Le borgne attendait depuis maintenant dix minutes devant l'une des maisons des quartiers les plus pauvre de Suna. Une clope vissée au coin des lèvres, le regard à moitié hagard pour témoigner que la nuit avait été longue, Shinji était adossé à côté d'une porte désespérément fermée. Il jeta rapidement un regard à l'horizon pour évaluer l'heure et poussa un soupire agacé en expirant la fumée de sa cigarette. Il l'a déposa ensuite sur le toit plat de la maison en allongeant son bras et en arborant un air innocent avant de faire les cent pas. L'Akuzu déplia ensuite l'ordre de mission que ce foutu gosse - toujours le même - lui avait apporté alors qu'il rentrait chez lui et le parcourut rapidement de son œil valide:

Ordre de Mission:

Shinji ne savait pas vraiment s'il appréciait ou non cette nouvelle tâche confiée par le bureau des missions. Il allait revoir Yami et chacune de leurs rencontres s'avéraient être riches en rebondissements et émotions donc de ce côté-là il ne se faisait pas vraiment de soucis. Il la savait compétente et consciencieuse même s'il avait souvent de la peine à comprendre comment elle appréhendait les choses. Quoi qu'il en soit il savait qu'il pouvait compter sur elle: n'avaient-ils pas tenu la dragée haute à une bande de momies quelques semaines plus tôt? Alors un gosse...

Le problème, justement, venait de ce gamin qu'ils étaient sensé surveiller. L'Akuzu ayant une sainte horreur pour tout ce qui n'excédait pas un mètre quarante et avait tendance à pleurer à la moindre contrariété, il redoutait déjà sa propre réaction au cas ou l'enfant ne se montrait pas docile. L'éducation, ce n'était pas vraiment son truc. Mais il était en revanche tout à fait partisan du "une bonne claque dans ta gueule ça calme tout de suite!". À moitié en train de cuver, irritable au possible, il n'avait ni l'envie ni la patience de supporter les frasques d'un nabot rebelle.

- "Ha, Yami!" s'exclama-t-il d'une voix rauque en posant le regard sur la noiraude qui arrivait. "Toujours aussi ponctuelle à ce que je vois..."

Il termina sa phrase par un bâillement qui dura une éternité avant de chasser la pâteuse dans sa bouche en déglutissant à plusieurs reprises. Après avoir craché habilement sur le sol, il se passa une main sur son œil avant de le cligner plusieurs fois pour affiner sa mission. Puis il décocha un splendide sourire à sa coéquipière pour lui indiquer qu'il était prêt. Si ce n'était pas encore assez évident, il se mit à tambouriner sur la porte close avec impatience.

- "C'est l'heure d'aller à l'école le morpion!" cria-t-il tout en appuyant de plus en plus ses frappes. "M'oblige pas à venir te chercher par la peau des fesses!"

Plusieurs têtes de mères inquiètes apparurent dans l'encadrement des fenêtres des maisons adjacentes, pour la plupart avec un air désapprobateur sur le visage. Shinji lui ignora royalement et poursuivit sa tambourinade jusqu'à ce que la porte s'ouvre enfin sur une femme d'âge mur et son regard de tueuse. L'Akuzu soutint un instant son regard avant de le baisser timidement: il n'avait jamais pu soutenir la vision d'une mère en colère...

- "C'est vous les shinobis envoyés pour protéger mon fils de ces voyous?" demanda-t-elle en jetant un regard suspicieux au borgne. "J'espère que vous êtes à la hauteur!"

- "On s'est envoyé des momies par dizaines alors c'est pas un sale go..."

Il fut interrompu par un coup de Yami dans les côtes et se retira de la conversation pour laisser la noiraude prendre les choses en main. Le dos tourné, il en profita pour prendre une petite gorgée de saké dans une petite fiole prévue pour l'occasion. Puis une fois que la Ketsueki eut réglé les quelques détails habituels - "Vous me le ramenez en vie hein? Soyez gentils avec mon petit il est sensible! Vous me promettez de garder constamment un oeil sur lui? Et s'il lui arrivait malheur?" - la mégère s'effaça pour laisser place à un rouquin boutonneux qui devait venir d'à peu près n'importe où sauf du désert.

*Avec une tronche pareille c'est normal qu'il se fasse laminer à l'école...* constata l'Akuzu avec un large sourire moqueur. *Faut lui rendre service et l'achever!*

Déjà que les gosses étaient moches pour le borgne, alors lui il battait aisément tous les records. C'était une sorte de mélange entre un crapaud malade et un chameau bouclé. Il ne put retenir un fou-rire monstrueux et quitta la rue pour aller se plier en deux loin des regards. Lorsqu'il eut reprit son calme et séché les larmes qui obscurcissaient sa vue, Yami était de retour avec l'enfant en question. Shinji fit donc de son mieux pour rester stoïque et ne pas croiser le regard de l'enfant. Après tout, ils avaient une mission à remplir et surtout des ryos à se faire. Autant torcher ça le plus rapidement possible...

- "Bon alors maintenant on passe au briefing!" clama-t-il avant de poser une main sur l'épaule du roux et le pousser contre le mur dans une merveilleuse tentative pour l'impressionner. "J'espère pour toi que c'est pas une blague et que tu te fais bien agresser parce qu'on a autre chose à faire que courir après des mensonges! Alors on va aller droit au but! Nom, prénom et signalement de tes agress..."

Le brun croisa le regard de l'affreux une fois de trop et ne put retenir une nouvelle crise de rire malgré une vaillante tentative en se mordant la lèvre. Il laissa donc place à sa coéquipière qui était définitivement plus apte à gérer ce genre de situations. Après tout les femmes n'avaient-elles pas ce fameux instinct maternelle souvent copié mais jamais égalé?

La mission que l’on m’avait attribuée me laissait perplexe… En effet, je n’avais aucune envie de jouer les messies pour un Académicien un peu trop faiblard pour se défendre par lui-même…
Cette missive stipulait que Shinji serait mon coéquipier et là encore je ne comprenais pas vraiment ce que nos personnalités pourraient apporter comme aide à cet adolescent. Il est était d’autant plus possible qu’il mentait de surcroît. J’espérais sincèrement pour lui que tout ceci était vrai car dans le cas contraire, il serait certain de craindre de véritables bourreaux…

Il était gré de constater que le donneur de mission avait sans doute voulu nous épargner avec une mission nettement plus tranquille que des momies à affronter à une trentaine de mètres de profondeur. Il fallait dire que j’aurais sûrement décliné une telle proposition… Une fois mais pas deux.
L’aube venait de débuter. Le soleil étirait ses rayons et sa chaleur étouffante commençait d’ore et déjà à se manifester.
Shinji m’attendait déjà et semblait agacé, pourtant, un sourire naquit sur ses lèvres lorsqu’il m’aperçu. Sa voix était rauque et fatiguée : il avait encore dû passer une nuit mouvementé dans ce lieu interdit...
Il me reprochait visiblement d’être en retard. Ce n’était quand même pas ma faute si la demeure Saibogu se retrouvait à l’autre bout du village !
J’expirais lourdement, me retenant de faire la moindre réflexion malgré mon énervement déjà palpable pour cette mission inutile. Autant la réaliser rapidement pour en être débarrassée !

C’était donc d’humeur massacrante pour lui comme pour moi qu’il frappait à la porte sans aucune délicatesse avant de rameuter le quartier pour son manque de tact flagrant… La mère du garnement semblait irritée au possible par les propos de Shinji. Je soupirais, las.
Nous étions certes peut-être agacés mais rien ne servait de faire échouer la mission en recevant des blâmes par la Kazekage suite aux retours houleux que pourrait faire cette dame à notre encontre…
Lorsque cet idiot allait continuer son blasphème envers une mère protectrice de sa progéniture, je m’empressais de lui flanquer un coup de coude dans les côtes pour le faire taire. Je décidais de prendre les devants et expliquais moi-même de quoi il retournait à la mère de famille. Mon ton se voulait compréhensif et teinté d’empathie alors que je pensais bien sûr tout le contraire de ce que j’avançais… Toutefois si je voulais avoir les bonnes grâces de cette femme, autant me la mettre dans la poche : la manipulation, il n’y avait que cela de vrai !

L’enfant en question s’avançait alors vers nous. Je le toisais, l'air neutre. Il était disgracieux et ses yeux ne reflétaient rien d’autres que du vide… C’était très troublant de regarder cet adolescent boutonneux qui semblait comme dépourvu d’âme… Etrange et effrayant à la fois…
Il n’avait pourtant pas l’air de suscité la moindre peur à Shinji puisque ce dernier s’esclaffait pour une raison inconnue à la seconde où il vit le jeune garçon. Je tournais ma tête vers lui, ahurie par son comportement stupide et déplacé alors qu’il s’en allait terminer son fou rire plus loin. La mère me jetait alors un regard assassin, m’accusant presque du comportement de mon coéquipier. Non mais quel culot ! Nous n’étions pas mariez que je sache ! Je n’avais donc pas à assumer ses idioties et en recevoir tous les reproches !
Je serrais le poing pour passer ma fureur sans que celle-ci ne soit visible sur mon visage pour toujours prétendre faire bonne figure.

Après un dialogue dénué d'intérêt, nous partîmes finalement et je soupirais de soulagement. Shinji nous rejoignait et se montrait de nouveau acerbe avec l’adolescent, le plaquant contre un mur comme un parfait coq dominant.
Je levais les yeux au ciel face à cette démonstration désabusée de force. Le jeune homme semblait déjà tellement fragile et détruit de l’intérieur que je doutais qu’avoir recourt à ce genre de méthode lui serait d’un quelconque secours…
Ces menaces n’étaient d’ailleurs pas menées à terme car l’Akuzu partait dans une nouvelle crise de rire…
Qui était le plus gamin des deux je me le demandais bien…
Prenant les rênes, je m’approchais du jeune homme et le sermonnait à mon tour :

« Ce que cet idiot veut dire c’est que nous n’avons pas de temps à perdre avec ce genre d’histoires de bac à sable alors tu vas nous dire tout de suite à qui nous devons botter l’arrière train pour que l’on puisse retrouver nos activités normales ! »

L’enfant écarquillait les yeux de stupeur en m’observant, jaugeant sans doute lequel de moi ou Shinji était le plus effrayant : c’était moi à ne pas en douter.
Il s’exprima d’une voix timide et mal affirmée :

« Je ne sais pas qui ils sont… C’est un groupe de racailles qui se fait appeler les « Shinobusiness »… Ils ne sont pas difficiles a identifier vu leur allure… Ils sont méconnus de l’Académie car ils sèchent très souvent les cours. »

Un nom ridicule pour un groupuscule de prétendus durs à cuire qui l’était tout autant.
Après plusieurs minutes de marche, nous arrivions finalement a l’Académie et je ne pouvais que me souvenir du jour où j’avais croisé Shinji en train de frotter la pancarte du bâtiment. Toutefois, ce qui me revenait en mémoire était davantage notre échange sanguinolent… Le simple souvenir de ce moment me faisait me remémorer le goût de son nectar… Je souriais, pensive à cette idée avant de tourner mon regard lourd de sens vers l’intéresser. Lui aussi devait certainement s’en souvenir…

Il était prévu que nous nous mettions en planque pour suivre de près le jeune homme afin de tomber sur les personnes qui le malmenait et de les intimer –gentiment – de ne pas recommencer sous peine de quoi ils se retrouveraient vidés de leur sang pendant leur sommeil…

Maintenant que les choses étaient dites, il n’y avait plus qu’à attendre…

Shinji en avait entendu des bêtises pendant sa courte existence. Que ce soit à cause des gens ou des lieux qu'il fréquentait, il avait toujours vécu entre la marginalité et l'anarchisme. Mais un groupe de racketteurs qui s'appelait volontairement les "Shinobusiness" c'était inédit. Comment voulaient-ils être pris au sérieux avec un nom pareil? Bah la réponse était plutôt simple: pour y parvenir ils étaient obligés de s'en prendre à des petits rouquins sans défenses pour se faire des ryos...

- "On nage en plein délire là..." fit remarquer le borgne entre deux fou-rires. "Manque plus que les poneys!"

Vu la description de ces racketteurs, il n'y avait même pas besoin de se faire du soucis pour cette mission. Les agresseurs étaient encore à l'académie et en plus n'étaient pas assidus aux cours. Ça lui rappelait quelqu'un ça tiens! Quoi qu'il en soit remettre à l'ordre quelques gamins n'allait pas être difficile même si pour ça ils allaient devoir se taper l'affreuse victime toute la journée. Les quelques détails supplémentaires réglés, comme par exemple celui du prénom du roux qui se nommait Yoshimi, ils se mirent en route pour l'académie. Shinji fit de son mieux pour ne pas tituber et résister à l'envie de s'endormir sur l'une des échoppes qu'ils rencontraient sur leur chemin. La partie n'était de loin pas gagnée finalement.

Le binôme se mit ensuite en surveillance au coin d'un bâtiment devant l'académie, Yami dos au mur et le borgne face à elle comme s'ils discutaient. Un regard à l'écriteau plus tard, l'Akuzu se remémora aisément le merveilleux orgasme sanguinaire que sa partenaire lui avait offert dans un moment d'égarement. Il plongea son regard dans les yeux de sa partenaire et espéra qu'elle avait aussi ce souvenir à l'esprit avant qu'un bruit de pas attire leur attention. Ashigaru, le concierge de l'académie, s'approchait d'eux de sa démarche de vieillard. Il ne les avait pas encore vu et c'était tant mieux. Le quinquagénaire ne manquerait pas d'attirer l'attention sur eux s'il en avait l'occasion. Ne réfléchissant que vaguement, Shinji embrassa rapidement sa coéquipière tout en tournant la tête de manière à masquer leur visage avec son capuchon. La menace passée, il s'écarta avec innocence de la demoiselle.

- "La mission avant tout!" clama-t-il avec un sérieux peu courant.

Ça l'arrangeait bien, tiens! L'Akuzu se passa la main derrière le crâne d'un air innocent avant de reprendre son observation des environs. Le début des cours n'était pas prévu avant une dizaine de minutes et la plupart des élèves discutaient bruyamment dans la cour, quand encore ils ne courraient pas dans tous les sens. Cet ambiance détendue et si représentative de l'innocence de la jeunesse arracha un sourire au borgne qui observa ce spectacle avec un vague air niais. Il aurait donné beaucoup de choses pour revenir quelques années en arrière, à l'époque où l'alcool n'avait pas encore obscurci son jugement...

- "Tu sais quoi Yami? Changement de programme!" murmura-t-il d'un air absent avant de joindre ses paumes. "Henge no Jutsu!"

Lorsque la fumée se dissipa, l'Akuzu était remplacé par un jeune gamin à l'air nonchalant et avec deux yeux valides cette fois-ci.

Spoiler:

Le Shinji miniature s'observa lui-même quelques instants avant de décocher un sourire goguenard à la noiraude. Il était visiblement amusé par la situation et ne se priva pas de l'exprimer en sautant joyeusement sur place. La perspective de rejoindre pendant un court instant les bancs de l'académie suffisait à effacer toutes ses appréhensions. Et puis ce serait plus facile de veiller sur Yoshimi en étant dans la même classe que lui après tout...

- "Comment tu me trouves? Allez viens on va se taper un petit retour en enfance! Quitte à faire une mission, autant s'amuser!"

Sans attendre une quelconque réponse - comme d'habitude - le petit Shinji courut rejoindre ses "camarades" juste avant que la sonnerie sonne. Yami se joignit à lui rapidement et ils échangèrent un bref sourire amusé avant de rejoindre Yoshimi et le flanquer avec innocence. Lorsque un sale gosse vint pour le bousculer en le traitant de roux, l'Akuzu repoussa l'indélicat dans coup dans le thorax qui fit tomber l'autre sur son postérieur en lui coupant le souffle.

*Mouais, faudrait peut-être que je me maîtrise un peu...*

Le gong retendit enfin et les élèves se précipitèrent en classe de théorie, les deux shinobis fermant la marche. En entrant dans la pièce où le senseï notait les noms de personnes présentes, ce dernier darda un regard sceptique sur Shinji et brisa le crayon qu'il tenait dans la main d'un geste impulsif.

- "Ils l'ont cloné! Manquait plus que ça..."

Le borgne se fendit d'un énième sourire goguenard avant de tendre leur ordre de mission au professeur. Il le parcourut rapidement du regard avant de soupirer. Visiblement peu enclin à voir les deux intrus dans sa salle de classe, le senseï envoya Yami au fond de la classe et indiqua à Shinji une place au premier rang.

- "Sérieusement?"

- "Ho que oui!"

Shinji lâcha une volée d'injure étouffées avant de se glisser seul au premier rang et appuyer sa tête sur sa main. Il lâcha un rot sonore refoulant l'alcool avant de se forcer au sérieux à cause du regard plus que désapprobateur du maître. Ce dernier saisit l'occasion à la volée pour désigner la Ketsueki et l'Akuzu:

- "Allez les deux nouveaux, on va voir ce que vous valez! Au tableau, tout de suite!"

- "Sérieusement?" lâcha une nouvelle fois la miniature d'Akuzu.

- "Ho que oui, bis!"

Le duo fut donc forcé d'obtempérer pour ne pas griller leur couverture. Finalement le senseï semblait trouver un certain réconfort à avoir des shinobis en missions dans sa classe. Shinji jeta des regards noirs aux autres élèves qui savouraient déjà la situation. Après tout les nouveaux étaient souvent les boucs-émissaires et ces petits morveux voyaient là une occasion en or de se moquer du duo. Ha, les gosses!

- "Commençons par toi!" reprit l'autre en désignant Yami. "Quel est la particularité d'un schéma offensif à triple coopération? Et quel est le moyen le plus efficace de s'en défendre?"

Shinji ne put réprimer un sourire et tourna un regard amusé vers sa coéquipière en se demandant si elle se rappelait ce genre de bêtises. Parce que lui, absolument pas...

Nous n'étions en planque que depuis deux minutes lorsque le concierge s'approcha de nous. Sa présence m'incommodait fortement car je n'avais nullement envie qu'il perturbe notre couverture... De plus, mon dernier dialogue avec lui avaient été des plus houleux, aussi n'espérais-je jamais devoir lui adresser la parole de nouveau.
Shinji sentant le vieil homme s'approcher, se collait à moi en tournant la tête de manière a nous dissimuler avant de poser ses lèvres sur les miennes. Je me raidissais, le dos contre le mur, tout en gardant les yeux rivés sur lui. Ses lèvres, qui avaient un goût et une odeur de tabac mélangé a quelques restes d'alcool, jouaient avec les miennes et sa langue ne se privait pas de gratifier la mienne de caresses.
Pourquoi faisait-il cela ?! A quoi cela rimait-il ?
Je ne lui rendais pas son baiser mais ne le repoussait pas non plus, ne sachant pas vraiment comment réagir dans cette situation...
Après quelques instants passés dans la plus grande proximité, l'Akuzu se reculait, l'air gêné en prétextant que son geste était des plus innocents et nécessaire pour le bon déroulement de la mission. J'arquais un sourcil face à son explication vaseuse et levais les yeux au ciel : qu'est-ce qu'il ne fallait pas entendre...
C'était la deuxième fois qu'il capturait mes lèvres avec les siennes et cela dans le même lieu ! L'académie affolait ses hormones ou bien ?
Je pouvais dire cependant que cela ne m'avait pas vraiment gêné ou même déplu... Ce constat laisser flotter en moi les éternelles questions que je me posais au sujet du sentiment d'amour ou même de sexe...

Je n'eus pas vraiment le temps de m'y attarder plus, puisque déjà, Shinji proclamait qu'il y avait un changement dans la mission et utilisait un henge pour ressembler a un enfant qui devait surement le représenter plus jeune. Ce visage ne m'était d'ailleurs pas inconnu... C'était étrange de regarder l'Akuzu avec cette apparence et surtout avec les deux yeux en état de fonctionnement...
La miniature semblait visiblement pressée de rejoindre les bancs de l'Académie et bien qu'il aurait été plus simple de rester ici, l'idée de cette infiltration incognito me plaisait grandement. Je rejoignais donc mon compagnon sous les traits de moi même en toute jeune adolescente après le même procédé.



Spoiler:


En courant dans les couloirs pour le rattraper, je passais devant un miroir qui me renvoyait le reflet d'une jeune Ketsueki... Quelle nostalgie de se revoir ainsi...
J'avais toujours été solitaire à l'Académie et cela pour la bonne raison que personne ne voulait m'approcher moi et ma maîtrise du sang trop étrange et effrayante. J'avais grandi avec ces remarques et m'en étais acclimatée : ne cherchant nullement à m'approcher des autres car ma présence leur était de toute façon nuisible.
En revanche, ceux qui me causaient du tord ne le faisaient jamais très longtemps car je n'étais pas du genre à me laisser faire.

La salle des cours théoriques aussi me renvoyait bon nombre de souvenirs... Le sensei était toujours le même et ce dernier nous avait visiblement reconnu sans peine, bien qu'il ne se souvenait plus de mon prénom – la discrétion vous fait rapidement oublier des esprits d'autrui -.
Toutefois, il se rappelait très bien de Shinji envers lequel il envoyait quelques brimades avant de lire notre ordre de mission quant à la protection de Yoshimi.
Nous fûmes d’emblée interrogés. Le sensei semblait prendre un malin plaisir à nous questionner, nous désormais genin en mission, pour constater de nos leçons bien apprises. Il me prenait à parti, me posant des questions théoriques auxquelles je répondais sans sourciller :

« Un shéma offensif a triple coopération à la particularité d'élargir la zone offensive et le champ d'action, tout en réduisant l'angle mort pour les utilisateurs alors que l'inverse se produit pour l'adversaire. Le moyen le plus efficace de s'en défendre est de toujours garder une distance suffisante entre eux et nous pour garder l'avantage de l'esquive et ainsi mieux anticiper les attaques de nos assaillants. »

J'expliquais cela avec le plus grand des naturels. J'avais bien retenu mes leçons.
Shinji, qui auparavant souriait en espérant me voir patauger avec les questions, faisait désormais la moue, désemparé face à mes souvenirs. J'étais certaine que lui aurait été incapable de répondre a ces interrogations.
Les académiciens nous observaient attentivement, attendant une erreur de notre part pour se moquer de nous a gorge déployée alors que les trois quarts d'entre eux ignoraient sûrement aussi la réponse.

« C'est exactement cela. Parfait ! Et toi alors Shinji ? Peux-tu me dire quel est le moyen de contrer l'attaque des ombres d'un Nara si toi et lui vous trouvez seul dans une forêt particulièrement ombragée ? Et quelle quantité de chakra, un shinobi genin maîtrisant le katon, utilise-t-il en créant un dragon de feu sachant qu'il en faut 1/10ème a un juunin pour cette même technique ? »

Au fur et a mesure que le sensei lui posait des questions, le visage de Shinji se décomposait...
Il n'en avait pas la moindre idée et après quelques blagues vaseuses et les rires moqueurs des autres élèves, nous retrouvions nos places dans les gradins.

Quelques heures plus tard venait l'heure de la pause. Nous nous étions engouffrés dans la cour avec les autres, surveillant du coin de l'oeil notre protégé. L'Akuzu soupirait, ne tenant pas en place.
Je me risquais alors :

« Je me souviens de toi maintenant. Nous étions dans la même promotion... Tu étais toujours envoyé dans les premiers rangs car tu étais très dissipé ! Je me rappelle que tu m'énervais à t'agiter comme un épouvantail auquel il aurait poussé des jambes. »

Quelques instants après que j'avais terminé ma phrase, Yoshimi se faisait accoster par une bande de gamins qui jouaient les gros durs. A voir leur accoutrements de parfaites racailles courants les rues, il était possible que nous étions face aux « Shinobusiness »...
Ces adolescents auraient d'ailleurs eu très bien leur place dans les quartiers et le bar illégal que fréquentait Shinji. Ce dernier semblait sceptique en les observants. Peut-être les connaissait-ils...

Yami répondit sans sourciller aux questions théoriques du Senseï et Shinji perdit rapidement son petit sourire en coin lorsqu'il comprit qu'elle n'allait pas échouer à ce questionnaire. Ce n'était pas par méchanceté qu'il souhaitait voir sa coéquipière échouer mais seulement par espoir de ne pas se retrouver seul face à des questions dont il ne connaissait pas les réponses. Il se décomposa donc lorsque le maître annonça que la Ketsueki avait brillamment réussi l'exercice avant d'être jeté à son tour en pâture aux autres élèves de la classe. À en juger par les sourires éclatants et les regards sournois que ces derniers lui jetaient, ils avaient certainement compris que le passage de l'Akuzu serait plus distrayant pour leurs petits esprits étriqués...

Vint ensuite la question portant sur le moyen de contrer l'attaque d'un Nara dans une forêt ombragée et un problème mathématique sur la consommation de chakra. Deux bonnes questions auxquelles il n'avait pas le moindre début d'esquisse de réponses. Il jeta rapidement un regard à Yami comme pour vérifier qu'il ne pouvait effectivement pas attendre d'aide de sa part et se mordilla légèrement la lèvre comme pour mieux exprimer son embarras. L'improvisation avait toujours été le leitmotiv du borgne et il allait encore une fois compté là-dessus pour espérer donner le change à ce foutu Senseï.

- "L'attaque des ombres d'un Nara hein?" répéta-t-il avec l'espoir évident de gagner quelques précieuses secondes de réflexion.

Il avait déjà entendu ce nom quelque part et l'indice sur les ombres lui remémora quelques anciens souvenirs poussiéreux de l'époque de l'académie. C'était pas un des clans du pays du feu? Ouais, ça devait être ça!

- "Bah en fait je mettrais le feu à la forêt! Vu que la lumière chasse l'ombre ça devrait le faire pour repousser son attaque!" se hasarda-t-il finalement à répondre en haussant les épaules. "Et si jamais ça fonctionne pas je lui écraserais mon poing dans la tronche avant qu'il ait eu le temps de me toucher! Cette méthode a fait ses preuves et puis un Akuzu, c'est rapide! N'est-ce pas Senseï?"

Le naturel revenant au galop, le borgne décocha un sourire carnassier à son ancien professeur comme pour mieux lui rappeler le nombre de crasses qu'il lui avait fait. Shinji se souvenait de quelques courses poursuites épiques dans les couloirs lorsqu'il essayait d'échapper aux conséquences de ses bêtises. Avec le recul ça laissait de plutôt beaux souvenirs d'ailleurs même si sur le moment les heures de colles qui en avaient résultées étaient nettement moins drôles. De son coté le maître se contenta de soupirer et de lâcher un vague "certaines choses ne changeront jamais..." tout en levant les yeux au ciel. Bon visiblement ce n'était pas la réponse qu'il attendait...

- "Pour le chakra j'en ai aucune idée mais à tout hasard je vais dire... hmm.... le double?" se risqua-t-il en jetant un regard plein d'espoir au maître. "Non? Le triple alors?"

- "À toi de me le dire ça! Je ne vais pas te donner la réponse!"

- "Le quadruple?"

- "Désespérant..."

- "Non mais sérieux qu'est-ce qu'on s'en tape de la quantité de chakra qu'il faut à un foutu genin pour faire sa saleté de dragon de feu?" s'irrita le brun en se renfrognant.

Une vague de rire traversa la classe avant que le senseï ramène le silence et libère ses deux têtes de Kumojins en leur permettant de rejoindre les gradins. Shinji n'y resta cependant guère longtemps puisqu'il retrouva rapidement sa place habituelle après avoir balancé un parchemin à la tête d'un jeune arrogant. Ce fut donc au coin qu'il passa la majeure partie des heures qui suivirent et l'Akuzu se remémora vite pourquoi il détestait tant les leçons théoriques. Lorsque la libération arriva sous la forme d'une pause, le turbulent brun se hâta de rejoindre la sortie en bousculant au passage une gamine qui avait la prétention de franchir en premier la porte. Non mais!

Yami le rejoignit bien vite et ils poursuivirent leur protection discrète de leur protégé roux. La Ketsueki lui fit alors remarquer qu'ils avaient été dans la même promo et qu'il avait déjà le don de l'irriter à l'époque. Un sourire amusé éclaira le visage du jeune homme - enfin, en l'occurrence du gamin - alors qu'il commençait à se rouler une cigarette.

- "J'étais un gosse plein de vie, c'est tout!" fit-il pour toute justification.

Poursuivant son ouvrage, Shinji détailla avec attention sa coéquipière. Dans sa hâte de s'engouffrer dans cette aventure fantasque, il n'avait guère pris le temps de l'observer. Elle était déjà plutôt mignonne lorsqu'elle était jeune même s'il se sentait coupable d'avoir ce genre de pensées à l'égard d'une enfant. Mais il préférait nettement la Yami actuelle qui était indéniablement plus... aboutie. Et puis cette réplique n'avait pas de formes dignes d'intérêt...

- "Toi si je me rappelle bien tu étais du genre coincée non? Toujours en retrait, seule, abandonnée! Je ne t'ai pas reconnue tout de suite mais je m'en souviens maintenant! On peut pas dire que tu étais la joie incarnée ça c'est sur..." fit-il sans le moindre tact avant de freiner sa hardiesse. "Mais tu as évolué dans le bon sens je suppose hein?"

Il lui décocha un clin d’œil et reporta son attention sur Yoshimi alors qu'une bande de gamins commençait à l'entourer de façon menaçante. C'était l'heure d'aller botter quelque popotins et de calmer un peu ces shinobusiness. Le borgne les détailla du regard et écarquilla son oeil valide de surprise lorsqu'il reconnut quelques-uns de ces gamins qui tentaient de jouer au dur. Il en désigna deux à sa coéquipière:

- "Tu vois les deux moches tout à gauche? Devine qui est leur môman?" la questionna-t-il avec un large sourire en coin. "Hé ouais, Risako! Dans le mille!"

Ils ressemblaient traits pour traits à leur horrible mère même si l'obésité ne les avait pas encore gagnés. Mais ils avaient la même charpente osseuse que leur mère, à savoir celle d'un bon gros cachalot. Shinji vissa sa clope au coin de ses lèvres et l'alluma rapidement avant de jeter un regard entendu à sa partenaire: il était temps de faire un peu le ménage et remettre les pendules à l'heure à cette bande d'amateurs en culottes courtes. Il s'avança donc d'un air décidé vers le groupe de racketteurs et se prépara à les invectiver à coups de poings quand il se sentit pratiquement décoller du sol. Une pression titanesque sur le lobe de son oreille venait de le dévier de sa trajectoire et il se sentit traîner en arrière sans qu'il puisse rien faire. Il allongea son oreille pour poser pieds à terre tandis qu'il se faisait emmener par un quinquagénaire en rogne:

- "Fumer en pleine cour de récréation? Ton compte est bon mon gaillard! On va voir ce que le responsable de l'académie pense de tout ça!"

Shinji eut beau protester, décliner son identité et arguer qu'il était en mission, rien n'y fit! Il se fit rapidement traîner hors de la vue de la Ketsueki. Le borgne eut tout juste le temps de lui faire un vague signe de la main pour lui signifier qu'il allait bientôt revenir avant qu'elle disparaisse de son champ de vision. Yami allait devoir s'occuper seule de cette affaire! Le temps que l'Akuzu éclaircisse ce malentendu...

Music ♫:

Shinji faisait preuve de son audace habituelle, m'affublant d'adjectifs qualificatifs des plus déprimant : coincée, seule, abandonnée, la non joie incarnée... Tout autant de termes qui n'étaient pourtant pas faux. Il précisait – pour se rattraper – que j'avais changé dans le bon sens pour cela. Il était vrai que ma psychologie actuelle n'avait plus rien à voir avec celle d'autrefois. Il me restait encore bon nombre de choses à apprendre avant de tout comprendre des relations sociales qui demeuraient pour moi assez abstraite, mais j'avais déjà franchi quelques étapes.

