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J’avançais à travers la forêt sans savoir vraiment où aller tandis que Karyuudo survolait la zone. Nous n’avions pas d’objectif particulier, cela faisait plusieurs semaines que nous n’avions vu un autre humain. Comme l’hiver venait de se terminait, j’avais décidé de partir d’un petit village de Hi no Kuni pour retourner sur les routes. Nous avions pris la route du nord, mais c’était uniquement une idée comme une autre. Je devais bien dire que je commençais un peu à m’ennuyer, les occupations n’étaient pas légions. Je n’avais pas encore trouvé de proie suffisamment intéressante et les longues heures de marche dans la forêt n’étaient pas des plus excitantes. Je décidai alors de rejoindre Karyuudo en courant le long d’un arbre avant de sauter sur son dos.

- Yo Kary’ !

- Calme toi un peu humain, tu vas me faire tomber ! Que veux-tu ?

- Je m’ennuie, tu n’aurais pas une petite idée d’occupation ?

- Je te proposerais bien d’aller chasser mais on ne fait que ça depuis un mois. Si tu veux, il y a un village à quelques minutes de vol au nord-ouest, on trouvera peut-être quelque chose là-bas !

- Ok, c’est parti ! Par contre, j’y vais à pieds, j’ai envie de courir.

Sans même prendre le temps de regarder vers le sol, je sautai du dos de ma monture ailée qui avait commencé à réduire son altitude. Après une chute d’une dizaine de mètres, je retombai sur une branche, qui craqua sous le choc mais qui tint malgré tout. Je repris ensuite la course, suivant mon guide qui était bien le seul à pouvoir voir la destination à cette distance. Même si j’avais entrainé ma vision pour l’améliorer, je ne pouvais pas tenir la comparaison avec lui.

Après une vingtaine de minutes de course rapide, je finis par atteindre ma destination. Le village n’avait rien de particulier en soi, mais cela faisait longtemps que je n’avais pas discuté avec quelqu’un d’autre que Karyuudo. Même si je n’étais pas quelqu’un de très sociable, il m’arrivait d’apprécier de temps à autres de rencontrer des humains. Avant d’entrer à l’intérieur du village, Karyuudo s’approcha de moi.

- Je te laisse y aller tout seul, je ne veux pas que ça se passe comme la dernière fois. Je vais aller faire un petit tour.

- Si c’est ce que tu veux…

Je le regardai alors s’envoler dans le ciel. Je n’appréciais pas être éloigné de lui et cela ne me dérangeait pas qu’il m’accompagne partout, mais il était également vrai que par moment, cela pouvait causer quelques problèmes. La "dernière fois" dont il faisait allusion était un tragique évènement où des braconniers d’un village avaient essayé de s’en prendre à lui. J’avais tout d’abord tenté de les en dissuader avant d’être obligé de les exécuter. Enfin bref, j’avais un village à visiter et quelque chose me disait que je n’allais pas être déçu…

Que faisais-je dans le pays du Feu ? Interrogation première dont l’importance n’était pas à négliger. En temps normal, mes déplacements se situent surtout en dehors des pays occupés par les grandes puissances ninjas. Éviter au maximum ces énergumènes de shinobis des villages enfermés dans des liens aussi inutiles qu’avilissants était gage de longue vie pour moi. Même si le pays d’où je viens est laissé à l’abandon, même si le village ninja qui a été le mien n’existe plus techniquement, même si je ne suis probablement recherché que par les quelques zouaves du pays de la Terre m’ayant tenu en captivité, je profite de la liberté qui est la mienne pour vivre pleinement ma vie d’homme libre.



Mes pas me menèrent vers la taverne du village dans lequel nous nous trouvions Hiro et moi. Et là, après avoir commandé une boisson chaude, je sortis de la taverne pour prendre l’air. Et c’est là que je vis passer un énergumène… Je le regardais passer, sans mot dire.

Je ne savais pas vraiment où aller dans ce village. Il n’était pas bien grand mais je me doutais qu’il y avait au moins une taverne où j’allais pouvoir chercher quelque chose à faire. Je n’avais pas besoin d’argent, mais d’une activité. Le village semblait être rempli de civil, cela ne m’arrangeait pas vraiment. L’absence de shinobi signifiait généralement qu’une tonne de petit travail était disponible pour les intéressés, malheureusement, ce n’était pas ce que je recherchais, même si je n’étais moi-même, pas encore un véritable shinobi. J’espérais trouvait une activité vraiment amusante, je ne faisais pas des pauses dans des villages humains régulièrement, et ce n’était sûrement pas pour sauver des petits chats ou m’occuper d’enfants de riches.

Arrivant près de la taverne, je vis en sortir un homme au physique assez particulier. Je n’étais pas vraiment doué pour juger les gens à leur physique, mais il était évident que l’accoutrement de celui-ci ne pouvait qu’être un guerrier. Je ne pouvais dire s’il était un shinobi, mais je savais qu’il était bien plus puissant que les autres individus de ce village. C’était exactement ce que je recherchais. Je n’avais aucun moyen de savoir s’il avait une tâche à me confier, et en y réfléchissant, je me doutais que c’était très peu probable, mais je n’avais rien à perdre. De plus, l’individu ne me semblait pas dangereux, il n’avait pas l’air très menaçant avec sa boisson chaude.

Je m’étais déjà attiré des problèmes en allant discuter avec les mauvaises personnes, j’avais un réel problème de jugement et d’analyse quand il s’agissait des humains. J’essayais de faire plus attention, mais il m’arrivait encore de faire quelques erreurs de jugement. Malheureusement, je ne pouvais pas savoir à ce moment-là que j’avais affaire à un criminel. Je me dirigeai donc vers lui, même si je ne savais pas vraiment quoi lui dire.

- Bonjour, excuse moi de te déranger, mais je suis à la recherche d’une activité intéressante, comme tu m’as l’air d’être un shinobi, je me disais que tu connaîtrais peut-être quelque chose.

Déjà que physiquement, je ne ressemblais pas à tout le monde, en approchant les gens avec ce genre de phrase, je n’arrangeais pas mon cas…

Finalement la curiosité de la nature s’était arrêtée devant moi. J’aurai parié tous les trésors du monde -afin d’en obtenir le double si l’on m’avait défié à ce sujet. Moi qui étais pourtant persuadé que le bonhomme ne se serait pas arrêté devant ma personne. Était-ce mon charisme qui l’attirait à moi ? Ou le fait qu’il n’y avait guère de monde aux alentours ? Quoi qu’il en soit, je devais me taper la présence de ce quidam. La chose allait certainement être expéditive. Il me demande un moyen de s’amuser. Quelque chose qui l’amuse lui je précise, comme si j'étais dans son esprit pour connaître ses goûts. Gonflé le petit ! M’as t’il prit pour son guignol ? Ou encore pire : pour un gérant de cirque ? Je le toisais de haut en bas. À quel genre de vermine avais-je donc affaire ?

_ Eh ben jeune homme je ne sais pas quels sont tes goûts… Si tu es porté sur le sexe, là dans cet établissement tu trouveras ton bonheur pour quelques espèces sonnantes et trébuchantes. Par contre si t’es attiré par la gente masculine, il te faudra aller voir ailleurs. Ne me demande pas où !

Sec. Ai-je l’air d’un guide touristique ?

_ Si t’es du genre masochiste par contre, je me ferai un plaisir de te botter le cul. Tu m’as énervé là !

Oui, cet homme venait d’accomplir l’exploit de me faire débiter tout un flot de parole pour rien. Car oui, je considère que lui indiquer un moyen de s’amuser était rien. Aucune valeur ajoutée pour ma tronche, aucune plus-value. Ah mais pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? D’un ton tout aussi sec, regard froid je lui intimais un ordre :

_ Cela fera 450 ryos pour les indications d'ailleurs.

Bah oui, deux fois le tarif de la passe. Mais j’en ai strictement rien à cirer. Que ce soit jugé immoral ou pas, dans la mesure où ce bonhomme m’a fait chier, il devrait payer pour que la bonne humeur revienne en moi. Si certains ont cru qu’ils pouvaient débarquer de nulle part et poser des questions idiotes à tout va grand bien leur fera.

*Ici, c’est pas Monaco ! Ici c’est Bagdad !*

En gros, si tu ne sais pas montrer les crocs ou bander les muscles, si tu ne sais pas te faire respecter, eh bien tu vas trinquer et sans ménagements !

Alors que cet individu bien différent des autres me parlait, je mis pas mal de temps avant de me rendre compte que je l’avais énervé. Il me proposa tout d’abord d’aller dans une maison close, ce que je ne compris pas vraiment. Je ne comprenais pas pourquoi il me proposait d’aller dans une maison close, mais surtout, je ne comprenais pas pourquoi il était en colère. J’étais presque sûr de n’avoir commis aucune des stupides règles de bienséance des humains, pourtant cet homme semblait m’en vouloir pour quelque chose. Il ne semblait pas être particulièrement occupé alors j’avais pensé que je ne le dérangeais pas.

Ensuite il me sembla qu’il me proposait de me frapper avant d’explicitement m’annoncer que je l’avais énervé. Je ne comprenais encore moins pourquoi, mais une chose était désormais certaine, cet homme était un potentiel danger. Il me sembla trop puissant pour l’éliminer d’un seul coup, alors je décidai de rester calme pour le moment. Je savais qu’il existait des personnes qui appréciaient particulièrement se battre et d’autres qui aimaient agresser d’autres personnes, même si je ne les comprenais pas, j’acceptais leurs existences. Mais pourquoi cet homme m’avait-il parlé de maison close avant de vouloir me frapper ? Cela n’avait aucun sens pour moi.

Puis, comme s’il venait de me rendre service, il me réclama 450 ryos. C’était vraiment à n’y rien comprendre. Pensant alors qu’il s’agissait d’une coutume locale et que c’était parfaitement normal, je regardai dans mon sac si je ne trouvais pas l’argent qu’il demandait. J’étais persuadé d’avoir quelques pièces qui trainaient. Évidement, je n’avais pas l’habitude d’utiliser de l’argent, alors je n’avais aucune idée de ce que cette somme représentait. À vrai dire, cela ne m’intéressait pas vraiment, l’argent ne représentait pas grand chose pour moi. Sortant donc tout l’argent que je possédais, je me mis alors à tout compter pour lui donner ce qu’il me demandait.

12 ryos et deux pièces de cuivres, même pour moi, il était évident que cela n’allait pas lui suffir. Je regardai alors dans mon sac si je ne trouvais pas quelque chose de plus intéressant. J’avais encore les restes de ma dernière chasse, un morceau de cuisse de cerf très tendre. Je le sortis donc et le porta à l’inconnu.

- Je suis désolé, mais je ne possède pas l’argent que tu me demandes, mais je t’offres ce morceau de cerf à la place.

J’espérais que cela suffisait, je n’aimais pas manquer de respect aux coutumes des autres.