Direction Mizu no Kuni. En possession de la lettre de sa mère, Hasü n'allait pas tarder à connaître ces fameux autres Koken. Les yeux tournés vers l'horizon bleutée, la jeune femme se posait des milliers de questions : Pourquoi avoir gardé ce secret sur cette branche inconnue de sa famille pendant autant d'années ? Qu'avaient-ils fait pour qu'on lui cache cette vérité ?... Bref autant d'interrogations qui se rassemblaient dans l'esprit embrouillé de la rouquine.

La voilà dans un des nombreux ferry qui connectait les nombreux archipels du Continent. Partie de Nami après avoir gagné un concours artistique plutôt facilement, la DJ avait remporté une belle petite somme et s'était permise de profiter de quelques boissons alcoolisés présentes au bar du navire. Elle était assise sur l'un des nombreux tabourets posés de part et d'autres du comptoir et buvait tranquillement un cocktail. Contemplant toujours l'océan à travers l'un des larges hublot du ferry, elle repensa à son voyage jusqu'ici : Son départ de Kawa, sa tournée dans Hi no Kuni et puis finalement cette lettre de sa famille concernant les "autres". Voilà qui avait chamboulé ses plans. Elle qui aurait dû visiter le célèbre village de Konoha et qui se faisait un plaisir de découvrir le mode de vie de ces fameux shinobis. Mais voilà, il avait fallut que des secrets de dernières minutes soit envoyés par pigeon voyageur. Poussant un soupir, elle reporta une énième fois le verre à ses lèvres et but tranquillement une gorgée du liquide bleuté qui se trouvait à l'intérieur. Ses yeux se posèrent alors sur cette substance. C'était la première fois qu'elle consommait un tel mélange alcoolisé. Une spécialité de Mizu sans doute. De tout évidence, elle ne trouvait pas ça mauvais : 5 verres consommés et toujours le même commandé. Heureusement, notre protagoniste tenait plutôt bien l'alcool. En même temps, elle était fille de tavernier à quoi est-ce que vous vous attendiez ?

Souhaitant prendre l'air, la rouquine se leva de son support, paya l'addition, remercia le Barman et se dirigea vers l'extérieur. Dépassant la porte menant au pont du navire, Hasü fut alors soufflée par le vent, ses cheveux de feu s'agitant violemment. Le plancher grinçait sous ses talons alors qu'elle s'approchait de la rambarde la plus proche. Accoudée à cette dernière, la jeune femme rêvassa à nouveau. Il y avait quelque chose d'apaisant à se trouver sur un bateau et de ne pas voir la terre aux alentours. C'était comme une sorte de cocon, un endroit pour s'interroger tranquillement sans craindre les conséquences. On avait l'impression que le temps n'avait pas de droits ici, qu'il n'influait pas sur le moment présent. On pouvait même se permettre le luxe d'oublier ses problèmes le temps du voyage. Peut-être était-ce la motivation de certains en s'engageant dans la Marine, allez savoir...

C'est alors qu'Hasü entendit un bruit derrière elle. De toute évidence, elle n'était pas la seule à profiter du clapotements des vagues et du souffle rafraîchissant de la houle. Tournant la tête, elle regarda le nouvel arrivant.

Un brun se trouvait derrière elle. Se retournant tranquillement, Hasü put discerner plus facilement ce gars qui se trouvait désormais devant elle. Plutôt attirant, le jeune homme arborait un visage froid, sans émotions. Ses cheveux blond foncé, à l'image de ceux de la Koken, allaient et venaient en fonction des caprices du vent, gesticulant dans un sacré chaos. Pas forcément très bavard, et c'était parfaitement compréhensible, l'inconnu salua simplement la rouquine. D'un hochement de tête, la jeune femme lui rendit son salut. Difficile de débuter une discussion dans un endroit où rêvasser était bien plus attrayant. Les minutes passèrent, et l'étrange homme ne bougea pas. Il était sans doute comme la DJ : perdu dans ses pensées. Ses yeux émeraudes étaient toujours rivés sur ce paysage bleuté, quand finalement la Koken parla :

— C'est fou. J'pourrai passer des jours à regarder l'océan... Et... Je suis sûre que je ne m'en lasserai pas. J'ai l'impression que tous mes problèmes sont aspirés par ses Profondeurs.

Faisant volte-face, la jeune femme se positionna en face de ce gars qu'elle ne connaissait même pas. Les coudes toujours posés sur la rambarde du navire elle continua :

— Toi aussi tu contemples la mer dans ce but ? En espérant oublier tes problèmes ? Ou... Les mettre de côté le temps d'la traversée ? Le clapotement des vagues, le tangage du ferry, le vent qui souffle sur nos visage, le chant des mouettes : Tout ça c'est vraiment apaisant. C'est magique... J'en aurai presque envie de chanter...

C'est alors qu'elle se rendit compte qu'elle s'était confessée à un parfait inconnu. Rougissant légèrement, Hasü laissa un sourire gêné se dessiner sur ses lèvres. Elle devait vraiment passer pour une véritable conne aux yeux de ce gars. Il devait penser qu'elle était schizophrène ou qu'elle avait une maladie bizarre du même genre. Essayant de se rattraper et sans laisser cet homme le temps de répondre, elle reprenait cette conversation sur un ton plus enjoué :

— Hahaha ! Excuse-moi ! Je sais pas c'qu'il m'a prit de te sortir tout ça... T'en a probablement rien à foutre ! Qu'est-ce que j'suis bête... Euh... Sinon tu vas faire quoi à Mizu no Kuni ?

Se grattant la tête, symbole de sa gêne, la Koken essaya de fixer un détail sur le sol. Elle n'osait même plus regarder son interlocuteur. Elle s'était ridiculisée toute seule. Il fallait prier pour que ce gars ait une âme d'artiste. Qu'il comprenne les paroles de la chanteuse, histoire que tout ce qu'elle avait dit ne soit pas un bide pathétique. Parce que bon avouons le : C'était pas dégueulasse comme discours !

Le silence ne dura pas longtemps. Cependant, notre protagoniste aurait préféré que ce moment, où seuls les éléments naturels étaient audible, dure plus longtemps. Elle avait peur de sa réponse. Elle avait peur de ses moqueries. Finalement, contre toute attente, il répondit qu'il n'était pas sortit du navire pour oublier ses problèmes. Il disait que c'était impossible. Hasü fut déçue de ce début de réponse. Elle même savait qu'une fois à terre, ses soucis et son devoir lui reviendraient en tête. Elle le savait. Mais elle était tout de même déçue de cette réponse. Le visage baissé, la rouquine espérait que cet homme réaliste ne voit pas son faciès attristé. Ce dernier continua alors son discours et cette fois, ses paroles furent alors plus nostalgiques. Elle sentit alors les doigts de l'Inconnu se joindre aux siens. Surprise, la DJ releva les yeux en direction de ce dernier. Romantiquement, ce geste représentait beaucoup pour la chanteuse. Et malgré le fait qu'elle trouvait ce geste très déplacé, la jeune femme ne fit rien pour repousser le brun. Était-ce par peur ou autre chose ? La Koken elle même ne pouvait répondre à cette question. Peut-être que l'ambiance marine et le fait qu'elle avait besoin d'une personne à qui se confier étaient les raisons qui l'avait empêché d'agir de la sorte... L'homme continua alors sa déclaration. Il parla à la rouquine de ses parents. Une histoire magnifique où amour et musique s'entremêlaient pour former un court mais beau récit. Comme quoi sous ce masque gelé, il y avait quelqu'un qui avait une âme d'artiste et de conteur.

Finalement, le jeune homme termina en répondant à la dernière question de la Koken. Il allait vers cet archipel dans le but de célébrer l'anniversaire du couple qu'il avait mentionné dans son histoire précédente : Ses parents. Un sourire timide apparut sur le visage d'Hasü. Elle était heureuse de savoir que dans ce monde l'amour n'avait pas totalement disparu en fin de compte. C'est alors qu' une interrogation fut renvoyée à l'envoyeuse : Qu'allait-elle faire à Mizu ? Posant ses deux pierres oculaires vertes sur le brun, elle le fixa un instant. Valait-il la peine de dire la vérité ? Ou un changement de sujet ne serait-il pas mieux ? Bah, après tout ce n'était pas non plus quelque chose de très excitant... Soupirant, la jeune femme ouvrit la bouche :

— Je suis aussi ici pour voir de la famille... Des gens ayant des liens avec mon père probablement... Et dont je n'ai jamais entendu parler depuis toutes ces années.

On pouvait sentir la déception dans la voix de la Koken. Elle s'était faite écartée du plus grand secret familial depuis 21 ans. Et ce qui était sûr, c'est qu'elle n'allait pas s'en remettre de sitôt. Faire resurgir cette triste nouvelle lui fit d'ailleurs disparaître son sourire. Se détachant de l'emprise du brun, la jeune femme se détourna de lui pour finalement regarder de nouveau l'océan. Ce n'était pas son genre d'être une chialeuse. Mais ces derniers mois avaient été riches en émotions. Elle avait frôlé la mort bien plus de fois au cours de ces dernières semaines que durant toute sa vie à l'auberge. Cette lettre n'avait fait que déprimer Hasü encore plus. Elle découvrait un nouveau monde mais aussi une nouvelle facette de sa famille. Une seule larme coula le long de sa joue. Le liquide tomba dans l'étendue bleutée.

Le regard toujours fixé sur la mer, Hasü laissa vagabonder son esprit. Elle voulait oublier cette histoire, prétendre n'avoir jamais entendu parler d'eux. Mais c'était trop tard. Depuis le moment où elle avait reçu cette lettre de sa mère qui parlait de ses cousins et cousines, elle n'avait pas put ôter ça de sa tête une seule seconde. Elle devrait peut-être faire marche arrière. Revenir à l'auberge et devenir plus forte mentalement. Ce voyage ne faisait que commencer et Hasü avait déjà l'impression d'être à bout psychologiquement. Partir à l'aventure sur un simple coup de tête n'avait peut-être pas été une décision des plus raisonnables après tout... Elle aurait dû se préparer davantage. Quoi qu'il en soit, il était un peu tard désormais. Elle était à deux doigts de connaître la vérité sur cette affaire. Elle n'allait pas rebrousser chemin alors que Kawa était à plusieurs mois de voyage par rapport à sa position. Sans compter que le ferry n'allait certainement pas faire demi-tour ! Quitte à aller à Mizu, autant faire ce qu'il y avait à faire. C'est alors qu'elle entendit la voix de son interlocuteur. Il disait que sa famille sombra dans un brasier. Les yeux de la Koken s'agrandirent alors. En ayant entendu l'histoire du brun, Hasü pensait que ces parents étaient encore en vie. Puis finalement les paroles précédentes revinrent dans l'esprit de la DJ. Elle avait complètement zappé la fin du passage sur l'amour éternel partagé entre le père et la mère de ce gars.

— Je... Je suis désolée. J'avais mal compris...

Il lui expliqua alors que la famille était quelque chose à chérir, qu'il fallait s'y accrocher de toutes ces forces. Et qu'elle ne devrait pas avoir de rancune, d'orgueil ou de colère à leurs égards. Non, il avait raison. Mais de toute manière, Hasü ne comptait pas les détester. Elle était juste déçue d'avoir été écartée du secret. Mais en ce qui concernait ces fameuses personnes, elle n'aurait pas de haine. Juste de l’intérêt et des questions. Des milliers de questions. Et elle espérait obtenir des réponses à chacune d'entre elle. Finalement, la rouquine se retourna en direction de l'inconnu.

— Oui. Tu as raison.

Un petit sourire s'afficha de nouveau. A croire que la DJ était une grosse lunatique.

— Merci pour ces mots. Je tâcherai de m'en souvenir au bon moment.

Remise d'aplomb, la Koken se décida à rentrer dans le navire. Juste avant de dépasser la porte, elle porta un regard en biais à cet homme qu'elle commençait à apprécier.

— Ah ! Au fait, moi, j'm'appelle Hasü ! J'suis vraiment contente de vous avoir rencontré monsieur... Monsieur... ?

Evidemment ce qu'elle attendait en retour ce n'était pas de savoir si ce gars était un homme ou une femme. Non. C'était une méthode sneaky pour connaître son prénom. Et oui bande d'incultes !