Cela faisait peu de temps que j'étais revenu de Ki no Kuni. Expédition pendant laquelle on m'avait collé à une équipe composée d'un utilisateur de marionnettes à la grande gueule et d'une petite Kawaguchi au bon coeur, sensible et trop gentille. Le tout sous la tutelle de Kawaguchi Tsukiko qui avait été l'élève de mon cher cousin Kioshi. Suna, un village à taille de village ? Le monde était bien petit vu comme ça. Pour l'instant ce n'était qu'une équipe comme une autre pour moi. Depuis qu'Eichi m'avait lâché, je me retrouvais à être le bouche trou de nombre d'équipes que je connaissais pas. Et il fallait à chaque fois s'adapter. C'était un peu chiant. Mais cette équipe de Ki no Kuni, en réalité elle ne m'avait pas réellement convaincu. Déjà la sensei avait été récemment rétrogradée au rang de Chûnin. Et puis on m'avait donné le rôle de chef d'équipe, juste avec Mizuki, quand on avait dû se scinder en deux. Expérience qui m'avait gonflé car cette petite blonde n'avait pas bien pris certaines de mes remarques et m'avait insulté devant une nukenin et les représentants du pouvoir de Ki no Kuni. Manque de respect. Manque de sérieux. Franchement je l'aurais bien giflé sur le moment mais ce n'était pas mon genre de me montrer violent de la sorte. Si diriger une équipe c'était ça je ne voulais pas. Ou alors il me faudrait le grade pour qu'on me respecte et peut-être que ça irait mieux.

Le voyage de retour après la conversation avec la Princesse Okuzai Mei, je l'avais fait tout seul. Ma coéquipière avait encore une fois voulu prendre l'initiative pour aller rejoindre la nana qu'on avait eue pour guide pour tenir une part de marché : la ramener à Kaze no Kuni. Du coup elle avait eu trop d'avance sur moi comme j'avais été occupé avec la princesse. Et pendant toute la durée de mon voyage solitaire je m'étais questionné sur mes capacités de prise de décision. Puis inquiété au sujet de la Kawaguchi, qui au final allait très bien et était rentrée à Suna. Ce bol...
J'avais encore un rapport à rédiger pour la sensei Tsukiko en plus de ça. Elle l'aurait son rapport. Mais comme je ne la considérais pas trop comme ma véritable sensei je prenais le temps. Et je voulais avant tout rapporter la situation et ce que m'avait dit la princesse à Kioshi ou à un véritable supérieur comme Kibo ou quelqu'un du conseil. Quelqu'un qui serait directement concerné. Sauf qu'avec le refus de la Princesse de Ki de notifier quelque chose comme preuve, je n'avais que ma parole pour qu'on me croit. Ce manque de bol que j'avais moi...

J'essayais donc de trouver ce satané cousin-kage en commençant par sa tente d'habitation dans le quartier Yamada. Rien. Puis je n'avais pas pris la peine de demander aux autres et j'étais allé voir directement à sa tente de Kazekage au pied du palais. Là aussi rien.

* Mais sérieux il est où ?! * pensai-je agacé.

Je me grattai la tête. Je ne l'avais pas revu depuis mon retour à Suna. Et je me posais seulement la question de savoir où il était maintenant. Tout ça parce que j'étais occupé à étudier cette histoire de Kuchiyose depuis ma rencontre avec Nuzuro. Avoir vu ses éléphants en action m'avait réellement intrigué. Ki no Kuni avait été un contretemps et Nuzuro devait toujours m'entraîner, bien que j'ignorais sur quoi. Il l'avait promis. Mais passons ces détails. Kioshi où es-tu mon grand ?

" Kioshi ?! "

Un shinobi plus gradé que moi avait entendu et venait me dire que Kioshi était parti pour une affaire politique importante. Il n'était pas là. Mais les détails je ne les avais pas.

- Zut. Ben en tout cas il faudrait que je rapporte des faits sur Ki no Kuni à quelqu'un du Conseil ou à Kibô.

Et c'était pas pour m'enchanter mais c'était rendre service au village et tenir la promesse peu importante que j'avais fais à Okuzai Mei de renseigner mes supérieurs sur sa demande d'aide. L'autre shinobi s'en alla à l'intérieur du palais du conseil. J'attendais alors devant la tente de Kioshi en vain. Espérant qu'un supérieur se pointe. Je me donnais quinze minutes avant de retourner vaquer à mes affaires ailleurs.

Kioshi était absent et bien que Kibo le remplaçait pour le moment, ce dernier avait beaucoup de travail entre cette fonction nouvelle et la préparation de l'examen chuunin international ayant prochainement lieu dans notre village. J'avais moi même fort à faire au Kakumeigun car mon départ pour Ki no kuni m'avait fait délaissé une part de travail non négligeable en plus de certains problèmes internes que je devais régler et face auxquelles mes membres d'unités avaient été confrontés.

Pour autant, j'avais hâte que Kioshi revienne... Déjà parce que je devais lui faire mon rapport sur la situation de Ki no Kuni et la perte de Saibogu Lina lors de cette mission ; mais aussi parce qu'il était parti risquer sa vie je ne sais où pour une affaire politique dont je ne savais pas grand chose et pour laquelle je m'inquiétais pour sa vie et enfin... parce qu'il me manquait tout simplement...

Heureusement mes tâches au Kakumeigun ainsi que mes opérations à l'hôpital faisaient passer le temps si bien que je n'avais pas à me faire du soucis à longueur de journée...

Je sortais des archives du palais pour y entreposer les dossiers classés de l'unité spéciales. Les affaires terminées ou celles sans suite malheureusement mais susceptible d'être ré-ouvert si nous trouvions plus d'éléments par la suite. Alors que je me dirigeais vers la sortie, je fus héler par un shinobi m'affirmant qu'un genin souhaitait voir Kioshi pour lui faire un rapport mais que puisqu'il n'était pas là, il demandait un autre haut gradé. Je soupirais. C'était en principe le travail de Kibo que de recevoir ce genre d'affaire en l'absence de notre Kazekage mais je me rendais tout de même devant la tente de ce dernier pour y trouver l'intéressé. Puisque je devais moi même faire le compte rendu sur la situation au Pays du Bois, je pouvais bien également transmettre autre chose par la même occasion au concerné.

A ma plus grande surprise, je connaissais plutôt bien le genin qui souhaitait audience, un autre Yamada, le cousin du premier.

« Tetsui ? »

L'appelais-je, intriguée.

« Tu es finalement toi aussi rentré de Ki no kuni ! Heureusement sain et sauf... »

Je ne l'avais pas vu depuis la séparation des équipes à notre arrivé à la frontière du Pays du Bois.

« On m'a dit que tu voulais faire un rapport à Kioshi ? Sur Ki no Kuni je suppose ? Il n'est pas là pour le moment. Il est parti avec la Hokage régler une affaire importante. Je ne suis pas forcément la plus habilité à transmettre ce que tu voulais lui dire mais je t'écoute. Qu'as-tu découvert sur place ? Toi et ta team deviez vous rendre auprès du Daimio si je me souviens bien ? Il s'est montré coopératif quant à nos intentions ? »

Après tout nous avions été sur place très rapidement pour prêter assistance au Pays. Nous avions même été grièvement blessés et déplorions une mort suite à cette expédition à cause d'un arbre immense fort capricieux... J'espérais qu'il compte nous dédommager pour ces pertes et notre empressement à sa cause. Ce ne serait pas du luxe pour le village de compter sur un soutien de la part du Pays du Bois en terme de ressources en échange de bons procédés...

Je fixais le Yamada de mes yeux écarlates, attendant attentivement qu'il m'expose ce qu'il avait à dire.

Une minute, deux minute, trois minutes, quatre, cinq, six... douze, bientôt quinze ! Comme j'avais dis j'irais m'occuper ailleurs si personne ne venait rapidement. J'étais bras croisés devant cette tente de Kazekage à jouer du pied avec le sable au sol, quand la voix de Yami appela mon prénom. Son timbre de voix je le connaissais et il m'était de plus en plus familier à force. Bien que je restais tempéré dans ma façon de la considérer comme une personne proche de moi, cette familiarité était née de par la relation qu'elle entretenait avec Kioshi, et du coup nous n'étions pas n'importe qui l'un pour l'autre. S'il arrivait du mal à Kioshi cela nous ferait du mal. Si c'était elle à qui il arrivait quelque chose, Kioshi souffrirait et parce extension cela m'affecterait moi aussi. La réalité de cause à effet.
La preuve, "heureusement" que j'étais rentré sain et sauf. Je fis apparaître un sourire bref en guise de réaction.

- Yami ! J'ai pas eu d'ennuis là-bas ça allait... Tu es là toi aussi, tant mieux.

Elle me demanda alors si je voulais faire un rapport sur Ki no Kuni, m'expliqua que Kioshi était parti régler une affaire avec la Hokage, et posa des questions sur ma mission là-bas. L'absence de Kioshi m'intriguait moi, et j'étais même un peu inquiet ne sachant pas de quoi il s'agissait.

- C'est ça, je voulais rendre compte de Ki no Kuni.

Je pris une légère pause et commençai tranquillement à raconter. Heureusement j'avais une mémoire d'éléphant donc aucun détail n'avait disparu de ma mémoire. On me la faisait pas.

