À ma descente du navire, je n’ai pas jeté un seul coup d’œil à la troupe qui m’a, malgré tout, sauvé de l’île. J’ai eu besoin de me retirer, de m’en aller au loin, seul avec mes pensées pour un long moment. Je me suis ressourcé à ma maison dans les îles de feu Kiri. J’ai eu amplement de temps pour prendre soin de mes Katanas, de Chokushi, de mes chats et de mon entraînement. Après plusieurs jours, j’ai pris une décision. Je sais que mes alliés sont à Kumo et m’attendent depuis près d’un mois, mais il y a encore une chose qu’il me reste à faire avant de continuer ma quête pour la paix : comprendre.

Ainsi, à l’aide de ma vieille bourrique, je me rends à l’endroit qui se nomme Shozaichi. C’est l’endroit où mon rival demeurait avant les événements. Lors de notre aventure sur cette maudite île, la troupe m’avait promis qu’Arekushi était devenu une bonne personne. J’en ai douté aussitôt. J’avais raison. Il est devenu surpuissant. Ce démon communiquait directement avec cette monstruosité artificielle créé par ces gens qu’on nomme Furyous. Il y a trop de facteurs que je ne connais et ne comprends pas.

L’expression sérieuse, je dévore la route me séparant de mon nouvel objectif qu’est de parler au dirigeant de ce groupe-là, cet homme même qui m’a empêcher de combattre le Monstre Jisetsu, celui-là aussi qui s’est pratiquement sacrifié pour sauver les autres, celui qui peut me battre en un clin d’œil : Yanosa. C’est avec lui que je dois parler. Il m’expliquera. Il n’aura pas le choix.

J’arrive finalement quelques jours plus tard alors que le soleil disparaît derrière l’horizon. Les murs du quartier général du Shûkai sont impressionnants. De marbre puissant, ils se lèvent hauts empêchant les autres de pouvoir passer si ce n’est que par des immenses portes. J’observe autour de moi et en hauteur, mais je ne vois personne à proximité. Je fronce les sourcils.

Laissant donc mes deux gigantesques carquois sur mon cheval dans l’optique d’empêcher des mauvaises vibrations. Je fais un pas avant de décider d’enlever ma ceinture sur laquelle se trouvent mes sept autres sabres. Je la dépose ainsi sur la selle et je recommence à avancer plus près de la porte maintenant que je suis désarmé.

Je fais un tour sur moi-même en me disant que je suis observé. Mes mains se lèvent aussi alors que je tourne. Sur moi, je n’ai que mon chandail blanc et un jeans simple et le cure-dent qui se glisse dans ma bouche lorsque j’ai terminé ma rotation. Je me détends aussitôt et j’attends un petit moment avant d’enfin déclarer la raison de ma visite.

- « Je me nomme Takusanken du Clan Zen’Ryou! Je suis ici pour voir Yanosa! »

Le grand et svelte Shinobi rouge tombe du ciel à quelques pas de moi. Sa réception est sans reproche. Alors qu’il se relève lentement, je laisse mes yeux passer sur l’ogive qu’il a effectuée et je me demande si je pouvais, aussi, atterrir de cette hauteur sans me blesser. Une fois redressé, il m’adresse la parole en m’expliquant qu’il avait oublié mon nom, ce qui m’irrite légèrement. Il ajoute qu’il est prêt à me faire pénétrer dans l’enceinte du village si je ne suis pas là pour combattre. Souriant, une fois qu’il termine ses déclarations, je lui réponds.

- « Yanosa, je ne pouvais pas parler à qui que ce soit, j’étais sourd, » commençais-je. « De plus, disons, j’avais à digérer les évènements avec Arekushi et tout. En bref, c’est la raison de ma visite. Je veux comprendre, m’expliquer et, surtout, faire sûr que nous sommes en bons termes à la suite de notre rencontre surprenante. J’ai beaucoup à dire et j’espère que vous êtes du genre à vouloir échanger. »

Par la suite, je lève les bras et je me retourne tout en conservant le sourire.

