Apparence actuelle de Zenno:

Une attente, dans ce restaurant fréquenté par quelques habitués de la haute et moyenne classe. Ici se concluaient bien des affaires a plus ou moins grande envergure. Et c’est là, sous couvert d’une histoire de négociation commerciale, que j’avais fait convier celui dont j’avais appris récemment qu’il était devenu le Chef du clan Kadoria : Kouga. Une histoire bien montée, tout droit sortie de mon imagination, qui aurait le mérite de faire venir Kouga à moi, sans compromettre son éventuelle position actuelle au sein du village. Ce serait un énorme gâchis pour lui, surtout pour un paria qui n’en vaut pas la peine.

Au bout d’un moment, Kouga apparut. Je le détaillais du regard pendant qu’il me cherchait. Un serveur lui indiqua ma table. A son attitude, je revoyais en lui ce shinobi efficace. En lui, je retrouvais la proche définition parfaite du ninja. Je le sais être quelqu’un de plutôt respectueux de la hiérarchie, même s’il est parfois enclin à quelques "folies" personnelles. Je le sais être avant tout un homme libre. J'ai conscience qu’il est probable qu’il s’en prenne à moi, dans la mesure où je suis potentiellement recherché par le pouvoir en place. Simple possibilité à prendre en compte même si un gentlemen’s agreement tacite devrait avoir lieu entre le Rokudaime et moi. Mais sais-t’on jamais ? La voie des shinobis est une voie trouble, empreinte de peurs, de craintes qui se muent en haine puis se traduisent en actes. Je vous laisse deviner de quelle sorte. Pour ma part, tenter quoi que ce soit contre le pouvoir en place à Kumo n’est pas ma priorité. Pas pour le moment…

Le Kadoria a compris qui j’étais dès l'instant où le serveur lui a désigné ma table. Sans pour autant voir mon visage, sans avoir entendu ma voix. La perspicacité de cet homme me plait, d’autant plus qu’il a la délicatesse de ne pas prononcer mon nom ou mon titre lorsqu'il s'assied en ma compagnie. Je me laisse aller à un sourire et redresse la tête, juste assez pour que nos regards se croisent et qu’il ait confirmation que c'est bien à moi, Seki Zennosuke, qu'il a affaire.

« Je crois que tu serais venu à moi-même sans ces artifices. Mais il vaut mieux être prévenant. Sais-t’on jamais ? »

Le serveur vient à nous et je lui demande de l’eau et du saké. Pour nous deux. Puis je m’intéressais à nouveau à mon invité.

« Nos rapports ont le plus souvent été professionnels qu’amicaux. Même si nous avons vécus pas mal de situations périlleuses ensemble. Mais malgré tout, il m’est arrivé de souvent penser à toi. Peut-être est-ce que tu appelles le manque ? »

Un petit sourire au coin de la bouche.

« J’ai ouïe dire que ton statut avait changé au sein de ton clan et que tu avais été plus ou moins préservé de la chasse aux sorcières ayant eu lieu après l’intronisation du Rokudaime ? »

Le serveur était revenu avec nos verres… Je me servis et bu en premier de l’eau.

J’eu rapidement confirmation de mes suppositions en ce qui concerne la nomination de Kadoria Kouga au poste de Chef de clan. Une situation pour le moins normale. Une chose qui à mon sens fait plus de sens que la décision précédente que ce Conseil avait pris lorsqu’il nomma mon ancien élève. Sho au départ était trop tendre, voyant la vie en rose. Puis il a fini par devenir instable et présenter un risque pour son clan, pour Kumo. Un peu comme avait voulu me faire passer à priori le Rokudaime aux yeux des kumojins. A la différence que l'ancien chef Kadoria était réellement "parti en couilles" comme on dit. Je croisais les bras sur la table, regard fixé sur Kouga, même si, au fond, je ne le regardais pas. J’étais songeur. Je revoyais le visage de ce Kadoria, venu aux portes du village demandant un poste ne lui appartenant pas au départ sur la base de paperasse. Il avait cru que seule son lien de sang avec le Shodaime servirait à faire d celui un Kage. Comme si Kumo était un royaume appartenant à la lignée des Kadoria. L’homme que j’avais en face de moi, était l’un d’eux. Mais de l’histoire des Kadoria, il était probablement l’un des plus posés, des plus sûrs, des plus à même d’exercer le pouvoir. Et visiblement, ce Kadoria n’appréciait, lui non plus, guère la présence du Rokudaime.

Je baisse les yeux. Serrant les dents, sans le montrer. Je viens d’avoir un moment de trouble. J’ai ouïe dire que j’avais été diabolisé. Jusque-là j’avais pensé qu’il ne s’agissait que d’une vile technique pour faire tomber mes soutiens et susciter de nouveaux pour ce pouvoir. Évidemment, ceux qui étaient mes ennemis, cachés ou évidents, au sein du village se rapprocheraient nécessairement de ce pouvoir. Mais, était-ce nécessaire d’en arriver là ? À sa place, avais-je descendu le pouvoir précédent ? Peut-être est-ce dû à cet affrontement ?

« Moi une menace pour le Daimyo ? Lui ? M’écarter ? »

Je relevais les yeux vers Kouga. Curieusement, je parvenais à me maîtriser. Alors qu’en temps normal, c’est-à-dire, si c’était encore la période où j’étais Raikage, j’aurais frappé du poing sur la table et je me serai probablement emporté. Mais là… J’encaissais plutôt bien. On dirait que les épreuves m’avaient quelque peu assagi. Oserais-je dire mûri ?

« Tout Kumo sait que de notre affrontement initial, il a été celui qui a dû battre en retraite. Je n’ai pas besoin de te dire qu’il n’est pas meilleur que moi au combat… Même s’il dispose de pouvoirs particuliers, comparativement aux vôtres Kadorias "normaux". Mais je puis m’avancer sans mentir en affirmant que tu le battrais au combat. »

Je crois que c’est plus ma fierté qui m’a fait parler ainsi. Mais je n’avais guère terminé. Mon ego avait pris un coup. Il me fallait ramener les choses sur le droit chemin.

« Peut-être ai-je présenté une menace pour Kaminari, pour Kumo... Jamais je n’ai été une menace pour le Daimyo. Figures-toi que c’est le Daimyo qui m’a destitué en la seule présence de la Régente Monjara Otenba. J’aurais été une menace pour le Daimyo, je l’aurai tué sur le champ. Même la Régente n’aurait rien pu y changer… C’est encore le Daimyo qui m’a assigné à résidence surveillée. Et je l’ai accepté, laissant carte blanche au Rokudaime... »

Je baissais les yeux vers le verre de saké. J’en buvais une gorgée calmement. Étais-je résigné face à Kage ? Non. Mes objectifs étaient différents, éloignés de cet homme, pour le moment. Alors, il pouvait en profiter.

« Voilà la vérité, sans artifices. Qu’il se complaise à vouloir descendre le Godaime Raikage. Il ne pourra tuer dans le cœur et l’esprit des kumojins Seki Zennosuke, le Raikage ayant été le plus proche des populations. Il ne pourra tuer Seki Zennosuke, le plus fidèle kumojin qui soit… »

Et je posais mon regard sur Kouga. C’était peut-être le rabaisser lui, Kouga, mais pour ma part, je sais que très peu d’hommes seraient capable d’en arriver à certaines extrémités pour Kumo, pour Kaminari. Quant à moi, en digne fils de Seki, le sacrifice pour cette terre ne serait pour moi qu’une digne fin accordée à un homme ne vivant pour la Foudre.

« Après… Il me semble que je paie les erreurs dues à ma gestion des nombreux conflits ayant émaillés mon règne. Mais s’il doit en être ainsi ! Je l’accepte. »

Je bus une nouvelle gorgée de saké.

« J'imagine qu'il a dû descendre tout le travail accompli... Quelle est sa vision pour Kumo ? Qu'a t'il fait de Hasaki et du Satoru ? Qu'as t'il fait de toute l'ancienne structuration du village ? »

Je me redresse sur mon siège. Kouga a le don de me mettre sous le nez de bien désagréables vérités. La perspective d’échec total, sans nulle issue, face aux actes du Kadoria me glace de rage. Une rage sourde qui s’exprime pour le moment par le biais de l’agacement. En mon sens, tout n’est pas perdu. Peut-on effacer des mémoires aussi vite Seki Zennosuke ? Sur de simples allégations ? Il me semble que non. Ce serait bien trop aisé. Je n’ai pas eu à tenter un retour à Kumo. Je n’ai pas eu à tester ma popularité auprès des troupes kumojines. Mais, d’après les infimes réactions que j’ai suites à quelques rencontres fortuites, il me semble que je suis loin d’être mort et enterré. Malgré ce qu’en dit Kouga. Après… Il est certain que c’est lui qui vit à Kumo et que c’est lui qui maîtrise bien mieux que moi la réalité du terrain.

« Je ne le réduis pas à cette dimension bien entendue. Je souligne une de ses faiblesses… »

J’y adjoins un clin d’œil. Dois-je être plus clair ? Il me semble que non. Kouga est un homme fort intelligent. Il craint certes que je me méprenne sur Horitsu alias Tsuhiro. Comme je me suis probablement déjà mépris à son sujet au point qu’il me fasse tomber de mon piédestal. Mais je retiens cette leçon du passé. Cet échec est surtout dû à une active recherche de sa part par les Kage précédents; recherche appuyée par les désirs du Daimyo. Il est vu par eux comme une sorte d’homme providentiel longtemps attendu. N’eut été la demande du Daimyo de me retirer, par quel moyen aurait-il réussi à me supplanter ? Question centrale à laquelle Kouga, il me semble n’a pas accordé suffisamment de temps.

« S’il lui a été si aisé de devenir Raikage, ne crois-tu pas, qu’en faisant comme lui, je pourrais le supplanter ? Il me semble que je peux disposer de bien des soutiens. Les mécontents, ceux qui n’ont pas foi en lui ou tout simplement, mes alliés. Vous devez être nombreux à ne pas adhérer à son discours… »

Je me caresse le menton, prend le verre de la main gauche et bois un trait le restant. La boisson est forte. Très forte. Je la sens brûler mon estomac.

« Mais… Comme je te l’ai déjà dit, redevenir Raikage ne m’intéresse pas. Du moins, pas dans l’immédiat. Il y a bien des choses que je pourrais mener dans l’ombre… Puis-je avoir la certitude que tu m’es fidèle ? »

Je croise les doigts et avance mon buste un peu vers lui.

« Entendons-nous bien. Il n’est pas dans l’intérêt d’un Raikage digne de ce nom, de déstabiliser son propre peuple, sa propre nation. Nous sommes des shinobis et il nous faut penser et agir comme tels. Il n'y a pas de place aux sentiments. Le pouvoir restera en place, mais j’aimerai que toi et moi nous collaborions sur plusieurs sujets... Dans l'ombre. Il nous faut vider des menaces que l’actuel Raikage, pour des raisons politiques, ne peut prendre en charge officiellement. Il vient d’accéder à son poste, il lui faut un temps où il tentera de conquérir les cœurs. Seulement, Kumo ne peut rester inactif pendant cette période… Et c'est là qu'est mon rôle de Godaime Raikage. Dis-moi, le Rokudaime at’il pu faire revenir les prisonniers du Shukai ? »

Je lui faisais signe de faire attention à ses réponses, car j’appelais à moi notre serveur si particulier.

Je souris. Je souris parce que j’ai en face de moi, un homme, un homme avec tout ce qu’il y a de plus complexe dans ce mot, cette notion. Kadoria Kouga est ce que je peux considérer comme un shinobi. Un des plus proches de ce que peut renfermer cette idée. En bien, comme en mal. Il est proche d’un autre homme qui lui est, sur bien des plans, similaire, quoi que lui, est, il me semble, un poil plus franc. Mais qu’est-ce que la franchise dans le monde ninja ? Il me semble qu’une thèse pourrait être écrite à ce propos.

Je le respecte un peu plus maintenant qu’il me dit, les yeux dans les yeux, qu’il est fidèle à Kumo et non à ma seule personne. J’apprécie cette franchise, car au fond, je connaissais sa réponse bien avant qu’il ne me la donne. Toute la ligne de conduite du Kadoria, sobre dans ses interventions, efficace autant que possible, sans guère faire de vagues, prouve à suffisance que c’est le village et ses institutions qu’il sert. Je comprends là, qu’il est comme moi, en quelques sortes obligé de respecter en âme et conscience l’ordre actuel des choses, pour autant, dans le même temps, il n’hésiterait pas une seconde à secouer l’arbre aux fruits mûrs si nécessaire. Je comprends aussi cette possibilité à travers les mots qu’il utilise.

« J’apprécie ton honnêteté. »

Je prenais quelques sushis que je portais à ma bouche. Il venait d’éveiller ma curiosité, car, je l’avais pressenti, quelque chose l’intéressait par rapport à ma réapparition. Au-delà de la soudaine prise de pouvoir du Rokudaime, quelque chose ne tournait pas rond. Il allait m’en dire plus, car j’allais le questionner de ce pas. Mais d’abord… échangeons rapidement sur cet épisode de libération.

« Libérer Saito dis-tu ? Saito a été enlevé par Horitsu lors de notre face à face aux portes… Que me contes-tu là ? Comment pouvait-il être à libérer ? »

Sourcils froncés. Je ne comprenais pas. Il y avait une nouvelle zone d’ombre. Un part de ténèbres à éclaircir.

« Ne t’inquiètes pas pour ça. Ce n’est pas pour cette simple opération que le Daimyo l’apprécie. Il faut que tu comprennes qu’il a été recherché par le Shodaime et le Yondaime. Activement. A travers ces deux hommes, c’est également le Daimyo qui le faisait chercher. Pour quelle raison ? Je l’ignore. Au-delà de ses caractéristiques particulières, je doute fort qu’il puisse être un homme providentiel. Je ne crois pas aux contes de fées. »

Autant dire que je ne crois pas au Rokudaime, mais cela n’avancerait en rien ces discussions. Je me saisis de quelques sushis, que j’expédie dans ma bouche.

« Cette mission a-t-elle était réussie ? Qui détenait Kuroba et Shinji ? Où étaient-ils ? En compagnie de qui ? Lors de ta mission as-tu eu affaire à ce binoclard répondant au nom de Michiki ? »

Je sortais une représentation du binoclard avec qui j’avais partagé la table de discussion autour du Daimyo de Mizu no Kuni. Des informations le concernant, remontant aux premières guerres Kiri – Kumo étaient détenues à son encontre. Rien de bien important cependant.

Ma façon de tourner les choses mettrait probablement la puce à l’oreille de Kouga. Mais je n’avais nul autre moyen que de lui demander directement ce qu’il avait vu et qui il avait vu lors de la libération de Monjara Shinji et de Kadoria Kuroba. Je me redresse sur mon siège. Une chose me chiffonne dans toute cette histoire.

« Qu’est devenue Tsukiyo Koémi ? Depuis mon retour je n’entends guère parler d’elle. La chose a le don de faire penser au pire. »

Il me semble que tout ce que j’étreins fini par périr. Suis-je maudit ?

Un shinobi doit toujours savoir garder son calme et rester impassible quelle que soit la situation. Voilà une loi du monde ninja que je n’ai pas toujours su correctement intégrer. Même lors de ma période de magistère à la plus haute fonction ninja au sein de Kumo, il m’arrivait de perdre mon sang froid. Il m’arrivait de laisser passer mes émotions. Au final, un lot d’épreuves ont permis de me maîtriser un peu mieux face à ces… tares. J’encaisse donc stoïquement la nouvelle concernant Tsukiyo Koémi. Je n’ai pas bougé, toujours dos collé au dossier du siège sur lequel je suis assis. Mon regard cependant laisse filtrer une rapide lueur d’une effroyable dureté. L’affaire d’une fraction de seconde. En moi, un sentiment de colère monte. Et ce sentiment prend bien plus d’ampleur lorsque j’entends ce que le Rokudaime a pu faire faire à Kouga par le biais d’un infâme chantage. Je dois dire que je n’en crois pas mes oreilles. Il me semble que j’ai été bien souvent limite, en ce qui me concerne, par rapport aux événements de la vie, cependant, il me semble avoir toujours montré des valeurs positives envers mes hommes. Du moins, tant que ceux-ci ne représentaient guère de menace envers Kumo. Si le Rokudaime était capable de pareilles choses envers Koemi, Saito et Kouga… qu’avait-il pu faire alors à Hasaki ? Je plisse des yeux.

J’écoute la suite de cette rocambolesque histoire. La présence d’Oterashi Yanosa, Kusa no Kuni, une bataille et bien des destructions. Je me laisse aller à un long souffle expulsé de ma poitrine. Comment en est-on arrivés là ? Telle est la question. Probablement par pur laxisme. Pur laxisme de ma part. Le fait que j’accepte cette lubie du Daimyo nous a conduit à devoir supporter la domination d’un Kage sorti d’on ne sait où avec des méthodes plus que douteuses. Ai-je bien agi ? Il y a de quoi se poser la question.

« Je dois dire que tout ce que tu me rapportes là me laisse perplexe. En tant qu’ancien membre du Shukai, ce Rokudaime aurait pu faire mieux par rapport à la gestion des prisonniers et à l’échange qu’on aurait pu en attendre. Le fait qu’il te contraigne de la sorte par le biais de Saito est tout bonnement… »

Je laisse échapper un souffle de dépit. Le mot qui suit devrait être "immoral", j'aurais pu rajouter "bas", mais sur le moment… Je ne sais pas. Je n’ai guère pu le prononcer.

« J’espère que Kuroba n’est pas mort. C’est un shinobi d’avenir… Par contre, le cas du Rokudaime commence à me préoccuper. Il m’a semblé qu’il avait plus la tête sur les épaules, qu’il était plus juste envers ses hommes. Ces pratiques me laissent penser le pire… Et je comprends mieux ta mise en garde initiale. »

Peut-être va-t-il falloir agir ? Si cet homme, ce Kadoria était capable de telles bassesses, il m'apparaît maintenant évident qu'il a dû faire bien pire... Il me semble que j'ai été naïf. Bien trop naïf, moi qui d'habitude est si soupçonneux. Je revois les étapes de l'accession au pouvoir du Rokudaime. Une confrontation, des lettres faisant état de son lien de sang avec le Shodaime, un kidnapping, un retour, ma chute, des pressions exercées sur Kouga, un nettoyage complet de toute l'organisation pré-existante... Même le Satoru y est passé. Aurais-je dû gentiment m'asseoir et observer tout cet enchaînement d'événements ? Pourquoi suis-je si passif ?

Je stoppe mes réflexions et me met à me restaurer un peu. Je vais devoir m'en aller sous peu. J'ai à faire. Mais avant de partir, il me faut partager quelque chose avec Kouga.

« Il faut que je te dise. J'ai besoin que tu ouvres l’œil sur une question précise. Lors de l'assaut à Mizu, deux cas de traîtrise ont été révélés. Nous nous sommes chargé du cas du rônin ayant été à l'origine de la capture de Kuroba. Mais, un autre, plus important subsiste. Lors de l'assaut, nos troupes ayant opéré masqués ont fait face à des adversaires au courant de leur identité bien avant les premières escarmouches. Ce qui devait être une opération éclair s'est mué en guet appens. J'ai trois suspects. Le numéro un est Goren. Ex sunajin avec qui je me suis allié depuis des années. En secret. Notre alliance a toujours bien fonctionné jusqu'à cette affaire Mizu et son retournement de veste spectaculaire lors du sommet au pays de l'Eau. Il était, avec Monjara Shinji, chargé d'éliminer les capitaines de l'expédition shukaijine. Tous deux se sont fait capturer et curiosité, lui s'est fait relacher pour les besoins du sommet. »

Je marque une pause. Je laisse mes paroles pénétrer l'esprit de mon interlocuteur. Il risque probablement d'encaisser un trop plein d'informations. Mais, la chose est nécessaire. Il faut qu'il sache car il est fort possible que j'ai besoin de lui dans le futur pour certaines tâches.

« Le deuxième suspect n'est autre que Monjara Shinji lui-même. Capitaine de l'expédition kumojine, envoyé au front des semaines plus tôt pour une mission long terme pour les besoins d'espionnage des mouvements shukaijins. Cette mission secrète a t'elle été le l'occasion pour lui de tisser des liens avec les troupes shukaijines et alliées ? C'est fort possible. Car il est des choses que je ne m'explique pas. Shinji a été capturé. Qui l'a fait libérer ? Puis comment se fait-il qu'il ait été le seul à ne pas subir les vagues de destitutions après la prise de pouvoir d'Horitsu ? Par ailleurs, sa mission était d'assassiner les chefs des troupes ennemies. Rien ne s'est déroulé comme tel... »

Il n'y a certes pas assez de preuves. Mais il y a trop de zones d'ombres, trop d'accointances... Il me faudrait creuser plus. Mais je n'ai guère fini.

« Mon troisième suspect est un certain Kira Zento. Un samouraï ancien rônin. Un pacifiste qui pourtant a combattu aux côté de Goren dans cette affaire. Lui aussi a été capturé. Mais à ce jour je n'ai aucune idée de ce qu'il est advenu de lui. Il a possiblement été mêlé à cette affaire de traîtrise. Quoi qu'il en soit... »

Je ne termine pas ma phrase. Inutile de prononcer certains mots. Kouga comprend parfaitement la situation.

« L'heure est grave il me semble Kouga... J'ai quelque chose à faire. Quelque chose d'important. Essayes de t'informer si possible sur le cas Shinji. Tu n'en sauras certainement pas plus, mais il me faut un œil sur ses faits et gestes. Je ne me le pardonnerai pas si j'ai laissé Kumo aux mains du Shukai par une manœuvre aussi savamment orchestrée. Il faut réagir. »

Je note quelque chose sur un bout de papier et le remets à Kouga. Il est fort possible qu'en réalité, le Shukai ait investi Kumo via ce Rokudaime. C'est une des suppositions qui me vient à présent à l'esprit. Maintenant que je vois un peu plus clair dans le jeu du "Sixième."

« Si tu es avec moi, retrouves Shadis et les autres du Satoru. Remets ceci à Shadis. »

Spoiler:

Je me lève et m'en vais, laissant Kouga baignant dans un océan d'incertitudes.