Voyage, un mot qui résonnait en boucle depuis quelque temps dans l’esprit de Tsukiko. Voyage, un mot qui lui donnait des ailes. Voyage, un mot qui la rendait insensible à l’injustice quotidienne qui la lassait tant ! Voyage, un mot qui revenait sans cesse depuis que son coéquipier, Kibo, lui avait fait part de leur première mission.

« Mission de rang B … Bah, ce n’est qu’une petite visite et peut-être quelques bandits de route », se dit-elle, insouciante des autres dangers probables ou des mauvaises surprises. Dans sa vision, elle n’avait rien à craindre du désert de Suna en raison de son affinité naturelle avec cet élément ou encore ne pas avoir peur d’une quelconque mauvaise rencontre avec quelques bandits. Elle n’était plus cette jeune civile maîtrisant difficilement le moindre art ninja. Certes, elle n’était pas experte – seulement genin- mais déjà, elle savait tenir quelques armes et faire des lancés précises.

Mine de rien, c’était en soit une chose très bonne.

« Mon petit sac de voyage maintenant » continua-t-elle en se dirigeant tout doucement, et en silence, vers la cuisine avec un sac à dos en main. Avec beaucoup d’attention, afin de ne pas réveiller la maisonnée, elle récupère toutes ses provisions préparées la veille par ses soins. Il y avait de quoi vivre jusqu’à un prochain village, et elle avait ajouté une ou deux portions supplémentaires pour Kibo ou un autre participant en cours de chemin. Elle avait une bonne expérience de longues routes, en somme Suna et Konoha n’étaient pas à côté, et elle avait pu rencontrer quelques personnes en cours de route. De temps en temps, la nourriture était un bon début de lien.

Elle termina le tout avec une grande quantité d’eau. Elle avait commis l’erreur par le passé de ne pas amener assez d’eau et se souvient très bien de la désagréable sensation d’être déshydratée et au bord de l’inconscience, un chemin sûr vers la mort en plein désert.

Provision faite, elle se prépara rapidement et se dirigea tout droit vers la voie illusionnée, lieu de rendez-vous. Lunette ajustée, cape mise, capuche levée et léger foulard couvrant sa bouche, elle était prête à voyage librement n’importe où sans craindre le moindre coup de soleil désagréable ou avoir droit à tous les grains de sable toutes les minutes dans ses yeux, son nez ou sa bouche. La seule chose étrange, pour une personne habituée à la demoiselle, était que ses vêtements étaient tous dans des tons bruns et non blanc ou coloré.

- SALUT ! dit-elle avec une énergie nouvelle. Comment vas-tu ?

Des mois qu’elle n’avait plus quitté Suna et ses environs, des mois qu’elle était cloîtrée auprès de ce clan et de certains membres désagréables … Une telle sortie ne pouvait lui faire que du bien.

- Je ne suis pas en retard hein ? demanda-t-elle, légèrement inquiète et méconnaissable avec tout son accoutrement de voyage. Peut-on partir maintenant ou alors attendons-nous quelqu’un ?

D’une, elle avait vraiment hâte de partir en mission. De deux, elle était très curieuse de découvrir ce fameux sensei et espérait encore secrètement qu’il se présente miraculeusement pour cette mission. Elle jeta un regard aux alentours et en conclut tristement qu’elle ne le verrait pas et qu’elle devra attendre encore un peu avant de nouer un réel contact avec.

« Bah, rien ne presse ».

L’unique présence de Kibo ne gênait nullement la jeune kunoichi. D’une, elle l’avait encore rencontré par la suite et jusqu’à ce jour, ils discutaient sans accroche et en bon enfant. De deux, elle était tant habituée à être seule dernièrement qu’une seule personne à ses côtés était déjà « beaucoup » pour elle. Qu’il n’y ait pas une deuxième personne ne la dérangeait donc nullement, heureuse de la présence d’un – et agréable de surcroît.

- Mon sac … commença-t-elle mais se tut pour regarder attentivement toutes les manipulations de son coéquipier.

Elle ne comprit pas immédiatement ce qu’il comptait faire et grimaça quelques minutes quand elle vit un sceau apparaître sur son « petit » sac. Elle prenait soin de ses affaires et ce genre d’inscription gênait son âme de perfectionniste maniaque.

« Inscription, c’est avant tout un sceau … Et cela n’apparaît plus. Je crois » se disait-elle, se remémorant très vaguement les leçons au sujet des autres arts ninjas. Jusqu’à ce qu’elle devienne ninja, elle n’avait pas du tout accorder le moindre importance à ce monde et était préoccupée par son affinité avec le sable et la manière de la contrôler sans blesser quiconque. Une fois intégrée au clan, et devenue ninja, son quotidien n’était plus que sunaton et ninjutsu, là où elle semblait « s’en sortir ».

« Je devrais m’y mettre peut-être, c’est très pratique. Je me demande si je peux emporter mes sculptures de sable dedans » pensa-t-elle, les yeux brillantes quand, au contact du sceau du parchemin, le sac disparu.

- Tu es sûr ? Je ne maîtrise pas du tout le fuinjutsu à la base, enfin, je n’ai jamais testé… disait-elle incertaine encore. Mais j’avoue que c’est pratique. Dis, on peut vraiment TOUT mettre dans un tel sceau, quel que soit la taille ou le poids de l’objet ?

Elle tendit la main pour s’emparer du parchemin mais au lieu d’entrer en contact avec ce doux papier blanc, c’était les mains de Kibo qu’elle rencontra. A nouveau, comme sur son sac, il « inscrivit » un sceau dans sa paume. Etrangement, elle ne sentit rien. Comme pour s’assurer qu’elle n’avait effectivement rien ressenti, elle fit tourner de droite à gauche sa petite main, l’inspectant scrupuleusement.

Ce genre de jour, le monde ninja devenait un très grand mystère pour la jeune Tsukiko. Ce genre de jour, elle comprenait à quel point elle était bien novice et naïve dans ce monde-ci.

Elle abandonna bien vite la contemplation de sa main pour regarder la carte. Elle écouta attentivement Kibo, et enregistra bien toutes les informations. Ainsi, elle était le point rose et il était le point bleu, et ils allaient suivre un itinéraire très précis. Elle détailla chaque point, connaissant certains lieux, ignorant d’autres et craignant même certains.

« San’Zoku … sérieusement ? » pensa-t-elle, légèrement apeurée à l’idée de fonce tout droit chez des criminels. « Il n’y a rien à craindre si Kibo a le même niveau que mon demi-frère ou mon père » se rassura-t-elle tant bien que mal.

