C’était il y a un peu plus de deux ans. Durant la courte période de calme que connue son clan avant d’être dispersé. Pendant cette période, loin d’être lui-même calme, Sagi était même carrément intenable et ne demandait pas vraiment l’avis de ses supérieurs pour partir en patrouille se passer les nerfs par une bonne course. Autant dire que l’idée même de « patrouiller » passait vite à la trappe dans son esprit et qu’il n’y subsistait plus qu’une rage difficile à faire passer sinon par un défoulement intensif. Aussi prenait-il dans ces moments le temps de se poser dans une clairière et d’y faire le point, tout en y tranchant quelques pierres et en perfectionnant certaines de ses techniques gravitationnelles parmi les plus destructrices. Il n’était pas rare de découvrir derrière son passage un cratère laissé par les subtiles attaques du Shinobi du clan Kadoria.

C’est durant l’une de ces fameuses « patrouilles » que le jeune homme aux cheveux alors blonds comme les blés fit une rencontre à laquelle il ne s’attendait pas. Âgé de dix-sept ans, il était encore en plein dans son adolescence et ne mesurait pas le temps qu’il perdait dans sa haine inutile d’un monde qu’il n’arrivait pas à accepter tout en se sentant obligé d’en faire partie. C’était avant qu’il ne manque de se faire tuer, à l’époque où du haut de son maître quatre-vingt, il dardait sur le monde un regard enflammé de ses pupilles vertes hérités de sa mère. Pas qu’elles soient particulières, c’était juste qu’un blondinet avec des yeux verts, ben ça se croisait pas tous les jours, surtout au pays de la foudre où la mode était au basané aux yeux marrons.

Après l’un de ses « entrainements », Sagi s’installa un moment sous un arbre. Un chêne, rien d’exceptionnel. Le souffle d’un vent tiède et détendant soufflait sur son visage crispé duquel la colère s’évaporait peu à peu… jusqu’à ce qu’il entende un craquement de branche.
Subtil petit froissement de feuilles. Un animal sauvage ou bien un être humain ? Il n’avait pas senti de Chakra menaçant en s’entrainant mais il faut avouer à sa grande honte qu’il n’était pas bien concentré sur le repérage. Clignant des paupières, Sagi se releva lentement, commençant à tourner autour du tronc. Il rata un pas et fit à son tour craquer une branche morte et sèche. ‘chier ! Le Ninja accéléra le pas et…

AHHH ! Ne put-il s’empêcher de laisser échapper en tombant nez à nez avec une gosse pas plus haute que trois pommes posées à la verticale. Mais, qu’est-ce que tu fais là petite ?!

Il faut dire qu’il venait d’avoir un tel coup au cœur qu’il ne remarqua pas la question bien compliqué qu’il devait avoir posé à la gamine en l’occurrence. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien lui répondre d’ailleurs ? Et bien ça, il allait vite le savoir…

Spoiler:

Tout aurait pu se terminer ainsi, si l’enfant avait bien voulu rester là sous ses yeux. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, c’était elle qui avait eu le plus peur ! Incroyable non ? Comme si Sagi pouvait être effrayant avec son grand manteau rouge, sa chevelure blonde en piques et sa grande épée ! Incompréhensible ! Quelle ne fût donc pas sa surprise d’être agressé à coups de sac à dos. Cela ne faisait pas spécialement mal mais l’incongruité de la situation le laissait pantois. Assez pour permettre à la gamine de filer droit vers, vers quoi d’ailleurs ? La main en visière, le Shinobi du clan Kadoria la vit se jeter sous un tronc d’arbre qui vibra sous le présumé impact de son dos avec l’écorce qui se trouvait sous celui-ci.

Attends enfin ! lui cria-t-il dans l’espoir de la calmer malgré cette apparition surprise.

Pas de réponses.
Sagi tourna son regard de gauche à droite, faisant des tours et des tours sur lui-même comme pour croiser les yeux de ceux qui avaient laissé cette enfant seule dans la forêt. C’était qu’il y avait des dangers partout ici ! A commencé par les patrouilles, comme lui, qui pouvaient réagir encore plus vite et violement et lui faire sa fête pour être bien sûr de ne pas avoir face à eux un quelconque subterfuge bien alambiqué ! Ceci en était peut être un d’ailleurs. Mais si ce n’était pas le cas, que devait-il faire ? Laisser cette gamine toute seule dans les bois alors que la nuit n’allait pas tarder ? Même s’il ne le reconnaissait pas, Sagi avait un côté un peu paternaliste. Après tout il avait été un grand frère avant d’être relégué au second plan par le génie de son frère. C’est donc avec la volonté d’aider, chose rare, qu’il s’avança en direction du tronc d’arbre échoué sous lequel la gamine s’était réfugiée.

Petite, tu n’as pas à avoir peur, je ne te veux aucun mal enfin. Qu’est-ce que tu fais toute seule dans la forêt ? Tu es perdue ?

Sagi arriva au plus près du pont et tendit sa main pour la poser sur l’écorce de bois lorsqu’il remarqua un bruit de papier froissé. Marchait-il sur du parchemin en pleine forêt d’habitude ? Non. Aussi, par la force des choses il en arriva à la conclusion que ceci n’était pas un hasard. Le jeune homme baissa les yeux et…