Il fallut un peu de marche au Taisa pour se rendre à destination. Son papier en main, il avait fait le trajet de la Capitale jusqu’au pays Kusa. Ceci dans le but de rencontrer l’homme que lui avait indiqué l’Empereur lors de leur dernier entretien. Il ne comprenait pas encore ce que le Samui avait précisément en tête en l’envoyant là-bas. Il lui avait précisé que ce dénommé Oterashi Yanosa pouvait l’aider à se perfectionner. Notamment en tentant de rentrer dans l’unité Sengoku. Un nom inconnu du Taisa qui ne l’effrayait pas pour autant.

Sa discussion avec le Kamui lui avait permis de se faire une idée de l’écart existant entre ses objectifs et son niveau actuel. Il avait encore beaucoup à apprendre avant de parvenir à ses fins. Ce n’était pas un problème en soit puisqu’il s’agissait de la dure réalité des soldats. Un shinobi avait en prime la faculté d’outrepasser les limites humaines pour se hisser à un tout autre niveau. Niveau qu’il fallait sans cesse surpasser pour se forger un nom et un avenir. Malgré le fait que le sien était encore incertain, Fuka adhérait au principe de plus de puissance pour plus d’options. Un raisonnement logique pour un militaire comme lui.

Si la fameuse unité lui permettait de perfectionner son niveau de Taïjutsu et de se rapprocher d’informateurs du Shûkai ou de sa soif de connaissance à propos des Bijuus, il n’avait plus qu’à tout donner pour l’intégrer. Mais il n’en connaissait pas véritablement le but. Ni même la composition ou les modalités requises pour faire partie de cette unité. L’homme qu’il cherchait allait sûrement lui en apprendre plus à ce sujet. C’était à cela que servirait ce premier contact. D’autant qu’il serait rapidement au courant avec la missive confiée à Fuka par l’Empereur lui-même. Il espérait juste que ce n’était pas une mauvaise blague du style une note disant simplement : « Tue le et débarrasse toi discrètement du corps. Ou pas, on s’en fout après tout. ». Il en doutait très fortement. Cela ne semblait pas être le genre de celui à la tête du Shûkai.

Les terres de l’Empire étaient assez faciles d’accès. Pour les Shukajins en tout cas ce n’était qu’une question de formalité. Il n’y avait pas de contrôle trop strict à passer lorsque l’on est déjà fiché comme membre de l’Empire. Le Taisa se contentait donc de suivre la route principale, passant par les avants postes et les frontières sans interruption notable. Les rares contrôles qu’il passait duraient à peine une seconde. Simple formalité pour le bon fonctionnement de l’administration. Sa marche le mena donc dans la région de Kusa no kuni, province impériale sous la tutelle du Seigneur Oterashi Yanosa. Le fameux Shukajin que Fuka devait trouver.

Il ne fut donc pas difficile vu la réputation de cet homme de savoir où le chercher. Les pas du bretteur le menèrent à un temple où il fit demander l’homme en présentant son parchemin scellé. Les gardes l’écoutèrent parler :

- Bonjour. Je suis Shukajin et je réclame audience auprès du Seigneur de Guerre Oterashi Yanosa. L’Empereur m’a confié cette missive à lui remettre.

Il ne fallut pas longtemps pour qu’apparaisse enfin le fameux Yanosa. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne correspondait pas tout à fait à l’image que s’en était faite Fuka. Le titre de Seigneur de Guerre ne lui aurait jamais évoqué un homme torse poil suintant encore de son jus d’exercice physique. A peine arrivé sur les lieux qu’il interpella le bretteur par son nom. Il n’avait pas souvenir de le connaître mais peut-être avait-il été prévenu de sa venue auparavant. En tout cas, il ne se fit pas attendre pour prendre connaissance de la missive qu’apportait le jeune homme.

Il ne devait pas être plus vieux que le Taisa. Ou de pas beaucoup en tout cas. Ses longs cheveux roux l’empêchaient de passer inaperçu. Et sa tenue actuelle n’aidait pas. Fuka supposait que c’était inhabituel. Ou plutôt il l’espérait. Que donnerait les réunions entre haut dignitaires de l’Empire avec ce type à moitié nu en plein milieu. Et encore pire s’ils devaient accueillir des délégations étrangères.

En tout cas cet homme semblait avoir son petit caractère. Déjà bien plus capricieux que l’Empereur. A peine eut-il lu le papier qu’il décréta le choix de Fuka comme étant secondaire et qu’il était irrité par les recrues qu’on lui imposait. Ce n’était pas non plus ce genre de boniments qui pouvaient impressionner le Taisa. Même s’il agissait en tant que soldat, il savait réfléchir par lui-même. Et son avis sur ce Yanosa faisait son petit bonhomme de chemin dans sa tête.

- Je dois vous avouer qu’il faudra voir ça avec l’Empereur. Je n’ai fait que partager avec lui et ce dernier m’a orienté ici en pensant que cela m’aiderait grandement pour l’avenir. Je vais où on me dit d’amener ma lame. Si le Kamui a jugé que je pourrais tenter d’intégrer l’unité Senogku, alors ça devient mon objectif oui.

Il se contenta de ça. Inutile de répondre à la provocation clairement lancée pour tester son répondant. Fuka savait très bien à qui il parlait et il n’allait pas risquer de se montrer impertinent envers un supérieur. Il s’en tenait donc à ça et patienta pour la suite. Le Seigneur du pays expliqua qu’ils étaient tous occupés en ce moment et qu’il n’aurait donc pas le temps de pleinement se concentrer sur l’entraînement du Taisa. Ce dernier n’en demandait pas tant. Il n’était pas parfait mais il s’estimait assez compétent dans son domaine. La marge de progression était encore large mais pas non plus gigantesque. Autant de mots et un comportement qui n’inspirait qu’une chose à Samehada dont le susurrement emplit l’esprit du Sabreur :

- Arrogant comme il est, j’en serais presque écœurée de dévorer son chakra.

- C’est vrai ?! s’étonna mentalement Fuka.

- Je plaisante. Si tu voyais combien il en a à revendre.

Sur ce dialogue silencieux, l’Oterashi avait convié le jeune homme à le suivre. Leur course les amena dans une clairière dégagée au milieu des arbres. Ce lieu serait le terrain d’un petit test que le Seigneur exposa au Taichou. Il écoutait attentivement et manqua presque de soupirer face à l’arrogance du bonhomme. Il était évident que la tâche était perdue d’avance. Quel intérêt d’en rajouter ? Tester sa motivation ? La manœuvre était plus infantile qu’autre chose. Il adressa même une remarque sur Peau-de-Requin. Il serait sûrement moins fanfaron s’il réalisait le potentiel de l’épée. Cette dernière étira un sourire à cette idée.

- Montres-lui donc.

- Je serais presque tenté de ne pas t’utiliser pour le coup.

- Et répondre ainsi à ses singeries ? Fais pas l’idiot petit. Laisse-moi au moins goûter à son chakra.

Au point où il en était, Fuka ne se fit pas prier. Même s’il soupira en tirant l’arme de sa place. Un soupir qu’il fit passer discrètement pour un simple soufflement comme pour se préparer. Il allait devoir y mettre le maximum de toute façon. La lame en main, il observa son adversaire et concentra son chakra. L’enchaînement allait devoir être rapide.

Ses premiers mudras visèrent à former un projectile d’eau, tandis que l’arme s’était hérissée de ses écailles tranchantes, déchirant ainsi les bandages la retenant jusque-là. Lorsqu’il eut craché la boule d’eau, il la dirigea par la pensée et il en prit la suite afin de bénéficier de son couvert. Le chakra dans ses pieds était empreint d’une nature Suiton le faisant glisser jusqu’à sa cible pour porter un premier temps. Il ne servait à rien de s’exciter immédiatement avec un jutsu de haut rang. Les premières secondes lui serviraient juste à se faire une meilleure opinion de qui il avait en face. Il semblait aussi adepte du Taïjutsu. Le défi serait donc intéressant.

Comme attendu, l’enchaînement fut contré sans trop de difficultés. Le projectile à peine débarrassé d’un revers de la main, littéralement, le Seigneur de Kusa s’occupa ensuite de ce qui semblait être sa spécialité : le combat rapproché.

Aussi les pirouettes du Taisa ne l’impressionnèrent guères. Et elles ne lui causèrent pas beaucoup de tort. Il esquiva de côté comme tout bon spécialiste au corps-à-corps saurait le faire. Puis il enchaîna avec deux coups. L’un attribué avec son épaule et l’autre direct dans le ventre. Fuka se fit jeter vulgairement en arrière suite à cela. Mais l’échange ne s’était pas contenté à des coups physiques. Il avait nettement entendu l’Oterashi lui parler par la même occasion.

Il ne lui avait pas fallu longtemps à comprendre que le Taisa essayait juste de voir à qui il se frottait. D’où le fait qu’il ne s’était pas lancé à cœur perdu dans la bataille. Et même après avoir pris ses distances avec lui, il lui adressa quelques mots. Il rentrait plus dans le vif du sujet. L’objectif même du Seigneur de Guerre avait changé. Lui qui tout à l’heure jouait le fanfaron pour provoquer, il se retrouvait à déblatérer des discours un peu plus sérieux. Non sans une once de légèreté toujours mais malgré ça, il lui fit passer un message très clair.

Il semblait reconnaître l’obéissance presque aveugle du sabreur mais il la dénonçait tout de même car ce n’était pas le plus important dans l’histoire. Savoir assassiner sans hésitation n’était rien sans en connaître la raison. Un avis que le Taisa ne comprenait pas pour le coup. Alors qu’il s’apprêtait justement à répondre à cela, la voix tranchante de sa lame interrompit sa pensée :

- Qu’il essaye donc de te tuer sans que tu te défendes.

- On ne peut pas lui reprocher d’ignorer ton « caractère ».

- Je vais finir par lui faire bouffer oui, vociféra Peau-de-Requin.

Pour autant le petit interlude spirituel n’empêcha pas le jeune homme de poursuivre et d’apporter réponses aux dires de son interlocuteur :

- Si vous me donniez l’ordre de me laisser tuer par votre main…je vous avoue sincèrement que je ne saurais pas moi-même ce que vous recevriez comme réaction. Mais pour le coup, je ne serais pas responsable.

Cette seule réponse suffisait à sa lame pour esquisser un sourire. Le genre de messages qu’elle aurait fait passer avec beaucoup moins de diplomatie et moins de tact. Rien d’étonnant en soit pour une épée.

- Et je dois admettre que je ne comprends pas votre avis sur la question de l’assassinat. Savoir pourquoi on élimine une cible est certes intéressant mais c’est aussi le premier facteur d’échec. L’avis du meurtrier, ses opinions et avis, peuvent alors entrer en jeu. Et dans ce cas, c’est échec assuré. La réflexion personnelle est de mise je n’en doute point, et je respecte personnellement ce principe. Mais si la situation exige une élimination, j’élimine. Ou plus exactement, nous l’éliminons.

A ces mots, le chakra déferla de nouveau dans la plante de ses pieds. Ce coup-ci, il y mettait déjà beaucoup plus d’entrain. Le véritable test pouvait commencer. Mais l’opportunité serait courte car il n’était pas illimité en chakra et son opposant était plein de ressources, pouvant se tirer de maintes situations. Raison pour laquelle, Fuka chercha à miser sur un élément particulier pour l’instant.

Puisqu’il devait réussir à le toucher, autant que ce dernier s’en rende compte même si c’était minime. La capacité vampirique de Samehada lui serait bien utile sur le coup. D’où sa référence au duo lors de la fin de sa tirade. Toutes épines dehors, l’épée allait pouvoir attribuer son coup fétiche. Celle qu’elle adorait tant. Un simple enchaînement mais dont la moindre égratignure entraînant une perte de chakra. Vu la cible, ce serait insignifiant. Mais l’objectif n’était pas de le neutraliser. Il n’avait besoin que d’une chose : le toucher.

La réplique fut sans appel. Aussi rapide et nette que l’attaque, Fuka se retrouva au sol en moins de deux. Restant un peu sonné par une facilité de retournement aussi déconcertante, cela n’empêcha pas le jeune homme d’entendre le discours de son opposant. Des mots bien plus forts encore que tout à l’heure. Comme si les deux hommes avaient pu se transmettre bien plus en quelques coups que par les paroles.

Le Seigneur de Guerre se targua de ne prendre sous son aile que des shinobis libres de leur pensée. Ce qu’il qualifiait d’ « outils » n’avait pas sa place ici pour lui. Malgré sa très légère désorientation, cette partie eut pour effet de le faire sourire de manière imperceptible. Des paroles qu’il ponctua par une énième demande de sa part. Il lui demandait de l’attaquer à nouveau. Fuka n’avait pas besoin de ça à vrai dire. Il comptait bien tout mettre en œuvre pour réussir son test. Même si pour le coup, il doutait de son acte.

Alors que l’Oterashi lui demandait de faire preuve d’un peu plus d’esprit, il donnait un ordre. En toute logique, suite à un tel discours, Fuka ne devait que se contenter d’arrêter là cet affrontement. Il connaissait ses capacités. Ce test n’était là que pour laisser le soin au Seigneur du pays de se faire son idée. Dans la continuité de sa précédente réflexion, le Taisa devrait donc l’envoyer paître et déposer son arme. Ce qu’il ne comptait pas faire pour autant.

Peut-être prouverait-il une nouvelle fois qu’il n’était qu’un pion suivant aveuglément les ordres. Mais il n’avait pas besoin de ça pour savoir ce qu’il était. Lui seul connaissait les motivations de ses actes. Sa future réplique ne serait pas là parce qu’elle lui était demandée par son adversaire. Il répondrait à son attaque pour se défendre et réussir une bonne fois pour toute ce test. Peut-être le véritable test était de voir jusqu’à quel point il obéirait. Et si tel était le cas, Fuka ne pouvait pas faire grand-chose de plus. Son dernier assaut tâcherait de faire mouche pour réussir et ferait également passer un message à ce Yanosa. La voix de Samehada résonna :

- Montre lui, dit-elle simplement.

Le chakra déployé par son interlocuteur ne l’effrayait pas. Il était bien sûr synonyme de sacrés ravages s’il n’était pas stoppé mais ce n’était qu’une partie de rigolade pour l’épée Peau-de-Requin qui se délectait déjà de son encas.

L’offensive ne mit pas longtemps à arriver. Fuka s’était redressé pendant le discours de son supérieur et il était maintenant bien ancré sur ses appuis. Le coup partit à toute allure et l’épée se dressa en même temps. Samehada laissa aller sa faim fulgurante lorsque la main du Seigneur de Guerre fut assez proche. Le chakra qui enveloppait la dextre disparut suite à l’absorption de l’arme qui vint tout de même stopper in extremis le coup sur le plat de la lame. Et ce fut là que Fuka saisit sa chance.

Ce bref instant marquait sa réussite. Les écailles se déployèrent une nouvelle fois pour lacérer la main de son opposant. Un contact dont profita Samehada pour ouvrir son esprit. Ce bref instant dont elle profita pour susurrer quelques mots dans la tête de l’Oterashi :

- Ne sous-estime pas « l’outil ».

Mais Fuka avait négligé la force de son adversaire puisque son coup parvint tout de même à franchir sa garde. Il devait avoir sacrément de force pour pouvoir passer outre sa défense. Elle n’était pas la meilleure certes et c’est ce qui devait expliquer le simple coup qu’il se prit. Malgré sa simplicité, il n’en demeura pas moins douloureux. Le Seigneur de Guerre devait être sous le coup d’une augmentation de puissance inexpliquée. Fuka avait dû dévier la lame sous le coup et l’impact de la dextre sur son épaule lui fit lâcher prise. Samehada tomba au sol et Fuka se tint instinctivement l’épaule en tombant à genoux. Une légère grimace de douleur ne l’empêcha pas néanmoins d’avoir l’esprit en marche. Seul son regard se releva vers Yanosa alors qu’un sourire naissait timidement. La microseconde de contact avec l’épée avait dû lui faire réaliser de quoi il s’agissait. Entre deux expirations, il parvint à formuler une phrase :

- Vous comprenez mieux…mes réponses…maintenant. Je ne suis…jamais…véritablement…libre de mes pensées.

Toujours essoufflé, il reprenait peu à peu un débit d’expiration normal. Et étonnamment, le Seigneur de Guerre également. L’arme si particulière de Fuka avait causé quelques dommages à ce guerrier aguerri. La petite fierté d’avoir réussi le test emplit le cœur du jeune homme d’une certaine fierté. Mais cette première justification à sa présence ici était devenue obsolète. Il s’en était rendu compte assez tard mais l’enjeu réel de ce petit combat improvisé était tout autre. L’Oterashi avait pensé à autre chose en provoquant la confrontation. Mais de là à deviner précisément quoi, c’était une autre paire de manches.

Mais ses modestes blessures ne l’empêchèrent pas de pouvoir mener la conversation normalement. Lui aussi reprenant brièvement son souffle, il comprenait maintenant ce que le Taisa avait tenté de faire comprendre subtilement jusque-là. Il réalisait que Samehada n’était pas qu’une épée. Elle avait sa propre volonté. Le jeune bretteur opina du chef lorsque son supérieur émit la supposition d’une conscience propre à l’arme. Et cette dernière ne se cacha pas de son immense fierté lorsqu’il expliqua n’avoir encore jamais ressenti une telle douleur. Même si Fuka était le seul à entendre ses babillements de plaisir.

L’épaule encore douloureuse, le Taichou se massait l’endroit rendu douloureux par le coup. C’était assez désagréable rien qu’en passant sa main sur la zone d’impact. Il grimaça de douleur et s’aperçut que le Seigneur de Kusa s’était approché. D’un geste expert et sûr, il fit pivoter l’épaule du jeune homme pour qu’elle reprenne sa place initiale. Une opération qui ne manqua pas de faire grimacer le jeune homme encore plus.

Cette rencontre dépassait ce à quoi s’était attendu Fuka. Alors que Peau-de-Requin s’amusait de voir l’état de sa victime, cette dernière apporta un rapide récit ô combien intéressant pour le bretteur. La douleur n’était plus présente, ou du moins plus ressentie, tellement il était absorbé par ses révélations. Même l’épée avait cessé ses vociférations pour écouter. Elle apprenait ses origines en même temps que son détenteur. Elle serait donc une relique de l’ancien temps. Une arme dont l’âme du créateur ne ferait qu’un avec l’outil. Fuka observa sa lame qu’il n’entendait plus. C’était rare.

Leur interlocuteur du jour reprit ensuite la parole après avoir essuyé un peu d’hémoglobine sur sa bouche. Il questionna le jeune homme sur l’identité de son épée et mentionna un autre nom qu’il ne connaissait pas. Mais la simple évocation suscita chez lui un vif intérêt qu’il ne tarda pas à manifester :

- Vous avez l’air de vous y connaître. Pourriez-vous m’en dire un peu plus sur cette épée s’il vous plaît ? Et sur son possesseur également. Vous comprendrez que cela m’intrigue.

Et alors qu’il attendait impatiemment la réponse, il reprit rapidement dans la foulée :

- Oh et voici Samehada, alias Peau-de-Requin.

- Quand il veut je lui bouffe l’autre bras, grommela l’arme dans la tête du Taisa.

- Elle est ravie de vous connaître.

Le Taisa ne put qu’accorder un sourire amusé suite aux dires de son supérieur qui analysait mieux le sens des mots employés par le bretteur. En effet, il était rare de dire que Samehada était ravie de telle ou telle rencontre. Si ce n’est lorsqu’elle se délectait d’un chakra illimité. Ce qui n’était pas prêt d’arriver naturellement. Son cynisme naturelle en faisait une compagne particulièrement désagréable dans certains moments et divertissante dans d’autres.

