« Te souviens-tu du ciel pleurant ce soir là, Rin ? »

Une question qui me hante depuis le jour où tout cela à commencé... Celui où le mystérieux puzzle musical de ma tête, bloquant mes souvenirs et responsable de mon amnésie c'est affaiblis... Depuis, ces voix me hantent. Elles ne sont pas humaine, non... C'est une sorte de code musical que je comprends parfaitement. Une sorte de langage par la musique, celui que je chérie tant... Est-ce celui dont parler l'Homme aux cheveux rouges ?

Je l'ignore. En tout les cas, depuis ce jour... Les visions, les songes, les mélodies, tout hurle et se mélange dans ma tête... peu à peu. Ce soir encore, je redoute le sommeil. Mes crises ce font de plus en plus intense, sans vraiment que je puis-ce avoir un contrôle dessus. M'enfonçant dans mon lit, je ferme les yeux et me pose dans les bras de morphé.

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« Maman ! Regarde ce que j'ai trouvé ! »

Sous l'impulsion de l'enfant impatient qui ne doit pas avoir plus de 5 ans, la jeune femme se retourne avec un regards doux et bienveillant. Une douceur similaire à celle d'un ange, et si contraire à celle du monde Shinobi que j'ai du mal à y croire. Une douceur familière que je n'arrive pas à qualifié. Profitant du soleil dans un village enneigée, les deux personnes semblent très délicat.

Dévoilant un visage éclatant, la jeune femme caresse maternellement la tête de l'enfant tout en examinant sa trouvaille... Je m'approche aussi... Instinctivement. La sensation de réconfort se fait sentir à chacun de mes pas... D'une voix douce, elle explique à celui-ci...

« Ce que tu vois là mon ange, c'est une fleur des glaces. C'est un ensemble de petits flocons tout mignons devenant ami pour devenir un grand flocon très beau. Tu vois ? Regarde... !  »

« Oui... C'est très jolie Maman. Tiens... Je te l'offre ! »

« Arigato Rin... Mon petit Ange...»

Ma mère ? M'approchant à grand pas, tout devient soudainement noir. L'odeur particulière du sang et de la chair brûlée envahit mes narines... Mon cœur s'emballe, et une boule dans ma gorge se forme... Un hurlement effroyable et particulier, celui d'une vie arrachée, ce fait entendre... Mon corps tremble, ma respiration devenant chaque seconde plus lourde... Regardant mes mains avec horreur, je vois du sang... Reculant, je me plaque contre le mur qui saigne... Je... Je veux sortir... Non...

« LAIIIIIIIIIIIIIIIIISSSSEEEEE-MOIIIIIII »

Les bruits de verres se brisant ce fait soudainement entendre en simultanée avec ce cri intense. Les vitres sont brisées, je sens ma gorge chargée en chakra Onkyôton. Mon corps tremble tandis que tout ce qui était fragile dans ma chambre n'est plus... Me recroquevillant sur moi-même, une vision d’horreur me frappe...

Ma mère est morte.

Une journée éprouvante. Voilà ce qu’a été cette journée. Tout le long, je n’ai rêvé que d’une seule chose : mon lit.

Oui, j’ai passé la journée à m’entraîner. Je m’y suis mis plus que sérieusement il y a quelques jours déjà, dans le but de ne plus finir dans un lit d’hôpital à chaque combat… marre. J’en avais marre de perdre, de me faire avoir. Et pourtant, ça ne manquait quasiment jamais. En tout cas, le coup de la Furyou a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Je m’étais repris sérieusement en main, avec l’aide de l’autre lutin. J’estime tout de même avoir fait quelques progrès depuis, et pas des moindres…

Enfin, ce n’est pas le plus important. En tout cas, je suis rentré à une heure… assez tardive. En plein milieu de la nuit. Ce coup-ci, j’avais mis les bouchées doubles il faut dire. La lune était déjà à son apogée, et les étoiles brillaient de toute leur lueur. Oui, il était vraiment tard. Discrètement, j’entrai dans la maison, sans ne faire aucun bruit. Vu l’heure qu’il était, il devait certainement dormir. Et son ouïe surdéveloppée me forçait un peu à être d’une discrétion absolument irréprochable. Son don ne m’arrange pas tous les jours. Atteignant ma chambre, je me changeais vite fait, laissant mes habits de la journée traîner au pied du lit. Flemme de ranger maintenant… je ne voulais que dormir. C’est tout ce qui me préoccupait. Toujours sans le moindre bruit, je m’installai dans mon lit, et le sommeil m’emporta bien assez vite.

Néanmoins, la nuit allait être de courte durée.

Un hurlement sans pareil se fit entendre, me réveillant en sursaut, et ce, seulement après une vingtaine de minutes de sommeil. Les vitres, le verre… tout explosa en mille morceaux, réduits à l’état de poussière par cet horrible cri. Recroquevillé sur moi-même, je tentais tant bien que mal à me protéger les tympans face à ce cri… surhumain. Et aussi de me protéger de tous ces bouts de verre, qui ne m’ont pas raté au passage.


- Hngh... Rin ?!


Oui, sans aucun doute, c’était lui. Malgré l’intensité surnaturelle de ce hurlement, j’ai reconnu sa vox… Son chakra Onkyôton a du se dérégler, ce n’est pas possible… Et dire que j’ai essayé d’être discret. Il ne manque pas de culot lui, tiens.

Sans perdre une seconde, je me levai de mon lit, traversant les quelques salles nous séparant pour vite le rejoindre. Et, bien entendu, je n’ai rien aux pieds. Dans la précipitation, je suis parti sans. Quelques morceaux de verres brisés me rentraient dans la peau, sous la plante des pieds. Grimaçant, je continuais tout de même mon chemin. D’autant plus que je n’ai pas eu de réponse… Je suis mort de trouille. J’ai peur, je ne sais pas ce qu’il lui est arrivé. Pas de temps à perdre…

Arrivé dans sa chambre, je m’inquiétais de plus en plus quand je le vis. Il tremblait comme une feuille, totalement démuni, et recroquevillé sur lui-même. Je ne l’ai jamais vu dans cet état… Que lui est-il arrivé… ? Ça m’inquiète de plus en plus…

Ma main vint se poser sur son épaule, avec une poigne de fer, tout en le secouant un peu. Paniqué, je cherchais à comprendre ce qu’il s’est passé…


- Rin ? Ohé, c’est moi ! Tu m’entends ?!


Il faut qu’il se calme, qu’il reprenne ses esprits… Là il m’avait l’air… complètement déconnecté. C’en est effrayant… Lui qui est toujours calme et paisible, cela me dépasse de le voir dans cet état-là. Et je n’avais pas le don qu’il a pour apaiser les gens…


- Calme-toi et dis-moi ce qu’il s’est passé… Allez, du calme.


Progressivement, ma main serrait de moins en moins fort son épaule, et j’arrêtai doucement de le secouer. Pour qu’il se calme… il fallait déjà que je me calme aussi. C’est dur à faire. Mes oreilles sifflaient toujours, et me faisaient même souffrir. Surtout qu'en plus, j’étais en train de me détruire la lèvre à force de mordre dedans… Au moins, ça me contient… !

Mon corps tremble tandis que ma respiration reste irrégulière. Un son sifflant dans ma tête, une mélodie étrange et effroyable, me persécutant pour suivre un ordre flou et incompréhensible dans cette situation...

« Fuis Rin, Fuis. Accroche-toi à la vie... Car ta fin est proche. »

Une chose que je ne comprends pas, et que je n'arrive pas à comprendre. Fuir ? Mais fuir quoi au juste ? Soudainement, un afflux de sensations étranges semblent se répandre en moi. Je sens distinctement cette colère et cette peur brûlante parcourir mes veines, et lacérant mon corps. J'absorbe des sensations qui ne m'appartiennent pas, des flux d'énergie étouffant, m'écrasant littéralement.

Je suis incapable de bouger le moindre muscle, ni même de parler...

Je sens Ryosei qui approche, sa présence, son corps, j'entends jusqu'à même les fines gouttes de sang qui tombe dans le couloir. Il approche, et pose sa main sur mon épaule essayant de me sortir de ma torpeur. J'en suis incapable. Il arrête au bout d'un moment, me demandant de lui dire. J'essaye, mais je n'y arrive pas. Aucun son ne veut sortir, aucune parole ne peut-être dite.

A la place, mon corps bouge tout seul. Comme lors de mon combat lors de la guerre d'indépendance, je ne me contrôle plus. Alors que mon corps se fige, il se détache de Ryosei, et sort un Kunai. Tombant sur le sol, écartant les bouts de verre, il écrit un message. Où plutôt, une suite de note de musique, frénétiquement, comme si rien ne pouvait l'arrêter. L'encre n'est autre que mon sang, tandis qu'une fois finis, il s'adresse à Ryosei.

