Des jours, des nuits de marche incessantes. Des ampoules aux pieds qui ne cessaient de vouloir libérer leur contenu. Une douleur qui ne voulait pas disparaître, une faim qui ne cessait de croître, enfin bref il n'était pas dans son meilleur jour. Et pourtant le Kaguya ne cessait de marcher, il ne voulait plus s'arrêter, c'était le vent qui l'emportait, les odeurs qui le dirigeaient. Il n'était plus maître de son corps, il était simplement là par pur hasard, parce qu'il avait écouté son cœur, parce qu'il souhaitait réaliser ses rêves. Et dans le fond ... Il avait prit conscience de certaines choses. Même en créant l'alliance des pays mineurs il n'avait pas su calmer la rage des villages, leur égoïsme, c'était un échec total. Les détruire lui semblait la meilleure des solutions désormais, plutôt comique pour un homme qui fut jadis l'un des protecteur de Kiri. Certes, mais remettons les choses dans leur contexte, même avec cette alliance il y a toujours des menaces, aussi bien des villages, que d'autres comme les Furyous. Et si nous détruisons tout cela, qui va attaquer quoi ? Il n'y aurait plus de cibles, c'est à dire les villages et les personnes malhonnêtes ne pourraient plus s'en prendre à des innocents, ou alors dans ce cas ils auraient à faire à notre homme. Notre errant arrivait donc dans ce qui pouvait ressembler à un campement de mercenaires, faire demi-tour n'était plus possible, il allait donc devoir passer sans provoquer de quelconques dégâts, du moins c'est ce qu'il espérait. Ces hommes ne lui avaient rien fait, pour le moment ...

Un bruit se fit entendre, comme un signal de ralliement ou plutôt un signal d'intrusion. Shio comprit tout de suite que c'était pour lui, il porta directement une main à l'un de ses sabres, sous son manteau il était difficile pour ses ennemis de voir ce qu'il faisait. Le Kaguya resta silencieux, sa tête était baissée, il décida alors de continuer à marcher, faire comme si personne ne se trouvait devant lui. N'oublions pas que depuis quelques temps il faisait partit des moines de Kiezan et qu'il était important pour lui de ne pas provoquer la violence sans réelles raisons valables. Mais aujourd'hui, cela risquait d'être compliqué. L'un des malfrats porta une main sur l'épaule de notre protagoniste, Shio releva la tête laissant apparaître sa balafre sur son œil droit. Son opposant affichait un large sourire, surement en confiance par le nombre de camarades qui l'accompagnaient, une bonne trentaine. Oui, c'était un groupe de mercenaires assez imposant et c'est à ce moment là que tout s'enclencha. L'ennemi crût bon de tenter de dépouiller Shio, fatale erreur. Au moment où il passa sa main dans le manteau de notre homme, cette dernière fut immédiatement coupée avant de tomber sur le sol dans un "ploc" dès plus morbide. Le sang jaillissait de toute part sous la vue du Kaguya qui récitait déjà des prières pour pardonner ses actes malheureux. C'était parti, plus que vingt-neuf.

Il jeta son manteau à terre laissant apparaître ses deux sabres, prêt à l'emploi bien sûr. Il commença par découper les premiers qui se trouvaient devant lui, geste rotatif sur la gauche, puis sur la droite, les blessures appliquées au thorax étaient nets et précises et ne laissaient aucune chance à ses opposants de se relever. Soudain, alors qu'il allait se faire attaquer dans le dos, un bouclier de lumière, d'une couleur jaune, vint l'entourer et bloquer les assauts qui filaient droit sur lui. Une fois celui-ci disparut il balança deux énormes slaves d'air devant lui balayant une bonne dizaines d'adversaires qui tombèrent sur le sol dans de nombreux fracas. Le reste ? Ils essayèrent bien de courir, mais la rage du Kaguya était bien trop imposante. Il s'amusait à les rattraper et les découper en quelques fractions de secondes, il libérait toute sa colère, c'était son heure, son moment de gloire. Comme si tout ce qu'il avait gardé en lui depuis tout ce temps sortait enfin. Un homme qui ne parle pas reste un homme dangereux, il faut simplement faire attention au jour où il se met à crier. Ce jour était arrivé, finissant sur un magnifique jutsu il fit se scinder le sol en deux en plantant l'un de ses sabres, créant un fossé où certains corps glissèrent dans les abysses. Il y avait là un tas de corps sur le sol, du sang de toute part et les corbeaux s'apprêtaient déjà à se faire un festin.

- RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!

C'était ça la rage d'un Homme ... Voilà les capacités destructrices du Kaguya et tandis qu'il allait ranger son sabre dans son équipement. Une présence se fit sentir alors non loin de là, elle était beaucoup plus puissante que la vermine qu'il venait d'éradiquer. Elle avait quelque chose de dangereuse, il resta alors sur ses gardes, prêt à se battre à nouveau, même si son corps fatigué de tout ces excès lui suppliait d'arrêter. Espérons que la suite se fasse un peu plus dans le calme.

La pluie...

Battante, violente, imposante, omnisciente... Les pleurs du ciel tombant sur la terre. La pluie était-elle réellement un phénomène purement physique, ou était-ce simplement l'expression d'une conscience métapsychique supérieure pleurant sur le triste sort de notre destin ? Ou la souffrance de ce même être, s'exprimant par la pluie tombant sur notre monde ?

C'était le monde Divin, inaccessible pour nous, simple Homme vivant sur cette terre corrompue. Mais s'il existait deux catégories : Hommes et Dieu, qui avait-il entre ? La seule réponse que j'avais eue était le mot : Ninjas. Des êtres capables d'emprunter des pouvoirs de création et de destruction, mais toujours sous forme limitée. Cette barrière, cette limite que l'on tentait désespérément de surpasser... Jusqu'où pouvions-nous la repousser ?

Je tentais de changer le monde, mais jusqu'où je pourrais continuer à briser les lois régissant actuellement le monde ? C'était là, l'essence même de la question m'habitant. Marchant sans but, sous une pluie accusatrice. Pour qui pleurait-elle ? De malheur ou de joie ? Toutes ces questions existentielles qui n'auront probablement jamais de réponse.

Puis un hurlement.

Sanglant, morbide, traduisant toute la souffrance d'un homme au gouffre du désespoir. M'avançant d'un pas vif et rapide, je ne sentais que quelques instants les gouttes de pluie tombant sur mon visage, et glissant jusqu'à mon masque noir d'ébène. Je distinguais cette silhouette avec deux sabres, me regardant, prête à prendre les armes. M'avançant vers elle d'une manière non-agressive, je m'arrêtais ensuite, la fixant de mon regard pourpre.

« Ne tente pas n'importe quoi, tu n'aurais pas la force de mener ce combat jusqu'à une autre fin que ta propre mort. »

Mon regard passant ensuite sur le nombre impressionnant de cadavre. Décidément, son désespoir avait fait un nombre important de victimes. Hors, au vu de l'apparence des victimes, il n'y avait aucun doute qu'elles étaient des bandits de grands chemins... Une mort peu importante, en soi...

« Tu as fais une longue marche pour venir jusqu'ici... Quel désespoir t'amène sur nos terres pleurantes ? »

Dans quelques secondes il serait là. Le voilà ... Il était plutôt étrange, un physique dès plus particulier, dès plus frêle, avec un visage angélique caché par un masque. Allez savoir ce qu'il s'y cache en dessous. Peut-être y avait-il une partie comportant le bien et une partie comportant le mal, contenu dans ce masque. En fait un faciès était très représentatif de la personne, ici on sentait comme une part de mystère, il n'y avait rien sur son visage, aucune expression, le vide total. Dans un premier temps Shio fût surprit et puis il eut un moment d'hésitation. Comment pouvions-nous en arriver là, avoir un faciès si vide, c'était comme être un fantôme, mais avec un corps bien réelle. C'était totalement surprenant et Shio restait tout de même perplexe face à cette rencontre surtout qu'une énorme quantité de chakra semblait somnoler en cette personne, notre protagoniste restait sur ses gardes. Cependant l'homme fit comprendre qu'il pourrait tuer le Kaguya si celui-ci se rebellait. Après tout il était bien trop épuisé aussi bien physiquement que mentalement, il était temps pour notre homme de marquer une pause dans les combats surtout que l'individu en face de lui semblait puissant. Shio marqua donc une légère pause avant de répondre, comme s'il cherchait ses mots.

Mais l'homme prit les devants, il souhaitait savoir pourquoi le Kaguya se trouvait sur ses terres. En fait, il avait dit "nos" terres ce qui signifiait qu'il les considérait comme sienne. Pour le moment notre homme prit note, mais il ne répondit pas sur le champ. Il y avait le temps pour ça. Shio réfléchit l'espace d'un instant, pourquoi était-il là ? Et bien c'était surement la mort ou bien même le désespoir qui l'avait mené à cet endroit, en bref c'était par pur hasard. Cependant, le hasard fait surement bien les choses et notre protagoniste eut comme une envie de connaître un peu plus ces lieux, comme le personnage qu'il avait devant lui. Après tout il avait certainement un tas de choses à ce dire et ce serait mieux que parler avec des cadavres. Shio rangea alors ses armes, signe qu'il avait décidé de ne pas combattre, si cela pouvait détendre l'atmosphère au moins, il était temps maintenant de prendre la parole et de faire part aussi de sa voix et de son questionnement qui n'était pas si stupide que ça :

- C'est étrange ... Tu dis nos terres comme si elles t’appartenaient. En fait, c'est toi qui lui appartient, bientôt tout comme moi tu vas disparaître et ces terres seront toujours là...

Il marqua alors une légère pause et se débarbouilla. Il avait du sang sur sa tunique et ses cheveux étaient bataille. Tapotant son accoutrement il essayait de se rendre présentable avant de reprendre la parole, droit comme un i, à l'apparence dur comme un roc. Son interlocuteur allait-il chercher un peu plus loin que le physique de cet homme, car il y avait bien des surprises sous la carapace :

- Enfin bref. Je me nomme Shio, membre du clan Kaguya, ancien Capitaine de l'Alliance des pays neutres. Pourquoi être venu ici ? Je ne le sais moi-même, je pense que je cherche la mort, pour le moment je ne la trouve pas. C'est drôle hein ... Toute ma vie j'ai combattu, j'ai servi tout un tas d'homme et maintenant je me sens inutile. Je crois que dans le fond je cours après des fantômes, des brides d'un passé plus glorieux...

Toujours droit debout et fier il ne voulait pas cacher sa peine et pourtant elle était bien là. Il venait même de parler comme s'il connaissait son interlocuteur et pourtant c'était inconnu. Cela soulignait une fois de plus son caractère désespéré, il n'était plus à ça près. Enfin ... Il reprit la parole au bout de quelques secondes, cette fois-ci le faciès se fit un peu plus doux, comme piqué d'une vicieuse curiosité :

- Et toi tu dois bien avoir un nom ? Et puis il y a forcément quelque chose qui te pousse à dire "nos terres" ...

Il rangea ses armes. Une sage décision... L'Homme en face de moi était à bout de forces, probablement le fruit d'un long voyage au vu de son état. La pluie battant avec toujours plus de virulence, l'eau coulait sur le contour de mon masque et de mon regard d'une neutralité intense. À l'instar de l'eau, on avait beau me voir physiquement, c'était comme s'il n'y avait personne. Seul mon chakra, ma chaleur corporelle et les battements de mon cœur indiquaient que j'étais encore vivant.

Vinrent les premières paroles de cet homme. Il avait l'air d'être quelqu'un de sage, malgré la fureur dont il avait fait preuve dans le combat un peu plus tôt. C'est vrai, nos vies n'étaient qu'une poussière dans le sablier gigantesque du temps. Bientôt... Une échéance relative faisant référence à la dangerosité des pratiques des Shinobi. Flirter avec la mort et la souffrance était notre quotidien.

Il disait se nommer Shio du clan Kaguya, un ancien Kirijin de par son clan, mais aussi un ancien capitaine de l'Alliance des Pays neutre : le Shukai. La pluie continuant de tomber sur nos deux corps mortels, il annonçait chercher la mort mais qu'il ne la trouvait pas en ce moment. Le désespoir l'avait donc envahi, comme nous tous foulant les terres de ce bas monde. Il entra dans un monologue, m'expliquant qu'il avait servi tout un tas d'hommes, et qu'aujourd'hui, n'ayant plus rien à servir, il ne sentait plus son utilité. Il était donc à la recherche des fantômes de passer plus glorieux...

Au fond, c'était un être qui cherchait désespérément à quoi se raccrocher, quelqu'un a servir. Il n'avait vécu que par ce moyen, et n'en voyait aucun autre. Kiri avait bien fait son affaire... C'était une triste réalité, mais c'était ce que tout le monde appelait couramment les "déchets" du monde Shinobi. J'en étais un, tout comme il en était un. Mais bien que tout le monde puisse vous voir comme tel, nous étions avant tout des Ninjas ayant vu les plus grandes souffrances et plaies de ce monde. C'était aussi un des buts du Shôraizen : être un point de refuge pour ceux qui était traité de déchets.

Il était tout de même debout, fiert d'être ce qu'il était. Il n'avait plus de buts, mais la volonté de survivre brillait encore dans ses yeux... Enfin, il me posa une question simple : Mon nom, ainsi que la raison qui me poussait à dire "Nos Terres"...

« Je suis Sabakyô Seitô, ex-Intendant de Konoha, Déserteur de la Feuille, Terroriste de la Foudre, L'Indigne du Vent et l'insolant de l'Alliance. Je suis beaucoup de choses, mais je suis avant tout l'Annonciateur du Désespoir. »

Mon regard était posé sur lui, toujours d'une neutralité sans faille.

« Tu as raison. Je vais disparaître comme tout humain. Néanmoins, ces Terres sont celles du Désespoir... Tu vis dans le désespoir, comme moi. C'est pourquoi elles sont nos Terres, tout simplement... Néanmoins, je ne pense pas que tu sois ici pour rechercher la mort. Non, cette posture n'est pas celle de quelqu'un cherchant la mort... Je pense que tu es ici pour rechercher un but, pour rechercher une utilité. »

Continuant de le fixer, j'exprimais plus en profondeur ma pensée.

« J'aimerais savoir, Shio... Qu'est-ce que tu aimerais changer en ce monde ? Quelle est la chose qui t'est la plus précieuse ? »

Cette pluie qui ne cessait de battre, elle sonnait le glas d'une scène bien triste. Un homme sombrant dans le désespoir, comme au bout d'un tunnel bouché, la même expression à la vision du piège. Shio était là face à son interlocuteur qui ne cessait de le fixer de cette neutralité troublante. L'espace d'un instant elle déconnecta même le Kaguya qui se mit à chercher la cause d'un tel faciès, c'était vraiment troublant, mais il ne préféra pas se faire trop curieux. Il écoutait alors les paroles de ce Seîto, du moins c'est ainsi qu'il se présenta. Ancien intendant de Konoha puis d'autres surnoms correspondant à chaque village. Mais avant tout, il se voulait annonciateur du désespoir. Il n'y avait rien dans sa voix qui laissait suggérer lequel il préférait, il était vraiment d'une neutralité parfaite. C'est alors qu'il marqua une légère pause, comme une éternité pour notre protagoniste qui était comme captivé par les mots de son interlocuteur, une seule envie ... Entendre la suite. Cette discussion lui plaisait, il se sentait lui même auprès de l'oreille de Seitô, comme si pour une fois on s'intéressait un peu plus à sa personne. Incapable de mettre les bons mots dessus, il passa à autre chose lorsque l'ancien intendant reprit, toujours de cette même tonalité.

Le discours était différent comme plus réfléchi et avec une morale devant des mots qui paraissaient simples. Les meilleurs orateurs excellaient dans ce genre de manège, avec des mots très faciles à comprendre certains faisaient passer de vrai messages. Par le passé le Kaguya en avait rencontré quelques uns, mais généralement ces derniers utilisaient des tons différents dans leur discours pour galvanisé la foule. La c'était une autre histoire, il y avait un réel sens malgré un discours sur la même longueur d'onde. C'est à ce moment précis que Shio se rendit compte des capacités de son interlocuteur, il comprit qu'il n'était pas qu'un voyageur par hasard, il n'était pas ancien intendant pour rien. Et c'est étrange, mais le Capitaine se retrouvait un peu dans cet homme, il retrouvait des brides d'un passé. Néanmoins il continuait de souffrir, d'un mal qu'il ne connaissait que trop bien, la peur. Peur d'être inutile, de ne pas avoir servi à grand chose. Mais quand tout semblait perdu Seitô reprit la parole, cette fois-ci il venait de captiver notre homme, il permet d'utilité, de changer le monde. Le regard de notre protagoniste s'enflamma alors en un instant, les mots sortirent comme un fleuve tranquille :

- La chose la plus précieuse dans ce monde sont les miens, je ne supporte pas de voir les Hommes souffrirent. Peu importe son rang, son sang, sa richesse. Je veux que chacun soit libre de faire ce qu'il désire, de choisir sa vie ! Moi ? On ne m'a pas laissé un tel choix, toute ma vie on m'a formé à être une arme, à protéger les miens ...

Il interrompu alors son discours, comme si ils cherchaient ses mots, pourtant ils étaient déjà là. Cependant cela le plongea dans une sorte de nostalgie, qui au bout de quelques instants le déconcentra. Se réveillant en voyant le faciès de Seitô qui ne restait que vide d'expression, il reprit, en ayant toujours cette même fois dans ses propos :

- Mais tout ça n'a pas suffit. J'ai eu beau essayé de défendre les pays neutres avec l'Alliance, cela n'a pas marché. Personne n'a eu vraiment confiance en nous au début, les villages nous ont pointé du doigt, nous étions vu comme une menace. Moi j'étais là, lors de la naissance de cette alliance, je suis parti à la recherche de mes meilleurs combattants. Tu sais nous n'avions plus de toits depuis la destruction de Kiri, réunir les miens m'étais primordial. Alors j'ai choisi de ramener Yuki et Kakeshuou, deux Samui que j'appréciais énormément. Et puis voilà qu'au bout de quelques années le vieux crouton veut prendre le pouvoir et c'est à moi qu'on ordonne de partir. Et tu sais c'est quoi le pire ? C'est que je me retrouve seul avec plus aucune utilité, j'ai l'impression d'être une arme qu'on a jeté. Alors oui j'ai envie de me venger, mais je ne veux pas être une arme qui ne se bat pour aucun but. Je veux ce que je n'ai jamais eu !!!! Je veux cette paix qu'on m'a promit Genin et que je n'ai jamais connu depuis toutes ces années !!!

Les paroles étaient pleines de convictions, il ne savait plus vraiment quoi dire après cela. Il se sentait vidé, comme si tout ce qu'il avait sur le cœur venait de disparaître à la minute où il s'était ouvert à ce Seitô. Les yeux fixés sur ce de l'interlocuteur on pouvait sentir la détermination de notre homme, Shio bouillonait, il avait foi en ses convictions et il ne laisserait personne en douter !

La chose qu'il considérait la plus précieuse était la liberté. Peu importe son origine, la liberté propre à chacun d'exister et de vivre dans un but bien précis lui semblait être une chose qui valait la peine d'être vécue. Lui, avait voué sa vie à être utile à quelqu'un. Moi ? J'avais voué ma vie à celle d'apporter la liberté et sécurité par n'importer quel moyen. Deux choix de vie bien différents, mais qui aujourd'hui, pouvaient se rejoindre.

Alors l'Alliance des Pays neutre avait succombé ? Mes poings se serraient à cette annonce, mais mon faciès ne changea pas d'un pouce. Samui Kakeshuou ? Devais-je rajouter ce nom sur ma liste noire ? De ce que j'entendais, il avait pris le pouvoir par la force. Depuis combien de temps ? Je l'ignorai, mais au vu de l'état de l'ancien Capitaine du Buki, je dirai depuis quelques jours, voire plus d'une semaine.

Ce dernier était encore en état de choc, bien qu'essayant de garder sa fierté de Shinobi. Il s'était qualifié d'arme, connaissait-il réellement la signification de ce mot ? Mon charka dormait à l'intérieur de mon corps, mais mon attention restait vive face au Kaguya. Il était donc assez intelligent pour comprendre que la vengeance sans but n'était que ruine de l'âme ? Je n'avais pas besoin d'en dire plus, il avait compris de lui-même. Sur ce sujet, et sur celui des villages Shinobi... Il avait compris que l'on se jouait de nous, et que tout cela ne changera pas. Où ne changerai pas de lui-même, en tous les cas.

Je reprenais la parole, sonnant d'une neutralité froide face à son bouillonnement intérieur.

« L'Alliance du Triumvirat a donc finalement succombé... Il me reste moins de temps que prévu. »

Mon regard le fixait de façon intense. Moins de temps pour quoi ? C'était un secret.

« Je t'ai dit être Annonciateur du Désespoir... C'est vrai. Mais ce titre incombe d'être le dirigeant d'un groupe, d'un mouvement de pensée. »

Laissant un léger temps, je reprenais.

« Cette organisation se nomme le Shôraizen. C'est un groupuscule qui regroupe des ninjas de tous horizons, mais aussi des Civils ayant compris que les villages Ninjas ne remplissaient plus leur rôle, le pourquoi de leurs créations. Il devait nous apporter la paix, mais ils ne font rien d'autre que d'agir dans l'intérêt de leurs têtes dirigeantes. Et nous agissons dans le but de changer cela. »

Mon regard se teintait d'un semblant de passion intense, avant que je ne reprenne.

« Nous ne respectons aucune règle, seulement des Principes. Liberté, Loyauté, Volonté, Unicité, Perfectionnisme et Sacrifice. Nous effaçons le passé, et nous offrons l'avenir. Les chaînes de nos origines, afin de devenir ce à quoi nous aspirons d'être. Et nous ferons pareil avec ce monde pleurant. »

Je regardais le Kaguya avec toujours plus de convictions.

« Ta volonté n'est pas éteinte, Kaguya Shio. Ce à quoi tu aspires, et ce but que tu cherches à accomplir est un droit que le Shôraizen reconnaît. C'est pourquoi je t'ouvre les portes d'une place dans notre famille... »

Je tendais ensuite ma main vers lui.

« Peu importe ton passé, ton origine, ton clan, ce que tu as pu faire, si tu fus une arme ou non... Si tu rejoins notre famille, tout ceci sera effacé, ne laissant devant moi qu'un homme libre de devenir ce qu'il souhaite être. »

C'était un homme qui avait foi en ses principes, ses idées. Sa façon de parler, cette neutralité arrivait à apaiser en quelques instants, c'est comme si une douce brise venait apaiser vos nuits ardentes. Il était là en tant qu'annonciateur du désespoir, mais sans s'en rendre compte il offrait de l'espoir aux gens. Seitô n'était pas qu'un simple chef de bande, il se battait pour des valeurs, un idéal qui lui était tout à fait possible de réaliser. Mais pour cela, il allait avoir besoin d'une armée, de fiers soldats prêt à se battre pour lui, c'est pour ça que notre protagoniste serra cette main sans perdre de temps. Elle lui était tendue et bizarrement il y voyait une seconde chance. C'est ainsi qu'il plongea son regard dans le sien, non il n'était pas question d'amour ou d'autre choses étranges, rien que du respect. Le Kaguya semblait avoir trouver une famille souhaitant de lui, des personnes pensant comme lui, des cœurs brisés surement comme lui. Le fixant de son regard sévère il était important pour lui d'être sincère avec cet homme qui se trouvait devant lui. Plutôt déstabilisant, mais Shio ne se fit pas prier, sa parole était calme et il semblait plus apaisé que les précédentes minutes :

- Il faut croire que ta cause correspond à ce que je poursuis ... Tu ne sembles pas être un criminel, même si dans le fond tu l'es. Tu sais, tu ressembles à ce méchant qui est en fait plus honnête que les héros. Je te soutiendrai pour que tu obtiennes le premier rôle ! Envoi moi clamer ton nom dans tout les pays, les villages, je serai la peur incarnée, la destruction de tout ce qu'ils essayent de bâtir !

Il était déterminé, son regard lui permettait d'être le plus sincère possible. Il avait confiance en ce Seitô, c'était pour lui un nouveau départ, une nouvelle vie. Et que cet homme ne pense pas que Shio puisse le trahir, cela n'était pas possible. Il n'était pas comme ça, le Kaguya était toujours fidèles envers ses supérieurs, de plus il transmettait un respect mutuel. C'est ainsi qu'il espérait que son interlocuteur comprenne le sens de ses mots et qu'il soit conscient des capacités de l'ancien général. Il était prêt à se battre pour lui, à se salir les mains, le péril de sa vie. Qu'on ne dise pas que Shio n'était pas fidèle ça serait encrasser sa réputation, il avait toujours su se montrer dès plus solidaires envers ses compagnons de routes. Et il était important pour notre protagoniste que son interlocuteur en prenne conscience, c'est ainsi qu'il prit une grande bouffée d'inspiration, il prit la parole. Ses mots étaient tranchants, tombant juste l'un après l'autre à la seconde près :

- Si tu doutes de moi, renseignes toi sur mes faits d'armes à Kiri ainsi qu'au Shûkaï, je ne suis pas n'importe qui et c'est une pièce de choix que tu viens de ramener dans ta meute !

Il marqua alors une légère pause, quelque chose d'autre venait de lui traverser l'esprit, n'y avait-il pas un sceau à se faire apposer tout de suite ? Naturellement, il se mit de dos et souleva son haut. Laissant apparaître un dos jonché de cicatrices, de balafres en toute part, mais il y avait de la place pour cette marque de fidélité. D'une voix presque autoritaire il reprit une énième fois la parole :

-Apposes moi le sceau qui me fera jurer fidélité, j'y tiens ! Fais de moi quelqu'un d'important au sein de ton groupe !

La parole était désormais à son interlocuteur, en espérant que celui-ci veuille bien faire une place à ce pauvre général en perdition. Il était temps de reprendre un second souffle. L'espoir commençait à naître et paradoxalement il se nommait Seitô ...

J'attendais une réaction de la part du Kaguya. Et je pouvais dire qu'il était quelqu'un encore plein de fougue et d'impatience. Les paroles, bien qu'elles soient teintées de calme, était emplis d'une certaine impatience et d'une envie de changement brutal, mais efficace. Il me comparait à une ressemblance d'un méchant mais qui caché, au fond de lui, un cœur héroïque. Était-ce le cas ? Je ne le sais pas. Je n'avais rien d'un héros, il n'y avait rien d'héroïque dans le fait d'ôter la vie, ni rien de jouissif. Tous mes crimes, je ne le faisais pas par plaisir, simplement par nécessité.

Il voulait me soutenir afin que j'obtienne le premier rôle ? Mais est-ce que je voulais de ce rôle sous les feux de la rampe ? Non, tout ce à quoi j'aspirais était à la création d'un monde. Un autre monde que celui dans lequel nous vivons. Et j'y arriverai, par tous les moyens... Hors, la suite de son discours était bien plus... Inquiétante que le début. Il souhaitait être la destruction de tout ce qu'ils ont bâti ? Conviction ou Vengeance ? C'était une bonne question. Et cette question ne regardait que lui.

Il se disait être une pièce de choix par rapport à ses faits d'armes passé. Mais je n'avais rien à faire du passé, non... Ce qui m'importait, c'était le présent et surtout l'avenir. Peut-être étais-ce un moyen pour moi de fuir quelque chose que je ne voulais plus voir ? Je ne pouvais pas encore le dire. Il dévoila son dos, me demandant de lui apposer le sceau du Shôraizen qui lui ferait jurer fidélité. Et malgré sa conviction, je pouvais ressentir tout le désespoir de son action dans ses paroles. Allais-je accéder à sa demande ? Oui. Récupérant un sceau sur papier, je déposais ce dernier sur le dos du guerrier, ce qui le graver de notre symbole, avant de lui dire.

« Je te fais confiance, comme je fais confiance à chaque membre de ma famille. T'es faits passer m'importe peu, ce qui m'intéresse, c'est ce que tu feras à l'avenir. »

Mon chakra avait fini de réagir avec le sceau. Il était désormais collé à lui.

« Dirige-toi vers les Montagnes, au Sud. Ton sceau te guidera jusqu'à nos Portes. De là, montre leurs ton appartenance, et tu rejoindras ta nouvelle demeure... »

Mais avant qu'il ne se mette en route, je rajoutais.

« Néanmoins, pour l'instant, notre discrétion et le meilleur de nos atouts. Les villages ne connaissent pas les effectifs que nous disposons, ni même notre localisation et l'étendue de notre influence. C'est un atout précieux... Ne le gâchons pas. »

Je me retournais, reprenant ma route avant d'ajouter.

« Mais ne t'inquiète pas, Shio. Le moment venu, nous sortirons des ténèbres du désespoir... Seulement, tout vient à point à celui qui sait attendre. »

Et je disparaissais dans un Shunshin.