Nogori Sonoshee,

j'ai reçu votre courrier, et j'ai bien compris la nature de votre problème. Cependant, vous comprendrez qu'il m'est très difficile de délaisser mes responsabilités politiques et diplomatiques pour organiser une rencontre avec une Sunajin dont je ne connais que le nom et l'écriture. Mais ne vous inquiétez pas, tout problème a une solution, et c'est avec un certain entrain que je vous propose la mienne.

Votre problème porte un nom : l'Onkyôton. Il s'agit d'une faculté qui peut se déployer chez un individu, que ce soit à travers les gènes, ou la fusion judicieuse de différents types de chakra élémentaires (ce qui en soi revient plus ou moins au même, dans la mesure où les affinités sont a priori héréditaires). Je déduis de votre étonnement que vous n'avez aucun proche dans votre famille qui aurait contracté ce genre de « symptôme » ; par ailleurs, il est possible que même si vous possédez de maigres connaissance sur le chakra et sa circulation (ce qui, soit dit en passant, n'est pas une science exacte malgré les apparences et les termes pompeux qu'utilisent certains passionnés un peu perchés comme moi), votre contrôle des différents types de chakra soit arrivé à une telle finesse que la fusion s'opère malgré vous, pour se déployer, par exemple, au fond de la tasse à thé de votre maître. En cet aspect, je puis vous assurer que si vous effectuez un certain travail sur votre corps et votre mental, ce « pouvoir » se limitera à des effets indésirables guère plus gênant que ça, et qu'il ne troublera en rien votre sommeil (ni celui de vos voisins).

Cependant, j'apprécie l'idée de vouloir dompter une telle capacité, cela relève à la fois d'une curiosité qui me séduit et d'une louable pugnacité. Aussi, même si la maîtrise de l'élément sonore m'a été légué par mes ancêtres, il s'agit là moins de ma spécialité que de ma passion, et je puis vous guider sans peine vers les chemins qui vous permettront de construire votre propre conception, et à terme, votre propre génie du son.
Comme je vous l'ai dit, je ne peux pas vous rencontrer pour l'instant ; nous procéderons donc par correspondance. Je vous proposerai mon approche de la matière ainsi qu'une série d'exercices : vous pourrez me remettre, si vous y voyez un quelconque intérêt personnel, vos travaux par le billet de fûinjutsus sur vos courriers retour.

Avant de commencer, j'aurais besoin de quelques informations supplémentaires sur vous, en particulier :

♦ Vos affinités élémentaires primaires
♦ La fréquence de vos entraînements et la nature de ceux-ci
♦ La façon dont vous définiriez votre style de combat
♦ Votre conception du chakra en quelques mots.

Cela me permettra de sonder, en plus de votre expérience et votre potentiel, la motivation que vous êtes prête à investir dans cette affaire.

Dans l'attente de votre réponse.

Très cordialement
On' ♫

PS : appelez-moi On', svp.

On', je vous suis reconnaissante pour le temps que vous acceptez de me consacrer. Je ne vais pas perdre de temps en blabla inutile, pas que ce que vous dites soit inutile ou du blabla hein! Alors, je suis sensible aux flux Doton, Raiton, et Futon, avec une nette supériorité dans le maniement des courants électriques; si cela peut vous être utile de le savoir. Je m'entraîne tous les jours, ou tous les soirs, tout dépend du jour, au minimum trois heures lorsque je ne suis pas prise par d'autres "obligations". Je pratique tous les styles de combat au corps à corps qu'il m'ait été possible d'observer, j'accorde une grande importance, peut-être trop grande; à l'entretient de mon corps, j'aime bouger, "me dépenser", en fait c'est autant pour mon propre bien que pour celui des autres, enfin, si vous voulez quelques adjectifs résumant mon style : dynamique, sportif, explosif, brutal; je ne suis pas de ceux qui font dans la subtilité, je le reconnais volontiers. Pour dire les choses simplement : Taïjutsu.

Mais, je ne suis pas en reste dans les autres domaines, tout au moins au niveau ninjutsu, aussi mes entrainements, moins souvent, sont dédiés à l'utilisation de mes affinités; le ninjutsu comble ce vide que peut engendrer ma passion pour les arts martiaux, laquelle constitue; vous l'aurez compris, la base de la Kunoichi que je suis, un style me ressemblant dans les moindres détails. Le ninjutsu, c'est plus fin, plus précis, plus paisible... Enfin, je le vois comme ça. Pour moi le chakra, son utilisation, sa matérialisation sous différentes formes; c'est destiné à des esprits bien plus aiguisés que le mien. Ou alors peut être que je n'y intéresse simplement pas, je me suis toujours servie de mes poings. Je ne sais pas vraiment comment parler du chakra, c'est une "chose" que j'ai découverts il n'y a que quelques années, je n'ai appris les choses qu'au travers d'expériences plus ou moins douloureuses.