Je fus tiré de mon constat par mon coéquipier qui faisait reporter mon attention sur le groupe d'individus qui semblait vouloir menacer Yoshimi. Shinji m'expliquait alors que deux d'entre eux étaient les enfants de Risako, la femme que j'avais vaincu sur le ring des combats illégaux. Les enfants n'étaient pas aussi imposants que leur mère mais maintenant qu'il me l'avait dit il était vrai que je voyais clairement la ressemblance...
Je me demandais bien comment une telle femme pouvait séduire et enfanter... Je n'y connaissais pas grand chose dans les deux domaines mais... un homme était capable d'être attirée par une telle femme ?! Cela dépassait mon entendement... Je supposais que tout cela sonnait bizarrement à mes oreilles car je ne savais rien de la séduction ni même de l'amour.
Toujours était-il qu'il était temps de les remettre à leur places ces petits morveux. Je me ruais vers eux, suivi de Shinji mais ce dernier fut aussitôt intercepté par le concierge qui l'emmenait vers le bureau du directeur car une cigarette était vissée au coin de sa bouche : non mais quel idiot !
Je m'arrêtais un instant, regardant l'Akuzu mis à mal et le groupuscule menaçant ainsi que Yoshimi. Après une seconde d'hésitation, je continuais ma course, jugeant que Shinji s'en sortirait tout seule, ce qui n'était pas le cas de notre recruteur : la mission avant tout.

« Alors ?! T'as la thune ? On a pas q'ça a faire nous ! Tu ne voudrais tout de même pas qu'il arrive des bricoles a ta pauv mère ? Ni même a ta bicoque bancale que tu appelles maison ?! »

J'écoutais attentivement leurs propos. L'affaire se révélait plus importante qu'une simple intimidation de bac à sable. Ces racailles le menaçait ouvertement de s'en prendre à sa famille et sa maison... Leurs airs goguenards prouvaient leur détermination et la véracité de leur dires. Yoshimi bafouillait, ne sachant plus que dire face à ces brutes.
Je rentrais alors dans leur sphère privée et lourde en atmosphère avant de m'imposer :

« Fichez le camp ! Laissez le tranquille ! »

Les six adolescents me riaient au nez et se moquaient ouvertement :

« Oh regardez ! T'as pas honte de te faire protégé par une fille ?! T'a vraiment pas de couilles ! »

Et un autre de dire :

« Allez dégage morveuse où ça va être ta fête »

Les repoussements dont j'étais la victime me renvoyait à l'époque où je fréquentais moi même les bancs de l'Académie... Personne ne voulait être avec moi et certains m'attribuaient des surnoms de mauvais goûts... En cela, je me reconnaissais en Yoshimi et me jurais de ne pas les louper.
Je serrais les dents alors que ma colère était grandissante. Mes yeux exprimaient toute a hargne alors que je m'entaillais avec ma bague.
Les regards ahuris de la bande me satisfaisaient : ils ne s'attendaient pas à cela.

« T'es qui la folle ? »

Sans prendre la peine de leur répondre, je déployais rapidement une tentacule de mon sang pour repousser mes assaillants. J'agrippais ensuite celui qui semblait être le chef de gang avec le tentacule et le faisait prendre un peu de hauteur. Les autres se relevaient et m’assénaient de justu Katon et Suiton. Je relâchais ma prise, faisant s'écrouler le caïd au sol, pour effectuer des mudras pour créer un faible bouclier de vent devant moi, Shinji choisissait ce moment pour refaire son apparition.
La cour s'agitait. L'excitation montait d'un cran. L'ambiance qui régnait ici demeurait la même que celle qu'il pouvait y avoir dans le bar aux combats illégaux. J'espérais franchement que le concierge ou n'importe qui d'autres d'extérieurs n'interviendrais pas durant notre altercation.

Les regards étaient rivés sur ma maîtrise du sang et trahissaient le dégoût et l'étonnement... comme autrefois...

Shinji continua à se faire traîner sur plusieurs dizaines de mètres et sans l'élasticité qu'il insuffla à son oreille, il aura sûrement parcourut cette distance sans même toucher le sol. Ashigaru avait une force impressionnante malgré son âge et une énergie que beaucoup de jeunes pouvaient lui envier. L'Akuzu continua de protester mais le quinquagénaire sembla purement et simplement l'ignorer. Il faut dire qu'il avait de bonnes raisons malgré tout: avec les années, il en avait vu des élèves faire des conneries et avait certainement entendu une quantité égale d'excuses stupides pour les justifier. Continuant de marmonner dans sa barbe, le concierge poursuivit sa route sans que rien ne puisse être en mesure de le stopper. C'était une véritable force de la nature, ce type!

- "Mais puisque je te dis que c'est moi! C'est Shinji! Tu ne me reconnais pas?"

- "Un morveux est un morveux, vous vous ressemblez tous pour moi!"

- "Lis au moins mon ordre de mission! Ça te prendra deux minutes et tu éviteras de perdre ton temps! Et de me faire perdre le mien par la même occasion!"

Mais rien n'y fit, l'autre semblait largement déterminé à le mener devant le responsable en espérant sans doute qu'il prendrait sa raclée. Shinji attendit patiemment qu'ils entrent dans l'académie puis arrivent au niveau du bureau dudit responsable pour retrouver son apparence normale. Le nuage de fumée qui résultat de cette transformation attira enfin l'attention d'Ashigaru qui se retourna avant d'écarquiller les yeux de surprise.

- "Sh... Shinji?"

- "C'est pas faute d'avoir essayé de te le dire!" maugréa-t-il, le regard mauvais.

L'Akuzu tira son ordre de mission de son manteau et le tendit au vieillard qui le parcourut rapidement du regard tout en levant régulièrement des regards sceptiques à l'attention de sa proie, comme s'il n'arrivait pas à croire ce qu'il était en train de lire.

- "Tu es en mission, donc? Mais pourquoi te déguiser en élève?"

- "À ton avis? Parce que c'est le meilleur moyen de garder l'oeil sur Yoshimi sans éveiller l'attention!"

- "Je vois... Mais ça ne change rien au fait que tu fumais dans la cours! Alors tu vas quand même me suivre mon coco!"

- "J'ai pas le temps pour ça, tu comprends pas? La vie d'un gosse est en jeu!"

- "T'exagère pas un peu là?"

- "Un chouïa peut-être..."

Un duel de regard s'engagea alors comme si chacun d'eux essayait de faire plier l'autre en silence. La scène s'étala sur plusieurs longues secondes avant qu'Ashigaru lâche un long soupire et se fende d'un signe positif de la tête.

- "Ok alors va faire ton truc! Mais je vais quand même faire un rapport sur ton comportement inadmissible, te voilà prévenu!"

- "C'est ça, fais donc un rapport! Moi je me casse!"

Joignant le geste à la parole, le borgne se hâta de rejoindre sa coéquipière après s'être une nouvelle fois transformé en modèle réduit. En retournant dans la cours, il écarta sans ménagement une bande de gamins qui jouaient à se courir après pour se porter à la hauteur de la splendide jeune femme. Cette dernière avait les choses bien en main visiblement puisqu'elle était en train d'agiter une tentacule formée de son sang d'un air menaçant. Un bout d'elle se balançait l'un des racketteurs. Le reste de la bande lui envoya divers jutsu qu'elle para avec un bouclier de vent. Ils ne pouvaient pas le savoir puisque les deux shinobis avaient une apparence juvénile mais ils n'avaient aucune chance contre la Ketsueki. Déjà proches de zéro, leurs chances de vaincre venaient de s'envoler avec l'apparition de l'Akuzu.

Les jutsus utilisés avaient attiré l'attention des autres élèves qui commençaient lentement à former un cercle autours d'eux. Certaines choses ne changeaient pas avec le temps et l'intérêt des jeunes pour la bagarre était l'une d'elles. Shinji adressa un regard amusé à la belle noiraude avant de toiser d'un regard prédateurs les racketteurs qui se regroupaient avec l'idée évidente de passer une nouvelle fois à l'attaque.

- "Toi aussi tu veux te faire castagner le moche?"

Il fallut un certain temps au borgne pour comprendre qu'on s'adressait à lui. Moche, lui?

