Du sang partout. Des cadavres recouvraient le sol, on ne pouvait même plus distinguer ce dernier. Je percevais un fond sonore impossible à identifier, mais il semblait se rapprocher de plus en plus. Une main sortie d'un amas de dépouilles et m’agrippa la jambe. Quelque chose semblait s'extirper des macchabées, les sons devinrent plus audibles, et quand je vis ce visage en décomposition des cris stridents me percèrent les tympans. Je sentis une étreinte autour de mon bras, mais je ne voyais rien. J'étais terrorisé, je ne pouvais même plus bouger. Mais j'entendis mon nom, il était murmuré...Mais par qui ?
J'ouvris les yeux, j'étais entrain de crier à n'en plus avoir de voix. Ma sœur me tenait, elle semblait terrifiée. J'étais trempe, mon cœur battait si vite. Hisha attrapa dans ma commode mes médicaments et me les fit avaler. Je n'en pouvais plus de faire ces cauchemars. Je n'arrivais quasiment plus à dormir. Et même les médicaments n'y faisaient rien. J'attrapais le menton de ma frangine avant de l'embrasser sur le front.

« Merci petite sœur, tu ferais mieux de retourner te coucher. »

Je ne savais pas quelle heure il était, mais le soleil était à peine levé. Je l'avais surement réveillé en m'agitant dans mon sommeil. Elle était si gentille avec moi, pourtant c'était de ma faute si elle avait ces bandages sur son corps. Je n'avais pas pu la protéger de ces nukenins. L'attaque commençait à dater, et pourtant elle avait encore des séquelles. Si seulement j'avais été plus fort...
Je m'étais promis à la fin de la guerre d'il y a 7 ans de ne plus jamais participer à de telles atrocités. Mais il faut croire que le monde n'avait pas changé, et qu'il n'était pas près de le faire. Si je ne me préparais pas pour survivre, ou protéger mes proches, alors ma vie ne sera pas bien longue. Je m'étais engagé auprès du village, il y a quelques semaines on me nommait Genin de Konoha. J'avais encore une longue route devant moi avant de devenir aussi fort que père.

Maintenant que j'étais réveillé, je n'avais aucune raison de rester au lit. Cette fois mon côté flemmard s'était effacé pour laisser place à de la détermination. Si ma mère me croisait à cette heure-ci elle n'en croirait pas ses yeux. D'ailleurs je devais faire attention, il fallait que je sorte de la maison sans le moindre bruit. J'avais déjà fais sortir de son sommeil Hisha, il ne valait mieux pas que je fasse de même avec mes parents.
Après m'être habillé et avoir récupéré quelques gaufres dans la cuisine, je me faufilais hors de la maison. J'avais envie de m'entraîner, et à cette heure-ci je ne pouvais rêver mieux. Les terrains d'entraînement étaient sans doute totalement vide. Et c'était préférable. Je me connais, je sais que s'il y a d'autres personnes je ne pourrais pas forcément me tenir. Je ne voulais pas décevoir mère en me battant une nouvelle fois. Plus j'y repensais, et plus je me disais que je devais faire honte à mes parents, au clan entier. Mais ces cauchemars, ces pulsions...Je n'en pouvais plus.

Je finissais mon petit-déjeuner sur le chemin. Après tout je n'allais pas fournir des efforts à jeun. Et comme je l'avais prévu j'étais seul sur les terrains. Il n'y avait aucune âme. Je n'ai même pas osé regarder l'heure avant de venir. Mais à mon avis, très tôt. Je ne perdis pas de temps. Il fallait que je me défoule sur quelque chose. Le mannequin d'entraînement juste en face de moi allait être mon souffre-douleur. Je commençais à courir vers lui, lançant une demi-dizaine de shurikens sur la cible de son torse, avant de le ruer de coup. C'était douloureux pour moi, je n'y étais plus habitué. Mais je continuais de frapper. Cela me permettait d'extérioriser toutes les émotions que j'avais au fond de moi. Mais plus je frappais, et plus j'avais l'impression de voir le visage des personnes contre qui je m'étais battu lors de la guerre. Tant d'innocents ont péri...Mais je n'y pouvais rien. Le passée était le passée, et je devais me focaliser sur le présent.
J'arrêtais de frapper lorsque je remarquais que mon poing était entrain de saigner. Je n'avais mis aucune protection, j'aurais peut-être du y penser. Je me laissais alors tomber au sol pour reprendre ma respiration. Rien que quelques minutes avaient réussi à m’essouffler.

La douleur n'était pas si intense. J'avais connu pire. Il n'y avait qu'une légère gène lorsque je voulais fermer le poignet. Il me suffisait de mettre un bandage, puis les protections, et je pourrais continuer mon entraînement. Mais encore faudrait-il que j'ai tout cela. Je n'avais rien pris à part mes armes, et de la nourriture. Pas question de retourner chez moi maintenant. Déjà que j'avais fait l'effort de venir m'entraîner, je n'allais pas perdre du temps. J'aurais été tellement dans mon lit. Pourquoi étais-je ici, à cette heure-ci ? Qu'est-ce qui avait bien pu me passer par la tête ? Je me le demandais...D'un autre côté il fallait vraiment que je m'améliore. Mon niveau actuel laissait à désirer. Il avait énormément baissé depuis la création du village et la fin des guerres. J'avais décidé de rester dans mon coin, à ne plus m'entraîner et à frapper d'autres personnes à la moindre réflexion quitte à prendre une raclée. Je me rendais compte que c'était une grossière erreur, et ce n'était même pas moi qui en avait payé le prix mais Hisha.
Repenser à tout cela amenait en moi une vague d'émotions, je me disais sans cesse de ne plus ressasser le passée mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Le corps de ma petite sœur portait les conséquences de mes actes, comment ne pas y repenser ? Tandis que j'étais entrain de me torturer l'esprit, je perçus une voix douce. Je ne l'avais encore jamais entendu. Mais elle était si apaisante.

« Euh...d'accord. »

Sur le moment je ne réfléchis pas et fis ce que l'on me dit. Lorsque je levais le regard, je vis une fille rayonnante aux cheveux roses pâles. Je ne pus m'empêcher de sentir cette odeur de vanille émanant de sa chevelure. Mais qui était-elle ? Mon regard des plus sombres se perdit dans ses yeux bleutés. Elle semblait si sereine. Elle attrapa mes mains pour les penser. Pourquoi faisait-elle ça ? Je ne la connaissais même pas, alors pourquoi autant de gentillesse ? Une fois qu'elle eut fini d'appliquer des feuilles sur mes blessures, je me relevais et fis un pas en arrière.

« Qu'est ce que c'est ? Et qui es-tu ? »

Sans m'en rendre compte j'avais adopté un ton agressif, et pourtant il émanait d'elle une aura placide. Il était vrai que mis à part les membres de mon clan, je ne parlais à personne. La méfiance est un de mes pires défauts même si dans certaines circonstances cela peut-être utile. Je n'avais cependant aucun motif pour être hostile envers elle, qui plus est elle m'avait apporté son aide. Mais je ne pouvais m'en empêcher.
Si j'ai bien appris quelque chose lors des guerres c'est qu'il ne faut pas accorder sa confiance au premier venu. Certes elle n'aurait aucune raison de me vouloir du mal, c'était même absurde de penser ça, mais je ne pouvais concevoir qu'une personne puisse être autant généreuse envers quelqu'un d'inconnu.

Je m'avançais vers elle passant juste sur son flanc gauche pour récupérer mes armes que j'avais précédemment envoyé sur le mannequin. Je ne comptais pas m'en servir sur cette fille, je voulais seulement les ranger dans ma sacoche avant que je ne les oublie. Je les avais pris dans l'arsenal de mon père alors il était préférable que je ramène tout ce que j'avais pris. L'inconnue n'était d'ailleurs pas équipée comme une ninja, et ne portait même pas le bandeau du village. Ce n'était surement qu'une simple civile.

La botanique était un domaine dans lequel je n'avais aucune connaissance. Et pourtant les Nara sont connus pour avoir un lien étroit avec les médecines. Il y avait de nombreuses rumeurs parlant d'un livre sur les préparations médicinales. Je n'avais pas eu l'occasion de le feuilleter ni même d'avoir une preuve de son existence. Peut-être que cela fera partie d'une formation que mon père me fournira un jour, ou même ma mère. Ce n'était pas pour être féministe, mais c'était bien elles les plus aptes à se servir des plantes. Et l'intervention de cette jeune femme le prouva.
Je ne compris pas grand chose au charabia qu'elle venait de prononcer. Au final, il fallait juste comprendre que cela allait soigner mes blessures. Pas besoin de chercher plus loin. Je n'avais finalement aucune raison d'être hostile envers elle. Elle m'avait aidé, sans rien demander en retour. Ou du moins pas encore.

Je soulevais tout de même les feuilles pour observer les plaies. Elles avaient bel et bien arrêté de saigner, cela piquait un peu mais c'était signe qu'elles faisaient aussi offices de désinfectant. Il y avait tout de même une question qui tracassait mon esprit : pouvais-je continuer mon entraînement ? Je sortais de ma poche des gants d'entraînements pour les enfiler.

« Avec ces feuilles, je peux quand même continuer de m'entraîner ? Si je mets ces gants, ça ira pour protéger mes blessures et ton bandage ? Je n'ai pas envie de m'arrêter maintenant que je suis lancé. »

L'inconnue finit par se présenter. Elle était une représentante du clan Hayashi. Si mes souvenirs étaient bons, c'était un clan pacifiste issu des Senju. Le tout premier Hokage était un membre de ce clan. Et tout devenait plus clair maintenant. Son affiliation expliquait pourquoi elle en connaissait autant sur les plantes. Après tout elle était capable de les maîtriser tout comme le bois. Une capacité vraiment intéressante que j'avais pu observer sur les champs de bataille, même si c'était principalement des Senju.
De plus, elle semblait être au service du village. Cela impliquait donc qu'elle ait emprunté la voie du ninja même si cela n'en donnait pas l'impression. Quant à moi ce n'était pas difficile de déterminer si j'en étais un ou non. Le fait que j'étais entrain de m'entraîner quand elle m'a surpris suffit à le savoir.

« Nara Kakugyō, genin de Konoha. Tu dis être au service de Konoha, mais tu n'as pas précisé ton grade. »

Elle semblait plus âgé que moi, il était donc fort probable qu'elle ne soit pas une simple Genin comme moi. C'était dur à admettre, mais elle était peut-être plus puissante que moi. Je lui aurais bien proposé de s'entraîner avec moi mais elle ne semblait pas équiper pour cela. Mais cela n'aurait pas été une si bonne idée. Quand il s'agissait de combat, c'était comme si je n'étais pas mettre de mon corps. Comme si mes instincts primaires prenaient le dessus. Et je ne savais pas comment faire pour les stopper.

Formalités ? Je ne voyais pas ma question comme telle. À vrai dire j'étais plutôt gêné, et si j'avais trouvé autre chose à dire je n'aurais pas formulé ma phrase. Je n'étais pas du genre bavard, cette conversation commençait à me mettre mal à l'aise. Qui plus est elle n'était pas de mon clan ce qui empirait la chose. Et comme si ce n'était pas suffisant, c'était une femme. À croire qu'on cherchait vraiment à m'incommoder.
Mon hypothèse fut rapidement confirmé par ses dires. Elle était belle et bien une Genin, mais apparemment plus forte que moi. Ce qui pouvait être probable puisqu'elle était plus âgée que moi. Mais il ne fallait pas oublier une chose importante : la puissance n'était pas la seule donnée sur laquelle repose la force d'une personne ou qui détermine l'issue d'un combat. Avait-elle oublié qui étais-je ? À quel clan j'appartenais ? Je sentis une once de provocation dans sa voix. On pouvait dire que cela avait marché. Elle ne me connaissait pas personnellement, mais elle avait du remarquer que j'étais quelqu'un d'assez irritable. Ou peut-être simplement un coup de chance. Voulait-elle me tester ? C'était une option envisageable.

« Je n'ai pas la chance d'avoir des capacités de senseur, alors je me fie à ta parole. Mais la puissance seule ne permet pas de calculer le potentiel d'une personne. »

On pouvait fréquemment voir un ninja venir à bout d'un ennemi le surpassant en puissance. Il suffisait de faire preuve de jugeote. C'était pour cette raison que les enfants Nara étaient entraînés dès leur plus jeune âge à des jeux tels que le Shōgi. Il est par la suite très facile d'appliquer les tactiques en combat réel. Cela devient plus aisé d'analyser une situation de crise. Mais ce n'était pas mon style habituel même si j'allais devoir le modifier à présent.
Après la guerre, je n'étais plus obligé d'agir comme un stratège. Je ne le voulais plus. Mes impulsions guidaient mes mouvements, ce n'était plus de la tactique mais du « bourrinage ». À présent je devais me réhabituer à penser avant d'agir. Déjà pour mettre le plus de chances de mon côté, mais aussi pour ne pas faire honte à mon clan. Imaginez s'il s'avère qu'un membre du clan Nara se battait en fonçant dans le tas. Le mythe entier serait brisé. Je ne pouvais me réduire à être un barbare, même si je devais avouer que c'était tentant.

Revenons à nos moutons. Je commençais à m'éloigner de la réalité, n'écoutant quasiment plus mon interlocutrice. Je pouvais continuer mon entraînement mais cette fois il fallait que je ménage mes poings. Je devais faire plus attention et ne pas frapper jusqu'à avoir les mains en sang comme tout à l'heure. Auquel cas il me faudrait un médecin d'après ses dires. Il était donc préférable de faire attention.

« Si je peux me permettre, que fais-tu ici à cette heure là ? Tu es venue pour t'entraîner ? On peut faire ça ensemble si tu veux, je ne suis peut-être pas aussi puissant que toi mais je pense pouvoir suivre. »

C'était à mon tour de lui lancer une pique à présent. Je n'avais aucune idée de sa puissance mais d'après ses dires et son attitude, elle ne devait pas excéder le niveau d'un Chûnin. Sinon à quoi bon rester au grade de Genin, à son âge ? Il était donc fort probable qu'en combat je puisse la dominer à un certain moment si je tirais avantage du terrain et que j'adoptais la bonne tactique. Ce qui impliquait une phase d'observation pour voir ses capacités. C'était l'occasion pour me remettre dans le bain.

Éloquence ? Que voulait-elle dire par là ? Ce n'était pas du tout ce dont je parlais. Certes la rhétorique permettait de tenir ses interlocuteurs en haleine, de les amener à penser comme l'orateur, mais que fera t-il s'il se fait attaquer ? Pour moi la qualité primordiale à avoir était la ruse. Ou plutôt d'être tacticien, puisque la ruse était souvent comparée à la sournoiserie dans un sens déloyal. Autant je n'étais aucunement doué dans l'art du bien parler, je n'en étais pas moins un roublard. Du moins je pensais en être un. Non pas parce que j'étais un Nara, mais tout simplement parce que je m'étais entraîné. Je n'étais pas non plus le meilleur dans cet catégorie, mais je pouvais me venter de ne pas être mauvais pour duper mon ennemi. Et elle, en quoi était-elle douée ? Certes elle se disait plus forte que moi, mais savait-elle utiliser ses techniques parfaitement, en se servant de son environnement ou encore à pousser l'ennemi à faire une action précise pour le prendre au piège ? Pour un Nara ce n'était pas compliqué, surtout que je pouvais contraindre l'ennemi à faire les même mouvements que moi.

« D'après toi, suis-je au juste milieu ? Je suis un Nara, je suis un penseur qui agit en temps voulu. Tout dépend de la situation. Un jour je peux foncer dans le tas, un autre simplement observer. Et toi, qu'es-tu ? Comment te considères-tu ? »

Tout en continuant la discussion elle se dirigea vers le mannequin d'entraînement, abîmé par mes coups. Elle ne semblait pas vraiment venue ici pour s'entraîner, mais ma présence avait changé la donne. J'avais perturbé sa tranquillité, sans pour autant l'avoir offusquée. D'un léger mouvement de la main, le mannequin de bois récupéra sa splendeur passée. Impressionnant. Voila donc le pouvoir des Hayashi. Il pouvait à la fois être dévastateur, mais aussi d'une beauté sans pareille. Après tout il créait des arbres, des plantes, la vie.
Elle ne put refuser l'invitation que je venais de lui faire. Ainsi, elle sera ma partenaire pour mon entraînement d'aujourd'hui. Intéressant, je ne m'étais encore jamais battu contre une Hayashi ou ne serait-ce même avec. Jusqu'au ses pouvoirs allaient-ils ? C'était l'occasion de le découvrir. Je ne comptais pas lésiner sur les moyens, après tout elle avait dit être plus forte que moi alors autant mettre le plus de chances de mon côté.

« Bien, voyons qui de la ruse ou de la puissance l'emportera. »

Elle lança les festivités en expulsant quelques graines en ma direction. Même si elles avaient l'air offensive, il fallait se méfier. C'était une Hayashi après tout, qui ne me dit pas qu'elle pourrait faire pousser de terribles plantes de cette façon ? Je fis quelques pas en arrière tout en composant une série de mudras. Une imposante boule de feu fut expulsée de ma bouche grâce à l'air que j'avais inspiré dans mes poumons juste avant. Mais ce n'était pas tout. Bien qu'assez puissante, le Goukakyu n'était pas ma seule offensive. En effet, mon ombre s'allongea pour rejoindre celle formée par le jutsu Katon. L'effet de surprise était là, mon Kagemane était en parti camouflé par ma première attaque. Allait-elle s'en apercevoir ?

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