C’est donc en cette veille de l’hiver, alors que l’été a bien massacré toute la végétation de la chaleur étouffante, qu’enfin je partis sur les routes. Kiri détruit, je n’avais plus aucune accroche. Et puis je doute qu’avec les agissements de mes parents, on me laisse me balader tranquillement.
Mais tant pis ! L’avenir nous le dira hein. Car aujourd’hui est un grand jour ! Le jour où la toute puissante Milly Kaguya sort enfin de sa tanière, le jour d’une grande épopée !

« Bouarf ! »

Je venais de m’exploser le nez par terre en me prenant le pied dans une racine plus haute que les autres … Mouais ça commence bien … Mais on s’en fout ! Aujourd’hui est un grand jour ! Et pour toute nouvelle aventure, il nous faut un décor. Nous sommes ainsi sur l’archipel du pays de l’eau – nommé Kirigakure no Sato – et les derniers jours de l’automne laissent déjà présager l’arrivée d’un hiver bien glacial. Les feuilles tombent en masse des arbres pendant que ceux qui, hélas se trouvaient trop proche du village, ont été tout simplement rasés. Arrachés. En témoigne la puissance du cataclysme qui s’y est déroulé. Rien de naturel hein, non du peu que je sais ce serait l’armée des Furyous – me demander pas qui ils sont, j’en sais rien – qui aurait attaquée et détruite le village de Kiri. Et vu le résultat ensuite, on imagine bien la violence du combat qui a dû avoir lieu sur ce petit archipel.

Finalement, c’était pas si mal pour moi, de rester planquer. Et qu’ai-je fais à part justement rester caché ? Je me suis entrainée. Tout bêtement. Sans kinaï, sans autre matos de super ninja que cette épée que je me trimbale dans le dos. Épée au préalable récupérée sur un cadavre quelconque il y a des années de ça. Uniquement équipée de mon pouvoir héréditaire. Vous savez, celui de contrôler ses propres os. Avec ça, pas besoin de poignard ou autre, l’os peut être taillée de la forme désirée, en fonction des besoins. Je pourrais même m’en retirer un, qu’un second viendrait le remplacer tout de suite après. Génial non ?
On dit que la vie nous réserve beaucoup de surprise, allons donc les chercher, ces surprises. Je me mis donc en marche, sur ce petit bout de chemin de terre mélangée au sable, longeant la plage et les coquillages.

Le silence régnait, à part les embruns de l’océan et les piaillement des oiseaux, rien ne semblait pouvoir stopper ça. Et franchement, c’est chiant … Si, si, je vous promet. A force de vivre reclus dans un trou pommé, toute seule, un peu de bruit je vous assure que c’est reposant. Et pour ça, il faudrait que je trouve une ville, ou un village caché. Même si pour cette dernière option, ce ne serait peut-être pas une bonne idée tout de suite. Je manque cruellement d’expérience, de moyen de me défendre, de fuite. Je ne suis même jamais allée à cette mystérieuse académie des ninjas. Tout ce que je sais, ça vient de mes parents … Oooh … ça veut alors dire que je ne suis alors qu’une simple civile ? Pas possible, vous avez vu ce que …

Je m’interrompis dans ma réflexion à l’instant même où je sentis une présence dans mon dos, et la seconde suivante une femme vint se placer à ma droite pour ensuite me mettre devant, m’obligeant à stopper ma marche.

« Bonjour, cet endroit est peu favorable aux escapades bucoliques si tu veux mon avis. » Me lança l’inconnue. « Je suis Freya, ancienne shinobi de Kiri et toi qui es-tu pour venir ici après ces tragiques jours ?

- Heuuuu … »

Elle me prenait de court celle-là. Premier visage humanoïde en vue depuis plusieurs jours, voir semaines. Et puis elle dévoilait direct ses origines, à une inconnue. Est-ce qu’elle aurait une seule seconde songée que je puisse être une ennemie ? J’en doute, si je me fis au timbre de sa voix. Je pris ainsi mon temps pour répondre, l’observant de haut en bas. Une rouquine, plutôt mignonne, avec une balafre sur l’œil gauche, une tenue de cuir ni moulante ni large, et des armes de ninja à la ceinture. Ouais elle, elle doit s’y connait dans ce domaine.

« Je m’appelle Milly. Enchantée mademoiselle, et je ne fais que me balader, sans but précis. J’ai le droit quand même, non ? Parce que je ne sais pas trop ce qui s’est passé dans le coin, ça a dû être super violent, étant donné qu’il ne reste que des ruines d’un petit village par là-bas. »

Je pointai du doigt la direction de Kiri sans donner plus de détail. Pas besoin de révéler toute ma vie à la première personne venue.

« Mais au moins c’est plus silencieux … Et vous, vous faites quoi ici ? Vous savez ce qui s’est passé ? »

Je mettais sous silence cependant le fait qu’elle venait de me tutoyer ouvertement, comme si nous étions de grandes amies. Ce ne serait pas judicieux de se faire des ennemis dès le début.

La rousse ne répondit pas tout de suite, elle semblait perdue dans ses pensées et se contentait de me tourner autour comme un charognard. Quelque chose de particulièrement désagréable. Je la vis également empoigner le fourreau de la lame qu’elle portait à la ceinture, et le serrer suffisamment fort pour que des petites gouts de sang se faufilent entre ses doigts. Mouais, un manque significatif de contrôle de soi. J’ignorais si c’est à cause de moi ou s’il y a autre chose, mais de toute évidence un détail ne lui plaisait pas. Vraiment pas. M’enfin, de là à s’en faire saigner les mains, ça parait si risible, si enfantin et bestiale.

J’eus beau la regarder, je ne voyais pas de bandeau de ninja signifiant qu’elle appartenait à l’un d’eux. Est-ce qu’elle serait comme moi du coup ? Une errante sans attache et sans but ? Nan, nan, vous avez vu comme moi la façon qu’elle a eut de serrer son arme, pour ça elle a forcement un but, ou alors c’est simplement qu’elle est cinglée … Ce serait dommage, avec une si mignonne petite bouille.
La dénommée Freya reprit finalement la parole, expliquant que le village en ruine, c’était Kiri.

« Autrefois puissant village caché dont les adversaires redoutaient ses combattants. » Continua-t-elle. « c'est tout ce qu'il en reste à présent, il a subit alors qu'il allait rayonner sur le monde un assaut traitre et fourbe. Nous avions fait abstractions de nos désirs et Kiri s'était allié aux autres grands villages cachés. Voici ce que nous avons reçus comme aide diplomatique. Les Furyous, immondes et infâmes créatures, ont détruit notre village alors que nos combattants étaient accaparés à sauver des vies. La diplomatie n'était pas notre fort et notre vaine tentative de faire patte blanche s'est soldé par la mort du village et de beaucoup de ses habitants. »

Je l’écoutai attentivement sans franchement tout comprendre. Des furyous ? Qu’est-ce que c’est que ce truc encore ? Ça sonne comme un groupe d’extrémistes furieux … Mouais, il sera certainement bon de se renseigner ensuite. La rousse sortit une cigarette et en tira quelques bouffées avant de reprendre, détournant enfin son regard sur autre chose que ma personne. Un soupire de soulagement s’échappa discrètement de mes lèvres, c’est qu’elle est si oppressante … A la façon de me mater, on pourrait aisément se demander si elle ne me suspecte pas de faire partie justement de ce groupe de destructeurs.

Elle refusa de répondre à ma première question, prétextant que ça ne me regardait pas, et enchaina sur mon manque d’agressivité. Couillonne … si j’avais voulue t’agresser je l’aurais fais bien plus tôt. Cependant je n’en fis rien et la laissa terminer sa tirade. J’eus cela dit un bout de réponse, elle habitait autrefois à Kiri. Ok c’est juste une vengeance en fait … Pff c’est tellement surfait. Elle expliqua qu’elle était en train de méditer sur les dégâts de son village avant que je ne vienne la troubler.

« Si tu peux te promener avec moi sans à avoir peur des conséquences ce ne sera pas le cas partout ou tu iras, prend garde c'est un conseil qu'une guerrière te donne. » Rajouta-t-elle avant de faire une petite pause. « Et toi qui es-tu et d’où viens-tu ? Ça ne court pas les rues des visiteurs dans un tel endroit.

- Et bé … Oh moins on ne peut pas dire que vous avez la langue dans votre poche, pour quelqu’un en deuil c’est pas commun non plus. » Je croisai les bras sous ma poitrine, les sourcils froncés. « Pour une histoire de vengeance, franchement … vous devriez faire gaffe à votre comportement, pendant un moment j’ai crue que vous me suspectiez de faire partie de vos Fur-machin-truc. Nan c’est pas sérieux tout ça. Et puis c’est une habitude chez vous de tutoyer tout le monde ? On n’a pas garder les cochons ensemble il me semble … Cela dit, vu ce que vous avez vécue, je vous pardonne à moitié. »

Je me tue un moment, le regard allant de la femme, à chacune de ses courbes, puis en direction de la mer. ça faisait plaisir de rencontrer une nouvelle tête mais pourquoi est-ce qu’il a fallut que ce soit une gamine en rogne ? Tss … Je tournai à nouveau les yeux vers elle.

« Bon, pour en revenir à votre question, je me suis déjà présentée. Le reste ne vous concerne pas. Héhéhé, y a pas de raison que vous soyez la seule à faire la cachotière. Cela dit … » Je levai ma main droite pour faire le décompte suivant. « Tutoyer une inconnue, faire votre cinéma de quête vengeresse, m’accuser pratiquement d’y être pour quelque chose, et enfin prétexter un manque total d’agressivité … Quatre bonnes raisons pour qu’il vous arrive des problèmes dans un futur très proche. » Je fis mine de reprendre la route, m’éloignant de quelques pas de la femme sans pour autant la perdre de vue. « Vous devriez plutôt chercher à vous faire des amis que des ennemis. Sur ce, je vous laisse à votre méditation sur le massacre de Kiri, au revoir. »

C’était dit. Je ne m’étais pas mal débrouiller dites donc. A elle maintenant de prendre ça comme une menace ou non, mais moi au moins j’ai pu restée calme. Pas sur que ce soit encore le cas si elle revient piquer sa crise.