Juste une question de remise en question

Je ne pensais pas que le manieur d'ombre qui me servait de sensei souhaiterai me revoir après le petit incident qui s'était déroulé il y a un peu plus de deux semaines. Mais, visiblement, je m'étais trompée sur toute la ligne, car malgré mon petit séjour forcé en prison, il semblerait que je n'ai pas réussi à refroidir les ardeurs du jônin du village de la feuille.

L'allure traînante, mais pour une fois, sans cigarette au bout des lèvres, je me dirige vers le terrain d'entraînement ou un oiseau messager m'a indiqué de me rendre. Il est sept heures moins le quart, autant dire qu'il a certainement décidé de me faire payer mon insubordination par des moyens bien plus radicaux qu'un séjour inutile en prison. J'approuve et aussi, je me prépare à endurer l'épreuve et les remontrances qu'il va me formuler, car je sais qu'elles ne tarderont pas à venir. Après cette Mizuki, mon père, ma mère, mon frère ... Mon professeur doit sans doute être le dernier maillon de l'échelle pour me casser un vase sur la tête.

J'ai mis des baskets et un short de sport, car je ne sais pas pourquoi, j'ai le sentiment que je vais transpirer et souffrir, mais bon, autant se tenir prête à toute éventualité.
J'arrive en avance sur le terrain d'entraînement et c'est parfait, mais déjà ce que je vois autour de moi n'est pas fait pour me rassurer.
Je viens souvent courir ici et je connais parfaitement la topographie des lieux et notamment, l'imposant parcours de santé, ou plutôt du combattant qui se dessine au travers du paysage feuillu qu'offre cette forêt.

C'est sûr maintenant, il ne va pas me louper.
Serais-je anxieuse de ce qu'il va arriver ? C'est sans doute le cas, car alors que je redresse le visage, je vois finalement le Natsuki arriver et se présenter à moi alors que je baisse honteusement la tête. Enfin une petite preuve d'humilité de ma part.

La journée était ensoleillée, les températures plutôt chaudes pour la saison, et le ciel dégagé. En soi, c'était une promesse de beaucoup de sueurs pour celui qui s'adonnera à une quelconque activité physique en plein air aujourd'hui. Loin de resté indifférent à la météo, Natsuki avait opté pour une tenue courte, autant au niveau des manches inexistantes du haut que celles du bas, qui laissaient ses mollets aussi apparents que les tatouages qu'il portait sur les extrémités. D'une démarche tranquille et avec un sac jeté sur l'épaule, il gagna le terrain d'exercice sur lequel il avait donné rendez-vous à Leika de bonne heure. Elle qui n'avait pas vu le soleil depuis deux semaines, il fut ravit de l'apercevoir présente avant lui : elle commençait bien.

« Bonjour Leika ! » salua-t-il de bonne humeur en arrivant à sa hauteur. « Comment te sens-tu aujourd'hui ? En forme j'espère, car nous avons du pain sur la planche. Comme je te l'avais expliqué, nous avons assez peu de temps avant la prochaine sélection de candidats libres pour le grade de genin. Tu es jeune, mais adulte, c'est pourquoi je pense que si tu suis correctement la formation accélérée que nous allons commencer aujourd'hui, tu auras le niveau et les capacités pour passer haut la main la licence dans les délais que nous avons. »

Natsuki croisa les bras sur sa poitrine, et poursuivit.

« Les gradés par l'Académie passent pour la majorité leur diplôme à l'âge de quatorze ans. Ils ont un rude entrainement derrière, mais cela te donne une vague idée de la condition physique nécessaire que tu devras avoir. Il y a aussi une épreuvre de connaissances, d'aptitude à manipuler le chakra, et un entretien pour évaluer autant ta motivation que ton psyché. »

Soit un total de quatre épreuves clefs, qui déboucheront sur le véritable test : le monde extérieur.

« Bien évidemment, nous ne pourrons pas aborder tout ceci en détail aujourd'hui. Cette journée, je vais la consacrer à faire le point avec toi, et établir la base sur laquelle nous allons travailler. Tu as la tenue, et le soleil n'est pas encore de plomb, aussi je te propose de commencer sans plus attendre par l'échauffement et l'évaluation physique. »

Natsuki lui montra quelques mouvements pour préparer le corps à l'effort, tout en lui expliquant l'exercice auquel il allait la soumettre.

« Le principe est simple : tu vas courir à côté de moi, à mon rythme. D'abord lentement pendant cinq minutes pour nous échauffer, je vais ensuite progressivement accélérer toutes les minutes d'un demi kilomètre/heure sur une base de huit. Ton but va être de tenir le plus longtemps possible sans te faire distancer, l'objectif final étant d'arriver à un minimum de quatorze minutes, soit une vitesse de quinze kilomètres/heures. »

Natsuki la laissa finir de se préparer, surtout psychologiquement, et en profita pour déposer son sac à l'ombre. La piste était grande et dégagée, l'endroit parfait pour de la course à pieds.

« Allez, en piste. » lui fit-il signe pour qu'elle commence à le suivre.

L'épreuve était physique, Leika avait intérêt à ne pas la prendre à la légère, même si ce n'était que pour dresser une base.

Le chef de la Racine se montre beaucoup plus cordial que je ne l'aurais pensé. Un bonjour, des paroles aimables, puis un programme détaillé de la journée qui va suivre avec, comme je me le doutais, un entraînement physique qui n'est pas pour me déplaire.

"Bonjour !" Lui répondis-je poliment. "Mieux qu'hier !"

En effet, hier, je sortais juste de prison et hormis l'odeur immonde que je dégageais, ainsi que les sermons qui ont suivi, la journée n'avait pas été des plus agréable pour moi. Quoi que dormir dans un vrai lit était assez revivifiant. Je levais les yeux au ciel en écoutant la suite du programme.

Courir est comme une seconde nature pour moi. J'adore ça et c'est un moyen évident pour me détendre et me vider la tête. Un mince sourire se détaille sur mes lèvres alors que j'approuve sa proposition avant de me mettre à m'échauffer comme il se doit en suivant chacune de ses instructions. Étirements, mouvements rapides du corps pour doucement augmenter le rythme cardiaque et préparer le cœur à l'effort, j'effectue chacun des exercices comme le souhaite mon professeur sans prononcer la moindre parole. Appliquée et sérieuse dans tous les mouvements que j'effectue, quand il annonce le départ, je me redresse rapidement avant de le rejoindre sur la piste et d'enfant me laisser porter par chacun de mes pas fouettant le sol. Le rythme est tranquille, beaucoup plus que ce à quoi je suis habituée et il m'arrive fréquemment de devoir ralentir ma cadence, car je suis en train de dépasser le Nara. Finalement, ça va, je me sens parfaitement bien dans cet entraînement et bien que je souffre pour réguler ma respiration comme je le fais d'habitude, je ne ressens pour l'instant aucun traumatisme quelconque, mais je préfère en garder sous la pédale, la journée ne fait que commencer et bien que pour l'instant, je n'ai aucun mal à suivre mon professeur pour l'instant, je me prépare mentalement à la suite du programme.

