Une jeune femme d’une vingtaine d’années déambulait dans les rues de Kumogakure no Satô des pas nonchalants. Vêtue d’une chemise légère à manches courtes dont le bas était rentré sous une jupe plissée lui tombant jusqu’à mi-cuisse et avec ses magnifiques boucles brunes dansant dans le vent, elle arborait une apparence plutôt attrayante qui attirait naturellement le regard de beaucoup d’hommes sur son passage. Mais ceux-ci détournaient vite la tête dès que leur regard inquisiteur croisait celui de la jeune femme. En effet si elle possédait un corps et un vissage plutôt aguicheurs, ses yeux quant à eux provoquaient l’effet inverse, celui de refroidir les ardeurs. Derrière sa paire de verres qui lui seyaient à merveille, bien que celle-ci n’était point là pour le style mais par nécessité, ses yeux aux pupilles sanguines exprimaient une froideur presque méprisante. Pourtant, son expression s’était bien adoucie depuis l’époque où elle avait forcé un passage pour pénétrer ce village caché où aujourd’hui encore tant d’habitants continuaient de la mépriser à cause de son passé que beaucoup considéraient comme détestable mais dont elle était cependant très fière.

Les gardes postés à l’entrée du village se contentèrent de la suivre du regard dans un silence royal, laissant en suspens ce qu’ils étaient en train de faire, alors qu’elle passait devant eux avec une assurance presque dédaigneuse. Fidèle à son image de kunoichi sage, du moins en apparence, elle s’inclina légèrement pour saluer ses camarades shinobis bien qu’elle ne connaissait aucun d’entre eux. Certains se mirent à rougir avant de répondre à sa salutation par des simples gestes alors que le kunoichi poursuivait son avancée sans effectuer la moindre halte. Sa récente montée en garde, bien que minime, lui permettait enfin de savourer la liberté de se promener seule en dehors du village caché. Liberté qu’elle comptait savourer à fond aujourd'hui, tant celle-ci lui avait manqué. Elle qui avait vécu sur une île coupée du reste du monde où elle avait pu faire tout ce dont elle voulait, enfin presque, n’appréciait guère l’idée d’être coincée à un seul endroit.

Savourant le temps plus qu'agréable de ce début de l’été, elle s’étira tout en continuant de s'avancer puis, elle qui n’aimait pas pourtant se hâter pour rien, se mit à courir vers une direction inconnue. Oui, elle avait décidé d’aller là où le vent la mènerait et c’est ainsi qu’elle atterrit dans les Montagnes de Kaminari no Kuni où sa course fut freinée par une étrange présence. Ayant dépassé légèrement l’endroit où se trouvait l’intrigante manifestation, elle effectue une marche arrière et deux personnages non identifiés se présentèrent dans son champ de vision. Elle arrangea ses lunettes qui étaient pourtant bien en place, pour mieux distinguer les inconnus. Un homme imposant, très imposant, une petite fille et un gros marteau. L’homme dégageait une aura à l’image de son apparence, à savoir monstrueuse. Les yeux de la binoclarde fixèrent par la suite et avec beaucoup d’instance le marteau géant dont l’état bien piteux démontrait qu’il avait été beaucoup utilisé et plutôt sur des êtres vivants que sur des matériaux de construction. Le regard de la jeune Natsumi devint alors plus dur qu’il ne l’était déjà alors qu’elle plongeait celui-ci dans les yeux menaçants du Monsieur Muscle. Si la petite semblait innocente, ce dernier par contre ressemblait à une bête assoiffée de sang. Mairu n’avait aucune envie de se battre, surtout pas sans raison, elle décida alors de les ignorer en reprenant sa route tout doucement …

Elle avait remarqué le sourire carnassier que l’homme lui avait adressé mais elle poursuivit son évolution sans lui prêter plus d’attention. On aurait pu croire qu’elle cherchait à fuir mais ne vous en déplaise, la peur n’était pas certes un sentiment qui lui était étranger, mais cela remontait à une belle lurette la dernière fois qu’elle avait ressenti cette sensation. Surement à l’époque de ses quinze ans, lorsque son regard avait croisé celle de la défunte Gogyou Makka pour la première fois. Depuis, tant d’eau avait coulé sous le pont et cette perception qu’elle jugeait néfaste pour sa fierté, car il pouvait vous paralyser jusqu’à vous rendre pitoyable, semblait avoir disparu de son lot de sentiments tout comme l’envie ou encore d’autres sentiments qu’on lui disait fort inutiles tels que la compassion ou la gentillesse. Ainsi donc, si elle cherchait à s’échapper ce n’était point pour essayer de fuir l’homme, malgré son aura meurtrière qui devait susciter bien de frayeur chez les plus faibles, mais elle désirait juste éviter un combat sans intérêt. À un autre moment, elle aurait accueilli avec plaisir le désir de détruire de l’homme mais aujourd’hui, tout ce qu’elle souhaitait, c’était de savourer sa liberté et ce sans entrave si possible.

Mais si la kumojine n’était point encline à ouvrir une quelconque hostilité, ce n’était pas le cas du géant qui lâcha alors des propos séditieux à l’intention de la jeune femme. Elle aurait pu continuer à l’ignorer en poursuivant son chemin mais elle avait un doute sur le fait qu’il la laisserait partir facilement. Il ne semblait pas être le genre d’homme qui laisserait échapper une cible aisément et c’était ce qu’elle était pour lui semblait-il, une proie. Ainsi donc, au lieu de repousser inutilement le moment fatidique où il la sauterait à la gorge, elle préféra rebrousser chemin pour aller à la rencontre du grossier personnage. Elle se planta fièrement devant celui-ci avant de recourir à son tic habituel qui était de faire semblant d’arranger ses lunettes.

- Si vous avez froid, pourquoi ne vous habillez-vous donc pas convenablement ? Vos muscles auraient-ils absorbé votre capacité de raisonner correctement ?

Les yeux de la Natsumi se perdirent sur un bandeau qui s’accrochait misérablement sur Monsieur Muscle. Celui-ci arborait l’insigne de Suna. Était-ce là, la raison qui l'avait poussé à se plaindre du temps qu’il faisait bien qu'on était en plein été ou bien, comme elle l’avait déduit initialement, il cherchait tout simplement à la provoquer. Ou peut-être il y avait là les deux raisons. Enfin bref, peu importait le pourquoi du comment, il avait en tout cas réussi à la faire réagir mais était-ce une bonne chose pour lui car comme on dit «il faut se méfier de l’eau qui dort» …

Face à ses paroles séditieuses, ce fut la petite perchée sur l’épaule de Monsieur Muscle qui réagit en premier et ce pour enfoncer encore plus celui qui semblait pourtant être son partenaire. Une fois de plus, la Natsumi arrangea inutilement ses lunettes alors que ses yeux regardaient à présent plus en détail le petit être qui venait de prendre la parole. Curieux couple se disait-elle tout en se demandant quel genre de relation ces deux-là pouvaient bien entretenir. Vu l’être qui semblait représenter l’homme, une brute à l’état pur, elle en déduisit qu’il se servait de la petite comme une sorte d’arme pour certaines techniques. Enfin bref, connaître ce qui les liait ne l’intéressait pas plus que ça ainsi elle ne s’attarda pas sur le sujet.

Après avoir dit à la petite de rester à sa place donc de se taire, le géant lui proposa un marché qu’elle trouvait dénué de quelconque intérêt. Bien qu’elle semblait l’écouter, Il était évident qu’elle se désintéressait royalement des propos du sunajin. Il n’avait pas besoin d’ouvrir la bouche pour lui faire comprendre ce qu’il attendait d’elle. Un seul regard sur lui, avait suffi à la kumojine pour savoir que celui-ci attendait un adversaire capable de lui offrir un combat digne de ce nom. Il aurait sans doute préféré tomber sur un gaillard aussi balaise que lui au lieu d’une pauvre femme comme elle mais il semblait pourtant la considérer comme étant capable d'assouvir son besoin de violence.

Croyant sans doute que la jeune femme avait accepté son challenge, le sunajin alla reposer la petite sur le tronc d’arbre où ils s’étaient installés initialement avant de revenir de nouveau vers celle qu’il considérait certainement comme son futur adversaire à présent, bien qu’elle n’avait émis aucune réponse, négative ou positive, concernant sa requête. Mairu s’avança tout doucement vers l’homme mais au lieu de s’arrêter devant lui, elle passa à côté pour se diriger vers la petite fille qui venait de lui adresser la parole. Elle passa une main devant les yeux de celle-ci et aucune réaction oculaire. Son doute venait donc d’être confirmé, la petite était aveugle. Elle posa une main sur la tête de cette dernière avant de lancer sur un ton jovial qui ne lui était point habituel :

- Je m’occupe de ton compagnon et après je serais à toi. Je te ferais des jolies nattes.

Elle qui détestait pourtant les bambins n’éprouvait aucune haine envers la petite. Sans doute à cause de son handicap ou juste parce qu'intérieurement elle avait pitié d’elle d’être le jouet d’un monstre. Puis elle revint vers Monsieur Muscle pour s’arrêter à moins d’un mètre de lui. Elle le reluqua plus attentivement et un léger frisson lui traversa le corps. Bon, il n’était pas tout à fait à son goût, trop de muscle et n’en avait pas assez dans la cervelle, mais son esprit malsain avait imaginé une scène assez torride avec cet être qui pourrait se montrer sauvage dans un ébat. Une relation purement sexuelle avec lui ne serait sans doute pas une expérience déplaisante. Le sunajin avait fini par éveiller chez la kumojine aux multiples personnalités non pas la sommité qu’il recherchait, c’est-à-dire un être capable de lui offrir un combat mémorable, mais plutôt le côté lubrique de la jeune femme. Délaissant son expression désintéressée habituelle, elle affichait à présent le faciès d’une prédatrice s’apprêtant à sauter sur sa proie. Elle tendit une main dont les doigts frôlèrent le torse nu qui lui faisait face avant de glisser avec lenteur le long du torse puis du ventre du Sunajin, caressant au passage la peau des bouts de ses doigts délicats. Arrivée en bas du nombril, elle glissa son majeur sous la ceinture du pantalon de l’homme qu’elle pinça avant de tirer sur celle-ci pour créer un passage. Pourtant elle ne jeta pas un œil à travers ce dernier comme on aurait pu s’y attendre mais elle se contenta de plonger son regard où dansait à présent une lueur lubrique dans celui de l’homme.

- Et si je te proposais un autre divertissement bien plus attrayant ? Un moyen qui te permettra d’évacuer plus efficacement ta frustration …

Ce fut avec une grande surprise que la Natsumi se vit se faire soulever par un bras musclé qui la plaqua sans ménagement contre le torse de son propriétaire. Ce dernier l’avait soulevé d’une main seule posée sur son postérieur. Exploit à la hauteur de son apparence physique donc. La jeune femme entoura la taille du Monsieur Muscle avec ses jambes, remontant légèrement de façon à avoir leurs visages en face à face. Son regard sanguin plongé dans celui du sunajin, la kumojin lui adressa un sourire qui se voulait charmeur mais que bien de ceux qui la connaissait aurait trouvé réellement louche tant il était rare de la voir arborer une telle expression. Elle passa ensuite ses mains derrière le cou du mâle tout en gardant son expression de femelle en chaleur. Tout doucement, elle insinua ses doigts dans les cheveux du géant puis avec la même lenteur elle approche son visage de celui de l’homme s’apprêtant à joindre leurs lèvres. Mais alors que ces dernières étaient sur le point de se toucher, la jeune femme recula à une vitesse prodigieuse sa tête pour distribuer un violent coup de boule au niveau du nez du sunajin au lieu du baiser miroité. Elle avait renforcé son front avec de la cendre(1) tout en ramenant la tête de l’homme vers elle pour renforcer l’impact, grâce à l’emprise qu’elle avait derrière sa tête.

Profitant de l’effet de l’offense inattendue dont elle ne cherchait même pas à étudier le résultat, elle se défit des emprises qu’elle avait sur le corps de Monsieur Muscle, basculant son corps en arrière tout en défaisant ses jambes alors que son corps s’était soulevé sous l’élan de son balancement. Tel un être fuyant la mort, elle effectua une succession de flips arrière pour s’éloigner rapidement du sunajin et ne se stabilisa sur ses pieds qu’une fois à une distance raisonnable de celui qu’elle avait finalement décidé de ne pas compter parmi ses aventures d’un moment. Fidèle à l’être complexe qu’elle était, la Natsumi avait changé aussi rapidement que sa personnalité lubrique avait pris le dessus sur sa personnalité habituelle. Debout à plusieurs mètres de l’homme qu’elle fixait à présent de son regard froid habituel, elle arrangea ses lunettes d’un index par le milieu de la monture.

- Désolée mon grand mais j’ai changé d’avis. Tu es bien trop entreprenant pour la jeune fille trop timide que je suis.

Mensonge qu’on pouvait aisément déceler sur l'expression qu’arborait son faciès et qui ne s’accordait point à ses propos.

- Puis-je te demander de déguerpir de cet endroit sans faire d’histoire … après que j’aie faits les nattes de la petite ?

La demande de la kumojin pouvait être interprétée comme étant née de la peur mais loin d’elle de ressentir ce sentiment qu’elle avait oublié depuis belle lurette. Elle ne souhaitait tout simplement pas s'engager dans un combat qui ne rimait à rien. Tout comme elle détestait ouvrir une hostilité physique, elle n’était pas friand des efforts pour une cause qui n’en valait la peine. Ce qui était le cas dans la situation actuelle …

Pause Explicative:

hrp:

Vouloir jouer avec le feu, on finit parfois par se faire consumer mais heureusement pour la Natsumi, sa capacité absurde de changer rapidement de personnalité, lui avait permis de retrouver un semblant de lucidité avant que le loup dans la gueule duquel elle s'était jetée volontairement ne l'avait gobé entièrement. Après son échappatoire digne d'une gymnaste professionnelle, elle se retrouva donc rapidement campée fièrement sur ses deux jambes, à plusieurs mètres du loup affamé qu'elle lorgnait à présent de son regard sanguin qui avait retrouvé son expression indifférente presque dédaigneuse habituelle. La jeune femme était loin d'imaginer que le géant de Suna venait de lui laisser quelque chose qui allait lui jouer bien des vilains tours si la situation se gâtait.

Retrouvant sa personnalité habituelle qui n'allait surement pas plaire à l'être avide de combat qu'était son adversaire, la binoclarde ne semblait point encline à poursuivre l'hostilité qu'elle venait pourtant d'ouvrir. Chose que celui qu’elle venait de provoquer sans vraiment le vouloir lui fit remarquer oralement. Au lieu de poursuive son offense, la kumojin se contenta de continuer à fixer le sunajin après lui avoir demandé de décamper. Malheureusement le géant de Suna ne semblait pas vouloir lui obéir car au lieu de partir, celui-ci s’arma de son marteau géant. Il se contenta de porter l’objet imposant sur son épaule, comme si celui-ci ne pesait que l’équivalent d’un marteau ordinaire, tout en fixant la jeune femme qui la fixait tout autant. Il saignait du nez mais ne semblait point s’en préoccuper.

Comprenant que le sunajin ne la laisserait pas partir sans avoir eu son lot de combat contre elle et ce, bien qu'elle montrait clairement qu'elle n'était point motivée pour s'adonner à cette activité qu'elle qualifiait personnellement comme étant une perte de temps, du bout de son index de la main droite, la binoclarde arrangea inutilement ses lunettes tout en s’apprêtant à intercepter une attaque. Elle pourrait délaisser le géant, quitte à se faire attaquer dans le dos, mais là n'était point son genre. Elle n'était pas un être qui portait un haut estimé sur cette chose ridicule qu'on nommait dignité mais tourner le dos à une difficulté était une chose qui lui était inconnue. Ainsi donc, elle ne cherchait pas une échappatoire face à la situation malgré que celle-ci ne lui plaisait guère. Il ne lui restait donc plus que l’option d’offrir au sunajin ce qu’il cherchait, quitte à y mettre de la mauvaise volonté.

Elle n’eut pas à attendre bien longtemps la première offense tant attendue de la part de son ennemi. Ce dernier avait lancé son arme imposante vers elle. Chose à laquelle elle s’attendait. Décidée mais à moitié, elle tendit sa main gauche en direction de son adversaire. Geste qui prouvait un manque de sérieux évident de sa part car elle s'apprêtait à user d'une technique dont la puissance maximale nécessitait l'utilisation des deux mains. Sous estimait-elle donc son adversaire ? Négatif. Elle était bien consciente que celui-ci risquait de lui faire passer un sale quart d’heure mais elle n’était pas du genre à se forcer sur elle-même. On pourrait attribuer son comportement suicidaire à de l'insouciance plutôt qu'à de l'inconscience et celui-ci pourrait bien marquer la fin de sa misérable vie un jour mais pour l'heure, elle ne trouvait pas une raison valable de prendre au sérieux ce combat qui ne rimait à rien. Elle jouait donc avec le feu au risque d'y laisser la peau.

Alors que le marteau fonçait vers elle à toute vitesse, la Natsumi fronça les sourcils. Quelque chose clochait avec la technique qu’elle s’apprêtait à lancer. Celle-ci tardait à se manifester tant qu’elle du intercepter le marteau à coup de poing de sa main droite(1) alors qu’elle avait décidé de l’arrêter à distance. Sa contre-attaque avait réussi à arrêter le projectile géant qui sous l’impact répercuté de son coup de poing avait reculé de plus d’un mètre. Cependant elle avait l’impression que sa technique d’urgence n’était pas aussi puissante qu’habituellement. Trois impacts auraient suffi à briser l’instrument hors il en a fallu les cinq pour que celui-ci finissait, non pas en miettes, mais juste par se fissurer en gros morceaux …

hrp:

En voyant le résultat affaibli de son offense, la Natsumi comprit alors que quelque chose perturbait l’utilisation de son chakra dont la réserve était pourtant presque entière. Non seulement elle avait du mal à lancer ses techniques, leurs effets étaient en plus amoindris. Le sunajin l’aurait-il fait quelque chose durant leur proximité ? Il lui avait surement posé un sceau qui l’empêchait de malaxer son chakra correctement. Elle ne voyait pas une autre explication plausible à ce stade de leur combat. La fatigue ne la gagnait pas encore et son chakra était à peine entamé alors là était la seule interprétation qui lui venait à l’esprit.

Une technique qui handicapait l’ennemi dans l’utilisation de son chakra, voilà une chose de bien avisée. Monsieur Muscle n’était pas alors un simple corps imposant mais en avait un peu dans la tête. Cette idée arracha un sourire discret mais qui dénotait un sadisme évident en coin des lèvres de la jeune femme qui venait de trouver là une raison de se montrer un peu plus sérieuse dans ce combat qui ne rimait pourtant à rien. Alors que beaucoup auraient eu peur de perdre l’avantage avec un tel handicap, cette idée était pourtant la source de la motivation de la binoclarde. Elle n’était pas du genre à savourer les challenges qu’elle laissait volontiers à ceux qui aimaient « péter plus haut que leur cul » mais elle avait toujours été friande des nouvelles expériences même si celles-ci pourraient bien se solder par un échec voire la mort de sa part. Contrairement à son adversaire, la Natsumi n’était pas un être avide de combat mais elle avait un côté qui aimait se frotter avec la mort. C’était cette facette de sa personne qui venait de prendre le dessus face à la difficulté que venait de lui imposer son ennemi.

La kumojin n’eut pas le temps de chercher la présence du sceau suspecté sur son corps, qui devait se trouver logiquement sur l’une de ses fesses, seul endroit de son corps qui avait rentré en contact direct avec les mains du sunajin, car ce dernier enchainait déjà par un nouvel assaut. Après avoir fait voler en éclats par un coup de poing digne de la force brute qu’il était, le reste de la tête du marteau qu’elle avait réussi à fissurer, Monsieur Muscle la chargea. Telle une invitation à l’offense dont elle était la cible, un sourire bien vicieux se peignit avec évidence sur le faciès de la binoclarde

- Viens donc danser avec moi mon ange !

