Ordre de mission:

« Les glands, ça peut aussi faire de beau chêne avec le temps… »

Perplexe face à cette note laissée sur ma tasse de thé pour premier bonjour à mon retour, j’entamais ainsi ma journée et pas n’importe laquelle. Aujourd’hui, jour spécial, non seulement je partais retrouver ma Yuka adorée pour qu’elle m’emmène loin de notre île, mais en plus pour une mission, en clair, je l’avais pour moi toute seule, tout bon non ? Oui, c’était avec une nature assez enfantine que je voyais les choses la concernant, bref, pour reprendre la note en encouragement pour mon départ, j’étais plus gland que chêne pour l’heure il fallait croire. Mon bagage étant déjà prêt depuis la veille où j’avais reçu l’ordre, je partais avec une avance considérable vers les portes du village, eh oui, les bateaux ici étaient le passage obligé. Le mot en poche j’abandonnais les miens pour les jours à venir armée d’un bon manteau dans mon sac, Yuki… Moi ça ne me faisait penser qu’à la petite Samui de mes connaissances, ce n’était qu’aujourd’hui que je percutais le rapport avec la neige, Yuki, pays des neiges, Samui… ?

Bref, petite réflexion oh combien très utile à part, j’étais arrivée au port et il ne me restait plus qu’à trouver ma douce Yuka, sauf que j’avais plus d’une heure d’avance… ? Non bien à l’inverser, j’étais en retard, comment cela était-ce possible puisque chez moi il était quatre heures ? Sur ce point, je n’aurais qu’une chose à dire, pensez régulièrement à changer les piles de vos horloges, surtout si vous n’en avait qu’une… Petit coup de pression dès le départ, malgré tout avec une belle accélération j’étais à bord, bon ça commençait fort, mais heureusement Yuka était là et rien que sa vue suffisait à me faire oublier ce petit début foiré. Pas grand-chose à faire pour l’heure si ce n’était attendre et papoter, Yuka allait surement vouloir faire un point, l’écouter même pour parler boulot me ravissait, c’était dans ces moments-là que je percevais au mieux mon côté groupie vis-à-vis d’elle… Mais c’était là une autre histoire. M’approchant de la belle après avoir jetait mon bagage, j’étais tout sourire face à elle.

=|- Ohayo Yuka ! Ça fait longtemps, je suis contente de te revoir, encore plus quand je t’ai pour moi toute seule !

Sourire carnassier, je n’avais pas oubliée qui lui voler tout son temps et je ne pouvais pas lutter, malgré tout devait-il être bon joueur puisqu’il me la laissait, même si c’était un peu fou justement vu le rang de la mission… Quoi que, avec Yuka j’allais me tenir à carreau, c’était intelligent finalement… Bref, je me perdais encore dans une réflexion inutile et il y avait mieux à faire, comme réfléchir sur cette mission, bien que pour le coup, je venais un poil en touriste. Il était temps d’y remédier non ?

=|-Bon, je suppose que l’on a un peu de temps avant d’arriver à Yuki, en gros on est mission de reconnaissance ou de sauvetage, on est censé arriver là-bas en douce ou on est attendu… ?

« J’ai voyagé dans tes rêves, je t’ai vue t’émerveiller devant un avenir radieux, un avenir où la pluie ne recouvrira plus le corps des êtres qui te sont chers. J’ai voyagé dans ton monde, et je t’ai vu sourire, de ce ris satisfait qui me montre que tu ne souffriras plus jamais. J’ai voyagé dans ton esprit, et j’ai compris. J’ai compris qu’il faut que tout cela change. »

Yuka ouvre subitement les yeux. Un rêve. Un de ces rêves qui reviennent toujours, et ne la lâchent jamais. Ces images, ces voix dans son esprit, qui lui indiquent de sauver un monde. Un monde, oui, mais lequel ? Le sien ? Pourquoi ? Est-il mal en point ? La kunoichi ne le sait pas. Bernée par les douces illusions d’un univers qui avance et ne s’essouffle jamais, elle en oublie que, des fois, la roue du temps cesse de tourner. Qui est parti, cette fois-ci ? Qui a été détruit par les aléas de la vie ? Encore un proche à enterrer ? Non, pas encore … La brune se tourne, et remarque l’absence de Yoru. Déjà ? Mais quelle heure est-il ?

Ses prunelles andrinoples croisent l’horloge, et constatent qu’il n’est pas si tôt que cela. Le temps que l’information monte au cerveau, elle ne bouge pas, toujours perdue dans ses songes. Puis, d’un seul coup, elle se lève, fait le lit, va s’habiller, déjeuner. Le tout avec une rapidité déconcertante. Au bout d’une trentaine de minutes, voire un peu plus, elle finit par sortir. Pas le temps de niaiser. Une mission l’attend. Une mission dont l’ordre de mission est un peu flou, cela dit. Reconnaissance ou surveillance, là est la question. Mais. Comme il s’agit d’une disparition d’informations, c’est sûrement là une question de reconnaissance. Et de meurtres, si jamais des hommes se sont amusés à leur tomber dessus. Pourquoi, là est la question, une fois encore. Peut-être parce que cela crée un pont avec Kiri, depuis la conquête ? Décidément, ils ne s’arrêteront jamais.

Yuka accélère le pas, histoire de ne pas rater le bateau. Ces derniers sont sans pitié. Ils partent, et ne vous attendent jamais. Si vous avez le malheur d’être en retard, tant pis pour vous, vous prenez le prochain. Ou alors, vous êtes un bon ninja et vous vous épuisez en faisant tout le chemin sur l’eau. Belle punition pour un dormeur qui a oublié l’heure. Au moins, la prochaine fois, il se secouera. La brunette soupire, et s’appuie sur la rambarde, les yeux perdus sur l’océan. Encore ce rêve, qui lui revient. Pourquoi cette voix, pourquoi ces songes ? Que se passe-t-il dans son monde, qu’elle ne comprenne pas, qu’elle ne sache pas ? Encore trop de questions, et trop peu de possibilités de répondre.

Une voix cristalline vient la sortir de ses songes. Aojikawamanashi. Sa petite princesse. Toutes ces interrogations ont fini par lui faire perdre le fil, et la voilà qui oublie même qui est sa coéquipière. Sans lui répondre, Yuka se tourne vers elle et la serre dans ses bras. Vivante. En bon état. Toujours la même. Ce n’est pas sur elle que c’est tombé. Après, il s’agit aussi d’un rêve, il peut très bien être complètement faux, et ne refléter que des peurs tapies dans l’ombre. La kunoichi relâche son amie et lui adresse un franc sourire. Son rayon de Soleil est là, et plus rien ne la fait trembler. Tout va mieux. Instantanément.

« — Eh oui ! Pour une fois ! Ça me fait plaisir de te revoir, mon Ao’ ! »

Lunatique ? Peut-être un peu. Rassurée ? Totalement. Elle espère simplement qu’il n’est rien arrivé à son aimé. Mais il s’en sortira. Après tout, c’est l’un des plus puissants shinobis de ce monde, non ? Et certainement le plus puissant du sien … Elle rougit, puis chasse rapidement ces pensées, se recentrant sur la mission. Aoji’ se pose donc une question similaire à celle de Yuka. La demoiselle hausse les épaules, et finit par répondre, tranquille.

« — Je pense que c’est de la reconnaissance mêlée au massacre. Sauf que, si on doit tuer quelqu’un, ils sont sûrement là à nous attendre. Il faudra que nous soyons très prudentes, et astucieuses. Autrement, nous risquons d’y perdre beaucoup. »

Simple, et efficace. Sauf qu’il reste une tactique à prévoir, et une tactique qui soit fiable dans tous les cas. S’ils sont tapis à même la neige, il faudra se préparer dès le départ. Ils pourront arriver n’importe quand, détruire n’importe qui, pour finalement repartir tranquillement. Ce n’est pas le moment de se rater. Après, cela peut n’être pas aussi dramatique que Yuka le présage, mais il faut être parée pour toutes les situations possibles.

« — Je fouillerai les alentours dès notre arrivée, mais je pense que … Ce ne sont pas de simples tempêtes qui les ont réduits au silence. Autrement, ils seraient réapparus depuis très longtemps, je pense. »

La Mitsuharu soupire. Comme quoi, même les élites les plus puissantes, postées là spécialement pour surveiller et protéger la tour, peuvent être anéanties. Mais si une telle équipe a été décimée, la leur pourrait l’être également … Non ! Il ne faut pas penser comme ça. Elles y arriveront. Et les autres s’en mordront les doigts. Tout simplement.

Le bateau accoste, et tous les passagers descendent. Yuka y va prudemment, s’arrêtant au milieu du port, où elle remarque quelque chose de … particulier. Une femme familière qui marche, amochée. Elle a l’air particulièrement mal en point. La brune s’approche, et lui tend le bras pour l’aider. Lorsque ses prunelles croisent les siennes, cela lui revient. La soirée, l’alcool, le pédophile. C’était il y a si longtemps, maintenant. La sabreuse a totalement changé, hormis au niveau des yeux.

« — Akuruz ? »

Yuka tourne la tête vers Aoji. Quel monstre a bien pu lui faire une chose pareille ?

Dame Destin n’en avait pas fini avec les retrouvailles voilà qu’arriver à bon port elle me présentait un autre faciès que je connaissais bien pour m’accompagner… Quoi que j’avais peine à la reconnaitre cette pauvre enfant, si loin de la lionne enragée que j’avais connu il y avait déjà pas mal de temps en forêt, chez moi et téméraire. Soudain elle comptait la suite, sa suite, non son passé plutôt, un passage sombre de l’existence me faisant comprendre que c’était cette témérité qui lui avait couté si chère. De la pitié ? Non pas vraiment, on ne récolte jamais que ce que l’on sème et ça je le savais d’expérience que trop bien. Non mon sentiment était alors tout autre, c’était la preuve une fois de plus que la faiblesse de l’âme n’avait pas sa place dans ce monde et c’était soudainement là qu’une volonté se forgeait en promesse dans mon esprit. L’Hokage elle avait dit ? Un nom que je plaçais dans un coin de ma tête avec la certitude de le rencontrer très prochainement. Pourquoi ? La confrontation bien sûr, à voir s’il serait si grand, si fier, si osé avec une enfant reliée quant à elle à une nation. Car oui ne soyons pas dupe, cela faisait une différence dans les méthodes, un manque de tact, une pareille conduite et c’était la guerre, alors qu’une nunkenin, qu’elle était son risque dans son plaisir sadique ?

Mais là, je me demandais alors si je n’allais pas être déçu par une conduite justement trop dictée par ces codes, mais alors quitter Kiri pour être logée à la même enseigne… ? Mon regard se posait sur Yuka progressivement il devenait tendre, elle était à l’image de mon village, capable de me faire commettre toute les folies pour elle. Cependant, je n’en restais pas moins une sacrée égoïste et ce même regard se faisait soudainement perçant, un jour j’irais à Konoha jouer au même jeu que ce cher Hokage et avec lui bien sûr. Pourquoi ? Une envie simplement plus dicter par un égo fou qu’une réelle envie de vengeance et pour que le moment soit parfait, encore fallait-il que j’arrive à trainer avec moi cette créature changée qu’il avait détruit.  La voilà affalait en larme juste après avoir dit qu’elle allait bien et moi ? Moi je me penchais vers elle pour l’enlacer contre mon buste. En théorie c’était le moment où il fallait mettre fin à sa vie, fin à cette horrible spectacle, fin avant qu’elle ne tombe plus bas… mais l’effet fût tout autre, d’un souffle chaud sortant de ma bouche quelques mots venaient réchauffer son oreille.

=|-Tu as pleuré, maintenant c’est fini, sèche tes larmes et n’en ressors plus jamais devant moi, sans quoi je te promets de te tuer.

Un brin reculé maintenant c’était pourtant un sourire doux que j’affichais en contraste avec mes paroles, d’ailleurs je n‘avais pas fini.

=|-Je t’ai connu tigresse, pas larve, si tu ne sais pas le redevenir quitte ce monde tu ne sers plus à rien.  Sois tu pleures, sois tu viens avec nous et tu montres que tu es toujours la kunoichi que j’ai connu, après quoi je te fais la promesse d’être ton alliée dans une vengeance sans merci face à tes bourreaux.

À présent droite je lui tendais la même  un court instant avant de lui faire un signe de nous suivre et tourner les talons pour reprendre mon chemin, on était en mission, c’était désolant pour elle, mais la triste réalité, pas question de perdre du temps. Et devant ma Yuka, ma belle et douce fée mon visage à nouveau se faisait niais, qu’importe elle était notre leader, c’était à elle de décider, mais j’avais l’impression qu’elles se connaissaient ou bien alors ma fée savait faire preuve d’écoute et de douceur qui sait, oui surement ça, c’était loin d’être mon cas.

=|-Bref, nous devrions aller, plus tôt arriver, plus vite rentrer. Que compte toi faire d’elle ? Ma proposition était un peu hâtive je reconnais…

Dévastation. Ce genre de sentiments qu’on ne comprend jamais vraiment, mais qu’on perçoit de l’extérieur. Comment est-ce que cette demoiselle, pourtant si belle, a-t-elle pu autant être abîmée par le temps ? Pourquoi le sort s’est-il acharné sur elle ? Des questions qui se suivent, qui s’enchaînent, mais ne permettent pas de démêler les nœuds. Un bazar monstre qui n’a fait que grandir avec le temps. Pourtant, lorsqu’elle raconte tout, d’un seul coup, le cœur de Yuka comprend. Il assimile les douleurs, les songes, et note le nom d’Hayashi Daiki en lettres rouges. Une future victime. S’en prendre à plus faible sans raison, hein ? Le village de Konoha est dirigé par un lâche, c’est d’une beauté incomparable. Et dire que quelques fois, Kiri tient l’image du village le plus barbare de ce monde. À en voir cela, la kunoichi se rassure un peu plus. La barbarie n’est rien, il n’est qu’une réalité plaisante aux yeux de tous. S’ils sont aussi hostiles, c’est parce qu’ils sont reclus. Et ils le vivent bien. Les contacts avec le grand monde amènent parfois de belles merdes. Au moins, là, il n’y a aucun problème. Pas de méchants qui chopent et cassent des côtes ou quoi. Kiri est seul, mais Kiri est heureux. Le sont-ils, eux ? Enfin bref.

Pas le temps de casser des noisettes ou de se questionner sur l’aspect géopolitique du monde, Aoji’ et Yuka ont une mission sur le feu. Par ailleurs, la Kaguya l’a bien compris, puisqu’elle embarque directement Akuruz. Cette dernière est alors mise au jus, en sachant que les deux kirijins n’ont pas le temps de se casser la tête. En l’état, elles ne peuvent rien résoudre. Soit elle suit, soit elle attend ici, à l’agonie. Au moins, l’une des solutions lui permettra de redorer son blason. Le reste suivra, très certainement. Mettre à feu et à sang un village, ce n’est pas bien difficile. Le transformer en ruines et marcher dessus avec une fierté désinvolte, en leur montrant qui domine. Yuka sourit à cette idée, et décide de prendre par la main la blessée, la traînant presque de force avec elle, avant de la lâcher une fois que leur marche leur a permis de quitter le village. La brune se tourne alors vers son amie, et lui lâche, avec toujours ce petit sourire, devenu cette fois bien plus doux.

« — Ne t’en fais pas, si c’est un poids, on sait ce qu’on a à faire, après tout. »

Étrange contraste quand on sait que la kunoichi ne parle ni plus ni moins de tuer la personne qui se trouve à leurs côtés. Elle le dit sans aucune animosité, cependant. Il ne lui viendrait pas à l’esprit d’arracher la vie d’Akuruz juste pour le plaisir. Quoique. D’une certaine manière cela abrégerait ses souffrances. Mais peut-être n’attend-elle que de s’être vengée pour se donner la mort ? Certains ne vivent que pour cela, une fois le méfait accompli, et leur âme satisfaite, ils disparaissent. Ils ont vécu pour ce qu’ils avaient à faire, et n’ont plus aucune raison de vivre un peu plus. Yuka soupire. Ah, mais aussi, quelle idée de se jeter dans les bras d’un loup plus gros qu’elle ! La Faucheuse n’attend que ça ! Pouvoir en emporter encore, toujours un peu plus.

Elle chasse alors ses songes, désormais face à la tour en question. Pour l’instant, il n’y a personne. Yuka vérifie tout de même grâce à sa sensorialité si personne ne leur tend d’embuscade. Rien à signaler pour le moment. Très bien. La brune fait un signe à sa partenaire de poursuivre. Direction la tour, histoire de mettre toute cette affaire au clair. Cependant, nul doute que ceux qui s’y trouvent ne sont plus que de vulgaires cadavres éparpillés, attendant en vain qu’on vienne les enterrer. La kunoichi exhale un nouveau soupir puis pénètre dans l’édifice.

Une odeur de rat mort remonte tout au long de ses narines et lui donne une violente envie de vomir. C’est immonde. Vu la concentration de la puanteur, il n’est pas impossible que ces hommes soient décédés depuis peut-être une bonne semaine, voire davantage. Yuka avance doucement, et piste les émanations de chakra. Certaines lui sautent aux yeux. Parmi les morts se trouvent des vivants, qui ne font que feindre le trépas. Ah, vraiment ? Quelle bonne blague. La sabreuse recule légèrement pour s’approcher d’Aoji, avant de lui murmurer, mimant le fait de simplement se mordre les lèvres : « Certains sont vivants. Faut les zigouiller. Sois discrète. »

La kunoichi reprend alors sa route parmi l’amoncellement de cadavres. Une fois près d’un « non-mort », elle brandit son sabre et le plante violemment dans sa poitrine. Il crache un peu de sang, s’étouffe dedans, puis meurt. Sauf que, et là, c’est plus problématique, alors que la brunette pense que l’affaire se réglera vite, une véritable armée de morts se dresse face aux trois demoiselles. Un nécromancien ? Ça promet ! Pour ne pas trop se dépenser face à la vingtaine de zombies qui viennent de se lever, Yuka songe à trouver directement le monstre qui les manipule. Cela risque d’être long, vu la taille de la tour. Mais pas d’problème. Ça ira. Elle a confiance en Aoji. Akuruz devrait pouvoir se débrouiller. Ou alors elle fuira, ce qui n’est, en soi, pas plus mal.