- "Quand on a une mère comme Risako on évite de porter ce genre de jugements le morveux!" rétorqua-t-il avec un sourire prédateur.

- "Tu connais ma mère toi?"

- "Plutôt bien ouais! On l'a déjà envoyée au tapis à plusieurs reprises et la dernière fois c'est cette charmante demoiselle qui s'en est chargée! Alors ses rejetons..."

- "Han comment il parle de notre mère lui! Allez on les éclate! Shinobusiness, en avant!"

- "Va rejoindre Ashigaru, Yoshimi! Dépêches! Il sait qui on est il veillera sur toi en attendant notre retour!"

Puis la pseudo bataille s'engagea sous les vivats des petits spectateurs. Allongeant son bras entre leurs assaillants, Shinji les sépara en deux groupes d'un mouvement ample qui propulsa la moitié des racketteurs sur le côté. Leurs adversaires désignés, les deux shinobis purent répartir leurs efforts sur leurs adversaires qui restaient plus nombreux qu'eux. Et même s'ils étaient encore en formation, il fallait reconnaître qu'ils étaient plutôt doués pour leur âge. L'Akuzu évita un coup de pied et saisit la jambe de son adversaire pour le rejeter contre une balançoire un peu plus loin. La difficulté de ce semblant d'affrontement résidait dans le fait qu'ils devaient doser leurs forces pour ne pas les blesser gravement. Affronter des gamins était autrement plus compliqué que des adultes puisqu'ils devaient retenir leurs coups. Et ce n'était pas vraiment dans le caractère du borgne qui aimait se donner à fond dans la plupart des choses qu'il faisait. Et l'alcool n'aidait pas vraiment.

- "Technique secrète du Shinji: les milles claques!" cria l'Akuzu avec un large sourire sur le visage.

Ce Jutsu n'existait évidemment pas mais cette formulation l'amusait. Allongeant ses avant-bras pour se donner de l'amplitude, le borgne se mit à distribuer des claques peu violentes mais affreusement irritantes à ses opposants. Les claques étaient humiliantes et avaient le don de faire monter les larmes aux yeux par réflexe naturel. Ainsi donc les gros durs qu'ils se prétendaient être n'en menaient pas larges même s'ils ne portaient pas de blessures significatives. Et puis ça suffit pour les maintenir à distance un moment. L'un d'eux lui décocha une boule de feu modeste mais brûlante et Shinji allongea ses jambes tout en enroulant un bras à la taille de Yami, derrière-lui, pour la soulever avec lui et ainsi laisser passer l'attaque entre ses jambes. Il la reposa ensuite délicatement juste au moment ou la cloche annonçait la fin de la récréation.

Les choses se calmèrent rapidement lorsque le concierge vint s'assurer qu'aucun retardataire ne traînait dans la cour et les adversaires se séparèrent rapidement pour rejoindre leurs classes respectives. Les Shinobusiness regagnèrent leur classe de dernière année et les deux shinobis retournèrent au niveau intermédiaire en compagnie de Yoshimi qui les rejoignit rapidement, visiblement satisfait de la tournure des événements.

- "On vous retrouvera à la fin des cours les moches!" promit l'un des fils de Risako. "Ça va être votre fête quand notre chef sera là, vous allez voir!"

- "C'est ça ouais!"

Ce dernier échange verbal terminé, le duo entra dans leur salle de cours où le Senseï les attendait avec impatience. Lorsque les derniers retardataires furent arrivés, il se racla la gorge pour réclamer leur attention.

- "Bien! Nous allons maintenant passer aux exercices pratiques! Dirigez-vous vers le terrain d'entraînement! Et en silence je vous prie! Une fois sur place je vous expliquerai ce que nous allons faire!"

Ha chouette!

Le groupuscule ne tardait pas a remarquer la présence de Shinji. Ce dernier n'hésitait pas a les remettre à leur place en évoquant les frasques que nous avions eu avec la mère de deux d'entre eux, leur précisant que nous n'avions eu nulle difficulté a mettre cette dernière au tapis et que donc ils feraient mieux de se tenir à carreau...
La menace proférée, il recommandait à Yoshimi de se tenir à l'écart pour sa sécurité.
Shinji scinda le groupe adverse en deux, nous laissant trois adversaires chacun. La difficulté résidait dans le fait de ne pas les blesser gravement mais de les sonner et les mettre hors courses tout en s'assurant qu'ils ne réitéreraient pas leur harcèlement.

Après plusieurs jutsus échangés, je créais un nouveau tentacule de sang dans le prolongement de mon bras et l'agitait vivement devant moi pour éjecter mes assaillants.
Brusquement, je me sentais soulevée du sol et tournais prestement la tête vers le dirigeant de cette mascarade qui n'était autre que Shinji. Usant de son pouvoir particulier, il m'avait fait léviter a ses côtés pour éviter un jutsu katon. Un certain mal aise me gagnait alors que je me retrouvais dans ses bras... je n'arrivais pas a déterminer l'origine de cette oppression que je ressentais mais je n'aimais pas ça... Cette sensation désagréable prenait fin lorsqu'il me reposait sur l'asphalte. Je l'attribuais au fait qu'il avait voulu me protéger alors que j'aurais été tout a fait apte à me défendre seule : après tout, je n'avais pas besoin des autres pour assurer ma protection !

Un brin en colère, l'affrontement se terminait alors que la cloche signait la fin de tout amusement. Je n'avais pas vraiment envie d'assister de nouveau aux cours mais nous n'avions pas le choix si nous ne souhaitions pas révéler notre couverture. Les Shinobuisiness nous promettaient une nouvelle raclée à la fins des cours de la journée car leur chef serait présent : il me tardait d'assister à cela...

Le cours du moment était celui des travaux pratiques. Il nous fallait mettre en exergue ce que le sensei s'évertuait à nous apprendre. Sous ses recommandations, nous nous dirigions sans mot vers le terrain d’entraînement.
Une fois arrivée sur les lieux, qui me faisait remonter des souvenirs laconiques, le sensei donnait ses consignes :

« Vous allez vous mettre en binôme avec le partenaire de votre choix. L'idée est de travailler vos substitutions. Une substitution est une substitution en combat nous somme bien d'accord mais je vais vous demandez de faire ressortir une substitution plus personnelle en usant de votre chakra. Je m'explique. »

A ces mots et devant nos yeux interrogateurs, le sensei réalisait les mudras nécessaires et se substitua a un tronc d'arbre d'où jaillissait du sable dans l'un des nœuds du bout de bois. Après quoi il revenait vers nous, la bûche toujours au sol :

« Vous voyez ? Je maîtrise le Sunaton et celle-ci s'est manifestée à travers le sable s'écoulant sur le tronc. A votre tour ! »

Nous nous installâmes sur le terrain en face à face Shinji et moi tandis que nous réfléchissions à comment procéder... Le but de l'exercice était d'avoir une maîtrise particulière sur notre propre jutsu simple en y ajoutant quelque chose de notre cru suivant nos aptitudes... Un exercice plus complexe qu'il n'y paraissait en soit...
Faire ressortir ma maîtrise du sang et du fuuton a travers une substitution ?
J'adressais un regard a Shinji, qui semblait se demander ce qu'il faisait là tout en paraissant à la fois excité... Je me demandais si son tronc apparaîtrait sous la forme d'une bouteille... Cette idée stupide me faisait rire intérieurement.
Je me concentrais sur mon idée et effectuais des mudras. Je me substituais alors en tronc duquel s'échappait des bulles d'air de sang.
Je revenais à mon emplacement initial pour constater mon œuvre : pas mal.
Effectuer de nouveau ce genre d'exercice me replongeais inexorablement dans mon enfance tourmentée et il était plaisant de pouvoir aborder la situation avec un regard nouveau : plus joyeux. C'était comme ci on m'avait accordé un retour dans le passé en modifiant son cours pour le rendre plus attrayant...
Au fond, j'avais toujours sans doute rêver de vivre ce genre de situations dans une approche plus clémente.

