Le voyage avait été court et pour cause, le lac Rakshastal et la ville qu'il bordait, Kyirong était à un peu moins d'une cinquantaine de kilomètres de la capitale où nous habitions. De quoi faires des heureux, mais je considérais que chaque minute passée à ne pas s'entraîner était des minutes perdues pour mon élève. Aussi, j'avais décidé d'un petit exercice physique pour sa personne et j'étais grimpée sur son dos, me servant de lui comme d'un cheval (bien qu'il soit beaucoup moins confortable qu'on se le dise) et je lui avais demandé de faire tout le voyage d'un petit trottinement, la neige ne pouvant que l'aider à développer ses muscles et donc sa force et par conséquence son Taïjutsu. Malgré la dureté de l'effort, j'agissais comme une vrai coach sportive, l'encourageant sans relâche :


"Allez un peu de courage !"

"Ne lâche pas !"

"Tu verras les effets de cet entrainement quand nous attaquerons la partie Taijutsu de ton apprentissage !"


Rien à faire. À un peu moins de cent mètres de notre point d'arrivé, le jeune homme s'effondra dans la neige et je lui tapotais gentiment le dos avant de finir de le traîner au bord du lac ou je le laissais se reposer une dizaine de minutes avant de revenir les bras chargés de délicieuses brochettes grillés.
J'en fourrais une dans ma bouche, la dégustant avec beaucoup de plaisir avant d'en glisser une autre devant mon compagnon pour que le fumet de cette dernière l'attire.


"Kyo ... Réveille-toi ! Je t'ai rapporté quelques choses de bon à manger !"


Quelque chose de bon, c'était peu dire. Ces brochettes m'avaient couté une véritable petite fortune, mais cela avait un sens bien particulier pour moi et j'attendais que le jeune homme daigne lever les yeux et prendre sa part pour pouvoir continuer mes explications.
Alors que le jeune homme se relevait finalement et s'empresser de goutter les fameux morceaux de chair blanche et élastique, je lui fis un petit sourire pour attirer son attention :


"J'espère que tu as trouvé cela bon, car c'est pour cela que nous sommes là aujourd'hui !"


Je regardais alors le lac, le désignant d'un mouvement ample des bras :


"C'est ce poisson que nous devons attraper ! Mais vivant ! Un mâle et une femelle ! C'est l'objet de notre mission !"


Je me tournais alors vers le lac tout en prenant une autre brochette que je fourrais une nouvelle fois dans ma bouche. Puis j'en tendis une nouvelle à Shikyo :


"Des idées ?"

Un petit gloussement de moquerie s'échappa d'entre mes lippes alors que je m'avançais joyeuse vers mon compagnon, glissant sur l'eau gelée du lac comme une vraie patineuse artistique :


"Il faut éviter de les tuer ou de leur faire du mal, je te rappelle ! Non-non, nous n'allons pas les pêcher ! Mais on va essayer de les capturer !"


D'un geste de la main, je lui désignais la berge du lac à environ un kilomètre de notre position. Il était temps de se remettre en marche et je proposais à mon coéquipier de couper par la glace pour arriver plus rapidement à notre destination.
Cette dernière était une petite cabane tout en bois donc l'enseigne indiquée en lettres peinte de blanc : plongé sous la glace. Un petit sourire se dessina sur ma bouche alors que je regardais la réaction de mon compagnon. Allait-il ou non apprécier la chose ? Je n'en savais rien mais pour ma part, j'attendais cela avec une grande hâte que je ne parvenais pas a dissimuler.
Courant presque jusqu'à la petite maison, je remontais la douce pente qui menait jusqu'à cette dernière et j'expliquais rapidement la situation au gérant qui approuva d'un signe de tête. Lorsque mon compagnon arriva enfin, je lui expliquais alors comment ça allait se passer :


"On va mettre des combinaisons de plongées adaptées au froid et on va plonger ! D'accord ?"