- « Si vous êtes l’homme que je crois que vous êtes, je n’ai aucune raison de ne pas vous faire confiance. Oui, vous pouvez faire votre contrôle, je n’ai rien à cacher. À Konoha, ils m’avaient appliqué un sceau sur la nuque pour m’empêcher d’utiliser mon Chakra. Vous pouvez faire de même si vous en sentez le besoin. »

Dos au dirigeant rouge, je suis complètement décontracté. Cet homme émane quelque chose de serein. Je crois que sa confiance a tendance à me détendre. Il sait ce qu’il fait et j’ai l’impression qu’il est une noble personne. Mais, comme on m’a souvent dit, je donne souvent ma confiance trop aisément. Néanmoins, j’ai tendance à espérer le bien dans les individus, comme je le fais présentement. Pour ma propre protection, j’ai décidé que, dans le futur, tous les êtres vivants n’avaient droit qu’à une chance de ma part. C’est probablement égocentrique puisque la grande partie du monde n’a aucun intérêt de mon opinion.

*Yanosa, ne me décevez pas, je vous en prie.*

Le Shinobi rouge m’applique donc le sceau. Ainsi, il me sera impossible d’utiliser la plus grande partie de mes habiletés. Cela ne m’importune pas le moins du monde. Cette cité est renforcée et son peuple, ai-je entendu, est fier et fort. Je n’ai pas l’intention de créer le moindre conflit. Par la suite, l’homme m’explique que ma monture et mon équipement sera pris en charge par des membres dignes de confiance. Souriant, je hoche de la tête. Finalement, nous pénétrons dans cette ville aux murs gigantesques.

L’ordre, une fois passer le seuil, m’étonne. Les rues sont bien rangées, les gens semblent s’entraider et la politesse s’avère de mise. Yanosa m’invite à nous repaitre alors que nous marchons dans les chemins de plus en plus désertiques. J’accepte avec joie lui signifiant, par le passage, que j’ai suffisamment d’argent pour payer ma part sans aucun problème.

Une fois à l’intérieur, je remarque que mon guide connait bien l’endroit lorsqu’il ne nécessite qu’un signe pour demander nos portions. Nous prenons donc place, lui légèrement plus confortable que moi. Sa position ne démontre aucune hostilité et je tente d’être le plus décontracté possible malgré la fébrilité évidente qui émane de moi. J’ai si hâte de comprendre.

Yanosa m’invite à m’expliquer avant de poser mes questions tout en prenant le temps de dire qu’il voudrait m’en poser lui aussi. Je conserve mon sourire habituellement considéré comme chaleureux et je hoche doucement de la tête. Ma main droite sort un cure-dent de ma poche contre ma volonté, s’avance sur la table, comme tout mon torse, et, alors que mes coudes se positionnent à l’extrémité, mes doigts commencent à faire danser le petit bout de bois.

- « Évidemment, Yanosa. En fait, je suis un invité ici et je n’en connais pas les coutumes. Je désire faire comme il se doit. »

Je me penche une peu plus sur mes avant-bras avant de continuer.

- « Je suppose que ce qui vous intéresse c’est ma manière d’agir sur l’île, je me trompe? »

Je marque une petite pose durant laquelle je réfléchis à mes prochaines paroles.

- « Sachez, de prime abord, que contrairement aux autres mercenaires et ninjas je n’aime pas mentir ou cacher des informations. Les secrets m’exaspèrent. Néanmoins, je ne vous demanderai jamais volontairement de m’en dévoiler et les seules choses que j’omettrai ou cacherai sont celles que d’autres personnes m’ont spécifiés de garder secret. Je suppose que vous comprenez. »

Je me recule sur la chaise et m’adosse. Mon cure-dent trouve sa place au coin droit de ma bouche et, un peu comme mon interlocuteur, je retrousse mes manches puisqu’il fait plutôt chaud dans l’établissement. Mes tatouages d’araignée et de vipère se révèlent donc. Je tente de conserver le contact visuel avec l’homme.

« En bref, sur l’île, je n’étais pas totalement moi-même. Je suis arrivé là premièrement pour découvrir de nouvelles choses comme la flore ou la faune. Deux autres errants comme moi y sont arrivés en même temps et j’ai décidé de les suivre. L’un d’entre eux m’a lancé dans une sorte de dôme d’énergie. J’y ai vécu une expérience troublante où j’ai combattu des anciens membres de ma famille maintenant morts. Au final, lorsque je me suis réveillé, je suis tombé sur vous. »

Je me gratte le menton de la même façon que Shinji le faisait.

- « Arekushi. » Commençais-je. « Arekushi est horrible. J’ai rencontré des gens meurtriers, lors de mes voyages, mais lui il y prenait plaisir. C’est une vieille blessure. Étant, à ce moment-là, déshydraté, confus et affamé, je le voyais comme un grave danger. Je suis content que vous soyez intervenu. »

Une main passe dans mes cheveux, mais je conserve le contact visuel.

- « Par la suite, j’ai réellement voulu aidé. Je me suis promis de toujours trouver moyen d’agir pour protéger et aider les gens. C’est ce que mon clan fait; c’est ma mission personnelle. Au départ, avant le son démoniaque, je ne vous visais pas, Yanosa. Je visais Nnoitra et je désirais vous pousser hors de mon champ d’action pour être certain que vous ne soyez pas blessé. Ensuite, j’ai bien compris que vous n’aviez pas nécessairement besoin de mon aide. C’est devenu tellement chaotique avec la surdité et l’île qui tentait elle-même de nous tuer. »

Je souris brièvement, comme gêné de mes propres actions.

- « Il y a, je crois, trois choses à retenir : j’ai réellement voulu protéger le groupe et, ce, même avec Arekushi, du moins avant qu’il ne devienne un monstre. Je voulais vraiment essayer de pardonner à ce Démon, mais je crois toujours que j’avais raison de le craindre. Et, finalement, je ne regrette pas mes actions. Toutefois, je crois qu’il aurait fallu mieux communiquer et j’ai été trop hâtif. »

Par la suite, je laisse mes bras tombés à mes côtés.

- « Avez-vous des questionnements ou des commentaires? »

Lorsque Yanosa m’indique que j’aurais pu, et dû, agir différemment, avec plus de jugement, j’acquiesce d’un doux mouvement de la tête. Ce sont des situations compliqués pour moi puisque je n’ai jamais reçu d’entraînement militaire du genre. J’ai toujours eu à me défendre en solo. Donc, agir en groupe est simplement quelque chose que je connais moins.

Par la suite, je sens l’émotion grimper en flèche lorsqu’il me parle de son apprenti, d’Arekushi. Il ne le cache pas vraiment. Je crois qu’il est lié à mon rival de par son passé. Je suppose qu’eux deux ont eu un début similaire : violence, rage, meurtres, façade lugubre dans l’optique de cacher leurs propres faiblesses. Je n’ai pas choisi cette voie.

Arekushi comme Yanosa n’ont aucune idée de mon passé, mais, comme la grande partie de ceux que j’ai rencontré, mon histoire n’est pas ensoleillé d’un astre de joie. Moi aussi, j’ai subi de la souffrance et moi aussi j’ai reçu des coups. Cependant, j’ai décidé d’être du côté de ceux qui aident plutôt que du côté de ceux qui tuent. C’est une différente idéologie. Je ne sais pas quelle est supérieure. Les gens peuvent en dire beaucoup sur les raisons de ma fuite d’Osai et, aussi, du meurtre de mon père. Toutefois, il est plus complexe de remettre mes valeurs en question puisqu’elles sont la vie, la paix, le dépassement de soi et l’entraide.

Néanmoins, j’écoute mon interlocuteur compléter sa tirade. Mes sourcils se froncent lorsque je vois l’intensité au fond de l’homme en face de moi. Je reste silencieux, mais j’aimerais simplement lui dire de parler et de m’expliquer, lui dire que je sais écouter. Notre relation n’en est pas là.

Après un silence lourd de sens, le rouge me demande de lui parler de ma petite organisation. Souriant, je passe une main rapide dans mes cheveux et m’avance un peu sur mon banc. C’est la première fois que je peux en parler à quelqu’un d’important, c’est la première fois que quelqu’un s’y intéresse réellement. Mon ton devient plus enjoué malgré les questions que je désire lui poser sur son passé et sur Arekushi en plus des autres.

- « Notre clan se nomme Zen’Ryou. Je l’ai appelé ainsi parce que le terme bonté et vertu s’allient bien avec ce que nous désirons accomplir. Nous utilisons le Kanji de la paix comme symbole. Pour l’instant, nous ne sommes que trois, mais l’intérêt des gens est facilement piqué avec l’idée d’un monde plus sain. Durant mes voyages, c’est une chose que j’ai remarqué dans presque tous les jeunes Shinobis que j’ai rencontré. Ils ne veulent plus autant de violence! Les gens ne veulent plus de ça, ils désirent un avenir plus sain, plus simple et moins triste. »

Je marque une pause durant laquelle je prends la première bouchée de mon repas et une gorgée de ma coupe. Je savoure un instant avant de complimenter le choix de Yanosa d’une simple levée de verre.

- « Dans notre groupe, il n’y a pas de règles outre un code de conduite que chaque personne se doit de suivre. De par sa nature, le code est évolutif et peut changer selon les idéaux de chacun, c’est ce qui fait que le clan est fort intérieurement : il évolue. Le code est le suivant : toujours aider celui qui est dans le besoin, ne jamais juger avant de comprendre l’histoire, n’utiliser les armes qu’en dernier recours, considérer toutes les personnes comme égales et évoluer en fonction des demandes et besoins. »

Je goûte à une autre portion de mon assiette. Je souris de nouveau. Ce plat est délicieux.

- « Au final, les membres, dont ma personne, doivent avec deux qualités importantes pour faire partie du groupe : une ouverture assez grande et un désir de paix sans limite! »

Je répète mon action précédente.

- « C’est justement grâce au code de conduite que je suis ici. J’ai toujours pris en considération qu’Arekushi, celui que j’appelle mon rival, était un monstre parce qu’il est dans les premières choses meurtrières que j’ai vu dans ce monde, outre mon village se faire complètement démolir lors de la guerre. Mais, c’est contre les valeurs que je désire répandre de juger sans comprendre. Vous comprenez? »

Mon sourire est plus gêné comme un enfant qui a fait une erreur et qui en est conscient. Ce même enfant veut se racheter, mais ne sait pas comment.

- « Bref, la Clan Zen’Ryou veut réellement aider le monde. Ceux qui en font partie sont des gens biens et ne désirent que trouver une façon de réparer les plaies des Shinobis et de faire la paix entre les nations. Nous chassons les criminels et tentons de comprendre pourquoi ils sont ainsi. Nous faisons preuve d’ouverture dans nos manières d’approcher les problèmes et, aussi, nous tentons de rester curieux et ouverts au monde. »

Je déguste une nouvelle fois le liquide qui m’a été servi avec une surprise similaire à la première.

- « Est-ce que ça répond à vos questions? N’hésitez pas à commenter ou en poser d’autres pour faire trembler nos fondations! Le plus solide nous pouvons devenir, le mieux ce sera pour l’avenir! »

Alors que l’homme rouge au statu important m’offre de combiner les forces du clan Zen’Ryou à celles de l’Alliance, je sens mon visage s’illuminer de joie. Cet homme, ce dirigeant militaire, est intéressé par notre objectif. Il l’est suffisamment pour nous offrir d’être des alliés du Shûkai, ce qui prouve que nos intentions sont dans la bonne direction.

Souriant, je tente de me calmer en avalant les dernières bouchées de mon repas et en terminant ma coupe succulente. Une fois mon esprit calme et serein, comme il devrait toujours l’être, je réfléchi convenablement à sa suggestion. De par l’essence du clan, je ne suis pas le chef, mais bien qu’un membre. Je me dois de prendre en considération les avis des autres même s’ils ne sont pas là. Ainsi, je note donc deux bémols à prendre en considération. J’avance donc mon corps de nouveau vers le bord de la table et je dépose mes bras de chaque côté de l’assiette.

« Yanosa, cette offre est pour moi très motivante! Sachez d’amblée que je désire être allié avec l’Alliance, tout le clan le désire! Cependant, je ne peux le faire que sous deux conditions, » dis-je en levant le pouce et l’index tout en conservant la main sur la table. « La première, » continuais-je en baissant l’index, « est la liberté du clan. Il est important pour nous de pouvoir aider les innocents de tous les villages et pays. Notre collaboration devra nous laisser le droit d’être allié avec les autres pays aussi et même les villages neutres. La deuxième, » déclarais-je en interchangeant le pouce et le doigt, « est que nous ne soyons pas inclus dans des batailles politiques. Si l’Alliance désire un développement territorial, nous serons du côté des victimes qui ne veulent pas se battre. Nous ne sommes pas contre l’expansion, mais le Zen’Ryou se veut protecteur des gens qui se retrouvent à subir les assauts et qui ne peuvent pas s’en défendre. Je préfère en parler puisque je ne connais pas vos politiques. »

Je ferme ma main et la ramène vers moi doucement. Elle replace le cure-dent dans ma bouche et se glisse lentement dans mes cheveux avant de lisser une mèche. Mon autre main penche ce qu’il reste de la bouteille et en jauge le poids. Tout en me demandant s’il serait poli de prendre un autre verre, je résume le point de vue du clan.

« Autrement dit, si nous avons liberté d’action pour aider les autres Pays et si nous ne sommes pas appeler pour attaquer des nations, nous serons totalement en accord pour être allié avec l’Alliance. En fait, ça nous fera un énorme plaisir! » Terminais-je en souriant. « Nous serons toujours prêt à aider dans les autres situations : criminels, forces mythiques, dangers naturels ou moins naturels, recherches, investigations, partage d’informations, défense contre des attaques non-justifiées et j’en passe! »

HRP:

Le fait que Yanosa, et donc l'Alliance, accepte mes conditions. Je hoche de la tête alors que l'homme m'explique les objectifs tout à fait louables de sa nation. Il souligne que nous pourrions avoir droit à certaines récompenses ce qui me soutire un certain sourire. Les images de la mission avec le Vétéran apparaissent dans mon crâne et, aussi, le paiement que j'ai reçu par la suite. Il faut dire, ma façon simple de vivre ne démontre pas de ma richesse. Peu de personnes le savent, mais je n'aurai probablement pas besoin d'argent pour le restant de mon existence. Par la suite, Yanosa m'offre de fabriquer un parchemin grâce auquel je pourrai communiquer avec lui. J'accepte d'un autre hochement de la tête. Finalement, mon nouvel allié énonce le nom de Goren ce qui me tire une expression surprise. Je prends une un moment avant de parler, car je ne sais pas ce que me réserve la suite.

- « Oui. Je connais Goren. Nous avons, comment dire, nous sommes en terrain neutre. »

J’observe le rouge pendant une seconde avant de reprendre la parole.

- « Je ne le connais pas vraiment; nous avons eu à faire une mission ensemble. Il m’a laissé pour mort. Par la suite, il m’a payé largement. Maintenant, l’argent n’est plus un problème et le Vétéran, comme je l’appelle, me demande des informations sur différentes choses. Je ne lui en ai jamais donné. Je conserve une relation avec lui de façon à pouvoir un jour le capturer. Cependant, j’ai vite compris que sa puissance était largement supérieure à la mienne. »

Je serre les dents et le poing. Encore une fois, je sens mon impuissance. Goren, le géant de pierre, celui qui peut faire trembler un bâtiment en hurlant. Je n’aurais jamais dû le sauver.

- « Outre ça, j’entends des légendes à son sujet. Je crois qu’il pense que je fais partie de son groupe. Je ne sais même pas de quoi il s’agit. Connaissant le monstre, je me doute que ses membres vont à l’encontre de toutes mes valeurs. »

Je passe une main dans mes cheveux. Je n’en avais jamais parlé à qui que ce soit. Il faut dire que je ne m’attendais pas à la tournure qu’avait prise la mission avec Goren. Je ne m’attendais pas à ce qu’il s’avère être un criminel recherché mondialement. Qui plus est, je n’avais pas décidé de mon partenaire pour cette aventure, c’était Takumaru qui avait tout planifié.

- « C’est la première fois que j’en parle. Il m’avait demandé de conserver le secret, mais, si je peux faire en sorte qu’il cesse de faire du mal, je dois dire ce que je peux. En fait, il m’avait dit de le nommer Kakeshuou dans mes missives, » dis-je. « Je dois dire, il est une des forces les plus violentes que j’ai pu voir. Le message qu’il m’avait envoyé est disparu dans les cendres grâce à un sceau et ça fait un bon moment, déjà. Donc, je n’ai pas de preuves de ce que j’avance. J’en suis désolé. »

Me redresse et terminant ma dernière bouchée, je réfléchis rapidement aux autres criminels que je connais. Déçu de ne pouvoir répondre, je secoue doucement ma tête.

- « Je ne vois d’autres criminels. Il avait bien la comédienne dont je ne connais pas le nom qui était avec Arekushi, il y a longtemps. Elle avait un cœur sur la joue, je crois, et ses cheveux devenaient eau ou quelque chose du genre. Par ailleurs, il y aurait les membres de ma famille que je croyais complètement détruire. Toutefois, avant de m’avancer, je dois faire une investigation à Kumo. Sinon, je n’ai rencontré que des bandits et d’autres petits voleurs. »

Un courant froid monte le long de ma colonne. Je rabaisse donc mes manches et je frotte mes mains ensemble. Je soutiens le regard de mon nouvel allié en espérant ne pas l’avoir irrité. J’ai peur que cet unique événement avec le Vétéran gâche notre relation et cette frayeur doit paraître dans mon expression faciale. Je me maudits d’être aussi ignorant, de ne pas connaître les Furyous ou d’autres criminels. J’aimerais tant être d’avantage utile. J'aimerais tant en connaître d'avantage, mais je ne veux pas passer pour un imbécile. L'enfermement dans mon village si culturellement fermé et mon vagabondage ont duré si longtemps que j'ai carrément manqué les événements les plus importants de cette contré.

*Serait-il en train de m’offrir son aide dans cette quête?*

Alors que Yanosa retire des objets de son vêtement, je réfléchis à sa proposition. Bien que capturer Goren et ce Yusuke serait bénéfique pour la crédibilité du clan Zen’Ryou, il mettrait en danger à la fois Kennei et Miyuki qui ne sont certainement pas encore prêt pour ce type de défi. De plus, je dois rapidement conclure l’affaire Takumaru et des survivants d’Osai. Il faut aussi que je vois de mes yeux ce qui est devenu de mon village. Takujin devra être enterrée, aussi.

- « Autant que je désire capturer ces monstres, autant je dois m’occuper des erreurs de mon passé. Nous pourrons prendre contact pour unir nos forces dans l’optique d’en finir avec ces ennemis que nous avons en commun aussitôt cette tâche complétée. Je crois qu’il faudra user de stratégie, car, malgré le temps et l’effort, je ne crois toujours pas être du niveau. Ce fut évident pour moi lorsque je vous ai vu être si rapide que j’avais l’impression que vous vous téléportiez, » dis-je en affichant un visage plus sombre. « Et, je suppose que la menace que représentent les Furyous est prioritaire. »

Je glisse ma main droite sur ma cuisse et tire ma jambe du même côté vers ma poitrine.

- « Je ne connais pas grand-chose de ces créatures, à vrai dire. Je sais qu’ils sont dangereux, qu’ils sont à l’origine de l’île et qu’ils ont des alliés nommés serviteurs. Mais, outre ces informations, je ne connais pas l’étendue de leurs pouvoirs, » continuais-je de manière un peu gênée en tentant de subtilement demander plus d’informations. « Toutefois, si jamais nous pouvons aider à les chercher ou à les combattre, n’hésitez pas à faire appel à nous! Malgré la crainte que j’ai de me faire asservir, de me faire posséder, je suis prêt à tenter le coup pour mettre fin à cette vague de violence. »

Je range mon cure-dent entre mes dents, le déplaçant de l’autre côté de ma bouche. Ma manche glisse doucement sur mon avant-bras.

- « Je me pose cette question, parlant de Furyous. Qu’est-ce qui vous dit qu’Arekushi n’est plus? Je suis désolé d’en parler ainsi, mais mon expérience m’a démontré que tant que je n’ai pas vu de cadavre, il y a beaucoup de chances pour qu’une personne soit vivante. Je ne dis pas ça pour manquer de respect ou pour ouvrir de nouvelles plaies. C’est que, personnellement, je crois qu’il est vivant pour trois raisons. »

Mes doigts tirent le bout de bois hors de ma bouche et le font pointer la table à chaque point comme pour marquer de l’ordre dans mes idées.

- « De un, il ne serait pas mort sans avoir égalisé nos comptes. Il me doit un duel. De deux, il était possédé sur l’île. Peu importe sa capacité à résister pour nous laisser nous sauver, rien n’indique qu’il n’a pas été posséder de nouveau par la suite. De trois, cette possession était en lien avec le maître de l’île. Puisque cette dernière fut créé par celui qui parle dans nos têtes, du moins c’est ce que je crois, il y a de fortes chances pour qu’il soit maintenant le maître de mon rival qui, lui, est devenu un serviteur. Est-ce que serait une possibilité? »

Ma main recommence à jouer avec le petit cure-dent trop rongé. Je marque une pause pour laisser à mon interlocuteur le temps d’y penser. Par la suite, je rajoute :

- « Je suis désolé si je vous ai blessé ou si ça semblait être insultant, ce n’était pas l’objectif. C’est que, avec ce que vous m’avez dit plus tôt, je veux réellement le respecter. Cependant, c’est difficile puisque je ne l’ai jamais connu comme vous. J’espère qu’il est encore vivant pour avoir la chance de discuter. »

Je laisse ainsi retomber ma jambe. Mes yeux passent sur la fenêtre et je réalise qu’il commence à se faire tard. J’ai encore un long chemin avant de me rendre à l’Éclair. Je ne sais même pas si c’est possible de ce faire en une journée; je le découvrirai. Je devrai quitter sous peu. Mes amis m’attendent à Kumo depuis au moins un mois, si ce n’est pas d’avantage. De plus, je me dois de régler mes problèmes avec la descendance Katsuo et de découvrir ce qui est réellement arrivé à Osai lors de la Grande Guerre. La fatigue commence déjà à s’emparer de moi. Je devrai quitter bientôt la chaleur de ce restaurant et l’hospitalité de Yanosa.

Yanosa ne veut pas trop espérer et c’est compréhensible. J’avais si peur d’ouvrir des plaies en lui parlant du pressentiment que j’avais. Je suis certain que celui que je nommais le Démon, Arekushi, est toujours vivant même si je n’ai aucune preuve de ce que j’avance.

Nous nous levons de table. J’en profite pour le remercier de son hospitalité alors qu’il se dirige plus loin pour payer nos consommations. Enfin, le rouge m’offre le parchemin qui est imprégné de ma propre énergie vitale. Grâce à cet artéfact, je pourrai communiquer avec lui et, par extension, toute l’Alliance d’un simple trait de plume. Ravi et souriant, je lui serre la main. Il s’offre une nouvelle fois comme guide.

- « Oui, ça serait apprécié. Je ne connais pas mon chemin. »

J’avais menti. J’aurais probablement pu retrouver mon chemin assez aisément, mais je désirais passer encore quelques minutes avec ce dirigeant aux idéaux similaires au mien. La marche jusqu’à la grande porte se déroule en silence sous les quelques bruits des rares passants qui retournent à leurs domiciles pour la nuit.

Une fois à l’extérieur, Yanosa m’indique où se trouve Boke et mes sabres. Il me retire le sceau qui m’empêchait d’utiliser mon énergie que les Shinobis nomment Chakra. Ma monture et mon équipement maintenant préparés, je dis au revoir à mon nouvel allié non sans émotions.

- « J’ai une longue route devant moi. Aussitôt que j’en fini avec mes tâches personnelles, je vous recontacterai. C’est la même chose si j’entends quoi que ce soit à propos de Goren ou de survivants de l’île. »

Je me retourne pour monter sur ma vieille bourrique avant de rajouter:

- « Vous savez, je suis vraiment content de vous avoir rencontré. J’en viens pratiquement à remercier l’île. »

Je monte d’un seul mouvement sec. Je jette un dernier regard aux grands murs et, finalement, à Yanosa.

- « Si je vois Arekushi, peu importe dans quel état il est ou s’il est fou ou non, je vous le ramène de gré ou de force. »

Je me lance un cure-dent dans la bouche. Celle-ci forme un dernier sourire avant que ma route commence une nouvelle fois. La route est assez longue jusqu’au Pays de la Foudre, spécialement jusqu’au village caché. Néanmoins, je me dois de le faire le plus rapidement possible puisque Miyuki et Kennei m’y attendent depuis une éternité.

*Pas de sommeil pour toi, Taku,* me dis-je en rigolant alors que Boke se met à ce qu’il considère comme étant le galop.

HRP: