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La bibliothèque de Konoha était vide alors que le jour était levé depuis presque deux heures maintenant. La tête posée sur un bureau en bois, un filet de bave dégoulinant du coin de sa bouche sur les quelques documents éparpillés devant lui, le jeune Sabakyô finit par s’éveiller au monde. Cela faisait maintenant plusieurs jours qu’il planchait ici, cherchant à en apprendre plus sur sa capacité. Désormais résolu à percer l’entièreté des mystères entourant son clan, il avait demandé l’autorisation – masquée en « recherches purement historique » - d’accéder aux archives dans ce but. Sans succès.

En effet, les informations les plus anciennes ne remontaient qu’à l’époque où les Sabakyô – autrefois traqués par des chasseurs d’Ame no Kuni, où Konoha était venu les délivrer – venaient d’intégrer Konoha. Quelques lignes ressassaient bien la période pré-Konoha mais rien concernant la création même de ce pouvoir qu’ils possédaient. Naraen était maintenant sûr d’une chose : ce n’était pas ici qu’il allait trouver les informations idoines à ses recherches. L’information la plus utile qu’il avait recueilli était celle de la mort d’un certain Sabakyô Genkishi, le « Sabakyô originel » comme il l’avait noté sur son brouillon. Instigateur de la rébellion et de la fuite des Sabakyô, mort alors qu’il tentait de faire échapper ses compagnons, pas très loin d’Ame. La piste était maigre, mais elle était viable.

Le manieur de gaz se leva et étira chacun de ses membres. Il était rouillé et courbaturé par cette semaine passée à dormir loin de son lit, sur une pauvre table en chêne. En se saisissant des documents qu’il s’apprêtait à ranger, il ne cessait de penser à la prochaine étape : se rendre à Ame no Kuni et dans ses alentours pour y glaner quelques informations. C’est alors qu’il sentit une légère pression sur son épaule droite. D’un geste vif, l’intruse avait déjà bondi sur le bureau qui avait servi de lit au Sabakyô, plus tôt. Surpris, notre héros se retourna brusquement, laissant échapper quelques papiers au passage.

« Que tu es maladroit ! » s’exclama une voix féminine.
« Mö, qu’est-ce que tu fais ici ? »
« Et bien je viens rendre une petite visite à mon mari-nyah. »

Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, cette voix ne venait pas d’une femme, mais bel et bien d’un chat. Ou plus particulièrement d’une chatte, puisque cette femelle nommée Meow était une apprentie chatte-ninja et aussi l’une des plus fidèle amie de Naraen. Les yeux jaunes de l’animal, qui montrait toute sa malice, traversaient le Shinobi qui, bien qu’étant habitué, était toujours gêné par cette façon qu’elle avait de le traiter comme s’il lui appartenait. Après avoir lâché un léger sourire en coin, le Sabakyô se mit à ramasser les parchemins qui avaient chus plus tôt.

« Et tes recherches, du nouveau-nyah ? »
« Seulement le début de l’ombre d’une piste. Sabakyô Genkishi, ancien chef et premier Sabakyô, est mort, tué non loin d’Ame no Kuni. Je devrais aller y faire un tour, voir un peu ce que je peux en tirer. Peut-être qu'il y'aura rien mais ça vaut le coup d'essayer ... »
« Mais c’est que ça m’a l’air intéressant ! répondit-elle alors qu’un sourire carnassier se dessinait sur son visage, laissant transparaitre quelques dents aiguisées. On part quand-nyah ? »

Alors que son regard fatigué ne se détournait pas de l’étagère dans laquelle il s’attelait à ranger ses documents, Naraen n’eut pas d’autre choix de d’accepter la venue de Mö. Il la connaissait bien et savait qu’elle n’en démordrait pas. De toute façon, elle le suivrait même en cas de refus. « Juste le temps de passer chez moi et on file … » glissa-t-il dans un souffle. Contrairement à ce qu'il avait dit un instant avant, Naraen fondait de gros espoirs dans la découverte des quelques secrets résidant dans la création de son « espèce » et la compréhension de son existence ...

Précisions concernant Mö:

Hi no Kuni.
Année 14, hiver.

La lune était pleine alors que la silhouette noire parcourait la forêt. Allant d’arbre en arbre avec une agilité presqu’animale, l’ombre avançait sans hésitation apparente. Ses quatre pattes ne faisaient que froler l’écorce des grands arbres de Hi no Kuni avant de se soustraire à elle et continuer vers une autre branche. Ce spectacle dura un moment et, malgré sa vitesse, l’être nocturne mis un certain temps à rejoindre sa cible. Soudain, la lisière de la forêt apparue alors. Le terrain changea brusquement et était devenu rocailleux. Une paroi rocheuse se dressait désormais devant elle. Mö la contempla un instant et serpenta jusqu’à ladite paroi. Après un rapide examen de la surface, elle décela comme une irrégularité, typique des planques qu’il lui avait déjà été possible de voir. D’après elle – et ça ne faisait aucun doute – la falaise n’était qu’une façade destinée à dissimuler quelque chose d’autrement plus important.

A quelques dizaines de mètres seulement, Naraen s’apprêtait à rejoindre la chatte qui, profitant d’un odorat exceptionnel et de sa rapidité de chat, s’était mue en un éclaireur pour l’occasion. Il avait troqué son habit quotidien pour une large capuche couleur nuit et une écharpe. Même s’il ne voulait pas forcément dissimuler son identité, l’information était une source de force et quiconque faisait un lien entre son visage et Konoha pouvait le prendre en otage puis exercer des pressions sur le village caché. A peine avait-il rejoint Mö qu’un sourire s’installa sur son visage.