J'attendis sa réponse. Positive ou négative pour ma part, je devais remplir la mission, aussi, je me dirigeais sans plus attendre dans des sortes de vestiaires ou après moult efforts, je parvenais à mettre la combinaison de plongée. Cette dernière, épaisse, recouvrée ma peau comme un second derme et j'appréciais la fluidité de mouvement que j'avais à l'intérieur de même que le fait que je ne ressentais absolument pas le froid. C'était plutôt agréable. J'espérais secrètement que la sensation serait la même une fois dans l'eau. Par contre, une chose me gênait énormément. Impossible de cacher mes formes naissantes dans un tissu aussi moulant. C'est donc en essayant de me cacher malgré tout la poitrine, en croisant mes bras devant, que j'attendais impatiemment mon compagnon. Je profitais de ces quelques secondes de répits pour récupérer une partie du matériel de plongée. Un masque, des bouteilles de gaz accroché à un gilet et de grandes palmes. Il ne me restait plus qu'à me plonger dans les eaux glacées.

Non mais quel crétin je vous jure ! Je l'avais vue passé comme une fusée devant moi sans même me prêter attention avant de se jeter sur la glace qu'il semblait croire liquide. Bien entendu, le résultat fut à la hauteur de mes espérances ! Une énorme bosse se dessinait à présent sur le crâne du jeune homme alors que je le baffais énergiquement pour tenter de le ramener de l'inconscience. Il ne fallut pas plus de cinq minutes avant que le malheureux pousse un cri de douleur alors qu'il se recevait une énième claque. Je le regardais alors en rigolant devant sa mine déconfite tout en murmurant :


"Ça t'apprendra à vouloir faire le malin tien !"


Mais sa joue allait rapidement enfler aussi, je lui enfilais en vitesse la cagoule de sa combinaison et l'aider à mettre son masque et ses palmes pendant qu'il continuait à se tenir la joue en couinant de douleur :


"L'eau froide va te faire du bien ! Allais met le gilet et plonge, j'arrive dans une minute !"


Plonger , plonger ! Facile à dire, mais malgré la combinaison l'eau était glaciale ... Peut-être moins que la température extérieure remarque, ce qui nous la ferait peut-être ressentir tiède ? Je frémis en mettant moi-même mon masque et mes palmes en place avant de m'avancer à mon tour vers l'un des trous découpaient dans l'eau. Le premier contact fut vraiment désagréable. Puis petit à petit, je m'habituais à la sensation contre ma peau. Doucement, je glissais dans le liquide bleuté et sombre avant de mettre en apnée totale.
Shikyo était légèrement en contrebas et on n'y voyait pas grand chose. Ressortant la tête de l'eau, je me saisis alors d'une lampe que me tendais le tenant de la petite cahute. De quoi éclairer les profondeurs du lac voilà qui était parfait. Il était temps d'y aller à présent. Je glissais dans ma bouche le masque à oxygène et d'un coup de palme, je me projetais vers les profondeurs tout en levant un pouce vers le haut pour faire signe au Kaguya qu'il était temps d'y aller. Dorénavant, nous progresserions dans le silence le plus total, car dans l'incapacité de parler seul nos mains pourraient nous servir à communiquer. Les bruits de la glace qui se fendillent au-dessus de nos têtes ne tardèrent pas à nous appeler, mais c'était les profondeurs surtout à présent que nous devions explorer.
Donnant une deuxième lampe à mon coéquipier, nous nous élancions à présent vers les abysses en quêtes de notre couple de poissons.

Un énorme poisson. Une baleine oui. J'en tremblais encore en regardant l'énorme poiscaille continuer son chemin qui si de rien n'était. L'air de rien, j'étais à présent paniqué et toujours en apesanteur dans ce monde sans couleur, j'avais beaucoup de mal à retrouver mon calme, des flots incessants d'oxygène s'échappant à un rythme très irrégulier de mon casque comme si j'avais du mal à reprendre ma respiration.
Il fallait que je me calme. Oui que je me calme.
Bientôt le flux d'air s'échappant de mon organisme redevint plus régulier et je faisais signe à Shikyo que tout était ok avant que nous ne reprenions nos recherches.
S'enfonçant une nouvelle fois dans les profondeurs du lac, je malaxais en continue mon chakra, tant pour m'assurer un peu de réconfort et de chaleur, tant pour me préparer à toute éventualité dans cet univers hostile.
Bientôt des reflets argentés attirèrent mon attention et en faisant un grand signe à Shikyo pour lui indiquer de me suivre, nous nous retrouvions alors au milieu d'un immense banc de petits nageurs de couleur argentée, tournoyant autour de nous sans vraiment avoir peur. Contrairement au gros poisson de tout à l'heure, ces derniers n'avaient pas le moins du monde, l'air hostile. Je battais alors des pieds avec puissance pour tenter de me sortir de là. Où pouvait bien se trouver les espadons que nous cherchions. Ces animaux me semblaient craintifs, nous devrions sans aucun doute nous rapprocher des profondeurs rocailleuses pour tenter de les apercevoir.
J'indiquais donc les profondeurs noires à mon compagnon avant d'hésiter un peu à m'enfoncer vers ces dernières.
La pression y devenait plus forte, la lumière se raréfiait et la vie était aussi moins nombreuse. Soudain, j'aperçus une petite lueur au cœur de l'obscurité. Intriguée, je m'arrêtais de nager et faisais un signe à mon coéquipier en direction de la petite lumière comme pour lui dire :


"Tu as vu ?"


J'ouvrais alors les mains en grand pour lui signifier que je ne savais pas ce que c'était. Devions-nous aller voir ? La réponse était oui bien évidement, aussi, je nageais en direction de cette dernière en restant sur mes gardes.
Quelle erreur ! Un énorme poisson à nouveau muni d'une sorte de corne en forme de lampadaire a laquelle était suspendue une petite boule lumineuse. De grande dent pointue. Une monstre venue d'ailleurs en soit. Il semblait dormir. Prise de panique, je reculais doucement ...

Du sang ... L'eau autour de moi n'était qu'immense étendue rougeâtre alors que les entrailles de l'animal se répandaient de partout. Je frémis en voyant que j'avais évité de peu à me faire dévorer vivante pas l'impressionnant monstre venu des profondeurs. Ses dents et son regard malfaisant me revenant sans arrêt en mémoire, je frémissais encore de terreur tout en cherchant du regard ce qui était à l'origine de mon sauvetage.
Mais ce qui m'avait sauvé n'était autre que le poisson que nous recherchions, ou plutôt les car il était deux. Je lançais des coups d'œil affolés tout autour de moi en cherchant Shikyo pour qu'il m'aide.
Qu'elle ne fut pas ma surprise en découvrant ce dernier en train de se faire charger par l'un des deux poissons. Il semblait à son tour pris d'une grande angoisse et je voyais ses yeux se tourner dans ma direction en quête d'une aide quelconque. Que pouvais-je faire à la distance où j'étais ? Je n'avais pas vraiment de solution. Nageant alors le plus rapidement possible au travers du flot de sang, je composais de mes mains libres une série de mudra en espérant que cela ferait l'affaire.
Je pensais alors très fort au nom de ma technique, tout en la prononçant malgré le tube qui m'obstruait la bouche :


"Futon ! Daïtoppa !"


Une énorme flopée de bulle remonta alors à la surface pendant que je ne créais non pas une bourrasque de vent, mais un énorme courant d'eau se propulsant vers l'espadon. Chance ou non, cela ne blessa pas l'animal, mais permit de dévier sa trajectoire de façon à ce qu'il passe juste à côté du jeune Kaguya.
Si shikyo avait été plus proche de moi, il aurait pu lire le soulagement dans mes yeux, mais à présent il était temps de passer aux choses sérieuses pour nous deux. Je battais rapidement des pieds pour le rejoindre ma main s'agrippant à la sienne lorsqu'il me la tendit pour me tirer vers lui. Je me retournais alors lui désignant les deux animaux en train de dévorer leur proie. C'était l'idéal pour nous afin de les capturer. Mais il nous fallait faire vite. Me désignant alors moi, je lui expliquais que je m'occuperais de l'espadon qui l'avait attaqué, qui semblait le plus agressif. À lui de se charger du second pour essayer de le capturer sans le blesser.

Contrairement à mon coéquipier, j'abordais le combat d'une toute autre façon, jouant la carte de la prudence, je laissais mon corps dérivé au contact d'un petit courant pour me rapprocher tout en douceur de mon espadon sans pour autant attirer son attention pour l'instant. J'observais au passage les alentours, le terrain avec des petits mouvements de la lampe que je tenais toujours fermement dans ma main. Je savais qu'au moment du contact, il me faudrait agir vite avec l'animal, mais en essayant de ne pas le blesser. Comment allais-je procéder ?
J'apercevais alors une épaisse petite forêt d'algue qui montait très haut vers la surface du lac. Les espadons quant à eux continuer à dévorer leur proie sans se soucier de nous. Mon coéquipier se rapprochait dangereusement de son adversaire et je savais qu'il me faudrait rapidement me décider pour agir de concert avec lui afin qu'il ne prenne aucun risque si jamais ma propre cible décidait de s'attaquer à lui.

Ça y est, Shikyo venait de se lancer à l'attaque. Le temps n'était plus à la réflexion, mais bel et bien à l'action. Je fonçais moi aussi vers mon espadon tout en composant une série de mudra qui fit se gélifier une quantité d'eaux assez importante à côté de moi avant de se précipiter vers l'espadon.
La boule-de-neige était partie le plus rapidement possible malgré la densité de l'eau et je comptais bien qu'elle attire le poisson loin des autres.
L'effet escompté fut appréciable, car à peine la neige fondante eut-elle touché le flanc du poisson que ce dernier se retourna vers moi et chargea.
Je pris alors la fuite, m'enfonçant dans la forêt d'algue. Il faudrait à présent que je sois très prudente, et très attentive, car le poisson était là, avec moi. L'air de rien, je me plaquais contre le sol vaseux, attendant une occasion pour l'approcher en toute discrétion.
Ma chance me fut donnée quelques minutes plus tard alors que le poisson passé au dessus de moi sans me voir. Je fonçais, et je plaquais ma main sur sa queue tout en pensant à ma technique.

Un petit sceau se dessina alors sur la queue du poisson et tandis que je prenais la fuite pour éviter de me faire empaler par ce dernier, je positionnais ma main droite devant ma bouche en faisant le signe de la chèvre pour relâcher mon sceau.
Aussitôt, une épaisse couche de glace enveloppa la queue de ce dernier l'empêchant désormais de se mouvoir à sa convenance. C'était parfait, il était mon prisonnier à présent. Je n'avais plus qu'à le ramener à la surface. Je me mis alors à chercher mon élève des yeux pour voir comment lui aussi s'en était sorti.

HRP:

Mon poisson enfin immobilisé, du moins partiellement, et mon coéquipier semble-t-il en sécurité, je tentais de m'approcher péniblement de l'animal qui semblait se débattre comme un dément. L'espadon se déchainait, sa longue mâchoire en forme de lance fouettant l'eau dans tous les sens, il m'était, à proprement parler, impossible de me rapprocher de lui, à l'instant, présent sans risque de me faire embrocher. La solution me parut alors évidente. Je formais le plus rapidement possible une série de symboles avec mes doigts pour user une nouvelle fois de mon chakra futon. Pas facile me direz-vous au fond de l'océan, car ce dernier insufflait alors directement sur les courants marins. Mes mains se tendirent alors en direction de l'espadon et alors que progressivement, je refermais ma dextre, je sentis l'afflux de l'eau se refermer dans une solide étreinte autour de l'animal me permettant ainsi de l'approcher doucement et de l'entourer de mes bras pour ressentir sa chaleur réconfortante malgré la viscosité de sa peau écailleuse.
Je m'évertuais donc à remonter l'énorme poisson vers le soleil, le hissant du mieux que je pouvais vers le trou que Shikyo avait créé quelques minutes plus tôt. J'entendis alors son cri au travers de l'eau, les vibrations de cette dernière me parvenant aux oreilles. Mon coéquipier se trouvait juste au-dessus de la surface alors que j'atteignais cette dernière. Tendant alors la main vers lui pour qu'il m'aide à remonter, je me hissais jusqu'à l'air libre en poussant une grande expiration avant de respirer à nouveau normalement l'air libre :


"Ouf ... Enfin ! Aide-moi s'il te plait, il est lourd ... !"


Faisant alors un ultime effort, je hissais le dard de l'animal jusqu'à la surface pour que mon élève m'aide à le sortir de l'eau. Grimpant aussi sur la glace, nous parvenions alors rapidement à le hisser sur le lac gelé en soufflant comme des bœufs alors que le patron de l'échoppe de plongée nous rejoignait en courant et nous demandais comment nous allions. Plutôt bien pour ma part et à en jugeais par le visage de mon coéquipier, c'était son cas aussi. Ouf ! Notre mission était enfin accomplie, nous allions donc pouvoir conduire nos deux énormes poissons aux bassins où il passerait désormais le reste de leur vie en espérant que leur nouvel environnement serait propice à la reproduction de cette belle espèce.