Un foulard de fortune sur le nez et les cheveux attachés, je marche contre un vent épouvantable qui me lance des dizaines de litres de sable depuis plus de deux heures. Ma crinière habituellement blonde et soyeuse est pratiquement devenue brune tellement elle est crasseuse de par la terre si volatile de ce désert. Je ne m'attendais réellement pas à cette température lors de mon départ hâtif d'Ame.

*Non. Cesse. L'état de tes cheveux est quelque chose qui ne devrait pas primer sur ta survie; c'est ridicule.*

J'ai toujours ce paradoxe en moi qui me suit partout: mélange entre les traditions de mon peuple détruit que je déteste, mais avec lesquelles j'ai grandis et mon amour de le changement et la liberté. Ainsi, très souvent je sens en moi ressortir mes réflexes acquis de Bûshi qui ne prônent que tradition, structure et réglementation.

Sans vouloir leur donner plus qu'ils le méritent, Ken et Goren m'ont fait changer, je crois. Par sa douceur et nonchalance, Kennei m'a appris à me laisser guider par le vent alors que Vétéran, inversement, m'a démontré qu'il est possible de se laisser aller à sa forme la plus bestiale et que l'instinct est souvent plus utile que le calcul. Étrange, j'ai toujours cru l'inverse.

Après pratiquement une demi-journée à me faire fouetter sans répit par des bourrasques sauvages, j'entrevois un village au loin. Avec cette vision de bonheur, un calme se met à se lever.

*Je crois qu'avec la distance, j'y serai dans environ quelques minutes, une heure au plus.*

Lors de cette marche, un oiseau me rattrape. Il tient sur lui une missive que j'ai la chance de pouvoir lire. Après les premiers mots, mes yeux s'arrondissent et j’accélère ma lecture. Une fois le tout enregistré dans mon esprit, je jette la lettre et, en tenant l'animal messager, je me mets à courir. Le rebut produit une petite explosion derrière moi.

- "Donc, Kumo ensuite. Bien."

Je sors d'un de mes carquois à Katanas mon calepin de voyage duquel j'arrache une page. Une fois ma lettre terminée, je la retourne au destinataire et je me remets en marche vers cette ville qui est décidément mieux de ne pas être un mirage.

À mon arrivé, deux gardes se tiennent aux coins de la grande porte. J'avais la ferme intention de passer sans ne leur adresser un seul mot, mais le plus âgé des deux m'interpelle.

- "Bonjour, sabreur! Je vois que vous avez plusieurs armes. J'en vois six à votre taille et au moins une trentaine dans vos énormes fourreaux. Avant que je ne vous laisse passer, vous devez me dire quel est votre but."

- "Oh, bonjour! Je suis ici à la recherche d'un homme: Yojimbo. C'est un marchand avec qui j'avais contact, mais duquel je n'ai pas eu de nouvelle depuis quelques temps. Je m'inquiète et je tente de le retrouver."

- "Je vois. Dites-moi, vous n'avez pas l'intention de faire du grabuge?"

- "Quoi? Non!"

Je garde baisse un peu son arme et se masse le menton.

- "Par curiosité, quel clan représentez-vous?"

- "Aucun."

- "Quoi? Ce n'est pas le genre de voyage qu'un homme ne ferait sans raison! Vous êtes un Shinobi, je suppose."

- "Non."

Les yeux de l'homme se remplissent de surprise.

- "Qu'êtes-vous?"

- "Un voyageur qui cherche son contact."

Il laisse pratiquement tomber son hallebarde. Son confrère l'imite.

- "Quoi? Dans le désert! C'est cinglé! Personne n'y survit sans guide! Il y a des brigands, des tueurs, des animaux, les nomades et je ne parle pas de la déshydratation, de la possibilité de se perdre, des vents et de la chaleur."

- "Oui," dis-je en souriant, "mais comment comptez-vous devenir une légende sans prendre de risque? Si vous voulez repousser les règles, il faut faire des grands pas!"

Subjuguer, le soldat fait un pas en arrière.

- "Je suis impressionné. Bon. Je vais vous laissez passer puisque c'est probablement votre dernière journée dans ce monde!"

- "Merci bien," répondais-je d'un ton tinté de sarcasme.

Aussitôt dans la petite agglomération, je m'achète quelques provisions, de l'eau, un meilleur foulard, des lunettes et un livre de la région. Heureux de mes emplettes, je me dirige dans une taverne près de là où je suis. De l'extérieur, elle me semblait bien, mais une fois à l'intérieur, mes instincts de Bûshi s'offensent.

Une odeur particulière en émane. Les tables ne sont pas parfaitement bien lavées et je vois un homme ivre sur le sol à quelques pas de l'entrée. Il y a des repas à moitié dévorés et des bouteilles partout. Les lieux sont particulièrement mal propre. J'ai pratiquement l'impression que c'est fait exprès.

Je souris.

*Enfin, une place libre! La première chose que j'aime de cette région.*

Je m'avance vers le comptoir pour me commander une consommation. Je dépose mes cinquante sabres divisés en deux grands carquois aux côtés de mon banc et j'attrape mon nouveau bouquin avide de nouvelles connaissances. D'un regard, je signale mon envie de boisson. J'ajoute:

- "Est-ce que vous avez une spécialité? Car c'est ce que j'aimerais!"

Le serveur hoche positivement de la tête ce qui lui mérite un sourire amical. Je prends place et dépose le livre sur le comptoir.

*Je suppose qu'il n'y aura aucune information crédible sur les Furyous ni sur les Arts des Shinobis de Suna, mais ça peut être un début!*

L'homme a ma droite remarque mon livre et réalise que je ne suis pas originaire de ce petit village. Avant même que je puisse lui répondre, il s'empare s'en empare et l'investigue. Étant d'humeur clémente, je ne fais que fermer doucement les yeux.

- "Non, effectivement!"

Il s'offre comme guide ce qui est pratiquement un miracle.

- "Ah, oui! C'est très intéressant!"

Je me tourne vers mon interlocuteur en déplaçant légèrement un des sabres à ma ceinture pour un peu plus de confort.

- "Je me mon Takusanken, mais Taku est un sobriquet qui me convient pleinement. Aussi, j'ai les titres honorifiques en horreur, mais si vous y tenez, je peux faire un effort. Bref, enchanté de faire votre connaissance. Mon voyage dans cette contré chaude a deux objectifs et votre aide dans l'un ou l'autre serait réellement apprécié."

Ma commande arrive. Je fais signe à ma nouvelle connaissance d'attendre pour une seconde durant laquelle je paie ma consommation. Je prends une gorgée. Le barman m'explique que c'est un extrais de cactus mélangé à une sorte d'alcool fort qui est produit plus loin dans le désert aride. Délecté, je le remercie avant de continuer ma conversation.

- "Oui, donc, comme je disais, j'ai deux choses à faire. D'un côté, je cherche un homme nommé Yojimbo. C'est un de mes anciens contacts avec qui je dois parler, mais il semble être introuvable. De l'autre, j'aime beaucoup découvrir sur les autres peuplades du monde. Disons que je suis quelque chose comme un académicien voyageur, si on veut! Ces temps-ci, je suis surtout intéressé par les différents Arts Shinobis! J'aimerais en découvrir plus, mais j'ai un peu peur de me diriger directement dans un village caché, car je ne sais pas si je serais le bienvenu. Des idées?"

Je lève mon verre jusqu'à mes lèvres une seconde fois pour savourer ce merveilleux nectar qui est si unique en ne quittant pas mon voisin des yeux.

L'homme me fixe ce qui m'oblige à afficher une expression de surprise.

*Est-ce qu'il m'analyse? Peut-il me comprendre?*

Ayant l'impression d'avoir à faire à une personne qui, comme moi, aime investiguer, mon visage se transforme sans que je ne lui demande: mes paupières se lèvent lentement pour laisser place à mes globes oculaires qui, eux, sortent un tantinet de leurs orbites. Mes lèvres se déforment doucement en une sorte de sourire curieux. Je penche légèrement la tête, intéressé par son regard.

*Êtes-vous réellement un homme à part, comme moi? Qui désire comprendre les mécaniques profondes qui régissent l'Univers? Voulez-vous réellement me disséquer mentalement? Êtes-vous en train de déduire mon origine?*

J'allais commencer à l'analyser, mais je réalise bêtement qu'il ne fait que montrer une certaine intensité.

Je ferme aussitôt les yeux et secoue ma tête.

*Non, non, non Taku! Conserve ça pour certaines occasions. Les gens n'aiment pas que tu cherches à comprendre qui ils sont avant qu'ils ne l'aient expliqué.*

L'événement ne dura qu'une seconde après la quelle j'affiche un sourire gêné. Je transporte une nouvelle fois mon verre jusqu'à mes lèvres et retourne à la conversation avant que mon interlocuteur du moment ne me juge.

- "Oui, désolé. J'ai comme cette habitude de vouloir analyser les gens. J'ai l'air étrange que je fais ça."

Je dépose la pinte sur le comptoir maladroitement.

- "Je suis un Rōnin anciennement Bûshi d'un clan de Samuraïs maintenant anéanti. Je ne conserve pas beaucoup de bons souvenirs de mon ancienne vie outre la délicieuse arôme des roses qui poussaient dans nos arbres et le vue des oiseaux de par ma fenêtre."

Une pause un peu trop longue se fait sentir.

- "Mais, lors de la grande guerre, mon village entier a été réduit en cendres. De ce que je sache, personne n'y a survécu sauf moi. J'ai erré un bon moment avant de trouver Yojimbo, la personne que je cherche, qui m'a sauvé la vie en m'offrant nourriture et emploi. Entraîné comme un Samuraï, je sais me défendre. Donc, je lui ai été utile en tant que protection."

Je demande en vitesse quelque chose pour casser la croûte au serveur.

- "Par la suite, j'ai voyagé pas mal, disons! J'ai visité la contré de la givre et celle de la brume. J'ai même une maison près de ce qui reste de l'ancienne Kiri, dans les îles. C'est ma deuxième fois au Pays du Vent quoi que la première, je suis resté à la frontière."

Une main tisse mes cheveux alors que je reprends place sur le tabouret pas très confortable.

- "Dans les choses les plus intéressantes que j'ai vu, c'est à coup sûr la grande plage de Yu no Kuni où un ami et moi-même avons chasser un crabe pour une grosse prime. Malgré la température généralement sous la normale pour la saison, cette plage restait intouchable! Il y faisait bon et chaud et l'océan avait une odeur très particulière, presque sucré. Et, je ne parle pas de l'aventure réellement loufoque que nous y avons eu en cherchant ce satané crustacé!"

Il serveur m'apporte une sorte de coquille dans laquelle il y a du fromage et des morceaux de viande. J'en prends une bouchée, donne la somme convenu au barman et le remercie pour ses services.

- "Au Pays de la Givre, j'ai eu une mission durant laquelle je devais protéger une cargaison. Il faisait tellement froid que mes muscles étaient endoloris en permanence! J'ai rencontré un homme qui était si rapide que j'avais l'impression qu'il se téléportait! Le sol était tellement glissant que c'était difficile de me défendre. Au final, je suis content d'avoir fait cette quête malgré les blessures parce que je sais maintenant comment m'habiller pour y aller," dis-je en riant.

Je bouge une des ganses de mes fourreaux qui tirait inutilement sur mon chandail. J'attrape une bouteille d'eau et me lance quelques rasades avant de continuer, je ne veux réellement pas être déshydraté et il fait tellement chaud ici.

- "Mais, j'ai vu plein de choses intéressantes! C'est réellement impressionnant toutes les différentes cultures et nations! Mon prochain voyage sera sûrement dans la nation du feu, mais je dois retourner chez moi une fois que j'ai retrouvé la personne que je cherche. Par ailleurs, dites-moi, qu'est-ce qui vous intéresse? J'ai pu observer des animaux et de la flore d'ailleurs tout autant que des architectures et de l'art de plusieurs cultures. De quoi désirez-vous parler?"

Je dévore rapidement mon casse-gueule par la suite en écoutant la réponse de l'homme à ma droite.

Alors que l'homme me demande de le tutoyer avant se lancer dans quelques explications sur les ses intérêts et sur des capacités de Ninjas qu'il avait vu. Je remarque bien qu'il commence à ressentir l'alcool brutalement, mais je ne laisse pas ce fait briser notre discussion.

- "Bien sûr, je peux vous tutoyer, mais il faudra me dire votre nom auparavant," dis-je poliment sur un ton neutre pour éviter toute forme de confrontation.

Essuyant les coins de ma bouche maintenant mon repas terminé, j'avale une grande rasade du nectar de cactus qu'il me restait et je me lance dans de nouvelles descriptions puisque mon interlocuteur semble intrigué par les Shinobis de l'extérieur comme je le suis.

- "Depuis que le début de ma carrière de mercenaire, j'ai rencontré deux guerriers qui ont sortis du lot: Arekushi et Kakeshuou, un était mon ennemi et l'autre un partenaire de mission. Arekushi, avec une comédienne sournoise en tant qu'allié, ont attaqué la cargaison qu'une consoeur et moi-même devions protéger. Bref, lorsque j'ai remarqué son déplacement au loin, caché par la noirceur de la nuit, il devait être à quelques trente mètres ou plus, mais il a avalé la distance en une seule fraction de seconde!"

Je commande un second verre rapidement, mais j'explique que j'aimerais tester autre chose. Je donne directement un billet au serveur en lui disant de conserver la balance.

- "J'ai à peine eu le temps de me défendre contre son assaut! Il m'a donné un seul coup, de ça j'en suis encore sûr, mais j'en ai portant reçu une bonne dizaine. Il m'avait carrément détruit le bras!" Finissais-je en rigolant doucement.

Je marque une pause durant laquelle je réfléchie à ce que je peux dire sur Goren.

- "Oui, donc, ensuite il a continué à se téléporter comme ça! Je ne comprenais rien, mais j'ai réussi à anticiper son attaque et à lui mettre quelques coups de lames! Au final, il a dû fuir et j'ai perdu momentanément connaissance!"

Je replace mes cheveux, mon cure-dent et mes sabres.

- "Kakeshuou, quant à lui, est un énorme monstre de muscles avec qui j'ai dû prendre d'assaut une base. Sa force était ridicule! Il pouvait faire trembler le sol simplement en lançant un objet! Quand il hurlait, je pouvais l'entendre à l'intérieur du bâtiment comme si ses poumons étaient eux aussi surpuissants! Il a pratiquement décimé une petite armée alors que je me faufilais à l'intérieur. Si c'est ça la puissance d'un Shinobi vétéran, j'ai encore beaucoup d'entraînement à faire! Dire qu'il a survécu à un édifice qui lui est tombé dessus. Il m'impressionne."

Mon nouveau verre prend place à mes côtés et je m'empresse de le tester. Il est beaucoup plus fort et vraiment plus piquant que le précédant, mais le goût n'est pas mauvais. L'aubergiste me dit que c'est un alcool tiré d'un venin de scorpion ce qui me fait sursauter. Il prend une expression nonchalante et rigole. Je fais de même en le remerciant.