♪ Il avait remarqué sa timide à l'instant même où il avait ouvert la bouche. Cependant il était heureux de voir qu'elle appréciait les mêmes mets que lui. Mais il l'avait vu froncer les sourcils à ses propos. Bien sûr, il avait été assez dur avec du recul. Ce qui intrigua Nai fut cette facilité à lire ses expressions. Elle ne semblait avoir aucun contrôle sur elle-même et laissait filer toutes ses informations, capitales lors d'un combat aussi bien physique que mentale.
♪ Un sourire puis une réponse. Elle ne refusa pas et l' appela même ... « Monsieur Natsukeru. » Quelque chose qui ne passa pas. Nai était encore jeune, l'appeler ainsi était si vieillissant pour son teint fabuleux. Horrible ! Il effaça aussitôt un froncement de sourcil droit tandis qu'elle terminait son sandwich et rangeait ses affaires. Il avait remarqué qu'elle semblait plutôt chargée. Un gros et un petit sac ainsi que le fameux violon. Pour une si jeune fille, il avait l'impression de connaître la raison de son arrêt. Ce devait être très lourd ! Nai quant à lui n'avait qu'un pauvre sac modestement rempli. Il ne le tenait que de la main gauche car il avait une autre occupation à donner à sa main droite.

‒ Je suis prêt. Mais avant, voyons deux choses ensemble.
Il tendit sa main droite vers la jeune fille et compta avec un sourire, une voix ferme mais agréable.
‒ Premièrement je ne suis pas « Monsieur Natsukeru », mais juste « Nai ». Deuxièment, tu vas monter sur mon dos. Chargée comme tu es, je sens que tu vas te casser une cheville dans la descente. Autant être prévoyant.
Il l'avait alors attrapé et tenait sa jambe droite avec la main libre. Cela fut une proposition qu'elle ne pouvait pas refuser. Oui, avec tout cela sur le dos, elle était vraiment chargée. Nai pouvait très bien la porter avec son fardeau le temps de déniveler les quelques centaines de mètres.
‒ Accroche-toi, ça va secouer un petit peu.

‒ Et hop !
♪ Il avait sauté dans le vide, sans aucune peur ni hésitation. Les secousses étaient plus importantes que mentionner, il avait prévu le coup et ne voulait pas l'effrayer. La falaise était terriblement droite. Nai sautait rapidement de rocher en rocher, avec l'agilité d'un félin. A plusieurs reprises, des morceaux se brisèrent sous ses jambes, mais il s'en sortait merveilleusement bien. « Dernière ligne droite. » lui avait indiqué l'homme aux yeux lumineux. La pente raide arrivait à sa fin. Ce n'avait pas été long pour lui, même si la frayeur aurait pu s'emparer de la jeune fille. Nai n'avait guère ces sensations. Il préférait la soif de liberté qu'offrait la chute.
Il posa les pieds au sol, joints. « Et voilà, opération réussie » Il la laissa alors descendre et reprendre ses esprits avant d'enchaîner en tendant le bras vers une direction précise :
‒ C'est par là, suis-moi !

♪ Le vaste espace allait être parcourue. Dans cette direction il y avait une grande forêt claire où il prévoyait déjà de camper. La route allait être longue et Nai ne préférait pas courir. Ils se contenteraient de marcher. Sur la prairie fleuries qu'ils traversaient, Nai ne disait rien, cela ne l'intéressait pas de beaucoup parler. Il réfléchit et se dit que peut-être ce devait être à elle de lui-parler un peu de sa vie. Après tout elle avait déjà dit beaucoup de choses. Il tourna la tête vers la jeune adolescente et avec un sourire où l'on apercevait ses belles dents blanches dit :
‒ Parle-moi de ton village. Yuki c'est bien cela ? Cela m'a l'air d'une région enneigée.
Il avait commencer à rire pendant plusieurs secondes. Nai était si heureux de marcher sous un agréable soleil et un vent doux. Ses cheveux colorés en dansait, reflétant à leurs manières les rayons de l'astre lumineux.


♪ La tombée de la nuit arrivée, ils étaient arrivés dans la forêt depuis plusieurs heures et avaient bien avancé. Nai s'était alors tourné vers cette demoiselle, lui proposant avec gentillesse de camper ici. « Voyager de nuit pour une demoiselle comme toi, ne serait pas bénéfique. Je connais un peu ces régions, pas sûre. Mais nous n'avons pas le choix. »
♪ Installant son propre campement, Nai trouva quelques branches non loin et prépara un feu. Le dévot insista la jeune a se réchauffer. « La nuit promet d'être fraiche » lui avait-il indiqué par le petit souffle qui se levait d'entres les arbres. Lorsqu'il leva les yeux en l'air, il reconnut Ofukami. Elle veillait sur eux ce soir. Bonne chose. Pour le repas du soir, Nai avait sorti quelques morceaux de viande. « Manger des protéines aideras ton corps à maintenir sa température corporelle toute la nuit. Mange » Lui ne s'était pas privé pour en manger. Il gardait cependant une certaine classe. L'aventurier qu'il était avait de bonne manière ne l'oublions pas.
Il discuta avec elle autour du feu deux bonnes heures, lui racontant différentes histoires de voyages.

‒ Je me suis déjà retrouvé dans une forêt dite maudite. Cela parlait de fantômes capables de détrousser ceux qui osaient franchir leur maison sans autorisation. Tu penses que ces fantômes je les ai vus en un tour de main tellement ils étaient nuls. Les esprits ne me font pas peur. Ce sont juste de pauvres âmes que la Déesse a banni pour leurs affreuses actions.


‒ J'ai déjà franchi des falaises beaucoup plus impressionnantes que celle d'aujourd'hui. Une fois, l'une d'entre elle traversait une épaisseur de nuage. J'en ressortis tout mouillé, comme si j'avais plongé dans une piscine. C'est fou ce que la nature pouvait créer. De l'eau qui flotte en gros ! Intéressante comme aventure tu peux me croire.


‒ Il me restera toujours en mémoire les problèmes que j'ai eus quand j'ai rencontré un seigneur de ce pays. Il n'avait pas aimé ma franchise sur ces côtelettes de porcs. Pas ma faute si ces serviteurs ne savaient pas utiliser un barbecue après tout ! Il m'a jeté en prison pour ça. Laisse-moi te dire que j'ai pas traîné pour sortir. Un coup de sabre par-ci, un coup de boule par là et j'étais de nouveaux libres. Si je ne suis pas fou, ils doivent toujours être à ma recherche, ces nazes !
‒ Tu ne fais pas si bien dire, bandit !

♪ Une troupe de quinze mercenaires sortirent des buissons. Ils entouraient les deux protagonistes de ce conte en riant méchamment. Nai plissa les lèvres en souriant. Alors ils l'avaient bien suivi. Tant mieux, il allait se dégourdir les jambes et les poutrer une bonne fois pour toute. On n'enfermait pas Nai impunément. Le chef était grand, pas rasé de trois jours et ses yeux brillaient d'une intelligence malsaine. Nai le connaissait bien, il lui avait joué plusieurs tours dans son passé. Heureusement, il en connaissait une bonne partie. Ses muscles ressortaient de sa veste grise et son pantalon large imitait un hakama qui cachait ses pieds. Imitation de bouseux !
Il jeta un oeil sur Naoko. Elle était toujours là, près du feu. Nai sorti son sabre. Se tourna vers elle, rapidement, en souriant :
‒ Ne bouge pas, je m'occupe de ces perturbateurs. Simple formalité.
‒ Aller les gars, attrapez-le !

***

♪ Ses petites histoires semblaient avoir un certain impact sur la petite histoire. Notamment cette histoire de fantômes dans une forêt. Ce n'était à son goût pas la meilleure mais soit. Elle était naïve cette petite. Cela en devenait irritant. Ses propos étaient clairs pourtant. Du moins, il avait essayé de les rendre ainsi. Elle lui posa des questions sur des âmes innocentes enfermés sur notre plan. Bien sûr que non ! C'était contre la justice de la Déesse. Ofukami était juste sur tous les points. Aucune exception. C'était une chose que les écrits révélaient. Notre Natsukeru s'était contenté de quelques mots avant d'enchaîner sur d'autres histoires :
‒ Seul les mauvais actes sont punis. Une âme bloquée sur notre espace ne peut être que malfaisante.

♪ Cela lui rappela les quelques phrases prononcées par la petite tandis qu'ils étaient encore dans la plaine. Son petit village natal coincé sous la neige n'était pas le meilleur endroit pour développer une force de caractère. Elle avait été couvée pendant un certain temps. Ce ne fut qu'à la mort de son... non mais ho, c'est de sa vie qu'elle me cause, pas de son village. Nai était certain de sa fragilité mentale. C'était un désavantage. N'importe qui pouvait profiter d'elle. C'était mauvais, très mauvais. Elle n'était pas laide de surcroît... Enfin, elle avait profité de l'occasion pour lui demander s'il avait un village d'origine.
♪ C'était l'occasion pour notre jeune homme aux yeux bleu fluo de se replonger dans des souvenirs. Muchiahou. Un village pénible quand on y repensait avec de la distance. Toujours rejeté, les seuls moments de joies furent dans le laboratoire de Kuteki. Il ne pouvait pas lui avouer ce genre d'élément. C'était beaucoup trop personnel. La vie privé, et dépassée, ne devait être partagée. Elle devait presque être oubliée pour se focaliser sur la foi. Cependant, il lui fallait bien lui répondre quelque chose...
‒ On a tous un village natal, quelque part. Parfois, il n'est pas assez intéressant pour qu'on l'évoque outre mesure. Ce village ne m'a pas empêché de grandir comme je le souhaitais. Parfois, il suffit juste qu'il soit rasé pendant une guerre pour que l'on puisse avancer.

‒ Allez les gars, attrapez-le !
Ha oui c'est vrai, les brigands ! C'est vrai !
♪ Nai sorti son arme en moins d'une seconde. En une seconde, quinze ninja lui s'était jeté sur lui. Ni une, ni deux, il n'attendit pas pour les trancher en quelques instants. Pris dans son combat, il ne percevait plus les actions autour de lui. Quelle stupeur quand il découvrit la scène. Le dernier combattant tomba au sol, évanoui, et dévoila une scène ennuyeuse. Naoko était maintenue par le chef des mercenaires. C'était vraiment bas de leur part d'oser utiliser une petite fille comme cela. Chef et bras-droit annoncèrent la couleur. J'abandonne ou il la tue.
♪ Mais Nai n'abandonnait jamais. Il y avait toujours une solution. Le Natsukeru regarda dans les yeux la jeune fille. Puis il regarda le chef. Puis il regarda son bras-droit. Puis il retournera sur Naoko. Il avait observé que le bras-droit était suffisamment loin ne pas interférer dans l'affaire. Plongeant son regard perçant dans Naoko, Nai envoyait une sorte de message. C'était un regard de confiance. On pouvait très bien y lire la chose suivante : Aie confiance en moi. Ne bouge surtout pas.

‒ Tu te décides, insulta le chef après trois bonnes minutes d'attente dans un silence de mort. Connard !
‒ Hey oh, une minute, tu veux bien ! Nai brandit son sabre devant lui, prêt à se rendre.
‒ C'est bien tu es ... TCHAC !
♪ Le sabre se retrouvait maintenant planter dans l'épaule. Sur le choc, il se retrouva au sol. La douleur du déboitement d'épaule l'évanouie sur le coup. Ce devait être quelque chose de plutôt effrayant pour une jeune comme elle, mais il n'avait pas eu le choix. C'est-à-dire qu'à ses yeux, il était surement mort. Il remarqua que tu sens avait éclaboussé sur le visage de la jeune fille. Il s'approcha d'elle lentement, plongeant son regard dans le sien une nouvelle fois. Il essuya du sang sur sa joue. Son visage était si près du sien. Son nez frôlait le sien. Son regard annonçait la couleur : Ne crains plus rien. Il n'y a plus de danger.
♪ Ce n'était pas entièrement vrai. Le bras-droit était toujours débout. Seulement, il tremblait encore comme une poule mouillée avec la vision d'horreur de son chef, défait. Nai tourna la tête et son regard était celui d'un tueur. Pas besoin de mot, ses yeux disaient tout : Prend ton chef et cassez-vous. Je ne veux plus vous voir. Ils disparurent alors en quatrième vitesse, tandis que Nai recula légèrement tout en tenant encore la tête de Naoko.
‒ Tu devrais manger et boire quelque chose. Ensuite après une bonne nuit de sommeil nous pourrons repartir.

♪ Et c'est ce qu'il obligea à faire. Lui comme elles cassèrent encore un instant la coûte, en silence. Ils se couchèrent, en silence.
♪ Le lendemain. Le réveil se fit également en silence. Les évènements de la nuit l'avait surement choqué et il ne voulait pas trop la brusquer. C'est pour cette raison que Nai fit son packtage sans un mot avant de reprendre la route à ses côtés. La fin de la forêt approchait, sans doute la fin de leur petit bout de voyage ensemble. Pour cette raison, Nai en profita pour lui demander quelque chose.
‒ Douce et naïve Naoko, j'aimerais si tu le veux bien t'offrir quelque chose.
♪ La sortie de la forêt était à une dizaine de mètres. Nai tendit le bras et dévoila son bras. Outre les tatouages verts clair, on pouvait voir un bracelet simple, composé deux perles noires à point gris où était inscrit une spirale blanche sur l'une. Il l'enleva et tout en parlant à Naoko, il le lui enfila. :

‒ Ce bracelet m'a été confié il y a x années par un ami dans l'espoir qu'il me protège de la méchanceté du monde. Je souhaite vraiment que tu l'emportes avec toi. Pierre d'obsidienne, je souhaite qu'à chaque fois que tu regarderas ce bracelet tu puisses prendre des forces pour agir.

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