Quant à elle, elle doutait toujours de ses capacités ou de ses techniques. Cette dernière pouvait être bonne mais son manque de confiance en elle avait comme un don d’affaiblir la technique. Il y avait également la situation où, paniquée, elle choisissait la mauvaise technique, la rendant donc inutile. Enfin, et plus important, toute son enfance et adolescence, elle avait fui ce genre de "repère" et aujourd'hui, elle aura peut-être à y entrer comme ça. Ironie du sort ?

- Oui allons-y, répondit-elle d’une voix mal assurée.

Elle emboita le pas de Kibo sans tarder, réajustant davantage ses lunettes ou sa cape. Ces deux derniers accessoires ne la quittaient que très rarement pour deux grandes raisons. D’une, empêcher le sable de se poser sur ses vêtements – et donc elle n’avait pas à dépoussiérer le tout tous les soirs . De deux, elle empêchait une déshydrations rapide ou l’insolation ou les coups de soleil. Le soleil ne tapait pas directement sur sa peau et cela la préservait entre autre de pas mal de soucis.


Ils avançaient depuis un certain temps et Tsukiko en avait profité pour sortir la carte, s’amuser à voir les points colorés avancer, analyser la carte et ses différentes informations ainsi que mémoriser le trajet. Un point la « gênait » et elle s’empressa d’en faire part au Chunin.

- Dis, les zones claires, ce sont les zones sans sable ? demanda-t-elle.

Voilà une question existentielle pour une Kawaguchi. A Konoha, en raison de l’inexistence de grandes étendues sableuses, Tsukiko s’était tout d’abord « amusée » avec de la poussière ou autres équivalents de ces granulés avant de comprendre son affinité naturelle. Avec du recul, c’était une période assez « difficile » pour elle tant d’un point de vue émotionnel que d’un point de vue « sunaton ».

A contrario, A Suna, pas un lieu n’était épargné par le sable et elle avait pris grand goût à être entouré de son précieux grain doré. Ainsi, même si son clan était insupportable certains jours, le désert était ce réconfort qui la maintenait debout, qui lui apportait sans cesse la magie et la fascination dans son existence.

Autant dire, Retourner dans une zone sans sable lui donner la sensation d’être nue ou d’être dans un monde très gris.

Tsukiko avait légèrement sursauté lorsque le jeune homme lui avait dit être un génie. Elle ne sut que répondre si ce n’est un « merci » prononcé d’une voix incertaine. Elle aurait bien voulu qu’il développe davantage mais il semblerait qu’il préfère garder son idée, et se concentrer sur la mission. Ainsi, haussant les épaules, elle se contenta de suivre le jeune homme.

La question des zones claires non éludée de la jeune Kawaguchi ne la rassura nullement. Elle ne voulait plus frôler un sol sans un grain de sable ! C’était à ses yeux un crime, ou un désastre ou … un désert aride ! Pour beaucoup, Kaze no Kuni n’était qu’un désert aride précisément, mais pour les membres du clan Kawaguchi, c’était la richesse tantôt pour l’offensif, tantôt pour le défensif, tantôt pour le quotidien.

Ainsi, c’est en priant pour qu’il y ait encore du sable dans ces fameuses zones qu’elle s’avançait.


Les yeux de la jeune fille aux cheveux teints brillèrent de mille feux quand elle vit que finalement, même les zones claires, étaient pourvues de sable. Cependant, contrairement au désert même, cette zone-ci en était peu pourvue mais suffisamment pour que la Kawaguchi ne ressente pas un « mal du pays ».

-Tu veux bien contrôler les alentours de la Porte, pendant que je rédige le rapport ? Il me semble que rien n'est à signaler, mais nous ne sommes jamais trop sûr.

Tsukiko acquiesça silencieusement et fit ce tour consciencieusement. Dès qu’elle avait fini de faire un premier tour, elle profita du chemin de retour pour flâner un peu plus et découvrir le paysage. Etait-ce le début d’une forêt de pins ou alors un tout autre type d’arbres ? Une autre question émergea aussitôt de son esprit : depuis quand n’avait-il plus vu de végétations denses et luxuriantes depuis son départ de Konoha ?

-Dis, de là, on passe donc à Kawa no Kuni ? Je pense, sommes-nous en bon terme avec Ki…, et elle s’interrompit.

Elle avait oublié que Kiri n’existait plus, et avait été complètement détruit par un groupuscule étrange et extrêmement fort. Malgré tout, elle avait encore du mal à assimiler une telle nouvelle. En effet, quels humains pouvaient mettre à feu et à sang un si grand pays ? Etaient-ils seulement humains ?

-Tu … et à nouveau elle s’interrompit.

Elle aurait voulu savoir si Kibo l’avait vu personnellement mais elle se refusait à le demander de but en blanc. Elle se souvenait bien du regard à la fois dur et dégouté de sa mère quand elle lui demandait si elle avait participé à telle bataille, si elle avait perdu ou gagné, ou si sa journée avait été bien. Il fallait parler de tout sauf de ça, c’est-à-dire les guerres, les conflits, les bains de sangs, les pertes, les gains …

-Tu as fini de rédiger ton rapport ? questionna-t-elle en gardant un sourire chaleureux. J’y pense, est-ce normal qu’il n’y ait aucun garde ici même. C’est tout de même une entrée au pays non ?

Ou alors n’y avait-il plus rien à craindre de ce côté-ci ou alors Suna avait de plus grandes préoccupations.

Spoiler:

La ville portuaire d’Odaichi se dressait devant eux après une longue journée de marche dans le désert de Kaze no Kuni. La jeune kunoichi n’était pas particulièrement épuisée. Certes, elle était un tantinet fatiguée – elle n’était pas surhumaine non plus malgré ses connaissances en art ninja – mais elle était assez habituée à traîner ou à s’entraîner durement dans le désert, sous le soleil tapant. Dans ce sens-là, on pouvait dire que les ninjas de Suna étaient des combattants endurants et solides.

Lorsqu’ils entrèrent dans la ville et cherchèrent une auberge, ils apprirent qu’il n’y en avait qu’une dans toute la ville. Après l’avoir entendu, Tsukiko détailla davantage la petite bourgade. Les ruelles étaient silencieuses et calme, la majorité des petites maisonnées était plongée dans l’obscurité complète – prouvant que les habitants dormaient – et seuls quelques maisonnées ou commerces de rue étaient éclairées.

« Je vais devoir manger demain tous ces bons poissons. Ou alors on fera un petit tour en ville avant de dormir».

Elle pouvait être fatiguée mais la curiosité grandissante de la jeune dame éclipsait cet état-là – ou la releguait en second plan -, et la poussait à garder les yeux encore un peu ouvert. Ajoutons à cela qu’elle se disait qu’il était trop tôt pour qu’elle dorme. Même à Suna, après une longue journée d’entraînement, elle ne dormait pas si tôt.

Enfin, c’était à relativiser. Elle ne dormait pas car elle n’osait pas rentrer dans la maisonnée tant que les membres de la famille ne s’étaient pas couchés, et en attendant, elle ne faisait que somnoler sur son banc favori près de sa demeure. Mine de rien, et malgré la fatigue, il était difficile de dormir dehors en raison du vent, du froid, du sable et de l’incertitude des mauvaises rencontres.

En arrivant à l’auberge de la ville portuaire, la kunoichi releva ses lunettes ainsi que sa capuche, révélant un visage légèrement rougi par la chaleur et l’effort constant déployé tout au long de la journée. Son air détendu et décontracté disparu à l’annonce inattendue de l’aubergiste. Tsukiko ne put qu’arquer les sourcils lorsqu’il disait qu’il n’y avait qu’une chambre avec un lit double. Etait-ce vrai ou était-ce une blague d’un très mauvais goût ? Elle aurait voulu protester, prétendre que cette ville n’était pas une ville extrêmement touristique et donc qu’il devait y avoir encore une petite chambre de libre et bien vérifier ainsi mais Kibo la coupa dans son élan en payant la chambre, et en tendant les clés à la kunoichi. Il disait que c’était la sienne et sans plus d’explications, il se dirigeait tout droit vers la sortie.

Elle regarda tour à tour le réceptionniste et Kibo qui s’en alla. Son regard changeait systématiquement de sens, tantôt noir envers le réceptionniste, tantôt interrogatrice pour son coéquipier. Sans plus un mot, elle emboita le pas de ce dernier et se mit rapidement à sa hauteur.

- Attend ! Tu vas dormir où exactement ?

Il était hors de question qu’elle partage ce lit. Autant dire qu’elle le reléguera (ou se reléguera) au sol, dépliant si nécessaire sa couchette. Elle l’appréciait mais elle n’était pas folle au point de dormir avec. Elle n’était pas non plus idiote et sans cœur, et ne pas penser un tantinet au confort de son coéquipier. Il fallait qu’il soit en forme, surtout qu’il était l’élément « fort » de ce duo.

- Tiens, tu sors ? Je peux t’accompagner ? Ou alors tu préfères que je dorme d’abord, puis que je prenne une garde ou me promène en ville pendant que tu dors ?

S’il fallait alterner, elle accepterait. Si non, elle préférait l’accompagner, prendre l’air et découvrir la ville en même temps.

Le voyage continua ainsi à travers le désert sans grand encombre. La chaleur était toujours présente, les grains de sable également mais ce n’était en rien des éléments gênants pour des ninjas de Suna. C’était leur élément naturel, celui qui les avait forgés et qui les avait aidés à leur forger cette réputation de combattants endurants et têtus.

« Après la ville portuaire d’Odaichi dont la seule auberge n’avait pas une chambre décente pour notre petite équipe, nous continuons sur le temple d’Ichibi. Ce n’est pas la première fois que je m’y rends à ce fameux temple alors j’épargne Kibo de mes nombreuses questions ».

Pour passer le temps le soir, après avoir aiguisé ses armes et réaliser quelques petits exercices de sunaton, la petite dame avait pris l’habitude d’écrire ses traversées, ce qu’elle rencontrait, ce qu’elle voyait, ce qu’elle pensait … Une vieille habitude qu’elle avait gardé de son périple de Konoha à Suna. Quand on n’avait personne à qui parler, on cherchait tout de même quelques substituts pour se rappeler qu’on était passé par là, qu’on avait vus telle chose.

« Ichibi, le démon à une queue. Sincèrement je le trouve …. Moche. Il n’est pas effrayant si on le regarde de près, si on ignore tous ces effets de lumières et d’ombres. A mes yeux, ce n’est qu’une grosse bête gourmande ! Et fainéante. »

- Dis Kibo, tu crois que ces démons ont réellement existé ? Où c’est l’imagination des hommes encore une fois ? demanda-t-elle tout en écrivant.

La religion, les croyances … Tsukiko en était assez ignorante. Sa mère n’avait pas été une fervente croyante, disons même qu’elle prêchait la logique et ne croyait qu’en ce qu’elle voyait et non en ce qu’on disait. Autant dire que son père et sa famille qui restaient assez traditionnalistes avaient été des plus choqués, et cela n’avait fait que la rendre plus étrange.

« Une chose est certaine : la statue d’Ichibi est géante. Il serait si intéressant de la voir bouger. J’espère réussir à faire bouger toutes mes créations plus tard ! Un art vivant ! Ce serait si drôle ! ».

Sans trop tarder, et après que Kibo se soit à nouveau chargé d’écrire son petit rapport, ils reprirent leur route pour Aketana.


C’était un petit village aux conditions de vie rude. Certaines femmes pleuraient sur leur défunt époux ou fils, certaines lançaient des regards mauvais aux deux ninjas et d’autres les accusaient ouvertement d’incompétences. Il semblerait que lors des différents affrontements, beaucoup s’étaient enrôlés à la protection du pays et que peu étaient revenus. Entre le deuil, les terres et la pêche, les difficultés s’enchainaient.

La jeune Kawaguchi n’était pas du tout à son aise et ne quittait pas d’une semelle son collègue. Ce genre de spectacle était à la fois désolant et familier. Il y a quelques années, elle était de ces gens-là – dans un autre lieu certes -, et qu’aurait-elle fait ? Aurait-elle été différente d’eux ? Pas vraiment. Comme eux, elle aurait rejeté et blâmé.

Autant dire que sa bonne humeur avait complètement disparue et c’est une mine lugubre et songeuse qu’elle portait tout le reste du voyage, jusqu’à l’oasis.


Sans attendre que Kibo lui dise quoi que ce soit, elle s’éloigne un peu pour faire le tour des environs. Hormis du sable et encore du sable, des dunes et des interminables dunes, il n’y avait rien. Cependant ce simple spectacle suffisait pour ramener une paix dans la petite âme de la jeune femme. Elle se permit de respirer un bon coup avant de retourner auprès de son coéquipier.

- Dis Kibo ! Il va faire bientôt nuit, on peut camper ici, près de l’Oasis ? S’il te plaît ! Il est géant, il est tout frais et tout clair. C’est juste le bonheur !

En effet, contrairement aux petits oasis autour de la ville de Suna, celui-ci était assez grand et des plus « verts » - du moins autant que la chaleur et le désert permettaient -. Il ferait peut-être frais en pleine soirée mais ce n’était qu’un détail pour la jeune Kawaguchi habituée aux rudes climats.

Sans attendre la réponse de son ami, elle déplia son parchemin qui « contenait » son sac, et y apposa sa main. Elle tenta plusieurs fois avant de réellement pouvoir réussir à libérer sa besace. Elle n’était pas du tout à l’aise avec cet art et ne confirmait que d’avantage son goût pour le ninjutsu et, à la rigueur, le taijutsu.

- Je te jure, je ne sais pas comment tu fais pour maîtriser cet art. Le ninjutsu, il n’y a à faire que des signes. Le taijutsu, c’est quelques coups avant tout. Par contre le reste … tout cela demande trop de concentration, trop de … technique.

Tsukiko ne comprenait pas ce besoin de maîtriser des techniques plus « complexes » ou « techniques ». Elle était née naturellement avec le sunaton et autant dire que les techniques tenaient plus dans « l’inné » que dans la concentration et la technicité. Certes, il y avait du travail mais bien moins que chez un ninja lambda tentant de maîtriser une ou deux affinités primaires.

Tout en parlant, la jeune dame avait déjà déballé quelques provisions.

- Allez ! Bon appétit !

Tsukiko n’avait pas grande appétit en temps ordinaire mais ces longues journées avaient le don de bien creuser son estomac. Bien trop affamée, et concentrée à manger, elle remarqua à peine le petit scorpion qui avait surgi du sable derrière elle et qui faisait son chemin jusqu’à elle rapidement avec ses minuscules pattes.

Tsuskiko était bien trop affamée pour penser à proposer sa nourriture à Kibo. Elle n’avait aucunement l’idée de garder toute cette quantité pour elle, mais elle était bien trop à ce que l’on se serve naturellement depuis sa plus tendre enfance. Dès qu’il y avait un truc à se mettre sous la dent, et à découvert, il fallait se jeter dessus soit pour sa pomme soit pour celle de sa famille. Par la suite, lorsqu’elle avait rejoint la famille Kawaguchi, le partage était bien différent, moins violente, moins … bestiale si on pouvait dire ainsi. Dans tous les cas, chacun se servait, il n’y avait pas à inviter.

Ainsi, elle se rendit compte de son « erreur » quand Kibo sortit sa propre ration. La jeune sunajin regarda ses boules étranges avec des yeux inquisitrices et peu envieuses. Comment pouvait-on manger de telles choses alors que ses propres plats gisaient là, par terre, à la merci du premier affamé ? Certes, elle n’était pas chef cuistot mais elle n’était pas une catastrophe. Enfin, et plus important, comment pouvait-on se suffire de ça après ces jours de traversés ? On disait souvent que les filles mangeaient peu, il semblerait qu’aujourd’hui, l’un comme l’autre démentaient l’adage.

- Ki…

Elle fut interrompue soudainement par son coéquipier. Il lui disait de ne pas bouger tout en pointant son index vers son épaule. Cela pouvait s’apparenter à un jeu d’enfant où les gamins s’amusaient à imiter quelques armes dangereuses. Le souci, à cet instant, était que Kibo n’était pas un enfant mais adulte ninja détenant quelques techniques propres.

Certes, elle avait confiance en ce jeune homme mais sa nervosité était montée d’un cran soudainement, causant quelques petits et ridicules tourbillons de sable sur le bout de ses index posés dans le sable. Elle n’allait pas déclencher de techniques folles – loin de là, il fallait déjà maîtriser les bases –, cela ne prouvait juste que la petite était assez sur les nerfs à cette seconde même.

Et le coup partit. Elle sentit cette goutellette d’eau passa à très grande vitesse au niveau de ses épaules, touchant quelques cheveux au passage, en emportant au passage une petite chose posée sur son épaule. Elle le sut sans le regarder en sentant un poids en moins. Lorsqu’elle baissa les yeux pour voir la « chose », ils s’agrandirent. Depuis quand un scorpion se promenait allègrement sur son épaule sans qu’elle ne s’en aperçoive ?

Elle n’eut guère le temps de se critiquer ou d’examiner le spécimen – s’il était extrêmement venimeux ou très peu – car Kibo partit dans un fou rire incontrôlable. Tsukiko aurait bien voulu rire mais sur le coup, suite à ce coup de stress, elle arrivait à peine à esquisser un petit sourire. Finalement, pendant que son coéquipier se calma, elle en fit de même et retrouva rapidement sa bonne humeur habituelle.

- Dis, tu viens d’utiliser quoi comme technique ?

Tsukiko savait plus ou moins mais elle voulait en venir à un point. Tout en parlant, elle se dirigea aux côtés du jeune homme, se posa sur ses deux genoux, et commença à former une petite forme dans le sable. Ce n’était pas ses chefs d’œuvres habituels mais son but n’était pas d’éblouir, mais expliquer quelque chose.

- Peux-tu m’aider à maîtriser le suiton, par hasard ? Tu vois, le sunaton est inné chez moi … mais dans mon clan, j’apprends surtout ça. Et quand je tente le suiton, c’est un peu ... la catastrophe ?

Elle prit un peu d’eau dans ses paumes et le versa sur sa petite forme sableuse. Aussitôt, elle fond sous le liquide.

- Je veux dire, je ne suis pas chanceuse ! Il faut que j’ai une affinité avec un élément qui alourdit mon sable, le rend inutilisable … bref, j’ai l’impression d’avoir l’élément qu’il faut pas dans ma panoplie ! J’aurais pu avoir autre chose comme … comme …

Aucun ne lui venait en tête. L’air et l’eau alourdissait ou allégeait ce sable, et la terre n’apportait pas une grande révolution. Le feu semblait être la petite étincelle en plus mais en quoi, telle était la question. Peut-être était-ce un élément aussi inutile que les autres ?

- M’enfin, j’avoue quand même qu’un peu d’eau rend mes sculptures de sable plus solides.

A nouveau, elle récupère un peu d’eau, la verse sur un petit point, et utilise ce même point pour commencer une autre sculpture. Sans s’en rendre compte, elle se perdait déjà dans la confection de cette future mini-œuvre.

- Peut-être que je pourrais fabriquer ce fameux démon géant avec un peu d’eau et beaucoup de sables. Mais cela demandera trop de temps, à moins que je n’use de chakra. M’enfin, le plus drôle serait de le faire bouger non ? Imagines ! Des sculptures vivantes !

Idée innocente qui pouvait rapidement être perverti en une arme bien plus sournoise et dangereuse. A l’image des marionnettes, pourquoi ne pas cacher quelques petits pièges dans ces sculptures vivantes comme des explosifs ou alors créer avec ce même sable des pièges artificiels et des plus originales ? Cependant, Tsukiko aurait-elle cette imagination meurtrière pour pousser à bout son sunaton comme une arme ?

