Tsuchi no kuni. Terre de désolation, espace de conflit permanent. La nature et les hommes ne cessaient de s'affronter en permanence, dans une escalade de destruction, de violence, les menant aux plus hauts sommets du monde. D'une part, les séismes, les éruptions volcaniques, les éboulements, les glissements de terrain, comme autant de fléaux s'abattant sur les Tsuchijins, pour les punir de leur avidité, leur égoïsme. La nature était hostile, agressive, à l'image des damnés qu'elle punissait. Elle berce le pays d'illusions, avant de frapper plus fort : le magma, comme un nectar de roche incandescente, nourrit la terre, et portant avec elle une nuée de cendres, la rend fertile, avant de tout détruire à nouveau. D'autre part, il y avait les hommes, rassemblés non pas autour de la même bannière, celle d'un pays, ou mieux, d'un village caché, mais bien de clans. Tsuchi no kuni était la seule grande nation à ne pas avoir enterré la hache de guerre. Le passé de Kiri, Konoha, Suna, Kumo, et bien d'autres pays mineurs faisait le présent de cette terre inhospitalière.

Afin de tourner la page, de nombreux ninjas de l'étranger étaient régulièrement envoyés, pour calmer les conflits, et aider les civils. Yoru n'avait pas manqué à l'appel. Négligeant l'aspect humanitaire, il avait été envoyé pour éliminer les nuisibles. Retirant son sabre d'un de ces nuisibles fraîchement occis, Yoru remplissait son contrat. Il était sur un champ de bataille, et devait éliminer les deux factions en conflit. Les clans en présence ne faisaient que nuire à la quiétude d'un petit monastère dédié à la déité Hachibi, démon taureau à huit queues. Pire encore, chaque clan vouait un culte qui empiétait sur celui des bonzes du temple de Hachibi. Les uns, les membres du clan Otawara, dédiaient leurs prières pour le démon Yonbi, titan simiesque aux quatre queues. Le culte du démon singe était endémique de Tsuchi no kuni, et était souvent sujet à de nombreuses rumeurs mythiques. Pour les croyants de Tsuchi, Yonbi était endormi au cœur de la plus grande montagne du pays. Sa puissance était telle, que dans son sommeil profond, un seul de ses ronflements suffisait à faire trembler la terre, et à provoquer des cataclysmes. Les autres, les Fujiwara, obéissaient à une occulte religion, prônant le sacrifice humain au combat. Leurs divinités, des monstres inspirant des récits de combats sanguinolents, avaient besoin de sang, et les affrontements des Fujiwara fournissaient cette même hémoglobine. Ici, la religion était au cœur de la bataille : le monastère de Hachibi devait appartenir à l'un des deux clans. Yoru était ici pour que ce temple reste aux moines de Hachibi.


Impitoyable face à ses ennemis, le Sandaime Mizukage fit jouer de sa lame pour abréger la souffrance de chaque clan. Si chaque guerrier se battait sous l'impulsion folle des ambitions de son clan, la démence du Cyclope Pourpre les surpassait largement. Après lancé sa terrible vague vaporeuse, et ravagé des bataillons entiers de baroudeurs, le Tsar de la Brume s'en prit aux grosses pointures de l'assemblée belliciste. Afin de faire d'une pierre deux coups, il s'était faufilé telle une ombre dans un coin de la bataille, et sa flamberge chargée d'électricité tranchante, il fonça en ligne droite, et mutila à toute allure tout ceux qui rencontrait sa lame. Le sang volait, dans une éruption sanglante, et les cadavres faisaient trembler le sol à la manière des séismes peuplant Tsuchi no kuni. Petit à petit, le démon borgne accéléra, et porté par les vents d'un jutsu Futton, amplifia les amputations. Le cri de guerre se mêlait avec effroi aux hurlements de douleur, voire d'agonie, des moribonds. Ryûzoji n'avait aucun état d'âme face aux deux clans. Cette situation lui rappelait les conflits opposant sa famille aux Murakami. Un clan élevé dans l'art de la pyromanie. Tandis que les Ryûzoji avaient poussé au paroxysme leur maîtrise du Suiton, les Murakami eux avaient poussé leur maniement de l'élément igné au zénith.