- Pour commencer on a été séparés avant le village de Kaju, Tsukiko et Taku étaient partis avec Saibogu Oniri pour une urgence, ça s'est réglé d'ailleurs ? Je suis donc devenu chef d'équipe par intermittence le temps de sur ordre de Tsukiko... et on a rejoint Naegi en passant par Kaju, guidés ensuite par une certaine Anita qui connaissait les lieux. En échange de bon procédé, et si elle était réglo, on devait ensuite l'aider à parvenir jusqu'à Kaze no Kuni pour sa sécurité.

La suite, après avoir repris un peu de souffle.

- Une fois à Naegi, on a découvert le palais du Daimyo complètement détruit. Et on arrivait en même temps que sa fille, Okuzai Mei, et son escorte. Après quelques recherches on a découvert le Daimyo de Ki sans vie sous des débris. J'ai donc pu avoir une discussion avec la Princesse Mei... elle ne pouvait rien notifier, ni d'accord, ni rien... donc il va falloir me croire.

Et c'était toute la vérité, je l'avais bien rencontré cette Okuzai Mei.

- Elle se disait inapte à prendre des décisions sur le moment, mais répétait sans cesse qu'il fallait aider son peuple plutôt qu'elle. Je lui ai proposé l'aide de Suna pour la suite, pour l'aide aux sinistrés, pour reconstruire et pour sa protection si elle voulait. Puisqu'elle fait une cible facile pour n'importe quel criminel maintenant... Sa réponse a été que si nous voulions l'aider elle et son pays, il ne faudrait rien attendre en retour à cause de la catastrophe. Je lui ai donc dit que j'allais en informer mes supérieurs qui prendraient la décision. Voilà pour la mission. Je ne pouvais rien décider, et elle non plus.

Si elle avait des questions elle pouvait les poser bien sûr. Mais j'avais quelque chose à ajouter sur ma camarade de mission.

- Je voulais ajouter aussi que ma coéquipière, Kawaguchi Mizuki, s'est montré très imprudente là-bas en plus de remettre en questions mes directive, elle m'a insulté d'idiot devant la princesse. Elle voulait leur offrir ses rations de survie alors qu'on ne les connaissait pas, dès les premières minutes. Et puis avec cette Anita... elle est partie pendant que je parlais à la princesse pour la rejoindre seule et l'escorter comme nous avions convenu au départ. C'est un de ses clones qui m'en a informé quand elle était déjà bien loin. Il aurait pu lui arriver n'importe quoi. Et surtout, la notion d'équipe ne servait plus à rien... je suis donc rentré seul jusqu'à Suna. Heureusement elle aussi a su rentrer vivante. Mais elle en a fait à sa tête et a pris des risques.

Cette dernière partie était la partie chiante. J'aimais pas faire des rapports sur les gens mais là il valait mieux que quelqu'un soit au courant. Ou au moins qu'on me rassure, qu'on me critique, ou qu'on m'engueule pour que je n'y pense plus. De toute façon, diriger c'était pas super.

Au moins il disait ne pas avoir vécu d'ennuis sur place... C'était tant mieux car nous, nous avions failli y rester pour la plupart...
Finalement, à travers son discours, j'apprenais plusieurs choses : il était devenu le chef de sa team suite au départ de Tsukiko pour nous rejoindre auprès de l'arbre millénaire, ils étaient parvenu à bon port après avoir été guidé par une certaine Anita qui en échange voulait être escortée a Kaze no kuni et dont je ne savais rien et le palais du Daimio avait été trouvé dévasté et lui même gisait sans vie...

Je tâchais d'intégrer déjà tout ces éléments en y spécifiant des précisions quant à certains points qu'il avait soulevé.

« En effet, Tsukiko et Taku ont été appelés en renfort par Oniri, tout comme moi qui ai laissé ma team au commande d'Ogami. On ne peut pas vraiment dire que l'affaire s'est réglé et encore moins qu'elle s'est bien passée... L'arbre géant était sur le point de tomber et de s'écraser sur une partie des villages restants en contrebas, causant moult morts et défrichant un peu plus le terrain s'il y était parvenu. J'ai combiné mes forces avec Tsukiko dans de puissants jutsu pour le maintenir mais cela ne s'est pas passé comme prévu. Nous avons été plusieurs nations à nous entraider pour tenter d'y changer quelque chose. »

Je marquais une pause, le regard grave.

« Toutefois, l'arbre semblait animé par une volonté propre et s'est mis à nous envoyer des épines de la tailles de branches a vive allure. Dépossédés de notre chakra nous avons tous été touchés et... Saibogu Lina est décédée. »

Je marquais un temps d'arrêt pour constater de sa réaction. Après tout, j'ignorais s'il était proche de la Saibogu ou non.

« Tsukiko et Taku se sont aussi éteints l'espace d'un instant il me semble puis nos forces nous sont revenues soudainement comme si l'arbre faisait machine arrière en nous aidant désormais... J'ai soigné tout le monde sur place mais il était déjà trop tard pour Lina. »

Voilà pour les faits s'étant déroulés pendant que lui même était auprès de la fille du Daimio.

« Tu as des détails sur cette Anita ? Pourquoi voulait-elle venir à Kaze no kuni ? Etait-elle shinobi ou civile ? Que faisait-elle au Pays du Bois ? »

Cela semblait être du détail mais par les temps qui couraient nous n'étions jamais trop prudents et plus nous avions d'informations plus nous pouvions jugé de l'utilité d'en savoir davantage ou non.

« Je t'écoute et je te croirais sur parole. Tu as ma confiance. »

Chose rare s'il en était. J'étais de nature suspicieuse or je connaissais Tetsui et je savais qu'il n'était pas du genre à raconter n'importe quoi : le fait de devoir faire un rapport devait déjà en soit l'agacer.

La jeune princesse semblait perdue d'après les dires du Yamada mais elle venait de perdre son père, difficile de garder contenance dans ces circonstances. Elle voulait de l'aide pour son peuple tout en notifiant qu'elle ne pourrait rien nous offrir en retour. Cela s'était ce qu'elle croyait, sa reconnaissance et son soutien ultérieur étaient déjà des trophées non négligeable mais cela serait à Kioshi d'en décider.

« Je vois. Il s'agit là d'un premier contact non négligeable, tu as bien agis Tetsui. J'informerais Kioshi le plus vite possible de la situation pour qu'il prenne des mesures. En attendant, nous ne pouvons qu'espérer son retour rapide... »

Mon regard se posa un instant sur le sol alors que je devenais songeuse et soucieuse. Reviens vite Kioshi... Je percevais comme un mauvais pressentiment qui résonnait au creux de mes veines. Notre lien de sang étant désormais suffisamment étroit avec le Kazekage pour que je puisse percevoir son état de détresse et d'acharnement, même à distance, et je n'aimais pas vraiment cela....

Tetsui me tira de ma rêverie en m'annonçant également le comportement irresponsable qu'avait adopté Kawaguchi Mizuki. Je soupirais à l'entente de ce nom. Il s'agissait de cette genin qui semblait batifoler avec La. J'espérais que le caractère de défiance de cette dernière n'avait pas déteint sur la blondinette.

« J'en prends bonnes notes et le ferais également remonter à Kioshi. Une genin ne peut se permettre toute ces fantaisies en s'exposant ainsi au danger tout au renonçant au principe même du travail d'équipe avec celle qui lui a été assignée pour exécuter une mission. Son imprudence sera sanctionnée mais je ne peux décemment pas me prononcer moi même sur la question bien que je serais peut-être amenée à l'interroger. »

Il n'était pas question de l'envoyer non plus à Ergastule pour cela mais un rappel à l'ordre ne lui ferait visiblement pas de mal.

« Je te remercies pour ton travail. Tu as des questions ? Aussi bien concernant ce qu'il s'est passé à Ki no kuni...que sur Kioshi ? »

Je percevais l'interrogation et l'inquiétude dans son regard concernant son cousin.

« Je n'en sais malheureusement pas davantage. A vrai dire je ne l'ai pas vu depuis mon retour non plus, c'est Kibo qui m'a informé de son départ. Il me semble qu'il est parti à la rencontre d'un ancien Furyou : un edo tensei que La et un membre de Konoha ont eu pour mission de retrouver. »

J'esquissais un sourire amer.

« A vrai dire je n'aime pas l'idée de tourner en rond au village alors qu'il risque probablement sa vie... Il n'est pas parti seul, mais tout de même. »

Je me sentais comme une lionne en cage faisant les cents pas dans cet espace réduit alors que je pourrais lui prêter assistance... Il était un brillant shinobi et médecin de surcroît mais j'étais bien plus efficace dans ce domaine lorsqu'il était question d'hémorragie importante.

Elle était la première personne a avoir été présente à Ki no Kuni et au problème de l'arbre à me raconter la chose. Entendant cela je pus me rassurer sur la mission que moi, j'avais mené là-bas en compagnie de Mizuki. En faites je n'étais pas si mal tombé car peu pour moi d'avoir à faire à un arbre. En tant que Yamada et comme ceux de mon clan, j'étais proche de la nature. Attaquer un arbre n'était pas dans mes intérêts. Et l'empêcher de s'effondrer... mes capacités n'auraient rien pu changer. Oui, j'avais fait le bon choix. Et puis il avait bien fallu quelqu'un pour cela.
Par contre, j'arrêtai ma respiration une seconde quand j'entendis que Saibogu Lina était morte. Pas parce que je la connaissais non. Simplement parce qu'elle avait été une shinobi du village de Suna. Quelqu'un avec qui j'aurais pu travailler. Qui ne serait pas touché par la mort de quelqu'un de son village ? Même les Saibogu avaient droit à une pensée. Comme si cela n'avait pas suffit, j'appris que Taku et Tsukiko y étaient passés eux aussi mais qu'ils avaient été ramenés par l'arbre. Quelle bizarrerie. Là je ne montrais pas vraiment de réaction. Même si j'étais plutôt rassuré. C'étaient peut-être ceux avec qui j'allai vivre de nouvelles expériences de Team. Tsukiko-sensei avait raconté quelque chose comme ça, comme le fait qu'elle serait notre sensei dorénavant. Oui c'était ça, pas de doute là dessus. Alors on verrait bien. Ki no Kuni était peut-être un nouveau point de départ finalement. Mon père avait dans son équipe un Kawaguchi, et bien j'allai en avoir deux si c'était vrai. Avec un marionnettiste plutôt qu'un Akuzu. Mais qu'ils ne comptent pas sur moi pour être celui qui attaque au corps à corps.
Pour Anita je répondis presque en haussant les épaules, naturellement.

- Des détails j'en ai certainement moins que Kawaguchi Mizuki... C'est elle qui l'a raccompagné si elle a pu la retrouver. En tout cas c'était une shinobi qui connaissait bien le pays. Elle voulait rejoindre Mizu no Kuni, si je ne me trompe pas, en faisant un détour par Kaze no Kuni.

Mais nous n'avions pas à nous en inquiéter. Ce n'était pas une shinobi de haut niveau. Si bien qu'on voyait bien sur mon visage que ça m'ennuyait d'en parler plus que ça. C'était pas la peine d'être aussi parano que les securitas Saibogu. Pourtant je comprenais, Yami était à la tête du Kakumeigun. La sécurité c'était son boulot. Elle écouta ensuite mon rapport en précisant qu'elle me croirait sur parole. Ma mère était morte pour le Kakumeigun et Suna donc je devrais haïr ce mot "Kakumeigun", mais les deux derniers leaders en date m'étaient proches : Kioshi. Et Yami avec qui ça semblait commencer. Avoir la confiance du Kakumeigun était donc pour moi une ironie du sort. Peut-être se rappelaient-ils du sacrifice d'une certaine Yamada Nako finalement ?
Mis à part cela, je fus rassuré quand Yami annonçait que j'avais bien agi. Mais de nouveau inquiet quand je sentis qu'elle s'inquiétait pour Kioshi. Espérer un retour rapide ? Cela voulait dire quoi ?

Toutefois je lui énonçai quand même mes problèmes avec Mizuki. Elle en prit note. J'ajoutai à cela :

- Peut-être pas forcément la sanctionner. Au moins lui faire comprendre les risques qu'elle prenait et lui apprendre à obéir à quelqu'un d'autre que sa tante Tsukiko. Et mettre au courant cette dernière, je pourrais le faire mais ça aurait peu d'impact non ?

Je fis la grimace en disant ça.

- Je veux pas lui porter préjudice, ce serait ralentir cette nouvelle équipe qu'on m'a attribué et ce serait chiant. (un temps) Enfin je vous laisse décider.

Puis elle me remercia pour mon travail, me faisant pousser un soupir. Pas l'habitude des remerciements. Je n'avais aucune question supplémentaire sur Ki. En revanche sur Kioshi j'en avais... La Ketsueki remarqua d'ailleurs cela et répondit à la question que je n'avais pas encore posé. Ma réaction fut de l'étonnement.

- Un furyou ? Konoha ? Et il y est allé avec qui ?

Je la laissais me répondre alors que je me posais d'autres questions, puis dire qu'elle n'aimait pas l'idée de tourner en rond dans le village pendant ce temps. Pourtant je n'allai pas montrer plus que ça mon inquiétude. Ce serait de la faiblesse non ?

- Et moi alors... Enfin ne t'inquiète pas. Il en a connu d'autres et il va revenir sain et sauf !

La chaleur de mon corps avait alors augmentée suite à cette information. C'était sans doute de la nervosité qui cherchait à s'exprimer. J'émis un léger sourire de réconfort à Yami en posant ma main sur son épaule. Peut-être que la chaleur d'un Yamada du même sang que celui pour lequel elle s'inquiétait pourrait l'apaiser un petit peu.

- J'en suis sûr. Et en attendant nous veillerons sur Suna à sa place.

Je retirai alors ma main pour ne pas lui donner trop chaud, il le faisait déjà bien assez avec le soleil. Puis je riais doucement pour détendre l'atmosphère. Oui nous prendrons soin de Suna en l'attendant.

Le cas de cette « Anita » était intriguant surtout en sachant qu'elle voulait rejoindre Mizu no Kuni lorsqu'on savait ce qu'il s'y tramait... Rien qu'avec cela on pouvait en déduire qu'elle n'était pas une simple civile. Toutefois, je ne questionnais pas Tetsui davantage à son sujet car il ne savait visiblement pas grand chose : Mizuki pourrait m'en apprendre davantage, et puis je vérifierais par moi même dans nos fichiers si elle y était renseignée ou non. Pour l'heure je ne m'en faisais car, malgré l'imprudence de la jeune Kawaguchi, cette dernière était rentrée saine et sauve de Ki no Kuni, preuve que cette Anita ne s'était pas montré d'une quelconque hostilité à son encontre. Affaire classée pour le moment donc.

« C'est ce que j'entends par « sanction » concernant Mizuki. Ne t'en fais pas, il n'est pas question de l'enfermer a Ergastule pour son comportement mais lui inculquer des valeurs qu'elle est censée déjà avoir de part sa promotion au rang de Genin. Lui rappeler que même si elle peut mener une action à sa guise tout en respectant la mission qui lui est confiée, il ne faut pas pour autant qu'elle en oublie ses supérieurs ou ses coéquipiers qui sont désignés comme tels par un concours de circonstances. Son comportement s'est montré non seulement dangereuse pour elle mais aussi pour son équipe sur le terrain ainsi que pour Suna. Alors oui, Tsukiko en sera informée.»

Qu'aurions nous pu faire si cette Anita avait décidé de la tuer ou de l'enlever ? Faire confiance aussi aveuglément à des inconnus me dépassait et il faudrait l'inculquer à la Kawaguchi un peu trop fleur bleue à mon goût. Elle n’œuvrait pas seulement pour elle mais pour son village et se devait de ne pas mettre en péril sa vie tout comme les intérêts de Suna.
Toutefois nous verrions cela le moment venu, là encore il me faudrait l'avis de Kioshi sur la question.

Lorsque j'abordais le sujet concernant ce dernier, Tetsui se montrait bien plus intéressé et même s'il tentait de le dissimuler, je percevais une pointe d'inquiétude en lui. Mon rôle au Kakumeigun m'avait appris à interpréter les comportements qui eux ne mentaient pas contrairement aux paroles.

« Comme je te le dis je n'en sais pas vraiment davantage. Il s'agit de l'ancien Furyou nommé Envizib. Si tu te souviens, il est venu aux portes du village il y a quelques mois pour demander à voir une détenue, la femme ayant mis au monde l'enfant de Eichi. Il semblait changé et étrange par rapport aux dernières entrevues que certains d'entre nous avaient pu avoir avec lui mais nous n'avions plus de nouvelle depuis lors alors une traque à été lancée et il a été retrouvée. Il a demandé aux Kages de Konoha et de Suna de le retrouver, d'où le départ de Kioshi avec la Hokage. »

C'était beaucoup dire pour pas grand chose... nous manquions d'éléments sur ce que cet edo-tensei voulait vraiment et ce qu'il attendait des dirigeants...

Je laissais place à un léger sourire lorsque Tetsui assurait que Kioshi en avait vu d'autres et qu'il allait revenir tandis que je sentais sa chaleur croître, exactement comme son cousin lorsqu'il exprimait une émotion de mal aise ou d'énervement. Peut-être que Tetsui ressentait un peu des deux concernant cette histoire ?

Sa main se posa sur mon épaule, m'enivrant de cette chaleur qui pourrait se montrer si désagréable sous la température du désert mais pourtant si rassurante. Mon regard écarlate se posa dans le sien alors que mon sourire s'étirait quelque peu.

« Votre chaleur est similaire. Tout aussi réconfortante et apaisante. »

Cette sensation me rappelait la présence de Kioshi et m'emplissait de joie tout en me laissant un sentiment de tristesse : il n'était pas là.

« Tu as raison. Nous veillerons sur le désert à sa place... »

Kioshi ne s'en faisait pas que pour le village mais aussi pour l'étendue du désert qui était son essence même, ses origines, et là où, quelque part, ses parents et une partie de son clan avaient décidé de réélire domicile.
Et moi je pourrais veiller sur lui a travers ce que m'indiquait mon sang sur notre lien...

« Si j'ai des nouvelles le concernant tu en sauras le premier averti, je te le promets. Je peux simplement te dire pour l'heure qu'il va bien même s'il semble indécis ou perplexe. Un ressentiment neutre, ni positif ni négatif... »

Je l'observais plus intensément.

« Le sang est quelque part le reflet de l'âme. Je connais suffisamment le sien pour pouvoir le ressentir même au loin et savoir si jamais il est en danger et même dans quelle direction approximative il se trouve. »

C'était d'autant plus frustrant de ne pas aller à sa rencontre pour lui prêter assistance...

Elle avait su me rassurer quant au sujet de la "sanction" destinée à la petite Kawaguchi. C'était bon de savoir qu'on était sur la même longueur d'onde sur ce point là. Maintenant je demandais à voir pour Kioshi. Des fois il utilisait des moyens bien à lui pour faire comprendre les choses. Enfin bref j'étais un des premiers à le savoir je pense. Des réprimandes ou des leçons de vie façon grand cousin j'en avais connu à plusieurs moments. Plus de dix ans nous séparaient lui et moi il faut dire. Ses parents étaient plus âgés que les miens, mon père était né petit frère et j'étais né petit cousin. Et comme les dés de la vie tombaient parfois mal, Kioshi avait perdu un petit frère, tout comme j'avais perdu le mien seulement quelques semaines après sa naissance. Par contre, si certains m'appelaient le sosie depuis quelque temps ce n'était pas pour ça. C'était un fait que seuls nos proches connaissaient. "Le Sosie"... C'était chiant ça...

Elle m'expliqua un peu plus qui était ce fameux Envizib. J'en avais vaguement entendu parler oui. Mais je n'avais pas été présent. Et puis les affaires de ce niveau de compétences je les laissais aux chûnins et aux jônins dont c'était le job. Après, mon domaine de connaissance en furyou était très limité. Néanmoins.

" Il était venu voir Hasü ? " demandais-je par automatisme.

Celle-là même que j'avais rencontré à l'époque sur un terrain d'entraînement alors qu'elle était sous surveillance. Celle-là même qui avait été une des causes du congé paternité de mon sensei. Satanée femme. Sa venue avait failli faire capoter ma carrière de genin. Tout ça pour un gosse. Et d'ailleurs elle avait fait tomber à l'eau mon équipe originelle menée par Eichi.
En tout cas, quand je vis Yami sourire avec mes propos sur Kioshi j'en fus presque content. Son regard écarlate était vraiment unique me disais-je alors. Je pouvais comprendre l'attirance de Kioshi. Mais ce n'était pas mon délire à moi de laisser quiconque utiliser mon sang, même par amour. Simple supposition. Yami était Ketsueki après tout. Elle ajouta alors qu'elle m'assurait qu'il allait bien mais qu'il semblait perplexe ou indécis. Je m'étonnais légèrement avant qu'elle ne dise bien connaître son sang. Ah. Voilà, ma supposition se confirmait.

- Bon alors tant mieux. Merci à toi de me promettre ça, j'apprécie beaucoup.

Oui j'étais reconnaissant qu'elle pense à l'affection que j'avais moi aussi pour Kioshi. Après tout certaines femmes s'appropriaient certains hommes sans penser aux proches de ces derniers. Yami ne semblait pas de ce genre.

- C'est que je suppose que tu as déjà bu son sang ? demandai-je simplement avec nonchalance.

Si c'était pour le bien. C'était leurs affaires. Mais je saisissais mal les besoins des membres de ce clan auquel elle appartenait.

- T'es pas obligé d'en parler ici en public ni de me répondre hein... C'est juste que j'ai parfois du mal à saisir les particularités de ton clan. Le sang est un élément si vital que ça pour vous ?

Un peu taquin je rajoutai

- Par exemple, tu peux sentir le miens là ?

Je me renseignais mais je n'avais aucunement envie qu'un Ketsueki possède mon sang un jour. Même si c'était une femme super canon. Toujours en souriant pour lui montrer que j'étais simplement curieux et que je demandais ça par sympathie et intérêt. Je ne jugerai pas.

Ainsi il connaissait Hasü... Décidément, elle avait su faire parler d'elle celle-là...

« Oui. C'était elle qu'il était venu réclamer. J'ai été la voir dans sa cellule pour savoir si elle le connaissait mais elle était plus effrayée qu'autre chose, ne voyant pas ce qu'il pouvait lui vouloir mais finalement il est reparti lorsque Kibo lui a annoncé qu'elle était morte en couche. »

Bien sûr cela était faux. C'était moi même qui l'avait fait accoucher de part mes connaissance en iroujutsu, assistée par le médecin d'Ergastule. J'avais sauvé la vie de la fille d'Eichi car sans ma maîtrise du sang, je n'aurais pas été en mesure de faire repartir son cœur qui c'est arrêté une poignée de seconde à la naissance. J'avais rendu visite à Eichi, pas mal occupé par la petite Hikari mais il ne s'en sortait pas si mal pour le bourru qu'il était. Lorsque la grossesse de Hasü avait été confirmé, j'avais laissé le choix au Wada de garder ce bébé ou de mettre un terme à l'existence de ce fœtus porteurs de nombreux soucis pour sa personne. Il avait choisi et en tant qu'amie j'avais respecté ce dernier.

Le Yamada que j'avais en face de moi semblait étonné par ce que je pouvais ressentir, me posant une question qui me faisait sourire à bien y réfléchir.

« En effet. Plusieurs fois même mais je ne l'ai jamais forcé à le faire. La première fois était d'ailleurs de son initiative... pour m'attirer dans son lit. »

Je me mettais à ricaner quelques secondes en me rappelant cela.
Lorsque je retrouvais mes esprits, j'adressais un sourire avenant à Tetsui qui arguait ne pas ma forcer à répondre.

« Ne t'en fais pas. Cela ne me gêne pas de parler des particularités de mon clan mais il y en a tellement que cela prendrait sans doute des heures à t'expliquer. Pour ce qui est du sang, non ce n'est pas vital en soit. Nous n'avons pas besoin d'en consommer pour vivre sauf dans mon cas... »

Tetsui devait sans doute être au courant pour ma maladie sanguine, Kioshi lui en avait peut-être parlé voir Kibo...

« Moi, si je ne renouvelle pas mon sang au moins une fois par semaine, je meurs. »

Mon hémoglobine devenait impropre pour mon corps, se dégradant au fil des jours si bien qu'il me fallait le remplacer pour ne pas dépérir.

« Hormis cela, je ne peux nier que le sang possède un certain attrait pour nous. Les Ketsueki disent que le sang est l'argent de l'âme, elle ne peut subsister sans. On a également tendance a dire que s'abreuver du sang de quelqu'un revient à prendre une part de son existence. Le sang est porteur de bien plus d'informations que l'on peut le penser... »

Il en avait un aperçu avec le lien que je possédais avec Kioshi et qui m'était possible parce que j'avais consommé plusieurs fois de son hémoglobine.

« Chaque sang possède des caractéristiques et un goût qui lui est propre. Ce qui fait qu'une fois mémorisé, si je retombes sur celui d'une personne que j'ai déjà bu je serais en mesure de dire à qui il appartient. »

C'était également une faculté que nous possédions à force d'entraînement.
Mon sourire s'étira davantage lorsqu'il me demanda si je pouvais percevoir le sien.

« Je l'entends tambouriner dans tes veines oui. Toutefois je ne sais pas si cela est dû à ma maîtrise affinée ou si c'est également mon chakra médical qui me le permet couplé à mes dons claniques. Je sens que ton flux est normal et donc pas ralenti par un poison où je ne sais quoi. »

Si j'avais bu ne serait-ce qu'une goutte de son sang je serais en mesure de l'accélérer par exemple. Je ne pouvais nuire à personne avec une simple goutte mais je conservais son goût en mémoire.

« Et si nous marchions ? Kioshi n'est pas là... Rien ne nous sert de rester devant cette tente vide. »

A vrai dire cela me faisait plus de mal qu'autre chose si bien que j'ouvrais la marche en direction du centre-ville en passant par les ruelles peu fréquentées, n'aimant guère me mêler à la grande foule.

« Sais-tu que Kibo s'est montré curieux aussi au point de me demander une démonstration de ce que je pouvais faire avec mon sang et une goutte du sien ? »

Mon sourire se montrait espiègle.

« Rassure toi je ne compte pas t'en prélever. Je ne me le permets que lorsque l'on me donne son consentement. En tout cas si ce n'est pas un ennemi... »

Pour eux je leur réservais un tout autre sort...

« Je dois même dire que boire le sang d'une personne, surtout quand il est question de survie comme dans mon cas, cela a une dimension particulière... C'est un échange symbolique et assez intime... Il faut apprécier grandement la personne pour oser s'y risquer. En revanche, un Ketsueki qui prend le sang de l'un des siens est une grande marque d'autorité qui force l'autre à se tenir en respect. »

Tout n'était qu'assujettissement et recherche de pouvoir dans mon clan.
Je souriais.

« Des méthodes tellement opposées à votre clan. Le jour et la nuit comme on le dit. »

Cette expression ne pouvait pas être plus vraie. Nous inspirions la crainte comme des créatures de la nuit alors que les Yamada étaient aussi chaleureux que le soleil.

« J'ai rencontré ton oncle et ta tante. Des personnes humbles et dotées d'une grande gentillesse qui m'ont tout de suite proposé de leur sang lorsqu'ils ont eu connaissance de ma maladie, mais j'ai décliné leur offre. D'ailleurs Arashi est le frère de la mère ou du père à Kioshi ? »

Assez parlé de mon clan, hormis s'il avait d'autres interrogations. Moi aussi j'étais curieuse sur les Yamada que je côtoyais de plus en plus...

Je ne m'interrogeais pas plus sur l'histoire du edo tensei et de Hasü. Je ne l'avais croisé qu'une fois, et elle avait bien réussi à se faire passer pour une victime au point que je l'avais défendue. Mais aujourd'hui je m'en fichais. D'ailleurs, c'était bein Eichi lui-même qui l'avait ramené en prison. Cette fille appartenait au passé tant qu'on ne la remettait pas sur le devant de la scène. Et pour cela, Kioshi devait d'abord s'occuper de ce furyou. M'enfin, c'était pas mes oignons. C'était les siens et ceux d'Eichi en tant que père.

Bref. Yami me répondait qu'elle avait effectivement bu à plusieurs reprises le sang de mon cousin. Mais que c'était lui qui l'avait tenté. Alors que j'entamais un sourire celui-ci se stoppa pour laisser place à une expression de pur ébahissement. Les yeux en traits avec une goutte sur la tempe qui traduisait ma surprise...

- Haha mais qu'il est drôle derrière ses airs sérieux !

Et elle aussi ricanait à ce souvenir. Moi je préférais ne pas trop imaginer les détails. C'était le geste qui me faisait rire.
J'apprenais ensuite des choses sur le clan Ketsueki. Certaines que j'avais pu lire dans des bouquins et d'autres non, mais dans ces derniers on déformait parfois la réalité. Pour vivre elle devait boire du sang. C'était son cas à elle. J'en avais vaguement connaissance. Bien que c'était la première fois que je t'entendais dit de sa propre bouche.

- J'en ai vaguement connaissance oui. Et j'espère que tu la surmonteras, mais en tant que simples civils ne compte pas sur moi pour être à tes petits soins hein ! dis-je avec humour.

Je plaisantais.

- Et quand ce sera du passé on pourra simplement boire du thé avec Kioshi sans aucuns soucis.

Petit sourire se voulant rassurant.

- En attendant j'espère que tu ne goûteras pas au miens.

Après cette petite discussion sur les Ketsueki et leurs capacités, Yami me proposait qu'on aille faire un tour, pour s'éloigner d'ici. Kioshi n'y était pas...

- Oui tu as raison, bougeons.

Alors nous marchions en direction du centre ville, passant par des ruelles peu fréquentées. Peu fréquentées ? Ne me dites pas qu'elle cherchait à me faire ce coup là ? N'abuse pas trop Yami. Non. Mes pensées étaient à peine sérieuses. Je pouvais d'ailleurs en avoir beaucoup à la seconde, plus ou moins sérieuses selon la situation. Finalement le sujet Ketsueki n'était pas terminé. Et Kibo... Lui aussi aimait donner son sang. Tant mieux me disais-je. Il y avait déjà deux donneurs pour faire perdurer Yami et renouveler son sang si jamais. La seconde d'après je fus rassuré car elle disait ne pas vouloir prendre du mien, pas sans mon consentement. Puis s'ensuivit un bref interlude sur l'intimité de la prise de sang, ou du don, c'était selon le point de vue. Et sur la signification que ça avait de piquer du sang à un autre Ketsueki. Cela me fit hérisser le poil de penser qu'ils puissent boire leur sang entre eux. Je la remerciai en tout cas de ne pas vouloir s'en prendre à moi.

- Des méthodes opposées oui. Je n'aimerais pas avoir à faire à un ancien de ton clan... ça me ficherait la chair de poule même !

Un petit temps de réflexion. Puis un sourire presque mesquin.

- Mais. Si je chauffe mon corps au point que mon sang soit bouillant il se brûlerait comme avec une casserole d'eau bouillante sûrement ! N'est-ce pas ?

Peut-être que je venais de trouver un piège à Ketsueki !
Nous parlions maintenant des miens. Les chaleureux. J'avais même l'impression que Jax, le gardien de l'Ergastule, était plus flemmard que moi des fois. Vu son boulot je comprenais parfaitement. Mais lui ne pouvait même pas regarder le ciel comme j'adorais le faire quand j'avais un moment. Non, lui, il était entre quatre murs.

- C'est drôle que tu demandes pour mon père. Il est le frère cadet du père. Je me rappelle jamais quel âge a son père. Mais le miens a 46 ans.

Et là il apparaissait que Kioshi était à un âge déjà bien avancé.

- Quand on y pense. Papa avait à peu près mon âge quand Kioshi est né. L'écart d'âge est présent entre Kioshi et moi donc. Mais ça importe peu chez nous.

Nous parcourions Suna à un rythme tranquille tout en discutant ainsi.

Tetsui s'était mis à plaisanter à son tour. Toutefois, il subsistait une once de sincérité dans ses paroles concernant mon rétablissement. L'idée d'aller boire un thé avec lui et Kioshi sans se soucier du reste me faisait esquisser un sourire.

« Nous pouvons déjà le faire. Je n'ai pas en tête pour idée de laisser infuser votre sang dans mon thé ne t'en fais pas ! »

M'exclamais-je de manière détendue sur le ton de la plaisanterie une fois de plus. A l'entendre, les Ketsueki étaient des assoiffés de sang ce qui, finalement, n'était pas totalement faux pour la plupart d'entre nous. Cependant, il y avait quelque chose que nous chérissions bien plus que le sang et qui nous rendait d'autant plus dangereux : le pouvoir.
Pour autant que je le sache, nous éprouvions tous une certaine folie des grandeurs avec l'envie constante de nous dépasser et d'acquérir toujours plus que ce que nous possédions déjà. J'avais refréné ces ardeurs parce que j'avais toujours vécu a Suna pour ma part et non au sein de mon clan mais j'imaginais sans mal avoir moi même éprouver ce désir indicible s'il en avait été autrement.

Alors que nous déambulions dans les ruelles, j'écoutais son retour suite à mes déclarations sur mon clan et sa réaction me fit étirer un grand sourire.

« Et tu as raison de craindre cette rencontre... A Suna, je suis la Ketsueki la plus influente parmi la poignée qu'il reste entre ces murs mais à l'extérieur, je suis sûre qu'il y en a d'autres. Pour avoir rencontrer mon père il y a de cela peu de temps, je peux te dire que je le tiens en respect sans même en avoir conscience ou en voulant m'y soustraire. Son influence et sa puissance est bien supérieure à la mienne et il me l'a prouvé à quelque reprise... »

J'avais en effet fait ma maline lors de notre première rencontre et il m'avait fait une démonstration de force en buvant mon propre sang pour apposer son autorité. S'en était suivi une esclandre sur ma faiblesse lié à mon sang corrompu par la maladie.

« Je peux me montrer implacable et c'est d'ailleurs ma principale nature, pour autant je sais aussi me montrer plus cordiale avec les personnes que j'affectionne : ce qui est totalement inconnu comme sentiments aux anciens de mon clan. »

C'était là notre différence et peut-être que quelque part j'avais tort d'agir ainsi..

« Je n'ai pas été élevée par le clan et c'est pour cela que je ne suis pas une « vraie » Ketsueki comme le dirait mon paternel. L'histoire est longue et je n'ai guère envie de m'étaler en te parlant de mon enfance passée à l'orphelinat mais sache que je m'y suis retrouvée à cause de la trahison de ma mère envers mon père qu'elle a laissé pour mort pour prendre la tête du clan que lui possédait. »

Très reluisant comme histoire. Et ce n'était là que la face visible de l'iceberg...
Je souriais de plus belle en entendant Tetsui parler de la faculté de son clan qui pourrait être nuisible au mien :

« Le sang n'aime pas la chaleur et est rendu inutilisable de cette façon c'est vrai. Mais un Ketsueki n'a pas besoin d'avoir de ton sang pour te nuire : il peut aussi mêler le sien au tien et causer le même genre de dégâts que s'il l'avait ingéré... Nous combattons également rarement seuls : nombreux sont les Ketsueki ayant des pactes d'invocations Kuchiyoses. »

Sans parler des manipulateurs via le genjutsu ou les attaquants offensifs avec du taïjutsu... Le sang était un atout dans notre manche mais certainement pas le seul sur lequel nous nous reposions face à un adversaire.

La conversation avait finalement viré sur les Yamada et Tetsui répondait à mes interrogations : son père était le frère cadet de celui de Kioshi.

« Maintenant que tu le dis j'aurais pu sans doute le deviner... Arashi et le père de Kioshi ont quelques traits communs. Pourquoi est-ce drôle que je m'interroges sur l'affiliation de ton père ? Je suis amenée à côtoyer votre famille de plus en plus régulièrement alors il n'est là qu'une question de simple curiosité pour faire les liens entre les différents individus qui la compose. »

Il évoquait l'écart d'âge qu'il existait entre lui et Kioshi, ce qui me faisait sourire.

« Vous êtes cousins mais vous pourriez être frères. Qu'importe la différence d'âge... Tu sais, certains des membres de ma famille : les Comtes et Comtesses pour être exactes, ont dépassé le siècle d'âge pour certains. »

Comme c'était le cas pour mon père sans que je parvienne à expliquer comment cela était possible.. J'avais quelque éléments de réponses mais je n'étais guère portée sur la religion que suivait mon clan pour réellement comprendre comment cela fonctionnait ni même pourquoi seuls les Chef de clan élu au titre de Comte pouvait se vanter de connaître le don d'immortalité...

« Alors la question de différence d'âge, je n'y prête guère attention non plus... Ce n'est pas elle qui nous éloigne ou nous rapproche mais davantage nos convictions. »

Kioshi et Tetsui semblaient assez similaires sur plusieurs points et cela se manifestait sans doute par leur entente.

« En soit, vous pouvez même être des frères de substitutions. Je pense que Kioshi te voit ainsi en tout cas, lui même ayant perdu son petit frère. Personnellement je ne sais pas ce que cela fait d'être entourée de sa famille ou d'avoir des liens fraternels clanique. »

Je ne pouvais pas vraiment voir La comme ma petite sœur même si c'était la relation qui s'en rapprochait le plus. En soit, j'étais bien plus proche d'Ogami que je considérais comme un frère alors que nous ne possédions aucun lien de sang commun...

« Est-ce que, selon toi, cela est important d'avoir des parents auprès de soi ? Trouves-tu que ton père est de bon conseil ou que tu peux t'exprimer auprès de lui sans crainte de jugement ? Même si je connais désormais le mien, je peux te dire que jamais nous n'aurons ce genre de relation de complicité. Le doute et la faiblesse ne sont pas permis et se montrent même intolérable pour lui. Lorsque c'est l'image que je lui renvois, il n'hésite pas à me faire comprendre qu'il est déshonoré que je sois sa fille. Cela ne m'affecte pas vraiment ne l'ayant pas côtoyé outre mesure mais j'avoue que sa fierté est quelque chose que je cherche à obtenir. »

Ainsi, peut-être, serais-je davantage une « vraie » Ketsueki...

Yami avait l'air de savoir plaisanter même quand on parlait de la fin possible de sa maladie. Elle avait raison, rien ne nous empêchait de déjà boire du thé ensemble. Du thé à l'orange comme je l'aimais. Ma boisson chaude favorite.
Plus tard, sur le sujet des anciens de son clan auxquels je n'aimerais pas avoir à faire, elle confirma ma crainte en évoquant la puissance de son père. Pour moi, la puissance était une notion relative. Par exemple, ma mère était à mes yeux bien plus puissante que ce Ketsueki oublié. Elle avait donné sa vie pour un village, une communauté et un pays, au détriment de la vie de famille bien heureuse qu'elle aurait pu continuer à avoir avec papa et moi. De plus, mes souvenirs, ainsi que les dires de Nuzuro pendant l'épisode éléphant VS scorpion m'avaient confirmé tout ça. Un sacrifice était bien plus puissant qu'une vie passée à acquérir une puissance dormante. L'histoire de Yami n'avait pas l'air toute rose. Ses brèves explications me suffirent et je ne demandais rien de plus pour ne pas l'embêter. Son clan avait l'air prise de tête...

- Mêler votre sang à celui de vos adversaires... autrement dit il suffit d'éviter tout contact avec vous ? J'imagine que le sang ne rentre pas comme par magie dans le corps de quelqu'un... Moi-même je ne peux pas influer la chaleur de quelqu'un comme ça, à distance et comme par magie. Ou alors je ne suis pas au courant de l'ensemble des capacités de mes aînés.

Il est vrai que j'avais vu les félins de Yami en action à plusieurs reprises. Sur les Yamada, la discussion était tout autre. Elle s'étonnait que je trouve amusant le fait qu'elle demande à propos de mon père. Je plaisantai alors un peu.

- Tes sentiments pour Kioshi aiguisent ton intérêt pour nous alors ! Je comprends !

Qu'importait la différence d'âge pour elle. Des Ketsueki atteignaient le centenaire qu'elle disait. Pour quoi faire je me le demandais... La mignonne Yami ne se souciait pas de la différence d'âge elle non plus.

- Tu ne te serais pas entichée de Kioshi si ça avait été le cas en même temps.

Mon sourire était franc, l'ambiance était presque à la rigolade à ce moment là. C'est alors qu'elle me disait que Kioshi et moi pouvions être des frères de substitution. Ceux que l'on n'avaient jamais eu. Nous avions en effet tout deux perdu nos petits frères quelques jours ou quelques semaines après leur naissance. Le miens était mort d'une morsure de scorpion. Je les détestais depuis. Cette remarque de la manieuse de sang me fit chaud au cœur, et je lui fis un léger sourire.

- Oui tu as sûrement raison. Il est ce qui se rapproche le plus d'un grand frère pour moi... Alors peut-être que je suis comme son petit frère au fond.

Mais elle, elle ne connaissait pas vraiment les liens familiaux. Et même si j'avais perdu un petit frère et une mère, il me restait toujours une famille, un clan dont certains membres étaient vraiment proches de moi. Je voulais me montrer rassurant envers elle, ne sachant trop ce qu'elle demandait en m'informant de cela.

- Tu nous a nous si tu veux ! Kioshi, malgré sa complexité... moi, mon père, ou même d'autres yamada ou personnes qui te seraient très proches ici à Suna. Plus de déprime, de pleurs ou de solitude avec tout ça hein ? 

Je disais ça pour elle. Elle en faisait ce qu'elle voulait. Mais moi et les miens n'avions pas de raisons de la dénigrer. Même mon père dont la rage envers le Kakumeigun avait presque cessé depuis que Kioshi en avait pris les rênes. S'ensuivit un passage où Yami me parla de son père, qu'elle cherchait à obtenir sa fierté. Tout ça après m'avoir demandé si je trouvais important d'avoir mes parents auprès de moi et de pouvoir leur parler ouvertement.

- Bien sûr que c'est important. Si mon père n'avait pas été là, je ne serai sans doute pas devenu shinobi aujourd'hui. J'aurais sans doute fais exprès de rater mon examen genin une fois de plus et aurais vécu tranquillement parmi nos citoyens. Ou peut-être même que je serais devenu un ninja malveillant et cherchant à me venger pour la mort de ma mère... ..

Que de suppositions. Mais mon père était bel et bien une figure importante pour moi. Et ce malgré nos différents après la mort de maman.

- Ce que tu dis est triste. Mais j'imagine que chaque personne, chaque père est différent. Chaque mère aussi. Même nous. C'est pour ça que nous sommes uniques, et même si on m'appelle le sosie, même si tu hérites de quoi que ce soit de ton père que je connais pas !

Visiblement les facultés dont disposaient mon clan avait l'air de l'intéressé : peut-être voulait-il emmagasiner le plus d'informations sur le moyen de nous contrer... Voyait-il en moi un menace potentielle ? J'aurais été curieuse de connaître la réponse. Amusée, je lui répondais en souriant :

« Mmh la question n'est pas tant d'éviter tout contact avec nous mais d'éviter de vous blesser... Pas besoin de contact rapproché pour faire couler le sang, du ninjutsu fait très bien l'affaire. Si tu disposes d'une micro plaie cela est suffisant pour que le sang Ketsueki s'y infiltre. Et quand bien même tu n'es pas blessé il y a d'autres techniques qui permettent d'arriver à la même finalité... »

Je me montrais un brin mystérieuse volontairement sur cette dernière partie. Après tout, un magicien ne révélait pas tous ces tours non ?

La conversation était toujours aussi détendue si bien qu'il se prenait volontiers à arpenter le chemin de la plaisanterie : ce qui n'était pas pour me déplaire. Cela faisait du bien de temps à autre de décompresser par des notes d'humours bienvenue auprès de personnes que l'on estimaient. Et cela était toujours plus apaisant que mes propres problèmes ou les dossiers du Kakumeigun dans lesquels je plongeais chaque jour...

Il était vrai que je m'intéressais au Yamada depuis que Kioshi suscitait mon attention. J'en avais appris déjà beaucoup et en avais même rencontré quelques uns – dont les parents de Kioshi – mais j'étais certaine que j'étais loin de connaître tout ce qui les caractérisaient et cela m'intéressais.

« Eh bien je peux me tromper, n'étant pas vraiment une experte dans le domaine mais je pense que l'amour n'est pas quelque chose qui se contrôle. On peut très bien être réticent sur quelque chose comme la différence d'âge par exemple et finalement s'enticher de quelqu'un qui possède justement ce facteur. »

Ce n'était pas simple a expliquer.

« Penses-tu vraiment que je me suis déjà dit que j'allais éprouver des sentiments pour un Yamada ? Une personne faisant parti d'un clan bien différent au mien et dont la conception des choses est, sur certains points, drastiquement opposée ? Je ne pense pas que l'on puisse vraiment se briser : si cela te tombe dessus et bien tu le sauras même si tu ne parviens pas vraiment a comprendre pourquoi... »

Pourquoi plus lui qu'un autre ? Je n'en avais aucun idée. C'était ainsi et c'était tout. C'était pour lui que je ressentais ces sentiments forts et étranges à la fois, pour personne d'autres. Aurais-je simplement pu croire qu'un tel sentiment m'atteindrait un jour ? Bien sûr que non j'étais à des années lumières de le concevoir.

Nous déambulions toujours dans le village sans vraiment savoir où nous allions et puisque l'atmosphère était à la détente, j'en profitais pour le questionner a ce sujet :

« Et toi ? Tu as déjà connu ce sentiment ? »

Lui demandais-je avec une pointe de malice dans le regard.

