J'étais mort, je ne sais depuis combien de temps, mais au lieu de m'en aller, je m'étais retrouvé dans un monde en blanc, ce que signifie ce monde, je n'en savais rien au début, je me contentais de l'arpenter de long en large, je n'avais plus d'enveloppe charnelle je n'étais qu'une sphère blanche parmi tant d'autres au milieu de ce monde. J'en conclus que j'étais une sorte d'âme vouée à errer sans but dans ce monde. Enfin ça c'était au début. Puis une voix résonna comme un écho dans mon cœur, enfin pas le cœur de manière physique vous voyez ce que je veux dire. Au début ce n'était qu'un chuchotement que je pouvais ignorer mais très vite ce fut plus insistant jusqu'à devenir omniprésent, cette voix me disait de trouver « l’exorciste ».

C'est étrange puisque à partir du moment où j'avais décidé arrêter d'ignorer cette voix, Je savais où je devais me rendre et pourquoi je devais le faire. J'avais passé ma vie entière à rechercher les vérités de ce monde, mais quand on voit un monde comme celui-ci dont l’existence défie toutes les croyances, c'est à se demander si au final, mon ancienne vie n'était pas complètement dénuée de sens. Je laissais la voix dicté à mon inconscient la marche à suivre, ça avait duré un certains temps, je ne pouvais dire combien car les unités de ce monde n'était pas les mêmes que l'ancien, c'est bizarre mais vu qu'il s'agissait d'un monde monochromatique, tu continuais d'avancer et tu as l'impression que le temps ne bouge pas.

Finalement, j'arrivais au but recherché, je me trouvais devant un homme, c'était la seule personne qui avait forme humaine, c'était lui l'exorciste, ce fut bizarre, c'est comme si mon inconscient me poussait à lui exposer ma requête, c'est ainsi que de manière tout à fait naturelle je commençais à m'exclamer afin de lui raconter une partie de mon histoire d'avant ma mort et une requête, la seule chose que je regrette de n'avoir pu terminer sur terre.

« Monsieur l'exorciste, je suis ici pour vous exposer ma requête, je souhaite que vous trouviez mon grand-père et que vous l'aidiez, il est à Kaze no Kuni dans une maison située au nord-ouest de la ville portuaire d'Odaichi, il est handicapé et n'a personne pour l'aider. Si vous l'aidiez je vous en serais vraiment reconnaissant. »

Les mots étaient sortis si facilement alors qu'habituellement je n'étais pas quelqu'un qui demandait de l'aide aux autres, c'est assez bizarre en somme, comment mon comportement avait pu radicalement changer de cette manière, était-ce la mort qui annihilait le sentiment de fierté commun à énormément d'homme ? J'étais incapable de le dire, à vrai dire, je n'étais pas capable de beaucoup de chose dans ce monde, quand on sait que j'étais un nukenin de rang S lorsque j'étais encore en vie, ça fait réfléchir. Enfin, j'espérai vraiment que ma requête a été écouté, je sens comme une accalmie dans mon âme maintenant.

La longue marche distançant le monde des esprits et celui des vivants ne pouvait pas être pratiquée par n'importe qui; les jambes les plus endurantes, les plus musclées, les plus colossales ne seraient d'aucune utilité dans cette épopée qui ne demande qu'un lien spirituel avec l'au-delà. Il est particulièrement complexe d'expliquer pourquoi ce monde existe, ou pourquoi des personnes, aussi connues sous le nom du clan Mamoru, sont aptes à servir d'intermède entre les deux lieux, mais une chose est sûre : J'étais l'un d'eux. Un messager des défunts, l'expiateur des âmes tourmentées, un rôle difficile à supporter pour un jeune adolescent de 17 ans, exclu du monde à cause de son père, et décideur d'un exil auto-assigné pour ne pas avoir à supporter le regard du monde face à son œil, mort.

À un an de la majorité, je décidais (une fois assez d'argent et de vivres pour survivre) de m'improviser une planque, perdue dans la Forêt de la Brume en son cœur. Souterraine, elle abritait jusqu'alors des loups qui ne supportaient plus la densité extrême du brouillard. Ainsi, même si je venais à être localisé, cette tare environnante me permettait de m'abriter des yeux et rires moqueurs face à la balafre affichée verticalement sur mon visage.

J'étais enfin seul, serein, en paix. Si auparavant j'utilisais mon talent de Mamoru pour gagner ma vie, offrant les dernières volontés d'âmes défuntes à des vivants en échange d'argent, j'étais désormais parfaitement en symbiose avec ma cause qu'était la libération des esprits tourmentés, et j'en étais venu à un point tel que je pouvais, par le biais d'une profonde méditation, me retrouver au milieu de toutes les âmes, comme si mon esprit lui-même s'envolait de mon corps pour rejoindre le purgatoire. C'est de cette façon que je réussissais à écouter les dernières complaintes et volontés d'esprits, et au meilleur des cas, les exaucer.

Cette fois, c'est une âme brillante qui s'adressa à moi. Cet éclat prouvait que son esprit était pur, et même si quelques nuances grisâtres parsemait l'éclat blanc, il était sûr que la requête de cette âme était pure et désintéressée. C'est en l'écoutant que j'eus confirmation de mes premières pensées, alors que sa dernière volonté était de prendre soin de son grand père, apparemment handicapé. Une noblesse dans les derniers mots d'une personne qui démontrait une fois encore la raison pour laquelle le monde des esprits était merveilleux : Si l'Homme, au cours de sa vie, pense égoïstement; ce n'est pas le cas du défunt qui lui, offrirait son possible pour rétablir la justice qu'il n'eut pas l'occasion d'instaurer de son vivant.