« Ça a été forcé … dit-elle en posant un coussinet sur la cloison, … et refermé à la va-vite. »
« Ce sceau ne devrait pas te poser de problème alors … »
« Tu me surestimes un peu trop, j’ai l’impression. Mais tu as raison-nyah. »

Le sceau était simple et très largement fragilisé. A l’origine, ce type de protection avait pour but de protéger les membres du clan d’une éventuelle attaque de traqueurs. Ils sont presque devenus la marque de fabrique des Sabakyô. Mais avec le temps et les patrouilles des chasseurs dans les différentes contrées, leur solidité n’était plus garantie. Ainsi, il ne fallut pas plus de quelques minutes à Mö – qui était une spécialiste en sceau de toute sorte – pour le briser et dévoiler ce qu’il renfermait.

Les deux compagnons entrèrent dans l’antre. Le manieur de gaz parcouru l’endroit du regard. Une large cavité, vraisemblablement inoccupée, s’offrait à eux. Un léger écho pouvait se faire entendre lorsque Naraen pénétra plus avant dans ce qui avait été une planque pour ces ancêtres. Il ne restait rien d’important, des lits et des chaises dans un état pitoyable, quelques tables. Apparemment, tout ce qui avait de la valeur semblait avoir été emporté. Après quelques minutes de recherche, la sanction tomba : le Sabakyô ne trouverait rien qui puisse l’avance dans ses recherches ici. Encore une perte d’énergie et de temps. Alors qu’il réfléchissait, la chatte se glissait dans les recoins, inaccessibles au jeune homme. Sa découverte, bien qu’inattendue, fut des plus étranges. Dans ce qui semble être un creux d’aération dans le mur, un manuscrit qui, bien qu’étant en très mauvais état, était encore largement lisible.

Hi no Kuni, plus tard.
Année 14, hiver.

Cela faisait maintenant plusieurs jours que Naraen s’était attelé à la tâche de recopier en intégralité le manuscrit. Les seules pauses qu’il prenait était dédiées à dormir ou se restaurer dans le restaurant qui appartenait également à l’aubergiste chez lequel il s’était logé, non loin du lieu de sa découverte. La bourgade était calme, sans histoire, et pas trop chère. Un lieu parfait pour se plonger dans ce genre d’étude. Et les découvertes qu’il avait fait leurs faisaient prendre une toute autre dimension.

« La marque du destructeur … Des armes chimiques organiques … Le sujet numéro 43 … »

Toutes ces informations qu’il avait pu découvrir, il les avait retranscrites dans un cahier disposant d’une couverture de cuire et d’un sceau posé par Mö qu’il était le seul à pouvoir à pouvoir ouvrir. Pendant ce temps, la jeune chatte s’était rendue à Konoha pour s’occuper de certaines affaires qui pourraient concerner le Sabakyô : loyer, demande de mission, etc.
Sa principale découverte concernait la marque du destructeur. Bien sûr, il connaissait déjà son existence puisqu’elle reste utilisée au sein du clan, mais ses origines et les informations sur sa création étaient perdues depuis bien longtemps. Jusqu’à ce jour.

« Ce sceau – qui s’apparente à un sceau maudit compte tenu de sa nature – se compose de figures parfaitement symétriques au sein d’un cercle parfait. Le cercle représente le monde alors que la figure est ce qui le compose. La réunion du tout en un permet la création de l’être parfait. »

Ces quelques mots, disposés sous une figure qui semblait bien correspondre ressemblait fortement au sceau qui était utilisé pour former la marque du destructeur. Les différences étaient importantes entre les deux. Qu’est-ce que cela pouvait bien dire ? Les questions fusaient mais aucune réponse ne lui venait. La fatigue transparaissait clairement sur son visage et quelques gouttes de sueur perlaient même sur son front.

Après avoir passé plusieurs heures assis derrière son bureau, à réécrire le manuscrit trouvé trois jours plus tôt, il finit par se lever. Après avoir descendu l’étage, il se retrouve alors dans une large salle de bar où quelques personnes étaient assises. Sans faire vraiment attention, il se plaça à une table et attendu un instant pour finalement sortir ses écrits et les relire une nouvelle fois. La phrase qu’il venait juste de recopier était restée dans sa tête.

« L’être parfait … »

Sa réflexion dura longtemps. Le livre grand ouvert, il donna l’occasion à un vieillard, passant par là, de lire sa prose.

« Hé, gamin. Si tu fais des recherches ou quoi que ce soit d’autres, va voir du côté du côté de Taki. J’ai entendu dire que le Seigneur était plutôt calé sur ce genre de chose. »
« … Qui êtes-vous ? », dit Naraen, d’un air d’abord surpris puis méfiant.
« Un simple marchand de passage. Je reviens justement de Taki. J’aurais bien aimé m’entretenir avec Hohenheim-sama mais parait-il qu’il est pas là. Il serait au temple d’Ao. Allez-y et demandez Hohenheim Van, je suis à peu près sûr que ce genre de recherches peut l’intéresser. »

Le temps semblait comme figé pendant que l’homme parlait. Baissant les yeux un instant, et, comme pour se graver en mémoire le nom qu’il venait de découvrir, il le répéta à voix basse.

« Hoheinheim … Van … »

Le cercle du sceau en question: