On ne pouvait pas dire que j’étais le Genin de Suna le plus assidu. En effet, je tentais d’éviter au maximum les tâches qui incombaient à ma position de shinobi. Missions, entrainements et toutes ces conneries, ce n’était pas pour moi. Je préférais me la couler douce, ouais, c’était ça l’expression exacte. Bien entendu, je faisais croire à Père que je prenais mon poste de ninja très au sérieux. Pour lui, je devais surement être la recrue modèle. Voir le major de ma promotion. Or la réalité était tout autre. Contrairement à Shinji, j’avais beaucoup plus de mal à m’intégrer dans ce village. Au moins les prostitués et les bars de la grande ville étaient d’un tout autre standing que ceux de mon village natal, mais bon. Il n’y avait pas que ça dans la vie, malheureusement.

Donc, comme à mon habitude depuis plusieurs semaines déjà, j’étais allongé sur un rocher non loin des portes de Suna. Quitte à rien faire de smes journées, autant parfaire mon bronzage. Le torse vers le ciel, baillant aux corneilles, les mains derrière la tête, je tuais le temps à ne rien faire du tout. De temps en temps, je jetais un coup d’œil sur Nagini, histoire qu’elle ne bouffe personne en passant. Un anaconda de cette taille pouvait parfois se montrer très problématique. J’eus tout de même la patience de la dresser afin qu’elle fasse preuve d’une certaine retenue. Mais je ne comptais plus les fois où ce serpent m’avait attiré des problèmes.

Enfin bref. Plusieurs heures passèrent donc et un élément vint perturber la redondance de cette journée de merde. Un parfum, léger, mais enivrant. Ce changeait des odeurs de sueur qui pullulaient sur la Voie Illusionnée. Je bondis alors que mon odorat démoniaque était titillé par cette senteur singulière. D’où pouvait venir cette odeur ? Il s’agissait d’une femme, il n’y avait aucun doute là-dessus. Mon regard se posa alors sur un individu à dos de cheval, se dirigeant vers l’entrée du village. Intrigué, je la devançai donc et traversai discrètement le couloir étroit menant jusqu’au village. Elle s’arrêta ensuite afin de desserrer les sangles de sa monture. Je remarquais très vite qu’il ne s’agissait pas d’une personne ordinaire. Elle devait surement appartenir à un milieu aisé, noble peut-être. Qui mieux qu’un prince pouvait l’accueillir ? Vu toutes les richesses dont je disposais, j’étais surement l’un des rares à pouvoir répondre aux attentes d’une petite bourgeoise.

« Bonjour à vous mademoiselle. Je peux peut-être vous aidez ? »

J’esquissai alors un sourire charmeur tout en m’inclinant légèrement face à elle. Son visage, qui était jusqu’à présent dissimulé, me fut enfin dévoiler. Il s’agissait d’une très belle jeune femme, un peu trop jeune peut-être. Elle avait la peau d’un blanc presque immaculé, et de grands yeux de biche. Etait-ce… une princesse ? En tout cas, Nagini était déjà jalouse. Elle fixait la jeune fille avec hostilité. Elle ne supportait de me voir trop proche de la gente féminine.

« Nagini ! Arrête ça immédiatement ! »

Je remarquai rapidement les regards suggestifs de la princesse sur mon torse tatoué. Ce n’était pas que j’en avais l’habitude – quoique si, quand même – mais je fus tout de même surpris par ces coups d’œil à moitié assumer. Cependant, les sifflements de Nagini plombèrent un peu l’atmosphère, surtout que je dû faire preuve de sévérité pour la calmer. La jeune femme sembla assez troublée, surement quelque méfiante également. Je tentais tout de même de lui sourire afin de la mettre à l’aise. Il faut avouer qu’un grand gaillard musclé pouvait toujours être intimidant. Surtout que le contraste entre leurs deux physiques était plutôt marqué. En effet, elle était mince, le teint pâle. Alors que je frôlais les 2 mètres, costaud et le teint basané. 

Quoiqu’il en soit, elle daigna tout de même se présenter. Samui ? Yuki ? Ce clan, j’en avais déjà entendu parler. Il s’agissait d’un clan noble appartenant désormais à cette nouvelle institution. C’était quoi déjà le nom d’ailleurs ? Ah oui, le Shûkai ! Je ne m’étais donc pas trompé ! Il s’agissait bien d’une bourgeoise. Je me frottais les mains intérieurement, j’étais tombé sur une petite perle. Elle devait être pleine aux as. En combinant nos deux fortunes, on pourrait surement devenir l’un des couples les plus riches du monde shinobi. Je ricanais intérieurement, imaginant déjà ma vie aux côtés de la brune. Même si Père me déshéritait, je pourrais toujours compter sur la fortune de ma future épouse ! En bref, je me faisais déjà tout un film et pensais avoir trouvé un moyen de contourner les règles que Père m’avait imposé.

Je tombai alors de très haut lorsque la jeune femme me révéla qu’elle était à la recherche de son fiancé. Elle rougissait. Elle était gênée et amoureuse. Beurk. Tous mes rêves se brisèrent en une fraction de seconde. Mon expression enjouée se changea alors très vite en indifférence. Mais elle recapta très rapidement mon attention alors qu’elle me révéla le nom de son fiancé. Kibô. Kibô ? Kibô… Oh my god, Kibô ! Je veux dire, le Kibô dont Shinji m’avait parlé ?! En y repensant, c’est vrai qu’il m’avait dit que son ami Kibô allait bientôt se marier avec une étrangère. Mais qui aurait cru que je tomberais sur elle aujourd’hui ? Surtout que d’après ce qu’il m’avait dit, il avait fêté l’enterrement de vie de garçon du futur marié la veille. Connaissant Shinji, ça avait surement dû être un truc très sal, avec des femmes à poils dans tous les coins. Donc quand la petite Yuki me demanda si je le connaissais, je me montrai un peu hésitant.

« Euh… Qui ? Ah oui, Kibô ! Eh bien, oui ! Il est très connu ici, votre fiancé. Quelqu’un de bien. Un mec en or. Un bon gaillard. Vous ne pouviez pas faire de meilleur choix… »

La merde. Le pauvre Kibô, à l’heure qu’il était, il devait surement avoir la tête ligotée par une dizaine de strings. Un léger silence s’installa alors et je pus à nouveau constater les regards indiscrets de la jeune femme sur ma personne. Intérieurement je me disais, regarde bien ma jolie car quand tu apprendras ce que ton gentil fiancé a fait la veille tu voudras surement lui rendre la pareille. Je me perdis alors dans mes pensées, je voyais bien jouer les chippendale pour l’enterrement de vie de jeune fille de quelqu’un. Me mettre quasi-nu en face de femmes n’avaient jamais été un problème pour moi. Il suffisait de me regarder, j’étais à moitié à poil la majeur partie du temps. Et puis l’idée de voir des femmes me glisser des billets dans le slip me plaisait assez. Perdu dans mes pensées, Yuki me fit reprendre mes esprits. Elle affirma vouloir faire une surprise à son fiancé. Elle voulait discuter des détails du mariage avec lui et tout le tralala. A ce moment, je ne pus me retenir. C’était trop. Je laissai échapper un fou rire étouffé. Non mais quelle merde ! J’étais mal pour ce Kibô, mais en réalité cette situation était beaucoup trop comique. Je tentai tout de même de me ressaisir afin de ne pas paraitre grossier.

« Excusez-moi. Je pensais à autre chose. Ben si vous voulez mon avis, vous ne pouviez pas mieux tombé ! Je suis persuadé qu’il sera ravi de vous voir. Surtout après la dure, oui très dure soirée qu’il a eue hier. Mais bon, ce sont des histoires de mecs, ça doit surement pas vous intéressez. Je suppose que les strip-teaseuses, ce n’est pas votre truc, non ? »

Ouais, ouais, je foutais un peu la merde. Mais encore une fois, je n’avais rien à foutre de mes journées, autant m’amuser un peu !

La pauvre, on aurait dit qu’elle était sur le point de faire un infarctus. Je n’aurais peut-être pas dû lui parler des strip-teaseuses. Et puis merde, c’était déjà fait. Qui aurait pu deviner qu’elle le prenne aussi mal ?... Bon ouais, c’était compréhensible. Je n’avais vraiment aucune morale. Mais que voulez-vous ? On ne pouvait pas tout avoir ! J’esquissai tout de même une petite grimace lorsque la jeune femme me demanda de répéter.

« Oh… Et bien j’ai juste dis que… »

Troublée, la princesse Samui ne me laissa même pas finir ma phrase. Elle était vraiment chamboulée. Décidemment elle devait vraiment être amoureuse. De plus, elle paraissait si jeune. Elle ne devait surement pas être familière à ce genre de débauche. Ce qui était en soi plutôt compréhensible. Elle et moi vivons vraiment dans des mondes différents.

« Non, vous n’avez pas à vous excusez. Je me suis montré un peu trop familier, je m’en excuse. »

La conversation revint très vite plus sérieuse. Elle me demanda à entrer dans le village. Elle était bien gentille la jolie brune, mais je n’avais pas de tels pouvoirs. Et ouais, je n’étais qu’un Genin. Si ça ne tenait qu’à moi, elle serait rentrée. J’aurais donné tout ce que j’avais pour la voir débarquer chez Kibô, qui devait surement être encore en train de récupérer de sa chaude nuit de la veille. Mais malgré ce que l’on pouvait penser, je n’avais pas envie de m’attirer des problèmes. Du moins, ce « genre » de problèmes. Je pris donc une attitude sérieuse à mon tour afin de lui répondre.

« Je désolé Mademoiselle Yuki, mais vous ne pourrez pas aller plus loin. Nous avons reçu des ordres précis, aucun étranger ne pénètre dans le village. »

Je pus rapidement lire la déception et surement la frustration de la jeune femme sur son visage. La pauvre, elle avait parcouru tant de kilomètres pour se faire recaler aux portes. Le pire, c’est qu’elle était venue voir son fiancé, qui, mine de rien, était tout de même quelqu’un d’influent. Je ne doutais pas une seconde que le jeune homme parvienne à la faire entrer très rapidement. Mais pour le moment, elle allait devoir patienter.

« Vous pouvez donc l’attendre ici, si vous le souhaiter. Ou à l’extérieur, comme vous voulez. »

Je lui pris alors la main afin de lui poser un léger baiser sur la main.

« Je m’excuse, je ne vous ai toujours pas dis mon nom. Je suis Baal Sinbad, fils du riche marchand Baal Alibaba. »

Je voulais tout de même lui redonner le sourire, la charmer surement un peu, mais peut être que je m’y prenais mal en fin de compte…