en étais déjà consciente, nul besoin de me le rappeler ou de s’en servir pour m’accuser. Après tout il ne s’est rien passé, à part un haussement de voix. Pas d’acte, pas de preuve, pas de problème.

« Donc maintenant, » poursuit-il « si vous voulez, je vais demander une audience aux autorités du village qu'ils ont une ninja de niveau supérieur qui ne sait pas se tenir. Ou si vous ne faites pas parti du village, on va stopper maintenant cette mascarade et vous allez partir sans faire de zèle et je ne vous dénonce pas comme étant aventurer ici sans autorisation de circuler dans le territoire.

- T’es sérieux là ? » Lui rétorquai-je en haussant un sourcil. « T’es en train de menacer une inconnue d’expulsion, sans même te douter de ce qui pourrait t’arriver ? Allons, tu ne peux pas être aussi débile quand ça quand même. Je me doute bien que Michiki ne peut pas tout gérer, mais de là à créer une génération qui ne sait même pas rester à sa place … Définitivement non, je ne partirais pas. Ce pays et ce village caché mérite mieux que des voleurs et des menteurs en guise de soldat. »

Nous fûmes interrompus par l’arrivée de quatre hommes adultes, au physique et à l’allure plus proche du brigand que du citadin. Je suspectais même une prise d’alcool un peu trop forcée chez l’un d’eux. Les toisant du regard, ils faisaient tous une demi-tête voir une tête de plus que moi. Du coin de l’œil je gardais tout de même une certaine attention au genin, juste au cas où il essayerait de me la faire à l’envers.
C’est alors que l’un des hommes quelque peu imbibé s’arrêta en me reconnaissant, et tirai sur la manche de son plus proche collègue afin de lui chuchoter quelque chose. Ce dernier émit un rictus et sortit un poignard de sa poche.

« Qu’est-ce qu’on en a à foutre hein ? C’est qu’des rumeurs de toute manière. Aller les minables, on file tout le fric et en express. »

Je m’avançai d’un pas et il fallut quelques secondes encore pour que tous me reconnaissent, ça se voyait dans leur regard embrumé. Pourtant, par effet de groupe, supériorité numérique ou simplement pour ne pas perdre la face, ils continuèrent à jouer leur numéro.
Je tendis alors la main vers l’apprenti ninja, un petit sourire aux lèvres.

« Les gars, je vous laisse le soin de le dépouiller. Après tout c’est un voleur également, vous ne devriez pas avoir de scrupule à vous en mettre plein les poches.

- Tu crois qu’on ne sait pas qui t’es meuf ? » Lança l’un d’eux. « Une nana aussi bien roulée et placée que toi, ça a forcément plus. Aboule où on charcute ton p’tit copain.

- Faites donc. » Répondis-je sur un ton particulièrement je-m’en-foutiste.

L’homme le plus avancé sembla perdre patience, mais voulant m’intimider en projetant son couteau dans ma direction, je plaçai la paume de ma main juste devant la lame. Cette dernière s’immobilisa nette avant de se briser. Merci à l’os sortit juste au bon endroit.

« Foutez-moi le camp bande de merdeux, j’ai autre chose à faire de m’occuper du menu fretin. Et ça vaut pour toi aussi. » Rajoutai-je à l’attention du Kirijin. « Raconte ce qui te chante ça n’aura aucun impact. Michiki sait que je suis ici, et il sait que je ne compte pas partir. Cesses donc tes enfantillages et retourne chez toi. »

D’un mouvement presque majestueux, et un peu pompeux je l’avoue, je fis volte-face et disparue à travers la foule du port.

Spoiler: