C’est un désir de paix qui avait poussé Eden sur les routes. Depuis peu, elle avait quitté le Pays du Feu pour l’Alliance des Pays Neutres. Jamais elle n’aurait cru mettre les pieds là-bas, du moins pas volontairement. Et pourtant … Elle se trouvait là, à Marutagoya, au Pays de la Cascade. Pour la nuit, la Kaguya avait fait halte dans cette ville portuaire. Sa journée avait été rythmée par ses pas, elle n’avait fait que marcher à travers la forêt pour trouver la cote. Puis, longeant le bord de mer, elle avait attiré ici, dans cette cité. Sur place, la jeune femme avait déjà prévu la route du lendemain. Le plan était le suivant : Partir à l’aurore puis suivre le shoutai – un fleuve traversant Taki no Kuni – jusqu’à attendre sa destination. Demain, elle retrouvait son ami Takusanken pour mettre à bien son projet de paix. Du moins, elle l’espérait. Depuis que la brunette s’était ‘émancipée’, elle apprenait à penser par elle-même. Endoctrinée dès son plus jeune âge pour entrer dans le moule, Eden rêvait d’une toute autre vie. Jadis, le discours de ses pères tendait à la haine, la rivalité avec le clan Samui. Ces conflits immémoriaux semblaient presque naturellement tant ils étaient anciens, tant on poussait les enfants vers cette voie … Les Samui sont nos ennemis mortels. Vraiment ? Même si la Kaguya n’avait jamais rencontrée un manieur de glace, elle éprouvait de la haine envers eux. C’était tellement grotesque de vivre avec cette colère sous prétexte qu’il en avait toujours été ainsi … C’est pourquoi elle avait émis une requête toute particulière ! Grâce aux nombreux contacts de son ami, elle avait commandité une rencontre avec un représentant du clan adversaire. Une rencontre en toute simplicité, sans hostilité, dans un lieu neutre. Takusanken avait choisi une ville avec une importance présence ‘militaire’ pour palier à une quelconque bagarre. Ainsi, pour ne plus suivre la voie du passée, pour se faire sa propre idée sur l’ennemi, elle voulait voir cet homme … Elle ne connaissait que son nom : Aokiji Samui.

Sa démarche était plutôt noble et honorable. Peut-être cette rencontre se passerait affreusement mal, ou au contraire très bien … Elle n’en savait rien, mais elle se félicitait de son action. Le temps ferait le reste. Et le temps se dégradait dangereusement ! Après avoir posée son bagage à l’auberge, l’Errante avait mis les voiles sur les environs, cherchant à voir, à découvrir de nouvelles choses. En somme, elle jouait les touristes. Autant en profiter maintenant qu’elle était là. Ainsi, elle avait quitté Marutagoya, longeant la côte sans trop de but, elle vagabondait au gré de ses envies. Dans sa promenade nocturne sous un ciel couvert de nuage pluvieux, elle méditait. Elle songeait à tout ce qu’elle avait fait actuellement, toutes ses rencontres aussi, les bonnes comme les mauvaises, ou les mauvaises qui sont devenues bonnes … Certes, elle n’avait pas rencontré énormément de monde, mais chaque individu avait influencé ses décisions, ses choix de vie. Sa vision du monde avait été renforcé d’un côté, mise à mal de l’autre. Mais elle sortait plus forte de ces expériences, de ses échanges qu’elle jugeait comme riche.

Eden fut arraché à ses nuages par des gouttes de pluie. Aussitôt, elle stoppa son pas et leva le nez vers le ciel, c’est une véritable averse qui la guettait. Tant pis … Au lieu de rebrousser chemin, la demoiselle hissa juste sa capuche sur sa tête, laissant son masque de lapin pendre à son cou, elle n’avait pas besoin de se cacher pour l’instant. Ses pas maintenant couvert par la pluie, elle reprit sa marche. Son pied buta contre quelque chose, l’obligeant à rester sur place. Quand elle baissa les yeux, elle vit un corps … Humain bien sûr. Les yeux posés sur le cadavre, elle fronça les sourcils et l’observa. C’était un homme d’une vingtaine d’année, probablement un civil, il était sur le ventre. Sa peau n’était pas marquée par le feu, pour la foudre ou autre élément de justu. Cependant au niveau de son estomac : une flaque de sang. La couleur de sa peau et la raideur de ses bras – elle avait mis un coup de pied dedans – laissait supposer qu’il avait été assassiné il y a très peu de temps. Surement était-il mort poignardé ou quelque chose comme ça. Pauvre homme … Mais c’était mauvais pour elle. C’était une étrangère arrivée le jour même et tombait un cadavre, on aurait pu aisément l’accuser de ce meurtre …