La conversation se poursuivait sur des sujets beaucoup moins jovial bien que la proposition de Tetsui me toucha quelque peu tandis que je me gardais bien de le montrer plus que cela. Je pouvais faire partie de leur famille si je le voulais... C'est vrai, je n'étais pas seule même si les miens m'avaient délibérément abandonné, j'avais des amis et peut-être même un début de famille de substitution ici à Suna... Cette pensée me rappela le jour où j'étais partie sillonner le désert pour aller trouver les parents de Kioshi, desquels j'avais besoin de conseils et de précisions alors que ce dernier était au plus bas depuis la mort de Zanshi. Outre leur profonde gentillesse et cette atmosphère chaleureuse et apaisante qui semblait être caractéristique a tous les Yamada, sa mère m'avait étreint malgré le sujet délicat que j'avais abordé avec eu pour comprendre... Les larmes et les souvenirs douloureux lui étaient venus par ma faute alors qu'ils m'expliquaient la mort de Kizoku, le petit frère de Kioshi. Et pourtant, malgré cela, elle m'avait pris dans ses bras en apprenant mes propres tourments, agissant comme une mère pour moi malgré mon nom et le fait qu'elle ne me connaisse que peu... Oui, ils pouvaient être ma famille.

Le discours de Tetsui sur l'importance des parents ne fit que confirmer ce que je pensais déjà sans l'avoir moi même vécu. L'aiguillage d'un père ou d'une mère dans la vie était important mais dans mon cas je m'estimais plutôt chanceuse finalement de ne pas avoir grandi dans cet environnement sans quoi je n'aurais sans doute pas été la même.

Le Yamada arguait même que sans les conseils de son paternel, il aurait très bien pu mal finir et chercher vengeance pour la mort de sa mère à tout prix...

« En parlant de ta mère... Je me doute que tu ne dois pas vouer une grande estime dans le Kakumeigun que tu dois tenir quelque peu pour responsable mais... si tu le veux, je pourrais t'aider et tenter d'éclaircir cette affaire. »

Peut-être n'avait-il simplement pas envie de s'y plonger, ce que je pouvais comprendre aussi mais quoi qu'il en soit, il pouvait compter sur mon soutien s'il voulait mener l'enquête à ce sujet. Je n'étais pas en poste au moment où cela avait eu lieu et Kioshi n'avait non plus jamais abordé le sujet avec moi mais j'imaginais qu'il l'avait fait auprès de Tetsui et que s'il en savait davantage il avait sûrement mis son cousin au courant. Toutefois des détails échappaient peut-être à tout le monde et le dossier mériterait peut-être d'être ré-ouvert...

Mouais, ça me confirmait la chose. Leur sang pouvait s'infiltrer en nous par bien des moyens. Si un jour je me retrouvais contre l'un d'entre eux je n'aurais qu'à devenir un soleil. Un vrai de vrai. Comme ça, tout sang s'approchant finira séché avant même de m'atteindre. Sauf que tout cela n'était que pure imagination : jamais cela ne m'arriverait. Les clans d'un même village n'étaient-ils pas censés vivre en paix ?

Yami m'expliqua alors qu'elle n'avait pas contrôlé son attirance pour Kioshi. Ce sentiment lui était tombé d'on ne sait où mais il avait maintenant atteint son cœur et sa tête. Moi je concevais que les méninges y jouaient pour beaucoup là dedans. Je l'écoutais parler calmement. Jusqu'au moment où elle me demanda si j'avais déjà connu ce sentiment. Elle était malicieuse en plus ! Quelle curieuse.
Je pris un air désintéressé pour lui répondre en regardant ailleurs l'espace de quelques secondes.

« Non jamais ! L'amour est quelque chose de trop abstrait. Tu vois, je suis peut-être trop rationnel. Et je n'ai jamais rencontré une fille assez intéressante pour que ça me tombe dessus. »

Je faisais le sans cœur. Celui qui n'était pas intéressé le moins du monde par l'amour. Cela m'allait bien. Je n'aimais pas montrer mon côté sensible aux autres. Désolé Yami.

Sur la suite de la conversation sur l'importance des parents, je venais de rappeler l'épisode malheureux de ma mère. Et Yami m'interpella en se doutant que je ne portais pas une grande estime au Kakumeigun. Ma réponse fut franche.

« Oui tu as raison. Le Kakumeigun comme chaque Kage avant Kioshi. Je ne les tiens pas en estime. Quoique ça ait tendance à changer avec toi à sa tête, et Kioshi avant toi. Mais les vieux dossiers du Kakumeigun restent inchangés pour autant... »

J'étais curieux au plus haut point d'en apprendre plus sur les circonstances de la mort de maman. Je voulais éclaircir ce point oui. Mais Kioshi possédait une lettre pour moi, une lettre d'elle. Sauf que selon lui je n'étais pas prêt à la recevoir. Pfff.

« J'apprécierais ton aide Yami, merci. Mais tu as déjà à faire avec ta maladie. On verra peut-être ça plus tard ? Ce n'est pas le plus pressant en vue des examens chûnins en plus. »

Un temps de pause.

« Mais un jour je réglerai cette histoire. »

Pour ne pas lui paraître trop sérieux je dirigeais mon regard vers elle et lui souriais

« C'est d'ailleurs pour ça que je supporte pas les traîtres, et tout ce qui est plein de noirceur. Comme le mystère ! Comme la mort, comme le meurtre, comme la cruauté. »

Ce dernier point était des plus vrais.

Sa réponse sur l'amour m'amusa plus qu'elle ne su me convaincre. Son air faussement désintéressé m'apprenait qu'il était lui aussi du genre pudique sur ses sentiments : comme Kioshi. Je ne relevais pas ses propos mais je ne pouvais que constaté de sa naïveté actuelle sur le sujet : lorsque cela lui tomberait dessus, il saurait...

La suite de notre conversation était beaucoup moins légère puisqu'elle s'apparentait au Kakumeigun et la vision qu'il en avait. Mon but était justement en parti, de redonner une réputation convenable à l'unité spéciale. Je savais que beaucoup parlaient dans mon dos sur les « circonstances mystérieuses » qui m'avaient fait Cheffe de l'unité alors même que cela ne faisait que quelques mois que je l'avais rejoint en tant que membre. Kioshi avait su me faire confiance et miser sur quelques choses de gros : une Ketsueki, ces êtres si détestés de Suna, à sa tête : cela ne s'était jamais vu. Bien sûr il y avait toujours des bruits de couloirs comme quoi ma relation avec Kioshi y était pour beaucoup dans ma promotion mais je n'y prêtais pas attention. Les gens avaient l'air plus au fait sur cette soit disant relation que nous, les intéressés, l'étions. A vrai dire je me demandais même comment ils pouvaient en venir à cette conclusion alors même que notre relation n'avait, pour l'heure et à mon grand damne, rien d'officiel. Ce n'était pas non plus comme si nous nous exposions de la sorte en public... Où en tout cas en toute discrétion.

Que Tetsui le sache n'était pas si surprenant en soit, il faisait partie de la famille de Kioshi et peut-être en avait-il discuté avec lui où m'avait-il vu venir chaque jour lui rendre visite à sa tente lorsqu'il était au plus mal après la mort de Zanshi, alors que je tentais de lui remonter le moral comme je le pouvais, lui montrer qu'il n'était pas seul et que nous l'aiderions à traverser cette épreuve...

J'avais dérivé sur le sujet si bien que je mis quelques secondes à me recentrer pour répondre au Yamada qui décrétait avoir un peu plus confiance en le Kage ou au Kakumeigun depuis que Kioshi et moi étions à leur tête.

« Tant mieux. Tu sais, même en tant que cheffe du Kakumeigun, je ne travaille pas seule. Je suis également en collaboration avec la conseillère à la défense et naturellement également avec Kioshi. La plupart des décisions se font par mon biais mais je dois également respecter certaines mesures et façon de faire. »

Avant moi même ou Kioshi, c'était Zanshi la cheffe de l'unité spéciale et je me demandais si la mort de sa mère était survenue à cette période et si du coup Tetsui ne portait pas vraiment l'Ecarlate dans son cœur. Si c'était ainsi, Kioshi devait certainement le savoir. Comment avait-il vécu le fait de s'éprendre d'une personne qui était indirectement responsable de la mort de sa tante et mère de Tetsui ? Je me le demandais.

Le Yamada avouait apprécié mon aide mais ne voulait pas me déranger avec cela pour le moment d'autant plus que l'examen chuunin approchait et proposait de remettre cela plus tard. On pouvait toutefois commencer en partant d'une autre piste :

« Et Kioshi ? Je suppose qu'il a déjà fouillé dans le dossier lorsqu'il était à la tête de l'untié spéciale non ? Il n'a rien appris qui pourrait te donner une piste ? Ou bien ne veut-il pas t'en parler ? ... »

Il devait sûrement savoir quelque chose à ce sujet. Toutefois, il voulait sans doute préserver son cousin et feignait l'ignorance ou ne concédait pas à lui révéler quoi que ce soit : je le connaissais suffisamment désormais pour le deviner.

