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Blondie a été claire sur un sujet : le Chalet devait être, et rester, le meilleur établissement des sources chaudes des parages. Chaque employé ne devait qu’inspirer sympathie et confiance. Chaque client avait à se confier de lui-même, ou avec l’aide de l’alcool. Elle se fichait royalement des revenus, elle voulait de l’information. Comment se portait le commerce de Yu no Kuni ? Quelle était la force de la flotte marchande ? Est-ce que le clan Joki était une aide, ou un obstacle ?

« Et m’assurer que la petite vermine orpheline n’est pas totalement délaissée » soufflais-je. Chercher à se lier au Daimyo n’était pas la seule étape pour connaître tous les tenants et aboutissants de ce pays. Il fallait également se diriger tout droit vers les rats d’égout, soit tous les mendiants, prostituées ou encore orphelins voleurs des rues. « Alors, si je comprends bien, une partie des revenus du Chalet doit revenir aux gamins ou aux mendiants hebdomadairement pour des informations, avec une provision supplémentaire pour toute information spéciale et exceptionnelle ». Elle a été claire : les enfants, et les mendiants. Le reste était trop versatile, trop orienté vers un seul et unique objectif : le profit personnel.

« Bon, il me faut une aide supplémentaire exceptionnellement. Une fille qui semble sympathique … ».

Je passe une petite annonce pour un « emploi temporaire bien payé ». Différente demoiselle se présentait mais aucune ne me convenait réellement. Elles ne paraissaient nullement volontaires ou alors elles étaient un brin trop intimidantes, ou trop naïves. Finalement, une demoiselle se présenta, qui semblait apporter « l’aura » que je recherchais.

- Notre noble établissement souhaite apporter son aide aux démunis du pays mais, malheureusement, je ne peux rien tout seul. J’ai besoin d’une aide supplémentaire pour faire le tour du pays, à distribuer de la nourriture.

Je me tais, et étudiais attentivement la réaction – ou le regard – de la brunette.

- La cible visée est avant tout les orphelins laissés à la rue, ou qui arpentent les rues « par choix », ainsi que les mendiants. Ce projet est vraiment tenu à cœur, dis-je avec une certaine lassitude. Et il me faut une personne qui sait inspirer la sympathie, et la confiance. Le projet durera une semaine, et vous serez payés comme il se doit pour cette semaine.

Je lui donnais une somme qui était – ma foi – fort correct – mais non exceptionnel – pour l’emploi. En théorie, tout ce qu’elle aura à faire est de sourire et de distribuer des petits pains, pendant que je me chargeais de faire un ou deux accords avec ces messieurs dames à peine avec du poil sur le menton. Est-ce que c’était « éthique », vous demanderiez-vous ? La réponse est « Non », évidemment. Cependant, la vie n’était pas un jeu « fair play ». Ce n’était qu’une succession de « coup de pute » ou d’ironies. Si on ne jouait pas avec ces fameuses règles, on s’épuisait pendant de longues années pour se retrouver assis sur son canapé, à ronchonner sur une sale vie. A contrario, si on jouait avec, on finissait comme moi : cynique mais heureux, seul mais riche – avec la possibilité d’acheter ce qui manquait. Même l’homme. Et cette semaine allait le prouver : se faire des amis avec de l’argent était une valeur plus sûre que se faire des amis par les sentiments. Les sentiments sont changeants, et traitres. Mais l’or restait l’or, jaune, éternel … Et toujours attirant.

Citation :

Pour information, RP avant l'Ellipse mais présent ici pour garder un suivi de tout rp sur Yu & Le Chalet '^'.

Debout au milieu d'une ruelle, la Natsumi regardait la rue adjacente qui, contrairement à celle où elle s'était positionnée, était bondée de monde. Elle n'avait aucune envie de se faufiler parmi ces hommes, femmes et enfants mais elle n'avait pas vraiment le choix. Elle était ici pour trouver un travail pour survivre et pour cela, elle n'avait pas d'autre alternative que de devoir fréquenter ses congénères. Elle allait même devoir obéir à celui qui l'embauchera. Chose qui ne la dérangeait pas cependant car, étant une ancienne kunoïchi au service d'un village caché, elle avait vécu une grande partie de sa vie à exécuter des ordres. Mairu appréhendait surtout de ne pas se faire embaucher à cause de sa froideur et son côté taciturne qui l'avaient toujours isolée depuis la mort de son grand-frère Haru Natsumi.

Après plus de sept mois à vivre dans la Forêt de la brume, éloignée de toute civilisation, elle était devenue une parfaite sauvageonne qui avait du mal à vivre parmi ses semblables. Ne se sentant pas à sa place même pas dans un hameau, la Natsumi avait décidé de s’installer dans une grotte dans l’une des nombreuses montagnes de ce pays. Elle avait donc quitté une tanière isolée pour une autre et qui, de plus, était moins confortable.

Un jour, elle vivrait peut-être dans un appartement comme autrefois - lorsqu’elle servait encore le village de Kumo - mais pour l’heure, elle préférait le confort qu’elle avait aménagé dans sa tanière naturelle qu’elle partageait avec son sanglier qui était devenu son plus fidèle compagnon. La présence de son animal de compagnie, qui ne pouvait vivre parmi les humains, était également la raison qui l’avait poussé à se terrer dans une caverne. De plus, elle n’avait pas à débourser de loyer alors elle n’avait plus qu’à trouver de quoi se nourrir et s’habiller. Raisons qui l'avaient poussé à fouler cette ville qui était la plus proche de son nouveau domicile.

Finalement, la jeune femme aux prunelles sanguines décida de sillonner la rue bien animée. Elle prit le soin de marcher sur le bord de l'avenue afin de guetter des affichages d'offre d'emploi. Elle ne cherchait pas un travail en particulier mais elle ignora pourtant les premières annonces qu'elle trouva car celles-ci proposaient de faire des choses qui ne la convenaient pas ou qu'elle ne maitrisait pas comme "masser", "danser" ou encore "jouer un instrument de musique". À croire qu'il n'y avait que des divertissements dans cette ville.

Plus d'une heure s'était écoulée lorsqu'elle pénétra l'enceinte du Le Chalet qui cherchait quelqu'un pour un emploi temporaire. En quelques minutes, la Natsumi se retrouva face à la personne qui gérait l'établissement de source chaude.

- Dire que ma personne attire la sympathie serait vous mentir mais je vous prie de bien vouloir m'accorder ma chance, fit Mairu tout en accordant une courbette de sollicitation à son interlocutrice.

Si elle venait à être embauchée, son employeur se rendrait vite compte de son être qui ne respirait pas vraiment la joie de vivre alors la Natsumi préférait ne pas inventer de mensonge sur sa personnalité. Son indifférence à tout la rendait asociale contre son gré mais si elle ne pouvait ravir avec le sourire, elle pourrait peut-être avec l'attention qu'elle pensait être au moins capable d'offrir …

« T’as un style de fillette ma petite, c’est exactement ce que je recherche pour rassurer ces petits hommes que je ne suis pas un vulgaire voleur d’organes ou un fanatique des pubères. Et t’as de jolies nichons, tu pourras un peu faire rêver les quelques clodos qui n’ont pas dû voir grand-chose de propre depuis belle lurette. Le spectacle des yeux, et un air à la dérive, le mélange de la pin-up avec la martyre, voilà ce que je veux » me disais-je, ne révélant nullement mes secrètes intentions et commentaires que ce soit par un regard déplacé ou une gêne quelconque et stupide. Non, je restais toujours cet imperturbable homme d’affaires qui cherchait « la perle ». Par contre, la perle avait besoin d’être lustrée un tantinet : elle sentait un-quelque-chose dont je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Sa tenue était aussi à retravailler – une simple robe suffirait – et, une coiffure un peu plus féminine.

