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 Le choix des réprouvés [Feat Yusuke]

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Suna
Meïka A. Oniri
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Message(#) Sujet: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptyVen 19 Sep 2014 - 0:42

Tenue d'Oniri:

    Il s'avérait étonnant de constater à quel point le temps pouvait s'écouler différemment selon la perception de chaque individu. Dans mon cas les six derniers mois de ma vie me semblaient particulièrement long. J'avais l'impression que tout cette histoire remontait à un passé lointain, voir une autre vie. Pourtant, pas un jour ne s’était écoulé depuis sans que je n'eus une pensée pour lui. Qu'elle soit bonne, mauvaise ou encore philosophique je l'abordai chaque fois avec une certaine amertume liée à la honte. Me demandant alors pour la énième fois la raison de tout ceci sans jamais parvenir à trouver la moindre réponse. Incontestablement, je n'étais pas faite pour les remises en question contrairement aux hommages qui semblaient mieux me convenir. Pour la troisième fois cette semaine et sans que je ne sache vraiment pourquoi. Sans doute prise d'une pulsion soudaine. J'avais revêtis mes affaires pour partir vers l'est. Le crépuscule dans mon dos s'effondrait sur l'horizon dans un torrent d'éclats flamboyants où se mêlée ocre, carmin et or dans toutes leur nuances fantasmagoriques. Ma destination était toujours la même. J'y pensais de plus en plus chaque jours s'en savoir réellement ce que je faisais ni pourquoi. Il fallait dire que passer six mois d'insomnie peuplé de rare songes cauchemardesques s'avérait notablement corrosive pour la stabilité mentale. Mes prises de cocaïne jusqu'alors mineurs avaient diablement crû ces dernières semaines et ce toujours dans l'unique but d'échapper aux affres calamiteuses des bras de Morphée. Malheureusement, j'avais l'impression qu'aujourd'hui plus rien ne me faisait effet. J'arborais toujours un visage blême et les yeux tirés soutenu par d’abominablement cernes d'autant plus apparente sur ma peau diaphane. Le trou dans ma chevelure repoussai plutôt bien, mais pas assez pour que je puisse me montrer en publique avec. Aussi avais-je arboré pendant tout ce temps, presque systématiquement la même coiffure afin de masquer les restes apparents de mon automutilation. Mais je n'avais que faire de cacher tout ceci. Cette fin de journée était bien étrange. La drogue n'avait aucun effet sur moi, pas plus que le poids du sommeil. Je me sentais incomparablement vide. A force de fulminer dans ma tête les idées avaient finit par saturer dans mon crâne, s'échappant une à une par un mince trou pour ne laisser plus qu'un néant indissociable de mon état d'âme. Je ne parvenais plus à éfléchir correctement. Aussi ne pouvais-je comprendre pourquoi je me rendais une fois de plus sur les lieux de la mort de Blake.

    Cet étrange oasis avait été le théâtre de nombreux drames. Le désert avait finit par emporter le corps de ce sombre imbécile. Mais je n'eus aucun mal, en prenant un palmier comme repère, à retrouver l'ensemble exactement où son corps gisait il y a de cela encore quelques mois. Soulevant un des pans de mon poncho, je sorti d'une des poches de mon pantalon un paquet de cigarette. Tapant dans le font de ce dernier je parvins à en faire sortir une du lot que j'attrapais dans la commissure de mes lèvres afin de l'extraire du lot. Je sorti ensuite un briquet pour l'allumer, avant de tirer avec nonchalance quelque lattes dessus l'embrasant ainsi. Des volutes de fumées s’échappèrent de mes narines tandis qu'un mince filet blanc émanait de la cigarette. Je n'avais que très brièvement fumée dans ma vie, ce n'était pas vraiment mon truc. Mais je m'accordai à en consumer une à chaque fois que je venais ici, ce qui commençait à devenir une habitude. Accoudée contre un palmier, les yeux rivés sur un tas de sable, je ne pus m'empêcher d'éprouver une certaine nostalgie. Je soupirai, las de toutes ces conneries en tirant de nouveau sur la cigarette, laissant les cendres s'étendre sur son extrémité. Cette histoire prendrai-elle un jour fin ? Je craignais fortement que non. Il s'agissait d'une histoire compliquée. L'histoire de plusieurs existence que l'on ne pouvait résoudre en une seule. Je tapotai le bord de ma tige de tabac pour laisser les cendres s'écraser dans le sable.

    -J'avais promis de continuer d'avancer, mais il semblerait que ce soit plus difficile que prévu...Dis-je d'une voix rêveuse à l'encontre du fantôme de cet ignard.

    Ayant à moitiée consumée ma cigarette, je la lui jetai au sol afin qu'il puisse la finir. Levant la tête, je crachai un dernier nuage de fumée avant de me diriger vers les eaux de l'oasis. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette dernière était toujours parfaitement claire et limpide comme si aucune souillure stagnante n'était présente. Bien au contraire, le liquide jouvençal était aussi claire que du cristal. Le poids de la fatigue et de la pression vinrent refaire leur œuvre sur ma personne. Pensant que je n'étais plus à cela près, je décidai d'aller m'y baigner entièrement nue. Retirant un à un mes vêtements je sentis les vents hivernaux me glacer la chair. Couvrant ma poitrine avec mes bras je frissonnai avant de m'empresser de descendre dans l'eau. Cette dernière avait profité toute la journée de la chaleur cuisante du désert si bien qu'arrivé au crépuscule sa température était des plus agréable. Cela en devenait même revigorant. Sa fraîcheur comme sa douceur me délia les muscles. Je me décidai alors à retirer les liens maintenant ma chevelure afin rendre sa liberté à celle-ci. Nageant gracieusement sous l'effondrement de l'astre diurne je me sentais infiniment plus libre, plus délicate. Comme si tous mes fardeaux s'allégeaient avec moi une fois dans l'eau. Je me laissai aller à la quiétude, tentant de chasser la moindre penser de mon esprit qui pourrait oser troubler ce somptueux repos.
    Malheureusement le répit du s'achever avoir même d'avoir réellement commencé. En effet, mes sens firent brutalement mit à en alerte par la présence d'un individu. Je n'aurais jamais cru croiser quelqu'un au vu des circonstances. En me retourna brusquement je pus apercevoir la silhouette sombre d'un homme encapuchonné parmi la nuit grandissante. Mon sang ne fit qu'un tour. Je couvrait instinctivement mes bras sur mon buste afin de cacher ma poitrine. Ma nature avisée avez fait que je ne m'étais pas éloignée du bord et par conséquent de mes affaires. Je n'eus qu'à tendre le bras pour me saisir de mon poncho que j'utilisai comme couverture pour cacher mes partis intimes dans l'eau. Mon autre main avait déjà entre ses doigts Ivory que je pointais en direction de cet inconnu singulièrement effrayant. J'ignorai de qui il s'agissait, mais sa présence inquiétante faisait battre mon cœur à vive allure. Plus que n'importe quel brigand, il semblait étonnamment dangereux car sur de lui. A cet instant les pires scénarios me vinrent à l'esprit. Acroire que je devenais totalement parano avec le temps. Je m'efforçai alors de garder mon calme afin de ne laisser transparaître la moindre once de crainte.

    -Qui êtes-vous et que fais-te vous en ces lieux ? Ne vous a ton jamais appris qu'il est mal venu d'espionner une demoiselle durant son bain ? Je vous conseil de repartir sur le champ à moins que vous ne teniez à finir taillé en pièce.Dis-je d'une voix qui se voulait acerbe et implacable.

    J'avais pour habitude de me montrer particulièrement menaçante envers les inconnues notamment envers des êtres aussi flippant que lui. Cela prouvait que je possédai un certain tempérament et les dissuadai de vouloir se frotter à moi au sens littéral comme au figuré. Néanmoins je craignais que ces paroles n'ait que peu d'impact sur lui. Couvert d'un long manteau noir a capuchon, deux katanas étaient attachés à chacun des côtés de sa taille. Le tout lui conférait des airs d'allégories fantomatique, notamment celle de l'Ankou. Décidément, c'était à croire que je faisais une cible de choix pour les mauvaises rencontres dans le désert...



Dernière édition par Saibogu Oniri le Mar 10 Fév 2015 - 10:29, édité 2 fois
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Katano Raion
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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptySam 27 Sep 2014 - 14:31

Les étoiles sont vraiment jolies lorsque l’on sait comment les regarder. Je pense que si je n’avais pas terminé shinobi, je serais sans doute devenu un grand astronome ou un prestigieux poète. Les étoiles ont toujours attiré mon regard. Quelque part, j’ai l’impression qu’elle représente mes disparus. Ceux qui sont partis trop tôt ou de manière trop précipitée. Par exemple, j’aime l’idée que Shord soit là haut à se foutre de ma gueule tandis que je fais trembler certains villages ou que je pille des caravanes. Il faut dire que lorsque l’on voyage seul comme moi, on n’a pas vraiment le temps de se trouver de la compagnie, je me réfugie donc dans certaines pensées réconfortantes. Cela fait presque un mois que je n’ai pas revu Arekushi, il est presque certain maintenant que le gamin s’est fait attrapé par des ninjas ennemis. Ils vont surement le mener jusque dans leurs geôles et une nouvelle fois le transformer en mon ennemi. Décidément on dirait bien que je suis condamné à me retrouver seul, quel que soit les efforts que je fais pour m’entourer. Seul Goren demeure à mes côtés mais le bougre est en voyage, il traverse le monde à la recherche de nouvelles épopées. Ces étoiles sont vraiment magnifiques…

Je tourne la tête, les étoiles me font plus de mal que de bien, je ne fais sans doute pas bien de les contempler aussi longtemps tous les soirs. Il n’est pas dans mon intérêt de tomber dans la nostalgie et l’introspection. Je suis crains dans de nombreux villages et parfois même dans des pays, je ne vois pas pourquoi un monstre comme moi devrait avoir des pensées si douce. Paradoxe étrange en effet, lorsque l’on s’imagine un tueur, un criminel, on l’imagine tout le temps prêt à faire du mal, incapable de souffrir de la dépression que le monde impersonnel d’aujourd’hui nous impose. Mais il faut se rendre à l’évidence, je suis bel et bien un malade du cœur et je suis triste. Je ne sais plus vraiment où j’en suis, j’erre dans un univers que je ne connais que trop bien et dont les règles me répugnent. Je ne suis ni à ma place ni heureux, je suis un marginal. Les hommes me considèrent comme un traitre et un moins que rien, je le suis certainement.

En roulant sur le côté, j’expulse un peu de sable qui s’est posé sous mes narines. Je me saisis de mes sabres et tâte leur structure. Eux ne m’ont jamais abandonnés. Parfois j’aimerais qu’ils aient une âme pour que je puisse converser avec eux ou du moins sentir leur présence. Mais au final ce ne sont que des bouts d’acier couplés à de l’art alchimiste qui fait qu’aujourd’hui je peux les utiliser pour tuer tout un tas de personnes en quelques secondes. Je suis vraiment le plus heureux des hommes.

Je pose ma main sur le sable et me lève, je n’ai plus envi de contempler le ciel, mes jambes me demandent déjà depuis quelques minutes de leur offrir un peu de liberté. J’ai moi-même envie de sentir le vent hivernal du désert se frotter doucement contre mon visage comme il le fait si bien les soirs d’amertume. Je me mets donc à marcher, dans une direction aléatoire. J’ai mon sac à dos accroché solidement via les sangles sur mes épaules et mes sabres qui ballotent à ma ceinture. Il me prend soudain l’envie de chanter une chanson que je n’ai pas écouté depuis longtemps mais qui d’une manière que je ne m’explique pas, m’assaille l’esprit ce soir.

« Belle étoile d’été pourquoi est-tu rouge, Mes nuits sont remplis de rêves nostalgiques. Belle étoiles d’été pourquoi est-tu là ? Moi je suis triste et je pleur. »

Je continue de chanter et d’errer sur les dunes de sables. J’erre sans but précis et surtout pour le plaisir de pouvoir me déplacer librement. Je fixe un point vers l’horizon et je m’y accroche. Comme si chaque pas me rapprochait d’un objectif quelconque. J’arrive enfin devant une imposante dune de sable. Je monte au-dessus de celle-ci et je peux alors contempler la majesté du désert éclairé par l’éclat lunaire. Je remarque ainsi la présence d’une silhouette près d’une oasis qui reflète la lumière. N’ayant rien à faire et s’avérant un objectif plus intéressant que de suivre un point imaginaire sur l’horizon, je commence à marcher vers la vie.

Quelques minutes passent, je commence à comprendre de quoi il s’agit. Une jeune fille qui prend son bain en tenue d’Eve. Je m’approche de l’oasis à pas de félin et la jeune demoiselle ne me remarque qu’au dernier moment. Elle cache alors son corps dénué de voile comme elle le peut et pointe vers moi une sorte d’arme à feu. Connaissant un peu le clan Saibogu de suna, je n’ai plus aucun doute que cette jeune fille a des liens avec ce dernier. Je ne bouge pas, la lune dans mon dos et ma capuche toujours baissée sur mon visage. Je dois ressembler à un fantôme. La jeune fille a peur, je peux le sentir. Ses poils s’irisent surement sous l’eau et elle tremble légèrement en tenant son arme. Elle doit sentir à qui elle a affaire. Je demeure immobile cependant. La jeune fille me crie des réprimandes. Comme quoi il serait inconvenant de regarder une femme prendre son bain. A ces mots, je pose ma main sur ma ceinture, juste à côté de mes sabres. Je défais l’attache et la ceinture tombe avec mes deux armes sur le sable lourd. Je pose ma main sur la fermeture éclair de ma tunique et l’ouvre lentement. Mon accoutrement tombe au sol aussi bien et je me retrouve en jeans et en T-shirt noir. Mon visage est maintenant visible à quiconque se trouve là. Ma crinière blonde est libérée de sa prison de vêtements. Je retire mon T-shirt lentement et le pose au sol. Je ne me déshabille pas plus. Je regarde la jeune fille qui n’a toujours pas tiré.

« Je n’ai aucune intention de te faire du mal, qui que tu sois. Je veux simplement pouvoir profiter d’un bain chaud dans une soirée d’hiver. Je n’ai pas non plus d’intérêt pour ton corps, tu peux cesser de le cacher si cela te chante, je n’y poserais pas les yeux. Maintenant… puis-je entrer dans l’eau ? »

Mes yeux bleus pénètrent ceux de la jeune fille. Elle est jolie mais je n’ai pas le cœur à la reluquer ce soir. Je ne suis pas ce genre de garçon en général de toute façon. Tout ce que je veux, c’est un bain le soir, avec une personne dans le même périmètre que moi. Même si c’est pour rester mués dans le silence, je veux un peu de compagnie. Ce soir je ne suis plus le traitre et le monstre, je suis juste Yusuke. Et Yusuke est fatigué… incroyablement fatigué.
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Suna
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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptySam 27 Sep 2014 - 22:50

Mucic ♪:

    Comme je m'y attendais, mes menaces ne le firent pas broncher. Autant le dire tout de suite, je ne pouvais strictement rien faire contre lui. J'en avais la certitude. Aussi fit-il quelque chose de particulièrement inattendu. A savoir qu'il défit ses armes ainsi que la fermeture de son manteau noir. Rejetant le tout sur le sol, je pus alors découvrir l'individu qui se trouvait caché à l'intérieur. Cette révélation me surpris. Je m'attendais à beaucoup de chose, mais sûrement pas à cela. Il s'agissait d'un jeune homme en tout point charmant. Comme si le chaton s'amusait à porter un costume de lion pour effrayer ses prédateurs. Son visage se révélait empreint d'une certaine innocence infantile tandis que ses yeux exprimaient tout le contraire. Oui de ces yeux azurés, semblable à l'immensité du ciel en pleine journée, une expression infinie qui témoignait de toute l'expérience, de l'incroyable vécu qui avait alimenté son passé. Il ne faisait aucun doute que j'avais devant moi un nukenin averti. Par ailleurs, contrairement à son visage, son apparat ne m'était pas totalement inconnu. En tant que bonne étudiante je m'étais longuement informée sur les grands noms de ce monde. Je n'arrivais plus à me rappeler de son nom, mais son surnom me revenait clairement à l'esprit. Il s'agissait du fameux « Tranchoir Fantôme de Kiri » qui causait en ces temps mêmes nombres de remous envers les nations unis du Shukai. Que pouvait-il bien faire ici ? S'il était un chaton, alors avais-je l'impression de n'être qu'une petite souris. Ce fut alors qu'il retira son T-shirt. J'eus instinctivement un mouvement de recul, plaquant mon dos contre la surface rocheuse sur laquelle j'avais posé mes vêtements. L'avisant en écarquillant les yeux, je me dis qu'il ne comptait tout de même pas faire cela... J'entendis alors pour la première fois le son de sa voix. Ni trop grave ni trop faible, elle sonnait à mes oreilles tel un océan de tranquillité qui ne s'était que trop déchaîné. Je parvenais à le deviner pour la simple et bonne raison que je me trouvais exactement dans la même situation que lui.

    Il expliqua vouloir simplement profiter de la plénitude des lieux tout en pouvant prendre un bain tranquillement. Voici un homme qui ne manquait pas d'audace. En temps normal, seul les pervers agissaient de la sorte en voulant rejoindre une femme nue dans l'eau. Pourtant, il m'assura que je n'avais rien à craindre que je ne l'intéressai pas. Ne le croyant qu'à moitié, je scrutai longuement son regard qui me fixait avec intensité. Suivant très exactement les directions que prenaient ses yeux je constatai avec surprise qu'il semblait dire vrai. Pas un seul instant il ne s'était attardé sur mon corps, pas un seul instant il ne l'avait lorgné. Je n'étais pas vraiment habituée à cela. Je mettais sentis quelque peut mal à l'aise tandis qu'il me fixait. J'ignorai que faire, comment réagir avec lui. Quel était la décision la plus juste à prendre ? Qu'est-ce qu'Oniri ferait dans ce genre de situation ? Je me rendis compte avec désarroi que je n'en avais strictement aucune idée. Toutes mes pensées s'embrouillaient dans ma tête, je ne voulais plus réfléchir. Je voulais simplement dormir et être en paix avec moi-même, ne plus faire de cauchemar. Pourtant cela me semblait impossible...

    Je reposai mon arme parmi mes affaires, n'ayant plus cœur de la tenir, mais maintenait toujours fermement mon poncho désormais trempé, collé contre-moi. Le crépuscule venait d'achever son déclin, laissant une lune mirifique inonder la nuit ainsi que les eaux de cet oasis de sa clameur argentée. La morsure du froid se révélait particulièrement aride lorsqu'on ne se trouvait pas en dehors. L'homme ne semblait nullement en être perturbé. Malgré l'obscurité l'astre nocturne, dans sa plénitude, dégageait suffisamment de lueurs pour me permettre de distinguer clairement mon environnement. Cela signifiait qu'il me voyait également ; moi dans mon plus simple apparat... Ma chevelure trempée montrait donc un écart de longueur qui trahissait l'ancien emplacement du trou dans cette dernière. J'avais eu beau changer de coiffure, dans l'état actuel des choses, elle ne cachait plus rien. Cet inconnu ne le savait pas, mais il avait vu de moi en un seul instant beaucoup de chose que nul autre n'aurait pu voir dans sa vie. Cette idée m’agaçait fortement en même temps qu'elle m'amusait bien que je ne sus pourquoi. Poussant un long soupir, rabattant un peu plus le bout de tissu sur mon corps je redressai la tête vers lui. Je ne lui avais toujours pas donné ma réponse.

    -Faites comme bon vous semble... Dis-je avec désinvolture, ne voulant pas prendre la responsabilité de ce choix.

    Tandis qu'il se déshabillait je détournai le regard. Néanmoins je ne pus m'empêcher de jeter un coup discret à l'instant propice où il plongeait dans l'eau. A croire que ma propre valeur ne s'élevait nullement à sa hauteur. Mais il en fut ainsi malgré moi. Je l'avais brièvement reluquée, avec plaisir certes, mais dans un but auquel j'osai à peine l'avouer. Non, ce geste n'avait pas été mut par une pulsion charnelle, du moins pas uniquement. J'avais en effet eut tout le loisir de reluquer sa silhouette athlétique sculptant un corps musclé à souhait, mais suffisamment léger pour paraître parfaitement naturel, sans le moindre surplus. D'un point de vu objectif il s'agissait vraiment d'un bel homme, je ne pouvais le nier, mais ce n'était pas cela qui m'avait fait détourner le regard quant bien même cela était difficile à croire. Il s'agissait en quelque sorte d'une petite vengeance personnel. Quand bien même il ne m'avait pas reluqué, cela ne l'avait pas empêché de m’apercevoir nue. Je venais donc en faire autant afin de rétablir la balance. Et puis il y avait cette mystérieuse attraction qui m'attirait toujours plus vers l'inconnu, cherchant à en apprendre davantage sur ce soit-disant dangereux nukenin qui paraissait à la fois si inoffensif et si fatigué.

    Je me retournai alors qu'il venait de finir d'entrer dans l'eau. Je m’aperçus alors que dans la nuit l'eau faisait office de miroir reflétant la réalité autour d'elle. Comme il m'était impossible de voir en dessous il en était probablement de même pour lui. Ainsi m'enfonçais-je dans l'eau pour ne laisser dépasser que ma tête et rejetai mon poncho sur la berge afin de le laisser sécher. J'ignorai également pourquoi je faisais preuve de tant de pudeur. Ceci n'étant guère dans mes habitudes et ce quelle qu'en soit les circonstances. Un calme des plus troublants se posa alors entre nous. De multiples gouttes coulaient le long de mon visage pour venir heurter la surface limpide de l'oasis qui s’imprégnât de petit ondoiement. Le vent se leva, secouant les eaux de moult remous qui se fendirent en de petites vagues sur le sable. Cet apparent état de sérénité devint rapidement insupportable. Depuis sa venue en ces lieux, mon repos était troublé. Il venait de tout gâcher. Pourtant, je ne parvenais à lui en vouloir d'être ici car, désormais, je désirai ardemment en apprendre davantage à son sujet. Ma voix s'éleva telle une mélodie sortie des confins de la nuit.

    - Je pense savoir qui vous êtes. Mais je ne connais pas votre nom. Pourrais-je également savoir ce que faites vous dans le désert ?

    Je me rendis alors compte que je m'avançai dans des eaux troubles. S'il s'agissait vraiment du « Tranchoir Fantôme de Kiri » il était dans mon intérêt d'en savoir le moins possible sur les raisons de sa présence dans le désert. Les ennuis faisaient parties des dernières choses que je souhaitai avoir en ce moment. Aussi me ravisais-je dans mes premières paroles.

    -Non, laissez tomber, j'aimerais simplement connaître votre nom.Dis-je d'une voix claire qui laissait paraître le mal-être qui me rongeait.

    Voulant anticiper la question qu'il s’apprêtait à me retourner je me rendis compte avec étonnement que je ne savais absolument pas quoi lui répondre. Devais-je encore mentir à me donnant cette fausse identité ? Je réalisai alors à quel point toute cette histoire semblait se dérouler presque par mimétisme vis-à-vis de celle que j'avais vécu avec Blake. J'en fus presque frappée d'horreur et de désarroi. Non, je ne voulais plus de cela, plus jamais.

    -Je m'appelle Oni. Dis-je comme si je cherchai moi-même à m'en persuader. Dites-moi, je souhaiterais vous poser une question...

    Sans doute que cette situation n'était pas des plus adaptée pour engager une conversation. Quoique, avec un peu de recul, on pouvait la juger clairement hors norme. Mais je m'en moquai bien. Je me disais pour la énième fois que je n'étais plus à cela près. Ce qui en soit se révélait juste. Dans l'état actuel des choses je désirais simplement acquérir des réponses. J'espérai alors qu'il soit à même de m'aider à les trouver au risque de paraître un peu directe.

    -Je voudrais... Je voudrais savoir ce qui vous fait vivre, ce qui vous permet d'avancer malgré toute l'adversité a laquelle vous devez faire face ?Finis-je par prononcer d'une traite comme s'il s'apprêtait à me couper la tête dans la seconde qui suivait.

    Malgré tout ce qu'avait pu m'apporter mes amis récemment acquis, je ne parvenais toujours pas à trouver de réponse. Il s'agissait de la question pour laquelle Blake était mort sous mes yeux. Peut-être avait-il réussi à la trouver en expirant dans son dernier souffle, malheureusement ce n'était pas mon cas. Je demeurai toujours là, en ce bas monde terrestre, ignorante de ce qu'il en était ou de ce qui devait être. Nos regards se croisèrent à nouveau et j'éprouvais une fois de plus cette sensation de malaise en sa présence. Aussi incroyable que cela puisse paraître je me sentis rougir. Jusqu'à présent seule Yami était parvenue sans le vouloir à me mettre dans un tel embarras.

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Katano Raion
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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptyDim 28 Sep 2014 - 12:37

Je fais un pas en avant. D’après les dires de mon interlocutrice, je peux faire ce que je veux, elle ne s’en soucie pas. Je lui jette un petiot regard tandis que je baisse mon jeans. Elle se retourne, me permet de garder un peu de pudeur personnelle. Bien que le fait qu’elle continue de me regarder ne m’aurait pas particulièrement gêné, le fait qu’elle se retienne me permet d’aller plus vite et de m’enfoncer dans l’eau en quelques secondes. La jeune fille se retourne et sort un vêtement de l’eau qu’elle repose près d’elle sur la roche. Nous sommes positionnés sur les deux extrémités de l’oasis mais nous ne sommes séparés que par quelques mètres. Nos regards se croisent, la lune donne un drôle de reflet sur son visage laiteux. C’est une jolie fille que j’ai en face de moi. Elle vient de Suna, j’en mettrais ma main à couper. Pourtant elle n’arbore pas les couleurs que le soleil donne souvent à la peau lorsque l’on vient du désert. Elle doit sortir couverte la plupart du temps.

Je m’arrête de penser, je ne suis pas entré dans cette marre pour me casser la tête avec des problèmes de couleur. J’ai besoin de repos psychologique plus que physique. Mon cerveau ne suit plus le court d’une pensée classique et chaque réflexion est douloureuse, incroyablement douloureuse. Je regarde quelques instants le ciel lorsque ma compagne de bain fait ressortir du silence le doux son de sa voix. Celle-ci est tremblante, hésitante. Elle prétend savoir qui je suis mais voudrait s’en assurer. Elle aimerait aussi savoir ce que je fais dans le désert. Je ne fais pas attention à cette première question, mes yeux sont toujours tournés vers le ciel. Elle reformule bien vite sa question et là, je baisse le regard. Je m’attarde sur ses yeux, ils reflètent la crainte et la curiosité. Je suis toujours heureux de voir quel effet je fais aux gens. Ils s’imaginent tous avoir une bête sanguinaire en face d’eux, une sorte de monstre assassin. Ce n’est pas totalement faux, mais loin d’être complètement vrai…

« Yusuke Katano »

La logique voudrait que je lui demande à mon tour son propre nom. Je ne le fais pas, elle me le donne quand même. Ainsi la jeune fille qui jusque là n’était pour moi qu’une belle sirène des mers de sable s’appelle Oni. Curieux nom composé d’une seule voyelle. Nom qui veut d’ailleurs dire diable en japonais. Il n’est pas aisé de se balader avec une telle étiquette. Cette fille n’a rien de diabolique ou si elle en a, je suis bien plus maléfique qu’elle.

Elle me jette un nouveau regard, un regard plus rempli de sens que le dernier. Je sens qu’elle veut parler, qu’elle veut me poser une question, quelque chose de personnel. Je la sens hésitante à nouveau, elle a sans doute peur que je n’accepte pas de répondre ou que cela me heurte. Mais je ne suis pas de ce genre là. Les mots ne sont que des mots et les situations étranges ne sont pour moi que des interactions humaines. Nous pourrions être tout habillés et debout sur deux montagnes différentes que je tiendrais toujours le même discours. Après tout, la norme n’a été établie que pour satisfaire les gens qui aiment étiqueter chaque élément de leur environnement. La vie n’a rien de normal ou alors elle l’est complètement. La question tombe et mes oreilles sont attentives. Elle me demande ce qui me permet de continuer à me battre. Ce qui fait que je ne me suis pas encore jeté du haut d’un pont en espérant que tous mes soucis s’évanouissent avec moi.

Pendant quelques secondes, je réfléchis intensément à la question. Qu’est ce qui fait que j’ai toujours dans le cœur cette envie de me rendre au combat ? Je ne le sais pas… Je ne m’étais jamais vraiment posé la question parce qu’elle ne m’a jamais paru particulièrement pertinente. Je vis, alors je continue. Je vis donc j’avance toujours plus loin et toujours plus haut. Pourquoi je ne m’arrête pas alors que tous veulent ma mort ? Peut-être parce qu’au fond je la désire de tout mon être… à la mort. Peut-être que tout ça, ce n’est qu’un suicide long et pénible déguisé en rébellion.

« Pour la même raison que les volcans explosent et que les tsunami surviennent. C’est dans ma nature d’aller de l’avant. Je ne me pose pas ce genre de question existentielle. »

Je ne sais pas si ma réponse satisfait Oni, je ne m’en soucis guère. Elle n’a pas besoin de trop me connaître pour se faire sa propre idée sur ma personne. Elle doit surement déjà être en train de se créer sa propre image du monstre qui m’habite. Mais la jeune fille a l’air perdue. Elle semble s’enfoncer dans un sentiment de tristesse extrême. J’ai déjà connu ça. Il n’y a rien d’agréable à se trouver dans cette situation. Bien au contraire, c’est comme se faire déchirer de l’intérieur. Perdre une partie de son âme dans un combat contre soi-même. Un vrai cataclysme intérieur.

« Tu pose des questions étranges avec beaucoup de respect. Qu’est ce qui fait que tu es perdu comme ça ? »

Moi je n’ai pas besoin de la vouvoyer. Je n’aime pas les cérémonies et les courbettes. Bien sûr je sais apprécier le respect quand on en fait preuve à mon égard. Mais je n’en fait que rarement preuve moi-même. Ma question pénètre lentement l’esprit d’Oni et je continue de profiter du notre bain. La situation devient plus ambiguë…
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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptyDim 28 Sep 2014 - 17:09

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    J'écoutai sa réponse avec attention. Il parlait d'une voix toujours aussi calme et apaisante. Cette dernière parvenait à toucher mon cœur meurtri pour lui procurer un tant soit peu de réconfort. Il me fit part de sa vision des choses. En soit elle était des plus simplistes. Tous ces fondements, toutes ces remises en questions, tous ces doutes, il les balayait comme si je rien n'étais. Pour lui, il s'agissait de quelque chose de naturel que de vouloir avancer et ce qu'importait l'adversité. Les comparaisons dont il fit usage semblait plutôt bien lui convenir. Lui qui devait être craint de tous. Détenteur d'un immense pouvoir, il lui suffisait d'anéantir tout ce qui se dressait sur son passage. Oui, il pouvait faire cela parce qu'il en avait la force. Pourtant, j'avais cette étrange impression qu'il cherchait à éviter la question. En fin de compte je demeurai toujours au même point car il n'était visiblement pas dans ma nature d'avancer aussi aisément envers et contre tout.

    Il me demanda alors les raisons de mon trouble. Je n'osai croire qu'il venait de le remarquer si bien que cela me perturba. J'ignorai quoi lui rétorquer, n'appréciant aucunement de faire part de mes faiblesses. Je m'y étais risquée avec Yami et cela aurait put très mal se terminer si je ne mettais pas empressée de refouler mes émotions. Cela faisait désormais plusieurs mois que je les contenais enfoui au fond de moi. Aujourd'hui, j'avais la sensation qu'elles s'apprêtaient à exploser. Ne sachant que faire, je reportais mon attention sur Yusuke. Il ne cessait de porter ces yeux vers les étoiles. Je me demandai bien ce qu'il y cherchait. Lui aussi semblait tellement triste. Il ne le montrait pas, mais je pouvais aussi le voir dans son regard. La vie paraissait l'avoir usée plus que de raison. En repensant à tout ceci, je me dis que je n'avais pas posée la question à la bonne personne. Lui-même, empourpré des les méandres de la déréliction ne pouvait comprendre. Au final, nous nous retrouvions dans la même situation si tant bien était que nous éprouvions les mêmes sentiment en cet instant. Alors, peut-être pouvais-je me confier à lui sans rien avoir à craindre ?

    Je croisai des bras en rabattant mes mains sur mes épaules, collant mon dos contre la paroi rocheuse comme pour chercher une présence réconfortante qui me donnerait le courage ainsi que la force de lui parler. Peut-être qu'en évitant de le regarer je pourrais déjà commencée par me débarrasser de cette curieuse sensation de vertige. Dès lors m'efforçai-je de fixer un point visible dans la nuit. Après quelques instants d'hésitations durant lesquelles il du me croire bien curieuse, je parvins enfin à délier ma langue. Je repensai alors à Blake, à tout ce qu'il avait représenté pour moi ainsi qu'à sa mort, si soudaine, si subit...

    -Je vous avouerai que je ne sais plus vraiment qui respecter ni comment m'y prendre. Je me sens tellement confuse... J'ai l'impression d'avoir passée ma vie à espérer quelque chose pour finalement me rendre compte que je ne l'aurais sans doute jamais voir qu'elle ne peut exister. A présent j’essaie de vivre avec cette idée et ce n'est pas aussi facile que cela en à l'air. Dis-je d'une voix qui perdait de son intensité au fil des mots qui glissaient au bord de mes lèvres.

    Je me recroquevillai un peu plus sur moi-même et contre mon rocher. Qu'étais-je donc en train de faire ? A quoi jouais-je une fois encore ? Voilà que j'osai me confier à l'un des plus grand criminel de cette époque. Plus que mon corps nue c'était à présent mon âme qu'il pouvait contempler. Quelque part cela me soulageait de pouvoir mettre des mots sur ces tourments qui m’asseyaient. Jamais n'avais-je eux l'occasion de le faire jusqu'à présent. Il s'agissait d'une première pour moi si bien que j'avais l'impression de l'accomplir avec énormément de maladresse. Tandis que je m'évertuai à ne pas le regarder, je levais ma main hors de l'eau pour la contempler. Agitant mes doigts avec délicatesse comme pour me rappeler que j'étais encore là. Quelque fois je me demandais si tout ceci appartenait concrètement à la réalité. Voir même si la réalité se présentait tel que ce qu'elle prétendait être.

    -J'aurais tant souhaitée venir au monde sous la forme de tempête ou de miracle. Une puissance incommensurable, un ouragan terrifiant sans peur ni chagrin dans mon cœur...

    Je réalisai que je venais de prononcer mes pensées à voix haute. Comme si mon esprit, libéré du mutisme qui l’étreignait, ne pouvait désormais s'empêcher de s'exprimer librement et sans commune mesure. Malheureusement mes paroles ne faisait que me confirmer la part d'incertitude quant à ma propre identité. Étais-je Oni l'intrépide dévergondée du désert où bien Oniri la petite bourgeoise maniérée digne fille de son impitoyable père ? Il s'agissait des deux facettes d'une même pièce séparé par tout un univers qu'était la tranche. Le tout se trouvait alors ranger soigneusement à l'abri dans un coffre impénétrable. Devant cette image des larmes se mirent à couler le long de mes joues. J'unissais mes paumes dans l'eau pour prélever un peu du liquide cristallin afin de me la jeter au visage. Ainsi mon chagrin pouvait-il s'y confondre avec.

    Les gouttes, abondantes continuèrent de ruisseler, parcourant mes traits pour finalement retomber dans leur source d'origine. Mes yeux demeuraient malgré tout embués de larmes. Je serrais les dents, sentant alors tout mon corps se crisper sous cette action. Allais-je donc passer le restant de mon existence à jouer continuellement à pile ou face ? Cette idée m'insupportai tant ! Était-ce le goût de l’amertume que je sentais naître au fond de ma gorge ? Saisi par la hargne je frappais brusquement la surface de l'eau et m'éloignait de mon rocher comme pour fuir ces mauvaises pensées. Aussi me rapprochais-je un peu plus vers le centre de l'oasis en marchant au fond de l'eau, tout gardant la majeur partie de mon corps immergé afin de m'assurer qu'on ne puisse me voir. Mes pieds se dérobèrent sous la profondeur de l'eau et je me penchai légèrement en arrière en agitant délicatement bras et jambes afin de me laisser flotter. Je me perdis un instant dans la contemplation de la voûte céleste avant de tourner la tête vers Yusuke qui demeurait encore à quelques mètres de moi. A cette distance je pouvais plus facilement apercevoir son beau visage. Il paraissait toujours aussi calme... Je lui adressai un sourire triste malgré-moi.

    -Vous devez me prendre pour une folle n'est-ce pas ? Vous auriez sans doutes raisons. Quelque fois j'ai l'impression que tout ceci n'est pas réel. Que ce monde n'est qu'une farce insipide, une chimère sans fin ni raison. Puis... je me réveille chaque matin et je m’aperçois que rien n’a changé...

    Les souvenirs des cauchemars où apparaissaient Blake me revenait à l'esprit ainsi que les nombreux discours que me dictait mon inconscient à travers lui. Malheureusement cela ne sonnait pour moi que comme un charade totalement incompréhensible. En soit cela correspondait plutôt bien à sa façon de parler. Je n'avais visiblement autour de moi que des personnes dans des situations similaires, ne sachant où aller où que faire de leur existence. Pourtant à les voir ainsi agir, ils semblaient conscient du chemin qu'ils empruntaient tout en étant incapable de me donner la solution. Ressassant ces faits mon esprit s'illumina brusquement. Peut-être que nul ne pouvait y répondre tout simplement parce que je ne posais pas la bonne question ? Je me torturai alors les neurones pour comprendre ce dont il en retournait. Je reportai mon attention sur mon interlocuteur lui qui pouvait sans doute me comprendre et m'aider. L'apercevoir ainsi, dans son plus simple apparat m'amusa.

    -Si pour vous le fait d'avancer est quelque chose de naturel alors laissez-moi vous demander pour quel raison vous battez-vous, dans quel but ? On vous surnomme « Le Tranchoir Fantômes de Kiri » pourtant à vous voir ainsi vous semblez plus frêle qu'un agneau. J'imagine que vous vous cachez derrière ce nom.

    Me redressant, je stabilisai ma posture pour cette fois-ci lui faire face tout en continuant d'agiter gracieusement mes membres afin de ne pas couler. L'eau était vraiment rafraîchissant et la sensation de légèreté qu'elle procurait s'avérait particulièrement agréable. Je me dis que cette rencontre était vraiment étrange et je craignai d'en souffrir d'une quelconque manière. Pourtant, sotte que j'étais, cela ne m'empêchait pas de me rapprocher de lui.

    -Votre regard se tourne continuellement vers les étoiles que cherchez-vous exactement ? Vous me donner l'impression de quelqu'un qui n’a que trop vécu tout en arborant un visage similaire au mien ; las et fatigué de la vie. Puis-je à mon tour savoir ce qu'il en est pour vous? Dis-je avec une certaine ironie dans la voix comme si cette curieuse rencontre nous était prédestinée.



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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptyDim 28 Sep 2014 - 20:29

L’eau glisse lentement des quelques mèches de mes cheveux que j’ai immergées. Les gouttes tombent une à une sur la surface plane et liquide. Chacune d’elle provoque une onde fugitive qui s’étale à perte de vue. Une simple goutte dans une oasis, c’est peut-être la métaphore idéale… Je contemple cet effet naturel et je me questionne. Ne suis-je que cela ? Une victime de la guerre et une victime des lois de notre monde ? Ne suis-je que le pâle reflet de ce qui ne va pas dans notre société militaire actuelle ? Peut-être que c’est vrai : malgré le fait que je me sois fait un nom et ai laissé une trace dans l’histoire du crime mondial, peut-être que je ne suis qu’une statistique sur un diagramme. Un simple point sur une feuille blanche, au milieu de nombreux autres points. Se rendre compte ainsi de son manque d’importance, c’est assez triste. Mais au final, ça n’a pas plus d’importance que cela. Chaque jour de nouvelles réalités me rendent moroses et chaque jour j’en découvre une autre qui me rend heureux. Peut-être que c’est ça la vie, il n’y a pas à s’en faire. Au lieu de me concentrer sur ces banalités, je ferais mieux d’écouter la diablesse qui semble vouloir ouvrir la bouche et laisser un peu mes étoiles et mes jeux aqueux de côté. La pauvre à l’air d’avoir besoin d’aide. Elle est aussi paumée que moi et je ne crois pas qu’elle réfléchisse de la bonne manière pour trouver une solution…

Confuse, espérer, vivre avec cette idée… tels sont les mots qui sortent de la bouche de ma princesse du désert. Des mots reflétant toute la perplexité dans laquelle elle se trouve à l’heure actuelle. Perdue dans un monde sentimental qu’elle ne connaît sans doute pas. Il a du se passer quelque chose récemment qui l’a conduit à remettre en question sa vision du monde. Quelque chose d’assez traumatisant pour que ça l’ait touché au cœur. Il n’y a qu’une créature capable d’infliger de tels dégâts : l’amour. Elle a du tomber amoureuse de la mauvaise personne ou perdre un être qu’elle a vraiment aimé. Parfois le monde nous arrache nos plus précieux biens et ce sont souvent les personnes à qui l’on tient le plus. Les dieux sont cruels sur ce point et nous font bien souffrir. Mais ils sont tout puissants et nous ne sommes que les acteurs d’une pièce qui ne cesse de retirer des personnages de son script. Et qu’importe les évènements et les coups de théâtre, il nous faut continuer la représentation, encore et toujours sans se poser de question.

Oni continu de parler, elle a un ton des plus triste et profond, elle s’en va dans des contrées psychologiques que moi-même, j’ai peur d’affronter. Elle va chercher jusqu'au plus profond de son âme pour en ressortir ses véritables sentiments. Je ne pense pas pouvoir en faire de même. A ses mots je n’ai pas de réponses et je me contente de fixer à nouveau le ciel. Je ne veux pas avoir à me questionner d’avantage, je trouve cela trop difficile. Les étoiles elles sont plus simples, elle apparaissent le soir et meurent au petit matin. Elle ne se pose ni question ni problèmes. Elles demeurent jolies et attirent le regard, que l’on soit fils de tueur ou de boulanger. Elles sont équitables dans leur bienfaits et procure à tous un peu de réconfort. J’aurai aimé naitre une étoile, au moins autant qu’Oni aurait aimé naitre un ouragan.

Sans que je ne m’en rende compte, Oni est arrivée au milieu de l’oasis. Elle a abandonné son extrémité rocheuse pour venir se rapprocher un peu de ma personne. Il y a toujours quelques mètres qui nous séparent mais maintenant, je peux voir son visage dans ses nombreux détails. Chaque tache de rousseur et chaque cheveux m’apparaît plus brillant. Je remarque une marque au niveau de son cuir chevelu. Elle a du se battre récemment parce qu’il en manque une partie. Ce n’est pas très gracieux mais au moins, ça montre qu’elle a du cran et la force de se défendre lorsqu’il le faut. La jeune fille s’exprime alors, encore une fois sous la forme d’une prose poétique et lourde de sens. Je suis attentif à chacun des mots qui sortent de sa bouche légère. Je me laisse bercer par sa voix tandis que les étoiles dans le ciel semblent danser sous la mélodie de ses phrases. Ses mots sont choisis avec détail et sens. Elle a ce petit côté poète que je possédais autrefois. Et petit à petit je commence à comprendre ce qui fait que ses mots me font tant de bien. Je commence à discerner une ressemblance entre la Oni qui me parle et le jeune Yusuke Katano d’il y a trois ans. Tous les deux innocent en premier lieu. Tous les deux victimes du monde dans lequel ils vivent.

Je baisse le regard pour plonger mes yeux dans ceux d’Oni, elle vient de me poser une question directement. Elle veut en savoir plus, mais lui parler reviendrait à m’ouvrir, à faire part de ce que je ressens. Quelque part, cela signifierait aussi souffrir. Aller chercher au plus profond de moi les réponses que depuis quelques temps je m’évertue à cacher. Je n’en ai pas besoin et ne les désire pas. Je ne suis pas du genre à vouloir me faire du mal tout seul. J’ai laissé derrière moi le goût à l’introspection de mes ancêtres dramaturges. Je n’ai rien à faire des longues phrases profondes et lourdes de sens. Mais je suis un homme, et les hommes ne se défilent pas, ils répondent aux questions qu’on leur pose et ne font pas de caprices. Voilà pourquoi je soutiens le regard d’Oni tandis que mes lèvres s’humectent de la salive de ma langue.

« Je suis la preuve vivante que ce monde a des ratés. Le système, les lois et la pseudo-paix que les villages s’évertuent à créer. Je suis l’exemple qui montre que tout ça, ce n’est qu’un ramassis d’illusions. Je n’ai alors rien trouvé de mieux que de me battre. Me battre jusqu’à ce que quelqu’un soit suffisamment fort pour me tuer. »

Mes paroles sont lourdes de sens mais je ne suis moi-même pas si convaincu que ça. Certes il y a une partie de moi qui pense comme ça, mais une autre, plus enfouie ne partage pas le même point de vue sur la question. Plus vicieuse et plus maligne, elle reste dans l’ombre d’un Katano fatigué et sans motivations. Je me détache lentement de la paroi rocheuse sur laquelle je me trouve et fait quelques pas en avant en direction d’Oni. Je m’arrête avant de trop me rapprocher, je veux juste me trouver au milieu de l’oasis, ou du moins assez proche. J’aime me sentir encerclé de toute part par les eaux.

« Je suis épuisé par ce monde qui a fait de moi ce que je suis. Aujourd’hui je n’ai que dix-huit ans et je n’ai déjà plus envie de vivre. Mais je continue, parce que c’est ce qu’il faut faire… »

Mon regard reste enchainé à celui d’Oni, profondément encré dans le sien. Je sens une connexion entre nous deux. Je sens quelque chose de profond qui s’installe. Notre conversation est étrange mais elle demeure réellement intéressante et a quelque chose de plus que toutes les autres conversations que j’ai déjà eues.

« Je crains que tu ne retire rien de moi Oni, je ne suis pas vraiment un grand bavard. Mais toi, tu semble avoir perdu quelqu’un, et puisque nous sommes tous les deux là pour un bon moment… Raconte moi cette histoire en particulier, et je te dirais qui je suis vraiment, je suis d’humeur à écouter. »
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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptyMer 1 Oct 2014 - 14:15

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    J'écoutai alors attentivement Yusuke me faire par des raisons qui le poussait à avancer. Lionnel l'un de mes précepteurs m'avait jadis mise en garde contre ce genre d'individus. Ces fantômes de la guerre écumant les champs de batailles à la chercher de combat sans fin. Eux qui s'évertuaient à massacrer tout ce qui se dressaient sur leur passage étaient davantage à plaindre qu'à redouter. Car leurs cris s'avéraient plus bien proche des larmes que de la haine. Il s'agissait de leur ultime gémissement, cet appel à la mort qu'il convoitait tant. Au final, ils n'étaient pas si différent que des enfants égarés, loin de leur famille, loin de tous ceux qu'ils avaient jadis aimé. En y repensant, je me rendis compte que le monde dans lequel nous vivions étaient ainsi fait et remplit de ce genre de personnes. Alors si tel était le cas, Yusuke n'était d'autre qu'une victime de plus prisonnière de cet engrenage impie, un simple gamin appelant à l'aide pour le tirer des limbes dans lesquelles il venait de plonger tête en avant. Je me demandai alors s'il était convaincu ne serait-ce qu'un instant de ses propres dires. A mon sens tout ceci ne sonnait que comme une apocryphe. Plissant les yeux à son égard, je ne pus m'empêcher d'éprouver une certaine amertume. Malgré son apparente coopération notre discussion n'avançait que dans un sens unique, ce que je n'appréciai guère.

    -Je dévoile à vous une part de mon cœur mélancolique et vous ne trouvez rien de plus à me répondre. Je doute que vous ne soyez non pas fait pour cela, mais plutôt vous cherchiez à fuir mes paroles. Ou pour être plus précise, que vous cherchiez à échapper cette réflexion sur vous-même. J'ai moi-même déjà tentée de renier toutes ces questions, mais elles ne feront que vous rattraper inlassablement jusqu'à ce qu'un jour vous finissiez par ployer sous leur poids. Lui reprochais-je.

    Je parlais en parfaite connaissance de cause. S'il ne cherchait pas rapidement à se remettre en question, il finirait par craquer. Cependant avec la vie qu'il menait ainsi que tous les dangers inhérent à la situation de Nukenin, il ne survivrait guère longtemps dans un tel état. Je me surpris alors à m'inquiéter pour lui, pour ce parfait inconnu que j'avais pourtant l'impression de tant connaître. Cela ne me ressemblait guère de m'attacher à quelqu'un de la sorte. Aussi, lorsqu'il rejoignit le centre de l'oasis sans doute pour se rapprocher de moi, je fus prise d'émoi. La peur ainsi fut-elle me poussa en reculer en arrière. Prenant un peu plus de distance par quelque mouvement de bras pour me laisser glisser sur l'eau. De la sorte je pus m'éloigner de lui pour retourner non loin de ma position initial. Néanmoins mes pieds ne touchaient toujours pas le fond. Mon attitude du le surprendre malgré qu'elle fut parfaitement justifiée. Il s'exprima ensuite à moi en me faisant une sorte de chantage. Je devais lui raconter mon histoire en échange de quoi il en ferait de-même.

    En l'entendant, je sentis une nœud se former dans ma gorge. Moi, parler de Blake ? Comment le pouvais-je ? Dire ce que j'avais sur le cœur était une chose, raconter ce qui s'était réellement passé en était une autre. J'entendis pour la énième comme dans mes sempiternels cauchemars le craquement de sa nuque broyée accompagnée de la vision d'horreur de son sang jaillissant à flot sur le sable. Mon cœur manqua une série de battement avant de se remettre en alerte comme pour rattraper ces impulsions perdues. Le simple fait de ressasser cette scène dans mes souvenirs suffisaient à me mettre dans tous mes états... Mon regard oscillait dans toutes les directions, ne sachant à quel point se rattacher.

    -Je... Je... Balbutiais-je avec difficulté. Je suis navrée... Je ne peux pas...

    Ce faisant, je pris une série de grandes inspirations pour parvenir à me calmer. Après quelques secondes qui me parurent durer une éternité, la crise finit par passer. J'avais l'impression que cette blessure ne finirais jamais par guérir. Par ailleurs, je ne comprenais pas pourquoi la mort de Blake m'avait autant affectée. Était-ce pour une raison inconnue ? Ou étais-je vraiment attachée à lui ? Cette question, je me l'étais posée à maintes reprises sans vraiment parvenir à trancher. Mes sentiments n'étaient en rien comparable à ce que j'éprouvais pour Yami. Cela était totalement différent, et en même temps si similaire. Peut-être était-ce un peu de cela, sans l'être entièrement... Lorsque mon regard hasardeux se posa sur Yusuke, je m'empressai de le baisser, prise de honte.

    -Veuillez m'excuser... Disons que... Si je pouvais simplifier les choses. Je dirais qu'il incarnait cette liberté que je désirai tant acquérir et que... sa mort ma fait perdre tout espoir.

    Je n'en revenais pas... Je venais de le dire. Je le réalisai. Enfin. Blake... Il me manquait tant.... J'aurais tant souhaité partir avec lui. Tout abandonner, tout laissée derrière moi afin d'explorer le monde à ses côtés. Mais il avait emporté mes rêves dans sa tombe. Aujourd'hui, je n'avais plus le courage d'essayer. Étonnamment, réaliser cela me fit me sentir infiniment plus légère. En fin de comte peut-être avais-je simplement besoin de parler. Ainsi m'allongeais-je sur le dos dans l'eau, fermant les paupières. En cet instant je n'avais que faire qu'il puisse voir nue. J'approchai de la fin. Je me laissai allée, dans un total oubli de moi-même. Au milieu de la nuit silencieuse et de la plénitude. J'avais finalement trouvé la liberté. Perdre tout espoir, c'était cela la liberté... J'eus un petite rire ironique et cristallin alors que mes yeux restaient rivés vers les étoiles.

    -Il faut parfois se laisser aller et toucher le fond afin de pouvoir remonter à la surface. Dis-je avec philosophie autant pour lui que pour moi.

    Alors mon corps commença à s'enfoncer dans les eaux tièdes et sombres de l'oasis. Je pouvais encore apercevoir le disque éclatant de l'astre nocturne aux travers des oscillations de l'eau à la surface. Mes membres devinrent des poids mort qu'il m'était impossible de bouger. Je n'en avais plus la force, je voulais me reposer. Ici, tout était si calme, si paisible. Loin du monde et de tout, je me laissai allée à l'abandon de moi-même. Petit à petit, dans un supplice aussi lent que délectable, l'eau s'engouffrait dans mes poumons. Les ténèbres m'enveloppèrent comme dans un doux linceul. Ma vision s’étiolait un peu plus à chaque seconde comme à l'instar de la lumière de mon âme...


Dernière édition par Saibogu Oniri le Mer 1 Oct 2014 - 20:30, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptyMer 1 Oct 2014 - 20:27

Je regarde Oni qui me regarde elle-même. Nos regards s’entremêlent et se combine pour au final créer une sorte de ligne directrice reliant mes yeux aux siens, mon âme à la sienne et mon esprit au sien. Une mélancolie pesante s’installe. Elle résulte de la fusion de ma tristesse et de ses regrets. J’éprouve pendant un instant la sensation que nous nous comprenons à un niveau que je ne saurais décrire. Nous demeurons silencieux quelques secondes. Nous ne voulons pas briser le silence. Nous ne ressentons presque rien. Je dis nous parce que j’ai vraiment l’impression que nous sommes entrés dans une sorte de symbiose, elle et moi. Je me demande si c’est vraiment le cas. Soudain Oni ouvre la bouche. Des sons sortent de celle-ci. Ils sont d’abord inaudibles, se perdent dans mon inconscient. Mais ils reviennent, me frappent de plein fouet comme une imposante masse. « La liberté que je désirai tant acquérir ». Voilà les mots qui sortent de la bouche de la jeune fille en face de moi.

Ces paroles me font réfléchir. Réfléchir longuement même s’il ne s’écoule que quelques secondes. Une longue et profonde réflexion sur les principes de la liberté. Dans mon cas, la liberté ne s’acquiert pas, elle s’arrache. Je l’ai arraché des doigts serrés de Kiri, je l’ai reprise à Konoha. Quand on me demande pourquoi je suis un renégat, je brandis bien haut le drapeau de la liberté comme seule réponse. Je demeure au fond un fervent combattant de cette cause qui me veut sans chaines et sans attaches. Car en me libérant de l’oppression des villages, je me suis aussi malheureusement libéré de l’amour de mes proches. Yuki… Demon… Shord qui est mort. Je ne suis plus aimé ni apprécié mais au fond, ça n’a pas particulièrement d’importance. Je suis libre… c’est ce que je voulais.

Soudain je remarque quelque chose d’improbable. Le corps d’Oni est allongé sur l’eau et petit à petit, il s’enfonce dans l’onde fugitive. Plongé dans ma réflexion, je n’avais pas remarqué qu’elle avait changé de place. Sur le moment, j’ai envi de dire quelque chose. Mais je demeure immobile. Je ne dis rien ni n’exécute le moindre mouvement. J’attends de voir… J’attends de voir si elle va vraiment se laisser enrober par l’eau. Si elle va laisser son corps s’enfuir de la sorte. Le suicide n’est pas la solution pourtant, je pensais qu’elle l’aurait compris. Mais peu importe mes conjectures, le corps s’enfonce dans les profondeurs et je peux le voir disparaître dans les profondeurs de l’osais. Je comprends qu’il n’y a plus qu’une chose à faire.

Lentement, je rejoins le bord et pose mon dos sur la roche froide. Je concentre alors mon chakra dans l’eau ambiante et commence à la faire s’élever dans les airs. Très vite, il n’y a plus d’eau dans l’oasis, celle-ci flotte dans les airs sous la forme d’une épaisse boule aqueuse en suspension dans l’air. Une technique de ce grade ne me demande que peu de concentration et d’instinct, mon regard se pose sur le corps dénudé d’Oni qui est allongé sur la vase au milieu de l’oasis. Je prélève un peu d’eau de la boule en suspension et lui asperge le visage pour la réveiller. La pauvre est nue et soumise au regard de la lune. Moi-même je le suis et debout qui plus est, mais je ne fais guère attention à ce genre de détails.

« Le suicide n’est pas une solution. Et s’il te faut t’abandonner, abandonne toi plutôt à une manière de pensée, à un sentiment. »

Je marque un temps d’arrêt, m’assure qu’elle est bien réveillée. Je murmure quelque chose d’une voix inaudible. Une série de sons sans réel sens. Je prend une intense respiration et regarde les étoiles en l’air. Plus précisément, je fixe l’astre lunaire qui au milieu de toutes ces étoiles semble trôner sur le ciel comme un tyran.

« Tu parles de liberté. Sache qu’il est toujours possible d’être libre. Personne, jamais ne pourra t’empêcher de combattre pour ta liberté. La question demeure cependant complète : de quoi veux-tu te libérer ? »

Je laisse ma question s’introduire vicieusement dans son esprit. Je sais qu’elle sera touchée et que j’obtiendrais surement une réponse évasive mais j’ai aussi l’impression que notre conversation prend un tournant inattendu. Nous sommes toujours nus comme des vers dans une oasis asséchée.
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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptyDim 5 Oct 2014 - 0:17

    Alors que l'intégrité certaine de la mort me tendait les bras, je fus brutalement tirée des ténèbres pour être ramenée à la lumière de ce bas monde. Recrachant l'eau que j'avais ingurgité dans une série de toussotement, la première chose que je vis en retournant à la réalité fut l'astre nocturne qui semblait en cette nuit silencieuse et glacial briller de mille éclats. Telle la divine providence, elle exultait des rayons argentés, fendant le ciel étoilé de sa magnificence. Durant un long instant je demeurais inerte sur l'asphalte boueuse de l'oasis, l'esprit confus par les prémices de la mort. Une immense bulle d'eau flottait au-dessus de moi et je compris ce qu'il en retournait. Je pensais qu'il était bien idiot d'avoir procédé ainsi quand n'importe qui aurait simplement eu à tendre les bras pour me tirer hors des profondeurs. J'ignorai à qu'elle jeu il se plaisait à jouer, mais cela semblait étrangement malsain.

    Relevant les yeux pour le chercher du regard, je finis par le retrouver accoudé contre le roche sur lequel reposait mes affaires. La vue plongeante que j'avais sur son sexe avait quelque chose de perturbant. Sans doute aurais-je préférée qu'il ne s'agisse pas de l'une des premières choses que je puisse voir après mon retour à la vie. Quoi qu'il en fut cela ne l'empêchait guère de demeurer toujours aussi imperturbable ce qui était tout à son honneur. Son visage me paraissait si sincère... Peu d'hommes auraient fait preuve d'une telle impassibilité devant mon corps nu à portée de main. Je demeurai toujours allongée, immobile, perdue dans ma posture, bras et jambes pliés sur les côtés. De sa voix sage et assurée je l'entendis me réprimander pour mon acte. Je ne pus m'empêcher d'émettre un petit rire cristallin un rien moqueur, constatant de son ignorance.

    -Ne m'avez-vous donc pas écoutez  ? Il est parfois nécessaire de se laisser toucher le fond pour mieux prendre appuie et ainsi remonter à la surface. En outre, on ne doit pas hésiter à compter sur l'aide des autres si l'on se sent incapable d'y parvenir seule.

    Je parlais comme si je m'adressai à un enfant en bas âge, avec calme et douceur, désireuse de lui conférer une leçon sur la vie. Mais était-il seulement capable d'apprendre ? Depuis le début de notre conversation, il semblait hermétique à mes mots, cherchant davantage en apprendre sur ma personne que sur lui-même. Peut-être qu'à force de trop de vécu ne restait-il plus en lui assez de place pour le renouveau. Voilà qui serait bien triste de sa part. Il me posa alors cette question pleine de sens. A savoir à quel genre de liberté j'aspirai. Je mis un instant pour lui répondre. Ressassant mes rêves déchus dans ma mémoire, désireuse de sélectionner soigneusement mes mots afin de faire clairement part de mes états d'âmes. Je n'aspirai nullement à m’apitoyer sur mon sort ni à faire éprouver la moindre pitié. J'avais simplement besoin de parler afin de me comprendre moi-même pour ne plus oublier qui j'étais.Pourtant aucune phrase, si bien fut-elle construite, ne parvenait à s'enchaîner dans mon esprit. Ainsi décidais-je de parler avec mon cœur, sans crainte, ni retenue.

    -Je désire un monde sans limite ni frontière. Où l'incommensurable devient petit. Où l'éternité ne dure qu'un instant. Où les conséquences s’effacent face à la providence des actes. Un monde à arpenter, à explorer sous mille aspects. Un monde fait de choix façonnable selon mes rêves et fantasmes...

    Je marquai une pause. Retenant ma respiration. Les visages de plusieurs personnes me traversèrent l'esprit. Dont celui de ma chère et tendre princesse. Ma Yami. Mon trésor, mon amour... Mais aussi Shinji, Zanshi, Akasha, Miria, Oriochi voir même ce misérable petit insecte qu'est Notsuu. Ils me paraissaient tous si lointains en cette nuit mémorable... Reprenant le fil de ma respiration, j'apportai une conclusion à mon monologue.

    -Un monde à vivre aux côtés de ceux que j'aime...

    Voilà qui était fait. Je venais de lire. Ces mots s'étaient finalement enfui du bord de mes lèvres. J'en ressenti un infini soulagement. J'aurais voulus pouvoir rester dans cette posture éternellement, figée à jamais sous cette lune éclatante. Mais cela n'était plus nécessaire. Quoi qu'il advienne, jamais je n'oublierai cet instant où j'étais morte durant un court laps de temps pour revenir à la vie, ressuscitée. J'avais espéré que Yusuke agisse en faisant preuve d'un peu plus d'humanité, mais que pouvais-je réellement espérer de la part d'un homme tel que lui ? Je n'en avais, à proprement dire, strictement aucune idée. Il me semblait si mystérieux, si seul, si perdu avec lui-même. Je voulais l'aider comme il m'avait indirectement aidé. J'en vins simplement à espérer que tout n'était pas perdu pour lui, qu'il ne fut pas déjà trop tard... Prenant appuie sur mes coudes je me relevais péniblement dans la vase. A présent que nous n'étions plus dans l'eau, il avait tout à loisir de constater que je n'étais pas si belle que cela. Notamment de pars les diverses cicatrices qui parcouraient mon corps ; comme celle qui se trouvai en dessous de mon ventre. Large et immonde elle formait un ample croissant autour de mon nombril. Sur le côté de mon avant-bras gauche se trouvait également une longue marque de cautérisation. Le restant de mon entièreté se voyait couvert d'une multitude d'anciennes plaies ayant chacune leur histoire à raconter, bien que la plupart racontaient tous la même. Celle d'un père battant son enfant...

    Je me retrouvai désormais devant Yusuke à seulement trois mètres de lui. Rejetant mes cheveux trempés en arrière j’emboîtai le pas dans sa direction. D'une démarche déterminée. Nos regard ne se quittait pas un instant et brûlait chacun avec la même intensité. Parvenue jusqu'à lui je posai une main sur sa joue pour mieux caresser son visage. J'eus un sourire hautain souligné par les ombres que jetais nos deux silhouettes sous la bienveillance lunaire. J'en profitai pour dévorer du regard chaque reflet dans ces pupilles azurées.

    -A présent c'est à vous de me dire qui vous êtes réellement ! Dis-je en lui tournant subitement le dos pour me diriger vers mes affaires.

    En effet, je n'avais pas oubliée mon du. En échange de mes maux, il se devait de me transmettre les siens à son tour. Valait-il mieux pour lui qui tenir parole. Sans lui adresser outre forme d'attentions, je grimpai agilement sur mon rocher afin de faire main basse sur mes vêtements. Ainsi revêtis-je ma tenue du désert sans faire preuve de la moindre pudeur devant lui. Après tout, nous n'étions plus à cela près. J'en profitai pour essorer mon poncho que j'enfilais aussitôt. Désormais habillée et protéger du froid hivernal du désert je décidai de reporter mon attention sur mon petit prince de la nuit.

    -Vous devriez faire de même mon cher, sans quoi le désert finira par avoir raison de nous. Il n'est guère prudent de traîner davantage par cette saison une fois la nuit tombée. Veuillez me suivre s'il vous en est gré. Je connais une auberge non loin de là où nous pourrons nous réfugier. Dis-je énigmatique s'il en était.

    J'avais prévue dès mon arrivé à l'oasis de m'y rendre après mon petit bain nocturne. Mais je n'aurais jamais pensée être accompagnée durant le trajet. Ce faisant, je rabattis mon capuchon sur ma tête, et relevai mon écharpe afin de me protéger les voies respiratoires du sable qui s'élevait en vague à chaque fois que le vent venait secouer le désert. Les deux pans de cette dernière flottaient dans l'air dans mon dos. Ainsi pris-je la route accompagnée de cet homme « Le Tranchoir Fantôme de Kiri » qui à mes yeux ne serait plus jamais autre que Yusuke Kanato...


Dernière édition par Saibogu Oniri le Mer 8 Oct 2014 - 22:00, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptyDim 5 Oct 2014 - 12:35

Perdu… c’est ce que nous sommes, Oni et moi. Perdu dans un monde que l’on ne comprend que trop bien et dont on aimerait oublier toutes les facettes. Nous avons souffert, comme des marionnettes que l’on maltraite avec aisance et cruauté. Nous avons été les marionnettes du destin, bougeant et actant selon le gré de notre seule destiné. Jamais capable de faire face concrètement, de se battre pour soi. Nous avons toujours été un peu dépassé par les évènements. Je le vois dans ses yeux. Ses grands yeux qui percent mon âme et qui lisent dans mon cœur. La jeune fille s’est relevé et se tient en face de moi. Depuis tout à l’heure elle essaye de me faire la leçon, comme si je ne savais pas, comme si j’étais toujours l’ignorant petit enfant qui jadis arpentait les rues de Kiri no kuni. Mais l’enfant est mort et l’ignorance avec lui. Je crois au contraire faire partie de cette petite élite qui est capable de voir le monde dans toute son horreur et sa laideur. Bien qu’il soit beau par endroit, le noir immortel qui le compose à trop tendance à se déverser dans le pot de couleur qui donne finalement à ce dernier ses désagréables nuances de gris.

Oni pose sa main sur ma joue et me rappelle doucement de sa voix mielleuse que c’est à mon tour de respecter mon engagement. Je lui ai promis de me dévoiler si jamais elle le faisait. Et bien qu’elle soit resté assez évasive dans ses réponses, je demeure gentilhomme et respectueux de ma parole. Je commence donc à réfléchir à ce que je pourrais bien dire tandis qu’elle retourne à l’autre extrémité de l’oasis. Curieusement, mes pensées sont embrumées par un sentiment perplexe que cette caresse sur la joue à engendrer dans mon esprit. Mes yeux se plissent et je cherche à me concentrer, sans résultat. Oni remonte au dessus de l’oasis et elle se saisit de ses premiers vêtements. Je peux alors contempler la jeune créature à la peau laiteuse et couverte de cicatrice, aussi bien sur le ventre que sur le dos, se rhabiller sous la lumière chaleureuse de l’astre lunaire. Elle se retourne presque aussitôt pour me faire comprendre que je ferais mieux de m’habiller aussi, que le désert est un endroit dangereux et que nous serions mieux dans une auberge qu’elle connaît assez bien.

Je ne me fais pas prier, la jeune fille connaît certainement bien mieux que moi le désert de son pays natal. Je ne suis qu’un novice dans ce qui est de sa compréhension et de l’appréhension de ses dangers. Je sors donc de l’oasis et dès que mon orteil touche le sol, l’eau encore jusque là suspendu dans les airs s’écrase sur le sol dans un puissant bruit de choc aqueux. L’oasis à l’air inchangée et inviolée. C’est l’une des grandes particularités de l’eau, elle ne change pas, qu’importe la manière dont vous l’avez traité. Rien à voir avec les êtres humains. Toujours est-il que j’enfile bien rapidement mes sous-vêtements, mon jeans et mon T-shirt. Enfin, je me saisis de ma tunique noire et l’enfile rapidement. Je place la capuche sur ma tête et me revoilà devenu le fantôme lugubre qui erre dans le désert. Rapidement et d’un pas félin je rejoins Oni qui s’est déjà mise en route. Je m’approche d’elle jusqu’à me retrouver à sa hauteur et adopte sa cadence de marche.

« Tu voulais savoir qui je suis… après tout je ne vois pas vraiment de raison de ne pas te le dire. Il est peu probable que tu y trouves une histoire cohérente de toute manière. »

Je prends une profonde inspiration. Lentement mon esprit retombe dans mes vieux souvenirs et je commence à me souvenir. Pas me souvenir de mes actions, mais me souvenir de qui je suis. De qui j’étais et de qui je suis devenu. Je n’ai pas toujours été la même personne et bien souvent j’ai laissé le monstre au fond de moi prendre l’ascendant sur ma volonté. Ce n’est pas vraiment une faute, vu que ce dernier fait partie intégrante de Yusuke Katano, le tranchoir fantôme de Kiri. Mais parfois je me demande : si les choses s’étaient passées autrement, se serait-il seulement réveiller, ce passager noir ? Je ferme les yeux et les rouvres au bout de quelques secondes.

« Les villages me prennent pour un criminel dangereux. Ils ont encré dans l’esprit de tous que je suis un homme qui en veut à leur vie. A la vérité, je n’en veux qu’à la vie du système. Sacrifier les ninjas comme des pions pour une guerre, faire la paix ensuite jusqu’à la prochaine occasion de mettre un couteau dans le dos de son allié. C’est ça le monde politique d’aujourd’hui. Je n’étais pas d’accord, je ne suis pas un pantin. Alors, par goût de la liberté et de la révolte je me suis soustrait à mes chaines. J’ai déserté le village de Kiri. L’élément déclencheur : la mort. Et la mort a encore suivi. J’ai d’ailleurs perdu beaucoup de monde. Mes amours et mes amis m’ont abandonnés et aujourd’hui me traquent comme un animal. Quelque chose de nouveau s’est alors réveillé en moi. Quelque chose de puissant et de titanesque. Tel que tu me vois maintenant, je ne suis que la surface d’un monstre demandant à satisfaire son courroux. Je ne suis plus le jeune homme stable d’autrefois. Les villages veulent m’exterminer pour ma rébellion après m’avoir transformé en monstre. C’est moi qui vais les exterminer… Heureusement ils ne sont pas tous comme ça et ton village ne m’a rien fait, rassure toi. »

Je finis mon monologue en regardant l’horizon. Une petite bâtisse apparaît au loin. Je crois deviner ses formes en bois. Je pense en avoir trop dis. J’en ai trop fait. Je jette un regard furtif à Oni.

« J’ai beaucoup parlé aujourd’hui et me suis montré plus explicite que toi. Donne moi le nom de celui qui perturbe ton esprit. »
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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptyMar 7 Oct 2014 - 13:44

    Semblable à deux âmes en peines, deux spectres dissolus dans la noirceur de la nuit, nous avancions, placide et inébranlable face à la hardiesse des vents hivernaux du désert. Nul sonorité ne parvenait à nos oreilles si ce n'était ses murmures stridents et acerbes qu'il soufflait en faisant de tant à autre claquer les pans de nos vêtements. Nos corps quand bien furent-ils entraînés, ne pouvaient résister à une nuit entière dans le désert. Et si par miracle cela s'avérait être le cas, le contre coup de la chaleur cuisante de l'aube suffirait à nous achever. Cette petite auberge que nous nous apprêtions à rejoindre, doux foyer pour les voyageurs fatigués aux os usés par le temps, ne trouvais plus qu 'à d'une poignée de kilomètre vers l'est. De la sorte, nous nous éloignions un peu plus du village caché du sable, ce qui contribuait à mettre mon beau prince en une relative sécurité. Si comme il le présentait, ne souhaitai nullement faire du tord à ma nation, alors lui comme moi n'avions rien à craindre. J'avais pus desceller son identité de par les nombreux cours que m'avaient administrés mes précepteurs sur les grands noms de ce monde. Et bien évidemment, cela restait parfaitement entre eux. Les pauvres vagabonds et autre villageois ne connaissaient nullement tout ceci. De la sorte nous pourrions espérer passer la nuit sans encombre.

    Tandis que nous avancions j'écoutai avec attention l'histoire du « Tranchoir Fantôme de Kiri ». J'avouai avoir bêtement espérée quelque chose de plus épique, de plus sentimentale, de plus... mémorable. Finalement il ne s'agissait que de l'histoire d'un homme parmi tant d'autres. L'histoire d'une vie, l'histoire de notre monde. Nous en étions tous les deux les victimes sauf que, face à cette fatalité implacable, nous avions décidés d'emprunter des chemins différents. D'une certaine façon, cela me toucha énormément qu'un homme comme lui daigne me faire part d'une partie du fardeau qui pesait sur son cœur. Il était étonnant de constater à quel point les récits proliférant dans l'imaginaire des meurs pouvaient s'éloigner de la réalité. En effet, n'avais-je néanmoins pas eu le malheur de le rencontrer sous son plus mauvais aspect, auquel cas les choses auraient put être différente. Quoi qu'il en fut, j'avais cette homme charmant, plein de sens à mes côtés et je comptais en profiter.

    -Voici une histoire fort émouvante. Je me sens partagée entre l'envie de vous réprimander ou de vous admirer. Vous qui avez sut payer le prix exorbitant de la liberté, l’arrachant de force des bras avides de ce monde afin de lui céder tout ce que vous aviez. Désormais, vous êtes libre et n'avez plus rien si ce n'est une tentative désespérer pour trouver une raison de mourir ainsi que ce nom. « Le Tranchoir Fantômes de Kiri ». Dès lors je comprends mieux et suis à même de juger qu'il vous sciait parfaitement.

    Passé son récit, il me reprocha de ne pas avoir fait preuve d'autant de distinction dans mes propos contrairement à lui. Sa remarque m'amusa beaucoup si bien qu'elle fit naître un sourire malsain sur mes lèvres dissimulées par mon capuchon. Voilà qui devenait navrant. J'allais indubitablement finir par penser que les hommes étaient tous les même. A savoir, incapable de lire les messages subtiles que nous les femmes leurs adressions. D'une voix calme, un rien hautaine, je m'appliquait à lui répondre.

    -Ho ! Sachez-mon cher que je n'ai pas été implicite, bien au contraire. Je me suis seulement contentée d'en venir à l'essentiel, préférant omettre les détails superflu et ce que vous me demandez-là en fait également parti.

    Il ne nous fut guère nécessaire d'en débattre davantage car nous étions parvenu à destinations. Dans ce petit village de passage qu'était Runi, se trouvait l'auberge du « Dernier Désert » où nous nous apprêtions à passer la nuit. Traversant les battisses faites d'argiles. On pouvait voir que toutes ces dernières prenaient une forme de demi-sphère. Il s'agissait en quelque sorte de nos igloos du désert. L'auberge quant-à elle possédait une architecture singulièrement différente. Par des soucis de conforts et de commodités du bois avait été ajouté à son infrastructure. De forme rectangulaire elle comportait une série d’alcôve de même forme sur son toit et ses façades. Il ne s'agissait ni plus ni moins que des chambres à louer.

    Je fus la première à entrer en passant par la porte principal. Le gérant, installé dernière un bar, ne me reconnu point pas plus que celui qui m'accompagnai. Toujours vêtu de mon capuchon. Je retirai mon écharpe afin de mieux me faire entendre. Plongeant une main dans l'une de mes poche, j'en ressortis une poignée de piécettse qui roulèrent sur le bar dans une série de tintements. L'homme me regarda avec des yeux interloqués tout en s'occupant de nettoyer un verre à l'aide d'un torchon usé.

    -Nous prendrons deux chambres pour la nuit ainsi qu'un repas chaud à servir dès maintenant. Vous pouvez garder la monnaie. Concluais-je avec complicité.

    Oui, je n'étais absolument pas sotte, ni née de la dernière pluie. J'avais parfaitement remarqué la façon dont Yusuke me regardait. Je savais ce, qu'inconsciemment, lui-même désirait. Il m'aurait été tout à fait possible de ne louer qu'une seule chambre pour que nous puissions passer le restant de la nuit à nous étreindre sans lui laisser le moindre choix ou la moindre initiative. Je me rendais compte que cela faisait plus de six mois que je n'avais pas vu d'homme et cela commençait sérieusement à me manquer. Cependant l'idée d'une histoire facile et sans lendemain ne m'enchantait guère. Ce fut pour cette raison que j'avais volontairement réservé deux chambres afin de voir s'il aurait le courage de me rejoindre en pleine nuit ou non. Quoi qu'il en fut je savais qu'après tous ces événements il me serait impossible de trouver le sommeil.

    Après avoir payé nous nous installâmes à l'une des tables afin d'attendre notre repas. Assis face à face nous rabattîmes nos capuchons sur nos épaules. J'eus ainsi tout à loisir de contempler son regard d'azur si troublant à la lueur des bougies qui éclairaient la salle. Le gérant vint alors dans les minutes qui suivirent nous apporter le repas. Il s'agissait d'un bouillon épicé au cactus, remplit de nouilles et de viandes bovines séchées, un plat parfaitement typique du pays du vent. Je n'étais pas particulièrement friande de ce genre de met, mais ils avaient néanmoins le mérite de conférer tous les apports nutritionnels nécessaire pour affronter le désert par les temps qui courraient.

    -Je vous souhaite un bon appétit. Dis-je tout en sortant les baguettes de leur emballage.

    Je m'amusai alors à faire tourner les nouilles dans leur bouillon en contemplant le tout d'un air rêveuse.

    -Dites-moi très cher. Comptez-vous rester encore longtemps en ces contrées glacials ? Non pas que je veuille en savoir davantage sur vos projets. Il s'agit simplement d'une question. Peut-être pourrions-nous nous revoir ?

    En effet, cette rencontre aussi soudaine qu'inattendu se révélait, à mon sens, particulièrement fascinante. Même si je ne croyais guère en une réponse positif, j'espérai malgré tout avoir la chance de le recroiser un jour. Cet homme représentait la liberté que j'avais toujours désirée obtenir, mais aussi les conséquences dramatiques qu'elle entraînait. Parmi elles, et pas des moindres, se trouvait la solitude. Ce terrible fléau qui semblait lentement lui ronger le cœur. Parce qu'il était libre, il ne possédait plus rien. Son corps, son esprit ne demandaient qu'à s'envoler, mais ses jambes demeuraient fermement ancrées sur le sol. Il les a alors coupé afin de rejoindre les cieux. Malheureusement il se rend à présent compte qu'il a abandonné tout ceux qui se trouvaient en bas et qu'il ne lui est désormais impossible de les retrouver...
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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptySam 11 Oct 2014 - 9:53

Nous continuons de marcher. L’auberge ne doit plus être très loin. J’ai fini de parler, je n’ai plus envie de faire part de mon fardeau et de ce que je dois endurer pour continuer d’exister. Je ne suis pas vraiment du genre à me confier de manière général alors il ne faut pas trop m’en demander. Je ne suis pas non plus le genre qui est particulièrement fermé mais disons que je suis un « entre les deux ». Nous marchons et je me contente d’écouter. Dans une conversation, l’écoute est tout aussi importante que la parole. Ainsi j’apprends qu’Oni n’est pas vraiment surprise mais qu’elle comprend mieux maintenant le pourquoi de mon surnom. Je dois dire que moi-même, je me perds parfois à essayer de comprendre son sens profond. Mais à ma question sur son implicite réponse, elle ne trouve à me dire que ce que les femmes s’acharnent à répondre à tous les hommes qui leur demandent des informations précises. Une énigme de plus dans une conversation qui tantôt va dans un sens, tantôt dans l’autre. Pas vraiment surprenant pour deux inconnus mais tout de même singulier. Je n’ai jamais été habitué à ce genre de manière de procéder et même si je semble maladroit, je ne crois pas qu’Oni m’en tienne rigueur.

Nous arrivons à destination. Nous traversons alors un village du désert que je ne connais pas. J’ai beau avoir passé pas mal de temps entre ses dunes, je ne peux pas me glorifier d’avoir acquis tous les secrets de ces montagnes de sables. Nous avançons donc dans les rues sablonnées du dit village et je remarque que les infrastructures et les différents lotissements rappellent fortement les peuples nomades d’autrefois. Des bâtissent fragiles mais aisément renouvelables. J’aurai aimé vivre dans un village comme celui-ci. La vie aurait été plus simple alors, elle ne se serait pas faite si compliquée et si dangereuse pour moi. Je n’aurai peut-être pas tourné de la manière que j’ai tournée.

Nous arrivons devant la dite auberge. Sur un panneau je peux lire le nom de celle-ci, un nom particulièrement bien trouvé : « Dernier Désert ». Nous pénétrons dans l’établissement et la jeune Oni prend les devants. Elle se rapproche du bar sur lequel est accoudé un homme qui semble être le gérant et balance quelques pièces sur celui-ci. L’homme a bien sûr une attitude de doute mais en regardant de plus près la monnaie laissée et les dires de ma compagne, il se ravise d’émettre la moindre remarque. Il ramasse les pièces et Oni se tourne vers moi avec une lueur étrange dans le regard. Je n’avais pas fait attention mais la jeune fille a demandé deux chambres séparées. Bien sûr, je ne m’attendais pas à ce qu’elle n’en demande qu’une seule, mais à la manière dont elle me regarde avec malice, il faut croire que j’aurai dû espérer le contraire. Je ne lui rends son regard que par un levé de sourcil interloqué à travers mon capuchon.

Elle mène ensuite de nouveau la marche et va s’asseoir sur l’une des tables disposées dans la salle. Je la suis et me place en face d’elle. Nous nous posons quelques secondes sans rien dire puis nous rabattons nos capuchons. Les cheveux d’Oni ainsi libérés, sous la lumière des bougies environnantes, elle paraît plus blonde qu’autre chose. Mais la jeune fille aux cheveux blancs me regarde avec des yeux de biche et semble examiner chaque parcelle de mes pupilles. Je ne suis pas vraiment habitué à une telle attention, la plupart des gens qui me regarde dans les yeux y cherchent de la pitié, juste avant que j’arrache des leurs la petite étincelle de vie qui rend notre regard si vivant. Je baisse le regard et nos plats arrivent.

Ce dernier à l’air particulièrement adapté aux conditions de vie du désert. En l’observant plus longuement, je comprends qu’il doit s’agir de l’une des spécialités locales. Rien de mieux qu’un repas parfaitement étudié pour pouvoir survivre dans un univers si hostile que le désert. Mais alors que je sors mes baguettes de leur emballage, la jeune Oni me lance un bon appétit auquel je ne peux répondre que par un signe de tête. Les politesses ne sont plus vraiment parties intégrale de mon vocabulaire. Je commence à manger et voilà qu’Oni relance la conversation. Elle exprime curieusement le désir de me revoir. Je demeure perplexe. Je ne sais pas quoi lui répondre. J’ai apprécié cette rencontre inattendu bien que d’aucune manière, je ne l’ai voulu. J’aime l’idée de connaître de nouvelles personnes. Mais d’un autre côté, je suis un homme dangereux, je suis quelqu’un de rechercher et de particulièrement mal placer pour donner des conseils sur les relations amicale. Je lève les yeux vers elle et les plonges dans les siens. Là, quelque chose se produit, un contact de plus, un lien s’installe. Peut-être est-ce l’endroit dans lequel nous nous trouvons qui me donne cette impression mais toujours est-il que je le ressens bien. Je prends une légère inspiration, à peine perceptible.

« Je resterais aussi longtemps que la situation l’exigera. Mais je t’avoue que la situation me pèse un peu. Je m’étais trouvé un soldat près à combattre à mes côtés le combat de la liberté et ce dernier s’est fait capturé. Je suis tiraillé par l’envie de continuer mes projets et de faire quelque chose dans son intérêt… »

Je pends une seconde longue inspiration et alors que je me serre un verre d’eau, je continue de regarder Oni dans les yeux.

« Que ferais-tu à ma place toi ? Dans ta situation, en comparaison à la mienne ? »

Je lui demande son avis. Je ne sais pas pourquoi je le fais. Mais il est clair que quelque part, sa manière de penser m’intéresse. Je ne peux pas dire que je suis indifférent à sa capacité intellectuelle et, disons le franchement, j’aime bien l’entendre parler…
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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptyDim 12 Oct 2014 - 16:20

Le rêve que nous nous étions promis d'oublier...

    Mon petit prince répondit à ma question avec une certaine appréhension dans la voix. Le pauvre semblait déraisonnablement perdu. J'aimerais tant faire quelque chose pour lui, l'aider à être heureux,à trouver une solution afin qu'il soit en paix avec lui-même. Mais cela m'était impossible. Ses principes, ses idéaux semblaient fermement ancrés en lui. J'estimai n'être qu'un vecteur d'un potentiel renouveau. S'il en était ainsi, alors je m'y appliquerai en tant que tel pour l'aider à trouver des réponses. Lui qui l'ignorait m'avait indirectement tant apporté et je souhaitai lui rendre la pareil. J'avais définitivement un penchant prononcé pour les mauvais garçons, sauf qu'en l’occurrence, à cet instant, je me tenais en compagnie d'un très mauvais garçons...

    Ce constat me fit sourire et j'attrapai plusieurs nouilles pour les porter délicatement à ma bouche. La saveur épicée du bouillon m'agressa la gorge si bien que je dérobais promptement le verre d'eau de mon hôte pour en boire quelques gorgées. J'expirai par les narines, m'efforçant alors d'afficher un sourire candide tandis qu'il me toisait une fois de plus de son regard intense. J'avais l'impression qu'à chaque fois que nos yeux se croisaient, cela fut-il qu'un instant, nous nous rapprochions un peu plus de l'autre. Il m'était difficile d'aviser les tenants et les aboutissant de cette rencontre. Visiblement tout semblait tourner autour de lui ainsi que de ses décisions. Pourtant, cela ne l'empêcha pas de se confier en moi, requérant mon avis sur un sujet qui résumait assez radicalement ce dont nous avions précédemment discuté.

    -Il s'agit en quelque sorte de l'histoire de nos vie, de la sempiternel dichotomie qui régit nos existences ! Vous vous retrouvez une fois de plus partagé entre votre volonté d'homme libre et l'amour de votre prochain. La liberté est synonyme de solitude tandis que bonheur est synonyme d'enfermement....

    Je marquai une pause, faisant à nouveau tournoyer le bouillon tout comme les mots dans son esprit. J'attrapai divers aliments pour les ingurgiter avant de finalement reposer mes baguettes sur la table. Décidément ce plat n'était pas à ma convenance et je n'éprouvai guère l'envie ni le besoin de me nourrir ces derniers temps. Écartant le bol du milieu de la table je me penchai sur cette dernière de sorte à reposer ma joue sur mon ma main. Mon regard pétillant de mille concupiscences était entière tourné vers lui.

    -Vous pourriez tous aussi bien perpétrer la voie du carnage, jusqu'à finalement périr sous le joug d'un adversaire plus fort que vous. Ainsi tout prendrait fin. Votre vie, vos rêves, tout ce que vous avez accompli jusqu’à présent et quoi qu'il advienne, avec le temps, ce monde finira par définitivement vous oublier. Vous disparaîtrez tel l'homme libre que vous avez toujours choisi d'être.

    Ma main libre se posa sur la sienne à l'autre bout de la table pour l'enserrer délicatement. Je lui adressai un sourire aussi hautain que mystérieux. Ce dernier exprimait d'innombrables émotions qu'il m'était impossible de traduire par des mots.

    -Ou vous pouvez décider d'arpenter une toute nouvelle route. Renier cette liberté en acceptant d'être prisonnier de ceux que vous aimez. Souhaiter qu'il vous retienne, craindre de les perdre, connaître le plus grand bonheur qui soit, mais aussi les plus grandes peines. Vous l'ignorez, cependant, vous m'avez donner envie de faire ce choix là. En fin de compte tout nous ramène à cela : Le choix ! Et nous savons d'ores et déjà quel sera le votre....

    M'interrompis-je énigmatique. Oui, je devinais d'avance sa décision, celle de poursuivre pour toujours l'idéologie qu'il s'était tracé en devenant ce héro martyre du destin. L'allégorie vivante de la solitude et de cet affranchissement de soit sur le monde mortel. Pourtant au fond de moi, sans doute, n'avais-je jamais autant souhaiter avoir tord. Je voulais qu'il emprunte le chemin inverse vers l'amour ce qui, à mon sens, était la véritable liberté. Je me redressai de ma chaise afin de me diriger vers le bar d'où je demandai au gérant de me remettre les clés de ma chambre. Je pris ensuite la direction des escaliers de pierres se trouvant au fond de la salle. Après avoir monté quelques marches je m'interrompais sur le premier palier pour me tourner vers lui.

    -Vous vous trouvez à la croisée des chemins mon très cher Yusuke. Je ne prône aucun savoir absolu. Je ne suis nullement un ange rédempteur ni un appel à la destruction. Seulement,comme vous, une enfant qui appartient à ce monde et venant de faire son propre choix. Gardez cependant à l'esprit que ce dernier n'est en aucun cas compatible avec le votre. A présent laissez-moi vous souhaitez une bonne nuit Yusuke Katano. J'espère sincèrement qu'il ne s'agira pas d'un adieux, mais dans le cas contraire sachez que je respecterai votre décision.

    Ce faisant je m'inclinai dans une brève révérence, l'esprit étrangement empreint par toutes les convenances de la haute société. Finalement il n'avait pas affaire à mon Oni, mais bien à Oniri Saibogu. Cette partie de moi que j'apprenais un peu à affirmer à chaque instant depuis ma décision d'abandonner tout espoir de libération au profit de la chaleureuse et réconfortante présence de ceux que j'aimais...

    -Au fait... Dis-je juste avant de disparaître sur le deuxième palier de marche. Je m'appelle Oniri...

    Après quoi je disparu, rejoignant ma chambre. Il s'agissait d'une pièce minuscule d'à peine une dizaine de mettre carré meublé d'un simple lit ainsi que d'une petite table avec un tabouret. Une minuscule fenêtre de verre donnait sur l'extérieur et sur la clameur chantante de la lune au milieu de la nuit resplendissante. Je tirais le rideau puis retirai mes affaires et les posai sur le plan de travail pour ensuite me glisser dans les draps. Éprouvée par une fatigue davantage mentale que physique je savais que malgré tout, il me serait impossible de fermer l’œil. Je levais alors un bras pour retirer le rideau de la fenêtre afin de laisser l'éclat argenté de l'astre nocturne baigner mon visage. Posant ma tête sur l’oreille, j'observai le ciel étoilé par la vitre. Mes yeux se perdirent dans le lointain abîme du firmament.
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Message(#) Sujet: Re: Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] Le choix des réprouvés [Feat Yusuke] EmptyDim 12 Oct 2014 - 19:24

Oni parle. Je l’écoute. Oni parle toujours, et je l’écoute toujours. Etrange d’avoir cette pensée. Comme si Oni et moi nous nous connaissions depuis longtemps. Ce n’est pas le cas pourtant. Cela doit être lié à la proximité de nos situations. Bien que nous ayons emprunté des sentiers différents, nos chemins sont relativement les même et nous nous comprenons plus que la plupart des gens justement à cause de cette similitude. Voilà pourquoi lorsque nos regards se croisent, on se trouble d’un coup. Maintenant je le comprends. En regardant dans les pupilles de son interlocuteur, Oni y voit ce qu’elle ne sera jamais, la liberté pure. Et moi, je retrouve l’amour qu’il m’est impossible d’obtenir dans les prunelles de ma princesse du désert. Tous les deux nous contemplons ce que nous aurions pu être si nos choix avaient étés différents. Au final, Oni est une partie de moi et je suis une partie d’Oni. Nous sommes différents, diamétralement opposé même, mais nous sommes les mêmes.

J’effectue ma réflexion tout en continuant de laisser tanguer mon regard entre mon assiette et la jeune fille en face de moi. Je remarque qu’elle ne semble pas apprécier le repas qu’on lui a servi. Moi, je n’ai pas mangé depuis plusieurs heures, je n’ai pas la possibilité de faire des caprices. Même si je ne le dis pas, je suis particulièrement faible en conséquence à mon manque d’alimentation récent. Si je devais combattre à cet instant, je ne suis pas sûr de sortir vainqueur. Quelque soit mon adversaire. Mais je n’ai que faire de ce genre de situation, je parle avec une partie de moi et c’est une occasion en or pour un peu d’introspection. Je l’écoute donc et lorsqu’elle finit de me dire que la voie du carnage ne me permettra qu’une chose, c’est de tomber dans l’oubli du temps, je souris du coin des lèvres tout en noyant mon propre regard dans mon bouillon.

« Tomber dans l’oubli n’est pas si mal. Après tout, c’est l’occasion de se reposer un peu. »

Ma propre phrase me fait rire. La perspective agréable d’un repos éternel m’attire. Je suis jeune, dans la fleur de l’âge. J’ai pourtant l’impression d’avoir vécu des décennies. Les épreuves que j’ai traversées m’ont rendus plus vieux que je ne le suis et ont retiré de mon esprit toutes les traces de l’enfance. Dieu… je me rappel encore de mes 16 ans. De mes rendez-vous avec Yuki près de l’arbre de Kiri. Je lui écrivais des poèmes. Une romance qui a duré environ trois ans. C’est long trois ans. Je l’appelai ma princesse des neiges. Et voilà que devant moi se trouve une princesse des sables. Non… je ne dois pas… Oni me coupe dans ma réflexion en remettant à parler. Elle me parle de choix et du fait que je pourrais m’abandonner à ceux que j’aime. Je souris de plus belle. Cette fois mon regard ne se noie pas dans mon assiette mais plonge littéralement dans le sien. Je veux qu’elle voie mes yeux lorsque je lui dis ce que je pense.

« C’est précisément à cause de ceux que j’aime que je suis ici aujourd’hui… »

Shord, Yuki, Demon. Tous m’ont soit trahi soit m’ont abandonné. Après, on ne peut pas dire que je ne sois pas un peu fautif dans l’histoire. Mais au fond, je demeure le garçon perturbé par la mort de son maitre. Ce même maitre qui peu avant son décès avait déceler chez son élève une tendance à la haine et à la noirceur et qui s’était fait son catalyseur. Le maitre mort, plus de catalyseur et seulement les ténèbres.

Oni se lève et se dirige vers le comptoir. Elle demande sa clé et alors qu’elle s’apprête à monter les escaliers, elle se retourne et me lance une dernière tirade. Je l’écoute attentivement et lorsqu’elle me dit que je suis à la croisée des chemins, je n’ai qu’une envie : lui dire que je l’ai été toute ma vie. Ses paroles sont sages, mais ce sont celles d’une enfant. Je supportais le même discours trois ans auparavant. Mais je ne suis plus le même, j’ai vécu trop d’horreur pour me permettre de croire à la rédemption à présent. J’ai vu trop de gens bien mourir pour un monde qui ne le mérite pas. Oni s’en va en me donnant son véritable nom : Oniri. Ainsi elle n’est pas vraiment le diable… Mais elle a soulevé bien trop de question dans mon esprit.

Je reste assis cinq autres minutes. Je pense, réfléchis à un tas de chose. Au fait que je pourrais monter, la rejoindre dans sa chambre. Nous pourrions passer la nuit ensemble. Je sais qu’elle ne me l’empêcherait pas. Mais le fait de l’avoir appelé princesse des sables. Je ne peux pas. Ce serait recommencer la même histoire qu’avec Yuki. Sauf qu’Oni est plus semblable à moi, moins différente. Je me lève et me dirige vers le tenancier de l’établissement. Je pose une bourse sur son comptoir.

« Lorsque la jeune fille reviendra demain matin, vous lui rendrez l’argent de ma chambre et de la sienne. Sinon je reviendrais et je vous tuerais. »

Je lance mon regard le plus noir et je sens que l’homme en face de moi a compris qu’il ferait mieux de m’obéir. Je me saisi d’un papier et d’un crayon se trouvant là et je griffonne quelque chose. Je dis au tenancier de lui remettre ça lorsqu’elle se réveillera le lendemain. Je me dirige vers la porte et replace ma capuche. Je ne crains pas le grand froid du désert. Je ne crains aucun homme et aucune tempête. Mais je sens les vibrations d’un siphon de sable dehors. J’espère qu’à défaut de me tuer, il pourra me donner des réponses.

Je sors et me promène dans le désert… une tempête se lève.

Sur le mot à l’auberge : Ce n’est pas un adieu.

Merci:
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