Après avoir massacré nombre de soldats incapables d'user leur chakra, le Fou s'en prit aux résistants, à ceux qui restaient encore debouts. La plupart était à terre, morts, agonisant ou blessés au point de ne plus pouvoir bouger. D'autres avaient tout simplement fuit devant le tableau d'horreur que peignait le cyclope fou du sang de ses victimes. Face à un spadassin lourdement armé, Yoru riposta avec l'Ame Ware Ura, explosant littéralement les membres de sa cible de toute part. Une véritable barrière sonique comprima les os du wisigoth, brisa ses organes, et arracha sa vie d'un seul coup.

✗ Ressens ma souffrance, lança le soldat de Kiri face à sa énième victime, dont le corps meurtri de blessures s'étendit au sol dans une mare de sang.

Petit à petit, le champ de bataille se vidait, tandis que plusieurs barbares partirent se réfugier dans le temple, comme une ultime solution. Stoppant quelques guerriers de plusieurs tirs de kunaï bien placés, Yoru s'arma d'une paire de griffes et décapita sans plus attendre le seul ostrogoth encore debout. Sa tête roula sur les marches de l'escalier, dans un cliquetis osseux, tandis que son corps s'écroula. Alors qu'il pensa entrer dans la bâtisse sacrée pour achever les survivants qui s'y étaient réfugiés, un guerrier surgit dans son dos et tenta de l'assassiner froidement. Malheureusement pour le Fujiwara, assassiner un assassin de la trempe du Sandaime Mizukage s'avérait difficilement réalisable. Le nervi para alors la lame à main nu, et essuyant l'airain de son sang, planta sa griffe à plusieurs reprises sur son corps vulnérable. D'autres fluides vitaux se mêlèrent dans une valse de la mort au sang du misérable, tandis que son anatomie fut mise à jour, mise à ciel ouvert. Vidé de son sang, Yoru traina alors la carcasse agonisante jusqu'au seuil du temple, et balança son corps face aux moines présents dans l'assemblée de réfugiés. Les guerriers semblaient avoir été éliminés par une main experte.

✗ Tenez, voilà un aperçu de ce qu'il reste dehors des nuisibles.

Le terme de hérétiques, voire de fanatiques, aurait pu être employé, mais il aurait fait tâche. Yoru était après tout Mizukage, et il se devait par conséquent d'attacher un minimum d'intérêt pour le culte de Sanbi. Bien qu’athée, il savait pertinemment que la religion relié les peuples au sein d'une même nation, et pour cette même raison, il communiquait avec le clergé du Pays de l'Eau pour gagner la confiance de la population. De fait, en se liant au culte du démon tortue à trois queues, il était à l'égard des bonzes du temple de Hachibi un hérétique. À l'aide de sa maîtrise de la vapeur acide, il fit disparaître ce corps méconnaissable, faisant s'évaporer le sang, se refermer les chairs, avant de lancer le corps dans le feu de joie généré par un quidam dont le faciès cadavérique et taciturne n'était pas étranger aux yeux du nervi.

✗ Il se pourrait bien que ce soit eux que je cherche. Je vois que vous m'avez mâché le travail, Raikage-san. Vous venez aussi pour éliminer ces barbares, je présume ?

Son regard se dirigea alors en direction du feu qui réduisait en cendres les ennemis de la nation. À ses côtés, le successeur du Nidaime Raikage, le dénommé Bakushô Soroshiya. C'était cet homme, au visage particulier, qui avait lancé la conquête de Ta no kuni, et par conséquent s'était heurté aux forces de Suna. Le kobold psychasthénique était plutôt impatient de savoir quel genre d'homme était ce Soroshiya, et surtout quelles motivations animaient ses décisions.