La guerre faisait rage à l’extérieur de ces murs de sable. Mais chaque représentant des villages veillaient à ce que cela se fasse le moins ressentir possible pour les habitants qu’il protégeait. Les shinobis restant étaient employés au maximum et faisaient de leur possible pour défendre les murs qui les entouraient. Mais il fallait être réaliste. Dans un tel contexte, les défenses étaient affaiblies, ouvrant de petites portes aux crapules dont personnes ne voulaient. Suna n’était pas le dernier village à souffrir de cette hausse d’immigrant dont la présence n’était pas spécialement la bienvenue. Ces derniers causaient le trouble aux seins des commerçants, et importunaient les habitants. Il s’agissait d’un combat quotidien pour expulser ces personnes indésirables, un combat que la grande majorité des genins exécutaient avec brio. Peu échappaient aux mailles du filet soit par malice ou bien parce que des genins seuls ne pouvaient venir à bout de certains malfrats.

Ce jour, Lucy profitait, comme tous les autres jours d’ailleurs, du soleil qui surplombait Suna. Elle arpentait les ruelles en compagnie de Kwizz qui prenait plaisir à découvrir d’autres coins mais surtout d’autres commerces qu’il ne connaissait pas. Le petit écureuil sautait de toit en toit jusqu’à ce que sa maître ne s’arrête près d’un épicier auquel cas il redescendait sur son épaule pour quémander une petite sucrerie. La scène se reproduisait à l’infini et cela amusait Lucy qui prenait un malin plaisir à jouer avec le péché de son compagnon.

Ces deux inséparables se baladaient sans se soucier de ce qui les entourait… ou du moins c’est l’impression qu’ils dégageaient. Si bien qu’un petit groupe aux intentions non louables avait fait de ce couple leur cible. Leur attention avait été attirée par la façon de la jeune fille à dépenser sans compter dans de la nourriture pour son ami, ainsi que sa démarche et son accoutrement. En clair, ils espéraient toucher une confortable rançon avec Lucy.
Depuis déjà quelques minutes quelques brutes suivaient discrètement la jeune fille tandis que d’autres avaient la tâche ardue d’attraper l’écureuil sans qu’il ne fasse de bruit.
Soudain, l’un d’eux saisit le bras gauche de la chanteuse et se positionna à côté d’elle pour lui glisser un petit mot dans son oreille. Dès la saisie Lucy sentit le stress l’envahir, surtout que la poigne de son agresseur était puissante. Malgré son statut, la jeune fille n’avait pas encore l’assurance et la confiance dont on lui demandait de faire preuve. Et dans une telle situation, cela lui était d’autant plus difficile.

Et elle s’exécuta, dirigée par la peur. Rapidement, ils se rendirent dans une ruelle adjacente bien plus sombre et avec bien moins de circulation. Là ils lui expliquèrent la situation, ce qu’elle devait faire et ce qu’ils attendaient d’elle… Lucy n’écoutait plus et figée par le stress elle avait du mal à réaliser ce qui lui arrivait… Jusqu’à ce qu’on lui présente Kwizz, maintenu par la queue et maîtrisé. Cette vision eut l’effet d’un électrochoc pour la jeune fille qui reprit ses esprits et cria le nom de son animal. La relation qui existait entre eux était bien plus qu’une relation d’amitié. Lucy ressentait la douleur et le malaise de Kwizz comme si elle était-elle même dans cette situation.

Elle réussit alors à se dégager des mains de la brute épaisse qui la maintenait, incitant son compagnon à faire de même à l’aide d’une morsure. Puis ils se retrouvèrent au centre du groupe. L’animal s’était blottit auprès de Lucy, qui aurait bien voulu faire de même… Elle prit alors à défaut une position de combat quelque peu ridicule, et tremblant sur ses jambes elle s’exprima avec une voie franchement hésitante.