Ses dernières paroles firent écho en moi alors que je baissais brièvement le regard. La mort, le meurtre, la cruauté... J'avais déjà infligé tout cela durant mon existence. Parfois sans grande raison, juste pour satisfaire un intérêt pernicieux ou pour trouver la fierté dans le regard de mon père : ma seule famille qui était dénué de tout intéressement ou d'amour pour ma personne... Lorsque le carnage avait eu lieu dans la nuit du désert, en sa compagnie, c'était la première et unique fois où je pu voir ses yeux supplantés de fierté à mon encontre. Cela valait-il pour autant le sacrifice de plusieurs vies innocentes parmi une poignée d'infidèles ? Non était sans doute la bonne réponse. Toutefois, grâce à ce geste, j'étais parvenue à gagner mon ticket vers la guérison. Mes faits accomplis avait conforté mon père dans l'idée de m'accorder un prolongement de ma vie, que j'attendais avec impatience.

Tout n'était pas rose dans ma vie. J'avais beaucoup de sang sur les mains. Pour autant, je ne pourrais jamais m'en prendre à ceux auxquels je tenais ni même a Suna qui c'était montré bien plus une famille pour moi que ne l'avait été la mienne. Cette posture me torturait les méninges, ce n'était parfois pas sans remords. Toutefois, le passé était le passé, il fallait regarder vers l'avenir tout en s'occupant de son présent pour emprunter la voie qui nous semble être la plus juste.

Je posais alors une main sur l'épaule de Tetsui, plantant mes yeux dans les siens tout en lui adressant un sourire sincère malgré les circonstances :

« Ne t'en fais pas. Je t'aiderais à démêler cette affaire. »

J'avais déjà tué des gens mais pourtant j'allais aidé à faire la lumière sur les circonstances de cette mort là parce qu'elle touchait quelqu'un que j'estimais et que je ne supportais pas l'idée que l'on puisse leur faire du mal... Ils étaient mon équilibre. Lorsqu'ils souffraient, je subissais également : cela m'atteignait directement. C'était là la contradiction avec les préceptes même de mon clan : c'était là ce que mon père me reprochait. Cette sentimentalité qui, selon lui, altérait mon jugement et compromettait ma grandeur... A quoi bon avoir le pouvoir si l'on est seul ? La solitude... ma Némésis... Je ne l'avais que trop côtoyé par le passé : il était hors de question qu'elle m'étreigne à nouveau.
Malgré mon nom, j'allais suivre ma propre voie.

Elle m'expliquait un peu qu'elle était cheffe du Kakumeigun mais que cela impliquait de travailler en étroite collaboration avec le Kazekage et la conseillère à la défense... qui n'était autre qu'Oniri avec qui j'avais fais une partie d'échec lors d'une mission d'enquête sur des meurtres dans un village. Yami y était aussi d'ailleurs. C'est là qu'on avait dû partager un même lit. Cette mission comptait parmi les premiers instants que j'avais passé avec elle, à l'époque je la connais encore moins.

« Oui je me doute, et heureusement que le chef du Kakumeigun n'a pas les pleins pouvoirs. Peu importe qui il est, ce n'est jamais bon. Mais pour ce poste j'ai confiance en toi, comme j'ai confiance en Kioshi en tant que Kazekage. Alors vous avez pas intérêt à me décevoir hein ?! » plaisantai-je pour terminer.

Je lui répondais ensuite par rapport à Kioshi.

« Kioshi est très discret là dessus, il me gonfle. Une fois il m'a appris qu'il possédait une lettre écrite par ma mère avant qu'elle ne parte à cette fameuse mission. Elle pourrait m'en apprendre beaucoup. Mais ce gâteux ne veut me la donner que lorsque je serai prêt... »

Soit, Kioshi n'avait qu'une parole pour ces choses là. Je respectais ses choix, mais cette histoire me regardait bien plus que lui. Ces parents étaient vivants tous les deux, alors qu'y comprenait-il au chagrin que je ressentais chaque jour ? Perdre une mère n'était pas la même chose que perdre une amante...
Mes dernières paroles sur la traîtrise, le meurtre et la noirceur sortirent, et Yami qui était face à moi posa sa main sur mon épaule en plongeant ses yeux dans les miens et en souriant. Elle disait de ne pas m'inquiéter car elle m'aiderait à démêler cette affaire. Je lui souriais en retour de manière à montrer mon soulagement. Je montais mon bras pour poser ma main sur la sienne qui était sur mon épaule.

« Merci... Promets moi que tu seras toujours là, avec ce cœur et cet esprit chaleureux que tu as maintenant. Parce que je n'y croyais pas mais tu comptes beaucoup pour moi aussi... »

C'est vrai que je reconnaissais en Yami une proche sur qui il me semblait pouvoir compter. C'était rare en dehors de mon clan. Et même parmi eux je n'étais pas celui qui s'ouvrait le plus aux autres, j'avais ma fierté. Mais avec la Ketsueki, c'était un lien particulier qu'il ne fallait pas perdre malgré nos futurs. Elle m'avait accompagné à la recherche de Nuzuro. Elle avait dirigé l'opération pour venir en aide à ce dernier et sauver Mae. Grâce à elle j'avais fait un pas énorme car la rencontre avec Nuzuro m'ouvrait des portes sur mon passé et mon avenir. Il avait fait partie de la même équipe que maman et la connaissait par exemple. Et il offrait de devenir mon sensei particulier. Sans Yami ce ne serait sûrement pas arrivé. Pour ça et ce qu'elle m'offrait elle avait définitivement une place dans mon cœur si fermé, si réservé à un petit cercle.

« De la même manière tu pourras toujours compter sur moi. Je n'ai qu'une parole ! »

C'était une promesse.

Tetsui semblait éprouver une certaine crainte quant aux pouvoirs de certains même s'il disait que cela le rassurait dans un sens que le Kage soit Kioshi et que je sois la Cheffe du Kakumeigun... Je me demandais bien pourquoi. Cette réflexion me valut d'ailleurs un petit sourire gêné. Non pas que mes intentions soient mauvaises mais elles n'étaient pas toutes très louables et je doutais que Tetsui apprécieraient les entendre.

La discussion s'articulant autour de Kioshi ne m'étonnait pas vraiment. Le Yamada avait un côté protecteur un peu trop poussif et s'il estimait que Tetsui n'était pas prêt pour recevoir cette lettre de sa mère c'était sans doute en rapport avec son contenu, cependant...

« Kioshi est protecteur, je ne t'apprend rien. Cela dit, ce courrier t'es destiné, il t'appartient. Il n'a pas a faire main basse dessus sous prétexte qu'il juge que tu n'es pas prêt. Ce n'est pas là la consigne qu'à dû donner ta mère en remettant ce courrier. »

Mon regard écarlate se posa dans le sien.

« Je peux aller lui en toucher deux mots si tu veux. »

Ce ne serait pas la première fois que je conteste les choix de Kioshi. A force de vouloir protéger tout le monde, il ne protégeait personne et ne se rendait sûrement pas service à lui même en s'enfermant dans cette paranoïa de souffrance qu'il croyait éviter à ses proches en agissant de la sorte.

La suite me dérouta quelque peu. Sa main se posant sur la mienne, elle même sur son épaule, le regard solennel en me demandant de lui promettre de rester celle que j'étais parce qu'il tenait à moi... C'était a la fois rassurant et peinant à entendre... J'étirais un fin sourire sans grande conviction et tournais la tête un instant avant de le regarder de nouveau.

« Je vais faire en sorte que ce soit le cas... »

Comment allais-je être après le rituel ? Guérie oui mais à quel prix ? Ne valait-il mieux pas mourir que de devenir quelqu'un d'autre ? Ces questions, je me les étais posées mille fois sans vraiment parvenir à y trouver une réponse. Kioshi m'en avait donné une : je possédais une solution pour guérir alors je devais la saisir, qu'importe les sacrifices. Il savait que cela pourrait me changer mais il était certains de pouvoir me ramener malgré tout... Un pari risqué mais touchant.

« Tu comptes aussi pour moi Tetsui. »

Ce genre de paroles... Je n'en proférais pas souvent. Il était dur d'admettre l'attachement que l'on portait à quelqu'un surtout en sachant que l'on était susceptible de bafouer sa confiance et de le blesser sans le vouloir... Mais j'avais ce besoin de faire passer le message aux gens en lesquels je tenais : pour qu'ils s'en souviennent, pour qu'ils se souviennent de la Yami actuelle et qu'ils comprennent dès lors que si changée j'étais alors cela n'était pas vraiment moi...
Le fait qu'il me dise que je pouvais compter sur lui et que sa parole était d'or, confirmait cette idée. Je ne parviendrais probablement pas à redevenir celle que je suis sans l'aide de ceux qui tiennent à moi... Mon avenir dépendait de leurs réactions et de leurs décisions...

« J'en prend bonne note. »

Lui répondais-je dans un sourire plus franc.
Il allait indirectement m'aider après le rituel, je le savais, et moi je me promettais de l'aider à révéler les mystères planant autour de la mort de sa mère. Ma relation avec la mienne n'avait rien a voir avec celle qu'avait eu Tetsui avec la sienne. Elle avait gâché ma vie et c'était fait rattrapée par le Kakumeigun et abattue par ces derniers du fait de ses complots et sa traîtrise, la sienne était au sein du Kakumeigun et était morte, envoyée sur le front par cette même unité spéciale qu'elle servait... Deux personnalités œuvrant dans le sens contraire et connaissant pourtant la même fin indirecte par la même organisation...