Music ♫:

J'étais consciente qu'il fallait que je m'offre un panel plus important de techniques diverses et variées pour surprendre au mieux mes adversaires : je me reposais trop sur ma maîtrise du sang et mon ninjutsu. Hors la première, bien qu'essentielle dans mon style de combat, me demandait d'user trop de mon sang sain, ce qui m'affaiblissait rapidement et ne me permettait pas de durer dans le temps lors d'un affrontement. La deuxième, restait une maîtrise élémentaire simple à parer si mon ennemi possédait son contraire...

Cela faisait déjà quelques temps maintenant que j'y pensais : certes je ne pouvais pas mourir d'hémorragie tant qu'il me restait du chakra mais je je pouvais pas pour autant refermer mes blessures graves comme je pouvais coaguler mes plaies superflues : c'est pourquoi j'avais pour projet d'apprendre la médecine défensive ! J'avais bien pensé a Takeshi, mon donneur officiel et ami, pour jouer les sensei mais en tant que médecin, il avait déjà beaucoup à faire mais j'ignorais qui d'autres pourrait me l'enseigner au sein du village...

Parallèlement à cela, mon entrée au Kakumeigun était toute récente et j'espérais, à travers mes nouvelles fonctions, pouvoir en apprendre plus à ce sujet auprès de mes coéquipiers ou à travers les registres que nous possédions sur les différents membres du village et ainsi me perfectionner pour mettre à profit mes nouvelles capacités pour le village.
Je me rendais donc, d'un pas serein devant la porte du bureau de mon supérieur que j'étais censée assister pour réaliser les différentes tâches qui m’incombaient.
Frappant à la porte, j'attendais qu'il daigne me donner l'autorisation de pénétrer dans son bureau pour m’exécuter. Je m'approchais alors de lui tandis qu'il me demandait ce que je lui voulais pour le lui expliquer :

« Yamada-san, avez vous connaissance d'un expert en médecine ici, à Suna ? Je pense que la maîtrise de mon clan pourrait s'en voir grandement renforcée si je parvenais à apprendre cet art... »

J'avais bien sûr, demandé autour de moi au préalable mais j'étais certaine qu'il serait davantage au fait de ce genre de choses que moi.
Me soigner moi et autrui : un atout essentiel au sein d'une équipe. Pouvoir m'infliger à moi même des blessures plus importantes pour extraire plus de sang de mon corps et parvenir à me soigner ensuite. Peut-être même me servir de cette faculté pour rendre certains de mes jutsu bien plus offensifs... Ou encore étudier mon propre sang pour trouver un moyen de pallier à ma maladie, synthétiser le sang récupéré sur mes ennemis de moi même et ne plus passer par mon ami docteur... Plusieurs possibilités s'offraient à moi suite à cet apprentissage.

Inquisitrice, les yeux rivés dans ceux de mon interlocuteur, j'attendais la réponse de mon supérieur.

Le Yamada se montrait définitivement trop suspicieux ! Croire que j'avais souhaité rejoindre le Kakumeigun pour mes propres intérêts ? Si tel avait été le cas je n'en aurais pas vu l'utilité : ma sensei était la Kazekage et elle aurait été a même de répondre à mon questionnement.

« Je n'aurais pas eu besoin de mes nouvelles fonctions pour me renseigner à ce sujet puisque ma sensei aurait été capable de me répondre. »

Simplement, alors que je me mettais au service du village et de ma nation de façon plus impliquée encore, j'avais commencé à songer aux capacités que je pouvais mettre aux services de mon pays et en cela, je voulais étoffer mon champs de possibilité.

Après coup, je me rendais finalement compte qu'il ne semblait pas sérieux sur son interrogation... Etait-ce un moyen pour lui de se jouer de moi tout en me montrant qu'il me faisait dorénavant confiance ? J'imaginais que j'étais entrée un minimum dans son estime si j'étais parvenue à intégrer le Kakumeigun.

Il m'apprenait toutefois qu'il connaissait quelqu'un, ce à quoi je ne doutais pas, me précisant toutefois que la personne en question ne me ferait sans doute pas part de son savoir gratuitement... Qu'étais-je censée faire pour le convaincre ? D'ordinaire c'était moi qui jouait les négociatrices... Jusqu'où j'étais prête à aller ? A tout semblait un peu trop pompeux à mon sens pourtant...

