Le Satoru, l’une des deux unités spéciales fondées par le Shodaime Raïkage. Bien entendu, pour la plupart des Kumojins et mêmes des shinobis de toute nation, seul le Satoru eut été pleinement connu. L’unité qui devait protéger le Raïkage, qui comprenait des membres de confiance à qui on donnait les missions les plus délicates. L’élite du village, beaucoup en parlaient ainsi, et ils n’avaient pas tort. Mais tout cela a été bafoué avec le temps. Les Nidaime et Sandaime eurent délaissé cette unité pourtant majestueuse. Et c’est bien une erreur que Tsumei voulait réparer dès ses premières actions en tant qu’Ombre.

Sélectionner des shinobis dignes d’en faire partie, rénover le fonctionnement de cette unité, se rapprocher de la politique du Shodaime tout en conservant sa propre identité. Il était clair que Tsumei avait du boulot, mais ce n’était pas quelque-chose qui l’ennuyait, contrairement à la paperasse.

S’il avait déjà rencontré quelques Kumojins de tout rang, comme Natsumi Mairu, il avait décidé aujourd’hui de convoquer un Kadoria des plus prometteurs concernant l’unité du Satoru. De l’ancienneté, de la fidélité et des résultats pour un Jônin que Tsumei avait hâte de rencontrer.

Kadoria Koüga ne tarda pas à arriver. Il avait respecté l’un des principes premiers d’un shinobi : la ponctualité. Après un bref salut, le Raïkage se leva.

Bonjour Koüga, je t’en prie.

Il avait dit cela tout en montrant de sa paume ouverte l’une des deux chaises qu’il avait posées devant son bureau. Puis il se rassit, et attendit quelques instants avant d’engager pleinement la discussion.

Même si tu n’as pas toujours montré la même envie, tu es Kumojin depuis les premiers jours, et tu as connu mes trois prédécesseurs. As-tu quelque-chose de particulier à dire sur eux ?

Une question qui pouvait paraître étrange, mais qui avait un sens bien particulier, et une importance certaine. De plus, il était toujours intéressant de savoir ce genre de choses, et c’était bien pour dialoguer et connaître le Kadoria qu’il l’avait fait convoqué.

Car selon le projet du Yondaime Raïkage pour le Satoru, personne n’allait y rentrer facilement et ce quels que soient leurs résultats, les chiffres, ou leurs dossiers…

Kadoria Koüga était quelqu’un de calme et d’assuré. Sa réflexion, qu’on puisse la trouver juste ou non, était au moins bien réelle. Un shinobi de grade qui semblait remplir son devoir comme il le fallait. Et il était bien souvent bienvenu d’avoir des gens comme ce dernier, qui pouvaient se faire leur propre idée et donc surprendre et oser. Mais si les premières apparences étaient bonnes, Tsumei avait appris dans les services secrets et les renseignements que personne n’était parfait. Il y avait toujours un côté bon et un côté mauvais. Et jamais quelqu’un ne pouvait se défaire de secrets.

Ainsi dans cette optique réaliste des choses, le Karasu avait toujours su se méfier des autres. Mais il pressentait dans les dires de son interlocuteur une certaine franchise. D’après lui, le Shodaime avait fait respecter l’honneur et la force, tandis que ses deux successeurs avaient privilégié l’économie et la paix à tel point que la force n’était plus là. C’était un avis plus ou moins partagé par le Yondaime, qui écouta jusqu’au bout le Jônin.

Je vois.

La suite à donner à cette entrevue ou plutôt cette discussion semblait déjà toute trouvée. Néanmoins, le Karasu laissa un silence apaisant s’installer pendant près d’une minute. Il prit même le temps de tourner son regard vers la grande baie vitrée de son bureau.

Je pense qu’on peut donner raison à ta vision des choses. D’abord une force et un honneur respectés puis une vision trop pacifique transformant cette force et cet honneur en de l’argent.

Une nouvelle pause, plus courte que la précédente, durant laquelle l’Ombre revint regarder son shinobi.

Mais quelle serait la politique idéale selon toi ?

Une question d’une complexité supérieure. Allait-il choisir l’une des deux politiques déjà menées, faire un mix ou encore surprendre avec un choix inattendu ? Cette discussion était devenue intéressante pour le Raïkage, qui avait plaisir à discuter de ces choses avec un gradé qui semblait connaître son sujet. Du moins, il l’avait vu. Et c’était indéniablement une bonne chose qu’il eut accordé plus de respect pour la politique menée par le Shodaime plutôt que l’autre, menée par les Nidaime et Sandaime.

La Guerre pour l’Indépendance, quel nom… Tsumei avait eu du mal à croire à ce conflit, surtout en ses raisons. Kiri et Suna alliés, autour d’un fait unique : libérer les pays neutres ? Si cela n’était pas forcément surprenant du côté du village caché du Sable, ça l’était du côté de l’homologue de la Brume. Eux qui n’avaient jamais cessé d’être un village de guerrier, plongés dans la force et le conflit. Ils avaient deux pays neutres ralliés à eux, conquis de façon brutale. Pourquoi s’en séparer ? Kaguya Tenzö et Kyoshi Rei semblaient avoir des choses à cacher, séparément et communément. Cette guerre cachait probablement d’autres enjeux.

Alors qu’il écoutait le Kadoria parler, Karasu Tsumei se souvint de ce qu’il s’était passé lors de la tentative de ralliement de Ta no Kuni. La mort d’un Sunajin, la discussion finale. Le Kazekage avait dit que les alliances ou conquêtes avec les pays neutres étaient choses à conflit. C’était peut-être le seul point d’entente que le Yondaime Raïkage pouvait avoir.

Car lorsqu’une guerre éclate, les pays rattachés sont directement plongés dedans avec leurs « alliés ». Et pourtant, Koüga allait dans ce sens-là. Frapper un grand coup en allant chercher l’alliance de pays voisins. Et s’ils ne voulaient pas, que se passerait-il ? Faudrait-il forcer les choses comme Kiri l’avait déjà fait ? Faudrait-il détruire un lieu symbolique comme la prison d’Ame no Kuni et Konoha ?

Les pays neutres sont importants et ils sont d’ailleurs le centre de la guerre actuelle. Si nous continuons d’avoir des ennemis, nous devront les frapper. Mais tu penses à étendre notre puissance, alors que moi je pense à restreindre celle des autres.

Il se leva, comme pour donner un nouveau souffle ou une nouvelle envergure à ce qu’il disait.

Affaiblir l’ennemi ou nous rendre plus fort : cela revient globalement au même. Mais ce que je sais, c’est que je préfère voir un Kumojin se battre au péril de sa vie pour Kumo plutôt qu’un Samouraï ou un shinobi d’un autre pays. Plus les pays neutres seront proches des villages shinobis, plus les guerres seront lourdes de conséquence. En tentant de rendre la liberté aux pays ralliés à nos ennemis, nous ferons d’une pierre deux coups.

Il s’était retourné vers sa grande baie vitrée, regardant l’étendue de son village. Kumo.