- Je ne demande pas à ce que vous deveniez leurs amis, très chère dame, mais à leur donner quelques bouts de pain ou de repas avec un sourire ou deux, lui répondis-je assez rapidement, coupant ainsi court à toute question pour cette histoire de « socialiser ». Ta chance peut t’être accordée si tu acceptes bien chaque condition que je vais poser. En dehors de cela, si une nouvelle condition me vient à l’esprit au courant de notre voyage, tu auras la liberté de la refuser. La faute n’est que mienne d’être un sot.

J’étais un homme d’affaires, et non un homme de cœur ou un tyran machiavélique : je savais respecter mon contrat. Et toute clause hors contrat ne pouvait être ajoutée sans l’aval de l’autre partie, naturellement. La base de tout bon commerçant qui se doit de faire attention à sa réputation.

- Bien. Tout d’abord, ce sera un voyage sur quelques jours sur Yu no Kuni. Nous nous établirons dans des établissements, sur les frais de mon entreprise. Le repas est inclus dedans. Cela peut expliquer le fait que le salaire reste « peu » mais très correct.

Je la rétribuais pour la marche à venir- si je ne trouvais pas une ou deux voitures pour nous transporter – et pour la distribution de la nourriture. Tout était à mes frais, presque, alors autant ne pas se plaindre du salaire. Je me ruinais déjà littéralement, à cause de Blondie. Enfin, je la ruinais : c’était sa part des profits qui était dépensée, pas la mienne.

- Ensuite, je vous fournirais une tenue plus saillante à votre silhouette, à cet emploi et aux longues journées qui nous attendent. Vous en aurez une de rechange si jamais vous avez le malheur de salir la première. Le nettoyage de ses biens est à votre discrétion, et vous garderez les tenues évidemment.

Je me tus, la jaugeant du regard, cherchant déjà à savoir quelle couleur opter.

- Bien. Si tout cela vous convient, je vous invite à passer cette nuit dans une chambre de notre chalet, afin que vous vous détendiez, que vous profitiez des sources chaudes et que vous vous reposiez. Demain, peu avant l’aube, nous nous mettrons en route.

Je me gratte le haut du crâne, me souvenant d’une chose soudainement.

- En fait, il vaut mieux rester. Le temps que l’on vous apporte la robe, que vous l’essayez, il fera déjà nuit et je ne souhaite pas perdre ma potentielle candidate au fin fonds des forêts de ce pays. Et aucun retard n’est vraiment accepté.

Je suis dur, mais honnête.

Se prélassant dans une source chaude complètement déserte à l'heure tardive qu'il était, la Natsumi n'arrivait pas pourtant à se détendre malgré le lieu très propice à la relaxation. Elle ne cessait de se demander si son sanglier s'en sortait sans elle. Elle l'avait dompté alors que c'était déjà une bête adulte sauvage alors elle le pensait être capable de survivre sans elle même maintenant. Indépendance qui l'avait fait d'ailleurs accepter ce travail qui va la faire voyager pendant plusieurs jours sans son animal mais la jeune femme n'arrivait pas cependant à avoir l'esprit tranquille. Elle s'était tellement attachée à son sanglier qu'elle considérait comme un très fidèle compagnon de route bien plus précieux qu'un homme. Si elle n'arrivait pas à savourer pleinement la compagnie de ce dernier, elle se sentait très à l'aise auprès de son suidé à qui elle discutait bien plus souvent qu'à ceux qui lui ressemblaient. Avec son animal, elle était capable de sourire et parfois même de plaisanter alors que face à un humain elle ne réussissait qu'à afficher un faciès complètement placide et elle n'ouvrait la bouche que pour exprimer l'essentiel.

Ayant conscience de son problème de communication avec ses semblables, Mairu se disait que celui qui venait de l'engager pourrait très bien regretter de l'avoir embauché mais elle ferait tout pour ne pas le décevoir. Faire des efforts était au moins une qualité qu'elle possédait avec celle de la persévérance.

Cette nuit-là, après un bon repas, elle eut droit à un futon bien douillet. Trop même pour elle qui n'était plus habituée à autant de confort qu'elle avait du mal à s'endormir. Après avoir changé sans cesse de position pour trouver celle qui convenait à son corps, la Sauvageonne finit par rouler sur le tatami amenant le drap avec elle puis elle attrapa le coussin pour dormir à même le sol.

À l'aube, elle se présenta auprès de son employeur avec la tenue qu'il lui avait fait essayer puis approuvé la veille. La Natsumi accordait si peu d'importance à son apparence qu'il aurait pu très bien l'habiller en sac à patates ou en robe de princesse qu'elle n'aurait pas fait la différence. Tout comme il aurait pu très bien la faire travailler en tenue de clown car la honte lui était complètement étrangère ou encore en simples sous-vêtements car la pudeur elle ne connaissait pas. Comme quoi, être un je-m'en-foutiste impérial n'avait pas que des points négatifs. N'accorder aucune importance aux futilités de ce monde vous facilitait tellement la vie …

- Parfait ! me contentais-je de dire avant de la presser par quelques gestes à monter sans tarder dans une « voiture », qui était surtout une calèche tirée par les chevaux.

Malheureusement pour moi, la calèche n’était pas une petite cabane en bois. C’était surtout un bout de toile comme toit, et quelques maigres barrières de bois pour ne pas tomber. Il semblerait que ce n’était que les « seuls véhicules » qui pouvaient fréquenter certains chantiers – ou alors, tout simplement, Yu no Kuni n’en avait pas mais que le commerçant ne voulait pas l’avouer. Toujours est-il que j’étais le spectateur, malgré moi, de la façon dont les crottes d’un cheval naissait de la raie de ses fesses pour s’écraser mollement à même le sol, en dégageant une forte odeur, et en lavant les « restes » en balançant sa queue. Le voyage allait être sacrément long. Trop long même. Alors je meublais sans tarder la conversation pour deux.

- Je suis actuellement un commerçant au service de la Daimyo de Kaze no Kuni, me targuais-je d’emblée devant la brunette. Et elle prend très à cœur à ce que tout entreprise dont elle est copropriétaire travaille pour le bien-être général, et non pas dans un simple et égoïste but lucratif. Personnellement, je trouve la vision trop optimiste et naïve. Heureusement, je suis là pour ramener sur les rails certains comptes.

Et je continuais à parler en indiquant à quel point j’avais su modeler le Chalet pour qu’il réponde aux attentes des meilleurs de Yu no Kuni pour devenir très vite « l’établissement à fréquenter à tout prix ». Qu’elle comprenne qu’elle était plus que bien traitée, et aussi qu’elle était accompagnée par un sacré homme ! Généralement, plus d’une femme me faisait les yeux doux, celle-là semblait trouver la crotte d’un cheval plus intéressant que mes paroles, pour dire ! Ou alors était-ce ses yeux d’une couleur écarlate inhabituelle qui me donnait cette sensation.

- Vos yeux ont toujours été rouges ? demandais-je soudainement, sans préliminaire et sans mettre davantage de forme. Il semblerait que la demoiselle était le genre à parler peu, mais bien, et surtout avec une certaine franchise. Elle n’avait pas menti durant « l’embauche », et ses paroles ne faisaient que se confirmer au fur et à mesure que la journée avançait.

Je me tais soudainement. La voiture s’était arrêtée. Nous étions arrivés à notre première destination. J’ordonnais déjà au voiturier de descendre le premier sac de rations et de vêtements pour le poser quelques parts. Ensuite, et malheureusement, c’était à Mairu et moi-même qui incombaient de transporter le reste. Mes pauvres et fragiles os allaient souffrir ! Je me promettais le massage des mains les plus expertes de Yu no Kuni une fois la mission finie, et une nuit merveilleuse avec quelques beautés de ce paysage même … J’étais déjà « presque » rêveur. Cependant, un gamin morveux vint m’interrompre dans mes divagations, me rappelant mon tâche ingrate.

- Bon, en théorie, je dois donner de la nourriture, des vêtements et les encourager à sortir de leur misère. Entre nous, quoi qu’ils fassent ces gosses, ils restent condamnés. Donc, on se contente de leur donner de la nourriture et des vêtements, et surtout ne pas enflammer leur imagination pour des rêves impossibles.