L'ombre avançait de façon hasardeuse près de la côte, sans réel but. Dans sa tête c'était le néant, il ne savait plus qui il était, maudit, homme libre ou bien même errant. En bref c'était surtout la confusion qui le faisait progresser dans tout ce décor. Voilà bientôt un an qu'il avait quitté sa nation, le Shukaï. Notre protagoniste avait fuit, par peur de devenir dangereux, par peur de faire du mal à ceux qui l'entouraient, de ne plus pouvoir se contrôler. Mais, dans le fond ... Il avait aussi peur de mourir devant son peuple et la sa fierté rentrait en jeu et fier ... Ah ça il l'était ! Entre temps, le Kaguya eut le plaisir de croiser un homme, c'est avec ce dernier qu'il apprit l'art du Samouraï et c'est encore ce même héros qui lui retira sa malédiction. Néanmoins tout bonne chose possède sa fin et c'est ainsi que l'ancien général s'était retrouvé seul, une fois de plus. Cela commençait à devenir une fâcheuse habitude, d'ailleurs il aurait bien aimé s'en passer. Du coup il ne savait même pas où dormir, bien souvent il passait la nuit dans une grotte ou dans des maisons abandonnées, il n'avait pas l'argent pour se permettre une nuit dans une auberge, c'était ça aussi la vie d'errant. Dire que par le passé il vivait dans un palace, elle était bien loin son ancienne vie, mais dans le fond c'était un mal pour un bien. En tout cas il préférait le prendre comme ça pour le coup.

Shio observait le paysage l'entourant, c'était gris, loin d'être le décor idéal pour se promener. La pluie décida de venir - elle aussi - ajoutée sa tâche de mélancolie, ainsi quelques gouttes commencèrent à glisser sur le faciès de notre homme. Les balayant d'un geste de bras, il prit soin de mettre sa capuche par la suite, cela valait mieux pour la suite. Pour la petite anecdote, il avait horreur d'être trempé. Continuant ainsi sa route sans prêter attention à ce ciel orageux, il sentit quelque chose, ou plutôt une source de chakra. Elle n'était pas très importante, mais ... Un petit truc -surement de la curiosité- l'amenait à vouloir se rendre près de celle-ci. Ce serait d'ailleurs l'occasion de parler à quelqu'un, d'échanger et si possible d'obtenir de quoi manger. Dans le cas contraire, il serait bien obligé de chasser... Oui, il était vraiment pauvre ces derniers temps, il aurait pu devenir un tueur à gages pour pouvoir se nourrir, se vêtir, se loger etc... Mais ce n'était pas son genre, ce n'était pas son éducation et c'était surtout contre quoi il s'était battu durant ces dernières années. Ainsi tout en faufilant le plus possible il approcha de sa destination. Shio avait totalement camouflé son chakra et tapis dans des hautes herbes il observait une scène plutôt étrange ...

Une jeune femme se trouvait là, debout comme un soldat devant un homme au sol qui paraissait inerte, surement un cadavre. Quelques secondes plus tard le coup de pied qu'elle lui asséna ne fit que confirmer les dires de notre protagonistes, il s'agissait bien là d'un mort. Dans un premier temps Shio pensa à continuer son chemin sans faire d'histoires, malheureusement son rôle de capitaine prit le dessus, il se sentit obligé d'intervenir. D'un seul coup il fit irruption, sa vitesse n'était même plus à prouver et en un instant il se retrouva derrière la jeune femme. L'un de ses Katanas étaient déjà sous la gorge de celle-ci, il ne lui laissait même pas le temps de s'expliquer, c'est sous cette arme qu'elle allait répondre de ses actes. Et si la réponse ne lui plaisait pas ... Il ferait justice lui même. En attendant sa capuche dissimulait son faciès, comme la jeune femme. Pour le moment ce serait une rencontre à visage caché, c'était surement plus prudent, il valait mieux pour Shio de ne pas se faire repérer.

- Tuer des shinobis, tu trouves ça amusant ? Décline ton identité ...

Pas un mot de plus, pas de menaces de mort, en tout cas pas pour l'instant. La menace, c'était le sabre, ou bien la jeune femme allez savoir. Maintenant la suite s'annonçait dès plus passionnante, d'ailleurs son ventre commençait à regretter de s'être attardé sur un tel évènement...

Ce fut tout un tas d’interrogations qui assaillit Eden ! Pourquoi cet homme était-il mort ? Pour quel raison si tant est qu’il y en ait une. Il n’y avait aucun motif valable pour tuer, du moins selon ses valeurs … La mort n’était pas une nécessité. Quoique … Pour survivre si, mais autrement non. L’allure de fermier du cadavre ne laissait pas de place au doute. On ne l’avait pas abattu pour une question de survire mais par simple envie, probablement. C’était écœurant. Existait-il vraiment des hommes aussi sombres et dépourvus de respect pour la vie ? Evidemment, elle en avait même rencontré un. Yusuke Katano était son nom. Il arracha la vie si aisément que s’en était effrayant. Eden avait eu de la peine pour lui, pour son mode de vie, pour sa sombre existence rythmé par le meurtre, teinté par le sang. Mais elle avait aussi de la peine pour cette victime là … Abattu sans le moindre scrupule, par malchance de s’être trouvé là, sans un espoir de pouvoir se défendre. Pendant un instant, la jeune femme baissa la tête, presque en plein recueil. Ses paupière se faisaient closes, elle songeait déjà à la façon dont elle allait annoncer cela. C’était délicat ! D’autant plus qu’elle était une kunoichi, doublée d’une étrangère, peut-être serait-elle injustement accuser. Et c’est ce qui arriva …

