J’avais attendus quelques jours de permissions pour pouvoir quitter le village. C’était assez ironique, mais j’étais assez satisfaite du système de surveillances des courriers que possédait Suna, car ce dernier me donnait moi-même du fil à retordre pour espérer le déjouer. Finalement je n’avais trouvée d’autres solutions que de devoir sortir afin de rédiger et poster ma lettre dans le village civile le plus proche, aussi pris-je le plus grand soin pour ne pas être repérée, allant jusqu’à louer une chambre à l’hôtel pour m’assurer d’éviter les oreilles et yeux indiscrets. Trouver un nukenin n’était pas une tâche aisée, tout du moins si l’on ne savait pas où chercher. C’était mon cas, je savais cependant à quel courtier m’adresser pour m’assurer de trouver les hommes qu’il me fallait. Ce dernier m’avait conseillé l’un d’eux. C’était donc à lui que j’allais adresser cette lettre toujours en passant par le biais du dit courtiers, qui a la lecture de son nom devait employer un pseudonyme.

A l’attention de Gekei Saru,

Un dénommé Riguarde, ma fait part de vos talents et vous a recommandé pour un travail que j’aurais à proposer. Ce dernier requière rapidité, efficacité et discrétions et est à l’attention de l’Empire des Pays neutres. Il sera essentiellement question de sabotage. Des risques seront en prendre en compte. D’ici un mois je vous prierais de vous rendre à Taki no Kuni à l’adresse indiquée ci-joint dans le document. Il s’agit d’une petite auberge loin de tout. Contentez-vous de demander sa couleur favorite au gérant. Il vous répondra pas mon pseudonyme. Vous trouverez également une petite avance dans ce courrier, de quoi vous donner un avant-goût de votre future paie et naturellement pour dédommager votre déplacement. Si l’aventure ne vous fait pas peur et si vous désirez faire fortune alors rejoignez-moi. J’aurai bien plus à vous proposer.

Red,

Une fois le tout rédigé à la plume je composai quelque mudra laissant les lettres se mélanger pour former un tout incompréhensible. Il s’agissait d’un sceau que m’avait donné le courtier et que lui seul serait en mesure de lever. A présent il ne restait plus qu’à la lettre en partance pour Nami.

Les yeux posés sur le papier qui venait de lui être délivré, la Gekei sentait pour la première fois depuis sa reconversion le dur souffle du doute. Dire que son proche passé la rattrapait donnerait à sa nouvelle vie une épaisseur dramatique malvenue. Son nouveau statut lui imposait l'accord de ses hommes, ces derniers la suivaient avant tout pour réaliser un idéal d'émancipation par l'action, et il était peu probable que tous acceptent qu'on les laissât sur la touche pendant que leur meneur récoltait seul les fruits de leur avenir. Porter un coup au Shûkai laissait entrevoir de très grandes perspectives dans la logique de la piraterie, cependant...

***

Le Vieux Jack fut mis au courant, et son engouement laissait croire qu'accepter était la seule solution maintenant qu'elle se présentait. Lui qui comprenait les marins libres pour les avoir côtoyé de nombreuses années, on ne pouvait que lui accorder confiance. Ce fut lui qui mit à disposition le verbe dont il avait le secret.

Que Red lise ces mots,

C'est avec intérêt que nous voyons nos deux causes se rencontrer et c'est dans la joie que nous accepterons de vous épauler dans votre grand projet. Sachez qu'à l'heure où vous lisez ces quelques lignes, L'Emissaire fait voile vers les côtes de Tetsu où nous mouillerons afin de rester à l'abri des regards des bâtiments de l'Empire pour éviter que notre industrieuse aventure ne soit découverte. Notre Capitaine vous rencontrera sur le territoire de Taki, comme vous le souhaitiez. D'ici là, que les vents vous soient favorables.

Au nom du Capitaine et de l'équipage,

La réponse terminée, le Vieux Jack commanda à son réseau qu'on fasse parvenir le billet à la source de celui auquel il répondait. Devant le manque de renseignements et d'indications, c'était la seule solution. De même qu'aucun nom n'avait été dévoilé, par mesure de précaution. L'Emissaire mettait les voiles dans l'heure.