Natsuki avait commencé la course doucement pour l'échauffement, mais déjà, Leika peinait à suivre le rythme. Non pas qu'elle était à la traine, bien au contraire la demoiselle avait plutôt tendance à presser le pas. Les cinq premières écoulées, et la machine lancée, il doubla la cadence pour démarrer le véritable exercice, puis augmenta progressivement sa vitesse toutes les minutes. Un accroissement presque insignifiant, mais qui à force de s'accumuler et d'entamer une endurance qui elle ne se remplissait pas, demeurait une prouesse physique. Et là-dessus, Leika fut une bonne surprise : l'objectif de vitesse à atteindre en course de fond le fut sans le moindre problème. Elle avait d'excellentes capacités en terme de cardio, si bien que Natsuki poursuivit jusqu'à ce qu'elle soit incapable d'accélérer encore suffisamment et de le suivre. A moins d'avoir consacré sa vie à la course, elle ne devrait pas parvenir dépasser les vingt-cinq minutes, mais sait-on jamais ? Qu'elle l'accepte ou non, elle avait de la sève d'Hayashi dans les veines, et le métier de shinobi dans le sang : un potentiel qui se montrait déjà maintenant, et qui ne tenait qu'à elle de développer ou non.

L'exercice aux résultats plus que satisfaisants s'acheva lorsqu'il eu besoin de ramasser les poumons de la jeune femme. Il l'invita alors à retrouver son souffle en marchant pendant cinq minutes encore, puis à s'assoir pour récupérer pleinement. Il attrapa une bouteille d'eau rangée dans son sac, et la lança à la jeune femme avant de prendre place à côté d'elle.

« Pour ce qui concerne le physique brut, c'est plus qu'encourageant. Tu n'auras personne pour te donner le rythme pendant la véritable épreuve, sinon un sifflet, aussi il faudra que tu t'exerces essentiellement à gérer ta cadence de course. Mais en terme d'endurance, tu as largement ce qu'il faut pour réussir. Je ne te donnerai donc pas de conseil sur ce plan là, continue comme tu as toujours fait pour te préparer. Là, je vais te laisser une heure pour récupérer pleinement, et ensuite nous attaquerons la souplesse et l'agilité. Le parcours de santé situé plus loin offre quelques '' ateliers '' qui scieront à merveille pour ce que je prévois. »

Continuant de s'exprimer sur un ton léger, il prit appuie de ses mains derrière lui et plissa légèrement les yeux, ce qui accentua le tranchant de son sourire.

« En attendant, si tu me racontais un peu toute l'histoire qui tourne autour de son séjour récent dans les geôles de Konoha ? J'ai eu droit à plusieurs versions et témoignages, mais pas encore le tien. »

La question était tombée sans préavis, à l'image d'un coup de tonnerre sur un ciel d'un bleu éclatant.

L'exercice commençait enfin. D'abord dans un rythme que j'eus du mal à suivre. Non pas que ça allait trop vite, mais au contraire, ça allait trop doucement et je n'étais pas spécialement habituée à courir aussi peu vite, mais rapidement l'intensité de l'exercice augmenta progressivement jusqu'à atteindre une vitesse de croisière somme doute tout à fait raisonnable pour moi, mais que le Nara n'hésita pas à pousser à mon tour dans mes retranchements. Le rythme, je le suivais sans soucis, mais rapidement, je ressentis les premiers effluves de la fatigue, effluves rapidement remplacés par une respiration difficile et de vraies gouttes de fatigue qui se rependait autour de mon visage. Au final, je tenue la cadence aussi longtemps que mon corps me le permit avant de m'arrêter pour finalement dégueuler mes poumons. A bout de souffle après cette course folle, je m'accrochais finalement à la branche d'un arbre pour me soutenir avant de marcher doucement, puis finalement m'arrêter et m'asseoir à même le sol, ou plutôt carrément me coucher dans l'herbe. J'étais exténuée, mais je m'y attendais.
Natsuki commença alors à faire le compte-rendu de cet exercice, m'indiquant ce qui allait se passer pour l'examen. Il faudrait donc que je travaille seule avec un chronomètre pour moi-même m'habituer à la durée de l'exercice. Je me redressais sur les fesses et j'approuvais d'un hochement de tête vigoureux :

"D'accord ... J'essayerai de m'entraîner à contrôler ma cadence et le temps de ma course ! Merci ..."

Je profitais du laps de temps qui m'était offert pour étirer mes muscles en joignant mes deux pieds et en ouvrant l'ouverture de mes hanches afin de tirer sur les muscles et tendons pour les détendre alors que la discussion prenait une orientation non désirée pour ma part. Dès lors, je virais au cramoisi et je baissais honteusement le regard vers le sol, l'herbe ayant soudain pour moi un attrait divin. Je finissais par baragouiner une réponse :

"Je suis sortie du village sans autorisation à la tombée de la nuit ..."

Les joues de Leika s'embrasèrent, suivit de tout son visage, mais Natsuki ne fit rien pour lui rendre la situation plus confortable. La jeune femme baissait la tête pour fuir le regard de son formateur, contrairement à ce dernier qui ne détachait pas ses yeux d'elles.

« Je vois. Cela n'a donc aucun rapport avec le fait que cette sortie en question ai eu lieu en passant par un trou creusé sous la muraille, n'est-ce pas ? »

Sa voix avait conservé cette touche amusée, mais le ton avait des notes particulièrement tranchantes.

« Regarde-moi. » ordonna-t-il, tout sourire ayant disparu de son visage. « Et surtout, regarde-toi. L'on dirait que je sermonne une gamine qui a été surprise par ses parents en train de faire le mur. J'ose espérer que tu as conscience que le problème n'est pas ici, n'est-ce pas ? Que tu te sauves dans la forêt pour ailler entretenir tes plantations de tabac, je m'en fiche, ce n'est pas pour cela que tu as été condamnée. Le véritable soucis, qui a causé toutes les réactions que tu as qualifié d’excessives, c'est que tu te sois amusée à creuser des failles dans un système de défense qui ne peut pas se permettre d'en avoir. La muraille a beau être inspectée régulièrement, ce n'est pas une raison. »

Il soupira, et se montra moins incisif sur la suite.

« Je ne vais pas te refaire la scène dont tu as déjà eu droit plusieurs fois Leika. Mais ta réponse me laisse dubitatif. Tu n'as pas été enfermée parce que tu es une criminelle en puissance, mais pour que tu réfléchisses un peu à tout ce que tu fais, et des répercussions que cela a. Or là, j'ai l'impression que tu ne t’aies pas posé les bonnes questions. Et sans la bonne mentalité, cela ne sert à rien que je t'entraîne à quoi que ce soit, Leika. »

Assit en tailleur en face de son étudiante, il n'avait toujours pas détacher son regard d'elle. Toutefois, il se montrait moins inquisiteur.

