Lui... Voilà donc que ce Kibō voulait me voir ? Pour se vanter de sa promotion ? Ah et bien non car je l'avais reçu aussi, enfin ! J'étais bien plus respecté désormais, et chaque shinobi que je croisais ne cessait de me répéter nombre de félicitations, c'était bien agréable d'être enfin reconnu à sa propre valeur. Mais cette lettre, aussi énigmatique était-elle, m'énervait bien plus qu'elle ne m'étonnait. Venait-il de se rendre compte de ses nombreuses erreurs de fervent défenseur d'illusions comme je lui avais martelé tant de fois ? C'est vrai que face à la guerre, la mort, l'échec, l'impuissance, que pouvait-il espérer ? Je froissais le parchemin dans ma main, en boule, avant de le jeter vers la fenêtre, sortir un kunai dans le même temps et le planter au vol...

- Alors c'est ça ?

Tu voulais devenir mon meilleur ami sans doute, quelle futilité, comment voulais-tu que je revienne sur mon jugement ? Mise à part me prouver que tu avais réellement changé, je ne voulais pas entendre parler de toi, sauf le jour où tu voudrais manger la poussière de l'un de nos terrains d'entrainements. Mais soit, je te laisserais une chance petit Rêveur, simplement car tu es Sunajin aussi et que la pitié et l'empathie m'envahissent lorsque je pense à toi, depuis ce jour où tu es revenu sans ta dulcinée, pauvre de toi, comment voulais-tu allier amour et shinobi ? Ce sont deux mondes à tout jamais étrangers. Un rendez-vous dans un bar hein ? Parfait je pourrais me noyer dans l'alcool en entendant ta dépression me détruire les oreilles.

Je partais donc de chez moi, sans rien, habillé tout ce qu'il y avait de plus civil, et pourtant des marchands que je connaissais, d'autres shinobis et même des jeunes académiciens, tous me regardaient et me félicitaient encore pour ma promotion. À chaque fois le même "merci" accompagné d'un sourire, ça en devenait presque mécanique au final. En plus mon jumeau capillaire avait choisi un bar de l'autre côté du village, génial.

Arrivé en face de l'entrée, je voyais déjà tout au fond son visage derrière ses deux mains, l'air sombre, à l'opposé de sa tête habituelle, intéressant... Je voyais bien que la méchanceté était importante envers lui, néanmoins cela s'apparentait bien plus à de la colère, de l'énervement face à l'aveuglement dont il était victime. Bref, je pris une profonde inspiration, calmai mes pulsions meurtrières et entrai dans l'établissement sentant le bon mojito, d'ailleurs j'en commandais un dès mon passage devant le bar avant d'attraper la chaise face au néo-chunin et de le fixer dans les yeux.

- Tu voulais me voir, et bien me voilà. Avant toute chose, j'espère que tu vas mieux que la dernière fois. Tu étais en piteux état, et si c'est moi qui te le dit, c'est que c'était vrai.

Je plantais le décor, mais les muscles de mes mains trahissaient déjà une certaine nonchalance et un énervement accentué. Le serveur m'apporta le verre que je saisissais de ses mains avant de le descendre d'une traite, de lui rendre et de lui en commander un autre. Oui j'avais soif, et dernièrement j'avais appris à boire rapidement sans souffrir de suite de l'alcool. Je continuais sans un mot à le fixer, je voyais dans ses yeux une lueur de vérité, enfin ?

Regardez le... Il était en pleine rédemption face à moi, il regrettait la naïveté et espérait que je lui pardonne ses enfantillages pour enfin se concentrer sur un relation saine dans la rivalité comme dans l'amitié... Soit, admettons que j'accepte, qu'est ce que j'y gagnerais ? Je savais qu'il avait deviné que de mon côté j'étais loin d'avoir besoin de son aide pour progresser, je savais m'entourer des meilleurs, et je ne le plaçais pas dans cette catégorie. Trop jeune, trop immature, inconscient... Je le regardais, sourire en coin de la bouche, tu es drôle Kibo, tu as de l'avenir dans le comique. Pourtant voilà mon jumeau qui gardait cette mine renfrognée, sérieuse si rare chez lui. Je reprenais appui sur mes coudes avant d'approcher doucement de lui.

Tu as ouvert les yeux ? Il était temps mon grand. Je commençais à changer ma vision de lui finalement. Pourquoi ne pas lui laisser un espoir de réussir ? Il avait grandement progressé, finalement plus que moi. Motivations ou alors il s'enflammait beaucoup trop, en tout cas il avait raison sur un point précis : Lui et moi étions l'avenir de Suna. Il n'avait pas abordé Lucy, était-il au courant de sa disparition ? Elle n'était pas rentrée des affrontements à Kiri... Je me replaçais sur ma chaise, buvant le verre à peine apporté par le jeune barman.

- Enfant... Tu as grandi face à tes difficultés, enfin... Je ne te dis pas que je vais dès lors t'apprécier non. Mais je te laisse une chance, prouve moi que tu es digne. J'ai essayé depuis le début de t'aiguiller sur la bonne marche à suivre pour que Suna perdure à travers toi, Lucy... moi. D'ailleurs tu sais ce qu'il lui est arrivée ?

Je laissais passer le temps, je soufflais, fermais les yeux et frappais de façon sèche sur la table. Je m'en voulais, car j'avais fais une promesse que je n'avais pu tenir. Encore une fois une leçon, mais celle ci était vraiment difficile...

- Elle a disparu... C'est les furyous de Kiri... Je n'ai pas su la protéger comme je lui avais promis, on ne sait pas où elle est...

J'observais avec attention les réactions qu'allait lui provoquer cette dure réalité, elle déterminerait vraiment si il avait changé. Je ne voulais pas qu'il se lamente sur son sort mais plutôt qu'il puise au fond de lui une force qu'il ne semblait pas avoir lors de nos précédentes rencontres... Je ne savais pas vraiment comment on pouvait décrire ce que je recherchais chez lui, simplement une sensation que je voulais voir, dans son regard appauvri actuel, dans son attitude nonchalante au possible, appuyé sur ses bras. Je voulais autre chose.

De plus je venais d'avoir une idée pouvant nous rendre bien plus proche que nous l'étions dans l'immédiat. Pas compliqué néanmoins, mais assez plaisant dans l'idée : Nous avions tout deux nos sensei et il n'était pas question de nous en séparer, cependant je voulais créer autre chose, pas une unité spéciale, pas une équipe au sens conventionnel non mais un binôme d'intervention, une équipe capable sur un ordre précis d'effectuer une mission cruciale avec un fort taux de réussite, et donc qui de mieux que l'élève de la Kazekage et du Chef du Kakumeigun ?

- Kibo. Écoute bien : Veux-tu faire un binôme avec moi, une sorte d'unité d'intervention rapide, encore plus rapide que l'unité spéciale, son antichambre si tu préfères. Si nous faisions équipe ainsi, sans nous délester de nos sensei bien entendu, nous pourrions rapidement nous présenter comme des candidats crédibles à l'unité spéciale, qu'en dis-tu ?

Pas assez puissant hein, tu parles pour toi rassure moi ? Je n'ai jamais eu ça en tête, j'étais simplement réquisitionner autre part, contre un autre Furyou, alors pourquoi devrais-je m'incriminer ? Tu avais voulu changer certes, mais tu étais passé d'un véritable bisounours à un homme qui s'inventait des faiblesses, non il ne fallait pas que tu penses comme ça, tu devais aussi t'accorder du crédit. Après tout de ce que j'entendais de mon jumeau, il réalisait des prestations de très bonne facture dans tout ce qu'il entreprenait alors pourquoi devait-il se considérer comme nuisible ? J'avais pitié de lui mais je ne lui montrais pas, aucun intérêt et je n'étais pas là pour l'énerver.

De plus il accepta ma proposition, nous pouvions dès lors se considérer officiellement comme coéquipiers, vrais coéquipiers. Nous allions devoir travailler ensemble, dans des missions assez difficiles, rien ne pouvait me rendre plus heureux. Cependant de son côté, cette idée ne semblait pas l'emballer plus que ça, ses réactions étaient à la limite du découragement, d'un cynisme assez ahurissant à notre âge. Il était devenu un bloc de glace impossible à réchauffer c'est ça ? Il terminait son verre d'une traite, comme je l'avais fais plus tôt et entamait de sortir, de m'emmener quelque part... Si il voulait se battre, il fallait qu'il sache que je n'avais pas mes équipements... Oh et puis pourquoi me trouver des excuses ?

- Bien, alors nous sommes coéquipiers. Mais dis moi, le changement que tu as opéré, le fait de devenir plus adulte ne signifiait pas te sentir coupable de chaque chose. Je m'en veux pour Lucy de part ma promesse, mais je ne pouvais rien faire pour elle, elle était à Kiri, j'étais dans un autre pays à me battre contre ces enfoirés de Furyous. Le mal est tel actuellement que personne n'est à l'abri, et que personne n'est assez fort, pas même nos Kages...

C'était une parole assez dure à entendre pour celui qui cherchait à devenir fort, pourtant c'était là la stricte vérité. Les villages ensembles n'étaient pas assez bons pour repousser des Furyous sans y trouver la destruction, que pouvait faire deux chûnins remplis d'ambition ? Qu'importe la réponse qu'il donnerait à mon intervention, rien ne changerait dans mon esprit. Je me levais donc et lui emboitais le pas dans sa demande de balade. Je restais à ses côtés, ne sachant aucunement de la direction dans laquelle nous allions ni ce que nous cherchions à ce moment de la journée en pleine rue...

J'avais les mains dans les poches, la tête pointant vers le ciel, aimant l'air frais hivernal, certes réchauffé, mais permettant au village de mieux respirer la journée. Les nuits étaient incroyablement froides mais comme tout habitant du désert, nous étions préparés. Suna vivait sa vie calmement aujourd'hui, étrange, c'était sans doute les dernières informations sur les Furyous, et le nombre élevé de disparus qui devait refroidir les ardeurs villageoises. Tous ces gens n'étaient pas préparés pour affronter une si grande vague de victimes, eux ne voyant que leur bonheur dans le miroir.

Nous shinobis étions capable de comprendre le monde, à part quelques exceptions dont Kibo venait de s'extraire, nous pouvions voir le mal dans chaque réaction banale du quotidien, dans chaque souffle de vent. Nous savions les horreurs hors de l'enceinte du village, nous avions tous vus des morts, tués des ennemis, ou en tout cas ce que notre camp considérait comme des ennemis, sans réelle réflexion derrière, sans jamais discuter les ordres. Car tel était la fonction du shinobi, protéger son village contre son humanité.

- Où allons nous, l'ami ?

Il était si différent... Je ne reconnaissais plus le pauvre enfant qui ne faisait que de me taper sur les nerfs. Celui là avait vécu la réalité dans son aspect le plus difficile, la perte de Lucy. Tant et si bien que la question délicate du mal pour un bien vint frapper quelques secondes mon esprit. Lucy avait permis à Kibo de devenir un homme, dans toute la tragédie que cela apportait. Et cette idée du pendentif, elle n'était foncièrement pas mauvaise : se rappeler de la brièveté de la vie et des personnes disparues, fonctionnant comme une vanité en art. Nous allions pour se faire dans une bijouterie du village, pour qu'il puisse s'en fabriquer un, comme son sensei. Je ne disais rien, ne préférant pas parler durant tout le trajet, quelque chose me gênait malgré tout dans ce principe. Sans doute le fait de porter autour de notre cou tant de regrets. Vivre dans le passé n'était pas foncièrement une mauvaise chose, vivre avec ses démons si.

- Non merci, je n'ai pas besoin d'artifice pour comprendre que la vie est une condamnation à mort... Surtout lorsqu'elle concerne nos amis.

J'observais l'orfèvre réaliser son œuvre en maitrisant parfaitement son matériau, doucement le pendentif prenait forme. Je me demandais si un refus catégorique de ma personne était assez diplomate par rapport à Kibo, il pourrait mal le prendre, douter de moi ou autre. Il ne fallait pas, cependant je ne voulais pas porter comme un fardeau le nom des disparus, alors à la place je demandais un assemblage de bracelets et sur chacun d'entre eux je souhaitais y graver un nom important : Le premier serait pour Kibo, le second pour Mia, le troisième pour... Lucy car je ne la pensais pas morte. J'enchainais ainsi sur neuf bracelets dont le dernier était Suna, avant d'arriver au dixième.

Je fixais alors mon jumeau capillaire, avant de donner les dernières directives sur ce que je voulais y inscrire, quelque chose que je voulais protéger, préserver, et garder sous mon contrôle finalement...

- Mettez le mot Futur sur le dernier, avec une majuscule. Car c'est sur celui ci qu'il faut désormais se concentrer...

C'était bien plus symbolique qu'autre chose, pourtant cela traduisait chez moi une volonté d'être toujours présent à l'avenir. Le bijou que je venait de demander commença à émerger du néant, comme un signe, ce serait le bracelet Futur qui lierait tout les autres ensembles. Mais pourquoi avoir choisi de venir ici maintenant ? Avait-il prévu de me faire regretter toutes les disparitions ? Le passé c'est le passé, dans un monde comme le nôtre, se reposer dessus amène notre perte, nous n'avons vraiment pas le temps de s'apitoyer. Je saisissais mon camarade par l'épaule, avec vigueur mais bienveillance.

Si il devait rester avec moi, il devrait apprendre à ne rien regretter, à vivre au jour le jour car c'est le seul moyen que nous avons pour honorer notre vie, aussi éphémère soit-elle. Lorsque je me regarde dans le miroir, je ne vois rien d'autre qu'un jeune garçon un peu perdu, pourtant je suis toujours sûr de moi, je ne regrette rien et vis tout à fond. La disparition de Lucy et des autres était difficile à encaisser, mais il fallait les célébrer en donnant tout ce que nous pouvions pour vivre notre vie et la leur en même temps.

- Tu sais, j'ai jamais été vraiment sympa avec toi. Désormais, comme nous sommes pressenti pour être souvent ensemble, tu vas devoir apprendre à assimiler mon fonctionnement, comme je devrais apprendre à te connaitre. Il ne faut pas regarder en arrière, sauf pour trouver une source de motivation. Et là ce que tu recherches c'est des regrets, oublie tout ça et concentre toi sur l'après.

Tiens, voilà que l'orfèvre venait de terminer ses œuvres, deux magnifiques bijoux aux symboliques si différentes... Pourtant un lien les unissait par dessus tout : La protection. Kibo comme moi avions fait ces bijoux pour nous focaliser sur un but, une chose à sauvegarder, la même finalement sauf que nos visions du monde divergentes nous obligeaient à y parvenir de deux manières différentes. Je voyais ensuite Kibo être prêt à sortir, rentrer chez lui. Je le regardais en grimaçant : ce n'était pas préférable qu'il rentre seul chez lui se lamenter, s'enfermer dans une solitude nauséabonde. Je décidais donc dans ma bienveillance suprême de faire un effort et de l'inviter cette nuit dans mon humble demeure.

- Bah, viens donc dormir chez moi ! Y'a de la place, ma petite-amie est en mission en ce moment, et je m'ennuie pas mal. On est tout les deux gagnants !

En réalité je ne lui laissais pas vraiment le choix et je me plaçais derrière lui, le poussant à bout de bras pour l'emmener en direction de mon appartement. Je ne roulais pas sur l'or néanmoins celui ci était assez spacieux pour un simple shinobi. Il se situait à environ deux pâtés de maison, au dernier étage d'un bâtiment à terrasse comme en comptait tant le village, ceux dont on s'amuse lorsque l'on sort de l'académie à escalader sans relâche pour admirer le paysage, un peu comme lors de l'une de nos premières rencontres, à Kibo et moi.

Nous traversions alors doucement les allées du village qui s'éteignaient à mesure où nous avancions. Ci et là les derniers restaurants laissaient s'échapper les senteurs des derniers plats qu'ils venaient de faire chauffer. Les lumières se faisaient rares, les façades s'obscurcissaient et les rues s'appauvrissaient en capital vie. Dernier virage et nous étions arrivés. Nous purent apercevoir le bâtiment d'assez loin. Comment avais-je pu obtenir ce logement ? C'était là le dernier cadeau de mes parents, c'était leur appartement mais comme ils avaient décidé de quitter Suna, ils me l'avaient légué. Je m'y plaisais vraiment. J'indiquais alors un escalier extérieur à Kibo, c'était là mon entrée, et j'étais d'ailleurs le seul à pouvoir l'utiliser car elle débouchait directement sur mon habitation.

- Ne fais pas attention au peu de bazar que tu y trouveras, c'est juste que je ne sais pas trop où le mettre.

J'ouvrais la porte d'entrée, débouchant sur un loft d'environ quatre vingt mètres carrés, avec une cuisine séparée du reste du logement par un bar. Une grande baie vitrée à laquelle j'avais ajouté des rideaux nous permettaient d'avoir une vue magnifique sur le village et l'horizon. Un balcon s'étendait sur toute la longueur. Alors qu'un salon moderne s'étalait sous nos yeux tout en couleur noire et blanche, un lit trônait dans un des coins du lieu, j'adorais en dormant me coller aux murs, ça avait un côté rassurant. Je lui indiquais le lit d'un geste de la tête.

- Tu y dormiras, je prendrais le canapé. Si tu cherches la salle de bain, elle est au fond à droite, la porte juste à côté du lit. Fait comme chez toi l'ami !

Je me dirigeais alors vers le frigidaire pour en extraire une petite galette au fromage, dont je raffolais. Je lui tendais un morceau pour l'inviter à s'alimenter si ce n'était pas déjà fait. Si il fallait que je m'en occupe comme d'un enfant durant quelques temps, très bien, je le ferais volontiers. Il allait mal et moi je supportais ce mal qui me voulait, alors je devais l'aider, c'est bien à ça que servent les amis en règle générale non ?

Il était difficile en tout, comme j'aurais pu m'y attendre venant de lui... Je le fixais alors qu'il refusait tour après tour chacune des propositions que je lui montrais... Mais bordel, est-ce qu'un jour dans ta vie tu feras quelque chose de simple ? Il semblait gêné à propos du lit, soit dans ce cas tu dormiras dans le canapé, cela ne faisait guère d'importance finalement, du moment que tu n'étais pas seul cette nuit. Pareil, si tu n'avais pas faim de mes fameuses quiches au fromage, j'irais te chercher de la nourriture plus acceptable et commune pour les ninjas dans un des restaurants en bas, mais pour le moment, concentrons nous sur ta question.

Comment je faisais pour ne pas l'accompagner ? Si tu la connaissais tu comprendrais, elle est très... Enfin bref. Nostalgique le Kibo ? Il semblait vraiment être en peine à cause de son terrible râteau orchestré par cette fameuse kirijin. C'est assez redondant mais les shinobis et l'amour ne font pas bon ménage, alors lorsqu'ils sont de villages différents, ça devient vite très délicat. Il y avait une photo de notre joli petit couple sur l'un des bords de fenêtre de mon logement, je regardais cette photo tous les matins, une vraie bouffée d'air frais. Un peu de douceur pour engager une journée de labeur.

- Elle est vraiment chiante... Et au delà de ce simple constat, j'ai juste appris à lui faire confiance. Après tout si elle est kunoichi elle aussi c'est qu'elle est capable de se protéger elle même. Le truc c'est qu'on a apprit, elle comme moi, à rester à distance. On est shinobi, de vrais sauvages au regard tendre et au sourire parfait : De vraies roses, magnifiques mais piquantes.

Je remarquais bien vite que mon discours ne reflétait absolument pas l'amour que nous nous portions, or il était vraiment présent mais ça avait toujours été difficile pour nous de nous dire "je t'aime"... On s'était mis ensemble quelques jours après mon arrivée, c'était mon repère et moi j'étais son petit morceau de désert... On trainait souvent ensemble, on parlait et on s'est embrassé, on s'est mis en couple et puis on a emménagé ici, à deux alors que nous n'étions pas majeurs. Déjà plus de quatre ans et notre couple est parfait.

Mais dans mes flâneries j'en avais complètement oublié que j'avais un invité chez moi ce soir. Je secouais la tête vigoureusement pour me sortir de mes souvenirs avant de revenir au jeune chûnin. Je lui souriais bêtement avant de me relever du fauteuil où je m'étais affalé durant mon discours. Une proposition me vint à l'esprit.

- Si tu veux manger, dis le moi avec ce que tu veux, je peux commander aux restaurants de la ville, c'est rapide dans la quartier.

Voilà en ce qui s'agissait de la bonne question, car une autre, plus grave, me venait en tête : La dernière guerre, comment s'en était-il sorti face à la terrible menace planant désormais au dessus de chacune de nos têtes. Savait-il également que j'avais cette bête en moi désormais ? Et d'ailleurs était-ce vraiment une entité à part entière ce sang... Je veux dire, pour le moment je ne sentais absolument rien le concernant, pas de volonté de prendre le moindre contrôle sur mon corps. Néanmoins je restais particulièrement attentif et de nombreuses machines de bioanalyse des Saibogu et des Ketsueki m'avaient été fourni.

- Que penses-tu des Furyous, excepté le fait sans doute que tu veux les tuer pour avoir ruiné nos vies...

- De mon côté hein ? Hum...

La question était basique, tellement simple que de ne répondre que par les verbes aurait été compliquer la situation. Je saisissais alors un couteau de cuisine, l'approchais de mon bras et faisais une entaille de quelques millimètres dedans, rien de dangereux pour le corps, mais vraiment douloureux, tout du moins à mon souvenir, comme le témoignait le sang s'écoulant de la plaie. Je relevais les yeux vers lui, il savait forcément pour son Sensei, qui était avec moi lors de cette confrontation. Kioshi avait subi la chose la plus atroce possible qui était la perte de souvenir, moi il m'avait fait le cadeau empoisonné de ne plus sentir la douleur, le toucher. Dès lors attraper quelque chose sans le briser relevait du défi. Il me prendrait sans doute pour un fou sans esprit après mon geste, or je l'étais presque maintenant.

- Tu as dû apprendre l'état psychologique de Kioshi-Sama, nous avons affronté le même Furyou. Sauf que je m'en suis sorti indemne ou presque : Je n'ai plus le sens du toucher... Chaque nerf de mon corps ne répond plus aux stimuli de douleurs ou de simple contact. En plus de ça, lors d'une de mes attaques pour sauver mes coéquipiers, le sang du Furyou est venu dans mon corps, fusionnant au mien. C'est ainsi que depuis je mène des expériences sur mon propre sang, pour leur trouver une faiblesse, pour exploiter leurs capacités.

Mais bien entendu pour le moment elle ne menait à rien et pour cause : la difficulté pour moi de soulever des objets fragiles était telle que je les brisais rien qu'avec ma poigne. Au delà de ça c'était très délicat pour un débutant en la matière de trouver une ligne directrice à suivre durant les protocoles de recherche. La seule chose dont j'avais pu m'apercevoir était la difficulté à canaliser le sang infecté dans un endroit particulier : Celui ci semblait se mouvoir à l'échelle microscopique, mais se déplaçait tout de même.

Je fixais Kibo. M'en voudrait-il vraiment pour son sensei alors que je n'y pouvais absolument rien ? En effet j'aurais pu à de nombreux moments le sauver mais je n'étais qu'un pantin, une marionnette que ce démon avait façonné par de simples paroles pour me faire me focaliser sur les anciennes rivalités entre pays : J'avais attaqué ce pauvre Kumojin... Mis en danger ma propre équipe car je n'avais pas été assez fort, du moins c'est ce qu'on pouvait croire, c'est ce que Kibo croyait, mais c'était loin de la vérité.

Personne n'était capable de battre un Furyou dans l'état actuel des choses. Personne et cela comprenait également nos chers Ombres, incapables de briser l'entité dénommé comme les furieux...

- On a souffert, je m'en veux encore de voir ton sensei dans son état... Ce démon nous manipulait par les paroles, les actes... C'était bien trop dur. Tu as eu de la chance de ne pas en rencontrer un en phase de combat, c'est tellement incroyable de voir aucune de tes attaques toucher ce qui ressemble à son corps... Il nous a laissé gisant au sol, après avoir assimilé mon Doton en encaissant l'une de mes attaques. Il faut apprendre à les contrer avec leur propre compétence.

J'attendais sa réaction alors que je venais d'aborder un sujet plutôt très sensible. Son sensei devait être la dernière personne avec qui il devait posséder une intimité importante dans les conversations depuis que Lucy avait disparu et que Yuki n'était pas vraiment en odeur de sainteté dans son cœur. Finalement peut être qu'il avait lui même affronté son propre furyou, celui qui venait de lui ruiner l'intérieur en le transformant en homme... un passage obligatoire sans doute.