J'ai souvent été en colère. En fait je le suis pratiquement tout le temps. Sauf quand je tire la gueule! Ce monde me révolte depuis toujours! Mais alors là on atteint des sommets! Des putains de sommets! Le sceau qui retient Shukaku me brûle signe que je favorise son émergence. Je le sais mais je m'en tape! Je préfère nettement m'acharner sur le mobilier du bar. Il est à présent vide. Les clients ont eu peur ou je ne sais pas quoi. Chiards! Seul le propriétaire des lieux est encore présent, caché derrière son comptoir. Et Ogami qui ne semble pas vraiment perturbé par ma prestation. Avec le temps il doit s'y être habitué...

"Mais bordel de merde!" mon poing traverse une table qui se déchire sur la longueur. "Il a fait QUOI?"

C'est la troisième fois que je pose la question mais cette fois il s'agit de pure rhétorique. Ainsi donc Kibo - ou peu importe le nom qu'il porte désormais - a décidé de tuer Miko. Ce qui, en soit, est plutôt louable. Sauf que, forcément, il s'est foiré machin! Et nous voici à présent en guerre. J'aurais pu le savoir plus tôt si seulement je n'avais pas passé les deux dernières semaines dans le désert. Et forcément il faut que la première nouvelle que le Toshiro m'annonce soit celle-ci. Non content d'être un débile profond, Kibo a entraîné la nation entière à sa suite dans un conflit qu'elle n'est sûrement pas préparée à affronter.

Les restes de la table passent par la fenêtre et s'écroulent sur le tas déjà formé par le mobilier précédent. Le sable s'insinue partout et commence à broyer les façades de l'établissement. J'ai envie de faire un massacre doublé d'un génocide! Mais c'est pas possible! Je savais très bien que c'était une connerie de nommer Kazekage un homme tel que lui. Il était l'élève de Kioshi et en plus ce dernier l'a recommandé pour occuper la fonction. Deux bonnes raisons de se méfier! Et son mariage en pleine reconstruction du village était un signe plutôt clair qu'il se fout clairement de l'avenir de Suna tant qu'il peut engrosser tout ce qu'il croise. Mais de là à ce que cet abruti aille tenter d'assassiner la cheffe du village voisin... Il avait bu ou quoi?

"ll n'est pas question que mon désert soit envahi par une bande de jardiniers! TU ENTENDS? C'EST HORS DE QUESTION!" je serre les poings tellement fort que mes ongles déchirent mes paumes. "Et les insectes! Il y a pensé aux insectes ce demeuré? Comme si les scorpions et toutes ces merdes c'était pas déjà assez! Faut en plus qu'on se tape les fourmi et les cafards maintenant?"

Pas moyen qu'on vienne planter des plantes chez moi! Le désert dévore tout, non l'inverse! Et qu'est-ce qu'elle fait Tsukiko pendant ce temps hein? Une manucure? Pourquoi Kibo n'est pas livré en pâture aux konohajins? Pourquoi perdre des vies pour protéger un débile profond de cette trempe! Quoi qu'il en soit je me sens déjà un peu plus calme. Il faut dire que gesticuler et défoncer des meubles demande tout de même une certaine énergie. Ha non, attendez... Non non en fait, j'ai rien dit! Je suis toujours colère!

"JE - NE - VEUX - PAS - QU'ILS - FASSENT - DU - MAL - À - MON - PUTAIN - DE - DÉSERT!" je sépare chacun de mes mots par un gros coup de pied sur le sol. Ça fait gamin mais je m'en fous! "BORDEL - DE - CHIURE - DE - YAMADA!"

Je viens de l'inventer celle-là! Pas mal hein? Toujours est-il que cette fois je suis calmé. Des gouttes de sueurs glissent le long de mes tempes et mes vêtements sont trempés. Mais je me sens mieux! Et puis je crois que mon petit doigt de pied est cassé! :'( Alors forcément, ça calme un peu! Je retourne au bar et choisi une bouteille d'alcool dont j'arrache le bouchon avec les dents. J'en vide ensuite de longues gorgées et m'essuie les lèvres d'un revers de ma manche, lâchant au passage un soupire agacé. Le tout avant de revenir prendre place à la table d'Oga - en fait maintenant c'est la seule encore debout faut dire aussi! - et garder le silence de longues minutes.

"Tu sais quoi? Si tu avais été le Kazekage nous ne serions pas dans cette position! Ça me fait mal de le reconnaître mais t'as quand même de la suite dans les idées! En même temps faut dire que même un putain de dromadaire à plus de jugeote que l'autre, là!" et je pèse mes mots, croyez-moi! "Et si j'avais été Daimyo j'aurais sûrement évité qu'un abruti pareil accède à la tête de Suna! Ho que oui! Je t'aurais purgé toute cette racaille bien avant qu'elle puisse causer autant de tort à notre nation..."