Peut-être ne devrais je pas en parler mais pour que vous compreniez ma relation avec le chakra, et les ninjas en général, que vous compreniez mieux qu'au travers d'une lettre certainement mal écrite, maladroite - comme moi - quelle personne je suis, pour que vous puissiez "sonder" sans trop rechercher, sans trop avoir d'hypothèses à imaginer; et bien le chakra, le fait que des personnes aient pu s'en servir fait que j'ai décidé de devenir une "shinobi". Tout le monde a sa part de problèmes, a son histoire personnelle plus ou moins radieuse, ou douloureuse, et pour ma part assez douloureuse, alors je dirais que le "chakra", cette source d'énergie qu'on emploi à tort et à travers, qui a causé la disparition de ma famille et m'a livré au monde tel un animal blessé et malade; me fait peur, alors que mes poings, mes muscles, mon corps, chacune de mes fibres, tout ceci... Je peux le contrôler, c'est tangible, réel, c'est "scientifique". Bien sûr, je m'en sers; mais j'ai peur d'y recourir, cela relève presque du calvaire.

N'est ce pas amusant, un ninja qui a peur d'utiliser son chakra ? Je sais à quel point cela peut paraître pathétique, à quel point je peux le paraître... Et pourtant, si vous me connaissiez autrement que par le biais ces quelques mots, vous ne me croiriez pas. La distance, le fait que nous ne nous connaissions pas rend la confidence plus simple. Oh, ne vous inquiètez pas, je n'essaye pas de vous prendre par les sentiments, comme on dit. Seulement... plus en savez, plus facilement nous pourrons travailler, non ?

Merci infiniment pour votre patience.

Respectueusement,

Sonoshee

Sonoshee,

merci pour ces informations. Votre profil m'apparaît plus clair à présent. J'apprécie cet effort de confession de votre part qui témoigne de votre bonne volonté, et je comprends que cela puisse être dur pour vous. Cependant, en vous lisant je pense avoir compris certaines choses par rapport à l'origine de votre « problème » : vous dites ne pas être habituée à maîtriser votre chakra, et avoir de la misère à l'utiliser. La théorie que j'ai évoqué dans mon précédent courrier concernant la fusion spontanée de deux de vos types de chakra devient dés lors moins probable, malgré le fait que vous maîtrisiez les affinités nécessaires pour dompter l'Onkyôton. Il devient donc probable que votre don soit de type héréditaire, tout comme le mien.

Cela ne change pas fondamentalement mes plans, puisque j'avais prévu de vous enseigner l'art du son de la même façon que mon vieil oncle me l'a enseigné : en me basant sur cette fusion pour vous expliquer la nature du son.


Venons-en à la théorie ; je tâcherai d'être concis et efficace dans mes propos.

Un son, c'est une onde. Par « onde », il faut comprendre une succession de compression et de décompression de l'air, ou d'un autre milieu de propagation : celui-ci peut être liquide, comme l'eau, ou solide, comme l'acier. Plus le milieu est dense, plus l'onde se propagera vite.

Point de vue chakra, comme je vous l'ai dit tantôt, la description la plus instinctive de l'Onkyôton se base sur la décomposition en ses deux éléments de base, ses "parents": le Fûton et le Raiton.

♦ Le fûton permet de manipuler l'air, le support du son. C'est en quelque sorte l'élément-socle.
♦ Le raiton permet de générer des signaux, et de créer la forme d'onde. C'est en quelque sorte l'élément-générateur.

NB : si vous avez suivi, vous me direz que l'air n'est pas forcément le milieu de propagation d'un son, et vous aurez tout à fait raison. Il s'agit là d'une approche parmi tant d'autres qui permet simplement de comprendre la formation d'un son avec le chakra ; vous pourrez ensuite étendre ce modèle à tous les milieux de propagation imaginables.

Schéma explicatif:

Sans transition, voici un descriptif du premier travail que je vous propose.

TP n°1 : génération d'un son simple

Avant de songer à réitérer l'expérience que vous avez vécu avec la tasse à café, il convient de commencer par l'exercice le plus basique : la synthèse d'un son pur. Cela vous permettra de savoir ce que vous manipulez avant de vouloir jouer aux apprentis sorciers.

Il s'agit ici de générer une note pure, peu importe laquelle.

Voici la procédure que je vous recommande :

1) Génération du signal : tentez de faire osciller votre chakra au niveau de votre main. Créez simplement des allers-retours d'énergie sans le sortir de votre corps, un peu comme quand vous vous apprêtez à lancer un raiton mais de façon plus contrôlée, et contenue dans votre main.

2) Conditionnement de l'air : à l'aide de votre seconde main, essayez de déployer votre chakra dans l'air autour de la première main. Ajustez la densité de chakra autour de votre main jusqu'à ce que vous sentiez une sorte de picotement au bout des doigts.

3) Libération du son : quand vous ressentez le picotement, relâchez maintenant l'oscillation de chakra de l'étape 1. Vous devriez être capable d'entendre le son généré par cette oscillation (il devrait être un peu brouillon au début).

Une fois que vous avez réussi l'étape 3, tâchez de travailler votre son de façon à le contrôler avec le plus de finesse possible. (NB : la fréquence des oscillations définira la hauteur de la note, et la quantité de chakra brassée définira son volume).

Quand vous pensez arriver à un résultat correct (une note de musique stable en amplitude et en fréquence), enregistrez votre son en activant le sceau sur le bout de parchemin que je vous mets en pièce jointe, et joignez-le à votre prochain courrier.

Ce travail vous demandera une certaine patience, mais il est nécessaire pour la suite. Peu importe que vous réussissiez ou non, n'hésitez pas à me faire part de toutes vos difficultés par écrit.

Désolé pour tout le bla-bla théorique, il faut en passer par là. J'ai fait mon possible pour rendre la chose la plus digeste possible, j'espère que cela conviendra.


Bonne chance,

bien cordialement.

On' ♫