Puis le duo reprit la route vers les habitations. Ils en avaient fini ici et l’Oterashi avait vraisemblablement besoin de soins. Vu l’état dans lequel il était, c’était plus que nécessaire même. Les blessures de Fuka n’étaient pas aussi profondes. Pour autant, le Seigneur de Guerre progressait comme s’il était toujours intact. Quel curieux personnage. Une épaule en miette, écharpée violemment et aucune réaction ne transparaissait sur son visage. C’était assez étonnant. Cela devait abriter un secret également. Le Taisa n’était pas le seul à dissimuler des choses. L’épée ricana dans son coin alors qu’ils arrivaient au Forum où ils terminèrent leur route dans une serre auprès du médecin traitant du Seigneur.

Alors qu’il se faisait soigner avec attention, il reprit la conversation comme si de rien n’était encore une fois. Comme s’il n’avait pas l’épaule déchirée en pleins de petits bouts. Comme s’ils ne prélassaient pas les chairs mises à vif à l’air libre. Une vision d’horreur qui aurait retourné l’estomac de qui n’avait pas l’habitude. Mais aucun des hommes présents ici ne semblait être affecté. L’expérience de ce genre de blessures. La même aussi qui permettait à l’Oterashi d’en connaître un peu sur les épées à pouvoir. Il vanta les mérites de sa lieutenante qui de par sa profession s’y connaissait. Une femme que Fuka aimerait rencontrer par la suite pour lui poser toutes ses fameuses questions.

L’expérience invoquée par le Seigneur de Guerre dans son discours prit littéralement la forme d’une arme sortie tout droit d’un parchemin. Rien que Kuchibashi, lame de feu Karasu Tsumei, Yondaime Raïkage. Yanosa voyait en ce Sabre bien particulier des similitudes avec Samehada. Ce qui expliqua son geste de laisser le soin au Taisa de « tenter sa chance ». Le jeune homme saisit la garde de l’arme, non sans une certaine appréhension. La peur de découvrir un terrible secret ou une sensation désagréable. Sa première utilisation de sa fidèle compagne n’avait pas été des plus radieuses. Mais fort heureusement, ou pas, il ne se passa rien. Un brin de déception l’envahit alors. Aux dires de l’Oterashi, ces armes cherchaient semble-t-il des utilisateurs dignes de leurs pouvoirs. Fuka ne pouvait à la fois être détenteur de l’épée Peau-de-Requin et de l’épée d’un Raïkage. Et c’était bien mieux ainsi car Samehada était du genre jalouse !

Face au « mutisme » de l’arme, Fuka la rendit à son interlocuteur en la présentant respectueusement, déposée sur ses paumes de main toutes deux tournées vers le ciel. Les derniers dires du Seigneur de Kusa annonçaient le verdict final de cette rencontre. Fuka pouvait s’estimer membre de l’unité Sengoku, mais ce serait au prix de plusieurs preuves. Endommager le chef de cette unité ne suffisait donc pas. Une modalité qui n’avait arraché qu’une once de fierté au Taisa. Sans son arme et sa particularité, il ne serait même pas là. Il avait donc bien conscience des tenants et aboutissants de cet affrontement de courtoisie. Mais c’était aussi ce qui le faisait réaliser qu’il lui restait beaucoup à accomplir pour pleinement être considéré comme un membre à part entière. Une sensation qui rendait la victoire amère. Si c’était ça que de réussir le test… Il finit enfin par rompre son silence :

- Je comprends… Néanmoins si ce test ne vous suffit pas, pourquoi me l’avoir fait passer ? Vous aviez sûrement mieux à faire que de perdre du temps avec une simple potentielle recrue. Si vous me dites plus tôt ce que vous attendez. Mieux encore, si vous me mettiez en condition, je saurais prouver ma place et ma fidélité envers cette unité. Commencez donc par m’en donner l’occasion, dans un premier temps.

Sa voix tranchait nette. Telle une lame cherchant à atteindre sa cible. Fendant les airs et les obstacles s’interposant à son fil. Ce même sifflement qui résonnerait et apporterait la défaite chez ses futurs adversaires. Le regard aussi dur que la voix, il ne lâchait pas son supérieur. Si ce simple test ne suffisait pas, il fallait sans plus attendre passer aux choses sérieuses.