« Je veux que l'on prenne le temps de mettre les choses à plat maintenant. La crise de l'adolescente rebelle qui veut juste faire enrager ses parents, tu as largement passé l'âge. Alors dis-moi, quel est le réel soucis avec tout cela ? Le système shinobi en lui-même ? L'autorité en général ? Tu ne te sens pas assez libre ? Je t'écoute. »

Les bases étaient encore trop bancales pour que Natsuki puisse espérer construire quoi que ce soit avec Leika. Il avait besoin d'en savoir plus sur la jeune femme, sa motivation, et les problèmes qu'elle devait surmonter.

"J'ai juste utilisé des failles dans le système de défense de la ville ... Je savais que je n'aurais pas le droit de sortir si je passais par la grande porte ..."

C'est ce que je répondis à sa question en gardant la tête baissée, mais je savais que la suite serait tout aussi cassante. Inutile de lui mentir plus longtemps de toute façon, nous devions bien passer par cette étape-là à un moment ou à un autre. C'est donc le visage fermé que je m'apprêtais à subir le plus dur de ses remontrances.
Je le regardais droit dans les yeux quand le sermon arriva. Ne cillant pas, mais ne faisant pas non plus la fière. Je l'affrontais juste, comme il me l'avait demandé. J'écoutais et je comprenais mon erreur, même si à la base, je n'avais pas forcément la volonté de nuire à qui que ce soit. Muraille ou pas, je n'étais pas celle qui ordonnait au lapins de creuser leurs terriers sous l'imposant mur de pierre, par contre j'étais fautive dans le sens ou j'avais exploité ce dernier pour passer sous la muraille. Et ait-ce une nouvelle façon pour moi de penser que je n'étais pas entièrement fautive de la situation présente ? Sans doute, mais je n'étais pas encore prête à assumer pleinement mes actes. Je cherchais à me protéger comme je le pouvais, mais je sentais que ma muraille était à son tour petit à petit, en train de voir chacune de ses fortifications s'effondrer. Je baissais finalement les yeux pour regarder mes pieds, n'osant plus soutenir plus longtemps son regard.

Des excuses n'arrangeraient certainement pas les choses dans tous les cas et je sentais que le sensei lui-même était en proie à se poser des questions à mon sujet et au sujet de mon apprentissage. Peut-être avais-je finalement réussi à lui faire comprendre qu'il était inutile de continuer à m'entraîner ? Que je ne changerai probablement pas. Non, au lieu de cela, il me proposa simplement de discuter de ce qui me posait vraiment problème eu sein de Konoha. C'était peut-être la première fois que l'on me proposait une telle chose. Identifié, le problème et c'est aussi là que je me rendis compte que je ne savais pas vraiment ce qui me tracassait le plus au fond de moi ...

"Je ..."

J'avais du mal à m'exprimer tout simplement, car je ne savais pas quoi répondre :

"Je ne sais pas ..."

J'étais dépitée à présent, si bien que dans la pause qu'il m'accorda, je repliais mes genoux contre ma poitrine pour pouvoir, me cacher et me protéger contre ses derniers. Je me mordais le bras de nervosité, mais cela ne m'empêcha pas cependant de m'exprimer alors que je sentais son regard vrillé sur moi :

"J'ai l'impression qu'on est tout le temps en train de m'observer, de surveiller mes moindres faits et gestes et de me critiquer sans arrêt. Rien que le fait de marcher dans la rue, je m'attires des regards haineux de la part des autres Hayashi ... C'est comme ça depuis que papa à été annoncé mort ..."

Je détournais clairement la tête :

"Et ne me dites pas qu'on me laisserait volontairement sortir du village en pleine nuit si je le voulais ... Vous savez bien que les portes du village sont fermées et que personne ne peut en sortir ..."

Je n'avais pas parlé d'un ton agressif, mais je ne me sentais pas forcément sûre de moi, de même que plus le temps avançais, plus je réalisais le sens profond des paroles de mon sensei, plus je me sentais perdue :

"Je ne sais plus où j'en suis ... Parfois, j'aimerais partir loin d'ici, mais pour aller où ?"

Elle ne savait pas. Voilà qui commençait bien, et quelque part, Natsuki s'y attendait. Toutefois, il resta silencieux, et se garda d'exprimer le moindre soupire d'agacement. Décortiquer Leika allait lui prendre du temps, et il n'y arrivera que si elle s'ouvre d'elle-même. Pour cela, il était nécessaire qu'elle se sente en confiance, et qu'aucun commentaire ou regard ne la brime, sans quoi ils n'avanceront pas. Imperturbable et inexpressif, il attendit donc la suite, qui petit à petit arriva. Les premières pièces du puzzle.

« Konoha a beau être un village militarisé, ce n'est pas pour autant qu'il y a un shinobi sur le dos de chaque personne pour l'observer en permanence. Les seules que tu dois effectivement sentir à mon avis sont ceux de tes confrères Hayashi. Je connais dans les grandes lignes les traditions de ton clan, et notamment celle concernant les arbres plantés à votre naissance, ainsi que ce qu'ils représentent. Les Hayashi sont une famille Noble et fière, un clan guerrier avant tout. Ne pas participer à perpétuer une lignée martiale joue assez peu en ta faveur. J'imagine que ce sont les préceptes et les codes de la noblesse qui braquent autant tes confrères sur ton choix de ne pas suivre la même route qu'eux. Est-ce donc pour cela que tu es là aujourd'hui, à t'entrainer avec moi ? Pour entrer dans le moule de ton clan et avoir la paix vis-à-vis de tes proches ? Ou bien obtenir un laisser-passer pour les Grandes Portes afin d'aller et venir à ta guise la nuit ? »

Des centaines de personnes passaient chaque jour les portes du Village, lequel ne vivait pas en autarcie. Et certes, les allées et venues étaient contrôlées pour des raisons de sécurité, mais personne n'était empêché de partir ou venir. Il ne manquerait plus que les civils soient retenus captifs dans le Village...

« Cela n'intéresse personne que tu sois paumée, Leika. C'est même sans importance. Ce qui compte, c'est où tu veux aller. Si tu as ton objectif en tête, peu importe d'où tu pars, il y a une destination au bout. A toi de me dire à quoi rime tout cela maintenant. Pourquoi avoir changé d'avis, pour quel motif veux-tu devenir une soldat de la Feuille ? Parce que tu en as vraiment envie, ou à cause de l'ultimatum que Mizuki t'a mit un sur la tête ? Explique moi un peu ta motivation. »

Natsuki essayait de pousser Leika à se poser les bonnes questions, afin qu'elle mette de l'ordre dans ses idées, qu'elle se découvre. Elle était pour le moment dans le brouillard, et lui ne pouvait savoir pour elle où elle voulait aller. Il pouvait seulement l'aider en lui indiquant les routes possibles : à elle d'élargir ses horizons en regardant autre chose que ses pieds en faisant du sur-place.

Le visage désormais fermé, et même baissé vers le sol, j'entendais pourtant les paroles de mon sensei et j'y réagissais même en secouant négativement la tête dès qu'il eut fini sa première tirade :

"Non ... Non, ce n'est pas ça !"

Je ne faisais pas cela pour qu'on me laisse tranquille, même si effectivement ça aurait pu être une de mes idées premières, mais j'avais réfléchi malgré tout en prison. Sur le pourquoi du comment j'avais fini là-bas, mais surtout, à la situation dans laquelle je me trouvais présentement et aussi, sur cette envie d'évasion, de libération.

"Je ... Je suis venue ici aujourd'hui parce que j'en avais envie ..."

C'était peut-être ça le problème aussi. Je me rebellais sans cesse contre l'autorité, car depuis ma petite enfance, on essayait de contrôler ma vie. Peut-être était-il temps pour moi de prendre les choses en main. C'était pitoyable malgré tout car sans le vouloir, des larmes de rage et de frustration s'écoulaient à présent de mes pupilles. La douleur n'était pas physique, mais, bel et bien, mental comme si enfin, je laissais toute cette haine s'écouler de mon esprit et de mon corps. Pourtant, la suite du discours de mon professeur n'était pas pour autant me rassurer. Une nouvelle fois, je secouais négativement la tête. J'étais encore jeune, et même si d'autre savait bien avant moi qu'elle voie, il souhaitait prendre, ce n'était toujours pas mon cas. Je redressais la tête, le visage encore un peu humide de tous ses pleurs :

"Je crois bien que je me cherche encore ..."

Quelle douloureuse conclusion, malgré tout, je pouvais avouer :

"Ça me plaît pour l'instant ce que vous faites pour moi, la proposition de travail au restaurant, même cet entraînement ... Vous me portez de l'intérêt et je dois avouer que c'est ... Rassurant."

J'avais fini par laisser mes pieds se rallonger sur le sol, malgré tout, je gardais mes bras fermement enroulés autour de ma poitrine comme pour continuer à me protéger :

"J'ai envie d'essayer ce que vous me proposez. Pas pour faire plaisir à ma famille ou à mon clan, seulement pour moi. Et puis ça me permettra de gagner un peu d'argent une fois que je serais genin, je pourrais prendre un appartement loin du quartier Hayashi. C'est peut-être une motivation bête, mais ça en reste une malgré tout !" Avouais-je en rougissant.

"Vous voulez bien continuer à m'entraîner s'il vous plaît ?"

Natsuki tapotait mécaniquement de ses doigts sur son genou tandis qu'il écoutait Leika. Elle en avait révélée un peu plus sur sa situation morale, à commencer par le fait qu'elle se cherchait toujours. Cela confirmait ce qu'il pensait tout au début : toutes ses folies, ses comportements rebelles, sa façon d'être et de vouloir absolument se heurter à l'autorité n'étaient en final qu'un besoin de trouver un cadre. Des limites qui ne sont pas là pour la réprimer arbitrairement, mais pour lui permettre de s’épanouir de façon construite. L'entrainement que lui proposait Natsuki entrait pleinement là-dedans, tout comme dans une moindre mesure l'offre qu'il lui avait faire pour travailler dans son restaurant – même si son escapade en prison avait rendu caduc l'opportunité aux yeux de Keiji. En ce sens, même si cet apprentissage n'aboutissait pas au grade de genin pour la jeune femme, cela lui aura permit d'évoluer un peu dans son cheminant, et d'en ressortir grandit. S'il s'abstint de lui faire part de ses réflexions, il hocha la tête à son attention.

« Ce ne sont pas les larmes qui forgeront ton avenir Leika, mais tes décisions et tes actes. T'entrainer, je le veux bien, mais si tu n'as pas la motivation sincère de t'investir dedans, tu t'écrouleras avant d'arriver au bout. »

La motivation financière était une source comme une autre.

« Passons à la suite donc, maintenant que la question est soldée. Je vais profiter de la partie récupération physique pour aborder avec toi un aspect plus '' spirituel '', mais tout aussi indispensable pour ton apprentissage, puisqu'elle concerne l'utilisation du chakra. Je ne t'apprendrai pas grand chose dessus puisque tu as tout de même fait le début de ta scolarité à l'Académie, mais un dépoussiérage des souvenirs ne te fera pas de mal. Il s'agit d'une énergie présente dans tout être vivant, et dont l'usage peut être très varié. Essentiellement, nous l'utilisons pour tout ce qui se rapporte à notre profession, que ce soit pour déployer des capacités physiques prodigieuses, user de techniques élémentaires, ou autre. En tant que Hayashi, je ne sais pas où tu en es avec tout cela, mais si je dois m'en référer à ton statut de civil, je dirai pas très loin. Je vais donc te faire partir de zéro, et si je vois que les bases sont déjà acquises, nous sauterons les parties superflues. Commençons par travailler sur la prise de conscience de la circulation de ton chakra en toi. »

Natsuki s'installa en position de méditation, et invita Leika à en faire de même.

« Pour débuter, j'aimerai que tu apaises toutes ces émotions dont tu es la proie. Recherche la paix intérieur, et fait abstraction du reste, sans quoi tu n'y arriveras pas. »

La gestion de ses sentiments faisait partie intégrante du métier.

« D'abord, tu vas fermer les yeux, et te laisser guider par ma voix. J'aimerai que tu te concentres uniquement sur les sensations de ton corps, de sorte à ce que je ne sois qu'un murmure faisant office de fil d'Ariane. Détends tes muscles, et inspires calmement. D'abord, sent l'air qui entre dans tes poumons, perçoit les odeurs qu'elle amène avec elle : les pins, l'herbe, la mousse, la terre, l'été. Souffle. Laisse l'air filer entre tes lèvres deux fois plus lentement qu'à l'inspiration. Recommence. Maintenant, centre ton attention sur toi-même, isole-toi du monde extérieur. Tout proche de l'oxygène qui filtre dans tes bronches, tu dois commencer à le sentir, le chakra qui parcourt ton corps, palpitant dans un réseau similaire au système lymphatique. Inspire doucement, et souffle. Reste encore passive pour le moment. Efforce-toi simplement de juste prendre pleinement conscience de cette circulation, de la comprendre, de capter ses ramifications et de visualiser son étendu. »

A ce stade, les paroles de Natsuki n'étaient plus que des murmures, portées par un courant d'air jusqu'aux oreilles de son étudiante. L'exercice dura une bonne demi-heure, durant laquelle il finit par se taire afin que Leika puisse se concentrer totalement, sans perturbation extérieur. Il ne soufflait par instant que quelques mots pour la guider dans son voyage intérieur.

« Doucement maintenant, inspire grand une dernière fois, et souffle en ouvrant les yeux. »

Comme si elle était revenue de loin, Natsuki l'accueilli d'un sourire.

« Comment te sens-tu ? Et surtout, qu'as-tu ressenti ? »

Les paroles de mon sensei avait eut au moins l'effet escompté. Me faire, réagir, réfléchir et surtout agir. D'une main légèrement hésitante, j'essuyais les larmes qui ruisselaient sur mon visage et m'empressais de redresse le visage pour approuver d'un vif hochement de tête ses paroles :

"Je vais vous montrer que je peux y arriver et je vais tenir jusqu'au bout !"

Ce n'était peut être que des paroles. Des paroles qui sans doute ne le convaincrait pas de ma sincérité, mais au moins, j'avais le mérite de les avoir prononcées. Cet homme m'avait fait confiance et il jouait une sorte de figure paternelle qui m'avait tant manqué. Finalement, j'avais tout de même réussi à suffisamment le convaincre pour qu'il poursuive mon entraînement et ceux de façon beaucoup plus ... Spirituelle qu'autre chose. Abordant sans détour la question du chakra, il faisait alors remonter en moi des souvenirs de ma petite enfance quand j'allais encore à l'académie shinobi.

Obéissant à ses ordres, je respirais profondément pour me calmer, puis, me mettant dans une position beaucoup plus confortable et propice à la méditation, j'exécutais chacun des mouvements qu'il m'avait demandé d'exécuter. D'abord, le calme, puis la respiration, au final le ressenti.

Les yeux fermaient, je cherchais à percevoir cette étrange énergie dont-il m'avait parlé, le chakra. Ce ne fut pas bien difficile de la trouver, vu que je l'utilisais déjà depuis de nombreuses années sans vraiment m'en rendre compte, mais là, c'était différent.

Loin de faire ça naturellement, il m'avait demandé de percevoir chacune des ramifications de cet arbre qui composait l'ensemble de mon corps. Ses racines, ses branches, sont réseaux veineux. Je respirais alors lentement tout en écoutant le son de sa voix. Cela pouvait paraitre banal, mais c'était très reposant et à la fois, assez excitant.

Doucement, je commençais à percevoir le sens de la circulation de ce chakra, mais surtout et également, sa provenance. Lorsque finalement, après un long moment, l'exercice toucha à sa fin, je rouvrais doucement mes paupières pour observer mon professeur et puis, répondre aux questions qu'il me posait :

"Je me sens détendue et apaisée !"

Je souriais timidement, avant de lever la main et de la porter à mon front, puis doucement, entre mes deux yeux :

"J'ai senti que mon système chakratique puisait sa puissance ici, juste entre mes deux yeux !"

Encore une fois, je souriais timidement. L'exercice n'était pas très difficile, mais j'y avais éprouvé une certaine fierté à ressentir cela et aussi, me prouver que j'en étais capable.

Natsuki hocha la tête d'un air satisfait. Le fait que Leika ressorte détendue de l'exercice prouvait qu'elle y était parvenu de façon naturelle, presque innée.

« C'est un début encourageant. Tu as réussi à rapidement prendre conscience de ta circulation, et ce sans beaucoup d'effort. Voilà bien la preuve qu'il y a un potentiel latent en toi. Passons à la suite du coup, à savoir exercer une emprise sur ton énergie. L'exercice n'est pas difficile en lui-même, et au vu de ta réussite, tu n'auras pas besoin de plus de vingt minutes pour le réussir haut à la main à mon avis. »

Profitant d'une brise chaude, Natsuki attrapa au vol une feuille emportée par le vent en la coinçant entre son index et son majeur.

« Je vais t'expliquer la marche à suivre en même temps que tu t'appliqueras à la faire, comme avant. Commence par fermer à nouveau les yeux. Le but ici est de parvenir à influencer ton chakra. Pour cela, tu dois te concentrer à nouveau dessus, l'imaginer comme un torrent. Visualise-toi maintenant plongée dans celui-ci, sens-le couler sur toi. Sens le communier avec toi, ne faire plus qu'un avec ton être. Quand ce sera bon, tentes de lui imposer une direction, une vitesse de parcours, un lieu de canalisation. De préférence, l'abdomen : c'est une plaque tournante de la circulation de l'énergie, à l'image de l'aorte pour le cœur. Ce n'est pas grave si tu perds le contrôle par moment, c'est uniquement une question de temps et d'habitude. Au début il arrivera même qu'entre deux échecs tu n'arrives même plus à l'imposer. Des fois, tu vas y parvenir mieux que d'autres. Il te faudra du temps pour parvenir à une maîtrise parfaite, mais ce n'est pas ce qui est visé aujourd'hui. Concentre-toi simplement sur la direction. Lentement mais sûrement, tu vas t'habituer à cet exercice très complet. Petit à petit, tu sauras imposer ta volonté à ta circulation d'énergie. Et à l'avenir, à force de le pratiquer, tu parviendras à développer ton réseau pour le rendre plus performant, et accroitre le passage du chakra là où tu en as le plus besoin, une condition sine qua none pour ajuster la dose et l'intensité exacte d'énergie requise pour chaque technique, ni plus ni moins . »

Après quelques minutes d'essai, il se décida à rendre un peu plus concret son exercice. Si Leika avait toujours les yeux fermés, alors elle ne dû sentir qu'un bref coup de vent avant que Natsuki ne lui saisisse doucement la main entre les siennes. Il y glissa alors la feuille d'arbre qu'il avait attrapé un peu plus tôt, et murmura dans le creux de son oreille : « Tiens-la. » avant de reculer de quelques pas, et s'assoir à nouveau.

« Commence par les mains, essaye de concentrer ton chakra dedans, de le laisser filtrer entre tes doigts. Si tu y parviens correctement, alors la feuille que je viens de te donner devrait adhérer toute seule à ta paume à plat, peu importe le sens dans laquelle tu la tiendras. Fais-la tenir dix secondes en opposition à la gravité, et je considèrerai que l'exercice est réussi : tu auras le coup de main nécessaire pour ce que je te réserve ensuite : révéler la nature élémentaire de ton chakra. »

Sur ce point là, il ne savait pas trop ce qu'il allait avoir comme résultat avec une membre du clan Hayashi, le forum ayant dû adapter les restrictions élémentaires de l'histoire originale pour rendre les affinités secondaires possible en pouvoir de clan dès le rang C. Mais une chose était sûre : ce n'était qu'en essayant qu'il aura la réponse.

L'exercice commença, Natsuki se contentant de murmurer des conseils à son étudiante.

Alors même que nous terminions l'exercice, je recevais déjà des félicitations plutôt encourageantes de mon professeur. Cela eut l'effet immédiat de me faire rougir timidement. C'était plutôt rare que l'on me félicite de la sorte et c'était même, plutôt agréable, mais je ne devais pas me reposer sur mes lauriers. Pour l'instant, j'étais très sérieuse dans chacun des exercices qu'il me demandait d'accomplir et lorsqu'il m'annonça que je n'aurais pas besoin de plus de vingt minutes pour maîtriser le suivant, j'essayais de me concentrer, plutôt que de me sentir influencer par une trop grande confiance en moi qui pourrait ne pas m'être bénéfique. Je respirais à plusieurs reprises par la bouche, comme pour me calmer et réguler ma concentration avant d'approuver d'un hochement de tête et de finalement suivre une nouvelle fois les instructions de mon professeur.

Je le regardais se saisir d'une feuille d'arbre, puis commencer ses explications.
Dés lors, comme précédemment, je suivais chacune de ses instructions à la lettre. Je fermais une nouvelle fois les yeux, après avoir vigoureusement hoché de la tête pour lui signifier que je l'écoutais, puis, comme il me l'avait demandé, je sentais doucement le flux de mon chakra. Je le visualisais alors tel un torrent et je mis quelques secondes avant de percevoir le sens, la direction de ce dernier. Le but était simple à partir de là, lui donner un mouvement, une direction différente. Mon abdomen.

En temps normal, j'effectuais cet exercice sans vraiment m'en rendre compte, mais là, j'étais un peu déboussolée. Une légère grimace se dessina sur mon visage alors que je fronçais les sourcils dans ma concentration.
J'étais en plein dans l'impasse qu'il essayait de me décrire et je me sentais comme ballotter dans tous les sens par une rivière dont je ne maîtrisais pas la trajectoire. Mon sang s'engourdissait, mais je devais absolument reprendre le contrôle. Je soufflais un bon coup et je reprenais là ou j'avais échoué précédemment :

"Ce n'est pas facile ..."

Toujours cette grimace de concentration sur le visage. Puis finalement, au bout d'un certain temps, mon professeur me remit un objet entre les mains. En le sentant, je devinais immédiatement que c'était la petite feuille qu'il avait ramassée un peu plus tôt et dès lors, j'écoutais les instructions qui suivirent sur ce que je devais faire, et surtout, comment y parvenir. Cela me semblait difficile et facile à la fois. Le mieux était peut-être encore de se lancer ? Je respirais à plusieurs reprises, cherchant clairement commencer procéder, puis finalement, je laissais le flux de mon chakra se diriger vers ce qui me semblait le plus propice pour réussir cet exercice. Ma main se tendit alors que je faisais doucement aller mon chakra dans ce sens. Cela n'avait pas vraiment d'impact visuel, mais je sentais se propager et me picoter de bout des doigts, de là à savoir si ça avait un réel impact sur la petite feuille ? Autant essayer. Tout doucement, j'essayais de former comme des crochets de chakra autour de la petite plante et je retournais ma main, observant cette dernière patiemment après avoir rouvert les yeux, j'étais impatiente de voir si j'avais réussi.

Le principe de l'essai-erreur, sans doute l'un des systèmes les plus utilisés par l'être humain quand qu'il s'agit de progresser dans l'inconnu. Natsuki appréciait lui aussi beaucoup cette méthode lorsqu'il était question d'enseigner à ses étudiants. Ils apprenaient mieux ainsi, par eux-même, tout en étant sûr d'avancer dans la bonne direction, car le Nara tatoué veillait à ce qu'ils ne s'égarent pas. C'est la raison pour laquelle il attendait, les bras croisés sur la poitrine, sans rien faire de plus que murmurer quelques conseils. Réussir à concentrer son chakra quelques part pour la première fois n'était pas facile. C'est un peu comme apprendre à faire du vélo. Au début l'on rate, l'on rate encore, mais si l'on garde courage, si l'on persévère, alors l'on finit par réussir. Et une fois le coup de main intégré, l'on ne l'oublie jamais. Leika semblait éprouver quelques difficultés, à en juger par son expression beaucoup plus concentrée et ses sourcils froncés sous l'effort mental qu'elle fournissait, mais Natsuki ne s'inquiétait pas plus que cela : elle avait la motivation, elle y arrivera.

Après un temps d'essai, la jeune femme se décida à ouvrir les yeux pour observer le fruit de son travail, formulé de telle sorte à ce que ce soit à Natsuki d'en déterminer le résultat. Il pouvait donc décider qu'elle avait lamentablement échoué – puisque le choix lui revenait – ou au contraire, de lui annoncer qu'elle avait réussit. Le premier cas de figure n'apportant pas d'intérêt, car il le forcerait à repartir dans une boucle sur laquelle il n'avait plus grand chose à dire et qui ne faisait pas avancer la narration, il accorda le succès de l'exercice à Leika, cette dernière ayant après tout suffisamment mit du sien pour le mériter : la feuille resta collée à sa main en dépit de la logique exercée par la gravité.

« Bien, très bien Leika. Je savais que tu y arriverais sans trop de difficulté. Dans une mesure plus poussée, cette technique te permettra d'adhérer à n'importe quelle surface verticale, même verticale, mais nous n'en sommes pas encore là. Pour le moment, laisser filer le chakra à travers tes doigts va surtout nous permettre de passer à la suite, à savoir activer ces cartes là, lesquelles vont révéler la nature élémentaire de ton chakra. »

Le jeu de carte que lui présenta Natsuki avait la particularité de n'avoir que des faces blanches. Il tira les deux premières de la pile, et en confia une à Leika.

« Je vais t'expliquer leur fonctionnement, c'est tout simple. Comme je te l'ai dit, tu n'as qu'à laisser filtrer ton énergie à travers tes doigts pour qu'elle imprègne ta carte, laquelle va réagir en fonction. Il y a cinq réactions possible. Si le papier se liquéfie, c'est que ton chakra est naturellement affilié à l'eau. S'il brûle, c'est que ton élément de prédilection est le feu. Si la carte se fend en deux, alors ton énergie est rattachée au vent. Dans le cas où elle s'émietterait, les techniques liées à la terre te seront possible. Et enfin, si elle se froisse, alors tu auras davantage de facilité à exploiter la force de la foudre. Dans mon cas par exemple... »

Le Nara tatoué déchargea un peu de chakra dans la carte qu'il tenait. Celle-ci se fendit alors en son centre de part et d'autre.

« … j'ai une affinité naturelle avec le vent. A ton tour, fais comme je te l'ai apprit : c'est l'heure de vérité. »

Il l'encouragea avec ce qui se voulait être un sourire sur cette grande étape de la vie d'un shinobi : la découverte de son affinité. Pour Leika, cette étape était moindre, dans la mesure à elle connaissait déjà son affinité secondaire, mais cela ne demeurait pas moins un moment important, qui déterminera grandement ses entrainements à l'avenir.

Les choses sérieuses commençaient après celle-ci.

La petite feuille resta collée à ma main. C'était appréciable de sentir que j'avais réussi quelque part et je ne pus m'empêcher de sourire joliment devant cette réussite. Ma fierté. Finalement, peut-être que l'on parviendrait à faire quelques choses de moi et que je n'étais pas aussi nulle qu'on le pensait. En fait, je soupirais à présent de soulagement. J'avais mis beaucoup dans cet essai. Peut-être par peur d'échouer ? Allez savoir, dans tous les cas, c'était une petite victoire sur beaucoup de choses ce que je venais d'accomplir. Sur mon clan, ma famille, sur les pensées des gens, mais sur moi-même surtout.

Ma main se referma doucement sur le précieux sésame que représentait cette simple feuille d'arme. Représentation onirique qui me rapprochait pourtant si grandement du clan auquel j'appartenais. Rouvrant ma paume, je regardais cette dernière, presque amoureusement. C'était à la fois un trophée et un précieux cadeau pour mon avenir qui m'était à présent ouvert.

Natsuki me souriait et me présenta ce qui semblait être la suite de mon entraînement. Découvrir mon affinité élémentaire ?

"J'en ai déjà entendu parler… Mais ça remonte loin…"

Très loin… À l'aube de mes sept ans pour être exacte. Je ne savais même pas comment je parvenais encore à m'en souvenir, toujours étant que la suite des explications me fit hocher de la tête positivement. Il me tendit alors l'une des fameuses cartes blanches avant de me montrer comment procéder. C'était tout simple en apparence, mais cela voulait dire tellement aussi. J'hésitais un peu, mais lorsqu'il m'annonça qu'il était temps de savoir, c'est presque avec timidité que je fermais les yeux pour reproduire le même exercice que précédemment, mais avec beaucoup plus de rapidité et de facilité cette fois-ci.

Entre mes mains, le petit morceau de papier commença alors à chauffer, puis soudainement, il se transforma en un petit brasier que je lâchais d'instinct pour éviter de me brûler.

"Le feu …"

Aussi étrange et dérangeant que cela puisse être, mon affinité était donc l'élément feu. Le parfait opposé de mon pouvoir héréditaire. Un sourire à la fois timide et désolé s'afficha sur mon visage :

"C'était presque prévisible…"

Étais-je déçu ? Pas vraiment. Mais je ne pouvais pas marquer de façon plus appropriée que de celle-ci l'amour éternel que je ressentais envers mon clan. Tout simplement en possédant le moyen le plus efficace et radical de lui faire du mal, voir de le détruire.

"Qu'elle sera la suite sensei ?"

J'avais envie de changer de sujet.

Comme beaucoup d'autres, Leika lâcha instinctivement la carte lorsqu'elle la découvrit enflammée. Natsuki lui regarda la jeune femme d'un air pensif.

« Une affinité à l'élément feu... Voilà quelque chose que l'on ne voit pas souvent au sein du clan Hayashi. » commenta-t-il en se passant distraitement la main sur le menton. « J'avoue que du pentagone élémentaire, c'est l'un des angles avec lequel je suis le moins à l'aise, en comptant la foudre. Le feu a un pouvoir destructeur impressionnant, probablement le plus élevé des cinq éléments, mais en contre-partie, il offre des possibilités défensives extrêmement maigres, pour ne pas dire inexistantes. Heureusement, tu as du sang de Hayashi dans les veines, et donc des moyens de faire appel au bois pour te protéger. La tâche ne va peut-être pas être évidente pour toi, de lier une maîtrise des flammes à celles des plantes, mais il en va de ta survie : rares sont ceux qui en ayant une première affinité Katon font long feu, sans mauvais jeu de mots. Il est dit que la meilleure défense est l'attaque, mais essaye seulement de lancer un trait de feu sur un shuriken, et tu te retrouva avec du métal fondu sur le corps... Qui plus est, comme je te l'ai dit, le feu est destructeur, et c'est pourquoi plus que n'importe quel autre élément, tu devras t'appliquer à le maîtriser à la perfection. Contrairement au vent ou à l'eau, les flammes sont vivantes, et un seul moment d'inattention peut causer beaucoup de dégâts. Aux autres, et à toi. »

Leika affirmait être beaucoup moins surprise que lui sur sa révélation élémentaire. Peut-être voyait-elle par là un moyen de faire souffrir son clan qu'elle détestait tant ? Il avait encore beaucoup de travail à faire avec elle, si tel était le cas. Mais bon, le Temple de Kyubi ne s'était pas bâtit en un jour. Tout comme il avait fallu s'y prendre à plusieurs reprises...

« La suite maintenant, jeune demoiselle, va reprendre ce même schéma : exercices physiques, puis travail mental pendant la phase de récupération. Aujourd'hui, je vais continuer d'évaluer ton niveau dans différents domaines tels que la souplesse, la dextérité, ta capacité à te battre et à utiliser du matériel shinobi, ainsi que tes connaissances propre au métier, ta rapidité de réflexion et ta maîtrise du chakra. Une fois cela fait, je vais te concocter un programme d'entrainement en fonction de tes besoins que tu suivras chaque jour, mais pas forcément sous ma supervision, afin de te préparer à réussir l'examen genin. Dépendamment de ce que je verrai aujourd'hui tu pourras compter dedans du renforcement musculaire, du potassage de cours théoriques, une formation au combat rapproché, l'apprentissage des mudra, et l'enseignement d'une technique ou deux éventuellement. Quand tu auras ton diplôme en poche, nous nous intéresserons davantage au domaine dans lequel tu te sentiras le plus à l'aise, et dans lequel je t'aiderai à te spécialiser. »

Natsuki se leva, puis étira son dos.

« Il est temps de reprendre Leika. Mais comme voir étape par étape chaque partie de cette journée d'évaluation, puis tous les jours d'entrainement qu'il y aura derrière, n'est pas ce qu'il y aura de plus intéressant pour nous deux, je te propose de faire cela en ellipse, sur une chanson qui permettra au lecteur de voir en fond les moments clefs à venir. Comme cela, s'il y a un exercice que tu souhaites davantage développer dans le RP, tu me le signaleras, et nous nous pencherons dessus de manière plus appliquée. Allez, en route maintenant. Nous avons encore un long chemin à faire... »

L'air avec les paroles
L'air sans les paroles ( pour les vrais )
Musique alternative, pour ceux qui n'aiment pas les paroles.

Débutons l'entrainement
Pour devenir ninja
Auras-tu assez de cran ?
Je l'espère pour toi !
Ce sera plus dur que ce que tu crois
Mais envers et contre tout
Je saurai faire un ninja de toi

Comme le kunaï qui file
Et frappe en plein cœur
De ton esprit fébrile
Tu agiras sans peur
Cesse donc de faire ta mijaurée
Car comme tu l'as décidé
Tu seras celle que je vais entrainer.

Trop tard pour avoir des regrets
Plus de retour en arrière possible
Garde bien devant toi ton objectif visible
Regard tout ce que tu as fait
Tu as le potentiel crois-moi
Alors sois digne de la confiance que j'ai en toi

Shinobi
Sois plus violent que le feu de Maka
Shinobi
Plus avisé que les sages Nara
Shinobi
Plus vicieux que les Ketsueki
Invisible comme une ombre dans la nuit

Les jours passent, l'examen
N'est plus vraiment loin
Entraine-toi dès le matin
Pour réussir serein
Tu deviendras fiable et efficace
Un ninja, alors potasses !
Pour devenir un ninja de Konoha

Refrain x 2

C'est ainsi que nous avons continué la journée. Ce ne fut pas aussi joyeux et facile que prévus, mais j'avais comme un sentiment d'accomplissement à la fin de cette dernière. Comme ci soudain, je me sentais libérée, délivrée de tous les tracas qui pesaient sur mon cœur. Allongée à même, le sol, je respirais du mieux que je pouvais après avoir subi la séance de musculation plus qu'ardue que m'avait imposé le Nara.

Désormais, c'était la fin de la journée, et aussi la fin du supplice pour moi. Mais je savais surtout que ce n'était que le début du difficile entrainement que me ferait subir le jeune homme. Peut-être bien que j'allai en mourir ? Où peut être juste que j'en ressortirais plus forte ? Seul l'avenir pourra nous dire cela, pour l'heure, je parvenais avec difficultés à me redresser pour pouvoir contempler le faciès calme et neutre de mon professeur du jour. J'avais encore un peu du mal à respirer, mais je devais lui poser une question, savoir d'une certaine façon, qu'elle serait la suite de tout cela.

Mon regard se perdit dans le sien et finalement, j'énonçais calmement la question suivante :

"Comment va se passer la suite de mon entraînement ? Allez-vous me donner un programme à réaliser quotidiennement afin que je devienne…"

Comment qualifier cela ? Je bloquais un peu sur le mot à employer pour finalement me contenter de la simplicité :

"Plus forte ?"

Puis, attendant sa réponse, je baissais les yeux silencieusement, observant mes pieds avant de demander :

"Le bras droit de l'Hokage m'a dit que je partirais avec vous à Nami no Kuni … J'ai un peu peur…"

Quoi de plus normal. Je n'avais pas suivi la formation de l'académie shinobi et j'étais incapable de vraiment me défendre contre des ennemis potentiels. M'envoyer là-bas serait sans doute plus une gêne qu'autre chose pour eux :

"Je vais être un boulet si je viens avec vous … Je ne sais rien faire …"

Leika avait tenu bon tout au long de la première journée qui avait vu s'alterner moments forts et phases de récupération. Visiblement fatiguée, elle était pourtant encore loin de ses peines. Mais progressivement, elle s'y habituera. Surtout que dès demain, l'entrainement allait devenir très dirigé, maintenant que Natsuki avait repéré les forces et les points à améliorer chez la jeune femme. La concernée posa d'ailleurs la question d'elle-même sur son devenir.

« Plus forte, nous verrons cela, mais dans l'immédiat, c'est pour te rendre apte à passer le concours que je vais te préparer, ni plus ni moins. »

Un enseignement plus poussé ne lui servirait pas dans un premier temps, il fallait qu'elle réussisse avec au moins le minimum dans tous les domaines.

« Quant à la demande de Mizuki, c'est moi qui lui ai soufflé l'idée dans le creux de l'oreille. » révéla Natsuki avec un sourire sur les lèvres. « Tu manques de pratique, et nous avons là l'opportunité rêvée d'en acquérir sur une mission qui n'a pas l'air extrêmement compliquée ou difficile de prime abord. Si cela se passe bien, ce sera pour toi un sésame à l'examen. »

Natsuki lui fit relever en douceur le menton pour qu'elle le regarde plutôt que de contempler ses pieds.

« Qui plus est, j'ai confiance en ce que tu vaux vraiment : tu es capable quand tu t'en donnes les moyens. C'est certain que ce n'est pas en guerre que l'on va t'envoyer immédiatement, mais notre métier n'est pas que du muscle : c'est pourquoi tu trouveras ta place au Pays des Vagues, dans cette mission qui te préparera très bien à ton examen à venir. Sache toutefois que tes efforts ne payeront que si tu crois en ce que tu fais : si tu es démotivée ou persuadée d'échouer d'avance, cela ne vaut même pas la peine d'essayer. »

Empoignant un stylo et calant son calepin sur son bras droit, Natsuki commença à écrire.

« Concernant ton entrainement maintenant. Au niveau physique brut, c'est suffisant pour l'examen genin : je ne ferai donc que le survoler avec toi, en prévision de ce qu'il y aura après ton diplôme. Pour ce qui est de tes aptitudes martiales, nous allons travailler un peu dessus, de la même manière que tes connaissances générales et shinobi. La préparation au test écrit représentera d'ailleurs 45 % de ton entrainement. Ta manipulation du chakra est limite, aussi elle gagnerai à être développée, au travers de trois techniques que je t'apprendrai : la métamorphose, le chakra adhésif sur de petits objets – que tu maîtrises déjà en partie – et la rupture d'illusions mineures. »

Il tendit la feuille la Leika, laquelle comportait des successions d'exercices groupées en jour de la semaine.

« Il y a aussi des exercices d'assouplissement et de relaxation, n'oublie pas de les faire. Les lignes où tu vois un point d'exclamation sont les entrainements auxquels je serai présent avec toi pour te superviser. Suit tout ceci, et ton examen se passera sans accroc. »

Il se baissa pour ramasser son sac, et le jeta par-dessus son épaule avec la sangle.

« Bien, ce sera tout pour aujourd'hui Leika. Il commence à se faire tard, et ce terrain a été réservé pour un entrainement de nuit par un groupe : mieux vaut donc lever le camps. Si tu veux dîner à la maison ce soir, tu es la bienvenue. Mon adresse est notée au bas de la page. Le cas échéant, je t'attends demain à la bibliothèque. »

En bon professeur qu'il était, le manieur d'ombre essayait de me rassurer quant à ma présence à Nami no Kuni. Il avait une façon de tourner les choses qui faisaient que l'on se sentait immédiatement à l'aise, mais surtout rassuré. Une façon plutôt étrange de tourner ses phrases, mais cela n'était pas pour me déplaire, car le manque d'assurance dont je faisais preuve était sans aucun doute, mon plus gros défaut. Des compliments, mais également et surtout des conseils sur ce qui allaient à présent suivre lorsque nous serions partis. Je sentis sa main se poser sur mon menton et me redresser le visage. Je rougissais face à ce geste, mais je le laissais faire sans piper le moindre mot. Pourtant à la fin, je me contentais de hocher vivement de la tête en affirmant :

"J'essayerai de faire de mon mieux et je suivrais votre entraînement à la lettre alors !"

Je disais cela en regardant par-dessus son épaule les mots qu'il était en train d'écrire sur son carnet, suivant d'un œil attentif chacun des exercices qu'il décrivait dans ce dernier. Ce n'était peut être pas très polie, mais j'étais plutôt du genre curieuse quand à ce qu'il me préparait. Par chance, le jeune homme ne tarda pas à me tendre la fameuse feuille, ce qui me permit d'éviter de me déboîter le cou pour parvenir à lire. J'analysais cette dernière un long moment. Tous ses exercices étaient très complets et je savais que j'y passerai une partie de mes journées pour les réaliser, mais peut être était-ce là le but ? Je remarquais également qu'il serait présent à quelques entraînements. C'était sympathique de sa part et je hochais positivement la tête lorsqu'il m'expliqua cela avant de finalement m'annoncer que nous devions libérer le terrain, car une autre équipe aller faire son entrée ici pour la nuit. Là encore, je me montrais obéissante. Il faut dire surtout que j'étais épuisée. Je ne m'attendais cependant pas à ce qu'il m'invite à manger chez lui. C'était gênant comme situation et puis :

"Je ... Je ne voudrais pas vous déranger..."

Pour dire la vérité, je n'avais aucune envie de rentrer chez moi, mais c'était malgré tout gênant. Mais s'il proposait, c'est qu'il en avait peut-être envie. Détournant le regard gêné, je finissais par approuver finalement :

"D'accord, je vais juste prendre une douche et je vous rejoins chez vous alors !"

C'est ainsi que se finissait mon entraînement, car je retournais en hâte chez moi pour me changer et me laver avant de le rejoindre chez lui.

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