« Je suis déterminée et prête a réaliser les tâches et services qui me seront demandés pour obtenir le droit de ce savoir. »

Mon supérieur m’entraînait à l'extérieur de son bureau, et même en dehors du Quartier Général du Kakumeigun... M'emmenait-il directement face à mon professeur ? Ce n'était pas la peine de se donner tant de mal, une identité m'aurait suffit...
Pourquoi cette voie ? Une nouvelle question...

« J'aimerais apprendre la médecine pour pallier à ma maladie sanguine : régénérer mon propre corps au mieux suite à l'utilisation de mon sang. Entrevoir les possibilités que me donnerait la maîtrise de cet art pour pousser mon pouvoir à un niveau impossible actuellement sans quoi je perdrais la vie. Me permettre d'étudier le sang de mes ennemis pour conserver des échantillons. Et aussi pour être un atout essentiel dans ma team : une équipe a toujours besoin d'un soigneur. »

Voilà tout autant de raisons qui servaient aussi bien mon intérêt personnel que celui d'autrui pour leur sauver la vie. Ce n'était pas une décision prise sur un coup de tête mais bien une réelle volonté d'accroître mes possibilités.

C'est ainsi que nous parvenions tout deux dans une échoppe d’apothicaire et droguerie. Il était vrai que pour exercer un tel métier de vente, il était préférable de connaître la médecine pour parvenir a connaître aux mieux les effets des différents poisons et autres breuvages curatifs.
Le Yamada demandait un poison et un médicament faisant office de drogue... pourquoi tout ça ? Je déglutissais un instant, sentant la panique me gagner alors qu j'imaginais aisément qu'il avait sans doute l'intention de m'injecter ça dans le sang... Mon fluide vital était particulièrement réceptif aux corps étrangers qui l'encombrait alors même qu'il était déjà corrompu par ma maladie... C'était bien pour ça que j'évitais de boire de l'alcool et que la seule fois où j'avais mêlé mon sang à une drogue sans le savoir j'avais complètement perdu pieds tant mes veines s'étaient mises en alerte et que mon chakra bouillonnait sous la crainte et la confusion... Si je m'apprêtais a vivre ça : ça n'allait vraiment pas être une partie de plaisir... Que comptait-il en faire ? Je tâchais tout de même de retrouver mon calme : ce n'était pas avec l'esprit embrumé que je parviendrais à me concentrer sur mon objectif : l'apprentissage de la médecine.

Devais-je en conclure qu'il était celui qui maîtrisait cet art ?
Je l'observais, les yeux rubis méfiants avant de lui demander :

« Yamada-san... ne serait-il pas préférable que j'apprenne a malaxer mon chakra d'iroujutsu avant d'être confrontée a une quelconque situation ? »

Je n'avais rien contre être au cœur de la situation dramatique pour apprendre mais je n'allais réussir à rien, même avec toute la bonne volonté du monde, si je n’apprenais pas comment modeler mon chakra en faveur de la médecine...

Lorsque mon supérieur me parla du service que je devais rendre, je comprenais qu'il était la personne maîtrisant la médecine. Si ça c'était pas un coup de chance de questionner la personne toute désigné, capable de m'aider. Il m'expliquait que je devrais participer à une fête spéciale : ce qui ne me disait rien qui vaille... Après tout j'avais fini ligoté à une chaise et torturée dans un genjutsu la dernière fois qu'il avait eu une idée : il était donc normal que cette annonce me laisse perplexe et méfiante...

Le Yamada ingurgitait le poison sous mes yeux ébahis et paniqués. Que faisait-il ? 2Tais-je censé le sauver ? Je ne savais pas comment faire ! Je savais bien que je lui avais répété de me faire confiance mais tout de même s'en était trop ! Je n'étais pas en mesure de le sauver en faisant appel a à chakra qui m'était inconnu !
L'adrénaline qui m'avait envahi subitement face à sa vie mise en jeu, redescendait d'un cran lorsque je constatais qu'il ne semblait pas affecter par les affres du poison pourtant désormais dissout dans son sang. Comment faisait-il cela ? Comment était-il en mesure d'arborer un calme olympien alors qu'un venin rongeait son corps ? Ne souffrait-il donc pas ? Parvenait-il réellement à contrôler ce fluide étranger qui gangrenait son corps ? Force était de constater que tel était le cas.

Il m'expliquait la différence entre malaxer son chakra pour parvenir à me servir de la maîtrise et apprendre a modifier son chakra pour qu'il puisse soigner : c'était ce point qu'il me fallait travailler avant toute chose. Je comprenais qu'il préférait me mettre face à la situation la plus compliquée a savoir se sauver soit même : comment garder son sang froid alors qu'un poison disloque votre corps peu à peu ? C'était la la difficulté : garder son calme quoi qu'il arrive. J'étais d'un naturel calme mais pas lorsqu'il s'agissait de mêler mon sang à une substance quelconque : là, je paniquais aisément, voyant alors mon sang sain lui même disparaître pour se corrompre via un corps étranger alors qu'il sait déjà le faire de lui même.

J'avais l'habitude de cerner les corps étrangers dans mon corps car mon chakra et mon sang se mettaient en alerte lorsque c'était le cas : c'était bien pour ça qu'il m'était entre autre, désagréable de boire de l'alcool. C'est pourquoi, lorsque j'ingérais la drogue fourni par le marchand et tendu par mon chef, je ressentais de suite sa présence dans mes veines. Une chaleur étrange commençait à m'envahir alors que j'étais peu à peu prise de bouffées de chaleur. Je me raidissais un instant, voulant chasser cette infamie en accroissant ma régénération sanguine et ainsi me créer plus de sang pour mieux le diluer. C'était une très mauvaise idée car le produit demeurait toujours et parallèlement à cela, je possédais désormais plus de sang contaminé dans mon système d’irrigation : la panique m'avait fait faire n'importe quoi. Bien sûr, le Yamada ne pouvait pas savoir que j'avais mis en alerte mon corps pour qu'il accentue ma production d'hémoglobine.

Je relevais la tête vers mon instructeur, l'avisant d'un œil nouveau. J'avais envie de son sang... Oui si je prenais son sang je pourrais sûrement me soigner... Mes yeux flamboyaient d'une intense avidité alors que mon désir pour lui s'accroissait de façon exponentielle. Je m'approchais de lui, chancelante sous les effets de la drogue alors que mon corps bouillonnait d'une étrange façon. Je m'arrêtais face à lui, me rattrapant a son épaule sur laquelle je posais la main alors que mon regard demeurait un instant livide et hagard tandis que je haletais de chaleur, combattant la substance qui habitait mon corps. Mon chakra s'affolait, tentant de repousser les particules du corps étrangers hors de mes veines sans y parvenir. Je plaçais la pointe effilée de ma bague au dessus de mon avant bras, voulant me créer une plaie de laquelle je pourrais repousser la drogue : je le pouvais, je le savais, je l'avais déjà fait pour du poison... Mais je ne parvenais pas a éliminer tout de cette façon et je savais que ce n'était pas ce que l'on attendait de moi. Pourtant... l'envie de le faire était des plus présentes : je devais me faire violence pour y renoncer.

Je tentais de me concentrer, perdant le fil de mon angoisse pour revenir sur autre chose. J'ignorais ce que j'avais ingurgité mais cela renforçait ma soif de sang ou en tout cas : mon désir... Je m'humectais les lèvres et déglutissais tout en observant son cou : une goutte... rien qu'une goutte... J'approchais mon visage du sien, a quelques centimètres de son cou alors que mon souffle chaud, emprunt d'envie, lui caressait la peau. J'ouvrais la bouche, découvrant des canines effilées, m’apprêtant à me repaître de ma proie pour me sauver ou plutôt, boire le liquide vermeille de mon sauveur... mais je me ravisais. Je me stoppais moi même dans ma course, comprenant que cela ne servirait à rien non plus. Mon regard prédateur n'en avait pas moins disparu , et, lorsque je reculais la tête pour planter mes yeux écarlates dans les siens, brillant du même éclat, c'était pour lui montrer mon air envieux.

Je le dévisageais, emportée par la passion qui me consumait et irradiait mon cœur tandis que mon sang se lovait dans une chaleur doucereuse et caressante. Toujours portée par mon émoi, j'approchais mes lèvres gonflées d'envie vers les siennes, doucement, avant de détournée la tête subitement et de regarder dans une direction contraire. Une main toujours posée sur son épaule, je portais l'autre sur mon front tout en plissant les yeux : je devais me concentrer... Je canalisais mon souffle, me concentrant sur moi même et non plus sur mon environnement ni même sur la drogue qui suivait le cours de ma circulation sanguine. Mon attention était désormais toute portée sur mon chakra que je tentais de modeler différemment. Il me fallait contrôler ce corps étranger, rassembler ses particules et ne plus le laisser me nuire...
J'allais sans doute y parvenir... Il me fallait du temps pour faire abstraction du reste...

Le monde oscillait, se dirigeant tantôt vers la souffrance et le mal aise et tantôt vers une sensation beaucoup plus chaleureuse et épanouissante. Bien sûr, c'était cette voie que je voulais choisir : pourquoi se meurtrir lorsque l'on peut prendre du plaisir ?
Ma raison flanchait mais résistait. J'entendais la voix du Yamada comme un écho lointain alors qu'il me donnait quelques recommandations. Visualiser. Imaginer. Circuler. Propager. Discerner. Encercler. Isoler. Détruire...
C'est ce qu'il voulait que je fasse : mais pourquoi ? Pourquoi anéantir ce qui vient tout juste de commencer ? Pourquoi ternir ce qui se montre si passionné, intense et désireux ? Je n'avais pas envie d'occulter cette sensation de mon corps ni de mon esprit...

Il ne quittait pas mon regard, je ne lâchais pas le sien, capturant ses iris rubis entre les miens. La lueur de mes pupilles s'intensifiaient de nouveau, brillant du même éclat qu'auparavant, et plus profond encore. Nos visages étaient face à face et parallèle mais nos yeux convergeaient vers ceux de l'autre. Les miens descendaient vers les lèvres, les avisant avec une avidité nouvelle, alors que je désirais les sceller entre les miennes. Le voyait-il ? Le comprenait-il ? Plus que son corps, c'était son contact que je désirais, ses caresses dont j'avais envie. Dans l'univers dans lequel j'avais choisi de me soustraire pour faire abstraction du reste, il m'apparaissait, devant même le centre de celui-ci, vers qui toutes mes pensées convergeaient.

Je ne prononçais aucun mot, laissant planer autour de nous une aura mystique et chaleureuse emprunte de convoitise. Ma main posée sur son épaule accentua légèrement son étreinte tandis que je l'observais avec concupiscence, les doigts de ma main libre venaient effleurer sa joue du bout de leur pulpe alors qu'un frisson parcourait mon échine sous son contact. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'il n'attrape mon poignet pour m'éloigner de son visage alors que je frémissais sous la pression de mon bras captif. Sa peau était chaude, au moins tout autant bouillante que la mienne et mes yeux n'avaient pas cessé de sonder les siens. Etait-ce son pouvoir de Yamada et le contrôle qu'il exerçait sur le poison qui flottait toujours dans son corps ? Ou bien se laissait-il lui tenter par la passion fulgurante qui embrasait nos âmes ?

J'inclinais légèrement ma tête tout en la rapprochant de son visage, baissant un tant soit peu le regard vers sa bouche alors que mes lèvres s'en approchaient. Je le voulais. Sa peau, son corps, lui...
Mes veines tambourinaient contre ma chair, mon sang pulsait vivement pour m'alerter du danger et de la drogue qui l'encombrait, me stoppant une nouvelle fois dans ma course et dans mon élan, duquel je ne pu que détourner la tête au dernier moment et ainsi poser mes lèvres sur la commissure des siennes et sur sa joue. Le nez posée contre cette dernière, je fermais les yeux en reprenant mes esprits, expirant mon souffle chaud le long de son visage.

Je devais me concentrer, il me l'avait dit. Je devais l'écouter pour ne pas laisser la drogue me consumer. Une couleur... le orange m'apparaissait nettement. J'imaginais le tracé du chemin qu'avait parcouru la substance dans mon corps, visualisant cette traînée orangée qui s'était éparpillé dans mon fluide écarlate. Je me focalisais dessus, tentant de cerner cette couleur avec mon chakra qui se dressait face à lui. Je ne devais pas la repousser : cela ne servait à rien car elle n'avait nulle part où aller : je devais simplement la détruire... L'étau de mon chakra se refermait autour de la trace orange, la brisant à son contact alors que je sentais mon sang ternir sa chaleur devenue exponentielle. Le souffle court, haletante, après avoir user d'une force que je ne connaissais pas, je perdais pieds et me rattrapait à lui, mon front touchant désormais le creux de son épaule alors que ma respiration était lourde tandis que j'étais en sueur : j'avais réussi.

Je reprenais peu à peu mes esprits alors que ma respiration retrouvait sa cadence habituelle. Le Yamada me demandait comment je me sentais, plaçant sa main dans mon dos pour m'aider à me redresser, doucement, alors que son simple contact me procurait encore quelques frissons du fait de quelques restes de la drogue dans mon organisme.

Je m'hydratais à grande gorgée, perlant de sueur face à l'effort inconsidéré fourni du fait de mon inexpérience en la matière. Le marchand nous laissa seuls, à la demande de mon supérieur tandis que je craignais la nouvelle idée qui venait de germer dans son esprits... Il barricada portes et fenêtres si bien que nous étions coupés et isolés du monde extérieur. Cette atmosphère confinée me rappelait la salle d'interrogatoire par laquelle j'étais passée en sa compagnie. J'attrapais la fiole de la drogue que j'avais ingéré plus tôt tandis que le Yamada faisait son office. Mes joues s'empourpraient instantanément alors que je pouvais lire que cet aphrodisiaque n'agissait que si la personne l'ayant ingéré, ressentait un intérêt envers sa proie... Non... ce n'était pas possible ! Je devais simplement être plus sensible a ce genre de substance se mêlant à mon sang du fait de ma maîtrise !

Il me parlait d'apprentissage et de maîtrise, m'apprenant que ce que je venais d'affronter n'était que la première étape de l'enseignement. De ce que je comprenais, il souhaitait cette fois servir de cobaye, me laissant sa vie entre les mains. J'étais a la fois effrayée et flattée de sa considération. Effrayée était compréhensible et flattée l'était tout autant lorsque l'on savait que le Yamada n'éprouvait pas vraiment une confiance absolue dans les membres de mon clan. J'avais la pression et je me devais de l'évacuer de suite. Je n'avais aucune idée de ce qu'il venait d'ingérer et le nom scientifique du produit ne m'aida pas vraiment à en identifier la nature.

Sa main se posait sur son cœur alors qu'il commençait a perdre pied : que devais-je faire ?! Tentant de se rattraper au comptoir, il chutait au sol dans un bruit sourd alors que son visage devenait livide et perlait de sueur tandis que ses yeux se voulaient de plus en plus vitreux. Le centre de sa douleur semblait être son palpitant : c'était donc là que je devais agir mais que devais-je faire concrètement ?! La panique me gagnait alors que je faisais mon possible pour garder mon calme.

Sa respiration devenait irrégulière et lourde. Je me précipitais devant lui, posant une main sur son torse pour tenter d'évaluer ses battements cardiaques : ils étaient beaucoup trop rapide ! Il me fallait trouver une solution mais je devais avant tout lui donner un rythme plus régulier et vite ! Je ne savais pas comment m'y prendre...

Une montée d'adrénaline me galvanisait alors que je voyais la vie de mon chef s'éloigner peu à peu. J'entaillais sa peau et gouttait son nectar, me permettant de contrôler son sang et d'agir sur ce dernier pour ralentir sa course et réduire son rythme cardiaque : il fallait à tout pris ne pas surmener son cœur pour éviter qu'il ne lâche.

J'ignorais quels autres effets allaient provoquer la substance mais pour l'heure, j'étais parvenue a stabiliser ses palpitations, irriguant son sang de moi même via ma maîtrise. Ce n'était pas ce que l'on me demandait, j'en étais consciente, mais sa vie était en jeu et je n'avais pas trouvé meilleure solution pour le moment... Je ne voulais pas risquer de le perdre.

J'étais parvenue a stabiliser son rythme cardiaque : évitant la crise, mais il n'était pas tiré d'affaire pour autant. Je l'observais attentivement, cherchant à déceler le moindre signes qui me permettrait d'identifier son état et donc le mal qui l'assaillait.
Son regard changeait, il était désormais crispé et presque effrayé. Etait-ce la douleur qui lui faisait arborer un faciès si défiguré de vulnérabilité ? Cela ne semblait pas être ça... Il tendait la main vers moi presque... affectueusement. Cette dernière effleurait ma joue, et se glissait dans mes cheveux dans un geste attentionné : il n'était pas dans son état normal. Revivait-il des scènes de son passé ? Voyait-il une personne à laquelle il tenait à la place de ma personne ? Etait-il plongé dans un genjutsu ? Ou bien délirait-il simplement sous les affres de la drogue qu'il avait ingéré ? Il s'agissait peut-être d'un mélange de tout cela a la fois... Je l'ignorais mais j'imaginais aisément qu'il ne se trouvait pas au même endroit que moi et qu'il se captivait de la présence d'une tierce personne qui me remplaçait. Je ne le connaissais pas suffisamment pour savoir de qui il s'agissait néanmoins, je partais du principe que peu importait qui il voyait, je me devais simplement d'attendre la suite pour mieux comprendre : il n'avait pas l'air de souffrir pour l'instant si ce n'était son regard qui trahissait le contraire.

C'était assez déroutant de voir mon supérieur aussi ému face à une situation que je ne comprenais pas et qu m'échappait : je l'observais sous un nouveau jour.
Sa caresse se faisait plus insistante alors qu'il me rapprochait de lui tout en glissant son autre main dans mon dos pour m'étreindre. Je ne me sentais pas particulièrement à l'aise mais c'était davantage l'incompréhension qui me mettait dans cet état que le contexte en lui même.

La tristesse se reflétait dans ses yeux ainsi qu'une pointe d'amertume. A qui étais-ce destiné ? Il semblait pudique avec les femmes et la façon dont il m'abordait à présent me laissait à penser que la personne lui était très proche : une sœur ? Ou bien... Zanshi ? Je savais qu'il était en couple avec ma Kazekage et ma sensei ce qui pouvait expliquer alors son comportement... M'avait-il confondu avec elle du fait de mes yeux qui brillait du même éclat écarlate qu'elle et que lui même ? Possible...

Son visage se rapprochait toujours plus du mien, front contre front, je sentais son souffle chaud et encore légèrement saccadé, contre ma peau, ne sachant que faire ou comment réagir... Il devait bien y avoir une fin quant à ses visions non ?
Le voir ainsi m'exposer ses faiblesses me faisait presque de la peine : il semblait revivre un événement marquant qui n'avait pas été que rose avec l'élue de son cœur...
Une parole s'élevait alors de sa bouche, lui qui n'avait pas dit mot depuis un moment, confirmant alors mes propos précédents : sois toi même... Faisait-il référence au passé tortueux bien connu de la Kazekage ? C'était assez paradoxal puisque, même en sachant pertinemment que cette parole ne m'était pas destinée, je parvenais à m'y identifier... baissant un instant le regard, songeuse. Je voulais être moi même mais je n'y parvenais parfois pas... Pas quand Megami réussissait à reprendre le dessus malgré tous mes efforts pour la contenir : je ne voulais pas qu'elle nuise...

Je me décidais de jouer le jeu pour l'apaiser. Une fois que j'y serais parvenu et qu'il se montrerait moins agité et tourmenté, je pourrais détruire la drogue qui perturbait son esprit. Je posais donc ma main sur la sienne, qui était sur ma joue, me voulant rassurante.

« Je ferais au mieux pour l'être... Mais ne t'en fais pas ! Quoi qu'il advienne, je serais là pour toi, tu ne seras pas seul : jamais ! »

La première partie de la phrase s'adressait à moi même : je faisais ce que je pouvais pour contenir ma Némésis. Quand au reste de la phrase, c'était avant tout ce que moi même je souhaiterais pouvoir entendre de quelqu'un d'autre pour ne pas souffrir de ma solitude lancinante et pesante...

Il semblait se calmer quelque peu si bien que je posais ma main libre sur son torse sans rompre l'étreinte par peur de rehausser ses craintes. Je cherchais alors son cœur sous mes doigts tout en tentant de percevoir une nouvelle fois cette traînée de la substance qui m’apparaissait de façon orangé.
C'était presque comme ci je visualisais l'intérieur de ses veines, percevant la présence du corps étranger alors que son sang s'agitait du fait de la présence de ce dernier : je le sentais sous mes paumes, j'avais localisé le produit.

Le Yamada arguait être seul : qu'il avait été abandonné. J'ignorais ce qu'il s'était passé mais à en voir son expression, il avait visiblement souffert de cette situation. Il estompait son contact, retirant peu à peu sa main de ma joue alors que son regard fuyait le mien : emprunt aux doutes...
C'était perturbant d'être face à une situation que je ne pouvais maîtriser car je n'en connaissais ni les tenants ni les aboutissants... Il fallait que je le soigne et vite mais d'un autre côté, j'étais curieuse de son histoire, des détails de sa vie qu'il pourrait m'apprendre sous l'effet de cette substance et qu'il plongerait au silence une fois qu'il aurait retrouver ses esprits. Une autre partie de moi avait envie de l'aider et c'était bien celle-ci qui m'étonnait le plus : je n'avais pas pour habitude de venir en aide à autrui, mes problèmes et ma vie étaient déjà suffisamment complexes pour que je n'en rajoute pas en plus... Mais le voir dans une position de faiblesse, lui, Chef de l'unité spéciale, me montrait que chacun avait une part faible : nous étions humains après tout. Le plus éminent Kage pouvait aussi être tourmentés et en proie à l'incertitude. Moi qui détestais les faibles, je devais bien admettre que tous le monde y était sujet.

Mon supérieur ajoutait que même si Zanshi était là, il demeurait seul et je ne parvenais pas à comprendre le sens de ses paroles... Se sentait-il tout de même rejeté ? N'était-il pas lui même ? Etait-il perdu ? Cela me rappelait les propos d'Oniri sur son lit d'hôpital lorsqu'elle s'était éveillée du coma : sans souvenir. J'avais été sa seule bouée de sauvetage, son seul repaire alors qu'elle avait oublié une bonne partie de sa vie. Récemment, je lui avais avoué tout ce dont elle voulait se souvenir puis j'avais fini par la perdre pour de bon : notre amitié était brisée après toutes ces révélations... Kioshi aussi était en quête de vérité ? Peut-être que les autres ne souhaitait pas la lui donner par peur de le perdre... Ou peut-être me trompais-je complètement.

Elle, elle ne serait jamais seule... Il sous entendait qu'il serait toujours là pour elle... Je me sentais émue de ces propos, je me demandais comment aurait réagit ma sensei en les entendant. Tout comme je me demandais ce qui n'allait pas avec elle... Pourquoi le Yamada se montrait sous ce jour là en s'adressant à elle et pourquoi il m'avait demandé de la surveiller ? Suspectait-il quelque chose à son encontre ? Quoi qu'il en soit, il était rongé par ce sentiment... Nul doute qu'il tenait à elle... J'étais quelque part envieuse de ma sensei, moi, je n'avais personne qui me voyait de cette façon et j'étais trop incertaine sur moi même et mes priorités pour me donner corps et âmes envers les personnes qui pouvait penser cela pour moi. Cependant, ses mots semblaient évoquer autre chose que je ne parvenais pas à déchiffrer...

Sa main quittait mon dos pour venir se poser sur la mienne, sur son torse. Il cherchait mon regard, le sondant pour y trouver quelque chose qui m'échappait : c'était troublant...
Son ton changeait et exprimait une nouvelle fois de l'amertume : reprochant les faits passés et moi je ne savais pas quoi dire... Il fuyait désormais le contact et même mon regard, se demandant si elle ne cherchait pas seulement à s'amuser en le torturant. Je perdais le fil de la substance orangée, retournant ma main posée sur son torse pour enserrer la sienne qui était au dessus, cherchant à capter l'attention de ses pupilles écarlates avant de le rassurer, une nouvelle fois :

« Je sais ce que j'ai fais mais je n'étais pas moi même et en tout cas je n'étais pas celle que je suis devenue aujourd'hui... Le passé appartient au passé, il ne sert pas a construire l'avenir : seul le présent compte. »

Et ce présent, moi qui était elle, je le passais avec toi.
Il ne fallait plus qu'il fuit mais qu'il affronte ses démons pour envisager le futur. Je savais a quel point ce n'était pas simple car je me reconnaissais a travers toutes les paroles que je prononçais tout comme en lui qui ne parvenait pas à passer outre ce qui le poursuivait. De mon autre main, je passais un doigt sous son menton, lui relevant la tête, pour le forcer à me regarder ou tout du moins à observer celle qui voyait à travers mon regard.

« Avance maintenant. »

Il devait prendre conscience de tout ce qui l'obsédait et ne pas s'en faire pour elle, elle s'était reprise en main, elle savait ou elle allait : je suppose.
Je repositionnais ma main paume contre son torse, ne prenant pas la peine de retirer la sienne : j'en avais assez entendu, je devais le sortir de là.
Je me concentrais, remarquant bien plus vite la présence du corps étrangers que je forçais a se rassembler tout en infusant mon chakra – qui me semblait différent - dans son corps. Il venait encercler le produit, qui se mouvait allègrement dans son sang, pour mieux le détruire. Ma propre respiration s'était saccadée, haletante de l'énergie que j'y avais consacré alors que je ne maîtrisais pas encore bien ce nouvel art. Je laissais ma main sous la sienne, espérant qu'il reprenne ses esprits.

Il était désormais gêné et fuyant : comme je m'y attendais... Il fallait dire qu'il m'avait confié toutes ces choses, me faisant pénétrer dans sa sphère intime alors que tout cela ne me regardait pas et qu'il ne m'en aurait touché aucun mot sans cette drogue. Il s'était montré attentionné a mon égard, caressant ma joue, prouvant son affection, m'embrassant presque...
Je n'étais pas vraiment gênée de la situation mais plutôt d'avoir été propulsée de cette façon dans la confidence sans son consentement et qu'il réalisait désormais que je n'étais pas celle qu'il croyait avoir en face de lui depuis le début.

Son regard ne m'observait plus, il ne semblait pas savoir quoi faire et moi je n'osais dire mot par peur de l'enfoncer davantage encore dans le mal aise. Je ne le jugeais pas différemment même en apprenant tout cela, c'était plutôt ma sensei qui me faisait me poser des questions... Qu'avait-elle fait ? Pourquoi Kioshi semblait si « détruit » par leur relation qui paraissait connaître moult difficulté ? Je ne possédais pas les réponses à ses questions et je décidais de ne pas m'en mêler , pour l'instant... Je n'avais pas suffisamment d'éléments pour en tirer des conclusion hâtive et cela ne me regardait pas vraiment... C'était une histoire visiblement entre eux. A vrai dire, cela me pesait de constater un mal être sans que je ne puisse apporter de solution pour qu'il soit résolu... C'était la même chose avec Oniri : l'impuissance était le pire des fardeaux...

J'avalais ma salive difficilement, trouvant ce silence plus pesant encore que la situation mais je ne parvenais pas a trouver les mots justes... J'étais toujours haletante et je retirais doucement ma main de la sienne, sur son torse. J'imaginais aisément qu'il pensait perdre la face devant moi, perdant sa crédibilité mais je venais de réaliser quelque chose d'important dans cette expérience : tout le monde possède sa part de faiblesse, il n'y avait pas de honte à s'y abandonner parfois. Mon estime pour lui n'en était pas affectée : au contraire, j'avais découvert une nouvelle facette de sa personnalité, bien différente de ce que j'avais l'habitude de voir depuis le peu de temps où nous nous connaissions.

Je restais a genoux alors qu'il s'était redressé, me tournant presque le dos pour m'annoncer que j'avais visiblement réussi... Je n'en étais même pas heureuse ou flattée comme j'avais pensé l'être... J'étais bien trop accaparée par la scène qui s'était jouée devant mes yeux. Ces derniers se risquaient à l'observer tandis que je me redressais. Reprenant la parole, inquisitrice :

« Vous êtes sûr que ça va ? »

Je remplissais un verre d'eau et le lui tendait, manquant une fois de plus de mots, parvenant tout juste à lui susurrer :

« ça n’altérera pas mon jugement... »

Non, ça l'avait étoffé et renforcé même. Je n'étais personne pour oser juger, ou reconsidérer mon estime : il était et resterait toujours mon supérieur, le Chef du Kakumeigun, quoi qu'il puisse se passer dans sa vie personnelle. Je n'osais plus le toucher pourtant, j'avais envie de lui prouver que j'étais toujours là si jamais il avait besoin d'en discuter mais j'imaginais que cela semblait sans doute prématurée... Il avait retrouvé ses esprits et reprit sa position de supérieur : je ne pouvais plus me permettre les écarts que j'avais fait en jouant le jeu pour l'apaiser...

Je tentais de me faire la plus discrète possible, évitant de me trouver dans son champ visuel pour ne pas susciter de mal aise inutile en lui alors qu'il reprenait doucement ses esprits. Nous étions toujours enfermés dans la boutique, barricadés avec le monde extérieur, seuls dans une atmosphère lourde mais pourtant plus supportable que l'agitation externe. Je m'asseyais sur le comptoir, laissant mes jambes pendre dans le vide et se balancer en portant un nouveau verre d'eau à ma bouche. J'inclinais la tête sur le côté pour observer son expression devenue bien mystérieuse...

« Merci... »

Dis-je presque dans un murmure.

Merci pour l'enseignement, merci pour la confiance que vous m'accordez, merci malgré tout pour ces aveux inavoués : merci d'être vous.