S'en suivait plusieurs exercices de maîtrise, nous apprenant à nous défendre et a améliorer notre dextérité. Les entraînements n'étaient pas difficiles et cela commençait à m'ennuyer... Heureusement, après plusieurs heures, le cours se terminait et il était temps pour nous de vérifier si les Shinobuisiness n'avaient qu'une parole !

Sérieusement? De la substitution? Pour le coup je le sentais vraiment mal ce coup-là. J'avais jamais été très doué dans ce domaine et mon passage à l'académie était parsemé de mauvaises notes dans ce domaine. Et même quelques années après quitté le centre de formation je n'avais pas vraiment progressé dans ce genre d'arts shinobis. Non seulement parce que mon entraînement se limitait à de simples combats dans les profondeurs d'une cave du centre-ville mais aussi parce que je me désintéressais de ce genre de techniques subtiles. Mon truc à moi c'était foncer dans le tas, distribuer des coups et absorber ceux qui m'étaient destinés. Certainement pas ce genre d'inepties!

La drôle de tronche que je tirai alors n'avait pas échappé à Yami qui tourna son magnifique regard rubis vers moi. Je me la jouai alors assuré, limite excité par cet exercice même si je ne savais pas vraiment comment j'allais m'y prendre pour éviter de me ridiculiser. Mais ne pouvais pas y couper, ça c'était certain! La Ketsueki ouvrit le bal en effectuant des mudras avant de se substituer à un tronc d'arbre qui laissa échapper des bulles de sang. J'avais vu plusieurs fois ses capacités claniques à l’œuvre mais j'étais toujours étonné par ce qu'elle parvenait à faire de ce fluide vital. C'était flippant et intéressant à la fois. Quelques élèves portaient d'ailleurs leurs regards dans sa direction avec un étonnement lisible sur le visage. Cette maîtrise si particulière expliquait sûrement en grande partie pourquoi elle avait été mise de côté pendant son passage à l'académie. Son comportement n'était qu'une conséquence d'un pouvoir qu'elle n'avait pas choisi. Pour le coup je ressenti de l'empathie pour elle même si je me gardai bien de l'exprimer. Je savais qu'elle n'en avait que faire...

- "Pas mal du tout..."

Je la complimentai même si je savais que la parfaite exécution de son jutsu allait rendre le mien encore plus pitoyable. Je lui demandai d'ailleurs de ne pas se moquer en me passant d'un air ennuyé une main derrière le crâne comme pour mieux exprimer ma gêne. Puis je me préparai à effectuer ma propre série de mudras avant de m'arrêter en voyant que les autres élèves continuaient de nous observer. Normal finalement puisque nous étions les petits nouveaux et qu'il s'agissait de notre premier exercice pratique en leur compagnie. Ils voulaient simplement savoir de quoi nous étions capables...

- "Vous avez pas des bouts de bois à faire apparaître vous autres?" fis-je sur un ton agacé. "Allez hop, au travail les feignasses!"

Peine perdue, ils continuèrent leurs observations. Et ma remarque avait attiré l'attention du senseï qui s'approchait avec un large sourire sur le visage. Il était bien placé pour savoir que j'étais nul dans ce domaine et il avait visiblement envie de s'amuser. Comment lui en vouloir, hein? Mais sa présence ne fit qu'augmenter la pression sur mes épaules et c'est avec des gestes hésitants que j'effectuai mes signes pour me substituer à... une brindille. Une misérable petite brindille qui virevolta en tombant sur le sol. Une série de rires moqueurs s'éleva jusqu'à ce qu'une petite étincelle apparaissent sur l'objet substitué, signe de mon affinité raïton. Je pointai du doigt ma piètre œuvre avec une vague sensation de victoire:

- "Vous avez vu? Vous avez vu hein?" demandai-je en jetant des regards plein d'espoir autours de moi. "Elle a fait une étincelle!"

- "J'hésite entre pitoyable et affligeant..." lâcha le maître avec un sourire mesquin sur les lèvres. "Toujours aussi nul dans ce domaine hein mon petit Shinji?"

- "Donnez-nous des trucs à frapper et vous allez voir si je suis nul!"

Le senseï leva les yeux au ciel avant de tourner les talons, me laissant seul avec mon sentiment de honte. Je subis les remarques désobligeantes de mes "camarades" pendant le reste des cours et j'étais à deux doigts d'en éclater l'un d'eux avant que la cloche ne signale la fin de la journée. Il était désormais temps de passer à une autre phase pratique, celle consistant à botter les fesses des Shinobusiness et leur fameux chef. Mais pourtant il n'y avait nulles traces d'eux lorsque nous quittions l'établissement. J'échangeai un regard avec ma séduisante partenaire: peut-être qu'ils avaient jeté l'éponge après tout. Nous restâmes une bonne dizaine de minutes à attendre dans l'espoir de les voir arriver. Mais... rien!

- "Je sens qu'on va devoir passer une autre journée à l'académie à ce rythme! Quelle bande de poules mouillées!"

L'idée n'était pas vraiment séduisante à vrai dire. Subir une nouvelle journée de railleries ne me plaisait pas particulièrement. Mais si Yami avait pu durer des années ainsi en étant gamine, il n'y avait pas de raisons qu'il n'y parvienne pas en étant adulte. Et pour le coup je ne pouvais pas vraiment me plaindre malgré les remarques acerbes qui me brûlaient les lèvres. Nous décidâmes donc de ramener Yoshimi chez lui pour nous assurer qu'il ne lui arriverait rien chemin. Et nous eûmes rapidement confirmation que ce choix était judicieux puisqu'à peine une centaine de mètres parcourus je sentis un violent coup sur mon fesses. Je fus projeté en avant et m'écrasai contre un tas d'ordure avant de me retourner vivement pour contempler l'audacieux qui avait osé s'en prendre ainsi à mon saint postérieur. Une femme à l'allure patibulaire tenait Yami par sa belle chevelure noire en arborant un air mauvais. Un air qui se voulait sans doute impressionnant et qui l'était certainement pour des enfants.

Derrière Risako se trouvaient la bande de gosses croisés dans l'après-midi et ces dernier semblaient visiblement satisfaits par ce qu'ils voyaient.

- "On vous avait bien dit qu'on vous retrouverait les morveux! On fait moins les malins maintenant hein? Vas-y môman, défonce-les!"

- "Ils vont d'abord me donner tous leurs petits ryos! Hein les gnomes?"

- "T'as pas idée à quel point tu te trompes ma vieille!" rétorquai-je en me redressant et en époussetant mes vêtements. "Je savais que tu étais stupide mais j'ignorais que tu étais lâche en plus! Tu cumules hein?!"

J'échangeai un regard avec ma partenaire qui était toujours maintenue par la poigne de fer de Risako. Si seulement cette dernière savait à qui elle avait affaire, l'air supérieur sur ses traits difformes aurait sûrement disparu dans l'instant. Quoiqu'il en soit, il était temps de passer à l'action...

Music ♫:

Shinji et moi échangions un regard : pas de Shinobusiness en vu... Plusieurs minutes s'écoulaient sans que rien ne se passe... Nous étions las d'attendre et pensions déjà ne pas avoir le choix de passer une journée supplémentaire à l'académie : cette idée me répugnait !
Cette mission sonnait réellement comme une vaste blague ! D'abord on nous demandait de régler un conflit d'académiciens mais en plus cette tâche s'éternisait ! Je regrettais vivement d'avoir écouté l'Akuzu. Si nous serions restés sous notre véritable apparence, nous aurions pu observer a distance les événements et intervenir de manière bien plus efficace ! Cela nous aurait également évité une succession d'heures de cours inutiles et ridiculisant  ! Je pestais intérieurement face à son idée stupide et me promettait de m'en tenir au plan initial la prochaine fois pour ne pas subit une telle perte de temps.

Yoshimi attendait son courroux auprès de nous, attentif à la moindre présence, sur ses gardes et craintif comme un animal apeuré qui avait l'habitude de se faire battre. Je levais les yeux au ciel face à son comportement stupide. Ce n'était pas en requérant l'intervention de shinobi qu'il s'aiderait lui même car si l'intimidation et la remise à la place de ses malfaiteurs suffirait pour cette fois, cela recommencerait sûrement dans quelques années et pire encore il pourrait être dorénavant vu comme : "la poule mouillée qui fait appel aux shinobis pour se défendre".
Je n'approuvais pas du tout le comportement lâche de cet adolescent qui n'osait pas affronter la réalité et qui pourtant, était en passe de devenir ninja. Comment un tel froussard qui ne cherchait pas à affronter ses propres problèmes réagirait face à l'ennemi ?! C'était typiquement le genre d'allié sur lequel on ne pouvait pas compter et qui préférait prendre ses jambes a son cou plutôt que de vous porter secours...
Je pensais au contraire que ce genre d'expérience pouvait lui mettre du plomb dans la tête mais après tout qui étais-je pour l'inciter à reprendre sa vie en main ?! Je n'étais pas sa mère : c'était a elle qu'incombait ce rôle. Dorloter ainsi son fils ne ferait jamais de lui un véritable shinobi.

Nous décidâmes finalement de raccompagner le trouillard chez lui après une attente qui avait assez duré.
Finalement, nous ne tardâmes pas a rencontrer nos ennemis puisque je sentais une poigne de fer me soulever par les cheveux et pousser violemment Shinji en avant. Je tournais la tête pour voir qui osait me malmener et y découvrait le visage disgracieux de Risako. Je lui adressais un regard noir et mauvais en l'intimant de me lâcher.
Ses enfants ainsi que les autres se trouvaient derrière elle tandis qu'elle nous insultait et voulait nous racketter de surcroît. Mon sang ne faisait qu'un tour... Nul doute qu'elle ne nous avait pas reconnu sous notre forme enfantine mais elle allait vite apprendre à ses dépends à qui elle avait affaire...

Shinji lui envoyait des paroles acerbes alors qu'il lui fonçait dessus et le pachyderme tendait son bras duquel j'étais prisonnière, en avant, m'arrachant des grimaces alors qu'elle accentuait la pression sur mes cheveux et me présentait face a Shinji comme pour se servir de moi comme d'un bouclier contre son assaut.
L'Akuzu hésitait à la combattre tant que j'étais maintenue sous sa prise, toutefois, je ne le resterais pas longtemps...
En effet, je retrouvais ma forme originale et Shinji en faisait de même, sous le regard ahuri de Risako qui nous reconnus instantanément. Je ne pouvais la voir que partiellement mais j'aurais payé cher pour voir sa tête à cet instant...

M'entaillant le bras, je faisais léviter un fouet de sang que j'agitais en l'air tout en le recouvrant de mon affinité fûton pour lui donner un aspect tranchant. Mon arme prête, je l'abattais à répétition sur elle, l'obligeant à lâcher prise alors que ses bras imposants se couvraient de marques sanguinolentes.
Sa progéniture semblait décontenancée devant ce revirement de situation : notre apparence ainsi que l'expression de Risako avait tout deux basculé en un instant.
Je tombais au sol et fus réceptionnée par Shinji qui m'attrapait au vol par la taille en étirant ses bras avant de leur faire recouvrir une taille normale, me laissant contre lui un instant, les yeux dans les yeux avant que mes pieds ne touchent de nouveau le sol.

Un brin décontenancée, je bondissais vers notre assaillante, laissant en suspension plusieurs filaments de sang qui vinrent immobiliser notre cible, lui entravant poignets et chevilles. J'adressais un regard a Shinji pour lui donner le feu vert tandis que je maintenais la pression de mon chakra sur elle pour la maintenir ainsi ligotée comme une bête maîtrisée.
L'Akuzu prenait les choses en main...

Je m'apprêtais à bondir sur Risako mais cette dernière voulu utiliser Yami comme bouclier humain. J'aurais sûrement pu allonger mes bras pour la cogner mais je n'étais pas certain de pouvoir éviter la Ketsueki. Cette lâche d'adversaire savait qu'elle ne faisait pas le poids face à nous et elle en avait eu la preuve une fois par le passé lorsqu'elle s'était attaquée à nous en compagnie de deux sbires. Alors seule... Enfin elle pouvait toujours compter sur sa bande de morveux mais leur assistance resterait dérisoire. Quelques claques et le duo pourrait les renvoyer à leurs leçons. Ces gosses ne pouvaient clairement pas leur mettre des bâtons dans le roues. Tout au plus, ils pouvaient les gêner un peu. Mais maintenant qu'ils avaient repris leur apparence d'adulte, ils semblaient bien moins arrogants et largement plus calmes. Tu m'étonnes!

Heureusement Yami fit le nécessaire pour se dégager en créant ses fameux fouets sanguins qui étaient redoutablement efficaces. Risako la lâcha rapidement lorsque ses bras en firent la douloureuse expérience, de larges sillons sanglants apparaissant sur sa chaire rugueuse. Ni une ni deux, j'allongeais mes bras pour la récupérer avant qu'elle touche le sol puis l'attirai vers moi. J'agissais ainsi par instinct mais aussi par envie. J'étais conscient qu'elle pouvait très bien se réceptionner seule mais comme un sage l'avait dit un jour: autant joindre l'utile à l'agréable...

Après avoir plongé quelques instants mon regard dans le sien, nous repartîmes à l'assaut de cette montagne disgracieuse de muscles sensé être une femme. Comme quoi la féminité pouvait prendre bien des formes... Surtout celles que l'on attendait le moins à vrai dire. Mais mettre Yami et Risako à côté, c'était un peu comme comparer le jour et la nuit. Bref! Ma charmante coéquipière usa de ses dons si particuliers pour immobiliser le monstre, me laissant ainsi le champ libre pour faire ce que je savais le mieux: cogner!

J'allongeai à de multiples reprises mes bras pour décocher coups de poings avec une régularité frisant la perfection. Frapper une cible immobilisée n'était pas vraiment valorisant mais d'un autre côté Risako nous en avait assez fait baver pour que je mette de côté mes appréhensions. Je terminai mon assaut par un coup de poing dans le ventre qui lui coupa la souffle et la fit se courber en avant sous le choc, avant de la cueillir d'un second assaut au niveau du menton. Elle tomba de tout son long en arrière et je fus surpris de ne pas entendre le sol trembler lorsque sa masse imposante entra en contact avec le sol. J'arborai alors un large sourire satisfait avant de faire un signe de tête à ma partenaire pour la remercier pour son aide plus que précieuse. Je reportai ensuite mon attention sur les gosses qui n'en menaient vraiment plus larges.

- "Alors les gnomes? On fait moins les malins hein? Qui c'est les plus forts hein? Qui c'est?"

J'aurais peut-être du me sentir coupable de me la jouer ainsi devant des gamins exploités par Risako mais ce n'était de loin pas le cas. Le parfum de la victoire avait toujours le même goût, peu importe les personnes à qui on le faisait partager! Les mioches tentèrent de fuir tout en se séparant. J'allongeai alors mon bras gauche pour l'utiliser comme un lasso que je refermerai sur eux avant de les enserrer à l'intérieur. Pris au piège, ils tentèrent bien de se libérer mais ils ne pouvaient pas lutter contre la force d'un adulte.

- "Le premier qui tente de mordre, de griffer ou de jutsuter, je le balance de l'autre côté du village en mode catapulte! Essayez pour voir si je mens!!!"

Risako allongée pour le compte, sa bande de racketteurs amateurs confinée dans mon étreinte élastique, il ne restait plus qu'à remettre tout ce joyeux monde aux gardes en leur expliquant la situation. Yami se chargea donc d'aller chercher une patrouille et revint quelques minutes plus tard. À son retour certains des enfants avaient la joue toute rouge, signe que certaines claques ne s'étaient pas perdues. Les soldats emmenèrent rapidement ce beau monde et demandèrent à Yoshimi de les accompagner pour prendre sa déposition. On nous demanda également de passer au poste le plus proche mais je précisai que nous n'avions pas le temps en prétextant que nous devions aller avertir la mère du roux. Après avoir promis de nous y rendre plus tard - tu parles ouais! - nous nous retrouvâmes seuls après cette longue journée riche en émotions.

- "Je t'offre un verre ma petite Yami?"

Après le dur labeur que nous avions accompli, il était temps de se détendre un petit peu...