« Ils ne doivent pas savoir. Jamais. Ils ne doivent pas connaître ce qui ne doit pas être su. »

Et je m'effondre sur le sol, perdant momentanément connaissance...

A mon réveil, une petite demi-heure plus tard, j'observe ma main... Bandée. Ryosei m'a soigné. Tandis que je me relève tout doucement, assaillis par un mal de crâne, je regarde Ryosei qui semble avoir fait un minimum de rangement. Il n'y a plus aucun morceau de vitre, ni porcelaine dans la chambre. Tout semble brisé...

Je pense avoir compris, mais j'aimerai avoir confirmation... D'une voix calme, je demande à Ryosei...

« Qu'est-ce qu'il c'est passé... ? »

Quelle frayeur… Quelle panique. Il n’y avait rien à faire, Rin ne me répondait pas, et resta dans cet inquiétant état pendant un moment. Un court moment, mais qui me semblait interminable. Seulement… Le plus inquiétant était à venir.

Quelque chose changea. Il semblait tout à coup… différent. Je le connais depuis un bon moment, je le vois tous les jours… et je peux affirmer que quelque chose cloche à partir de cet instant. Il s’était fait tomber sur le sol, tout à coup. Par réflexe, j’ai essayé de le rattraper, mais je n’ai fait qu’amortir d’un peu sa chute sur tous ces bouts de verre qui jonchaient sur le sol de sa chambre. D’ailleurs, il fit de la place d’un mouvement de bras, puis utilisa un kunai ensanglanté… par son sang. Oui. J’étais tétanisé. Je m’étais mis à peu près à son niveau, et je regardai ce qu’il se passait… sans un mot. La lame de son kunai écrivit quelque chose sur le sol. Des notes de musiques ? Avec l’obscurité qui régnait en cette nuit, je ne voyais pas grand-chose, mais il avait bien l’air de s’agir de notes. Qu’est-ce que cela signifie.

Suite à ça, il me parla. Enfin. Pour me dire quelque chose… d’assez incompréhensible. Savoir quoi ? Comprendre quoi ? De quoi me parlait-il ? Je n’eus pas ma réponse, puisqu’il ferma les yeux ensuite.

Mon sang ne fit qu’un tour. Je m’empressai de tâter son pouls, pour m’assurer que tout allait bien tout de même… Oui, ça m’avait l’air ok. Soulagé, mais pas trop, j’entrepris de le réinstaller dans son lit, en prenant soin de ne pas trop le brusquer. J’ignore toujours ce qu’il s’est passé, et je dois bien avouer que je suis mort d’inquiétude. Tant bien que mal, je gardais mon calme… du moins, apparent. Intérieurement, c’était autre chose… !

Le laissant couché dans son lit, et bien réinstallé, je m’empressai d’aller chercher de quoi soigner sa main blessée. Il fallait le la lui désinfecter, et y mettre un bandage. C’est ce que je fis, avec délicatesse pour qu’il se repose tranquillement. Il avait l’air d’en avoir assez besoin… Inquiet, ma main se posa sur la sienne, et mes yeux se fermèrent pendant quelques secondes.


- Repose-toi…


Je le laissais donc ainsi, dans son lit. J’allumai une bougie. Son cri avait détruit toute potentielle source de lumière, et le soleil n’avait toujours pas montré le bout de son nez. Je remettais rapidement tout en état dans la chambre, me débarrassant de tous ces bouts de verre inutiles, qui m’ont déjà assez tailladé les pieds. Pendant mon ménage, j’ai évité de toucher au message musical qu’il avait écrit. Il faudra que je le retranscrive sur papier ensuite, car ce message n’allait sûrement pas rester là éternellement. D’ailleurs, il faudrait que je songe à me soigner aussi. Quelques éraflures sur un peu tout le corps, notamment sur les bras, mais rien de grave. C’est surtout mes pieds qui commençaient à franchement souffrir… Même si j’ai pris de quoi ne pas marcher pieds nus, le mal était fait.

Je fis la même chose qu’à sa main, mais pour mes deux pieds. Le désinfectant ne manqua pas de me faire grimacer. Une fois cela finit, je vis du coin de l’œil Rin se relever. D’un seul bond, je me redressai pour m’approcher de lui. Il ne perdit pas un instant à me demander ce qu’il s’était passé. Il ne s’en souvenait plus donc ? Je n’en sais trop rien.


- Je ne sais pas trop. J’avais espoir que tu m’expliques…


Prenant une pause, j’inspirais grandement. Le voir réveillé, et lui-même… je n’aurais pas pu espérer mieux n’empêche. Quel soulagement !


- Tu t’es subitement mis à hurler dans ton sommeil. Tout ce qu’il y avait de fragile dans cette maison n’est plus, tout a littéralement explosé. Et quand je suis arrivé, tu étais dans un état inquiétant… Je ne t’ai jamais vu comme ça. Tu m’avais l’air, hm… totalement ailleurs, et carrément flippant.


Mon regard se détourna vers le sol, là où son message était toujours présent.


- « Ils ne doivent pas savoir. Jamais. Ils ne doivent pas connaître ce qui ne doit pas être su. »


Cette phrase qu’il avait prononcée, elle m’était restée en tête. J’y réfléchissais depuis, je voulais en connaître la signification. Mais, pour l’instant, je ne comprenais pas grand-chose.


- C’est ce que tu m’as dit après avoir inscrit ce message au sol, avec ton sang, et avant de perdre connaissance…


Inquiet, je le regardais dans les yeux, cherchant désespérément à comprendre ce qu’il lui était arrivé. Même si d’apparence, je semblais calme, il n’était pas difficile de ressentir à quel point je ne l’étais pas. Dans ma tête, j’étais tout chamboulé. Un mélange d’incompréhension, de panique, d’inquiétude, de crainte…


- C’est plus à toi de me dire ce qu’il t’est arrivé. Tu te souviens de quelque chose ?


Je ne lui parlais justement pas de « souvenir » pour rien. Je le sais qu’il est amnésique. Et je sais aussi que la dernière fois où je l’ai vu en panique, même si c’était bien moindre, c’était lorsqu’il m’a appris à maîtriser une illusion de son répertoire, où il s’était souvenu de quelque chose après avoir été en panique. Son passé lui était inconnu, mais d’après ce que j’ai vu cet autre jour… Il s’est passé quelque chose, et de grave. J’ignore tout de son passé, mais ça, je le savais. Je l’ai bien compris… C’est sûrement lié, c’est la déduction à laquelle j’étais arrivé en y réfléchissant depuis tout à l’heure. Mais la dernière fois, c’était quand même bien moindre par rapport à aujourd’hui… il m’a foutu une peur bleue.

M’asseyant sur le bord de son lit, je repris.


- Tu devrais t’allonger un peu…

Il avait donc espoir que je le renseigne. A vrai dire je n'ai aucune idée... J'ai des vagues souvenirs, mais c'est un ensemble totalement flou, ce qui n'est pas pour m'arranger... Et en suivant ses explications, cela concorde avec les sensations que j'ai ressentis...

Et il pense que c'est flippant, je le laisse imaginé comme c'est à l'intérieur. C'est réellement... Terrifiant. Incapable de faire ce que l'on voudrai faire. Pire, on fait ce que l'on a pas conscience de faire. Semblable à une possession très désagréable... Mais cette phrase me saute aux yeux, et résonne dans ma tête comme une alarme de surive :

« Ils ne doivent pas savoir. Jamais. Ils ne doivent pas connaître ce qui ne doit pas être su.»

Cette phrase résonne au plus profond de mon être. La mélodie que j'ai entendu il y a peu recommence à vibrer en moi. J'ai l'impression de savoir de quoi il s'agit sans vraiment pouvoir dire ce que c'est. Tout ce que je ressens, au fond de moi, c'est que je suis en danger. En danger car je suis le seul a posséder une chose qui ne doit pas être su par d'autres personnes. De quoi s'agit-il ? Je l'ignore encore...

Suivis de quoi, il fait mention d'un message que j'aurai écris sur le sol. Des notes de musiques. Rien qu'en lisant la chose, je comprends que ce n'est pas innocent. Mon amnésie prends soudainement une autre tournure... Elle fut programmé pour me permettre de retrouver la mémoire au moment venu. Et ce moment arrive à grand pas. Je vois cette mélodie comme une clé, une carte permettant de revenir sur mon passé. Je reviens sur la question de Ryosei, avec une certaine exitation. Certe, cela est inquiétant, mais c'est un énorme bond en avant au sujet de mon amnésie...

« Je n'ai aucune envie d'être allongé. De ce que je sais, je crois, et j'en suis presque sûr... Que mon Amnésie est programée. Ce message, ces notes, ce que je t'ai dis... Sans que je ne puis-ce rien faire, ce n'est pas une simple amnésie anodine. Je pense sincèrement que quelqu'un a programé tout cela. Et maintenant, a vrai dire... j'ai plus envie de savoir ce que nous réserve cette mélodie. Tu peux m'apporter mon violon dans le salon s'il-te-plaît ? »

Je me mets ensuite en position de jeu... Tandis qu'il me tends le violon, je commence. Bien que ce n'est qu'un fragment, je continue naturellement la mélodie. Les souvenirs défilent dans mon esprit...Comme si chaque note traduisait un message... J'essaye de savoir ce quoi il s'agit...

Une brise froide et légère, la beauté des floncons tombant sur un blanc manteau... Les montagnes de neige blanche, les toundras glacés. Un village... Une musique. La paix complète. Je le vois, elle serait presque palpable... En moi, germe un sentiment étrange... Tandis que résonne dans ma tête une douce voix m'annonçant

« Okairi... Rin »

La mélodie s'éteint... Sortant de cette transe musicale, je me tourne vers Ryosei.

« J'ai vu... Je pense... Mon village natal. Un endroit enneigé... Je pense savoir où... Je pense qu'ils sont en danger Ryosei... A moins que ce ne soit déjà fait... Je dois en avoir le cœur net. »

Un projet ? Oui. J'allais me rendre à Yuki no Kuni. Peu importe le prix à payer pour ça.

Je l’observe donc. Ses agissements, sa réaction. J’essaye de comprendre, j’essaye de savoir ce qu’il lui arrive. Rien de tout cela n’est anodin après tout… Il se trame quelque chose. De grave même, je le sens. Si c’est effectivement lié à son passé, alors c’est qu’il y a de quoi s’en faire. Nous n’en avions jamais trop parlé c’est vrai, mais bon. Le peu que j’ai pu voir ou attendre avait suffi à ce que je me fasse une idée… On va dire que j’imaginais bien le genre de chose qui a pu se passer, sans ne rien vraiment savoir. Juste que ce n’était pas ce qu’il y a de plus plaisant à voir.

Il n’était vraiment pas dans son assiette en tout cas. Etait-il perturbé après ce qu’il venait de se passer, ou bien quelque chose clochait encore, et je l’ignorais ? Dur à savoir, je ne sais pas vraiment.

Je l’écoutais donc parler. Il me parla de quelque chose d’assez… particulier. Une amnésie qui serait programmée ? Quelque chose que réserve cette mélodie ? Ça allait bien plus loin que tout ce que j’avais pu imaginer.


- Euh… Oui, attends je vais te le chercher.


Il voulait son violon. Sûrement pour jouer cette mélodie inscrite sur le sol. Tout compte fait, je n’aurais peut-être pas besoin de la retranscrire après tout… Sans un bruit, je m’en allais dans le salon, afin de lui rapporter l’instrument qu’il attendait. Le ménage n’était pas encore fait là-bas, et fort heureusement pour nous, le violon n’avait subi aucun dégât. Il était tombé sur le sol, mais semblait intact. Tant mieux. Je n’osais même pas imaginer sa réaction si ses instruments n’aurait pas tenu le choc. Oui, vaut mieux ne pas y penser.

Chaque pas me faisait un peu souffrir sous la plante des pieds, mais cette douleur n’était rien face à tout ce qui me tourmentait mentalement, toute cette histoire d’amnésie, de mélodie, de message… J’étais perdu. Je ne comprenais pas tout ce qu’il se passait, je me contentais de suivre les évènements, et d’apporter mon aide comme je le pouvais.


- Tiens…


Reprenant place sur le bord du lit, je le regardais faire… ou plutôt, je l’écoutais jouer. J’ai beau l’avoir entendu jouer un nombre incalculable de fois, je ne m’en lassais jamais.

Une fois qu’il eut fini, il reprit… Une fois de plus, j’allais de surprise en surprise. Il me parla brièvement de son village natal, et d’un danger qui planerait sur certaines personnes. Parlerait-il de sa famille ? C’est possible oui… C’est même très probable. Toutes les images de son passé, maintenant ça, avec une amnésie qui serait programmée… J’avais un mauvais pressentiment sur ce qu’il pourrait découvrir. Que pouvait bien cacher son passé ?


- Ton village natal… En danger ? Qu’est-ce qui se passe, qu’as-tu vu ?


J’avais besoin de savoir ce qu’il le travaillait autant, ce qui a bien pu se passer. Tout s’enchainait trop vite tout à coup, je ne comprenais plus très bien… A chaque minute qui passait, il y avait un élément tout nouveau qui arrivait. C’était vraiment inquiétait…

En tout cas, il tenait à vérifier tout ça. Il voulait en avoir le cœur net comme il avait dit. Ce qu’il ne voulait dire qu’une seule chose… Il comptait vérifier ce qu’il se passait… sur place, directement.


- Tu comptes t’y rendre ? Quand ça ?


Je ne savais pas ce qu’il pourrait découvrir là-bas. Cette idée m’angoisse… Je ne me sentais pas de le laisser partir tout seul.


- Laisse-moi t’accompagner... !


Mon regard se faisait insistant à son égard... Je tenais vraiment à ce qu'il ne parte pas tout seul.

Il a bien entendu. Mon village natal est en danger. Je le sens, je le sais. Au fond de moi résonne une sensation bien étrange, celle que je dois partir, maintenant et tout de suite. Que je dois rejoindre l'endroit où je suis né, pour enfin savoir, et comprendre... Répondre à la simple question :

Qui suis-je ? Je refuse de n'être personne...
Qu'un simple espoir, une image illusoire,
Emplis d'un rêve dérisoire...

J'allais répondre à Ryosei. Lui dire que tout ceci n'étais qu'une simple image. Ma vie n'étais qu'une peinture creuse, une coquille vide. Konoha m'avait donné le pouvoir de me relever. Le village m'avait offert une vie, et des amis. Une nouvelle histoire... Mais je ne pouvais m'en satisfaire. Car je possède un talent musical dont je ne connais pas la source. J'ai besoin de savoir pour pouvoir... Evoluer. Changer. Me connaître moi-même. Savoir pourquoi je suis encore en vie, sans personne. Pourquoi l'ombre de mon passé ne cesse de croître dès que je me rapproche de la vérité.

- Ton village natal… En danger ? Qu’est-ce qui se passe, qu’as-tu vu ? Tu comptes t’y rendre ? Quand ça ? Laisse-moi t’accompagner... !

Mon regard devint sombre... Ce que j'avais vu ? La mort. Des images terrifiante. Si j'avais l'identité de ma mère, j'avais aussi un très mauvais pressentiment à son sujet. J'avais mes mains en sang... Son sang. Le fait d'y penser me donne l'impression de recevoir une succession de lames de couteaux dans le ventre, me laissant en état d'agonie léthargique. J'ai peur que ce ne soit pas qu'un simple pressentiment... Sinon, je n'aurai plus que mes souvenirs pour pleurer...

« Oui... En danger. J'ai eu l'impression de voir une attaque... Ma mère... était en sang. Je n'ai rien pu faire... Alors oui, je compte m'y rendre, le plus rapidement possible. Si elle est encore en vie, je ne me le pardonnerai jamais de n'avoir rien fait. Je dois y aller, et j'irai dès que possible. »

Je me lève précipitamment de mon lit, et me dirige dans le placard. Je récupère le plus rapidement possible quelques affaires de voyage, tout en prenant mon parchemin de mission, qui possède tout le nécessaire vitale. Quand je le prends, c'est que je pars pour une longue duré. Et c'était le cas... Je compte revenir, bien sûr, mais ce voyage est nécessaire... Continuant la préparation, je reprends.

« Tu ne viens pas. Tu ne peux pas, et tu sais pourquoi. Sans moi, Konoha aura encore plus besoin de toi. D'autant plus que notre équipe ne peut se passer de deux membres à la fois. Tu dois rester, tu n'as pas le choix... Et je dois faire ce voyage seul. Je dois découvrir, apprendre, retracer mon histoire, et c'est une chose qui doit ce faire seul... »

Je m'approche de lui, lui souriant, mon long manteau sur le dos. L'hiver allait être rude, et je pense que là où je vais, c'est à dire à Yuki no Kuni... Encore plus. Posant ma main sur sa tête, je lui caresse doucement le crâne, avant de prendre un ton réconfortant. 

« Je reviendrai vite, ne t'inquiète pas. Ce n'est qu'un voyage, le temps d'un aller-retour ! Tu ne remarqueras même pas la différence avec une mission ! »

Et derrière mon sourire, je le savais pertinemment... Tout allait être différent....

Je mentais.

Sa mère… en sang ? C’est peut-être même plus dangereux que ce que j’aurais pu imaginer. Il était fort, bien plus que moi, mais serait-il prudent de le laisser partir seul ? D’autant plus qu’avec ce qu’il peut découvrir… Le choc risque d’être rude. Très rude. Ce serait complètement imprudent de ma part de le laisser s’en aller ainsi. D’autant plus qu’il semblait vraiment pressé… Il comptait partir maintenant. Oui, c’est ce que laissait penser sa précipitation soudaine, à se préparer pour un départ qui ne saurait tarder. Je ne savais pas trop quoi lui dire, là pour le coup... J'étais plus dans l'attente d'une réponse. Je ne savais rien de son passé, et lui non plus... Il m'était difficile pour moi de tenter de le rassurer, surtout que je ne sais pas exactement ce qu'il a vu. Et puis, j'étais assez inquiet...

Je le regardais faire, attendant une réponse de sa part… L’accompagner, j’y tenais bien. Quelle que soit l’excuse qu’il me sortira, je ne lâcherai pas le morceau. Je comptais bien le suivre. Ce qu'il pouvait apprendre sur son passé pourrait être un coup dur pour lui... Je tenais à être là pour l'aider en cas de problème comme celui-là. Sauf que ce n'était pas aussi simple que ça... Encore fallait-il le convaincre de m'y emmener.

Et le verdict finit par tomber. Il refusa catégoriquement que je vienne. Même si je m’y attendais, ce refus a eu l’effet d’un violent choc. Tout en me mordant la lèvre, et en regardant vers le bas, je l’écoutais. Il me donna plusieurs raisons, mais aucune d’entre elles ne m’allaient. Je n’étais pas d’accord, il n’était pas question qu’il parte sans moi. Je ne le laisserais pas faire… !

Il vint près de moi, pour poser sa main dans mes cheveux, tout en essayant de me rassurer, avec de belles paroles. Ce n’était pas ça qui allait me rassurer… J'avais plus l'impression qu'il inventait des excuses pour ne pas m'emmener. Pour quelle raison précisément ? Là était la question. Peut-être qu'en insistant, je parviendrais à le convaincre de revenir sur sa décision...


- Le temps d’un aller-retour ? Konoha peut très bien se passer d’un simple Genin comme moi pendant quelques jours, si ce n’est qu’un court voyage... Et il en est de même pour notre équipe.


Vivement, je lui attrapai son autre main, par-dessus la manche de la veste qu’il venait à peine d’enfiler. J’étais clairement décidé à ne pas le laisser partir sans moi. Il en était juste… hors de question.


- Pourquoi devrais-tu le faire seul ? Qui sait ce que tu pourrais y découvrir… Si ça se passe mal, je ne tiens pas à ce que tu sois tout seul, là-bas…


Ma main se resserra vivement sur le col de sa manche. Il n’ira nulle part comme ça. Mon regard se posa dans le sien, un regard empli de détermination, mais aussi d’inquiétude…


- Non… Je refuse que t’y ailles seul. Je ne te laisserais pas partir sans moi… !

Le cœur serré, je regarde avec un faux calme olympien la réaction de mon frère adoptif. Si je ne veux pas qu'il m'accompagne, je sais pertinemment qu'il a raison. Qui sait ce que je vais découvrir là-bas ? Je l'ignore. En vérité, et c'est cela qui fait peur, personne ne le sait. C'est pourquoi je dois le découvrir seul... Car je ne sais absolument pas comment je réagirai. Et je pourrai détruire ce que j'ai construit ici, à Konoha. C'est pourquoi, je me dois de laisser le village en dehors de tout ça. Pour que je n'ai pas moyen de lui faire du mal involontairement...

Le voyant, accroché désespérément à ma manche, me suppliant de l'emmené, aucune de mes précédentes paroles avaient eu grâce à ses yeux. Aucune de mes bonnes raisons n'avait pu le laisser sur le côté. Après tout, il s'inquiétait... Et c'était légitime. Vu mes visions, vu ce que je viens de faire à l'instant, et ce que je m'apprête à faire...

Calmement, avec ma douceur naturel, je l'enlace tranquillement. Je le laisse s'imprégner de ma présence, de mon odeur, de ma voix... De mon silence. Le temps qu'il récupère les ressources qu'il à besoin pour combler mon absence. Le temps qu'il comprenne que je dois partir, un court instant, pour protéger ce que j'aime de mon passé. Ai-je peur ? Dire non serai mentir. J'ai peur de ce que je vais découvrir... Mais je dois le savoir. Dans cette étreinte, je murmure d'une voix douce...

« Quoi qu'il m'arrive, où que tu sois, et où que je sois, je serai là pour toi. Tu es comme un frère... Et ça, aucun événement ne le changera... Même si nous ne sommes pas dans le même monde, nous serrons à jamais sous le même ciel... »

Je libère du chakra Onkyôton, faisant résonner une douce mélodie. D'une beauté angélique semblable à la neige tombant doucement sur le sol, je l'enlace encore plus fort, l’emprisonnant dans mon étreinte. Je sens peu à peu son corps devenir moins tendu... Tombant doucement dans un long sommeil... Tandis que mon genjutsu l'amène, peu à peu, dans les bras de Morphée, je sens une larme qui coule, lentement, sur ma joue... Je lui murmure un « Pardonne-moi... ».

Le voilà désormais dormant. L'allongeant doucement sur le lit, je le borde dans un amour fraternel. Récupérant mes affaires, je pose une dernière fois mon regards sur Ryosei, endormis... Mon cœur est pris dans un douloureux étaux... Mais je ne peux pas reculer...

Je verrouille tout doucement mon appartemment... Au fond de moi, je le sais...

Je n'allais pas revenir ici avant un bon moment...

Tendu, ma main tenait toujours aussi fermement sa manche, pour ne pas qu’il parte. Même s’il m’ordonnait de rester, je ne lui aurais pas obéis. Pour la simple et bonne raison qu’il était hors de question que je le laisser partir sans moi. Je savais que je pourrais lui être utile, d’autant plus qu’il risque fort d’apprendre des choses… qui risque de ne pas lui plaire. Je n’imagine seulement, mais lorsque je pense à tout ce qu’il a pu dire, ou ce que j’ai vu de lui… Il y avait bel et bien un mauvais pressentiment à son sujet qui me tiraillait l’esprit. Et aussi… Je ne voulais pas le savoir loin de moi. Que voulez-vous ? Depuis que j’habite à ses côtés, nous sommes quasiment tout le temps ensemble. Lorsque l’un de nous deux part en mission, passe encore, mais là… Ce n’en était pas une. C’était beaucoup plus grave, et bien plus inconnu.

Mes craintes, ma peur, tout se chamboulait. Et ça allait encore être pire, lorsqu’il me prit dans ses bras. Il n’avait pas encore parlé, mais je comprenais bien la signification de cela. Pour me consoler, pour le consoler ? Je n’en savais trop rien. Ce que j’avais bien compris, c’est ce que ça voulait dire… Il ne comptait toujours pas m’emmener.

Ma gorge se noua d’autant plus lorsqu’il reprit une nouvelle fois la parole. Un frère… Oui, c’est ce qu’il était pour moi aussi. Et selon lui, quoi qu’il arrive, il sera toujours près de moi… et moi aussi. Même si la distance nous sépare, même si nous ne sommes plus sur le même monde comme il dit…. J’aimerais pouvoir le croire, me dire qu’il a raison. Mais… il fallait que je l’accompagne. Aussi bien pour lui que pour moi… J’aurais vraiment du mal à supporter cette distance.

Après ses quelques paroles, je ressentais le besoin de pleurer, mais je me retins. Je ne voulais pas craquer, pas devant lui, alors que j’essayais de le convaincre de m’emmener. Je voulais lui montrer que j’étais prêt à l’aider… et non pas à pleurer pour lui. C’était vraiment dur.

D’autant plus que quelque chose se trama.

Oui, une mélodie se fit entendre. C’était Rin, qui la jouait, sûrement à l’aide de son chakra. La douceur de cette mélodie la rendait captivante, alors que je sentis l’emprise de mon frère sur moi se renforcer, à tel point que je ne pouvais plus bouger. Je ne pouvais plus rien faire, d'autant plus que cette mélodie...


- Qu… Qu’est-ce que tu fais… ?


Progressivement, par-dessus l’emprise physique qu’il avait sur moi, mon corps ne répondait plus. Mes paupières se refermaient, petit à petit. Tant bien que mal, j’essayais de résister. La volonté de ne pas le laisser s’échapper me permettait de résister, un peu… mais au final, cette mélodie m’emportait de plus en plus. La résistance était inutile…


- Non… non… s’il te… plait… Rin…


Mes yeux se fermèrent. Plongé dans un profond sommeil, incapable d’agir… pour lui. J'ai échoué, une fois de plus. Et, tandis que je sombrais, un murmure me fut encore perceptible…


« Pardonne-moi... »