Blondie est passée de bâtarde ignorée à Daimyo mais c’était des destins un peu exceptionnels. Ce n’était pas possible pour tous les orphelins de rue, surtout s’il n’avait aucun talent Shinobi ou aucune intelligence. Pourtant, certains allaient peut-être sortir leur épingle du jeu : devenir les espions de sa « Majesté Blondie ». J’attribuais à Mairu un secteur, et je me chargeais d’un autre. Discrètement, pendant que je donnais nourriture et vêtement, je demandais aux enfants si tout allait bien, qui était un « salaud » ou qui était « adorable ». Très vite, les noms fusèrent, les métiers s’associaient … Et surtout, le « leader » apparut. Je m’approchais davantage de lui et, futé qu’il était – il n’était pas leader pour un rien – il sentit rapidement ce qu’il pouvait gagner du haut de ses quatorze ans. Soit, il recevra une piécette en or par semaine pour toute information transmise …

La transmission ! Ah Bordel ! Comment était-il censé le faire s’il ne savait pas écrire ? Il fallait que Blondie pense à une solution. D’ici là, je promettais que je viendrais moi-même … La problématique se présenta également avec les clochards. S’ils savaient écrire, cette fois-ci, ils n’étaient pas volontaires à envoyer des lettres ou ne savaient pas. Après réflexion, je trouvais l’idée des lettres stupides : il suffirait que la lettre s’égare entre de mauvaises mains pour que le Daimyo de Yu apprenne qu’un réseau espion se formait, au service de la Daimyo de Kaze. Et la règle de cette dernière était la suivante : aucun conflit politique, et de la discrétion.

« Bon. Faut que je vois avec le B-Man de la petite blondie, pour un meilleur moyen de communication … Ca craint pour la suite. Là, on n’a que Yu. Mais si on se tape dix pays … Je ne peux pas être dans dix pays en même temps. Et hors de question que je devienne un Shinobi suicidaire, pas pour moi la boue, les rations, les guerres, les souffrances et toutes ces conneries de Masochistes ».

C’est donc la tête pleine de question que je revins vers Mairu. Durant le voyage, je ne pus m’empêcher de parler à nouveau.

- Avez-vous eu des soucis avec la population ? J’ai pensé tardivement que j’ai laissé seule une jolie femme, personne n’a cherché à vous faire du mal, j’espère …

J’attendis la réponse pour continuer ensuite sur la véritable question.

- Cela m’embête. A quoi bon donner tant de choses, et prétendre se préoccuper de ces enfants et clochards si on est incapable de les communiquer, ou d’être appelé, quand il y a un vrai besoin ? Auriez-vous une solution à une telle problématique ? J’aime toujours parlé des problématiques avec d’autres, avant de les soumettre à la Daimyo. Elle n’est guère satisfaite que je pose des questions dont les réponses sont évidentes.

Certains auraient trouvé le vieux bien ennuyeux avec son bavardage incessant mais étrangement la Natsumi préférait cela à un silence qui aurait été certainement bien plus insupportable. La kunoïchi qu'elle avait été autrefois, n'aurait pas hésité à l'inviter sans détour à se taire mais il va sans dire qu'elle avait bien changé. Elle n'arrivait toujours pas certes à bavarder ouvertement mais elle était à présent capable d'écouter les autres sans s'impatienter. De plus, elle apprenait des informations plutôt intéressantes sur son employeur qui se révélait être un personnage bien plus important qu'un simple dirigeant d'un centre thermal.

Les données qu'elle récoltait poussaient cependant la Natsumi à se demander la réelle motivation de cet homme qui travaillait pour le daimyo d'un autre pays. Étant un être qui n'aimait guère fourrer son nez dans les histoires des autres, Mairu ne se posa pas plus de question. Elle accomplirait la mission qu'on lui avait confié et point barre. Elle ne se mêlerait pas de cette histoire bien que plutôt suspecte et qui pourrait certainement intéressées certaines personnes.

- Oui, mes yeux ont toujours été de cette couleur.

***

Chargée tel un âne, la Natsumi se planta au milieu d'une réelle bien sinistre où trainaient des miséreux qui la fixaient des regards interrogateurs.

- Je viens apporter de la nourriture et des vêtements pour les enfants !
- Et les hommes, ils ont droit à rien ? … Lâcha un homme qui se rapprochait d'elle ainsi que d'autres.
- Vous êtes assez grands pour subvenir à vos besoins en travaillant ! Fit la Natsumi d'une voix placide avant de se diriger vers un gamin d'environ onze ans et d'une fille moins âgée, ignorant complètement les adultes.

Mairu se délesta de ses bagages avant de sortir une ration de nourriture qu'elle tendit à la gamine qui hésita un moment avant de prendre les victuailles. Elle offrit ensuite sa part au jeune garçon et aussitôt les autres enfants se précipitèrent vers elle pour réclamer leur part. Dans sa précipitation, un petit bouscula l'homme de tout à l'heure. Ce dernier toisa alors le gamin d'un regard menaçant alors que celui-ci s'excusait tout en tremblant.

- Il ne l'a pas fait exprès et il s'excuse ! Lâcha Mairu qui surveillait la scène.

Toutes les attentions se tournèrent vers l'homme et l'enfant qui était sur le point de pleurer.

- Regarde où tu mets les pieds la prochaine fois ou je t'écrabouille ! Râla l'homme avant de s'éloigner.

Mairu ne mit pas bien longtemps pour tout distribuer, nourriture comme vêtements. Elle ramassa ensuite les sacs vides et s'apprêta à rejoindre le vieux du Le Chalet mais une petite tira sur le bas de son vêtement.

- Merci … Madame, fit la gamine d'une voix timide.

Aussitôt, des remerciements fusèrent à son attention alors que les enfants venaient l'entourer tout souriant, certains avec la bouche encore pleine. Une scène qui émut Mairu malgré elle au point que ses propres lèvres esquissèrent un sourire sincère alors que sa main libre caressa instinctivement la tête de la petite fille qui était venue la remercier en premier. Pour une fois de sa vie, elle avait l'impression d'avoir accompli quelque chose de bien. Voir ces enfants heureux la faisait sentir étrangement bien.

***

- Tout s'est bien déroulé. J'ai tout distribué sans encombre, fit la Natsumi qui de nouveau avait recouvert sa personnalité distante habituelle.

Les bras croisés sous son opulente poitrine, l'ex-kunoïchi de Kumo garda le silence un instant.

- J'ai comme l'impression que votre bonne action cache une bien mauvaise intention, finit par lâcher la Natsumi d'une voix bien sereine au lieu de répondre à la question que le vieux venait de lui poser. Vous comptez récolter des informations auprès de ces miséreux et les transmettre à la Daimyo de Kaze no Kuni. Dans quel objectif donc ? … Je n'aime pas m'interférer dans les affaires des autres mais j'ai décidé de m'installer dans ce pays pour la paix qui y règne alors je ne peux ignorer votre entreprise qui pourrait très bien la perturber !

La Natsumi ne désirait guère déclencher une hostilité entre elle et le vieux mais l'idée de voir Yu succomber dans un conflit l'insupportait. Elle s'en fichait du sort du pays car il lui suffirait de partir si la guerre venait à éclater mais l'image de voir s'effacer les sourires des enfants de tout à l'heure la hantait. Leur gaieté semblait l'avoir touché bien plus profondément. Décidément elle avait bien changé. Elle qui n'hésitait pas à voler le gouter d'un enfant pour combler son estomac s'inquiétait à présent du sort de certains.

Une autre motivation poussait la Natsumi à se mêler des affaires du vieux bien qu'elle avait décidé initialement de ne pas s'en mêler. Elle était lasse des conflits. Yu n'était pas sa patrie mais elle avait décidé de s'y établir et en paix. La paix, une utopie que la Natsumi savait pourtant impossible à atteindre tant qu'il y aura tous ces humains avides de pouvoir ici bas. Si seulement elle avait le pouvoir d'éradiquer tous ces égoïstes qui ne pensaient pas aux maux qu'ils causent avec leurs guerres égocentriques …