Sentant l’acier d’une lame sur sa gorge, Eden ouvrit aussitôt les yeux. Comment ?.... Ça avait été si soudain ! Elle n’avait rien entendu, rien sentit … D’une seconde à l’autre, elle était sous la menace de ce sabre. Le visage frappé par la stupeur, elle resta silencieuse, baissant juste les yeux vers le métal dangereux. En plus de cette pression, la ‘liche’ se sentait écrasée par une présence, par une force, une aura de puissance …. Sur le sol, elle ne distinguait plus son ombre tant elle était dominée par la carrure de son agresseur. Bien que les formes fussent plus qu’abstraite, elle imaginait un homme plutôt grand, avec une musculature de guerrier, de samouraï en accord avec l’arme qui caressait sa gorge … Enfin, il se manifesta, l’accusant tout bonnement de cet assassinat. Du moins sa question tournait dans ce sens. La voix de l’individu était plutôt rauque et mature, l’épéiste devait être âgé, du moins plus âgé qu’elle-même. Peut-être une trentaine d’année, tout au plus … Elle remarquait aussi une odeur désagréable, de crasse. Il sortait d’un chenil ou quoi ? Très calmement, la jeune femme leva un bras pour poser le doigt sur le tranchant de la lame, l’éloignant légèrement de sa gorge. « D’une part …. Cet homme n’était pas un ninja. Mais probablement ivrogne que tu es, tu n’as pas due l’observer. D’autre part, as-tu des preuves de ce que tu avances ? Tu conclus hâtivement que je suis coupable car je me tiens là ? Foutaise … » L’insolence caractérisait notre demoiselle Kaguya, celle-ci croisait avec une certaine froideur dérangeante. Elle le prenait de ‘haut’ alors qu’il l’écrasait totalement de sa stature. Eden n’aimait pas être accusée à tort, or la … C’était carrément le cas ! Pourquoi se montrait-elle clémente avec ce mendiant ?...

Sans brusquerie, elle tourna la tête vers lui, l’observant d’un œil par-dessus de son épaule. L’angle de sa capuche ne laissait entrevoir qu’une infime partit de son visage. Ce qu’elle voyait ? Pas grand-chose … Tout comme elle, le samouraï se cachait – ou protégeait – sous sa capuche. Mais à l’allure générale, il avait l’air d’un ivrogne oui … Un ivrogne qui sentait mauvais et avec des manières plutôt grossières. De son œil de sang, la jeune femme le fixait, attendant qu’il baisse son arme, ou décide de s'en servir. La seconde option ne lui plaisait pas tellement à vrai dire. Elle doutait de sa survie …. S’il avait su l’approcher et la menacer aussi rapidement, il pourrait faucher sa vie sans qu’elle ait le temps de s’en rendre compte. Elle hésitait à agir … A faire jaillir ses omoplates pour l’éloigner, voir même ses ailes pour plus d’efficacité, mais il prendrait sa défense pour une attaque … La Kaguya décidait de la jouer fine, écartant juste la lame du doigt, quitte à se couper, elle forçait sur le tranchant pour l’inciter à rappeler son sabre. « Je n’ai tué personne … Du moins pour le moment. » Une menace ? Qui sait …

L'ombre qu'il était et qui se faisait menaçante derrière la jeune femme était toujours en position dominante. Il avait la main mise sur la jeune femme et cette pression qu'il exerçait sur elle lui donnait un grand avantage. Il sentait comme un certain stress, du moins c'était les battements du cœur de la jeune femme qui ne faisait qu'approuver sa théorie. D'ailleurs celle-ci ne mit que quelques secondes à parler, elle ne connaissait pas la politesse apparemment. Mais notre protagoniste était dans le même cas qu'elle, donc cet argument passait à la trappe. Il se contenta alors de se laisser convaincre, cet homme n'était qu'un civil, ce n'était même pas un shinobi ... La vision et les connaissances de Shio se faisaient de plus en plus limitées, avait-il besoin d'un bon entraînement pour se remotiver ou lui fallait-il même une bonne cure de violence ? Il n'en servait rien, il avait l'impression de se perdre un peu ces derniers temps, il ne se reconnaissait même pas. C'est ainsi que la jeune femme poussa légèrement la lame, comme pour se dégager d'une telle menace, mais le Samouraï ne retira pas la pression, au contraire il se tenait encore plus près qu'au début et là c'était à lui de prendre la parole, si elle se montrait provocante, il jouerait au plus malin à son tour :

- Ne me menace pas, tu ne sais qui je suis et tout ce que j'ai vécu ... Et si je l'avais voulu tu serais en train de te vider de ton sang sur le sol, une victime de plus, qui y aurait fait attention ?

Attrapant le bras de la jeune femme, il la tira alors violemment contre elle, la lame passa sous la gorge, mais de face cette fois-ci. Quelques centimètres les séparaient l'un de l'autre, seul la lame semblait être un obstacle. Pendant ce temps il ne cessait d'observer la jeune femme, elle paraissait si fragile, un coup de tête l'aurait surement fait finir au sol. Mais, il y avait quelque chose, une certaine rage enfouie que notre homme sentait, il ne savait pas pourquoi, peut-être parce qu'il avait la même qu'elle dans le fond. Vous savez cette sensation de se voir comme dans un miroir face à une personne que vous venez de rencontrer, vous savez ... Comme si elle était de la même famille, en tout cas c'était ce que ressentait l'ancien chef de l'armée. De sa main gauche il retira sa capuche dévoilant beaucoup de traits spéciaux de son physique. Tout d'abord, l’œil borgne caché par un bandana noir devait surement apeuré la jeune femme, ce n'est pas tout les jours qu'on observe un homme avec un œil en moins. Mais, ce n'était pas tout. Il y avait aussi ces deux tâches montrant son appartenance au clan Kaguya, mais celles-ci étaient très ternes, comme effacées avec le temps. Comme si le sceau lui aussi avait décidé de fuir, comme le maniement des os de notre protagoniste. C'était un spectacle bien étrange d'ailleurs, rares étaient les fois où Shio dévoilait son visage, mais cette femme ... Elle avait le don de le plonger dans son passé, dans des souvenirs oubliés qu'il préférait voir enfoui. Alors qu'est-ce qu'elle représentait pour lui, si ce n'était de la colère, des remords et une nostalgie douloureuse. En fait il était totalement confus face à ce petit bout de femme, il n'y avait là aucun intérêt physique d'autant qu'il ne voyait pas complètement son visage, son front étant dissimulé. C'était surtout là, l'aura qu'elle dégageait, cette inconnue ... Elle avait un petit quelque chose, ou plutôt un grand quelque chose, impossible de l'expliquer, c'était l'attirance de deux aimants et pourtant il fallait parier sur une fuite de la jeune femme. Après tout comment oserait-elle rester près de notre homme après que celui-ci lui ait mit une lame sous la gorge ? Personne n'aurait osée ... Et si il ne lui laissait pas le temps de fuir ? Et si il la forçait à se présenter, car oui, il ne connaissait même pas son prénom.

- Toi qui te cache derrière une capuche, décline ton identité. Le samouraï que je suis ne te tuera pas, il y à des chances pour que je te laisse la vie sauve, je sais reconnaitre une erreur commise.

Il disait la vérité, le code d'honneur qu'il respectait lui empêchait de prendre la vie de la jeune femme de cette manière, il se devait d'être quelqu'un de respectable et avant tout de connaître son identité. Shio paraissait tout de même perplexe sur la suite des évènements, qu'allait choisir la jeune femme, oserait-elle donner de vrai informations, pour ça il ne le savait pas. Il prit alors une décision, il allait se présenter en premier, cela lui permettrait peut-être de gagner la confiance de la jeune femme un peu plus facilement ou alors se taper la honte. Cette fois c'était le tout pour le tout et si c'était un échec et bien tant pis, peu importe il était temps pour lui d'en apprendre un peu plus sur elle :

-Je me nomme Shio Ka... Anciennement Kaguya ...

Il s'était vite reprit, en effet il n'aimait pas se faire appeler par son nom de clan depuis qu'il n'en possédait plus les capacités, pour lui il n'était qu'une ombre désormais, un moins que rien. Un zombie qui déambule parmi les plaines, le Shinin ...

Eden jouait avec le feu … Il en avait toujours été ainsi. L’insolente Kaguya ne s’était jamais encore brulée, mais peut-être les choses seraient-elles différents sous ce couchant pluvieux. Cet homme était menaçant, bien trop même …. Menaçant et bien plus fort qu’elle-même. A défaut d’être forte, la jeune femme savait les connaitre. Elle avait l’intelligence de ne pas se surestimer, ni se sous-estimer, elle connaissait sa force, ses talents comme ses domaines d’incompétences. Quelque part, c’était une force … Mais malgré tout, elle n’était pas prudente – du moins pas totalement. Elle le menaçait, lui répondait et se montrait moqueuse, maligne. La Brunette se permettait même d’éloigner son sabre. Mais cela ne lui plut pas ! Tant et si bien que la prise se fit plus ferme et dangereuse. Sa chair se trancha sous cette lame insistante et on ne peut plus proche de sa gorge. Elle n’émit pas un son devant cette coupure. Elle était une Kaguya … La douleur d’une peau déchirait ne l’atteignait plus, elle était habitué à cela. Tout aussi fin et calme que notre demoiselle, l’homme réagit. Il lui grognait de ne pas être menaçante, elle ignorait tout de lui. Il aurait pu la tuer sans qu’elle puisse s’en rendre compte. Qu’était-ce qu’un cadavre de plus sur cette cote ? « Pff … » Rétorqua Eden. C’était pareil pour lui …. Il ne savait rien d’elle, ne pouvait prévoir ses réactions. Quant à sa mort … S’il avait été alerté et attiré par un cadavre civil, il se sentirait plus concerné par celui d’une femme, en plus d’être une Kunoichi, et très certainement une cousine ou une nièce … Le monde était petit.

« Toi t’y ferait attention. Et tu serais en face de ta lâcheté à abattre de sang-froid une femme désarmée … » Désarmée … Si on veut. Mais elle ne cherchait pas à s’attirer sa pitié en répondant cela, juste à se montrer un peu plus insolente et provocante. Presque aussitôt, l’homme empoigna le bras de la jeune femme, l’obligeant à faire volte-face d’un geste plutôt brusque. Même en face d’elle, il portait son sabre contre sa gorge. Mais la Kaguya ne fit pas attention à cela. Pour l’heure, elle observait l’allure du supposé-ivrogne. En effet, il était très grand, à la stature imposante, de combattant comme elle l’avait imaginé, via son ombre. Même si la proximité était plus que réduite, la jeune femme ne parvenait toujours pas à voir son visage. Cependant, elle plissa le nez, comme pour chasser la mauvaise odeur qu’il dégageait. Il n’avait pas pris de douche depuis plusieurs jours, à coup sûr ! L’homme se rapprochait du chien mouillé et abandonné qu’un homme, samouraï ou rônin … Après un instant de silence couvert par les battements de la pluie, l’homme tira son capuchon, dévoilant son visage. Ses traits étaient très durs, stricts, presque militaire. Son visage portait la dureté de la vie, des combats, peut-être d’un passé difficile. D’ailleurs, il avait perdu un œil. Son organe manquant était camouflé sous un bandeau sombre, lui donnant un air encore plus féroce et intimidant. Mais Eden n’était pas rebuté pour un sou. Sous l’ombre de sa propre capuche, elle observait son visage, s’arrêtant sur un emblème qu’il portait sur le front. A l’abri des regards, son visage exprima la stupeur. Un Kaguya ? Etait-ce possible ou bien sa vision lui jouait un mauvais tour ? Cette simple marque la rendait plus calme … Elle créait presque un sentiment de confiance et de ‘sympathie’. Étrangement, la plus jeune Kaguya se sentait proche de lui et s’interrogeait sur leur lien de parenté. Qui était-il pour elle ? C’était dangereux de demander, il était peut–être hostile envers les membres de son clan ….

Après un moment de flottement, Eden se reprit, constatant dans quelle mauvaise posture, elle se tenait encore. L’homme avait beau montrer son visage, il restait menaçant avec cette arme dressée contre sa nuque. Une fois encore, l’homme bourru l’invitait à décliner son identité, ajoutant qu’un samouraï ne tuait pas par simple plaisir. Samouraï ? Il avait renié le clan pour porter ce titre ? Sous sa capuche, la brunette fronça les sourcils, le fixant toujours sans être vu. Souhaitant l’encourager à donner son nom, l’homme le fit en premier. Shio était son prénom et il se disait : anciennement Kaguya. Comment ça ? Eden soupira silencieusement et attrapa les bords de sa capuche, prête à la renverser pour recevoir la pluie sur ses cheveux sombres. « Anciennement Kaguya … Alors j’suppose que je n’dois pas t’appeler Shio Oji-san ? » Oji-san ? Oui oui, son oncle. Et tout en dévoilant ce titre de famille, la jeune femme fit tomber sa capuche, affichant son visage tout comme les cercles de sang qu’elle portait sur le front. Un emblème bien plus net et marqué que celui du samouraï. « Mon nom est Eden Kaguya. Aurais-tu l’amabilité de baisser ton arme maintenant ? MON oncle ... » La demoiselle insistait sur ses derniers mots, alors qu’elle poussait du doigt la mèche brune qui cachait en partit son visage. Sans bouger, elle le fixait de ses yeux rougeâtres, le visage plutôt neutre. Ses traits et sa peau de neige reflètent sa jeunesse, mais portait tout de même une certaine dureté. Une dureté acquise sur les terres de l’ancienne Kiri. La rigueur du clan, de la politique de l’époque, des nombreux combats claniques et tout ce qui se rapprochait de leur patrie natale.

La scène ne paraissait pas vraiment changée, les deux protagonistes étaient toujours là face à face, prêt à en découdre. Mais, pourquoi une telle agitation, une telle tension entre ces deux êtres ? Shio n'avait pas la réponse, cependant il sentait l'esprit guerrière de cette jeune femme, il avait eut le même à son âge, avec le temps les choses avaient changé ... Légèrement quoi. C'est drôle, mais la lame aurait pu tout régler, ou tout détruire, car il suffit que la jeune femme abaisse sa capuche pour que notre homme comprenne. Une Kaguya, en tout cas c'était ce que ses tâches faisaient comprendre, c'était tout simplement incroyable. Il y eut une drôle d'expression sur le faciès de notre protagoniste, comme choqué, prit d'un mal de ventre soudain. Le cœur s'accélère, le regret commence à naître en lui, comme hypnotisé par ce faciès qu'il connaissait malheureusement. En fait, c'était surtout les géniteurs de la jeune fille qu'il avait croisé par le passé dans Kiri, lorsque son père adoptif donnait des réunions dans l'enceinte de sa demeure. Shen et Rima, c'est comme ça qu'ils s'appelaient et elle c'était Eden. Elle venait d'ailleurs de le prononcer, en même temps que Shio le pensa, tout commençait à se mettre en place dans sa tête.

Voilà qu'il baissa alors son arme et la rangea rapidement dans son fourreau, il n'y avait plus rien à craindre désormais, au contraire. Il était temps de renouer des liens avec un passé qui se faisait si lointain, si distant. Il était temps de repartir sur de nouvelles bases et d'apprendre à connaître ce petit bout de femme. Que faisait-elle là tout de seule, où étaient passés ses parents, eux qui étaient de si bons guerriers par le passé. En tout cas Shio espérait qu'ils ne l'avaient pas laisser tomber, une jeune fille de son âge ne peut se retrouver seul dans ce monde de brutes, remplis de guerres, d’affrontements en tout genre. Il lui fallait un guide, quelqu'un pour l'accompagner durant les épreuves de la vie. Être seul ce n'était pas une partie de plaisir et encore moins quand on est jeune, c'est bien l'un des pires moments. Concrètement, le Kaguya ne savait pas quoi faire face à sa confrère, il était comme paralysé, il avait tant de choses à lui dire, tant de choses à découvrir qu'il ne savait même pas par quoi commencer. C'était le bordel d'un seul coup dans sa tête et il n'avait pas une main rassurante sur son épaule pour l'aider à réfléchir. Pourquoi elle et pourquoi maintenant? Comme si quelqu'un s'amusait à lui mettre des personnes sur son chemin, comme pour le guider. C'était un signe et il se devait d'en comprendre son sens. Une expression particulière se plaça alors sur son visage, un mélange de tristesse et de joie, c'était étrange, mêlées à quelques paroles à moitié compréhensibles :

- Eden ... Que fais-tu là toute seule ? Où sont Shen et Rima ?

Il avait fait exprès de préciser les prénoms de ses parents, comme pour lui faire comprendre qu'il les connaissait, même si dans le fond il n'avait que très peu échangé avec eux. Mais, ils avaient eu pour l'habitude de les croiser, de les saluer et de retenir leur faciès. Même si son corps et ses capacités se faisaient limités, il n'en n'avait pas pour autant perdu la mémoire et notre homme n’oublie jamais des visages, encore moins ceux des Kaguya. Shio ne savait plus trop quoi dire, il était comme bloqué et pour le coup la surprise était de taille, comme quoi parfois le monde est petit. Il se décida alors à prendre son courage à deux mains, après tout il ne devait pas avoir peur face à une jeune fille, sinon elle ne le prendrait pas au sérieux, elle ne le respecterait pas comme elle se doit, surtout venant d'une Kaguya. Il se racla quelques instants la gorge avant de reprendre d'une voix un peu plus sérieuse, comme si d'un seul coup il prenait son "rôle" d'oncle à cœur, comme s'il l'était pour de vrai :

- Je ne pensais pas revoir un Kaguya... Depuis la destruction de Kiri ... Je croyais mon clan éteint.

L'attente d'une réponse ne s'était jamais faite aussi longue, il était comme stressé et tentait tant bien que mal de le cacher. C'était une toute autre tournure des évènements, maintenant tout prenait un sens pour lui et il comprenait mieux cet instinct de guerrière chez la jeune femme. Désormais la suite s'annonçait excitante voir même intéressante, Eden Kaguya. Quelle surprise se dit-il ...

Enfin l’acier retrouva sa place, au fond de son fourreau. Il avait suffi qu’elle montrait son visage, ses origines, pour que le Samouraï baisse sa garde et lui offre un semblant de confiance. Mais étrangement, c’était la même chose pour elle. Quelque part, c’était une confiance dangereuse. Ils avaient beau porter le même nom de famille, leurs objectifs étaient probablement très différents, peut-être même opposés. Mais il serait bête de s’en faire un ennemi, alors qu’il était le premier parent qu’elle rencontrait depuis le début de son voyage. Parent ou non, un détail frappa Eden …. Shio avait l’air … Déstabilisé, très surpris même de la voir. Du moins, bien plus qu’elle-même. Se pourrait-il qu’il en sache plus sur elle qu’Eden le pensait ? Tout était possible ! Quelque peu perplexe, mais toutefois curieuse, la jeune femme fixait l’autre Kaguya, attendant qu’il réagisse, qu’il fasse ou dise quelque chose. Depuis qu’elle avait dévoilé son visage et son nom, le guerrier était resté sur place, le visage prit par une certaine stupeur, presque sclérosé par le choc. La stupéfaction passait, la tristesse envahit son faciès, une tristesse joint à la joie de retrouvé quelqu’un de proche, ou plus ou moins. En le voyant ainsi, si troublé et triste, Eden eut un pincement au cœur. Pourquoi d’ailleurs ? Elle ne le connaissait pas ! Cependant, son prénom faisait écho à un passé plus que lointain, mais pas oublié, ou pas totalement. Shio … Elle l’avait appelé: oncle, par logique, tous les Kaguya étaient liés par le sang. Mais était-ce vraiment le cas ? Aussitôt, la jeune femme s’interrogeait sur sa famille. Elle cherchait à se souvenir. Son père, ou sa mère, avait eu un frère ? Elle ne savait plus. Peut-être était-ce son parrain … Ou quelque chose comme ça. Chaque question restait sans réponse. Jusqu’à ce qu’il se fasse entendre.

‘Eden, que fais-tu là, toute seule ? Où sont Shen et Rima ?’ Sa seule réponse fut un froncement de sourcils. Il connaissait donc ces parents ? Certes, cela répondait à l’une de ses interrogations, mais en apporter un tas d’autres. Shio la questionnait avec une certaine … Intimité, familiarité, presque sympathie d’un père envers son enfant. Il lui parlait comme s’il la connaissait, elle commençait à se douter de cela. Tout en prenant une moue curieuse, la jeune femme répliqua. « Tu connais donc mes parents ?... Qui es-tu ? Enfin … Je veux dire, pour eux, pour moi … Nous avons quittés Kiri bien avant sa destruction, je ne me souviens pas de grand-chose. Pourtant, ton nom m’est familier … » Son regard de sang exprimait un certain trouble, elle était dans le flou. Eden avait besoin de réponse, tout comme lui d’ailleurs. Enfin, elle eut un soupir et remit sa capuche pour se cacher de la pluie, laissant toutefois son visage à vue. « Pour te répondre. Ils vont ‘bien’. Nous vivons au pays du feu depuis notre … Désertion dira-t-on. Mais je suppose qu’il n’est pas nécessaire que je te fasse un dessin. Tu es un Kaguya, tu sais tout comme moi que notre vie est fugace. » Des vies éphémères car des squelettes usés et éreintés à force d’utilisation. Tous les Kaguya n’avaient pas le temps de voir la vieillesse arriver, voilà ce qu’elle sous-entendait, ce qu’elle voulait lui faire comprendre. A la remarque de Shio, elle eut un sourire en coin. « Nous ne sommes pas éteint, juste désunis, individualistes … Dispersés dans le monde. Là est ma quête. Retrouver chaque survivant pour reformer le clan que nous étions jadis. Et tu es le premier sur qui je tombe … » A cette réplique, Eden le fixait avec un peu plus d’insistance …

Puis elle se mit à rougir légèrement quand son ventre se mit à grogner, quelque part elle espérait que ce soit étouffé par la pluie, peu probable ceci dit. « J’ai posé mes affaires dans une auberge à Marutagoya, c’est à deux pas d’ici. Ça te gène de t’y rendre ? On pourrait discuter au chaud, avec de quoi manger et …. Le prends pas mal surtout Oji-san, mais tu sens mauvais, t’y prendra un bain ! » Pour le coup, elle ne lui demandait pas son avis, elle l’imposait ! Dans ce bain qu’elle réclamait, son visage se fit plus autoritaire, presque intimidant. Les femmes pouvaient l’être quand elles étaient fâchées ….

Elle avait ce caractère type des Kaguya, vous savez ce côté froid et distant, mais avec un soupçon d'amour quand il s'agit du clan, de la famille. On sentait briller cette flamme dans ses yeux, elle savait que Shio avait son importance, qu'il avait un rôle à jouer pour elle. Celle-ci lui fit comprendre qu'elle ne savait qui il était dans le clan, du moins de quelle famille venait-il et bien il allait lui expliqué très clairement. Après tout ilé tait le fils adoptif de l'ancien chef des Kaguya, il connaissait les relations diplomatiques, les divers liens entre les famille et les anciens qui étaient désormais les parents de la génération d'Eden. Oui, Shio avait vu les manieur d'os se soutenir entre eux, il avait vu le clan à son paroxysme et aujourd'hui il l'observait en train de disparaître, il était temps de réagir, de prendre les rennes. Mettant la main sur l'épaule de la jeune fille comme pour la rassurer il prit la parole d'une voix protectrice, comme si elle était devenu sa protégée, il avait comme une folle envie de prendre soin d'elle. Pourquoi ? Il ne le savait pas vraiment, mais c'était une Kaguya, il se devait de la protéger, de tous les protéger. :

- Mes parents furent forcés de me donner au chef du clan Kaguya de l'époque, j'ai donc pendant longtemps cotoyé chaque famille du clan lors des réunions. J'ai vu chacune d'entre elles plus soudées que jamais et c'est désormais de mon devoir de toutes les réunir, pour que le clan retrouve son éclat d'antan !

Ses paroles étaient fermes et dans sa voix on ne sentait aucune hésitation, il y avait là un homme bien déterminé qui se tenait debout face à un faciès qui lui rappelait tant de souvenirs. La jeune fille reprit alors la parole, elle souhaitait se rendre dans une auberge, ce qui se trouvait être une très bonne idée. Après tout et comme le soulignait la jeune fille cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas pris de bain. Souvent les périples se font dans la crasse, malheureusement ...

- Très bien allons y !

Suivre la jeune fille restait donc la solution à tout ses problèmes. Apparemment Eden savait où se trouvait l'auberge qui n'était pas très loin de là. Notre homme suivait le pas d'un air déterminé, prêt à bondir à chaque danger, il agissait même comme un garde du corps de la jeune femme, prêt à la protéger de chaque ennemi. Durant cette marche il pensait, il réfléchissait au futur aux Kaguya, car apparemment, Eden n'était pas la seule survivante. Il y en avait encore combien ? Cela sonna comme un gong dans la tête de notre protagoniste, Shio allait tous les retrouver et avec elle. Le but ? Redorer son blason.

- Je vais t'aider ... On va tous les retrouver ne t'en fait pas ...

Au bout de quelques minutes ils arrivèrent devant l'auuberge qui semblait presque abandonnée. Néanmoins ce serait un bon pied à terre pour la nuit et surtout pour reprendre des forces. Bien qu'il n'avait pas un Ryos, Shio ferait tout pour rembourser la jeune femme dans un futur proche. Il n'aimait pas les dettes et encore moins qu'on lui fasse des cadeaux. Souriant bêtement, il attendait la suite des évènements, une bouteille, un bain, une nuit ... La suite s'annonçait palpitante !

Ce geste fut étrange …. Etrangement agréable en vérité. Eden cherchait sa famille depuis un moment maintenant. Et Shio fut le premier à se manifester – même si la manière de faire laisser à désirer -. La jeune femme était contente et rassurée de tomber sur lui, un membre de sa prestigieuse famille. Et pas des moindres ! Le fils de Feu le chef de clan. Bon, adoptif, mais ce n’était qu’un détail. Les Kaguya avaient toujours étés soudés, c’était une grande famille puissante et proches, l’adoption n’était pas un frein à la fraternité. Pendant qu’il parlait, Eden avait la tête levée vers lui, l’écoutant avec attention, comme s’il s’agissait de son père. Shio levait le voile sur son objectif : Rassembler le clan pour lui redonner son éclat maintenant bien terne. Cette nouvelle fut une grande surprise par la jeune femme. Il partageait donc ses envies et ses objectifs ? Cela ravie la jeune femme ! Mais pouvait-elle vraiment lui accorder sa confiance ? Certes, il était un Kaguya, mais …Il s’était présenté comme : Anciennement Kaguya. Maintenant Samouraï. Pourquoi ? Elle voulait savoir mais n’osait pas le demander. Peut-être ne voudrait-il pas en parler … Non, il n’y avait pas de place pour le doute, pas maintenant ! La Brunette devait savoir et elle comptait bien lui demander des ‘comptes’.

Autre bonne nouvelle : Le guerrier était prêt à la suivre, sans trop douter de ces intentions. En même temps … Il n’avait pas vraiment de quoi la craindre, il pouvait la tuer sans la moindre difficulté, c’était triste à avouer, mais Eden n’avait pas de mal à se dire faible, elle le savait. Mais bref. Sans plus de cérémonie, la jeune femme contourna l’autrefois Kaguya pour reprendre le chemin vers la ville. Ils n’étaient pas très loin et la cote était directement relié à la petite cité. Dans la marche, la jeune femme glissa les mains dans ses poches pour se couvrir du froid. La capuche toujours sur la tête, elle tendait juste l’oreille pour entendre les pas de Shio, comme pour s’assurer qu’il suive. En vérité, elle ne se doutait pas qu’il était en train de jouer les ‘gardes du corps’, elle n’avait pas tellement besoin de protection, sa tête n’était pas mise à prix et elle n’était pas une criminelle recherchée, mais après tout pourquoi pas … Se sentir protéger pouvait être flatteur. « Je vais t’aider … On va tous les retrouver ne t’en fais pas … » Cette phrase fit rire la brunette. Elle ne put s’empêcher de répliquer. « On dirait que tu parles à une gosse qui a perdu ses bonbons … J’suis pas une gamine tu sais, alors ne me traites pas comme tel s’il te plait. » Sa réplique aurait pu être agressive, surement l’aurait-elle été s’il n’était pas ‘ comme elle’. Mais, pour le coup la demoiselle s’était montré plutôt douce.

Après un instant de marche, Eden arriva à l’auberge. Ce n’était pas grand le luxe … Mais le confort qu’elle offrait été amplement suffisant pour un voyageur comme elle, ou lui. En entrant, la jeune femme salua l’aubergiste, elle s’arrêta un instant pour demander un repas pour deux ainsi que du thé. Elle plongea la main dans sa poche pour sortir des ryos et payer sa commande. Le vieil homme ramassa l’argent, disant qu’il lui apporterait cela dans une vingtaine de minutes. Assurée de cela, la Brunette prit le chemin de sa chambre, travers à couloir de cloison de papier. Elle tira le shoji de sa chambre et y pénétra, invitant Shio à la suivre. La chambre était plutôt banale : Un futon, une table avec deux tatamis, une salle de bain caché par une cloison de bois, un second shoji donnant sur le jardin de l’auberge. Puis à côté du lit, les choses de la Kaguya. Un sac avec des vêtements, un wakizachi à la teinte verdâtre et un petit renard blanc roulé en boule sur le lit. En entrant, la jeune femme retira son manteau et ouvrit la cloison du jardin pour aérer la pièce. Pendant un instant, elle regardait par-dessus son épaule pour le voir. « La salle de bain est par-là. » Bon il n’y avait pas de porte … Juste un paravent imposant. La Kaguya attrapa son petit familier et partit vers la porte du jardin, elle prit place sur les tatamis, tournant le dos à Shio pour lui laisser de l’intimité. Cependant, elle l’interrogeait en regardant la pluie, une main posée entre les oreilles du renard, le caressant. « Pourquoi tu disais être : anciennement Kaguya ? »