Elle eut en réponse à ses menaces de nombreux rires. Elle saisit cependant un Kunaï a sa ceinture qu’elle brandit devant elle comme défense. Elle faisait rapidement des quarts de tours pour prévenir toute attaque surprise. Kwizz, quant à lui, grognait sur ces malfrats tout en se cachant derrière sa maître.
Comment ces deux-là allaient s’en sortir ? Il leur fallait juste un petit coup de booste pour mettre en application les compétences qui leur avait valu le statu de genin…

La combat semblait perdu d’avance. Lucy, tétanisée, ne pouvait pas combattre au mieux des ses compétences. En fait, elle ne pouvait déjà pas bouger. Ce kunai qu’elle brandissait, face à elle, n’était qu’un moyen de persuasion. Tout son corps était crispé. Elle attendait un miracle. Puis soudain, ce qu’elle espérait arriva. Une ombre rapide fit irruption sur sa droite pour se positionnée dans son dos. Un flash suivi du bruit sourd d’un poids heurtant le sol, et seulement après le mystérieux inconnu prit la parole. C’était le discours d’un jeune homme qui venait porter son aide. Mais ce n’était pas tout, du moins pour la jeune fille. Cette dernière avait cru reconnaître dans cette voix quelqu’un de familier, un ami même. Toujours figée, Lucy ne bougea pas et ne s’exprima pas non plus. Que se passait-il ? Son corps ne voulait plus répondre à ses ordres, comme si le sentiment de peur avait peu à peu supprimer toutes les commandes de son cerveau.

Elle respirait fortement et rapidement, ne clignait que très rarement des yeux, et tremblait. Seule l’ouïe semblait encore vouloir faire son travail. C’est de cette manière qu’elle se repérait et comprenait plus ou moins la situation. Un autre homme tomba au sol, criant de douleur car frappé par un kunai électrique. Cette action, aussi brutale soit-elle, débloqua partiellement la demoiselle qui put tourner la tête et confirmer l’identité de son sauveur. Son oreille ne l’avait pas trompé, il ne s’agissait du Wada. *’Chi !* Lucy acquiesça un sourire et ressentit des picotements à l’extrémité de ses membres, annonçant la reprise progressive du contrôle de son corps. La présence de son ami agissait comme une libération. Elle se sentait rassurée et en sécurité. Ce dernier s’approcha même de la jeune fille la saisissant pas les épaules, tout en lui murmurant quelques paroles pour la réconforter et l’aider à reprendre confiance en elle. Le courage qu’elle avait perdu se trouvait enfermé dans le kunai qu’elle empoignait fermement. En une fraction de seconde, cette petite arme blanche atteignait sa cible sous la clavicule droite. Le bandit, surpris par cette action, regarda cet objet pointu qui lui faisait perdre du sang, les yeux écarquillés. Mais c’est le second, qu’il reçut juste au-dessus du genou gauche, qui lui fit perdre l’équilibre. Au sol il exprimait alors se douleur à l’aide d’une foison d’injures.

Entre temps, Eishi semblait avoir entreprit un autre malfrat, les cris de douleurs de celui-ci avançait la supposition de la genin. Le dernier du groupe encore debout prit la fuite, apeuré par la puissance dont il faisait face. Mais il n’alla pas loin. Il trébucha sur des caisses en bois qui traînait là. Sa chute était certaine. Il agitait les bras, comme s’il cherchait à agripper quelque chose. La chance lui sourit puisqu’il ne toucha pas le sol, accueillit par le genou d’un chunin qui passait là.
Les mains dans les poches, le pied sur la tête du méchant et en mâchant un chewing-gum, il félicita les deux shinobis. Il leur expliqua également qu’il s’occupait du reste.

L’action terminée, Lucy tomba à genoux. A la limite de perdre connaissance, elle souffla un bon coup. Levant les yeux au ciel, elle cherchait à capter de l’air frais. Elle se frotta ensuite les yeux et laissa ses mains glissés jusqu’à l’arrière de sa nuque. Là, elle s’étira tout en expirant à fond. Puis elle se releva difficilement. Ce qu’il venait de se passer avait été éprouvant en émotions. Elle n’avait jamais vécu une telle situation de stress et n’avait jamais non plus blessé une personne vivante. Il lui fallut quelques temps avant de reprendre complètement ses esprits. Bien évidemment, elle n’avait pas oublié le principal : la politesse. Elle fit demi-tour sur elle-même puis s’adressa au Wada.

L’animal et sa maître avaient eu vraiment très peur. Lucy ne voulait rien laisser paraître, contrairement à l’écureuil qui lui ne demandait qu’à être consolé. Ce dernier, blottit dans les bras de la jeune fille oubliait peu à peu ses tracas. Quant à elle, elle attendait une réponse de la part de son ami, espérant qu’il accepte la proposition. Elle avait besoin de se confier, de parler de ce qu’il venait de se passer, loin de cette ruelle sombre où le sable retombait seulement au sol. Il lui fallait quitter ce lieu et rejoindre un endroit où les gens seraient souriants et où la lumière du soleil effacerait cette obscurité.

Eishi ne semblait pas juger Lucy. Ceci était très important, car même s’il se posait des questions, cherchant à comprendre le pourquoi du comment, cette manière d’agir prouvait l’amitié qu’il avait envers Lucy. Elle se sentait rassurée d’avoir des personnes sur qui elle pouvait faire confiance, mais surtout des personnes qui n’hésitaient pas à lui faire confiance. Comme par exemple, en plein combat contre ces bandits, lorsque le Wada avait pris le risque de se mettre en danger pour réconforter la genin. Ou bien même à l’instant présent, lorsqu’il s’exprima, un peu gêné, au sujet d’un lieu où ils pourraient se désaltérer. D’ailleurs, Lucy souriait en entendant son ami proposer sa requête. Non pas qu’elle se moquait. Disons plutôt qu’elle se réjouissait de constater que les petits aléas du quotidien, quels qu’ils soient, pouvaient en une fraction de seconde faire oublier la récente mésaventure. Oublier, mais pas “tourner la page“. Lucy mettait un point d’honneur à ce sujet car elle considérait que le passé d’une personne faisait ce qu’il était aujourd’hui. Le renier n’était finalement qu’une preuve de lâcheté. Petite parenthèse légèrement hors sujet mais néanmoins importante car la demoiselle ressortirait belle et bien plus forte de cette bagarre.

Tout le stress qu’elle avait cumulé durant cette rixe retombait peu à peu. Mais il lui fallait dès à présent un lieu serein, chaleureux et surtout familier pour se recueillir. Eishi lui avait laissé la possibilité de choisir, alors la réflexion ne fut pas longue. Tous deux iraient dans la seconde maison de la jeune fille. En plus, à cette heure-là, il ne devrait y avoir aucune représentation de sa mère. Ce qui était préférable pour éviter tout ragot embarrassant. Les deux genin, ainsi que le petit écureuil se dirigèrent alors vers le petit bar/cabaret où, à une époque pas très lointaine, Lucy faisait vibrer les murs à l’aide de sa voix. Sur le chemin, ils auraient certainement beaucoup de choses à se dire, ne serait-ce que pour faire un retour d’expérience sur ce qu’il s’était passé. Eishi ne tarda pas à ouvrir le dialogue. Submergée de question de divers sujets, Lucy répondit et tenterait d’en oublier aucune.

Puis Lucy marqua une pause dans le dialogue. Le temps de souffler un peu car elle appréhendait légèrement de devoir se confier à son ami. Elle ne l’avait jamais vraiment fait auparavant. Elle alla alors puiser ce courage le temps d’un aller et retour pour rapporter l’objet volé par l’écureuil. De nouveau au niveau du Wada, ceux-ci reprirent la route ainsi que le dialogue.

Lucy ressentait ce blocage comme une réelle souffrance, une réelle faiblesse. Comment pourrait-elle s’investir en tant que genin si elle ne pouvait combattre un adversaire ? Est-ce que Eishi comprenait sa réaction ? Elle l’espérait tant. Peut-être que lui serait capable d’aider la chanteuse à vaincre ses peurs, comme il avait réussi à le faire tout à l’heure… En tout cas, cette rencontre ne pouvait pas mieux tombée. De cette manière, la jeune fille prenait conscience de son problème avec quelqu’un en mesure de pouvoir l’aider. Et puis, elle retrouvait l’un de ses amis, avec lequel il allait sûrement passer un agréable moment à siroter leur boisson tout discutant de choses et d’autres, permettant ainsi de mieux se connaître.

A quelques pâtés de maisons plus loin, ils arrivèrent à destination. L’enseigne était jolie et le cadre également. Mais ce lieu, aussi familier qu’il puisse l’être pour Lucy, ne la surprenait plus dans sa beauté et sa propreté. La jeune fille entra timidement sur les pavés de la terrasse pour s’assurer de l’absence de sa mère. Rapidement elle fut interpellée par l’une des serveuses du bar.

C’était une fille très énergique. Mais cela était nécessaire pour suivre le rythme que demandait ce bar/cabaret lors de forte affluence. La serveuse leur apporta ensuite la carte rédigée sur une sorte de petit papyrus. Original. Lucy laissa quelques temps au Wada pour qu’il puisse faire son choix sans se sentir pressé, puis elle s’exprima.

Assis autour d’une table sur une terrasse à peine ombragée, Eishi se confiait à son amie. Il venait de commander et sous peu Mia vint les servir. Il n’y avait pas foule à cette heure-ci de la journée mais au moins les deux genins étaient tranquilles. Tranquillité qui permettait de dénouer les langues. D’ailleurs, Lucy avait vu juste ; le Wada n’était pas originaire de Suna… En même temps, qui l’était vraiment ? Ce qu’elle cherchait à savoir en posant cette question, réponse qu’elle eut au passage, était d’apprendre si lui et sa famille avaient participé à la création du village. Elle ne le jugerait pas quant à sa réponse. Elle était uniquement curieuse de connaître le passé d’Eishi, tout simplement intéressée par son vécu. Grâce à la confiance qui régnait, la jeune Hassei en eu pour son dû. Elle apprit, entre autre, qu’il existait un conflit dans la relation père/fils de son invité. La chanteuse était ravie de ce moment privilégié. Ces moments, elle en avait tant rêvé depuis son plus jeune âge. Mais il n’y avait que depuis la stabilité, dont elle avait acquis lors de son aménagement dans la capitale du pays du vent, qu’elle pouvait se vanter d’y songer.

L’écureuil réclamait sa part tandis que les deux ninjas savaient apprécier leurs limonades sirotées. Finalement Kwizz eut le doit à ses cacahuètes avec un peu d’eau. Il ne lui en fallait pas plus pour le ravir. Le calme était revenu, l’occasion de relancer le dialogue. Les bruits de vaisselles manipulés et de mise en place des tables de la salle créaient un fond sonore non pas agréable, mais bien loin d’un brouhaha. Alors que Lucy écoutait avec passion ce que lui disait Eishi, elle voulait en apprendre plus.

La question restait assez ouverte volontairement. De cette manière, s’il ne voulait pas trop s’attarder sur son passé, il lui serait aisé de clore le sujet sans se braquer. Il ne fallait pas qu’il se sente interrogé, ce n’était en aucun cas le but de la discussion. Surtout que plus tard il exprimait cette rancœur qu’il avait contre une majorité des habitants du village qui le regardait tel un étranger. Lucy comprenait son point de vue et ne cautionnait pas un tel comportement. Si bien qu’elle lui en ferait part une fois qu’il aurait terminé de parler. La politesse était une qualité que les parents de la chanteuse lui avaient enseigné, comme plein d’autres…

D’un geste amical accompagné de paroles profondes, le genin expliqua à Lucy sa relation d’amitié qu’il déclarait avoir avec elle ainsi que le rôle qu’il comptait jouer dans cette relation. La chanteuse, quelque peu troublée, fut touchée par ces dires. Ses pupilles brillaient. Seul un timide « merci » sorti de la bouche de la chanteuse. Après une impressionnante gorgée qui termina le verre, elle reprit ses esprits. Ce genre de “choses“, elle n’en était pas encore habituée, tout comme la prise de conscience que la violence devait devenir quelque chose de banale… Pour autant, elle ne perdit pas ses moyens comme dans la ruelle tout à l’heure. Certes elle avait eu de légère palpitations, l’instant d’une ou deux secondes tout au plus, mais elle allait mieux et pouvait reprendre part au dialogue dès à présent.

Aussitôt dit-elle cela que l’écureuil stoppa toutes actions et se boucha les oreilles. Il regardait sa maître comme s’il cherchait à la supplier de ne pas chanter. Lucy rigolait. Il vrai qu’avant d’arriver à un tel niveau de maîtrise, Kwizz en avait beaucoup souffert. Maintenant, cela était différent et il n’avait plus rien à craindre, mais à chaque fois de mauvais souvenirs refaisaient surface…

Entre temps Mia avait fait son retour. Derrière ses obligations de serveuses elle demanda à la genin si elle voulait autre chose à boire, s’étant aperçu du verre vide. Gentiment Lucy lui fit comprendre que c’était bon pour elle. D’un signe d’une main tendue et de l’autre mimant d’écrire sur la première, la jeune fille expliqua à son amie que les consommations étaient à ses frais. Mia répondit d’un signe de tête que tout était bon et disparut de nouveau dans la salle. La demoiselle qui était assise sur cette terrasse en compagnie d’Eishi, les jambes croisés et la tête posé sur la paume de la main droite, accoudée sur la table, écoutait avec passion les récits de son ami. Elle attendrait qu’il ait terminé à son tour sa limonade pour prendre la parole.

Il s’agissait d’une faveur en même temps vaste et sûrement compliquée… En fait, s’il n’y avait pas eu ce geste amicale, ainsi que le discours qui avait suivis, jamais elle n’aurait osé lui demander une telle chose. Le Wada avait conquis la demoiselle. Il venait de prendre la place, laissée vide, d’un homme protecteur qu’elle n’avait jamais eu. Son père était là sans être vraiment présent durant toute son enfance… Le genin venait de signer pour bien plus qu’une amitié. Il était dès à présent tel le grand frère que Lucy aurait tant voulu avoir. Aurait-il les épaules assez fortes pour porter un tel poids, et répondre aux exigences de la chanteuse ? Cette relation, aussi rapide avait-elle put se créer, était tant surprenante que touchante… Elle n’appellerait pas Eishi “nii-san“ mais l’intention était tout comme…

Eichi était quelqu’un de sincère. Ce n’était pas le genre de personnes à profiter des autres.
Ce moment, tous les deux semblaient l’apprécier, et sûrement même un troisième… Lorsque l’un d’eux s’exprimait, l’autre interlocuteur l’écoutait avec passion sans lui couper la parole. Un genre de respect s’était tout naturellement imposé, issu d’une éducation à part entière. Tout comme une certaine retenue couplé à une légère timidité. Jusque lors, la curiosité des genins les poussaient à s’intéresser au passé de chacun. Mais Lucy prit les devant en réalisant sa demande de faveur. Elle avait longuement hésité à lui en faire part, pourtant elle devait saisir l’occasion d’être en présence de ce garçon avec qui elle avait une telle complicité. Par cette demande elle exprimait toute sa gratitude et sa confiance envers le Wada. Ce dernier fut légèrement surpris le temps d’une seconde, puis il acquiesça en expliquant son désir d’aborder le sujet depuis un moment déjà, au bonheur de la demoiselle. Fier et conquis, il lui expliqua que jamais il ne l’abandonnerait et qu’il la protègerait coûte que coûte. Elle pouvait compter sur lui.

Troublé par cette réponse qu’elle espérait pourtant, Lucy ne s’exprima pas tout de suite, laissant ainsi son ami savourer une nouvelle limonade sirotée. Sur le visage de la jeune Hassei, il n’y avait aucune barrière, ni retenue pouvant empêcher d’observer sa joie. Un poids s’était levé. L’épisode ressent qui avait eu lieu dans la ruelle était déjà un souvenir lointain. Cette obscurité qui avait noircie les pensées de la genin avait été éloignée par la lumière apportée par Eichi. A présent, elle pouvait profiter à se laisser bercer par les récits de son ami. Elle s’intéressait à son passé et s’attristait de constater que son enfance était loin d’être aussi rose que la sienne. Malgré ce qu’elle pensait, elle pouvait s’estimer heureuse d’avoir pu vivre comme elle avait vécu. Cependant, elle comprenait petit à petit ce qui lui avait manqué pour devenir une genin, forte de caractère et avec des peurs maîtrisées et contrôlées… Excitée par l’aboutissement de cette discussion, mais aussi avide d’apprendre et de savoir, la chanteuse continua dans sa lancé de questions.

Ce qu’elle attendait d’Eichi ? Peut-être un entraînement ou un cours particulier. Après tout, il lui avait proposé. Elle voulait qu’il l’aide à trouver cette détermination dont il parlait. Lucy voulait elle aussi devenir forte et ainsi ne devoir plus dépendre de personne, même si le soutien du Wada était loin de lui déplaire. Elle souhaitait pouvoir à son tour venir en aide aux autres, et d’au moins pouvoir essayer de les protéger. Et c’est pour toutes ces raisons que la jeune fille avait emprunté la voie ninja. Il s’agissait désormais de son but à atteindre. Malheureusement pour Eichi, celui-ci ne serait plus jamais tranquille jusqu’à ce qu’elle puisse être satisfaite. Etant très proches de la chanteuse, lui et Satsuki étaient les modèles parfaits d’une telle détermination, des exemples à suivre.

La légère brise qui frôlait la peau des genins était devenue gênante. Le souffle, plus puissant, soulevait le sable à hauteur du visage. De plus, la terrasse recevait ses derniers rayons de soleil. Non pas qu’il se faisait tard, bien au contraire. Mais en fait, à cette heure-ci de l’après-midi, la source de chaleur qui trônait dans le ciel venait se cacher derrière les hautes tours du Palais du conseil souverain. Il s’agissait sûrement d’un signe pour décider Eichi et Lucy à quitter la table qu’ils occupaient. D’autant plus que les premiers musiciens faisaient leurs arrivés, saluant chacun leur tour la fille Hassei. Cette dernière, gênée, ne pressa pas pour autant son invité. Elle guettait néanmoins la venue de sa mère dans quel cas elle quitterait précipitamment les lieux. Nul besoin ceci dit puisque le Wada termina son verre avant ce moment redouté. La demoiselle se leva, positionna la chaise proprement, puis d’un signe de main salua l’équipe du bar. Poliment elle attendit qu’Eichi fasse de même avant de lui proposer de la suivre.

Ils prirent ensuite la route vers un lieu qu’affectionnait tout particulièrement Lucy. Là-haut, elle s’isolait souvent pour profiter du magnifique point de vue. Ce coin reclus offrait une tranquillité sans nom et rappelait qu’il existait une véritable beauté dans ce monde de guerre. Attendant toujours une réponse à sa demande d’enseignement, elle avait choisi ce lieu dans l’hypothèse d’une formation rude et bruyante. Car à cet endroit, ils seraient libres de tous mouvements sans que personne ne vienne les déranger. La demoiselle demandait à Eichi de sacrifier beaucoup de temps pour elle. Elle se l’accaparait alors qu’il devait avoir de nombreuses choses à faire. Après tout, elle comprendrait s’il refusait de la suivre cette fois-ci…

Comme elle l’avait espérer, le point de vue conquit Eichi. Ce dernier s’émerveilla devant la beauté d’un tel lieu. Le vent soufflait. Il était sein et légèrement frais. Les conditions étaient idéales pour apprécier les merveilles cachées du pays du vent. Les deux genins discutaient. Le jeune homme était attendu et devait partir. Il proposait à Lucy de reprendre plus tard cette discussion pour peut-être un entrainement, acceptant donc sa proposition. La chanteuse était ravie. Ne serait-ce que l’idée d’apprendre à combattre sa peur lui faisait déjà l’oublier quelque peu. Avant que son ami s’en aille, Lucy le saisit au coup et l’enlaça amicalement. Les yeux fermés, la tête posée sur l’une de ses épaules, elle le remerciait pour la journée qu’elle avait passée. Il n’y avait aucune ambiguïté dans ce geste. Celui-ci ne s’éternisa pas. Elle comprenait qu’il devait partir et ne voulait pas le retenir. Elle n’était plus gênée en sa présence. D’un petit pas sur le côté, elle ouvrait le passage pour le retour au village du Wada.

Dans le bruit du vent le genin aux cheveux clairs quittait les lieux, laissant Lucy seule mais heureuse. Depuis qu’elle était shinobi, elle n’était jamais revenue ici. Son petit recueil caché ne l’était plus. Dorénavant elle le partageait avec ceux en qui elle avait toute confiance. La solitude dans laquelle elle renfermait sa force avait éclot. Peut-être pourrait-elle maintenant honorer comme il se doit le statut qu’elle occupait. En tout cas, si ce n’était pas le cas, Eichi l’aiderait.

Kwizz, dressé sur ses deux pattes arrières, observait l’horizon, tout en gardant constamment un visuel sur sa maître à l’aide d’un petit coup de tête sur la droite. Lucy, quant à elle, avait trouvé une dune sur laquelle elle pouvait s’adosser. Les jambes tendues, elle frottait le sable avec ses pieds dans un mouvement involontaire. Avec sa main gauche elle prenait des petites poignées de sable et le laissait doucement couler entre ses doigts. Il n’y avait pas meilleur moment relaxant. Perdu dans ses pensées, elle se reposait. Mais ces agréables secondes n’allaient pas durer. L’écureuil voulait profiter de sa relation avec la jeune Hassei. Il était jaloux de l’affection qu’avait donnée Lucy à Eichi durant l’après-midi, le délaissant un peu trop à son goût. Il s’était alors posé sur le ventre de Lucy, allongé de tout son long, et frottant la tête pour réclamer des caresses. A l’aide de sa main droite, elle lui frotta donc délicatement le dos. Les deux compères partageaient à nouveau un moment de complicité comme ils avaient l’habitude de le faire.

Les rayons du soleil avaient maintenant du mal à atteindre l’emplacement où se trouvaient l’animal et sa maître. La fin de journée approchait annonçant le début de la soirée et sûrement aussi le départ de Lucy et Kwizz. La température chutait légèrement. Le vent, quelque peu auparavant agréable, devenait gênant, soulevant le sable. Il était temps de partir, rentrer à la maison pour se vanter auprès de sa mère et travailler ses partitions avant de diner.

Cette journée avait été appréciée dans sa totalité par la genin. En se couchant elle était pressée d’être au lendemain. Elle avait pris goût à sa nouvelle vie et se laisserai très certainement allée à de nombreux rêves ayant un rapport avec ce nouveau rythme de vie.