[Missions Rang B] Le Juge, le Médic' et la Sauterelle partent en chasse [Yanosa/Jun/Kotetsu]

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Yanosa venait à peine de ressortir des profondeurs de la terre, où il avait pu libérer l'âme de Mirai en la renvoyant au Dieu du Renouveau. Ses réflexions étaient claires et ses objectifs mieux définis que jamais tandis qu'il se mettait à marcher droit devant lui, dans la direction relative des côtes et du navire qui l'attendait là-bas, prêt à le ramener à Nami. Mais quelque chose l'empêcha de tracer sa route, le contraignit à stopper et à rester à l'écoute de ses besoins. Une vive pulsion vindicative s'était peu à peu emparée de lui lorsqu'il avait rejoint la surface, constatant à ce moment là une nouvelle fois à quel point il y avait de travail à accomplir sur cette Terre de désolation spirituelle, pour un dévot tel que lui. Retournant la tête vers le cœur des terres, le Nukenin décida alors qu'il était grand temps qu'il s'occupe de cette autre charge qui lui incombait et qui était, il fallait le dire, bien plus simple à appréhender moralement et psychiquement.

Car si son appréciation de la vie d'autrui était toute relative et sujette à bien des conditions, laisser le corps meurtri de Mirai s'enfoncer dans le magma originel ne l'avait pas laissé indifférent et suscitait en lui une envie irrépressible de se défouler, de briser et de détruire tout ce qui pourrait en valoir la peine. Et pour dénicher le vice qui serait l'objet de sa colère, il n'aurait certainement pas à chercher bien longtemps, les conglomérats d'humains rassemblés en villages et en petites villes recelant bien des occasions de constater à quel point la décadence et le vice rongeait le monde d'aujourd'hui. Sans plus tarder, Yanosa se mit donc en route vers le village le plus proche, marchant à vive allure en refrénant à peine ce besoin frénétique et contre-productif de déraciner arbre après arbre pour les faire brûler dans un torrent de flammes. Fort heureusement, le guerrier rouge ne tarda pas à rejoindre des traces de ce qui se faisait communément appeler « civilisation » et pu commencer sa quête, l’œil à l'affût de la moindre opportunité, du moindre geste dans la foule qui pourrait justifier son intervention.

Mais au lieu d'une personne, ce fut un visage qui attira en premier son attention. Un visage imprimé sur du papier de piètre qualité et placardé un peu partout dans les rues dont on pouvait difficilement louper la présence. Se rapprochant de l'une des affichettes, Yanosa l'arracha du mur où elle avait été clouée : il ignora complètement la partie faisant état de la récompense et s'attarda sur la dangerosité affichée de l'homme et les traits du visage qui y était dessiné. Un portrait un peu grossier, mais qui permettait de clairement identifier les signes distinctifs de l'individu : des cheveux mi-longs gominés vers l'arrière, blond platine, et des traits fins et secs laissant présager une origine aristocratique. Le cas semblait intéressant, mais il était hors de question pour le guerrier rouge de se lancer dans une traque dont il ignorait la cause. Relevant les yeux, il happa un passant du regard, s'interposant de toute sa stature devant le pauvre homme qui allait simplement se fournir au marché et lui tendant l'affichette sous le nez.

« Toi. Qui a fait publié cet avis de recherche. Dis moi où il habite.

- Euu, je- C'est le vieux Touji ! C'est un homme bon, et-

- Où habite-t-il.

- La maison du coin, là-bas, derrière la fontaine ! »

Sans plus de cérémonie, Yanosa fila donc affichette à la main vers la demeure que lui avait indiqué le citoyen apparemment sans histoire. Il découvrirait pourquoi cet homme était recherché et jugerait, selon ses critères à lui, si la chasse en valait la chandelle.

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Yanosa arriva promptement à la maison désignée un peu plus tôt par le civil qu'il avait interrogé, y entrant en trombe comme s'il y avait été invité et provoquant par la même un coup de frayeur à la jeune femme qui œuvrait dans l'entrée, probablement une domestique qui était chargée de garder l'endroit aussi propre que possible.

« Qu'est-ce que-.. Qui êtes-vous !

- Le maître des lieux, où est-il ? Le... « vieux Touji ».

- Qu'est-ce que vous lui voulez, enfin, laissez-le en paix !

- La paix je vais peut-être pouvoir lui apporter, à condition qu'il puisse répondre à une ou deux questions toutes simples. Et si vous ne me dites pas où il est, je peux tout aussi bien « visiter » cette bâtisse en enfonçant toutes les portes que je croiserai jusqu'à le trouver.

- Je savais que cette prime attirerait des gens dans votre genre... Il est au premier, dans le bureau à droite. »

Sans accorder un regard de plus à la femme de ménage -ou à toute autre fonction qu'elle pouvait occuper au sein de la demeure plutôt chic-, Yanosa monta donc en petite foulée à l'étage par l’escalier qui faisait face à l'entrée, rejoignant le bureau désigné sur la droite. Le vieil homme, qui avait certainement entendu l'échange de mots au rez-de-chaussée, était resté impassible, emmitouflé dans des polaires et avachi dans un fauteuil qui semblait des plus confortable mais qui, semblait-il, ne lui apportait aucun réconfort. Son regard se perdait devant lui, tourné de trois-quart par rapport à l''entrée de la pièce, où de nombreux calepins et ouvrages griffonnés trônaient sur le bureau en désordre. Sans plus de cérémonie, le guerrier rouge vint placer l'affichette qu'il avait gardé à la main devant les yeux du vieil homme aux crâne presque entièrement dégarni.

« Et bien quoi... C'est l'homme affiché qu'il faut me ramener, pas ce bout de papier. Les chasseurs de prime sont parfois d'un stupide...

- Heureusement que je n'en suis pas un alors.

- Qu'est-ce que vous voulez...

- Des informations. Je ne partirai pas en chasse sans connaître le motif de tout ceci. La prime ridiculement élevée trahi au choix une puissance démesurée et une dangerosité qui l'est tout autant, ou bien... des implications plus personnelles.

- Personnel... Ça vous pouvez le dire, que c'est personnel. En plaçant cette prime sur sa tête, je me suis attiré l'inimité de tout le village, soit-disant qu'un tel comportement, à cause de la réputation que je me suis faite au fil des années, est indigne de moi... Mais ils ne peuvent pas comprendre, tous autant qu'ils sont.

- Vous allez finir par me dire ce que cet individu vous a fait ou je vais devoir passer mon chemin ?

- Hmph... Vous avez l'air plutôt capable, ce serait stupide de ma part de me priver de vos « services »... Cet homme, ce... débris de l'humanité. Il s'appelle Shimitsu Yamato, c'est un shinobi, moi en tout cas en suis convaincu. Il est arrivé en ville il y a quelques semaines avec une petite troupe de fidèles et a commencé à embobiner tout le monde... Soit-disant, il devait apporter au sein de notre communauté la bonne parole de son Dieu, baratinant tout ceux qui étaient assez fous pour l'écouter. Il prônait ce qu'il appelait la Sainte Équité, un prétexte bidon pour soutirer des richesses aux habitants d'ici, selon moi.

Il a fallu que je fasse un esclandre, sur la place du village, en prenant toute la population à témoin, pour le faire fuir la queue entre les jambes lui et ses préceptes à la noix.

- Et à part remettre en question votre mains-mise morale et patriarcale sur celle ville, que vous-a-t-il fait ?

- Tssshh... Vous parlez sans savoir, jeune guerrier. Ce qu'il m'a fait, je vais vous le dire ce qu'il m'a fait... ! Ce salopard s'était vengé avant même que je le chasse d'ici et avait déjà rallié ma fille à sa cause... La petite... »

A ces mots, Touji fondit presque en larmes, plaçant sa main droite devant sa bouche en fixant le fond de son bureau, des mémoires douloureuses plein la tête.

« Ma fille, en suivant ces fameux préceptes de sainte équité sans queue ni tête, s'est mutilée à mort avant de se trancher la gorge... Se tuant de ce fait elle et l'enfant qu'elle portait de mon gendre... Personne ne veut me croire, mais je suis persuadé que ce Yamato y est personnellement pour quelque chose. On ne décide pas de se suicider comme ça, surtout pas... Surtout pas... »

Touji ne pouvait plus continuer, harassé par de sombres pensées qui semblaient graviter autours de lui tel autant d'esprits démoniaques. Heureusement, Yanosa n'avait pas besoin d'en savoir plus. La cause était quelconque, le combat serait sans nul doute intéressant à mener... Mais ce qui allait le motiver par dessus tout, c'était d'éradiquer, pour ainsi dire, un culte concurrent. Jashin ne pouvait pas permettre qu'un prophète autoproclamé sème la mort et la confusion sous des prétextes pécuniaires qui ne s'inscrivaient dans aucune continuité ni grand plan d'ensemble. Cet électron libre, ce Yamato et sa troupe de cinglés, devait être éradiqué, éliminé, et ce sans plus tarder. Du cœur à l'ouvrage, le Nukenin allait donc en mettre, et pas qu'un peu...

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