- Tu es sûr que tu ne veux pas que j’atténue la douleur ? Ça risque d’empirer d’ici peu.

Respirant longuement, j’acquiesçai en guise de réponse. Je savais parfaitement que Yasahiro n’avait pas l’intention de me faire du mal, mais il était totalement hors de question pour moi de prendre un sédatif tant que ce n’était pas absolument nécessaire. La douleur était conséquente, mais un sceau avait déjà été placé pour empêcher mon hôte de se manifester. Enfin, c’était ce que m’avait expliqué Raito, j’avais encore un peu de mal comprendre les détails, eux aussi d’ailleurs. J’avais eu accès aux dossiers de Jinto, aux résultats de ses recherches et à son rapport me concernant. Tout indiquait clairement qu’il avait fait cavalier seul dans son entreprise, menant des recherches désapprouvées par l’Institut. Je n’avais aucun moyen de savoir si c’était la vérité, mais j’étais persuadé que le jeune Dentô n’avait pas été mis au courant.

- Bon, je t’aurais prévenu, tant pis pour toi.

Après ces quelques mots rassurants, je ressentis une violente douleur au niveau de la partie gauche de mon visage. Le sceau apposé sur mon oeil m’empêchait de voir quoi que ce soit, mais je ressentais parfaitement l’instrument métallique qui déchirait le fond de mon globe oculaire. C’était incomparable à ce que quiconque avait bien pu oser m’infliger par le passé. Cela faisait passer ma première chute du dos de Karyuudo, qui me brisa un nombre conséquent d’os, pour une vulgaire mésaventure.

Le sentiment que j’étais malgré tout entre des mains compétentes me rassurait suffisament pour résister. S’il était impossible de gagner pleinement ma confiance, il y avait bien une chose dont je pouvais être sûr, c’était que Yasahiro n’allait pas me laisser mourir sur sa table d’opération. C’était la première fois qu’il m’opérait, mais je l’avais déjà vu à l’oeuvre, c’était suffisant.

Essayant de garder mon calme et de rester stoïque, je marmonnai quelques mots qui ne devaient probablement pas être aussi cohérent et audible que dans mon imagination.

- Merci, pour m’avoir arrêté.

- Arrête de bouger, j’ai bientôt fini.

De mon oeil valide, je ne pouvais pas voir son visage, mais ceux de Karyuudo et de Raito étaient suffisament expressif pour comprendre que ce n’était pas très beau à voir. Soudain, le Monjara retira ses instruments ce qui me soulagea grandement. Il utilisa alors immédiatement son chakra médicale pour réparer ses propres dégâts. Il ne s’agissait pas vraiment d’une opération destinée à me soigner, son but était d’analyser de ses propres yeux l’origine du mal qui me rongeait.

- Il n’y a plus aucun doute, ceci ne pourra pas être soigné. Pas avec mes connaissances médicales tout du moins. Comme Jinto n’a jamais mentionné dans ses notes le moindre moyen, mon avis est qu’il va falloir qu’il apprenne à vivre avec.

- Qu’est-ce qui te rend si sûr de toi ? Tu as trouvé le point d’origine ?

- Il n’y a plus de point d’origine, nous ignorons toujours ce que cela pouvait bien être, mais il s’est totalement infiltré dans le corps d’Otoke, comme une fusion.

Raito n’avait pas l’air d’apprécier la nouvelle, mais je savais que son pragmatisme n’allait pas le conduire à me faire exécuter pour ne pas prendre de risque. Il avait perdu beaucoup d’hommes dans la bataille, une partie à cause de moi, mais il avait tout autant besoin de moi que réciproquement.

- Le sceau finira par lâcher. Otoke, tu vas devoir apprendre à te contrôler. Non, apprendre à le contrôler et à t’en servir.