J'avais demandé à Ema de me rejoindre mon bureau dans les plus brefs délais. Dans un premier temps, je devais lui parler en tant que régent. J'avais décidé de lui assigner une toute nouvelle fonction et de nouvelles tâches. Dans un second temps, je devais le faire en tant qu'ami et partenaire. Elle souhaitait sûrement des explications et j'étais en effet prêt à lui en donner. De plus, elle devait aussi m'aider à régler un des problèmes qui se trouvait être très urgent. L'exil de mon maître me permettait de pouvoir trouver la source de ses problèmes plus facilement-.. Au pouvoir il n'aurait que causé davantage de problèmes et c'était un fait. Enfin, lorsque j'entendis taper à ma porte, j'autorisai la personne à entrer. C'était bien bel et bien Ema, je me levai aussitôt pour la saluer et lui demander de s'asseoir face à moi. Ma partenaire m'avait appelé par mon nouveau rang, souhait-elle mettre de la distance en s'exprimant de la sorte ? Peu m'importait à vrai dire, je ne devais pas oublier que j'avais fait destituer son mari et notre maître, c'était encore peut-être trop courtois pour une personne touchée comme elle. Peut-être avait-elle compris le sens de mon action ?

« Bonjour Ema, si je t'ai demandé de me rejoindre c'est pour te parler de ta nouvelle fonction au sein de Suna. Tu vas dorénavant résider à Ki no Kuni et tu seras notre porte-parole en ce pays. Je sais que malgré le fait que tu te sois endurcie, tu es toujours conciliante et à même de pouvoir discuter et inculquer nos idées. Le pays du bois est nôtre, nous sommes dans l'obligation de le protéger. Peu à peu nous allons le militariser, créer des infrastructures militaire, former les Kijins et j'en passe. Tu seras l'intermédiaire et chargée de veiller au bon fonctionnement de tous ces déploiements.  »

Je marquai une pause de quelques secondes pour lui laisser le temps d'assimiler ce que je venais à peine de lui énoncer. En effet, c'était un bref résumé de ses nouvelles fonctions. La manieuse de Shôton allait en effet nous être très utile.

«  Comme dit, tu seras notre porte-parole et tu devras faire en sorte d'établir un dialogue avec la Daimyo pour qu'elle puisse t'assister dans cette tâche. Certains Kijins sont encore méfiants vis à vis dee nous, nous devons faire en sorte de réprimer cette peur.  Est-ce compris ? »

Deux dossiers se trouvaient face à moi. À ma gauche, un dossier vert contenant toutes les détails de sa nouvelle assignation et son lieu d'habitat. À ma droite c'était un tout autre dossier, celui-ci était noir et contenait des informations quant à son mari et à l'examen Chûnin international. J'ouvris ce dossier, le retournai et le fis doucement glisser en sa direction. Les premières images qu'elle put voir étaient des corps avec les visages brûlés. Plus bas, une analyse ADN poussée était présente.

«  Pour en venir au deuxième sujet, si tu es envoyée à Ki no Kuni c'est aussi pour veiller sur ton mari et ton enfant. Si j'ai décidé de proposer à Yamuro de s'exiler, c'est pour sauver Suna et lui permettre de se soigner. Tu sais très bien qu'il n'est plus le même et ce depuis l'examen Chûnin international ; En changeant d'identité il a aussi changé de caractère. Même à Ki il reste un danger mais n'ayant plus Suna sous ses ordres, ce danger est bien moindre. Je n'ai pas décidé de travailler avec des Shinobis et des hommes de la capitale pour rien, j'ai toujours fait le nécessaire pour sauver les miens. Et j'ai agi en conséquence, tout simplement. Libre à toi de me croire ou non, libre à toi de me faire confiance ou non. Je saurai dans le futur de prouver la véracité de mes propos. Tu seras peut-être difficile à convaincre, bien plus que le peuple qui ne croyait plus en notre rêveur mais je n'abandonnerai pas. »

De mon index, je fis signe à Ema de jeter un œil sur les photographies présentées.

«  J'ai ouvert une nouvelle enquête et j'ai aussi demander à nos hommes de travailler minutieusement. Tu vois ces deux personnes ? Elles sont soit-disant les parents de ton mari et pourtant d'après les analyses, ce n'est pas le cas. En plus de cela, ils sont défigurés tous deux. Quelque chose d'étrange à relever et qui bien sûr s'est passé lors de l'examen Chûnin. C'est un très bon indice mais nous avons besoin de toi pour le reste. Tu dois analyser notre maître de fond en comble pour y desceller la moindre anomalie. Je vais aussi parler de son cas à une personne de confiance, tu seras avertie si une rencontre avec elle est nécessaire. »

Qu'avait-elle à répondre ? Je venais de lui prouver ma bonne foi et si ce n'était toujours pas suffisant, le temps fera le reste.

Ema ne devait surtout pas douter de nos hommes, ils avaient minutieusement travaillé sur cette enquête et en effet, ils n'étaient pas ses parents. Les informations avaient été vérifiées encore et encore, ma parole n'avait peut-être pas d'importance à ses yeux mais je me portais garant de ces résultats. Les individus avaient aussi les visages brûlés, ils ne souhaitaient pas qu'on découvre leurs identités, c'était un fait. En tant que membre du Kakumeigun, elle était sûrement au courant que nous disposions de machines nous permettant d'affirmer ce genre de choses-.. Elle était dans la flou et je pouvais le comprendre, entièrement. Sur ses paroles, je la vis comme un peu désorientée. Je me levai de mon bureau afin de prendre place à ses côtés, sur une chaise. Je posai ma main droite sur son épaule et écoutai la suite. La Matsuno avait peine à comprendre mon comportement, je ne pouvais pas lui en vouloir. La situation n'était pas évidente et elle avait remarqué jour après jour que Aburame Miko était devenue une obsession aux yeux de mon ancien maître, elle était en première ligne après tout. Satomu vivait aussi dans ce désordre, c'était bien dommage. Malgré ça, je n'avais aucun remords. Rien n'était visible sur mon visage puisque j'avais fait cela avec de bonnes raisons.