- Tu en penses quoi Kibo ? Hein ? Tu m’aides à maîtriser le suiton un peu, et je te promets les plus belles et les plus gigantesques sculptures ! Je deviendrai alors la « Sculpteuse », dit-elle en souriant, les yeux brillants en s’imaginant futur artiste adulé par de grands amateurs d’art – si cela existait dans le monde ninja évidemment. M'enfin ... tu sais, je connais déjà deux trois petites choses au sujet du suiton. Par exemple ... Le lancé d'eau.


Elle ne perdit guère du temps, et éclaboussa Kibo avant de s'éloigner de quelques pas sur l'oasis, marchant sur l'eau naturellement. Autre exercice qu'elle adorait pratiquer , cela lui permettait de toujours travailler ce fameux chakra.

La jeune sunajin pouvait se féliciter d’être une maîtresse dans l’art de fuir. Etait-ce une chose dont il fallait avoir honte ? Aux yeux de Tsukiko, absolument pas. Un bon ninja devait savoir quand se replier pour mieux attaquer afin de remplir la mission ou protéger les siens. Foncer dans le tas et y mourir alors qu’il y avait une toute autre option en prenant la fuite étaient complètement stupide. Avant d’être une combattante, elle restait une jeune fille adepte de la survie et de la vie.

Autant dire qu’elle se préparait à sautiller de partout ou à courir comme une flèche si Kibo prenait le tout vraiment au sérieux. D’ailleurs, sa manière de se lever laissait supposer qu’il allait montrer ce dont il était capable en tant que bon ninja et elle était vraiment curieuse. Cependant, avant qu’elle n’ait le temps de penser ou d’imaginer la suite des événements, elle entendit la voix de son coéquipier comme s’il était derrière elle.

- Hein ? fit-elle par surprise.

Il y a une demi-seconde, il était en face d’elle. Comment aurait-il pu se déporter si vite derrière elle ? Et stupidement, par réflexe, elle se retourna. Elle comprit rapidement qu’elle s’était faite prendre à un petit piège et pivota très, très rapidement sa petite tête vers Kibo. Malheureusement, il était bien trop tard pour esquiver ou ne serait-ce que comprendre ce qui se passait. Tout ce qu’elle vit était une masse sombre qui s’écrasa royalement sur elle.

Si Kibo remarquait le nez à nez, Tsukiko mit un certain temps pour sa part. D’une, rappelons qu’elle était au-dessus de l’eau et donc au lieu de percuter du sable chaud, elle eut droit à un fond sableux tantôt molle, tantôt dur en raison de l’eau. De deux, avec les gouttelettes d’eau un peu partout, elle cligna plusieurs fois des yeux avant de les ouvrir pleinement. En fait, elle comprit la situation que lorsqu’elle voulut se relever.

Au lieu de se retrouver assis tranquillement, elle percutait le torse de ce dernier et, en relevant la tête, elle remarqua bien cette trop petite distance. Dans ce genre de situation, on se rendait compte de détails jamais vu avant comme le bleu du regard de Kibo ou encore ses muscles. Certes, elle savait qu’il les avait bleu ses yeux et qu’en bon ninja, il devait avoir une certaine musculature … mais c’était tout autre chose quand on était si proche.

Comment expliquer le malaise soudain qui saisissait la jeune femme ? Elle ne savait pas trop où se mettre ou quoi faire. Peut-être qu’il serait temps de dire quelque chose car elle ne se sentait pas du tout, mais absolument pas, à l’aise. Cependant, elle ne laissa pas longtemps ce stupide sentiment la dominer. Elle se contenta donc de rigoler, certes un tantinet nerveusement.

- Alalala le Grand Kibo a raté sa cible et sa technique, disait-elle par taquinerie. Et je suis la gagnant ! conclut-elle en le faisant basculer sur le dos avec un jeu de jambe fort simple. Elle ne s'attarda pas plus sur la nouvelle position comme elle au dessus, et se releva immédiatement.


- Je te propose qu’on prenne des vêtements de rechange avant qu’il ne fasse trop froid, commenta-t-elle en attendant sagement que Kibo veuille bien se lever. Ou alors profiter des derniers rayons du soleil pour se dorer.

Le désert pouvait être brûlant en journée comme en soirée mais entre ces deux périodes, les températures pouvaient varier de 10 à 20 degrés, et autant dire que ce n’était pas agréable pour l’organisme et surtout s’il était affublé de vêtements mouillés. Dans tous les cas, en bon sunajin, retrouver des vêtements secs était une priorité. A moins que Kibo connaisse une technique de séchage extrêmement rapide.

Elle profita du sommeil de son coéquipier pour s’exercer à son sunaton. Cependant, afin de ne pas réveiller Kibo, elle ne se contenta que de petits exercices sur son chakra et ses capacités à modeler à volonté le sable. Ainsi, durant son tour de garde, elle le passa à sculpter encore et encore de petites figurines tout en gardant un œil aux alentours. Elle ne craignait pas vraiment l’arrivée de bandits ou encore ninjas – ils seront visibles de loin dans ce désert – mais plutôt de l’apparition subite et impromptue des bestioles du désert comme les scorpions ou encore les serpents.
 
Son chakra s’amenuisait petit à petit mais sans l’affaiblir considérablement. Elle faisait attention de rester alerte durant toute la mission, d’une pour ne pas handicaper Kibo et de deux pour ne pas s’attirer les foudres de sa famille. Oui garder le sourire et la pêche quel que soit la situation lui semblait la seule solution pour alléger toute cette tension et ne pas devenir folle sous la pression et l’ambition.
 
Lorsque Kibo prit son tour de garde, c’est avec plaisir qu’elle se glissa dans son petit abri. La prochaine, elle devrait penser à de petites constructions solides à base de sable qui feraient office de tente, et qui sait – et soyons fous -, de maison. Le sable était en abondance au final.
 
 
Incroyable mais vrai, la petite demoiselle n’avait pas ouvert la bouche de la journée ou plutôt depuis la montée de la montagne pour rejoindre le temple des moines du vent. Certes, Tsukiko pouvait se targuer d’être un moulin à parole endurante mais ce temple mettait vraiment toutes ses compétences à l’épreuve. Elle ne pouvait pas parler ET monter ce pic ! Il fallait économiser la salive et le souffle.
 
- Woah … se contenta-t-elle de dire une fois arrivée en haut, devant le temple.
 
De tous les lieux visités jusqu’à maintenant, c’était bien ce lieu-là qui lui faisait tant d’impression. Le lieu respirait la sérénité et les moines présents tantôt méditaient, tantôt s’entraîner à quelques techniques. Tsukiko fut davantage attirer par leurs arts martiaux et c’est avec impatiente qu’elle se tenait aux côtés de son coéquipier. Actuellement, elle voulait visiter tout le temple et tout connaitre. Une curiosité soudaine qui l’avait pris et qui ne s’éteindrait pas avant d’avoir réponse à tout.
 
- On aurait peut-être dû passer la nuit-là. Tu crois que c’est encore possible ? lui chuchotait-elle.
 
Peut-être que c’était possible. AU final, la visite de ce petit village suivi de l’ascension au sommet de cette montagne ne s’était pas faite en une seule et pauvre matinée. De plus, le moine qui les avait accueillis leur proposait gentiment de se reposer dans l’une des pièces réservées aux visiteurs et aux « croyants ». Il avait dû user d’un autre mot mais Tsukiko s’en souvenait à peine, bien trop perdue dans sa contemplation des mouvements des moines, de l’architecture du temple et de la sérénité du lieu.
 
En effet le temple, faîte entièrement en pierre, abritait de larges et grandes pièces. Certaines n’étaient aménagés qu’avec quelques meubles et tissus, d’autres avec quelques armes en bois ou en acier et enfin de plus petites pièces étaient utilisés comme dortoirs ou encore cuisine. Cependant, le luxe semblait être un mot banni ici et seul le strict nécessaire était là. Enfin la visite se terminait par une large cour intérieure entourée d’une petite végétation. Le moine disait qu’en ce lieu, chaque matin les moines réalisaient quelques gestes basiques de leurs arts. Après, c’était une matinée dédiée aux entraînements puis un après-midi dédié aux tâches d’entretien.
 
Il finit par abandonner chacun des ninjas dans les pièces qui leur sont attribués. Effectivement une petite bassine d’eau était à leur disposition pour se débarbouiller, un petit chiffon pour éliminer la crasse d’une longue route et surtout, une petite toge – ou kimono – comme tenue de rechange. Par contre elle ne savait pas dans quel usage l’utiliser. Etait-ce pour dormir ou pour autre chose ? Haussant les épaules, elle se promit de le mettre pour dormir.
 
Elle se débarrassa rapidement de ses vêtements poussiéreux, les plia soigneusement, les posa dans un sac, et entreprit la dure tâche de briller comme un sou neuf en très peu de temps. Elle voulait à tout prix visiter de fond en comble ce lieu, et découvrir les moines et leurs aptitudes. Cependant, voilà une idée bien stupide. Le moine revint bien vite et leur annonça – à travers la porte – que le repas sera servi très bientôt.
 
Elle finit donc par quitter la pièce un tantinet boudeuse. Cependant cette mine disparue quand elle vit le repas en question : des plats au milieu, des baguettes ici et là, des bols et surtout plusieurs personnes autour d’une même table. Etrangement, cela la rendait nostalgique. Sans tarder, elle sut exactement où s’asseoir et prendre ses aises, indiquant une petite place à ses côtés à Kibo.
 
- Viens viens !
 
Et le repas fut des plus animés. Chacun parlait de son quotidien et des tâches à faire. Tsukiko écoutait avidement mais ne cessait de lancer des regards vers la porte de sortie. Elle voulait sortir et voir, découvrir et non se contenter de récits. A la fin du repas, on les raccompagnait à leur chambre respective – en fait côte à côte – et on leur souhaita une bonne nuit. Cependant, c’était se tromper lourdement.
 

A peine les pas des moines ne se faisaient pas entendre et que la porte de Kibo avait claqué, elle quitta sa petite chambre exigüe en douce et commença à fureter un peu partout dans le temple.

La curiosité était davantage un mauvais défaut qu'une qualité chez la jeune Kawaguchi. Ce trait de caractère l'avait toujours mené dans les lieux ou les situations les plus inattendus. Par exemple, elle avait été curieuse du clan Kawaguchi manipulant le sable lorsqu'elle habitait encore à Konoha. Une personne censée réfléchirait longuement et c'est ce que Tsukiko aurait fait - elle avait tout de même des amis là-bas, des connaissances -. Cependant, sa curiosité lui avait dicté une toute autre attitude : faire ses valises rapidement et profiter du départ des élèves de l'examen chunin pour rejoindre Suna.

Et ce soir, c'était encore la curiosité qui lui dictait son acte. Elle devait visiter ce temps - elle l'avait attendu toute la journée - et il était hors de question qu'elle gaspille son précieux temps dans une chambre exigüe. Il fallait surtout qu'elle retrouve ces fameuses salles où les moines méditaient ou réalisaient quelques gestes intéressants. Seront-ils encore là ? Si oui, elle serait bien heureuse. Si non, il n'était pas bien grave, elle se contentera de s'imprégner du lieu.

Sursaut. Voilà la réaction qu'elle eut lorsqu'un moine la surprit. A cet instant, les bonnes questions traversaient enfin son esprit : était-elle autorisée à visiter de son plein gré ? Si non, que risquait-elle ? Si jamais on les jetait, Kibo allait être furieux. Mais à peine a-t-elle pensé au jeune homme à la crinière blanche qu'il apparut devant elle. Elle comprit qu'il l'avait trompé. Encore.

- Tu dois arrêter de me faire de telles frayeurs! Avec toi, il faut toujours être sur ses gardes sérieusement, conclut-elle avec des yeux ronds.

ET c'est ce qu'elle allait faire. Il était déstabilisant de se faire avoir deux fois en si peu de temps et avec des "techniques" si "simples". A travailler son sunaton, elle avait oublié de travailler tout le reste. Elle en avait du chemin à faire avant de devenir un membre respecté de son clan.

- Tu vas me dire que tu n'es pas curieux d'explorer ce lieu ? Même pas un petit peu ? Demanda-t-elle, les yeux plein d'étoiles. Bon … je vais y al…

ET elle se souvint d'un détail important. Elle n'était plus seule mais en pleine mission, avec son équipe - même si effectif des plus réduits-. Dès qu'elle réalisait cela, elle se rendit réellement compte de ses actes, de leurs éventuelles conséquences et surtout de son manque de civilité ou de subordination. Si elle voulait vraiment s'améliorer, il fallait déjà un tantinet obéir.

Cependant, obéir est une tâche qu'elle n'avait pas trop expérimenté. Elle avait été toujours laissé à elle-même, toujours à se débrouiller elle-même. Les ordres se faisaient bien trop rares dans son existence. Cependant, il fallait que cela devienne naturel et pas seulement de l'occasionnel .

- Je vais rester là et t'écouter. Nous sommes une équipe, nous sommes en mission et tu sais mieux que moi quoi faire. Si tu le demandes, j'irais dans ma chambre et j'y resterai jusqu'au matin. Mais je promets de revenir ici pour un petit séjour, et là rien ne m'empêchera de visiter de fond en comble le lieu !

Un changement d'attitude radical mais nécessaire. Autrement, elle allait encore traîner Kibo là où il ne fallait pas. Elle se fichait complètement de s'engouffrer dans les pires situations mais elle se refusait de traîner qui que ce soit avec elle. Elle acceptait d'être responsable de ses erreurs, elle se refusait d'être responsable d'autrui … du moins pour le moment. Tsukiko n'avait clairement pas la maturité et le recul nécessaire, et agissait encore sur l'instinct et l'envie plutôt que sur la raison et la logique.


- D'ailleurs … parlant de mission . J'ai une petite question, de rien du tout mais … les brigands sont juste … brigands hein ? Pas des ninjas brigands ? Enfin … On est censé faire quoi comme type de rapport là-bas ?

Les confrontations, elle en avait vu mais toujours en tant que spectatrice et, ou, fuyarde. Pas comme actrice.

Tsukiko finit par rejoindre sa chambre. Elle ne souhaitait pas une seconde avoir le moindre problème avec les moines qui les avaient si gentiment hébergés et elle voulait encore moins être un poids mort pour Kibo demain en étant à moitié endormie à cause de son escapade. Elle assouvira sa soif de savoir de ce lieu bien plus tard, en revenant soit elle-même, soit avec quelqu'un d'autre d'intéressé et sans la contrainte d'une mission ! Elle se le promettait.

Elle ne mit guère longtemps à trouver le sommeil mais ce dernier était bien plus léger que d'habitude. Elle se réveilla peu de temps avant les premières lueurs de l'aube et profita du calme ambiant pour sortir et prendre un peu l'air en aiguisant calmement un ou deux kunais. Cependant voilà un geste facultatif. Tsukiko prenait bien soin de ses armes - toutes affutées sans exception - même si elle ne les utilisait que de temps à autre. Ses armes principales restaient son art et quelques pièges basiques.

Lorsque Kibo finit par apparaître, elle se leva, un petit sourire aux lèvres. Elle espérait sincèrement que sa petite panique ne se ressentait pas. Toute la soirée et toute cette petite matinée, elle avait tenté de calmer cette voix intérieure en ressassant une multitude d'arguments comme le fait qu'elle avait une ou deux techniques de défense suffisantes et qu'elle était accompagnée d'un bon, voire même d'un excellent, ninja. Elle ne craignait rien. En théorie.

Moins elle pensait au fait qu'elle n'avait guère bénéficié de l'entraînement des Kawaguchi du fait de sa condition de bâtarde (mais qu'elle s'était entraînée dure malgré tout!) ainsi qu'à son inexpérience en combat, et plus elle se portait mieux. Elle devrait réserver ce stress au moment du combat en le transformant en une bonne dose d'adrénaline.

- Bien dormi ? J'ai bien dormi pour ma part ! Vraiment reposant comme lui, il faut vraiment que j'y revienne de temps en temps ! Commença-t-elle à débiter. Enfin, le plus important est que je suis prête, en forme pour notre journée et l'étape suivante !

Suite à un très léger petit déjeuner - dont Tsukiko n'avait pioché que quelques bouchées suite à un estomac des plus noués -, ils se mirent en route. Juste avant de quitter ce lieu paisible, elle vit au loin l'un des moines prier pour leurs morts. Sa propre mère, son grand père et sa grand mère lui vinrent à l'esprit. A quand dater sa dernière visite à la tombe de ces êtres si chers ? Ah bien trois ans. Un lourd sentiment de culpabilité l'étreint devant ce triste constat.

- Dis Kibo, peut-on quitter un pays pour un autre temporairement, le temps de rendre visite à quelques personnes importantes pour nous ? demanda-t-elle avec son ton le plus détaché et le plus innocent.

Et la descente de la montage commença. On aurait pu croire que c'était bien plus simple mais c'était sans compter sur les descentes brutes, les contournements et les petites montées. Et, impression ou réalité, ils arrivèrent aux portes du San'zoku.

- Qu'allons-nous faire exactement, maintenant ? Je te suis ... quoi qu'il arrive.

Une première pour Tsukiko : courir droit dans les bras des bandits plutôt que de les fuir comme de la peste. Grandir apportait son lot de responsabilités. Devenir ninja apportait son lot de dangers. Fuir n'était plus une option : elle n'était plus une enfant ni une civile.

Les portes du San'Zoku n'inspiraient rien de bon en Tsukiko. Ces deux battants semblaient même l'avertir que ce lieu n'allait être qu'un nid à problème et qu'il valait mieux déguerpir au plus vite. Cependant, cette destination faisait partie d'une mission et cette dernière devait être une réussite. La gorge sèche et le ventre noué, elle suivit son coéquipier.

Trois hommes apparurent pour ouvrir les portes et les refermer juste après eux. Leur ton était assez agressif, leur attitude intimidante et le lieu des plus lugubres et glauques. Comment pouvait-on vivre dans un tel lieu alors qu'il y avait mieux ailleurs ? Comment accepter la tyrannie des brigands alors qu'à quelques jours existaient des villages de pêcheurs ou tout simplement Suna ? Enfin, et plus important, comment les brigands pouvaient accepter une telle existence ?

L'égoïsme et l'avidité. Deux maux, deux mots qui traduisaient leur situation et la raison de ce dévouement à un mode de vie si peu saint et si vide d'objectifs.

Pendant que Kibo et l'un des types discutaient - si l'on pouvait appeler ça "discuter"- Tsukiko continua à détailler le lieu ou encore les deux autres acolytes. Il n'y avait pas beaucoup d'ouverture, c'était assez oppressant et surtout, les regards pesaient. Il y avait d'autres mais cachés ici et là. D'ailleurs petit à petit, d'autres hommes ou femmes sortaient et s'approchaient du duo. Ce n'était pas une centaine de personnes, mais ce n'était pas une ou deux personnes.

Certains étaient armés, d'autres non. Certains paraissaient menaçants, d'autres amusants. En tout cas, face à ce spectacle, son petit cœur accélérait et l'assourdissait. Il fallait qu'elle se calme mais comment. Il y avait de grandes chances qu'il y ait une altercation mais également d'infimes chances que tout se passe bien.

Et puis elle sentit le regard insistant d'une personne, d'un des trois acolytes qui les avaient si mal accueillis. Pour seule réponse, elle lui lança un regard de glace. Il se désintéressa aussitôt, persuadé qu'il ne devait rien y avoir sous cette lourde cape et surtout que la fillette devait être qu'une pauvre fille ridicule - au vu de sa drôle de coiffure rose -, et s'empressa de reporter son attention sur l'élément le plus "dangereux" du groupe soit Kibo.

- Ils veulent inspecter notre village ! annonça la personne qui avait engagé la discussion avec Kibo. Pour subvenir à nos besoins apparemment, lança-t-il sarcastiquement.

De petits rires mesquins raisonnaient dans la "foule" ou plutôt la bande. Tsukiko ne put que grimacer. Il n'y avait rien de bon à tirer comme ça. Il fallait soit ruser, soit leur permettre une coquette somme d'argent.

- Ecoute le mioche, je vais te mâcher le boulot. Tu dis gentiment à ton supérieur que tout va bien ici, dit-il en s'approchant beaucoup trop près de Kibo. Et maintenant, tu dégages toi et ta copine. J'aime pas les mioches qui traînent dans nos pattes.

C'était gentil de les laisser partir si facilement.

- Pourtant vous auriez besoin d'aide ou d'un avis externe. Vos bases pour vos différentes structures sont bancales et au moindre tremblement de terre ou face à l'usure du temps, ils vont s'effondrer, dit-elle tout en indiquant deux ou trois piliers soutenant tantôt de petits habitats, tantôt de petits ponts. Sans parler des petites ouvertures, vous risquez de rendre l'espace trop confiné et donc très facilement sujette à ...

Elle se tut aussitôt devant le regard noir de celui qui semble être le leader de ce "village". Peut-être que son avis architectural n'était pas le bienvenue. Cependant, les constructions, voilà une chose qui passionnait Tsukiko et qui lui faisait souvent oublier où elle était et ce qu'elle faisait. Construction dans un désert incluait souvent du sable ... matière qu'elle maniait au quotidien artistiquement comme militairement.

- Excuse-moi ? Finit par dire le leader en plongeant son regard dans celui de Tsukiko.
- Je ne pensais qu'à votre bien-être, mentit-elle d'une voix qui se voulait maîtrisée.

Cependant, les paroles avaient semé le doute dans certains esprits. Est-ce qu'ils vivaient vraiment dans des habitats prêts à s'effondrer d'une minute à l'autre ? Vivaient-ils dans un lieu trop confiné, sujette à ... quelque chose qui menaçait leur "survie" ou "confort" ? Tsukiko remarqua les regards interrogateurs et ne put s'empêcher d'ajouter son grain de sel supplémentaire.

- Sans parler que vous avez mal orienté certaines maisons , certaines ouvertures. Vous vous exposez aux chaleurs torrides du désert ainsi qu'à ses tempêtes de sable. Au lieu d'avoir un environnement contrôlé, vous avez un environnement exposé aux fluctuations ... aux caprices du désert.


Ou peut-être était-ce les mots en trop pour certains ? Ou, à contrario, était-ce les bons mots pour d'autre ? Elle lança un regard désolé à Kibo. Avait-elle trop parlé ... encore une fois ?

Des voix s'élevaient timidement au sein de la foule et invitaient clairement les sunajins à inspecter le village. Tsukiko ne pouvait qu'applaudit - mentalement évidemment - ces esprits censés. En effet, où était le mal dans leur action? Pourquoi ne pas accepter la main tendue de Suna ? Sûrement parce qu'ils avaient trop de choses à cacher ou tout simplement le leader ne souhaitait pas faire miroiter un meilleur avenir ailleurs en laissant entrer ce dernier dans son pré carré de terreur.

D'ailleurs, la terreur, il l'installa à nouveau. Un "Silence" résonna dans ce repère et aussitôt tout le monde se tut. Tsukiko était partagée entre dégoût et peur. Elle était toujours en face de cet homme et avait donc eu droit à ses postillons ainsi qu'à un gros plan de ses traits furieux. Il était effrayant le chien enragé cependant pas aussi intimidant que certaines personnes de son clan. Ces derniers réussiraient à la paralyser sur place avec un regard alors que ce leader autoproclamé n'inspirait pas une telle chose. La seule chose qu'il donnait envie de faire était de lui hurler méchamment dessus ou alors bien se défendre.

"Pas aussi intimidant qu'un Kawaguchi" conclut-elle. Certes, elle craignait toujours un tantinet le futur affrontement mais déjà bien moins. Elle avait vu pire, elle avait subi pire avec les entraînements drastiques ou les évaluations sans pitié de son clan.

Soudain, la voix de Kibo se fit entendre. Elle le vit au loin et conclut qu'à nouveau il avait "transporté" cette voix. Elle l'écouta attentivement puis se figea. Avait-elle oublié de dire qu'elle ne maîtrisait pas forcément toutes les techniques propres à son clan ? Avait-elle oublié de dire également que certaines n'étaient qu'une base, qu'un support, et donc "peu utile" en combat ? Il semblerait qu'elle allait se débrouiller avec ce qu'elle savait en sunaton et ce qu'elle avait en arme.

Ceux qui ne voulaient pas se battre battirent rapidement en retraite. Quant aux combattants, une petite poignée de trois, deux préféraient se concentrer sur Kibo alors qu'un se dirigeait vers elle.

- Vous savez, c'est ridicule d'agir ainsi ! On est là pour aider et ... elle ne termina pas sa phrase qu'elle esquiva déjà un premier coup.

Décidément, il fallait s'en éloigner car le corps à corps n'était pas encore totalement son fort. Elle savait être rapide ou encore endurante, mais elle ne savait pas encore totalement "frapper". Non, elle était bien plus forte avec son sunaton.

Elle fit un bond, deux bonds en arrière, et en profita pour analyser son environnement. Très peu de sable au sol, en très fine couche comme de la poussière, peu d'obstacles et des structures un tantinet fragile avec quelques civils.

- Bien !

Elle ne tarda pas à former avec son chakra, et le sable tout autour pour aller plus vite, une boule de sable qu'elle lança droit vers l'opposant. Il pourrait l'éviter ou l'attaquer de front mais l'un comme l'autre, le but n'était pas de "frapper" mais de "distraire". En effet, la boule finit par exploser et les grains de sable commençaient à se loger tantôt dans les yeux, tantôt dans les bouches, tantôt dans le nez. Elle ne tarda guère, profitant que l'ennemi se frotte les yeux ou toussote, pour lancer cette fois-ci un véritable jet de sable qui le tapa de front. Il réussit tout de même à retrouver un tantinet la vue et tenter d'esquiver la petite attaque. Il ne se le prit pas de plein front mais une partie du bras.

"Au moins un choc douloureux" se rassurait-elle.

- Alors ça, tu vas me le payer ma petite, menaça-il furieusement.

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