Du vent s’éleva rapidement au niveau des pieds de la Détraquée remontant à une vitesse folle le long de son corps(1), aspirant les morceaux de métal qui menaçaient de la déchiqueter ainsi qu’une grande partie des bois et cailloux environnants. Les débris s’ajoutaient telles des armes qui menaceraient les êtres vivants aspirés avec eux. En quelques secondes, la Nastumi avait totalement disparu au milieu d’un tourbillon qui prit l’apparence d’un dragon géant. Celui-ci absorba l’attaque de son assaillant qui semblait avoir disparu. Était-il absorbé par le corps tourbillonnant de la créature ? Les yeux du monstre du vent guettèrent alors les alentours. Si le géant avait réussi à s’échapper alors il n’aurait plus qu’à l’engloutir de sa gueule afin qu’il honore la danse offerte par sa maîtresse. Mais l'handicap dont la binoclarde était victime continuait à faire effet car elle avait du mal fou à garder son dragon élémentaire qui menaçait de disparaître alors que sa puissance était déjà amoindrie par l'attaque qu'il avait absorbé. Celui-ci se rapetissa peu à peu puis finit par disparaître, contre la volonté de sa manipulatrice, en expulsant violemment ceux qu’il avait réussis à engloutir …

hrp:

Alors que le dragon du vent disparut complètement pour révéler une Mairu au bord de l'hystérie, le sunajin, qui avait échappé miraculeusement à la créature dévastatrice, ne laissa aucun moment de répit à la jeune femme. Le géant de Suna avait guetté l'instant où le montre du vent disparaîtrait pour assaillir sa créatrice de trente aiguilles. La kumojin eut juste le temps de couvrir la zone la plus exposée de son corps, c'est-à-dire le torse et le ventre, d'une couche protectrice de couleur sombre(1) alors qu'instinctivement, ses mains vinrent se croiser au niveau de son visage pour tenter de protéger celui-ci. Une tentative de protection qui se révéla insuffisante car une dizaine d'aiguilles se plantèrent ici et là de son corps non protégé. La majorité des minis-projectiles avaient atterri sur le sol après avoir rencontré l'objectale qui s'était dressé au niveau de la zone ciblée mais cinq avaient meurtri les bras de la cible dont trois au bras gauche alors que sept autres s'étaient nichés dans ses gambettes comme si celles-ci n'avaient pas eu leur lot de souffrance depuis leur existence.

Ignorant totalement les aiguilles plantées dans sa chair qui commençait à saigner ainsi que la douleur qui commençait à la lacérer, la Natsumi écarta tout doucement les bras qui avaient servi de protection à son joli minois pour laisser entrevoir un sourire carnassier qui déformait à présent ses lèvres appétissantes. Une expression qui lui était si rare mais qui ne lui était pas totalement absente et lorsqu'elle se manifestait pouvait-être alors considérée comme un mauvais présage pour son assaillant ou bien le début d'un divertissement jouissif pour un adversaire avide de la brutalité. La jeune femme, dont la personnalité hystérique commençait à s'éveiller face à ce combat qui ne rimait pourtant à rien, ne laissa pas le temps à son adversaire de savourer le sourire de jouissance qui illuminait à présent son visage d'une détraquée car elle le chargea sans crier gare avec un violent coup de poing(2) au niveau du ventre après avoir effectué un déplacement(3) imprévisible à l'œil d'un simple commun du mortel.

N'étant pas dénuée de sa clairvoyance malgré son état qui pouvait faire croire le contraire, après sa charge express, la kumojin effectua une série de flips arrière sans prendre le temps d'étudier le résultat de son assaut pour éviter une contre-attaque directe venant de sa cible. Elle se positionna sur ses jambes seulement lorsqu'elle fut à une distance raisonnable de son point d'assaut mais ses pieds eurent du mal à la soutenir car elle tituba telle une shootée vers l'arrière mais ne se laissa pas tomber. Une fois son équilibre retrouvé, elle daigna enfin retirer les aiguilles qui continuaient à martyriser ses jambes et ses bras qui saignaient à présent dangereusement. Elle défit ensuite le bandage qu’elle avait au niveau du poignet gauche pour révéler un sceau d’invocation gravé sur sa peau.

- Regarde dans quel état tu m’as mis mon ange. Je crois que tu mérites une petite punition !

Le ton était mi-joueur mi-roucoulé et les déclarations firent conclues par l’invocation de son arme fétiche qui était un fouet de couleur noire(4). Ses plaies saignaient plus abandonnement à chacun de ses mouvements et si elle persistait, elle perdrait surement conscience avant même d’infliger le moindre dégât à sa cible mais la douleur qui la martyrisait se transformait peu à peu en source d’énergie à la créature qui lui a valu le surnom de « la Détraquée » qui semblait à présent totalement éveillée …

hrp: