Ordre de Mission~ :

Un meurtre. J’étais appelée pour ôter la vie d’un homme. Voire plus que la sienne. Cette idée me fit sourire. J’étais là pour faire un carnage, laisser mes pulsions meurtrières sortir de mon corps pour transpercer un être de toutes parts, le vider, lui montrer que son âme s’en allait de son enveloppe tout en le faisant avec une lenteur telle qu’il n’en pourrait plus. Il hurlerait, s’égosillerait pour que j’arrête et que ses souffrances se calment. Mon sourire devint sadique, déchirant mon visage d’une mimique monstrueuse. L’innocence, à ce stade de la mission, était déjà partie. Envolée. Comme un simple souvenir. « Au revoir » ? Peut-être bien. Mais je ne m’en souciais pas plus que ça. J’étais juste là pour détruire, encore et encore. Une kunoichi de plus ? Sans problème, j’étais parée, dépourvue de peur, prête à laisser vaquer mes envies meurtrières. De plus, personne ne pourrait m’en vouloir, j’étais là pour ça.

Je n’avais pas eu beaucoup de détails sur l’apparence physique où les habitudes du jônin. Je savais seulement qu’il aimait les bars et les fréquentait souvent, notamment l’un de Yuki no Kuni, un pays que j’affectionnais tout particulièrement. Et, comme seconde salve informative, j’avais eu droit à un petit portrait. C’était un brun plutôt âgé qui ne se baladait seul que lorsqu’il se trouvait près d’une source d’alcool. Je n’avais donc qu’à le chopper dans un bar et j’étais tranquille. Quoique. Apparemment, il n’était pas si seul que ça. Une protection « rapprochée » ? Dans ce cas, il devait être vraiment vieux et amoché, le pépère. Pauvre petit. Mais qu’il ne s’inquiète pas. J’étais là pour remédier à ses souffrances. J’allais agir comme la piqûre d’euthanasie. Il était déjà condamné.

J’avais quitté mon petit nid assez tôt, ce jour-là. Une grande partie de chasse s’annonçait à moi et je ne pouvais manquer l’homme en question. Ma direction n’était autre que Yuki no Kuni. Le pays des neiges … Cette pensée me rappela la rencontre avec Encho. C’était assez amusant, quand j’y repensais car … La dernière fois que j’étais venue ici, j’étais une innocente petite fille. D’ailleurs, cet être avait, à ma grande surprise, répondue à mes questions les plus étranges. Pourtant, l’innocence dont j’avais fait preuve ce jour-là allait être effacée par un sadisme des plus fous, par une démence dévorante, enivrante. J’allais faire un meurtre. Voire plusieurs.

Ma marche fut plutôt longue, jusqu’à ce que j’aperçoive une rue où se trouvaient plusieurs bars. Des sources d’alcool … Beaucoup d’alcool … Je me décidai à entrer dans le premier qui passait, les vapeurs montant rapidement à mes narines. Je grimaçai. Il n’y avait rien de plus désagréable. D’un regard furtif, je me détaillai tout le bar. Personne d’intéressant. Non, personne. Juste une troupe de chanteurs, sur une estrade, au loin. Et puis c’était tout. Les autres étaient soit des alcooliques finis qui venaient pleurer leur malchance, soit des gens venus pour faire la fête et se détacher de la réalité. Je soupirai. Moi, je n’avais besoin que d’un meurtre pour aller mieux. Leur manière de faire était totalement débile. Quant à la mienne, si tout le monde se mettait à l’appliquer, il y aurait une guerre perpétuelle et débile. Plus débile que celles qui pouvaient avoir lieu.

Je quittai l’enceinte du bar, prenant une grande inspiration, évacuant au mieux les effluves désagréables qui avaient agressé mon nez. Je tournai la tête à droite, puis à gauche. La rue me déprimait déjà. Tout faire ? Tous ces bars ? Pour voir une multitude d’alcooliques notoires bourrés jusqu’à l’approche du coma éthylique ? Non. Je soupirai un bon coup et me posai contre un mur, déterminée à guetter toutes les sorties. Une femme se tenait non-loin de moi, silencieuse, semblant patienter également. Je ne fis pas plus attention que ça à elle jusqu’à ce qu’un homme, plutôt âgé et ressemblant à ma description, sorte du bar. Un grand sourire naquit sur mes lèvres.

Un petit bruit brisa mon silence, tandis que la demoiselle s’en alla, le rejoignant de la manière la plus simple possible. Vue ainsi, l’on aurait pu penser que c’était une enfant, interdite d’entrer dans le bar, qui attendait son père, qui lui, profitant de son état d’adulte, allait se saouler comme un pochtron en attendant que ses problèmes soient balayés par l’alcool. Mais le « père » n’était pas bourré pour le moins du monde, ce qui rendait la chose extrêmement complexe. Mais, pour clore cette jolie description péjorative et satisfaire mon égo, ces deux personnes allaient mourir. De ma propre main.

Une fois qu’ils furent bien éloignés, quittant donc la rue, je me décidai à les « rejoindre ». Discrètement, je fis le même chemin qu’eux, jusqu’à ce que le lieu devienne désert. À ce moment-là, les deux se retournèrent, un peu comme si j’étais pistée depuis le début. Pas étonnant, surtout pour des ninjas. L’inverse m’aurait même fait rire. Je les regardai, leur adressant un très grand sourire. La demoiselle se mit devant le jônin, comme si elle lui permettrait de s’évader ou quelque chose du genre. Premier réflexe, courir à leur rencontre et balancer des tas de shurikens. Et … Pour rendre le tout plus amusant, j’usai de mon esprit provocateur et leur balançai une pique plutôt méchante.

« Bah alors ? On m’a toujours dit que les jônins étaient forts … Et qu’ils ne se défilaient jamais ? Vous auriez peur de moi ? Alors que vous êtes deux ? Haha, que c’est drôle. »

Comme prévu, la kunoichi, avec apparemment beaucoup d’égo, décida de se jeter sur moi tête baissée. Elle ne savait rien. Rien. Pas une seule chose par rapport à mes techniques. Non, cette idiote ne faisait que plonger dans la mer sans aucune attache. J’en ris, m’écartant doucement, évitant avec rapidité chacun de ses coups. Pour m’avoir, il lui faudrait plus que des coups de poing et des coups de pied balancés dans le vide. Délicatement, je lui envoyai un shuriken secondé par une première salve.

« Kake Chîsai ! »

Des tas de petits éclats de cristaux furent envoyés sur la ninjette, tandis que, d’un bras, elle tentait de tous les envoyer valser. Manque de chance, le coupant de ces petits projectiles vint lui montrer à quel point une erreur aussi débile pouvait faire mal. Quelques marques rouges, dégoulinantes de sang, vinrent éveiller ma fureur, laissant la démence me prendre dans ses bras avec délice. Naturellement, je me laissais porter, succombant à la douceur de ce plaisir sans fin.

« Quand on est aussi idiote que toi … On ne peut que rompre rapidement avec la vie, non ? Signe ton pacte avec la mort. Mais d’abord … »

Je me mis à rire, repartant aussi vite. Ce n’était pas elle, ma cible. C’était l’autre idiot qui se croyait tranquille. Il me regarda d’un air méchant, comme s’il n’allait pas se laisser faire. Joignant mes mains, je composai quelques signes, avant de cracher une sorte de glu aqueuse qui l’entoura sur une surface assez large.

« Mizuame Nabara ! »

Gêné, il effectua quelques mouvements pour se dépêtrer, lâchant quelques jurons au passage. Je me moquai de lui, jusqu’à ce qu’une arme arrive. Je la sentis venir mais, trop concentrée dans mon délire, je n’eus pas le temps de l’éviter entièrement. De fait, celle-ci m’égratigna le bras avant de finir sa course dans l’eau collante. Je me tournai, lançant un regard noir de fureur à la demoiselle. Elle tenait à me tuer, cette saloperie.

Je me jetai sur elle, faisant appel à ma dague de cristal pour l’attaquer. Avec des coups vifs et rapides, j’arrivai à lui entailler une bonne partie des jambes et des bras, préférant épargner les zones vraiment sensibles pour l’instant. Ce serait plus drôle de la voir agoniser. Je lui assénai un coup de pied dans la jambe, la déséquilibrant, pour ensuite la trainer par les cheveux dans la glu. J’y sacrifiai un de mes pieds, obligée d’y pénétrer à moitié pour la faire entrer dans la surface. Connasse. Elle paierait.

Avec un très grand sourire, je composai de nouveaux signes, faisant tomber une pluie de cristaux sur toute la surface collante. L’homme, qui semblait avoir un minimum compris le principe, fit de très grands gestes pour s’en sortir, recevant tout de même quelques cristaux dans les bras, dont un qui, assez malin, avait réussi à lui faire une grande coupure sur la joue. La kunoichi, quasiment H.S, se prit de plein fouet la plupart des cristaux qui lui arrivèrent sur la tête.

Encore un peu bloquée, je préférai attaquer l’homme de loin. Cependant, avant cela, je devais achever la petite femme. Pauvre idiote. Une niaise telle qu’elle ne méritait pas d’être trainée dans une histoire aussi conne que celle du jônin. Je m’abaissai doucement, prenant garde à ne pas plonger ma seconde jambe dans la glu, plantant plusieurs kunais un peu partout dans son corps. Ses cris de douleur auraient pu me faire gémir tellement ils étaient agréables. Je penchai la tête en arrière avant de lui planter la dague de cristal dans le crâne, où l’extrémité se brisa, créant une grande plaie sur son front. Avec malice, je lui assénai le coup final, plantant un couteau pile là où se trouvait l’ouverture. Du sang gicla jusqu’à mon visage, me faisant sourire. L’homme, horrifié, avait tout de même réussi à se défaire de la colle et semblait prêt à me détruire.

Il se jeta sur moi, me plaquant contre le sol, enlevant ma jambe de la glu par la même occasion. Il se posa sur mes hanches, sa main lui servant à me mettre des tas de coups de poing en pleine tête. Malgré la douleur, je souriais, d’un sourire dément, faisant monter ses nerfs à leur paroxysme. L’homme hurlait qu’il allait me détruire, d’un simple coup ou de plus, qu’il me ferait du mal à m’en faire crier de douleur. Il aurait voulu que je m’égosille sous la force de ses coups. Pourtant, même lorsque du sang se mit à perler de mes lèvres et que mes joues commençaient à gonfler, je riais. Je riais aux éclats, faisant exploser ses nerfs. Oh, oui, il voulait me détruire.

Attrapant furtivement un shuriken, je lui plantai dans la jambe, agitant l’une des miennes pour le dégager de mon corps. Non mais oh. Il n’avait aucun droit de se poster ici. Heurtant le sol avec violence, il lâcha une plainte. Je souris. Il faisait moins le malin.~ Doucement, j’amenai ma jambe au-dessus de son ventre avant d’envoyer mon pied lui écraser le ventre avec violence. J’essuyai ma lèvre avec mon index, tout en regardant son corps gésir sur le sol. Il avait quelques spasmes, lâchant d’autres plaintes. Il voulait que je me calme, que je m’arrête. Et moi, je n’en avais pas envie. Je devais le ramener mort.

De fait, je composai de nouveaux mudras, créant une grande stalagmite de cristal qui, vu sa position et son inertie, l’empala pour lui asséner le coup de grâce. J’applaudis, regardant la création pleine de sang. Puis je me mis à la détruire, pour qu’il en tombe et que je puisse le récupérer et le ramener au destinataire. Tout ça serait d’une simplicité déconcertante. Je n’aurai donc pas grand chose de plus à faire … N’est-ce pas ? ~

Récap’~ :