Lutter contre l'ennui:

- Zzz… Pshh… Raaan… PsshAIEUH !
- Du nerf putain, t’as sûrement mieux à faire que dormir.
- Je… Je me suis encore endormi ?
- Oui, c’est la troisième fois en deux heures.
- Désolé…


Décidément, voilà une mission qui commençait très mal. Très très mal. J’avais une de ces envies de dormir, je ne vous dis pas… Bon, encore là, après le violent coup de coude que je venais de me prendre dans le dos, je n’étais pas prêt de me rendormir. La douleur allait vite me remettre les idées au clair. Enfin, j’imagine. Que se passait-il ? Tout simplement que j’ai été assigné à une mission… Plutôt particulière. Mon rôle était de monter la garde aux portes de Konoha, pour contrôler la sortie et l’entrée de chaque personne. En soi, cette mission n’était pas très compliquée, bien que je ne servais strictement à rien pour le moment. Mes compagnons m’ont fait tout le boulot jusqu’ici. Le problème ne résidait pas dans la difficulté de la mission en elle-même, mais dans sa difficulté à ne pas succomber à l’ennui et au sommeil. Surtout que, comme nous étions en temps de guerre, on devait redoubler de vigilance… Mais je n’ai pas dit le pire encore. Ma mission durait vingt-quatre heures. Oui, vingt-quatre heures ! Une journée complète à surveiller chaque entrée et sortie ! C’est juste irréalisable ! D’autant plus que j’ai très mal dormi la nuit dernière, parce qu’un foutu chat s’est amusé à miauler toute la nuit près de ma fenêtre. Résultat : je me suis endormi à trois reprises en deux heures, alors qu’il me reste encore vingt-deux heures à tenir. Je ne sais pas comment je vais faire, vraiment.

Nous étions quatre pour mener à bien cette mission : un Jônin, deux Chûnins, et moi. Autant dire qu’ils sont trois, et que je vais me faire tirer les oreilles à la fin de cette mission. Le Jônin m’avait déjà attrapé en grippe, puisque c’est lui qui s’est chargé de me réveiller les trois dernières fois. Et la dernière fois, il n’y est pas allé de main morte. Je crois qu’il m’en veut. De toute manière, je n’ai jamais de chance en matière de mission… J’ai eu le droit à une organisation satanique, à une créature hybride arc-en-ciel, et maintenant aux vingt-quatre heures les plus longues de ma foutue existence. Il y avait absolument rien qui pouvait m’aider à passer le temps, mis à part ce petit criquet là-bas sur sa branche. Cela faisait quelques minutes que je l’observais avec un petit sourire en coin. Il était amusant, je ne saurais dire pourquoi… Mais bon. Il finit par m’abandonner. Le vent se mit à souffler, le criquet tomba de son perchoir, et s’écrasa au sol. R.I.P Krikounet. Ravi de t’avoir connu, et merci de m’avoir occupé pendant six minutes et trente-sept secondes sur vingt-quatre heures, soit mille quatre cent quarante minutes, soit quatre-vingt-six mille quatre cents secondes. Oui je n’ai que ça à faire. Et maintenant que j’ai fait ce calcul, il me restait environ ving…


- Ryosei, les deux Chûnins ne reviennent pas, je vais les chercher. Je compte sur toi pour monter la garde seul du temps.
- Ah, parce qu’ils sont partis ?
- … Tu dors vraiment ma parole. Ça fait dix minutes qu’ils sont allés chercher un en-cas.
- Je peux moi aus…
- Non.


Quel enfoiré… Raaaaah, j’en ai marre. Moi aussi j’ai faim et je suis fatigué… C’est très dur de travailler aux portes, ça donne faim. Bon ok, je n’ai pas encore travaillé. J’avais encore, je disais donc, vingt-et-une heures et cinquante minutes pour faire de mon mieux. Rien qu’en imaginant le nombre de secondes que cela faisait, j’ai eu envie de me rendormir. Je crois que je vais arrêter de compter le nombre de secondes qui s’écoulent, sinon je ne vais jamais m’en sortir. Oh, une minute s’est encore écoulée ! Bon sérieux, j’arrête.

Maintenant que j’étais tout seul sur place, il fallait que je redouble davantage de vigilance. C’est trop me demander, vraiment. Personne ne passera sans subir un interrogatoire très pointu, qui sera mené par moi, moi et personne d’autre. Mes collègues de mission ne pourront que me féliciter pour ce dur travail que je vais mener. Ah bah tiens, une personne approchait. Un enfant, peut-être un peu plus jeune que moi. Ouais, sûrement même. Ah, et il n’était pas seul, y avait une jeune fille avec lui, sûrement de son âge aussi.


- Halte là ! Sortie réglementée. Quels sont vos noms ?
- On s’en fout de ça, on est des super ninjas, on a le droit de sortir comme on veut.
- Ouaip, on est des V.I.P, nous. On a juste oublié nos passes !
- Ah bon… Bah d’accord. Passez…


Le sourire aux lèvres, je les observais partir. Je ne sais pas vous, mais… Je crois que j’ai fait une bêtise. Il existe vraiment des passes V.I.P pour sortir du village ? Et s’ils m’avaient menti ? Aucune idée… Bon, bah j’ai plus qu’à espérer que je n’ai pas gaffé… J’oublie quelque chose je crois… Ah oui, le registre. Il fallait le tenir à jour. Prenant mon stylo, je me mis à écrire : « 11h27 – Super ninjas V.I.P âgés de 12 ans environ – Motif inconnu, mais ils sont V.I.P ». Mouais, ça devrait le faire, j’imagine… Ah, tiens, mes trois compagnons étaient revenus pendant que j’écrivais.


- C’est bon Ryosei, merci. Ces deux abrutis s’étaient soi-disant perdus. Y en a pas un pour rattraper l’autre… Montre-moi le registre.
- Haha… Tenez.


J’eus un bon gros coup de stress à cet instant précis. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne le sentais pas trop… Tiens, le voilà en train d’adopter la fameuse pose du facepalm. Ça, c’est très mauvais… Enfin je crois.


- Tu te fous de moi ?!


Aoutch, ça n’a pas marché.