Une haute montagne se dressait là, face à la brune, elle avait prétexté quelque chose à régler, quelque chose qu'il lui fallait faire seule, en effet, une petite voix dans sa tête ne voulait pas qu'on les dérange, enfin, qu'on la dérange surtout elle. Comme la kunoichi manquait de sommeil et d'envie, lutter passait au second plan et bien volontiers, car pour l'heure il n'y avait rien pour l'inquiéter, elle se prêtait à son instinct pour avancer. Très vite, sa silhouette traversait la fumée dansante des sources chaudes présentes ici pour se stopper face à une faille dans la montagne. Rien de bien tentant, à première vue, pourtant, c'était bien ici qu'on lui avait suggéré de se rendre. Encore quelque pas et l'obscurité l'entourait, pourtant elle poursuivait et très vite une lumière en fond, elle ne s'était pas perdue dans le labyrinthe de ce dédale, pour cause, elle en avait le plan, du moins, pour un bout.

Ses pas se stoppaient et la faible lueur ne lui permettait pas de voir exactement à qui ou quoi elle avait affaire. Pourtant, elle distinguait bien quelqu'un, quelque chose, avant toute chose, elle tendait le parchemin en face d'elle en gage de bonne foi, elle n'était pas en terre hostile pourtant, du moins, elle se plaisait à le croire. Un sourire narquois sur le visage de la femme qui faisait en sorte que la lumière soit sur elle, mais juste assez pour révéler le doré de son regard et enfin, elle se décidait à parler.

=| Un fou il y a peu de temps m'a convié par ici. L'invitation tient-elle toujours ?

Et à quoi l'engageait-elle ? Rien. Elle s'avançait un peu plus et qu'à ce moment là, qu'enfin, elle se sentait prête à franchir le pas, son bandeau fidèle accessoire de sa cuisse depuis plus de dix ans se défaisait pour la première fois en sachant qu'il ne retrouverait plus la chaleur de sa peau.

=| Je suis Kumojins, enfin, je crois.

Un doux rire lui échappait, ah ça, elle le saurait bien vite de toute façon.

=| A voir comment ma nation me considérera d'ici peu.

Si un intérêt quelconque Kumo daignait lui offrir, peut-être qu'on s’apercevrait de son absence au tour de garde, mais au début, cela serait mis sur le compte de sa feignantise Peut-être qu'on finirait par comprendre son départ sous la crainte de Koémi qui ne la verrait pas rentrer. La seule sûrement qui s’inquiéterait d'elle, ou ses parents, mais encore fallait-il qu'ils soient mis au courant. Bizarrement, ni la pensée pour l'un, ni celle pour l'autre l'atteignait, comme si elle n'en avait rien à faire, comme si ils étaient proches et à la fois étranger pour elle. La femme avait l'impression de sentir une rancœur ancienne, mais une qu'elle ne se justifiait pas, pourtant c'était là. Une envie d'être hors d'atteinte. Une crainte ? En tout cas, son fascié ne laissait rien paraître.

=| Et vous, êtes vous l'invité ou l'hôte ici ?

Elle l'observait de plus près à la fois l'individu et ce qui semblait jusqu'à lors l'occuper.

=| Dans quoi vous ai-je dérangé ?

Il fallait bien commencer quelque part.

=| Sinon, de base, il me semble avoir été convié pour illuminer vos plafonds trop sombres...

Le calme. Une place paisible, une heure tranquille. Voilà comment l’on pouvait qualifier ce moment. Un moment tout désigner pour s’occuper de satisfaire une envie, une passion trop longtemps délaissée. C’est tout ce qui faisait ma fierté pourtant, autrefois. Oui, il s’agit bien du dessin. C’est bien de cette passion là dont je parle. Rares sont les instants où je peux me consacrer à cette activité, dont le talent coule pourtant dans mes veines. Des dessins... Des portraits… J’en ai fait des dizaines. Des centaines. Des milliers peut-être même ? Sans doute, ce n’est pas impossible. Seulement, les derniers temps ne m’ont pas laissé l’occasion de pratiquer. Bien dommage.

Bien que, bonne nouvelle, je n’ai pas perdu la main dans ce domaine. Loin de là, même. S’il y a bien une chose sur laquelle je peux me vanter, c’est bien sûr sur la qualité de mes œuvres, sur l’expression de mon art. C’est, dans une obscurité grandissante, que je laissais mon talent s’exprimer, et animer chacun des mouvements de ma plume. C’était une simple représentation de ce paysage peu éclairé, avec des jeux de lumières pour le mettre en avant, et le rendre plus visible. Parce que oui, une légère lumière s’attardait sur un point précis. Ce que je dessinais.

En tout cas, j’étais bien. Calme. Seul. Seul... ? Non, plus vraiment. Une étrangère s’approchait, et était venue déranger cette séance. Une inconnue, ici ? Pour atteindre ce lieu, il lui fallait avoir les plans, ou connaître l’endroit un minimum. Or cette femme était inconnue au bataillon. J’étais catégorique, elle ne faisait pas partie des nôtres. Une nouvelle ? Je pense que j’en aurais été informé. En tout cas, elle s’était positionnée au beau milieu de la scène que je dessinais... un plaisir gâché ? Pas forcément. Le tout était de s’adapter. Mais avant, la situation de l’inconnue était malheureusement prioritaire.

Un fou l’aurait convié, ici ? J’observais avec silence le parchemin qu’elle me tendait. Un sceau y était inscrit. Un sceau que je connaissais, je reconnaissais bien le style de Seitô. Et puis, son chakra baignait dans cette marque. Sur ça, aucun doute n’était possible. Mon regard quitta le papier, et se détourna vers l’inconnue. Le bandeau de son ancienne nation, séparé de son corps. Une ancienne Kumojin.

Si le sceau vous a mené jusqu’ici, encore aujourd’hui, c’est que l’invitation tient toujours, et que le fou est toujours prêt à vous accueillir.

Un sourire, alors que mon attention se reportait vers mon dessin, que je continuais. Son chakra n’avait pas vacillé d’une seule petite fluctuation. Elle était sincère, une sincérité à toute épreuve. Elle voulait être des nôtres. Et même, elle l’était déjà. Dès que l’invitation ait été donné, et qu’elle se soit retrouvée sans foyer... on peut considérer qu’elle fait partie des nôtres. Comme tout ceux qui sont dans le besoin. Bien qu’elle soit en plein milieu de ce paysage. Quel problème cela pose ? Aucun. S’adapter est la clé.

Un membre comme une autre. Un frère, un partenaire pour chacun des nôtres. Voilà ce que je suis.

J’étais de cette humeur. Plongé dans mon art, rien ne pouvait m’en défaire. Mes paroles y étaient baignées.

Oh, vous ne m’avez pas dérangé, je vous rassure ! Au contraire, même. Venez voir par vous même.

Je l’invitais à venir voir le dessin, qui était à présent fini. Ce paysage, avec elle au milieu. Oui, j’avais profité de son arrivée pour la dessiner, au milieu de la scène. Avec une ressemblance plus que flagrante. J’étais talentueux dans le domaine, et je savais m’y prendre avec une plume, un crayon, ou tout autre outil similaire. Que ce soit en terme de qualité, ou de vitesse. Peu étaient mon égal. À vrai dire, je ne connaissais personne pouvant me tenir tête sur ce domaine.

Tout était parfait, en espérant que cela lui plaise.

Qu’en pensez vous… euh... votre nom ?

Maintenant sorti de ma bulle artistique, il était peut-être temps d'en apprendre davantage sur elle, et sur sa venue. Il est vrai que, malgré tout, elle restait une étrangère. Même invitée à nous rejoindre, je ne savais que très peu de choses sur elle... si ce n’est rien. Dans tous les cas, mes sens guettaient toujours. Le moindre danger ne pouvait m’échapper. Et là, je le savais. Il n'y avait rien à craindre, pour le moment.

La kumojins se penchait pour observer la création très réussie, probablement trop, on pouvait sentir l'énergie hors du commun de cet artiste, elle même l'était un peu dans son genre et ravie, elle exposait son sourire faute de son art à mettre sur le tapis. Une affaire de timming patience.

-Je vois, tu es doué en tout cas, j'ai rencontré un de tes confrères du même clan probablement en venant ici d'ailleurs.

Elle se débarrassait du tissu qui cachait le paon créé par l'Inu pour exposer à l'artiste l’œuvre particulière, dans l'oiseau était dissimulé le symbole de cette nouvelle famille, mais cela seulement ?

-Que vois-tu dans cette création ? Celle d'un de tes frères d'ailleurs. Je me nomme Miaë, enchantée !

Le gratifiait-elle d'un sourire doux et las, la fatigue sur le visage de la fille se lisait, ses traits étaient tirés, le fruit du tourment d'un bourreau qu'elle était seule à pouvoir composer avec. Ce n'était pas le sujet du jour.

-Dis moi, on m'a dit que chaque tatouage était un message dans la vie ou du moins avait sa signification... Tu crois à cela toi aussi qui en fait des armes ?

Comment savait-elle ? Un blond lui avait montré et l'encre de celui-ci était chargé de chakra, il mettait en alerte ses sens de senso, comme l'avait fait l'inu bien avant lui. Son sourire était timide quand la fille se retournait, son tour de l'alarmer en laissant filer un oiseau d'argile de ses doigts, ce dernier prit un envol avant de disparaître dans un filet d'étincelles signant la fin de sa vie, sans presque aucun bruit. Quelque chose de rare avec elle. Elle venait apporter de la lumière pas vrai ? Mais lui, reclus ici, il cherchait le calme non.... ?

Le rideau à l'odeur de soufre retombait sur eux en pluie cendrée et son regard se plongeait dans le sien, peut-être pour capturer de cette sérénité qu'il dégageait. Etait-ce ce lieu qui inspirait cela ? La brune aurait voulu demander, mais une voix lui murmurait de plutôt le découvrir. Sa curiosité se dirigeait alors ailleurs, un côté shinobi probablement, un bien plus ancré qu'elle ne le voulait.

-Dis moi, quand je vois vos talents, je me demande bien tout ce que vous pouvez dissimuler dans un simple gribouillage... Quel genre d'effet tu sais leur donner mis à part ceux qui la vie ou un membre.... ?

Humour un peu sombre, mais suffisant pour la faire rire de toute façon.

-Dis moi un symbole de liberté, allez, le premier qui te vient !