Une simple constatation doublée d'une idée lancée en l'air. Je reprends une longue gorgée puis m'arrête en plein mouvement avant de tourner les yeux vers Oga et croiser son regard. J'ai été frappé par l'évidence. Et quelque chose me dit que lui aussi...

Musique:

Kira était énervé, très énervé. Comme à son habitude, sa colère se traduisait par de violents gestes, il prenait un plaisir incommensurable à détruire le mobilier qui lui était proche. Seulement, nous étions dans un bar et ça devenait légèrement plus problématique. Mais en ce jour, je ne pouvais le contredire, je ne pouvais l’arrêter dans sa folie. Au fond de moi, je bouillonnais tout autant que lui. Si nos réactions n’étaient pas similaires, je partageais son émotion aussi violente qu’elle soit. Qu’avais-je fait pour en arriver là ? J’étais resté à ma place, tout simplement. J’étais resté le bras-droit du Kazekage et avais laissé mon maître nous mener à notre perte. Ses actions irréfléchies pouvaient aujourd’hui tout remettre en compte. La légitimité de la Daimyo par exemple, ses pouvoirs ? J’avais l’impression que le pouvoir actuel n’était pas séparé. A mes yeux, Kibo disposait des pleins pouvoirs et je détestais cela.

Comme on pouvait le faire de temps en temps, Kira et moi nous étions retrouvés dans un établissement plutôt banal. Cet homme était de loin le pire homme que les dieux m’avaient permis de rencontrer durant ma vie. Imbu de sa personne, violent, des avis arrêtés-.. Et pourtant, ça ne changeait rien au fait que je le côtoyais. Sa franchise était à toute épreuve et il allait jusqu’au bout de ses idées. Ce genre d’homme, je n’en avais croisé que très peu et je préférai donc les avoir à mes côtés. Pour ma part, j’étais plutôt du genre réfléchi et calme. Sérieux voir froid dans mes expressions et mes paroles mais au fond je lui ressemblais. J’appréciais exprimer le fond de mes pensées même si récemment je me retenais de le faire, sinon bien des choses auraient changées. D’un geste presque automatique, je pris mon verre dans ma main droite et une microseconde plus tard la table n’était plus. Elle avait été détruire et j’évitai même de la tête quelques débris pour finir avec un soupir. Il ne se contenait jamais ?

Il évoquait nos adversaires en les comparant à des jardiniers, il souhaitait défendre ses terres. Encore une qualité selon moi, le fait de vouloir défendre ses biens et les terres que les Kawaguchi foulaient depuis bien des années. C’était de même pour moi, je souhaitais apporter une paix pérenne aux habitants de Kaze no Kuni. Pour cela, nous devions utiliser notre force militaire et c’était une évidence ; Cela dit, la guerre n’était pas inévitable. C’était la conséquence d’une action de folie, pouvais-je appeler mon maître le « Kazekage Fou » ? ça ne me semblait pas déroutant.

« Je suis de ton avis, je ne supporterai pas de nous voir annexé à une autre organisation militaire, à un pays tout entier. Nous sommes libres à l’heure actuelle et je compte bien utiliser toute ma force pour qu’on le reste. »

Je bus une gorgée pour marquer une pause. L’alcool que j’avais commandé n’était qu’autre qu’un breuvage alcoolisé de cactus, c’était du « fait-maison » d’après les propriétaires ; D’ailleurs, ils se cachaient derrière le comptoir. Ça ne me plaisait guère mais Kira allait de toute façon assumer ses actes après coup. Dans le cas contraire, j’inciterai sûrement Ichibi à le torturer. Je repris alors la parole.

« Est-ce qu’il existe encore un gouvernement à Kaze no Kuni ? Sérieusement, aujourd’hui c’est Suna qui contrôle le pays et non l’inverse. Si un militaire prend les pleins pouvoirs, ça peut facilement devenir intenable. Surtout un militaire qui a sombré dans la folie-.. »

Dans ses bêtises, il parla des Yamada, ce qui eut le don de me faire sourire voir même rire. Dans ces situations, il était bienvenu de rire selon moi. J’avais beau avoir l’humour difficile, il arrivait de temps à temps à me faire esquisser un sourire ce Kawaguchi. Sans gêne, il récupéra d’ailleurs une bouteille contenant elle aussi un breuvage alcoolisé. Il revient à mes côtés suite à ça, il eut un long silence dans le bar ; C’était presque paisible. Le barman n’était d’ailleurs plus là, il devait avoir pris peur.

Je laissai ma tête tomber en arrière durant ce temps, les yeux fermés je réfléchissais à tout cela. Toujours les yeux fermés et la tête balancée, j’écoutai les dires de mon interlocuteur. Il évoquait alors la possibilité que je sois Kazekage et lui le Daimyo. Je replaçai ma tête face à lui, les yeux écarquillés et même presque tremblant je plantai mon regard dans le sien. Si c’était sûrement une burlesque idée à la base, elle avait fait comme écho dans mon esprit et c’était de même pour lui.

Mon regard glissa ensuite sur la table, il était vide et mon visage traduisait une expression interrogative. J’étais perdu dans mes pensées. Etre à la tête de l’organisation militaire, cette idée m’avait déjà effleuré l’esprit et pourtant entendre cela de sa bouche, c’était comme si tout à coup elle devait bien plus concrète. C’était une solution ? Moi à la tête de Suna, j’imaginais pouvoir éviter la mort des nôtres et même rendre les pouvoirs à notre capitale… Je me voyais aussi corriger les erreurs de mon prédécesseur et de tous les autres ; Je me voyais traduire en justice les déserteurs et tous ceux qui nous avaient causés du tort. Je me voyais tenir tête à n’importe quel danger juste pour protéger un seul membre de mon village. Contrairement aux autres, je me voyais aussi tenir mes engagements, à savoir œuvrer pour Suna et seulement pour Suna. Depuis toujours je n’avais fait que ça… En fait dans mon esprit je voyais sûrement l’avenir. C’était donc ça l’avenir ? Est-ce qu’il s’était joué ici, dans un bar autour d’une boisson alcoolisée ? Pouvions nous rétablir l’équilibre de notre pays, rétablir l’équilibre mondial ?

J’esquissai alors un sourire et l’air déterminé, je hochai ensuite la tête de haut en bas comme pour acquiescer. L’ambiance n’était plus la même, c’était comme si tout avait changé entre temps. Je sortis un kunaï pour de me tailler en diagonale la main droite et ce, d’un seul trait. Du sang coulait le long de mon bras puisque j’avais levé ma main droite. De ma main gauche, je posai le kunaï devant moi avant de le pousser vers mon partenaire.

« Ce n’est pas qu’une simple idée, c’est l’avenir. Nous ne pouvons plus faire confiance à ceux qui nous dirigent, ils ont fait trop d’erreurs et à l’heure qu’il est on en paye les frais. Je rêve d’un pays fort et qui permettrait à chacun de nous de vivre en paix. Mais la paix ne nous tend pas les bras, il faut aller la chercher. »

Je marquai une pause de quelques secondes avant de reprendre la parole.

« Tu es capable de prendre les bonnes décisions malgré ce que tu laisses paraître et je pense aussi être à la hauteur. Je pense que nous devons forger cet avenir, forgeons le ensemble. Si on rencontre un obstacle, alors éliminons-le. Il est temps d’éradiquer les parasites freinant l’avancée de ce pays. Faisons ça pour Kaze, pour Suna, comme nous l’avons toujours fait. »

Dis-je, d’un ton aussi déterminé que mon expression pouvait le laisser paraître. Je tendis alors ma main, le pacte pouvait presque en devenir solennel.

Un chemin jusque-là inconnu semble tout d'un coup s'ouvrir en face de nous. L'idée devient alors une vérité. Oui, nous devons faire les choses nous même. Ça a toujours été évident. Mais ça devient à présent une nécessité. Kibo suit la même route que son maître et Tsukiko ne se montre pas aussi ferme que je l'espérais. On dit souvent qu'on est jamais mieux servi que par soi-même. Cette expression prend ici tout son sens. Kaze a besoin de dirigeants avisés, certes. Mais également de leaders qui savent sa salir les mains et faire ce qui doit être fait lorsque ça doit être fait. Par dessus tout, le pays à besoin d'unité. Et il n'a malheureusement jamais été aussi divisé ou faible qu'aujourd'hui. Zanshi se retournerait dans sa tombe. Du moins, si elle s'y trouvait vraiment...

J'observe la main tendue d'Ogami et je me demande si tout ceci est réel. Une simple poignée de main dans un bar à moitié détruit peut-elle réellement marquer le début d'une nouvelle ère? Les choses les plus insignifiantes peuvent mener à de grands exploits, j'en suis conscient. Mais tout de même... Ce qui me fait hésiter, maintenant, c'est la perspective de m'élever contre Tsukiko. Ma cousine ne m'intimide pas. Mais je la préfère nettement dans mon lit que face à moi sur le champ de bataille. Forcément, là, ce sera un peu foutu... Et puis bon je doute qu'elle apprécie le viol. Faudra que je trouve un moyen de gérer ça!

Je reprends une gorgée de liqueur en continuant d'observer la main de mon... ami? Il est vrai qu'il est pratiquement le seul que je tolère. Pourquoi? Si je le savais... Il n'y a pas vraiment de raisons je crois. Parfois vous vous entendez bien avec une personne et c'est tout. Les atomes crochus, tout ça. Je l'aime bien, Ogami. Mais je me demande s'il est vraiment digne de confiance. Aux dernières nouvelles il est tout de même le chef de l'unité spéciale de Suna. C'est sûrement l'habitude mais j'ai un peu de peine à me fier à ce qui vient de ce village. Que ce soit ses habitants ou sa culture. Ça me donne de l'urticaire!

"T'es un connard!"

Ça c'était pour le "tu es capable de prendre les bonnes décisions malgré ce que tu laisses paraître" qu'il m'a gratuitement balancé tout à l'heure. Bah ouais que je sais prendre les bonnes décisions! Même s'il faudra qu'on m'explique un jour pourquoi j'ai m'obstine à opter pour les mauvaises... Bref! Finalement ma paume se glisse dans la sienne et c'est une virile poignée de main que nous échangeons. Et un pacte que nous scellons.

"Ouais, faisons ce qui doit être fait!" haut les coeurs! "Kibo devrait être notre priorité pour l'instant. Si nous le remettons à Konoha nous avons une chance de mettre un terme à cette guerre inutile qui nous éloigne des véritables intérêts du pays. Quand nous n'aurons plus d'ennemis à l'extérieur il sera alors plus aisé de s'occuper de ceux qui empoisonnent la nation de l'intérieur. La purge devra être brutale. Totale. Et alors nous aurons formé les bases d'une nouvelle Kaze. Le Vent soufflera aussi fort qu'autrefois sous notre égide!"

Ça va être chouette! Un mouvement dans l'extrémité de mon champ de vision attire mon attention. Le barman tente de s'éclipser maintenant que la tempête est passée. Sauf que bon... Vous savez ce qui arrive aux gens qui se trouvent aux mauvais endroits au mauvais moments je suppose? Cet homme ne peut décemment pas quitter vivant ce qu'il reste de son établissement. Dommage collatéral... Le sable se glisse sur le sol jusqu'aux jambes de l'intéressés et peu après il le recouvre entièrement. Une simple pression sur le silicium et la vie quitte le corps désarticulé. Une bonne chose de faite.

"Le truc c'est que... ben... nous aurons besoin de soutien! Je pense pouvoir m'assurer l'appui d'une partie des Kawaguchi même si ce ne sera pas aisé." je sais être persuasif cependant. "Mais pour le reste... Je ne t'apprends rien en te disant que je n'ai pas beaucoup d'amis ou de relations en dehors de mon clan? En fait en dehors de toi je ne vois personne!"

Je suis pour ainsi dire pratiquement esseulé. Mais je m'en accommode fort bien, rassurez-vous! C'est moi qui l'ai voulu. Il vaut mieux être seul que mal accompagné, pas vrai? Toujours est-il qu'Ogami aura compris qu'il devra se charger de nous trouver des soutiens. Je lui donnerai un coup de main s'il le désire même si avec le temps j'ai appris que je fais plus de bien que de mal dans les réunions à caractère diplomatique...

"Ha et il y a autre chose: je ne veux pas que Tsukiko soit mise à mort!" le ton est catégorique. "Kibo mérite ce qui lui pend au bout du nez. Mais ma cousine est seulement coupable d'un trop plein... d'optimisme. C'est une idéaliste, rien de plus."

Mais aussi et surtout une Kawaguchi. Je ne suis pas prêt à sacrifier le moindre membre de mon clan pour le futur de ce pays. Notamment parce que les manieurs de sable en seront les dépositaires. Et puis même si je désapprouve Tsukiko je dois bien reconnaître qu'elle a de la suite dans les idées de temps à autre. Son train - erk! - en est la preuve. Si seulement nous pouvions utiliser son intelligence à bon escient...

"Dis-moi..." je me penche vers lui. "Tu crois que les membres du Kakumeigun seraient prêts à te suivre? Et qu'en est-il de tes élèves?"

Pourraient-ils nous être utiles, eux? Ce ne sont pas des kawaguchi mais la chair à canon est tout de même assez utile lors d'un coup d'état...