L'exiler n'était pour elle pas la bonne solution, loin de Suna, loin de son rêve-.. C'était justement pour ces raisons que je devais l'éloigner. Je le faisais pour son rêve, pour Suna et pour lui-même. S'il ne pouvait pas le comprendre, c'est qu'il était encore plus embourbé dans sa folie que je ne pouvais le penser. Comme dit, depuis son changement d'identité il avait changé. Je ne voyais que ça comme élément déclencheur, rien ne laissait penser qu'un événement antérieur aurait pu causer ce désordre mental. Je m'étais assuré de retracer la moindre de ses actions avant et depuis ce jour comme pouvait se douter ma partenaire du Midorhato.

La Kunoichi se retourna pour ne plus me faire face, je continuai alors à l'observer, même de dos. Celle que j'avais sûrement plus entraînée que quinconce, celle avec qui dans l'équipe j'avais passé beaucoup de temps ne disait plus me croire. D'après elle, je lui avais tout simplement volé sa place. Ce terme me fit tiquer et j'en devins même légèrement contrarié. Était-elle aveuglée par l'amour qu'elle pouvait porter à Yamuro ? J'avais beau aussi le considérer, énormément, je voyais aussi les problèmes qu'il avait provoqué et les seules solutions possibles. Elle proposait ensuite une rencontre avec Konoha et ce avec l'ancien Rêveur, c'était tout simplement impossible dans la conjoncture actuelle. L'amener devant son ennemie imaginaire ne ferait qu’aggraver la situation, il tenterait à coup sûr de mettre fin aux jours de la dirigeante de Hi no Kuni et c'était tout simplement impensable.

Mon rêve quant à moi était de créer un Suna uni, je n'avais beau qu'être un régent, j'aspirai à beaucoup pour notre village. Trop longtemps nous avons subi le règne de Kazekage défaillants, trop longtemps nous avions marché sur Kaze no Kuni. Le peuple devait s'unir, les clans aussi devaient s'unir afin de créer un Suna fort et qu'on reprenne notre place aux yeux du reste du monde. Mon interlocutrice voyait-elle où on en était aujourd'hui ? Comprenait-elle que cela ne pouvait plus durer ? L'air sérieux, je me levai et plaçai chacune de mes mains sur les deux bras de la manieuse de Shôton. Je la retournai alors pour l'avoir face à moi et ce avant même qu'elle ne termine. Aussitôt fait, je pris la parole jusqu'à même la couper dans ses derniers mots.

«  Ema, réveille toi s'il te plaît ! Suna est son rêve mais c'est aussi le nôtre, celui qui nous a transmis au travers de ses enseignements. J'ai donc décidé de protéger son rêve, le tiens, le mien et celui de Tetsui. Comment je l'ai fait ? Tout simplement en écartant celui qui se trouvait être la plus grande menace pour notre patrie, Yamuro. Laisser l'once de pouvoir à un homme complètement désorienté, laisser nos hommes, leurs femmes, leurs enfants à ton mari, c'était tout simplement de l'inconscience. Où aurait-t-il pu nous mener ? Qu'est-ce qu'il aurait sacrifié pour obtenir la mort de l'Aburame ? Voler sa place ? Je n'ai fait que lui proposer de s'exiler, chose qu'il a accepté et j'ai ensuite joint mes forces à celle de la capitale pour contenir les possibles opposants. Sans doute je ne t'apprendrai pas qu'ils n'étaient pas énormément... »

Je lâchai ses bras mais ne détournai pas mes yeux qui eux, étaient plantés dans les siens.

«  Une rencontre avec Konoha, c'est en effet dans mes projets mais ça sera sans lui. Il ne pourrait se contenir dans son état actuel. Tu es son dernier rempart alors veille à le rester, c'est pour cette raison que tu iras à Ki à ses côtés. Tu auras tout mon soutient car s'il est envoyé là-bas, ce n'est pas pour soigner seulement Suna, c'est aussi pour le soigner lui. Je demanderai à des experts de nous apporter davantage de détails sur son cas... Tu as ma parole. »

Je m'assis sur mon bureau et soupirai un bon coup, pouvait-elle me comprendre ? Je ne savais que penser de cela, je lui apportais tous les éléments possibles et si elle était encore aveuglée par l'amour.. Je ne pouvais rien faire de plus.

«  Tu me demandes aussi s'il existe une raison à ses actes ? Personnellement, je n'y vois rien de raisonnable et ce n'est pas dans son habitude. C'est pour cela que je ne doute pas qu'à l'heure actuelle, il soit atteint par quelque chose que nous ne pouvons comprendre... pour le moment. »

Je marquai une pause de quelques secondes et relevai les yeux. À travers ceux-ci, je laissai transparaître ma détermination.

«  Ema, je protégerai Suna jusqu'à mon dernier souffle, comme je l'ai toujours promis. Quinconce s'opposera à ce serment en paiera les conséquences. Peu importe de qui il s'agit, je tiendrai promesse. »

Mais ça, elle le savait déjà et mes actes récents ne faisaient que corréler avec le dit serment.